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juillet 02, 2015

François Baroin entre République, Laïcité, religion - Le compromis !

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.





François Baroin : "Je veux protéger le modèle français"

Le sénateur des Républicains François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), vient de présenter des "recommandations" aux maires confrontés sur le terrain à une remise en cause de plus en plus fréquente du principe de laïcité. 


 
Après les attentats, comment doit réagir la France? La laïcité est-elle une réponse?
La réponse est la fermeté et la confiance dans nos services pour faire obstacle aux attentats de ces barbares illuminés. S'agissant du vivre-ensemble, le fait de vivre dans un État laïc qui se tient à égale distance de chaque religion sans en privilégier ni exclure aucune, c'est-à-dire qui est neutre, est naturellement plus que jamais d'actualité.

Sur le terrain de la laïcité, estimez-vous que la République, depuis vingt ans, a reculé?
Elle a incontestablement ­reculé. Mais nous sommes dans une phase de reconquête. La loi sur le voile à l'école a montré que, quand la République était forte sur ses principes et qu'elle les affirmait par la loi, elle était capable de les faire respecter.
«Nous proposons une idée simple : le refus de tout menu confessionnel.»


En matière de laïcité, faut-il faire preuve de davantage de souplesse ou de plus de fermeté?
Il faut faire preuve de fermeté. Car la laïcité est avant tout une liberté. Un certain nombre de barrages se sont fissurés par une confusion des esprits, sincère ou entretenue par des gens qui n'acceptent pas le principe de laïcité. Nous avions vécu une situation similaire lors du débat sur le voile à l'école, avant la loi d'interdiction de 2004. Nous vivions sur une incertitude juridique en l'absence de loi. On disait aux principaux des collèges : "Débrouillez-vous, dialoguez et faites ce qui vous paraît le mieux." Aujourd'hui, nous observons la même chose sur toute une série de sujets : les cantines scolaires, les crèches, les sorties scolaires, la gestion des subventions aux associations… Dans nos recommandations, nous rappelons d'abord la nécessité de ne pas toucher à la loi de 1905, car il y a tout dedans. Et nous proposons aux maires de France un guide pratique sur tous les sujets du quotidien auxquels nous sommes confrontés. Lorsqu'il y a des zones d'incertitude, nous en appelons aux ministères compétents. Il faut refaire vivre la laïcité car c'est un bien commun très précieux.

Faut-il refuser à l'école les menus "de substitution", comme le réclame Nicolas Sarkozy?
Le groupe de travail et le bureau de l'Association des maires de France, composés d'élus de droite, de gauche et du centre, ont travaillé sur ce sujet et se sont prononcés sur une recommandation qui a obtenu un large consensus. D'abord, je rappelle que la cantine est un service public facultatif : l'obligation alimentaire relève des familles. Je rappelle aussi que la cantine a un coût pour le contribuable. Nous proposons donc une idée simple : le refus de tout menu confessionnel. Ne nous laissons pas piéger par les mots! Le terme "menu de substitution" est utilisé par ceux qui veulent utiliser la nourriture au service d'une religion. Mais il n'y a pas de place pour la religion lorsqu'il s'agit de se nourrir. Donc, libre à chaque conseil municipal de décider ou non d'offrir un menu, ou deux s'il en a les moyens et, à l'intérieur de ces menus, pas question de parler de porc ou de poisson. On peut, en revanche, évoquer par exemple le caractère protéiné des menus qu'on donne aux enfants.


Pourquoi dites-vous qu'il faut interdire les congés demandés pour des fêtes religieuses?
Cette question se pose pour les agents publics : il n'y a pas de place pour la religion lorsqu'on est au ­service d'un service public dans un pays laïc. Or, il y a de plus en plus de demandes de congés pour des fêtes qui ne sont pas intégrées au calendrier actuel des jours chômés. Le refus doit être la règle. Mais, là aussi, il faut un cadre juridique clair. Nous alertons également l'Ordre des médecins sur des certificats médicaux qui pourraient servir d'alibis, à l'appui de ces demandes dérogatoires qui s'avèrent de plus en plus nombreuses. Si quelqu'un veut s'absenter pour une fête religieuse, il doit le faire en prenant sur ses vacances ou en posant une journée de RTT. Mais il n'a pas à demander une dérogation au droit commun.
 «La laïcité permet à tous les citoyens de vivre ensemble.»

N'est-il pas excessif de réclamer, comme vous le faites, que les équipes nationales aient sur les terrains un comportement laïquement exemplaire, en demandant par exemple aux joueurs de ne pas se signer?
Ce sujet est de l'ordre du symbolique. Les fédérations sportives nationales, comme toute structure accompagnée par l'État, pour partie subventionnées par le contribuable et en charge d'une mission de service public, ont à ce titre une pleine et entière responsabilité dans la mise en œuvre du principe de laïcité. Je rappelle que les règles de la Fifa autorisent, par exemple, le port du voile dans le football féminin. C'est inconcevable dans un pays laïc comme la France. Dans un pays laïc, lorsqu'on porte le maillot de l'équipe nationale, on doit s'abstenir de toute manifestation publique de nature religieuse. Ce qui est vrai pour les sportifs l'est aussi pour les élus. Chacun connaissait la ferveur du général de Gaulle, mais il refusait de se signer lorsqu'il était en responsabilité de chef d'État.

La laïcité ne risque-t-elle pas de devenir trop exigeante, trop restrictive?
C'est l'inverse : n'a-t-on pas montré trop de faiblesse? Ne nous sommes-nous pas accommodés de trop de facilités, au fond, pour ne pas avoir trop de difficultés au quotidien ? À la lumière de ce qui se passe depuis les attentats du 7 janvier, il est nécessaire pour tous, singulièrement pour les maires, de réaffirmer comment on peut fonctionner intelligemment. La laïcité permet à tous les citoyens de vivre ensemble, quelles que soient leurs croyances et quelles que soient leurs opinions. C'est ce modèle français que je veux protéger.

Faut-il interdire le port du voile à l'université?
Nous ne pouvons pas traiter la question à l'université comme nous avons traité le problème à l'école sous la présidence Chirac. À l'université, on a affaire à des majeurs. Le débat pourrait éventuellement s'engager autour du principe de neutralité dans un espace public, autre que l'école, mais c'est à haut risque car il faudrait être certain de la position de la Cour européenne de Strasbourg. Il n'y aurait rien de pire que de faire une loi, par la suite censurée par la Cour de Strasbourg. Donc c'est un sujet à manier avec prudence, même s'il ne faut pas nier l'existence réelle d'une poussée communautariste à l'intérieur de l'université.

Était-il opportun que Nicolas Sarkozy rouvre le débat sur droit du sol et droit du sang?
J’avais moi-même, lorsque j’étais ministre de l’outre-mer, ouvert ce débat, mais sur un cas très spécifique : celui de Mayotte. Mon idée était alors de faire réfléchir sur la question de l’immigration clandestine, extraordinairement importante là-bas puisqu’on compte 30 à 40% de clandestins. Mais je ne l’imaginais pas pour la métropole. Le sujet de l’immigration doit certainement être traité d’une autre manière, à travers une réflexion à l‘échelle européenne. Il faut un Schengen 2.


«Je suis favorable à l'impôt sur le revenu à la source.»
C’est un piège, ce débat?
Cela a le mérite de faire réfléchir. Mais à l'heure où nous parlons, il y a un problème d'asile politique avec des questionnements sur nos capacités d'accueil et un problème d'immigration en termes d'intégration à l'échelle européenne. Une politique d'immigration doit avant tout répondre aux besoins d'un pays, elle est donc liée à  sa situation économique et démographique. Prenons l'exemple de l'Allemagne avec un vieillissement de la population et une faible démographie, peu de chômage et des besoins pour accompagner la croissance, on ne peut faire un papier-calque de la politique allemande.

Les collectivités locales - que vous décrivez comme étranglées par la diminution des dotations de l’Etat - ne doivent-elles pas, elles aussi, faire un effort d’économies?
Personne ne conteste la nécessité pour chacun d’apporter sa contribution à la réduction des déficits. Mais poser la question des déficits, c’est d’abord poser la question de la dette, qui atteint autour de 2000 milliards d’euros. Quelle est la part des collectivités locales, et singulièrement des communes, dans cette dette? Elle est de 4%. 80% de cette dette, c’est l’Etat. La baisse des dotations aux collectivités locales représente 28 milliards d’euros sur quatre ans. C’est absurde, c’est injuste et c’est dangereux. Non seulement parce que cela abîme des services publics de proximité, mais surtout parce que les communes sont des acteurs majeurs d’un des moteurs de la croissance : l’investissement public. Quelque 70% de l’investissement public est porté par les collectivités locales, et plus de 65%  par les communes et groupements de communes. Nous alertons donc, pour l’instant, malheureusement comme un cri dans le désert, autour du risque majeur pris pour la croissance économique française. Cet effondrement  de l’investissement public que nous annonçons - moins 25 à moins 30% dans les deux années qui viennent - aura un coût en terme d’emplois dans les travaux publics, estimé de 60 à 80.000. Nous alertons aussi solennellement sur un autre risque majeur : entre 1500 à 2000 communes sont menacées de faillite d’ici la fin de l’année. Elles seront alors gérées par le préfet qui, représentant de l’Etat, augmentera les impôts pour mettre les comptes à jour. En 2017, plus d’une commune sur deux pourrait être sous la tutelle de l’Etat. Je ne vois pas comment l’Etat peut se permettre de ne pas faire mouvement sur cette question.

«Il faut un Schengen 2.»
Quand aurez-vous un nouveau rendez-vous avec Manuel Valls sur cette question?
Un troisième rendez-vous avec le Premier ministre est prévu autour du 14 juillet. Le dialogue est naturellement républicain. Nous ne sommes pas aujourd'hui assez entendus sur les enjeux que nous portons. Je ne cesse d'alerter l'Etat sur le risque majeur pour nos communes et pour l'économie française. Quelque soit le résultat du rendez-vous, une grande journée nationale d’action est déjà programmée le 19 septembre prochain. Les Maires de France, engagés et responsables, expriment légitimement leurs inquiétudes face aux difficultés annoncées pour les prochains mois. 

Approuvez-vous le principe du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source?
J’ai été ministre du Budget. Comme tout ministre du Budget, j’y ai pensé en arrivant. Et je fais partie de la longue liste des ministres qui ne l’ont pas fait… Je suis favorable à la mesure pour son caractère technique de simplicité. Mais je suis aussi favorable à la franchise sur ces questions : oui, il y aura toujours une déclaration à faire, et non il n’y aura naturellement pas une année blanche en 2017, année de l’élection présidentielle. Mais attention : s’il s’agit de la première étape vers une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, ainsi que de la remise en cause du quotient familial, j’y suis radicalement hostile.

Alain Juppé a-t-il raison, selon son expression, de redouter un "bidouillage" de la primaire de la droite eut du centre?
Je ne comprends pas tous ces débats. Je suis mobilisé sur d’autres sujets et, pour moi, le calendrier de la primaire n’a pas commencé. Épargnons deux ans de campagne aux français sur ce sujet. Le principe de la primaire a été inscrit dans les statuts pour éviter la destruction de l’UMP après la guerre pour la présidence de l’UMP. C’était  un projet qui nous a évité le pire, mais ce n’est pas dans la nature du parti. Aujourd’hui il n’y a aucune interrogation. Il y a un comité de la primaire. Le bureau politique a validé ce dispositif. Laissons faire les choses et travaillons pour qu'elle se passe bien.

En disant au micro de RMC qu’un président "n’est pas un enfant trouvé au pied de la crèche", avez-vous voulu suggérer que la primaire va se jouer forcément entre Juppé et Sarkozy?
Je me suis engagé en politique pour et aux côtés de Jacques Chirac. J’ai appris le service de l’Etat à ses côtés, et j’en ai retenu des leçons. C’est très long pour faire un président de la République d’un grand pays comme le nôtre. Il faut une solide et forte expérience pour aspirer à ce type de responsabilités. Peut-être que l’histoire me démentira, mais la France reste un vieux pays. Les gens choisissent le chef d’Etat, au vu de l’immensité de ses pouvoirs, en fonction de ce besoin d’expérience au service de la France au plus haut niveau de l'Etat.



octobre 26, 2014

Sur la page pour une démocratie libérale 10/21 (la religion) et la critique

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




La liberté de religion


Tous les citoyens devraient être libres de suivre leur conscience en ce qui concerne les questions relatives à la foi religieuse. La liberté de religion comprend le droit de pratiquer sa religion seul ou en compagnie d'autres personnes, en public comme en privé, et de respecter les pratiques et enseignements de sa religion sans craindre d'être persécuté par le gouvernement ou d'autres éléments de la société.

Tous les hommes ont le droit de pratiquer leur religion, de se réunir dans le cadre de l'expression d'une religion ou de croyances et d'établir et entretenir des endroits spécifiques dans ce but.

À l'instar de tout autre droit de l'homme fondamental, la liberté de religion n'est pas créée ou donnée par l'État, mais tous les États devraient la protéger. Dans la constitution des démocraties, la protection de la liberté de religion est clairement énoncée.


Si certaines démocraties décident de reconnaître officiellement la séparation de l'Église et de l'État, les valeurs sous-tendant un gouvernement et une religion ne sont pas fondamentalement opposées.


Les démocraties ne créent pas en principe d'agences gouvernementales ou autres organismes officiels afin de réglementer les affaires religieuses, bien qu'elles puissent exiger l'enregistrement des lieux consacrés au culte et des associations religieuses pour des raisons administratives ou fiscales.


Les gouvernements qui protègent la liberté de religion pour tous leurs concitoyens sont plus enclins à protéger les autres droits qui sont indispensables à la liberté de religion, notamment la liberté d'expression et la liberté de réunion.

Les véritables démocraties reconnaissent que les différences religieuses individuelles doivent être respectées et qu'un des principaux rôles du gouvernement est de protéger le choix en matière de religion, même dans les cas où l'État consacre une religion particulière. Par ailleurs, les démocraties ne décident ni du contenu des publications religieuses, ni de celui de l'enseignement religieux ou des sermons ;
elles respectent le droit qu'ont les parents de guider l'éducation religieuse de leurs enfants ;
elles proscrivent l'incitation à la violence contre autrui pour des motifs religieux ;
elles protègent les membres des minorités ethniques, religieuses et linguistiques ;
elles autorisent les gens à respecter les jours de repos associés à leur religion et à célébrer les jours saints liés à leurs croyances ;
elles permettent l'épanouissement des associations œcuméniques, car les gens de fois différentes cherchent à trouver un terrain d'entente à propos de questions diverses et collaborent en vue de résoudre les difficultés communes de la société ;
elles donnent la possibilité au gouvernement, aux responsables religieux, aux organisations non gouvernementales et aux journalistes d'enquêter sur les informations faisant état de persécution religieuse ;
elles respectent le droit qu'ont les organisations religieuses de participer librement à la société civile et d'y contribuer, notamment de diriger des écoles confessionnelles, de gérer des hôpitaux, de s'occuper des personnes âgées, et de mettre sur pied d'autres programmes et activités pour le bien de la société. 

La Convention européenne des droits de l'homme


Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Chacun a le droit de changer de religion ou de conviction et a la liberté de manifester sa religion, individuellement ou collectivement, en public ou en privé. Toutes les croyances reconnues sont protégées par ce droit. L’un des enjeux modernes du respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion réside, tant au niveau international que national, dans la montée de l’intolérance religieuse. Les questions relatives au statut des sectes sont aussi liées à l’exercice de cette liberté.

DANS LES FAITS, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion concerne aussi…
Le droit de pratiquer librement sa religion
La neutralité de l’Etat 

Fiches thématiques
Liberté de religion
Objection de conscience

 Religion

De Wikiberal
Une religion est un ensemble de croyances (dogmes, doctrines) d'ordre métaphysique, de pratiques (rites...) et d'attitudes morales, propres en général à une communauté humaine, qui peuvent reposer sur des textes ou une transmission orale. Les croyances touchent à la place de l'homme dans le monde, sa nature, son origine ou sa destinée, le comportement qu'il doit adopter dans sa vie.
D'autres définitions, beaucoup plus réductrices que la précédente, caractérisent la religion par :
  • la croyance au "sacré" (dualisme entre un domaine humain et un domaine suprahumain) ;
  • la croyance au "surnaturel" (dualisme entre la nature et un ordre supérieur à la nature : intervention divine, magie, esprits...) ;
  • la croyance en l'existence d'une vie après la mort.

Position libérale

Les libéraux, quelles que soient leurs tendances et leur école, sont partisans de la tolérance religieuse et de la liberté de conscience. Ils font leur le mot de Condorcet, pour qui "la religion ne doit pas plus être l'objet des lois que la manière de s'habiller ou de se nourrir".
Une religion peut être examinée pour juger de sa plus ou moins grande conformité avec les principes du libéralisme, notamment sur les points suivants :
  • tolérance de la libre pensée, de la liberté de conscience et du libre examen (cas extrême : fanatisme religieux, suppression de la liberté d'expression, fondamentalisme) ;
  • lien plus ou moins étroit entre la religion et la politique (cas extrême : théocratie ou hiérocratie, lien consubstantiel entre religion et politique) ;
  • statut des femmes ou des minorités (cas extrême : oppression, statut inférieur) ;
  • conséquences de l'incroyance ou de l'apostasie (cas extrême : mise à mort des incroyants ou des apostats[1]).

Les religions ont-elles eu une influence sur le libéralisme ?

Ce point est très discuté, et les arguments ne manquent pas en faveur :
  1. du christianisme, sous sa version catholique (accent sur l'amour de son prochain, théories du droit naturel - qui ont remis au goût du jour le droit romain privé pour mieux contrer la puissance des princes civils) ou protestante (libéralisme théologique, éthique protestante, ascèse du travail, selon Max Weber et Peter L. Berger) ;
  2. voire de religions plus anciennes (judaïsme, taoïsme, etc.). D'autres religions sont sous certains aspects contraires à l'esprit libéral (l'hindouisme et le système des castes, certains articles du droit musulman ), d'autres y sont indifférentes (bouddhisme, qui prôna cependant l'abolition des castes en Inde).
  3. on peut aussi défendre la vision d'un libéralisme complètement indépendant des religions, bien développé dans les sociétés antiques : « Loi des Douze Tables » à Rome[2] (450-449 av. J.-C.), capitalisme en Mésopotamie (3360-312 avant J.-C.) [3], etc., (si on laisse de côté la question de l'esclavage).
Il est certain que l'éthique et le respect d'autrui qui accompagne d'ordinaire une religion a pu être favorable au développement des idées libérales. Cependant une telle condition (l'environnement religieux) n'est ni nécessaire ni suffisante - les sphères religieuses et politiques étant relativement bien séparées aujourd'hui, au moins en Occident. Le point commun entre le libéralisme et la plupart des religions réside dans l'éthique libérale.
Les auteurs libéraux séparent en général leur conception du libéralisme de toute considération religieuse, excepté :
  • les objectivistes randiens qui rejettent la religion et la foi comme fantaisistes et irrationnelles, tendant de plus à considérer que l'homme est un être inférieur[4] ;
  • certains réalistes religieux dogmatiques, qui vont jusqu'à affirmer que "le libéralisme se détruit s'il nie l'existence de Dieu"[5], ou que le libéralisme "a jailli du christianisme"[6].

Religion et économie

La religion est, pour l'entrepreneur, un schème de pensée. Une culture religieuse donne une idée du futur et de la possibilité de le modifier. Une religion à fort contenu fataliste développe peu le sentiment de modifier "sa destinée" au contraire d'autres cultures religieuses.
La religion chrétienne, pour ne prendre que celle-ci, autorise l'individu à agir sur le cours des événements, et ceci même dans le cas du calvinisme où l'on professe la prédestination (voir L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme).
Cela ne veut pas dire que d'autres religions ne soient pas aussi favorables à l'entreprise mais elles peuvent contenir des critères de résignation fataliste et inhibitrice. La liberté formelle, instituée dans une constitution, par exemple, n'est donc pas la seule garantie de la liberté de marché. Il existe d'autres conditions de développement comme la culture religieuse[7].

Religion et athéisme

Un point de vue très courant en Occident considère que l'athéisme est l'antithèse de la religion. Pourtant les religions orientales sont majoritairement athées : elles se passent de la notion de "Dieu" (bouddhisme), ou la ramènent à un concept impersonnel (brahman, tao, vacuité...), ou la "banalisent" en la naturalisant (polythéisme hindouiste). Elles sont en général plus proches du « Deus sive Natura » de Spinoza que de la conception anthropomorphe d'un dieu personnel.

Religion et socialisme

Bien que le socialisme collectiviste, le socialisme scientifique se targue d’origines récentes et que le communisme, accomplissement du socialisme, ne prétende parfois remonter au début du XIXe siècle, il est hors de doute que les différentes écoles socialistes comptent de nombreux précurseurs, surtout parmi les sectes chrétiennes du Moyen âge. En France, en Allemagne, dans les Pays-Bas et ailleurs ont abondé les socialistes ou communistes qui prétendaient tirer des idées évangéliques leurs idées d’égalité économique, de mise en commun de la richesse collective. Ils ont d’ailleurs des successeurs contemporains. Les épisodes historiques auxquels Albigeois, Vaudois, Anabaptistes, Niveleurs et bien d’autres encore ont attaché leur nom et dû de passer à la postérité en sont une preuve suffisante ; au temps de Cromwell, Winstanley le piocheur rédigeait une charte collectiviste.
(...)
D’ailleurs, l’idée d’égalité économique a toujours persisté, latente, parmi les chrétiens hétérodoxes : c’est une tradition qui paraît remonter loin, à l’agglomération judéo-chrétienne de Jérusalem qui, au lendemain de la disparition du fondateur du christianisme, se constituait en groupement collectiviste volontaire. Légende, peut-être, qui ne ferait que prouver l’ancienneté de la tradition. Quoi qu’il en soit, la forme scientifique du collectivisme ou du communisme contemporain n’est qu’une adaptation économique à l’esprit des temps actuels du christianisme, surtout du catholicisme. Sous une terminologie différente le socialisme et le christianisme préconisent l’amour entre les hommes, tous les hommes, qu’ils appellent chacun et tous au banquet de la vie sans réclamer d’effort autre qu’une adhésion extérieure à un programme, nous allions dire l'obéissance à un credo. C’est avec raison qu’on a pu qualifier le socialisme : « la religion du fait économique ».
Émile Armand, L’Initiation individuelle anarchiste (1923), partie 1.8. "Les origines du socialisme. Les précurseurs socialistes".
La loi de 1905 dans son article 1er reconnaît la liberté religieuse : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. Elle prolonge ainsi l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui consacre la liberté d’opinion, même religieuse. La Convention européenne des droits de l’homme prévoit également dans son article 9 que la liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. Sont ainsi garanties la liberté de conscience et la liberté de manifester son appartenance religieuse. La liberté religieuse suppose la liberté pour chacun d’exprimer sa religion, celle de la pratiquer et celle de l’abandonner, dans le respect de l’ordre public.
Ceci implique notamment pour l’Etat et les services publics la neutralité face à toutes les religions et à toutes les croyances et, malgré la suppression du service public du culte, l’Etat, se doit de rendre possible l’exercice et la pratique du culte. Les aumôneries, instituées dans certains établissements publics, sont une traduction concrète de l’obligation pour l’Etat de garantir la liberté religieuse. Par ailleurs, l’Etat doit faire face à des prescriptions religieuses qui peuvent remettre en cause le droit commun. Les pouvoirs publics ont adopté des réponses variables selon les prescriptions en choisissant de les encadrer, de les tolérer ou de les proscrire.

Les aumôneries

L’Etat doit permettre à chacun de pratiquer son culte en assistant aux cérémonies ou en suivant l’enseignement propre à sa croyance. Si un croyant est retenu dans un établissement géré par l’Etat, il doit pouvoir pratiquer son culte au sein de cet établissement. C’est pourquoi la loi de 1905 prévoit la mise en place d’aumôneries dans les hôpitaux, les prisons et les lycées, c’est-à-dire dans des lieux qui possèdent un internat qu’on ne peut pas quitter. Son article 2 qui interdit toute subvention à un culte prévoit pourtant que pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.


Le statut et le fonctionnement des aumôneries varient selon les institutions.
Dans les hôpitaux, la gestion des aumôneries se fait au niveau de l’établissement de santé. C’est le conseil d’administration qui décide du nombre d’aumôniers et c’est le directeur de l’hôpital qui les nomme sur proposition des autorités religieuses. Les indemnisations des aumôniers sont donc inscrites dans le budget de l’hôpital et nombreux religieux s’inquiètent des contraintes budgétaires et des regroupements d’hôpitaux qui conduisent les conseils d’administration à juger les aumôneries non prioritaires.

Les aumôniers de prison appartiennent aux cultes catholique, protestant, musulman, israélite et orthodoxe. Leur statut est fixé par le Code de procédure pénale et ils sont nommés par le directeur régional de l’administration pénitentiaire après consultation des autorités religieuses et avis du préfet. Ils sont indemnisés en tant qu’agents publics contractuels. L’administration pénitentiaire a été condamnée plusieurs fois par le tribunal administratif en raison de son refus d’agréer des aumôniers Témoins de Jéhovah alors que le Conseil d’Etat a reconnu les Témoins de Jéhovah comme une association cultuelle. La Halde, dans une délibération du 22 février 2010, considère que les refus opposés aux demandes d’agrément (…) constituent une discrimination fondée sur les convictions des intéressés, prohibées notamment par l’article 14 combiné avec l’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme. et aussi : En l’espèce, considérant que le statut d’association cultuelle et les garanties afférentes ont été reconnus par la jurisprudence du Conseil d’Etat à l’association des Témoins de Jehovah (par ex., C.E., 30 mars 2007, Ville de Lyon), il apparaît que le refus opposé de lui attribuer l’agrément qu’il sollicite est de nature à limiter l’exercice de la liberté de religion des détenus appartenant à cette confession sans que des considérations touchant à l’ordre public puissent être invoquées.

Dans les établissements scolaires publics du secondaire (collèges et lycées), la création de services d’aumônerie est possible à la demande des parents. Les aumôniers de l’enseignement public ne sont pas rémunérés par l’administration bien qu’agréés par le recteur. Quand l’établissement scolaire possède un internat, l’enseignement religieux est dispensé au sein de l’établissement, en revanche, quand il n’y a pas d’internat, les cours religieux sont donnés en dehors des locaux scolaires. Dans tous les cas, les cours ont lieu pendant les heures laissées libres par l’emploi du temps scolaire. Bien que ce soit interdit aux élèves, les aumôniers, présents dans un établissement scolaire, sont autorisés à porter une tenue ou un signe manifestant leur appartenance religieuse.

Enfin, non prévues par la loi de 1905, les aumôneries militaires sont organisées par la loi du 8 juillet 1880. Depuis l’arrêté du 16 mars 2005, il y a quatre aumôneries (catholique, israélite, protestante, musulmane) organisées en structures hiérarchisées sur le modèle de la hiérarchie militaire. Les aumôniers militaires en chef des quatre cultes sont nommés par le ministre de la défense sur proposition des autorités religieuses, les autres aumôniers sont nommés par le ministre de la défense sur proposition de l’aumônier en chef de chaque culte. Les aumôniers militaires sont des engagés au titre du service de santé des armées, ils relèvent, à la fois, de l’autorité militaire et de l’aumônier en chef de leur culte.

Les prescriptions religieuses

Le libre exercice du culte peut avoir des conséquences dans la vie sociale et nécessiter des adaptations du droit commun. L’Etat a parfois décidé d’adopter des réglementations spécifiques afin de garantir la liberté religieuse, dans d’autres cas, les prescriptions religieuses sont proscrites.

Par exemple, les rites d’abattage des animaux prescrits par l’islam ou le judaïsme ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur. Néanmoins, le respect de ces rites étant un élément de la liberté de culte, un encadrement juridique a été mis en place pour concilier liberté de culte et sécurité sanitaire. Le décret du 1er octobre 1997, qui transpose une directive européenne sur la protection des animaux au moment de leur abattage, prévoit une dérogation à l’obligation d’étourdissement avant la mise à mort. Mais l’abattage rituel ne peut être effectué qu’en abattoir par des sacrificateurs agréés par l’Etat. Cette réglementation pose cependant des problèmes d’application, notamment lors de la fête de l’Aïd-el-Kébir, le nombre d’abattoirs étant alors insuffisant.

Autre exemple, les prescriptions religieuses en matière alimentaire ne font cependant pas l’objet d’une réglementation spécifique. Une circulaire de l’Education nationale du 21 décembre 1982 recommande de tenir compte des habitudes et des coutumes alimentaires familiales, notamment pour les enfants d’origine étrangère. De même, la Charte du patient hospitalisé de 1995 reconnaît que un patient doit pouvoir, dans la mesure du possible, suivre les préceptes de sa religion (recueillement, présence d’un ministre du culte de sa religion, nourriture, liberté d’action et d’expression…). Malgré ces recommandations, il n’y a pas d’obligation juridique de respecter ces prescriptions religieuses.


Enfin, les rites funéraires et l’inhumation sont des composantes majeures de la liberté religieuse.
En matière de funérailles, prévaut le respect de la volonté du défunt. Aux termes de la loi du 15 novembre 1887 relative à la liberté des funérailles, tout majeur ou mineur émancipé, en état de tester, peut régler les conditions de ses funérailles, notamment en ce qui concerne le caractère civil ou religieux à leur donner et le mode de sépulture. Bien que le maire assure la police des funérailles, le Code général des collectivités territoriales lui interdit d’établir des prescriptions particulières applicables aux funérailles, selon qu’elles présentent un caractère civil ou religieux ainsi que des distinctions ou des prescriptions particulières à raison des croyances ou du culte du défunt ou des circonstances qui ont accompagné sa mort.

Cette interdiction de distinction en raison du culte conduit à l’impossibilité, en droit, d’instituer des carrés confessionnels dans les cimetières. Néanmoins, les carrés confessionnels sont souvent admis. Rien n’interdisant d’enterrer un corps en direction de la Mecque, le respect de cette prescription musulmane a posé des problèmes de gestion de l’espace dans les cimetières et des carrés musulmans y ont été progressivement créés. La circulaire du ministère de l’intérieur du 14 février 1991 qui concerne l’ensemble des musulmans rend possibles des regroupements de fait des sépultures, sous réserve que la neutralité du cimetière soit alors particulièrement préservée, tant en ce qui concerne l’aspect extérieur des parties publiques que la possibilité laissée aux familles de toutes religions de s’y faire inhumer. Cette pratique a été de nouveau encouragée par la circulaire du 19 février 2008 relative à la police des sépultures.

Par ailleurs, le Code général des collectivités territoriales interdit l’inhumation en pleine terre qui est pourtant une obligation religieuse pour les religions juive et musulmane. Cette atteinte à la liberté de culte est justifiée par des raisons d’hygiène et de santé publique.

Les fêtes religieuses posent également des problèmes de conciliation entre pratique religieuse et vie professionnelle. Le code du travail ne prend en compte que des fêtes catholiques et il ne contient aucune disposition ouvrant droit à des autorisations d’absence pour motif religieux. En revanche, pour les agents publics, le ministère de la fonction publique publie chaque année une circulaire dans laquelle sont listées, à titre d’information, les dates des principales fêtes religieuses des cultes orthodoxe, israélite, musulman et bouddhiste. Les agents publics peuvent formuler une demande d’autorisation d’absence pour ces dates-là, il revient à leur chef de service de l’accorder ou pas. Cette absence doit en effet demeurer compatible avec le fonctionnement normal du service. Pour les élèves de l’enseignement scolaire public, des autorisations peuvent également être accordées mais le Conseil d’Etat a souligné que ces absences ne pouvaient être que ponctuelles (rejet d’une dérogation systématique de présence le samedi, jour du Shabbat, par exemple).


A contrario, des textes ont été adoptés pour proscrire des pratiques religieuses dans des cas précis.
Ainsi, un décret du 25 novembre 1999 exige des photographies têtes nues sur les cartes d’identité et un autre du 26 février 2001 pour les passeports. Ces décrets excluent donc le port du foulard islamique sur les photographies des papiers d’identité qui était jusqu’alors toléré par l’administration. Une circulaire du ministère de l’intérieur de 1991 prévoyait en effet que les femmes appartenant à un ordre religieux sont autorisées à déposer des photographies les représentant avec une coiffe de leur ordre. Les femmes de confession islamique sont autorisées à déposer des photographies les représentant la tête couverte d’un voile ou d’un foulard, à condition que leur visage apparaisse totalement découvert et parfaitement identifiable.

De même, le 15 mars 2004, est promulguée la loi 2004-228 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Cette loi est adoptée après quinze années de débat autour de la question du port du foulard islamique à l’école et elle revient sur la jurisprudence du Conseil d’Etat qui considérait le port d’un signe visible manifestant une appartenance religieuse n’était pas en soi contraire à la laïcité.

Enfin, la loi du 11 octobre 2010 interdit la dissimulation du visage dans l’espace public. Cette loi proscrit ainsi le port du voile intégral (burqa) dans l’espace public. Dans sa décision du 7 octobre 2010, le Conseil constitutionnel a précisé que, pour ne pas porter une atteinte excessive à la liberté religieuse, l’interdiction ne peut pas s’appliquer dans les lieux de culte ouverts au public.



 


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