Affichage des articles dont le libellé est Inde. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Inde. Afficher tous les articles

février 13, 2015

Informations Marine et Aviation Janvier 2015 (Enfin le Rafale !)

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 (© DASSAULT AVIATION)



Sommaire: 


A) - La vente de Rafale et d’une FREMM à l’Egypte confirmée par DCNS Dassault Aviation

B) -  Un nouveau navire logistique pour les Australes et l’Antarctique - Mers australes





La FREMM Normandie © MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU


A) - La vente de Rafale et d’une FREMM à l’Egypte confirmée

C’est un contrat aussi inattendu qu’important pour l’industrie française. Hier soir, François Hollande a confirmé la vente à l’Egypte d’une frégate multi-missions et d’avions de combat Rafale. Le président de la République a annoncé que le contrat serait signé lundi 16 février, au Caire, par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Estimé à 5.2 milliards d’euros, il a été négocié en quelques mois seulement, les premières discussions remontant à septembre dernier. Initialement, l’Egypte aurait souhaité une seconde FREMM et un lot plus important de missiles mais la facture, dépassant 7 milliards d’euros, était trop élevée.
 
Une commande de quatre à six corvettes déjà signée en 2014
D’autant que 2014 avait déjà été marquée par un important contrat entre les deux pays, la marine égyptienne passant commande à DCNS de quatre corvettes du type Gowind 2500 pour plus d’un milliard d’euros. La tête de série est livrable à l’été 2017 par le site DCNS de Lorient, les trois autres devant être réalisées en Egypte via un transfert de technologie. Le contrat est, par ailleurs, assorti d’une option pour deux unités supplémentaires, prévues pour être construites en France.

Ces bâtiments de 102 mètres et 2700 tonnes en charge seront notamment équipés de missiles surface-air VL Mica et de missiles antinavire Exocet MM40, de torpilles MU90, d’un canon de 76mm, d’un système de combat SETIS, d’un radar tridimensionnel (probablement un SMART-S), de lance-leurres Sylena ainsi que de sonars Kingklip et Captas 2.

Gowind 2500 (© DCNS)


La frégate Normandie va changer de nationalité
S’y ajoutera donc une FREMM, bâtiment nettement plus imposant avec ses 142 mètres et 6000 tonnes. Dotée d’un radar multifonctions Herakles, d’un sonar de coque et d’un sonar remorqué (Captas 4), ainsi que d’un système SETIS, cette frégate mettra en œuvre des missiles surface-air Aster 15, des missiles antinavire Exocet MM40, un canon de 76mm, des torpilles MU90 et un hélicoptère. Elle devra être livrée dès cet été afin de répondre à la volonté du président égyptien d’en disposer pour conduire la revue navale allant marquer début août la fin des travaux d’élargissement du canal de Suez. Les délais étant trop courts pour une construction neuve, il a été décidé de prélever la Normandie, seconde FREMM française, qui devait être livrée fin 2014 à la Marine nationale. Le bâtiment, actuellement à quai à Lorient, va être modifié par DCNS pour répondre aux besoins et standards égyptiens. Les lanceurs Sylver A70 conçus pour accueillir 16 missiles de croisière MdCN seront en outre débarqués, cet armement n’étant pas vendu. L’un des grands enjeux enjeu de la FREMM égyptienne sera la formation de son futur équipage, qui sera probablement menée sous la houlette de DCI Navfco. La société s’appuiera sans nul doute sur les marins français, qui ont mené à bien, pendant plus d’un an, l’armement et la montée en puissance de la frégate, aux côtés des équipes de DCNS.

La FREMM Normandie (© DCNS)


La Marine nationale se réorganise
Ce prélèvement d’un bâtiment qui allait intégrer la flotte française va imposer à la Marine nationale et à DCNS de se réorganiser. Concernant les marins, l’équipage de la Normandie sera basculé sur la Provence, actuellement en essais et dont la livraison est prévue en fin d’année. Quant à celui de la Provence, il sera transféré sur la Languedoc, qui est en achèvement à flot après sa mise à l’eau à Lorient en octobre dernier. Afin de disposer au plus vite d’un noyau de deux FREMM à Brest, où les frégates ont pour mission prioritaire de protéger les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, la Provence remplacera la Normandie à la pointe Bretagne, alors qu’elle devait rejoindre Toulon pour succéder au Montcalm. Puisque la base navale varoise devra attendre 2017 pour voir arriver sa première FREMM, en l’occurrence la Languedoc, il a été décidé de prolonger le Montcalm d’au moins un an, sachant que cette unité devait être retirée du service en 2016. Une mesure similaire pourrait être adoptée pour le Jean de Vienne, la seconde frégate varoise du type F70 ASM. Tout dépendra en fait du rythme de livraison des FREMM suivantes. Interrogé en début de semaine par Mer et Marine, le chef d’état-major de la marine, l’amiral Rogel, a indiqué que des assurances avaient été prises auprès de DCNS pour qu’en cas de vente de la Normandie, la cadence de production des FREMM soit accélérée. Avec, comme objectif, que quatre frégates de ce type soient livrées d’ici la fin 2016 et six d’ici la fin 2018.

La FREMM Normandie (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)


Modernisation et bond capacitaire
Grâce à la « future ex-Normandie » et aux Gowind, la marine égyptienne va profondément moderniser ses forces navales. Son corps de bataille est en effet très vieillissant avec six anciennes frégates américaines, quatre O.H. Perry mises en service en 1981 et 1982, ainsi que deux Knox datant de 1973 et 1974. S’y ajoutent deux unités chinoises du type Jianghu I, livrées en 1984 et 1985, ainsi que deux anciennes corvettes espagnoles du type Descubierta, opérationnelles depuis 1984. Les nouveaux bâtiments vont permettre à l’Egypte de renforcer significativement sa puissance navale dans la région, tant pour des questions géopolitiques que militaires, la sécurité des approches maritimes du pays, garantissant le libre accès au canal de Suez, étant une impérieuse nécessité (le canal constitue l’une des principales ressources de l’Egypte). On notera que la FREMM et les Gowind, très polyvalentes, vont permettre à la marine égyptienne de disposer de capacités anti-sous-marines de premier ordre. Un domaine de lutte considéré comme crucial par Le Caire, qui a aussi passé commande à l’Allemagne de deux sous-marins du type 209, dont la livraison est attendue à partir de 2016 (l’accord a été conclu entre Berlin et Le Caire en 2011).



Premier contrat export pour le Rafale
Le contrat qui va être signé entre la France et l’Egypte va également constituer la première commande export du Rafale. Un succès attendu depuis longtemps par Dassault Aviation et ses partenaires, à commencer par Thales, Safran et MBDA. Mais aussi 500 entreprises sous-traitantes pour un programme générant quelques 7000 emplois. En service depuis 2001 dans l’aéronautique navale et depuis 2006 dans l’armée de l’Air, l’avion de combat français a largement fait ses preuves sur les théâtres d’opérations, de l’Afghanistan à l’Irak, en passant par la Libye et le Mali. Unique en son genre, cet appareil totalement polyvalent, qui se substitue à 7 types d’avions dans les armées françaises, peut remplir tout type de missions : frappe au sol avec des bombes à guidage laser, des missiles AASM et des missiles de croisière, attaque antinavire avec l’Exocet AM39, défense aérienne avec les missiles Mica IM et ER, bientôt complétés par le Meteor, et même frappes nucléaires avec l’ASMPA. Doté d’une nacelle de désignation d’objectif et d’un canon de 30mm, le Rafale est également apte aux missions de reconnaissance grâce au pod Reco NG, ainsi qu’au ravitaillement en vol d’autres appareils. Continuant à évoluer au fil du temps, avec de nouveaux équipements, les derniers modèles intègrent le radar à antenne active RBE2 AESA. Salué par les forces aériennes et les marines étrangères (notamment l’US Air Force et l’US Navy) comme un appareil exceptionnel aux capacités remarquables, le Rafale n’avait jusqu’ici jamais été vendu à l’export. Après les échecs rencontrés en Asie dans les années 2000, qui s’expliquent logiquement par l’intérêt des pays concernés à se placer sous la protection américaine, l’occasion ratée au Maroc, dont la faute revient probablement à l’Etat, avait été mal vécue. Quant au Brésil, les annonces bien trop prématurées du président de l’époque, Nicolas Sarkozy, n’ont fait qu’accentuer le sentiment d’un grave revers commercial. Pourtant, les Brésiliens, en choisissant finalement le Gripen NG, moins onéreux mais loin d’offrir les mêmes capacités que son concurrent français, ont pris une décision assez « sage »,  le petit chasseur suédois étant à la vérité bien suffisant pour des forces aériennes qui ne sont pas amenées à se projeter sur de grands théâtres internationaux.

Rafale Marine sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)


Les négociations s’éternisent avec l’Inde
Pour le Rafale, la première bonne nouvelle est arrivée en janvier 2012 lorsqu’il a remporté l’appel d’offres lancé par l’Inde pour un programme de 126 avions. Le « contrat du siècle », évalué à quelques 20 milliards de dollars, pour lequel les négociations se poursuivent mais s’éternisent, ce qui suscite quelques inquiétudes. Les discussions, difficiles, portent sur les aspects liés au transfert de technologie, 108 des 126 appareils devant être réalisés localement, où il convient de réunir les compétences et savoir-faire nécessaires. Dassault espère que cette commande géante sera notifiée d’ici 2016. Au-delà de l’Inde, il y a également différents prospects, comme les Emirats Arabes Unis, avec là aussi des négociations complexes depuis 2009, ou encore le Qatar, avec lequel les échanges sont en cours.

Conjonction de facteurs conduisant au succès
En devenant le premier client international du fleuron de l’aéronautique militaire française, l’Egypte (qui utilise des avions de Dassault depuis les années 70 avec le Mirage 5, l’Alpha Jet et le Mirage 2000) incitera peut être d’autres pays à lui emboiter le pas. C’est en tous cas ce qu’a espéré hier François Hollande. Le chef de l’Etat a redit le besoin urgent de l’Egypte à se doter de moyens lui permettant d’assurer sa défense face aux menaces auxquelles elle est confrontée. Une exigence à laquelle la France a répondu avec des matériels qui ont séduit le maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Au-delà des excellentes relations entre Paris et Le Caire, la dimension politique étant essentielle dans ce type de marché, il faut dire qu’en ce qui concerne le Rafale, l’avion français a marqué des points ces derniers temps. Il y évidemment ses performances en opérations, mais aussi les difficultés que des pays du Moyen-Orient ont eu avec les Etats-Unis pour utiliser du matériel américain dans des opérations n’ayant pas l’assentiment de Washington. D’après certains observateurs, il en a résulté la conviction, dans plusieurs capitales arabes, que faire affaire avec les Français était un atout en matière de souveraineté. A ces éléments positifs s’ajoute l’engagement de Jean-Yves Le Drian, unanimement salué par les industriels, pourtant rarement du même bord politique, comme un ministre extrêmement actif dans le soutien à l’export. La France récolte aussi les fruits de plusieurs décennies de coopération avec de nombreux pays, y compris en matière de formation. Ainsi, plusieurs générations d’officiers ont appris leur métier avec les armées françaises et arrivent aujourd’hui à des postes de haute responsabilité. C’est donc un ensemble de facteurs qui contribue aux succès commerciaux.

Chaine de production Rafale (© DASSAULT AVIATION)


Compenser la baisse des livraisons aux forces françaises
Pour la France, les ventes de Rafale à l’export sont en tous cas une priorité et, avec le retard de la conclusion du programme indien, la signature d’un contrat avec l’Egypte est une incroyable aubaine pour l’industrie et l’Etat. Afin de respecter financièrement la loi de programmation militaire (2014-2019), le ministère de la Défense avait en effet anticipé les succès à l’export. Ainsi, à compter de 2016, il est prévu de réduire les livraisons de Rafale aux forces françaises, soit 6 appareils par an au lieu de 11, seuil limite sous lequel Dassault Aviation assure ne pouvoir descendre. Pour assurer le différentiel, il était prévu qu’environ 5 avions soient chaque année, jusqu’à la fin de la LPM au moins, destinés à des clients étrangers. On pensait alors aux 18 Rafale indiens. Sauf que ceux-ci tardent et vont donc être opportunément remplacés dans la chaîne de production par des avions égyptiens.  On ne sait pas, pour l’heure, comment va exactement se réorganiser Dassault. Seule certitude : l’Egypte commande 24 Rafale et elle les veut très rapidement. Un étalement des livraisons sur 5 ans est-il jouable ? Faudra-t-il aller plus vite ? Quid également du plan de charge si une autre commande export vient se juxtaposer ? Faudra-t-il encore réduire les livraisons aux forces françaises ? La cadence de production peut-elle être augmentée ?  On devrait, assez rapidement, y voir plus clair.

Le malaimé enfin salué sur ses terres…
En attendant, le Rafale, qui fait depuis ses débuts l’objet en France de quantités de critiques, souvent aussi stupides qu’injustifiées, devrait normalement sortir du purgatoire. Malaimé dans un seul pays, celui qui l’a vu naître, ce superbe avion, fierté des industriels et des militaires, va peut-être, enfin, trouver grâce aux yeux du grand public et de la presse généraliste. Toujours un brin vachard, de nombreux media ne manquaient pas hier soir de lancer des piques sur le prix de l’avion et le temps qu’il aura fallu pour le vendre à l’export. Mais, dans le même temps, la bonne nouvelle et les performances du Rafale ont été unanimement saluées. C’est déjà un beau progrès… 

DCNS Dassault Aviation
© IPEV

B) -  Un nouveau navire logistique pour les Australes et l’Antarctique 


La Marine nationale et les Terres Australes et Antarctiques Françaises s'allient pour construire un bateau dédié à la logistique et les missions de souveraineté en océan Indien, dans les Australes et en Antarctique. « Le patrouilleur Albatros de la Marine nationale, dédié à la surveillance des eaux australes, sera désarmé en juillet prochain. Le ravitailleur Astrolabe qui effectue la desserte de la base de Dumont d’Urville en Terre Adélie  va perdre son certificat de franc-bord en 2017. Deux bateaux sortent de flotte dans notre zone d’intervention et il n’y a pas de remplaçant prévu. D’où notre idée de construire un bateau neuf qui puisse mutualiser les moyens et effectuer ces deux missions », constate Christophe Jean, secrétaire général des TAAF.


L'Albatros est retiré du service actif cet été (MARINE NATIONALE)

La zone de juridiction des TAAF est immense. Sur un gradient allant de 15°à 75° sud, elle englobe les îles subantarctiques (Crozet, Kerguelen, Saint-Paul-et-Amsterdam), les Iles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Bassas de India, Europa) et les bases françaises de l’Antarctique (Dumont d’Urville et Concordia), ainsi que les immenses zones économiques exclusives et les aires marines protégées s’y trouvant. Outre les missions scientifiques et les programmes de conservation menés dans les aires marines protégées, la zone est hautement stratégique, tant d’un point de vue économique (pêche à forte valeur ajoutée de la légine et du thon tropical, gisement gazier dans le canal du Mozambique) que géopolitique (présence dans l’océan Indien et dans les zones polaires).



Les cinq districts des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF)

Pour surveiller cette gigantesque étendue et y assurer les missions de souveraineté aussi bien que la logistique des bases, les TAAF disposent actuellement de moyens nautiques en propre : le Marion Dufresne, qui effectue, quatre fois par an, la desserte des îles subantarctiques et, très ponctuellement (et à la demande des forces armées de la zone de l’océan Indien), celui des îles Eparses. L’Astrolabe, ancien navire offshore armé par P&O et géré par l’Institut Polaire Paul-Emile Victor, opère le ravitaillement de Dumont d’Urville au départ de Hobart durant l’été austral. S’ajoute également la Curieuse, qui passe l’été austral à Kerguelen pour y transporter les scientifiques entre les îles de l’archipel, ainsi que des petits moyens nautiques à poste à Port-aux-Français. Enfin, l’Osiris, un ancien bateau de pêche saisi en 2003 et affrété à l'année auprès du GIE Protection Légine et Ressources Halieutiques qui regroupe les armements de pêche à la légine, effectue des patrouilles de surveillance des pêches dans les Australes. Il devrait sortir de flotte en 2016.

 Le Marion Dufresne (MICHEL FLOCH)
 Le patrouilleur Osiris (STEPHANE BOMMERT)

Il y a ensuite les moyens de la Marine nationale qui a deux frégates de surveillance basées à la Réunion : le Nivôse (actuellement en cale sèche après l’incendie dont il a été victime fin septembre) et le Floréal. Ces deux bâtiments patrouillent dans l’ensemble de la zone des océans Indien et Austral. Ils ne sont pas spécifiquement dédiés à la zone des TAAF puisqu’ils participent régulièrement à d’autres missions militaires, comme par exemple l’opération Atalante de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden. La marine dispose également du patrouilleur Le Malin, ancien palangrier saisi en 2004, qui effectue des missions de surveillance des pêches dans la zone Réunion/Mayotte/Eparses. Enfin, le bâtiment de transport léger La Grandière, qui devrait être désarmé en 2017, intervient ponctuellement dans cette même zone. Pour le remplacer, la Marine nationale souhaite qu'un quatrième bâtiment multi-missions (B2M) soit construit et basé à la Réunion (les trois premiers seront positionnés en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles et en Polynésie).

 La FS Floréal (MARINE NATIONALE)
 Le patrouilleur Le Malin (MICHEL FLOCH)
Le batral La Grandière (PATRICK SORBY)

« Face à ces différentes sorties de flotte, nous avons réfléchi, avec la Marine nationale, à la meilleure solution. Nous avons constaté que le ravitaillement logistique de Dumont d’Urville occupe le bateau cinq mois par an. Il reste donc 7 mois qui peuvent  être consacrés à des missions de souveraineté et de logistique au départ de la Réunion. Nous avons, par conséquent, décidé de lancer le projet d’un navire neuf qui serait armé par des équipages de la Marine et qui effectuerait l’ensemble de ces missions ». 

Le futur navire sera acheté par les TAAF et l’IPEV, la marine fournira l'équipage et effectuera son maintien en condition opérationnelle. « Nous portons ce projet qui s’élève à 60 millions d’euros et sommes en discussions avec les banques. L’emprunt sera contracté solidairement avec l’IPEV ». Le cahier des charges de ce bateau qui devra être très polyvalent est actuellement en cours de définition, « avec l’aide précieuse de l’équipage de l’Astrolabe. Nous sommes en train de définir les exigences en termes de motorisation, de coque et de logistique pour les missions diverses qu'il aura à mener ». L’appel d’offres et le choix du chantier devrait être effectués dans l’année. Le nouveau bateau devra être à Hobart en octobre 2017.

février 12, 2015

Étude géopolitique sur la condition féminine dans le monde

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Voici la première étude géopolitique sur la condition féminine, sous la forme d’un manuel qui expose clairement une vue d’ensemble de la question. 

Présentation du livre d’Élizabeth Crémieu, Bouchra Benhida "Géopolitique de lacondition féminine", Paris, Collection Major, PUF, 2014, 204 p. ISBN-972-2-13-062130-0 

VIOLS en Inde en 2012 ou enlèvement de 200 étudiantes par Boko Haram au Nigéria en 2014, la médiatisation croissante de violences contre des femmes témoigne d’un état de la condition féminine encore difficile dans le monde, et ce, malgré le troisième objectif du millénaire du développement souhaitant « promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Cette question ne se pose bien sûr pas qu’au « Sud » et se retrouve aussi dans les pays dits « développés », avec par exemple les débats récurrents sur la parité en France ou la restriction du droit à l’avortement par de nombreux états des Etats-Unis. Enfin, alors que le mouvement Femen donne une image souvent critiquée du féminisme, il semble justifié de s’interroger sur la situation des femmes aujourd’hui. Elizabeth Crémieu, agrégée de géographie et ancien professeur de classe préparatoire HEC et maitre de conférence à Sciences Po, se propose justement de dresser la géopolitique de la condition féminine dans son ouvrage, réalisé en collaboration avec Bouchra Benhida, docteur en économie et directrice de l’Institut de recherche et d’analyse en géopolitique et géoéconomie de l’ESCA (Casablanca). Lorsqu’on traite de la condition des femmes, on est au cœur d’un affrontement entre la tradition et la modernité. Elizabeth Crémieu retient deux aspects pour définir la condition féminine : les droits des femmes d’une part, c’est-à-dire droits civils, politiques, droit à l’éducation, aux soins, au travail ; et leurs conditions de vie d’autre part, plus précisément leur statut, leur relation avec les hommes, leurs libertés, etc. Malgré des progrès certains mais inachevés, le danger de recul est grand, surtout dans le contexte actuel de recrudescence des violences envers les femmes. Comme l’avait bien compris Jules Ferry en 1880, « celui qui tient la femme, celui-là tient tout » (cité p. 12). La femme est en effet à la fois marqueur identitaire et clé de la maitrise démographique. Il est important aussi de noter que « lorsqu’on traite de la condition des femmes, on est au cœur d’un affrontement entre la tradition et la modernité » (p. 14). 

Contrôler... croient-ils
Dans son ouvrage, l’auteure revient d’abord sur l’héritage universel et persistant de l’infériorité de la femme. Cet héritage, qu’on retrouve dans tous les textes fondateurs des religions mais aussi chez des penseurs comme S. Freud ou C. Levi-Strauss, se justifie par l’infériorité physique des femmes et instaure une division sexuée des tâches : aux hommes la gestion des questions productives et politiques, aux femmes celle des fonctions reproductives et domestiques. Se retrouve aussi ici la volonté des hommes de contrôler la fécondité. Préférence pour les fils, importance de la virginité, réclusion des femmes, dot, mariage précoce, prostitution, privation du droit à l’héritage, exclusion des veuves, chasse aux sorcières, violences, sont autant d’exemples cités pour illustrer la place traditionnelle de la femme soumise. La responsabilité des femmes dans la reproduction de ce modèle de génération en génération n’est enfin pas à sous-estimer. 

Les droits de vote, à l’éducation, à la protection
Elizabeth Crémieu dresse ensuite un tableau du féminisme, depuis les Lumières à aujourd’hui, en passant par les conséquences de la Révolution industrielle et celles de l’exode rural et de l’urbanisation. Les premiers mouvements féministes apparaissent en Europe et en Amérique du Nord au XIXe siècle, menés par des femmes instruites de la classe moyenne favorisée, en lien avec d’autres grandes mobilisations de l’époque comme la lutte contre l’alcoolisme, la prostitution ou l’esclavage. Une des premières revendications est le droit de vote, qui remet directement en cause « une des prérogatives essentielles des hommes : le monopole de la gestion de la cité » (S. Samouiller et K. Jabre dans Le Livre noir de la condition des femmes, cités p. 56). Le droit à l’éducation et la protection des mères font aussi partie des revendications. 

Le féminisme est multiforme : féminisme de l’égalité ou de la différence, féminisme socialiste ou libéral, « black feminism », féminisme laïque et universaliste, féminisme d’inspiration religieuse. 

Suit la deuxième vague féministe des années 1960 et 1970 avec la liberté sexuelle, la contraception et l’avortement. Les « gender studies » apparaissent également à ce moment-là. Certains parlent d’une troisième vague dans les années 1990, le féminisme « pro-porn », revendiquant la légalisation de la prostitution. L’auteure souligne que le féminisme est multiforme : féminisme de l’égalité ou de la différence, féminisme socialiste ou libéral, « black feminism », féminisme laïque et universaliste, féminisme d’inspiration religieuse. Le féminisme est également parcouru de tensions : entre femmes éduquées et populaires, entre féminisme indépendant et féminisme des ONG. Et enfin, entre féminisme du Nord et féminisme du Sud. Car le Sud aussi connaît des mouvements féministes. D’abord minoritaires et faibles dans les contextes de décolonisation, les revendications se font entendre après les indépendances qui n’ont pas amélioré la situation des femmes. Il faut aussi noter l’héritage égalitaire des sociétés communistes ou encore les avancées des dictatures modernistes. Au Nord comme au Sud, les mêmes méthodes sont utilisées : relais de la presse, manifestations, utilisation d’Internet, lobbying. Cela n’est cependant pas sans danger dans bon nombre de pays où les femmes risquent l’emprisonnement, l’exil ou parfois même la mort. Enfin, le féminisme est souvent méconnu et caricaturé. 

Dynamiques
La condition féminine a connu de grands progrès depuis 1945. D’abord, les femmes ont maintenant le droit pour elles avec des textes comme la Charte de l’ONU garantissant l’égalité des droits des femmes et des hommes. La communauté internationale s’est emparé de cette question avec, entre autres, la création d’ONU Femmes et la Convention pour l’élimination des discriminations envers les femmes (CEDAW). Le livre insiste sur le rôle important de l’intérêt politique à l’échelle nationale dans le traitement de ces questions. Cela peut même devenir un enjeu de politique étrangère comme le montre l’exemple de l’octroi par l’Arabie Saoudite du droit de vote aux femmes prévu en 2015. Cependant, le droit civil reste encore discriminatoire dans de nombreux pays. 

La santé des femmes - notamment leur espérance de vie - peut être considérée comme un révélateur de l’état d’une société et des rapports entre les sexes. 

Les progrès scientifiques ont, eux, permis la contraception, largement utilisée dans le monde (par 61% des couples aujourd’hui). Pour Françoise Héritier citée p. 96, le droit à la contraception « constitue le levier essentiel de la sortie de la domination parce qu’il porte et agit au lieu même où la domination s’est produite ». Et face à la religion, le plus souvent contre, l’impératif démographique a permis la diffusion de la contraception. L’avortement,
lui, reste un sujet brûlant et est limité dans les trois quarts des pays. La santé des femmes a également connu des progrès, même si les écarts demeurent très grands entre les pays à revenu élevé et les pays à revenu moyen ou faible. A ce titre, la santé des femmes peut être considérée comme un révélateur de l’état d’une société et des rapports entre les sexes. 

Eduquer les filles
L’éducation des filles est importante car elle a des effets multiplicateurs sur la démographie, la santé et l’économie. On note de grands progrès dans les taux de scolarisation ainsi qu’une progression de la parité dans le monde. Cependant, des écarts persistent entre Nord et Sud, où la pauvreté, la distance jusqu’à l’école, les possibles harcèlements sexuels et le faible nombre d’enseignantes sont autant de freins à la scolarisation des filles. Au Nord, on continue de noter des différences d’orientation selon les sexes. Et, malgré ces progrès, en 2008, deux tiers des analphabètes restent des femmes. Enfin, l’éducation est la première à souffrir des guerres et des crises économiques. 




Deux tiers des pauvres sont des femmes.
Le travail des femmes a également augmenté et s’est déplacé de l’agriculture vers l’industrie et les services. Les femmes souffrent encore d’une ségrégation verticale et horizontale, au Nord comme au Sud. Au Sud, le problème des emplois informels et vulnérables touche d’abord les femmes, avec une « féminisation de la survie » [1]. L’auteure rappelle d’ailleurs que deux tiers des pauvres sont des femmes. Il existe cependant un lien entre richesse, puissance et emploi des femmes, et on lie maintenant souvent la question de la croissance et du développement à celle de l’amélioration de la condition féminine. Pour les femmes aussi, travailler peut avoir des effets positifs, à l’image du cas de l’émigration de travail qui, malgré les difficultés rencontrées, constitue une libération et un gain en statut pour les femmes qui renvoient l’argent gagné au pays et font ainsi vivre leur famille. 

Pour certains, « le corps de la femme est, non pas métaphoriquement mais réellement, un territoire ennemi, jugulé, terrassé, mis à sac et à profit ». 

Pour finir, Elizabeth Crémieu décrit les menaces pesant sur les femmes. Elle note que la montée des fondamentalismes religieux, toutes religions confondues, représente aujourd’hui le plus grand danger, car ces derniers cherchent à contrôler la femme et la sexualité pour gagner le pouvoir en imposant des valeurs. La femme est en effet un marqueur de l’identité d’une société : « Dans toutes les sociétés qui se sentent menacées, ce sont les femmes qui sont chargées de conserver, de porter l’identité. Si elles veulent se libérer, c’est qu’elles sont passées à l’ennemi » (Sophie Bessis, citée p. 157). De plus, les violences contre les femmes sont en augmentation. Le fémicide est aujourd’hui la première cause de mortalité des femmes. Ces violences contre les femmes peuvent avoir des conséquences géopolitiques comme le montre l’exemple des fœticides féminins en Chine, où le manque de femmes pourrait avoir deux effets: un «nouvel enlèvement des Sabines»[2] et un enrôlement plus important des hommes dans l’armée. F. Héritier, citée p. 167, affirme que « le corps de la femme est, non pas métaphoriquement mais réellement, un territoire ennemi, jugulé, terrassé, mis à sac et à profit ». Ainsi les viols par exemple peuvent être de véritables armes politiques, notamment en temps de guerre ou de nettoyage ethnique. Ainsi, les acquis pour la condition féminine restent fragiles et menacés. Et face à cette menace que constituent les « trafiquants de Dieu » [3], Elizabeth Crémieu conclue ainsi : « La guerre est donc déclarée entre partisan(e)s de l’égalité et de la liberté des femmes et des hommes, et partisan(e)s des traditions. Cette guerre se déroule non pas entre des civilisations ou des sociétés, des Etats, ou des religions, mais au sein de chaque société, de chaque Etat, de chaque religion, et peut-être de chaque individu.» (p. 186) Cette «première étude géopolitique sur la condition féminine»[4] se présente comme un manuel et expose clairement une vue d’ensemble de la question. La construction thématique par chapitres donne parfois une impression de catalogue compilant les travaux existants sur la condition féminine. Cela a toutefois l’avantage de présenter de nombreux exemples et de renvoyer à de nombreux auteurs. La bibliographie, organisée elle aussi selon les chapitres, permet en effet de se référer facilement aux ouvrages cités. Elizabeth Crémieu semble prendre fait et cause pour les femmes, mais sait aussi reconnaître que les hommes n’ont pas tous les torts et que le patriarcat a pu avoir des effets bénéfiques, comme la protection. Elle reste cependant en retrait pour faire un exposé neutre tentant de traiter tous les aspects de la question, ne montrant son envie d’être digne de l’héritage féministe qu’à la dernière ligne. 



Géopolitique de la condition féminine
4e de couverture 

Où en est la condition des femmes ? Malgré l’influence tenace des traditions patriarcales dans une grande partie du monde, de nombreux progrès ont été accomplis depuis soixante-dix ans, que ce soit en matière de droits politiques et civils, d’accès à la contraception et à l’avortement, ou encore de droit à l’éducation et au travail. Ces avancées constituent un facteur majeur de croissance et de développement. Elles sont toutefois très inégales selon les régions du monde et constamment menacées : le fémicide reste en effet la première cause de mortalité des femmes, et ce type de violences tend aujourd’hui à se répandre. Cet ouvrage s’adresse à ceux qui veulent connaître les origines des inégalités entre les hommes et les femmes et étudier les enjeux de pouvoir qui en découlent à l’ère de la mondialisation, et en particulier aux étudiants en géopolitique et dans les IEP. 

[1] Formule de Saskia Sassen citée p.142.
[2] Formule de Gérard-Francois Dumont dans son article « Vers un nouvel enlèvement des Sabines ? » paru dans Géostratégiques, n°17, en septembre 2007, formule citée p. 171.
[3] Formule utilisée par Elizabeth Crémieu p. 186.
[4
] Présentation faite par l’éditeur en quatrième de couverture.


GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE :
Géopolitique de la condition féminine  
Source, journal ou site Internet : diploweb
Date : 10 février 2015
Auteur : Ornella Chassagne:

Etudiante en Master I de Relations Internationales et Action à l’Etranger à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Créé en 2005, le Master de Relations Internationales et Action à l’Etranger a pour vocation de préparer les étudiants à la grande variété des métiers ouverts sur la vie internationale.

janvier 16, 2015

Le Charles de Gaulle part pour le Golfe - janvier 2015

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.





 Le Charles de Gaulle quittant Toulon hier (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le déploiement du groupe aéronaval français en océan Indien et dans le golfe Persique a été officialisé hier, alors que le Charles de Gaulle appareillait de Toulon. Le bâtiment amiral de la flotte française recevra aujourd’hui le président de la République, qui vient à bord présenter ses vœux aux armées. Le porte-avions mettra ensuite le cap vers la Méditerranée orientale puis, après avoir franchi le canal de Suez, gagnera la mer Rouge et poursuivra vers l’océan Indien et le Golfe, où il devrait être en position début février.

De là, le groupe aéronaval doit participer aux frappes contre le groupe islamiste Daech, que la France combat depuis le mois de septembre en Irak, au sein d’une coalition internationale dont elle est le second contributeur après les Etats-Unis. Les opérations seront probablement menées depuis le nord du golfe Persique, au plus près de la zone d’intervention, permettant ainsi de réduire de moitié le temps de vol par rapport aux Rafale de l’armée l’Air qui interviennent depuis quatre mois à partir des Emirats Arabes Unis.

 Rafale sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)



Irak : Une capacité de frappe plus que doublée


Grâce au déploiement de la plus puissante force navale de surface dont dispose l’Europe, qui va compléter significativement les moyens déjà déployés sur zone, la France aura à sa disposition différentes possibilités d’action. La présence du Charles de Gaulle au sein de l’opération Chammal peut servir à « soulager » le dispositif de l’armée de l’Air. En ce qui concerne les avions de combat, celui-ci comprend les Rafale intervenant depuis la base aérienne 104 d’Al Dhafra, à Abu Dhabi. Cette unité, qui compte actuellement 9 Rafale, a été complétée fin novembre par un détachement de 6 Mirage 2000D positionnés en Jordanie. Fort notamment de 12 Rafale et 9 Super Etendard Modernisés (SEM), le groupe aérien embarqué du Charles de Gaulle pourra prendre au moins partiellement le relais des appareils basés à terre, ce qui permettrait d’économiser le potentiel des escadrons de l’armée de l’Air. Mais François Hollande peut aussi décider de profiter de la présence du Charles de Gaulle pour renforcer significativement le dispositif français, qui avec l’appoint de l’aéronautique navale pourra passer de 15 à 36 appareils de combat. Même si les frappes demeurent limitées en Irak en raison de règles d’engagement très contraignantes, qu’il faudra peut-être réviser pour plus d’efficacité, une montée en puissance peut constituer une réponse politique et militaire aux attentats meurtriers perpétrés sur le sol français la semaine dernière, contre Charlie Hebdo, une policière municipale et un supermarché casher. L’éradication des foyers islamistes en Irak et en Syrie, comme dans d’autres parties du monde, à commencer par le Sahel, est en effet l’une des clés de l’action contre la menace terroriste.
 
« Charlie Golf » part en guerre

Pour l’anecdote, si le porte-avions français n’est pas surnommé « Charlie », son indicatif maritime se termine par « Charlie Golf » (ces deux lettres de l’alphabet phonétique international étant utilisées à la radio), ce qui dans les circonstances actuelles n’est pas sans représenter, même s’il ne s’agit que d’un hasard, une certaine symbolique.

Il convient toutefois de rappeler que, si le Charles de Gaulle peut apporter une réponse militaire forte à la guerre que les Occidentaux et les pays arabes livrent contre Daech et le terrorisme, le déploiement du porte-avions français n’est pas une conséquence directe des attaques qui se sont produites à Paris.  Baptisée Arromanches (port artificiel construit suite au débarquement de Normandie), en hommage au 70ème anniversaire de la libération de la France, cette mission est programmée depuis de nombreux mois. La seule incertitude concernait la destination précise du Charles de Gaulle, qui réalise habituellement un déploiement de trois ou quatre mois chaque année. Si la région du Golfe, compte tenu de son caractère stratégique, est celle que le bâtiment fréquente le plus lors de ses déploiements depuis sa mise en service en 2001, d’autres « points chauds » sont actuellement surveillés de très près en Méditerranée. En plus de la Syrie, la dégradation de la situation en Libye, où les islamistes gagnent du terrain, inquiète en effet beaucoup les états-majors, qui s’interrogent depuis plusieurs mois sur l’opportunité de relancer des frappes aériennes dans ce pays, cette fois contre les groupes terroristes.
 
Un exercice aruna avec la marine indienne (© MARINE NATIONALE)
 
 
Des opérations militaires et des exercices, notamment avec les Indiens

Malgré tout et compte tenu de l’évolution du contexte sécuritaire, le choix de l’Irak s’est imposé, bien qu’une participation du porte-avions dans l’opération Chammal n’a pas encore été officialisée (peut-être du fait qu’il fallait attendre que le parlement autorise la poursuite de l’engagement français, ce qui a été le cas hier soir). Cela ne signifie toutefois pas que le groupe aéronaval restera cantonné aux zones aujourd'hui prévues. Au cas où la situation géostratégique évoluerait, il pourra très bien être redéployé dans une autre partie du monde.
Devant opérer hors de France durant quatre mois environ, le Charles de Gaulle et son escorte ne fréquenteront pas uniquement le golfe Persique. Pour l’heure, en plus du transit en mer Rouge, qui pourra donner lieu à des interactions avec des marines alliées, le porte-avions est sensé participer à un important exercice aéromaritime avec les Indiens. Alors que la France espère conclure d’ici 2016 la vente de Rafale avec New Delhi, ces manœuvres franco-indiennes, qui se déroulent régulièrement et son connues sous le nom de Varuna, seront l’occasion de renforcer les liens entre les deux pays et de présenter une nouvelle fois les capacités de l’avion de combat mis en œuvre par l’aviation et la marine françaises.
 
 
 Le Charles de Gaulle avec un porte-avions américain (© US NAVY)
 
F-18 américain sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)
 
 
Interopérabilité parfaite avec les Américains

Dans la région du Golfe, des exercices et opérations communes sont également prévus avec les pays riverains et les forces alliées occidentales, à commencer par les Etats-Unis. Le Charles de Gaulle doit, ainsi, œuvrer de concert avec le groupe aéronaval américain articulé autour du porte-avions USS Carl Vinson, dont les appareils sont engagés contre Daech. La coopération sera d’autant plus intéressante que les forces navales françaises et américaines ont atteint l’an dernier un degré d’interopérabilité jusque là inégalé à l’occasion de la mission Bois Belleau (voir notre article sur le sujet).

Frégate britannique du type 23 vue depuis le CDG (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)


Une frégate britannique dans l’escorte

Il est également intéressant de noter que l’une des frégates d’escorte du Charles de Gaulle sera Britannique. Il s’agit du HMS Kent, une unité du type 23 spécialisée dans la lutte anti-sous-marine. Elle rejoindra le groupe aéronaval français une fois que celui-ci aura franchi le canal de Suez. Le HMS Kent prendra la relève de la frégate anti-sous-marine Montcalm, dotée d’un hélicoptère Lynx et qui accompagnera le Charles de Gaulle jusqu’en Méditerranée orientale, où elle restera probablement un moment dans le cadre de la présence maritime que la France maintient dans le secteur, à des fins notamment de renseignement.
 
 
 Une FDA, la Meuse et le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)
 
 La frégate Montcalm (© MARINE NATIONALE)

Le Chevalier Paul, un Caïman, la Meuse et un SNA

Le reste du groupe aéronaval, armé en tout par quelques 2600 marins, est constitué de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (voir notre reportage sur ce bâtiment). En plus de la protection du Charles de Gaulle, elle sera en mesure d’assurer le contrôle aérien d’une vaste zone et embarque un NH90 Caïman, le nouvel hélicoptère français étant pour la première fois, à cette occasion, déployé dans cette région du monde.

Le pétrolier-ravitailleur Meuse, chargé de regarnir les soutes des unités de combat en combustible, munitions, vivres et pièces détachées, suivra la force de combat. Celle-ci sera également constituée d’un sous-marin nucléaire d’attaque. Hier, l’état-major des armées a indiqué que ce SNA était employé en « élément précurseur ». Autant dire qu’il s’agit très probablement de l’Améthyste,  annoncé fin décembre comme étant en opération dans l’océan Indien depuis un mois.

Caïman sur le Chevalier Paul (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
SNA du type Rubis (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


Un seul Hawkeye pour éclairer la flotte

Enfin, concernant le groupe aérien embarqué, qui a rallié le Charles de Gaulle hier au large de Toulon, on compte en plus des 21 Rafale et SEM trois hélicoptères (deux Dauphin et une Alouette III) et, ce qui est surprenant, un seul avion de guet aérien. Habituellement, deux appareils de ce type sont en effet présents mais les autres Hawkeye dont dispose la Marine nationale sont apparemment en maintenance. Une situation qui illustre le manque d’avions radar, pourtant indispensables pour assurer l’éclairage de la flotte, le contrôle aérien et la coordination des raids. Avec seulement trois Hawkeye, le parc de la flottille 4F a toujours été considéré comme trop faible, ce qui laisse depuis des années planer la menace d’une lacune capacitaire en cas de problème technique ou d'attrition. Ainsi, au cas où l’unique avion actuellement disponible tombait en panne ou, pire, était perdu, le Charles de Gaulle perdrait sa vision à longue portée. Le groupe aéronaval serait alors potentiellement contraint de dépendre de moyens étrangers, par exemple américains (chaque porte-avions de l’US Navy embarque quatre Hawkeye). C'est typiquement pour ce genre de circonstances que la marine avait tenté vainement, il y a quelques années, d'obtenir l'acquisition d'un quatrième Hawkeye, ce qui lui a été bien malheureusement refusé malgré la pertinence d'un tel achat.

Hawkeye et SEM (© MARINE NATIONALE)


Un outil politique et militaire majeur

Au-delà de cette faiblesse, qui illustre les conséquences des restrictions budgétaires imposant aux armées, depuis longtemps, de mener leurs missions avec des moyens réduits, le groupe aéronaval français demeure une redoutable machine de guerre.

Plus grand bâtiment militaire européen, le Charles de Gaulle, pour lequel même les Américains ont la plus haute estime, est un outil politique et militaire unique, permettant à la France de déployer au plus près d’une zone de conflit une force dotée d’une puissance offensive considérable. Ses avions sont, en effet, en mesure de mener des missions de défense aérienne ainsi que des raids antinavire et contre des cibles terrestres à grande distance, en employant des armements de haute précision (bombes GBU, AASM mais aussi missiles de croisière Scalp EG). Capables également de mettre en œuvre le missile nucléaire ASMPA, les Rafale du Charles de Gaulle sont aussi utilisés pour la reconnaissance et le renseignement, ainsi que le ravitaillement en vol au profit des avions chargés des frappes. « Le groupe aéronaval français offre à notre pays et à ses décideurs militaires et politiques un atout stratégique et un outil militaire de premier plan. Affirmant la présence et la puissance de la France, il peut contribuer simultanément à la maîtrise des espaces aéromaritimes, à l’entretien de notre capacité autonome d’appréciation de situation et à la projection de puissance. Il offre une capacité d’action polyvalente, graduée et adaptée aux besoins des autorités politiques », rappelait hier la Marine nationale.

On rappellera enfin que celle-ci participe à l'opération Chammal depuis ses début, au travers notamment du déploiement d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2, qui effectue en Irak des missions de reconnaissance, de renseignement et de guidage. La frégate antiaérienne Jean Bart est également sur zone, où elle est intégrée au groupe aéronaval de l'USS Carl Vinson.

Le Charles de Gaulle quittant Toulon hier (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)



janvier 08, 2015

RP#5 - Stratégie - Guerres et Paix ( sommaire: 8 thèmes actuels)

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire: 

A) -  Voilà pourquoi on ira en Libye - Valeurs actuelles du 8 janvier 2015 par Frédéric Pons

B) - Co-développements militaires : France et Japon s’entendront en mars sur un accord de
coopération - Romandie le 8 janvier 2015 - AFP

C) - L’ONU accepte la demande d’adhésion de la Palestine à la Cour Pénale Internationale - Le Monde du 7 janvier 2015

D) - Le baril de pétrole à 20 dollars, un scénario pas seulement fiction - France 24 du 8 janvier 2015 par Sébastien Seibt 

 E) - Assemblée générale d’AREVA - Areva du 8 janvier 2015 - communiqué de presse

 F) - Jean d’Ormesson : Nous sommes tous des Charlie Hebdo - Le Figaro du 7 janvier 2015
 
 G) - Les désastres naturels ont fait 7.700 morts en 2014 dans le monde, moins qu’en 2013 - L’Expression du 7 janvier 2015

 H) - En Inde, la production de charbon paralysée par une grève - le Monde du 7 janvier 2015


 



A) -  Voilà pourquoi on ira en Libye
 
Tout se met en place pour une opération militaire internationale en Libye. « La résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen est une question sécuritaire brûlante », affirme Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Privée d’État depuis quatre ans, livrée aux milices tribales et islamistes, la Libye est l’épicentre des violences et des trafics dans la région. Échappant à tout contrôle, le Sud libyen est devenu l’un des plus grands sanctuaires djihadistes du monde. Plus aucun militaire ou diplomate n’imagine pouvoir stabiliser le Sahel sans sécuriser cette zone. La France se prépare.  

Elle est en première ligne car elle porte la responsabilité directe du chaos avec les États-Unis et le Royaume-Uni — après avoir choisi d’éliminer le colonel Kadhafi en 2011, sans aucune assurance pour la suite. Ce régime ubuesque avait pourtant un mérite : en tenant l’immense Libye d’une main de fer, il contenait les filières d’immigration clandestine. L’intérêt de la France et de l’Europe commandait de ne pas l’affaiblir. Le contraire a été fait. Les peuples libyen et sahélien paient aujourd’hui le prix de l’interventionnisme inconséquent de Nicolas Sarkozy et de son conseiller de l’époque, le vibrionnant Bernard-Henri Lévy. L’Europe a fait exploser la Libye en 2011, selon le même scénario catastrophe subi par l’Irak depuis 2003. Lors de son déplacement au Sahel, fin décembre, pour passer le réveillon au milieu des soldats de l’opération Barkhane, Le Drian s’est entendu répéter ces vérités au Tchad, au Niger, au Mali. Les chefs d’État africains ont été francs, comme ils l’avaient été, les 15 et 16 décembre à Dakar : « En Libye, vous n’avez pas fini le travail. Vous devez l’achever. » Paris se prépare et se tourne vers l’Onu, car il faudra au préalable une résolution des Na tions unies et l’accord des voisins. L’Égypte a déjà donné son feu vert, prête à engager son aviation. L’Algérie reste le principal point de blocage. Sans stratégie alternative, elle ne veut “en aucune façon” de force internationale à ses frontières. C’était aussi ce qu’elle avait dit, à la veille de l’intervention française au Mali de janvier 2013. La paranoïa du régime algérien n’avait pas pesé lourd devant l’urgence.




B) - Co-développements militaires : France et Japon s’entendront en mars sur un accord de coopération
  
La France et le Japon devraient s'entendre en mars sur le développement en commun d'équipements militaires ainsi que sur la transparence de leurs politiques d'exportation en la matière, a affirmé mercredi le quotidien économique japonais Nikkei. Selon ce journal, la signature d'un accord aura lieu quelque temps après une réunion dite 2+2 à Tokyo, rencontre des responsables de la Défense et des Affaires étrangères des deux pays dont la tenue, a priori en mars, a été confirmée mercredi soir de source française. Un tel accord serait la suite logique des discussions qui ont eu lieu entre le Premier ministre nippon Shinzo Abe et le président français François Hollande en mai 2014 à Paris, ainsi que d'une déclaration d'intention relative à la coopération et aux échanges de défense approuvée en juillet suivant lors d'un séjour du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian à Tokyo. Les deux pays saluaient alors l'engagement des discussions en vue de la conclusion d'un accord sur la coopération en matière d'équipements et de technologies de défense. Cet accord devrait permettre une gestion appropriée du transfert d'équipements de défense, dans le cadre de projets concrets de coopération, notamment en matière de systèmes de drones, écrivaient-ils alors. Sont aussi évoqués des développements de robots pour intervenir dans des environnements irradiés. Les deux pays ont également mis en place un comité de transparence sur leurs politiques mutuelles d'exportation de moyens de défense afin d'éviter les malentendus, le Japon ne supportant pas que Paris vende à des Chinois notamment des équipements potentiellement utilisables à des fins militaires. A cet égard, un responsable japonais a anonymement déclaré au Nikkei qu'un accord était nécessaire pour permettre d'exercer une surveillance des ventes de matériels à des tiers. Un accord va obliger les deux parties à effectuer un contrôle strict sur les armes afin d'éviter qu'elles n'aillent dans des pays impliqués dans des conflits. Les deux pays devront par avance s'entendre aussi sur les transferts de technologies à des tiers et sur l'usage de matériels à des fins différentes de celles prévues originellement, ajoute encore le Nikkei. Le Japon a décidé fin 2012 de lever l'interdiction embargo sur la vente de ses équipements militaires à l'étranger qu'il s'était imposé en 1967. Il peut ainsi désormais participer à des programmes conjoints de développement dans l'armement, et renforcer son industrie de défense. Des accords de coopération dans ce domaine existent déjà avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie. 





C) - L’ONU accepte la demande d’adhésion de la Palestine à la Cour Pénale Internationale

C'est une victoire pour la Palestine, qui prend désormais une place plus forte sur la scène internationale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a accepté, mercredi 7 janvier, 
la demande d'adhésion des Palestiniens à la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision va permettre au tribunal de La Haye, qui a pour mission de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre, d'enquêter à partir du 1er avril (date effective de cette adhésion) sur les allégations de crimes commis dans les territoires palestiniens. 

RIPOSTE ISRAÉLIENNE
La Palestine avait formellement présenté sa demande d'accession à la CPI le 2 janvier dans le but d'engager des actions légales contre des dirigeants israéliens pour leur conduite lors des guerres, comme celle de juillet-août à Gaza, ou encore contre la colonisation de territoires palestiniens. Cette adhésion intervient au terme d'une année qui a vu l'éclatement d'un nouveau conflit à Gaza, un regain de violences à Jérusalem et de plus en plus de pays demander la reconnaissance d'un Etat palestinien. Elle est aussi une alternativeaprès le rejet d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU sur la fin de l’occupation israélienne. Au lendemain de la demande d'adhésion,Israël avait réagi en gelant le transfert de 106 millions d'euros de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne. Les Etats-Unis ont vivement condamné cette riposte.





D) - Le baril de pétrole à 20 dollars, un scénario pas seulement fiction

Certains spéculateurs commencent à miser sur un baril de brut à 20 dollars. 
L'hypothèse a aussi été évoquée par le ministre irakien du Pétrole. Si un tel scénario défie la logique du marché, cela ne signifie pas qu'il est inenvisageable. La chute des prix du pétrole semble sans fin. Le baril de Brent de la mer du Nord, la référence pour le marché du brut en Europe, est passé, mercredi 7 décembre au matin, sous la barre des 50 dollars pour la première fois depuis 2009. Pour certains, il y aurait encore de la marge. Plusieurs investisseurs ont ainsi parié, ces derniers jours, que le brut tomberait à 20 dollars dans les mois à venir, rapporte le site américain MarketWatch, spécialisé dans la finance. Cette possibilité a aussi été évoquée fin décembre par le ministre saoudien du pétrole Ali al-Naïmi. Il avait précisé qu’une telle dégringolade ne nécessiterait pas de réaction de l’Opep. Pourtant, ce serait du jamais vu depuis 2002. À cette époque, le baril entamait sa lente ascension qui allait multiplier les prix par quatre en dix ans. Un retour à une ère du pétrole à prix très bas est-il possible ? "La situation n'est pas du tout la même qu’il y a dix ans. Le pétrole était alors peu cher à produire et la demande beaucoup moins importante", rappelle Céline Antonin, spécialiste des questions pétrolières à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). 

"Coup de poker des spéculateurs"
Les besoins grandissants des pays émergents, ajouté au fait que l’or noir n’est pas éternel, devrait garantir une hausse continue des prix. Les six derniers mois - durant lesquels le cours du baril de brut a été divisé par deux - défient cette logique. "La situation n’est pas normale, donc une chute du baril à 20 dollars, bien que fort improbable, ne peut pas être exclue", remarque Céline Antonin, pour qui le pétrole devrait se situer aux alentours de 70 à 80 dollars. Pour que cette chute devienne réalité, il faudrait avant tout "un gros coup de poker des spéculateurs", juge cette spécialiste. C'est, en effet, le principal levier qui peut faire encore chuter davantage les cours, puisque rien n'a évolué ces derniers mois sur le front de l’offre et de la demande. Les spéculateurs sont d’ailleurs déjà à l'œuvre. Le volume des contrats passés sur l'achat et la vente future de pétrole, en Europe, a doublé entre les troisième et quatrième trimestres 2014. "C'est en partie le fait d’investisseurs inquiets, mais aussi de spéculateurs qui parient sur une baisse des prix", note Céline Antonin. 

Qui peut se permettre un pétrole à 20 dollars ?
Pour elle, il n’y a qu’une raison qui puisse pousser ces boursicoteurs à agir ainsi : "Ils estiment que la production de pétrole conventionnel suffira à satisfaire une demande en berne". Seuls les pays qui extraient ce type de brut peuvent, en effet, supporter un prix à 20 dollars. Le baril de l’Arabie Saoudite, de l’Irak ou encore des Émirats Arabes Unis coûte ainsi entre 6 et 7 dollars à produire. Les autres États producteurs, qui ont surtout du pétrole non- conventionnel (de schiste ou bitumineux), ne peuvent pas se permettre une baisse trop importante des prix du brut, la production leur coûtant plutôt entre les 30 et 40 dollars. Même l’Arabie Saoudite et consorts, qui font face à une baisse du pétrole conventionnel disponible, sont en train d’investir afin d’exploiter les nouveaux types de gisements, notamment off-shore. Ces projets coûtent de l’argent et ne vont pas de pair avec un brut à prix cassé. "En clair, les spéculateurs estiment que, non seulement, le pétrole conventionnel va suffire mais aussi que tous les projets vont être interrompus, ce qui n’est pas réaliste", analyse Céline Antonin. Pour elle, si le baril descend à 20 dollars, il n’y restera que quelques jours au maximum avant de remonter à des niveaux plus normaux





 E) - Assemblée générale d’AREVA

Résultats de lAssemblée Générale
L'Assemblée Générale Mixte des Actionnaires dAREVA, réunie à Paris ce jour a approuvé les résolutions soumises au vote des actionnaires, à lexception de la vingtième résolution. L'Assemblée a notamment :

_ approuvé le passage dune structure de gouvernance à Conseil de Surveillance et Directoire à un Conseil d'Administration, et les statuts correspondants ;
_ approuvé la nomination au nouveau Conseil d'Administration de 8 administrateurs : Bernard Bigot, Sophie Boissard, Claude Imauven, Philippe Knoche, Christian Masset, Denis Morin, Pascale Sourisse et Philippe Varin. Alexis Zajdenweber, Représentant de lEtat, ainsi que Jean-Michel Lang, Odile Matte et Françoise Pieri, administrateurs élus par les salariés, font également partie du Conseil dAdministration.
_ fixé le montant des jetons de présence alloués au Conseil dAdministration au titre de l'exercice 2015 et des exercices suivants ;
_ a mis en place, comme lors des réunions précédentes, des délégations de compétences au Conseil dAdministration pour procéder, le cas échéant, à diverses augmentations de capital avec ou sans droit préférentiel de souscription dans les conditions prescrites par la loi. 

Conseil dAdministration
Le Conseil d'Administration qui s'est réuni pour la première fois à l'issue de l'Assemblée Générale a par ailleurs :

_ nommé Philippe Varin en tant que Président du Conseil dAdministration ;
_ nommé Philippe Knoche en tant que Directeur Général ;
_ décidé la mise en place de 4 comités qui accompagneront le Conseil d'Administration : o le Comité Stratégique et des Investissements, présidé par Philippe Varin ;







Face à la barbarie de l'attentat contre Charlie Hebdo, Jean d'Ormesson appelle à la solidarité nationale. 

Jean d'Ormesson est écrivain. Il est membre de l'Académie Française. 

L'émotion submerge Paris, la France, le monde. Nous savions depuis longtemps que, renaissant sans cesse de ses cendres, la barbarie était à l'œuvre. Nous avions vu des images insoutenables de cruauté et de folie. Une compassion, encore lointaine, nous avait tous emportés. La sauvagerie, cette fois, nous frappe au cœur. Douze morts, peut-être plus encore. Des journalistes massacrés dans l'exercice de leur métier. Des policiers blessés et froidement assassinés. La guerre est parmi nous. Chacun de nous désormais, sur les marchés, dans les transports, au spectacle, à son travail, est un soldat désarmé. Nous avions des adversaires. Désormais, nous avons un ennemi. L'ennemi n'est pas l'islam. L'ennemi, c'est la barbarie se servant d'un islam qu'elle déshonore et trahit. Les plus hauts responsables de l'islam en France ont dénoncé et condamné cette horreur. Il faut leur être reconnaissants. La force des terroristes, c'est qu'ils n'ont pas peur de mourir. Nous vivions tous, même les plus malheureux d'entre nous, dans une trompeuse sécurité. Nous voilà contraints au courage. L'union se fait autour des martyrs libertaires d'un journal défendant des positions qui n'étaient pas toujours les nôtres. Des journalistes sont morts pour la liberté de la presse. Ils nous laissent un exemple et une leçon. Loin de tous les lieux communs et de toutes les bassesses dont nous sommes abreuvés, nos yeux s'ouvrent soudain sous la violence du coup. Nous sommes tous des républicains et des démocrates attachés à leurs libertés. Mieux vaut rester debout dans la dignité et la liberté que vivre dans la peur et dans le renoncement. Devant la violence et la férocité, nous sommes tous des Charlie Hebdo.




 
 G) - Les désastres naturels ont fait 7.700 morts en 2014 dans le monde, moins qu’en 2013
 
Les catastrophes naturelles en 2014 ont provoqué la mort d'au moins 7.700 personnes dans le monde, un bilan inférieur par rapport à l'année précédente, et causé aussi moins de dégâts matériels que celles de l'an passé, selon une étude publiée mercredi par Munich Re. Le géant allemand de la réassurance, dont l'étude annuelle fait référence en la matière, estime à 110 milliards de dollars (93 milliards d'euros) les coûts cumulés des catastrophes de l'an dernier, moins que l'année précédente (140 milliards de dollars) et que la moyenne des dix et même des 30 dernières années. Les désastres de 2014 ont entraîné 7.700 décès, les inondations en Inde et au Pakistan en septembre représentant les plus meurtriers avec 665 victimes. Le nombre de morts liés aux catastrophes naturelles est très en-dessous du chiffre de l'année précédente (21.000) et des moyennes des dernières années, et renoue avec le niveau de 1984. Ces chiffres sont "une bonne nouvelle" a estimé dans un communiqué Torsten Jeworrek, membre du directoire de Munich Re, et s'expliquent entre autres par le fait qu'en beaucoup d'endroits, les autorités ont mis les populations à l'abri à temps, ainsi en Inde à l'approche du cyclone Hudhud ou aux Philippines avant le typhon Hagupit. 





 H) - En Inde, la production de charbon paralysée par une grève
 
C’est le grain de sable qui vient gripper la mécanique bien huilée de l’agenda économique du premier ministre Indien, Narendra Modi. Des centaines de milliers de mineurs ont entamé, mardi 6 janvier, une grève de cinq jours pour protester contre la libéralisation du secteur du charbon. Selon Gurudas Dasgupta, secrétaire général du syndicat All India Trade Union Congress, cette grève serait la plus suivie en Inde depuis 1977. Quelques mois après avoir promis de l’électricité sans coupure aux Indiens, le premier ministre indien risque de les plonger dans le noir.

- 60 % des mines de charbon sont à l’arrêt
- À partir de samedi, des centrales thermiques pourraient connaître des pénuries de charbon

- Au 1er janvier, les centrales à charbon indiennes ne disposaient que de neuf jours de réserve, et 20 d’entre elles n’en possédaient suffisamment que pour fonctionner quatre jours. 

Libéralisation et privatisations irritent les syndicats
En Inde, c’est, jusqu’à présent, l’entreprise publique Coal India, premier producteur au monde de charbon (près de 370 000 mineurs), qui possédait un quasi-monopole sur l’extraction et la production de ce minerai, depuis la nationalisation du secteur en 1972. Une loi, passée par le gouvernement le 12 décembre 2014 à la chambre basse du Parlement, prévoit d’ouvrir le secteur de l’exploitation et de la production à toutes les entreprises. Pour rentrer en application, cette loi doit encore obtenir l’aval de la chambre haute du Parlement. Les syndicats redoutent également la cession de parts de l’entreprise publique depuis que le gouvernement a engagé un plan de privatisations afin de réduire son déficit budgétaire. 

L’Inde très dépendante du charbon
Plus qu’ailleurs, le charbon est essentiel au bon fonctionnement de l’économie du pays, puisqu’il fournit plus de la moitié de ses besoins en énergie primaire contre une moyenne de 29 % ailleurs dans le monde. Cette grève renforce les difficultés rencontrées dans le secteur depuis l’annulation par la Cour Suprême, en septembre 2014, de 214 permis d’extraction minière, dont l’attribution a été jugée illégale. Les importations indiennes de charbon ont triplé depuis 2007. Le gouvernement espère attirer les investissements privés pour augmenter la production de charbon et faire face à la hausse des besoins en énergie de l’Inde. Lors du Forum économique mondial, organisé à Delhi le 6 novembre, le ministre indien de l’énergie, Piyush Goyal a déclaré que la demande domestique en énergie doublerait d’ici à 2019 et que le pays devait rapidement accélérer sa production de charbon, qui fournit les deux tiers de la production d’électricité. Dans un pays qui souhaite s’industrialiser et où 300millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité, les alternatives au charbon sont difficiles à trouver. La production d’énergie d’origine solaire et ou éolienne progresse, mais elle ne pourra pas concurrencer le charbon qui reste moins cher. Quant au nucléaire, malgré la promesse de signatures de contrats avec les États-Unis et la France pour la construction de centrales, les négociations sont bloquées. Le point d’achoppement réside dans l’attribution des responsabilités en cas d’accident, que l’Inde aimerait faire endosser aux constructeurs comme Areva ou Westinghouse. 

Le premier gros mouvement social pour le premier ministre indien
Fort d’une majorité à la chambre basse du Parlement, Narendra Modi affronte la première grève d’envergure de son mandat commencé en mai 2014. Le plus surprenant est de trouver, parmi les syndicats en grève, le Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS), proche du BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir qui contrôle la majorité au Parlement. Ces derniers n’ont pas réussi à infléchir la politique du gouvernement, se disant « ignorés ». En matière de politique économique, la solidarité entre nationalistes hindous pèse peu face aux intérêts divergents entre gouvernement et ouvriers. Critiqués pour être inféodés aux partis politiques, les syndicats sont souvent absents des médias contrairement aux économistes ou aux chefs d’entreprise. Les voici qui reviennent en force dans le débat sur l’orientation économique du pays, à l’heure où le gouvernement indien a lancé le programme « make in India », destiné à attirer les investissements dans l’industrie et ainsi absorber les 10 à 15 millions de travailleurs qui arrivent chaque année sur le marché du travail. «M.Modi traverse son moment Thatcher »,écrit Rajesh Kumar Singh dans une tribune publiée par l’agence Bloomberg, faisant référence à la longue lutte qui opposait les mineurs de charbon au premier ministre britannique au début des années 1980, ajoutant cependant que M. Modi « est moins dans la confrontation ». 



 
Powered By Blogger