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avril 15, 2015

Des économistes keynésiens, Bercy et l'égalitarisme...et la France qui plonge !! Débat avec Bernard Zimmern.

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Mais ou sont cher(e)s ami(e)s les économistes libéraux ??



Sommaire:

A) De bons partis politiques sans bons économistes ? - Emploi 2017 - par Bernard Zimmern

B) Bernard Zimmern - Wikiberal

C)  Changer Bercy pour changer la France, de Bernard Zimmern - Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

D) L’Obsession antilibérale française - Nicolas Lecaussin - Capitalisme: cette France où l’Etat est roi - Par Christine Kerdellant


Emploi 2017

A) De bons partis politiques sans bons économistes ? 
 
Les grands partis politiques sont en train de s’étriller en prévision des prochaines élections régionales et surtout en vue de la présidentielle de 2017, en nous parlant de rassemblement, de menace créée par le succès de l’autre parti ; les campagnes politiques sont devenues des jeux d’ombres où chacun cherche à cacher l’autre mais où l’on chercherait vainement l’esquisse d’un programme économique capable d’amener notre redressement.

Ne parlons pas du parti au pouvoir ; il est certes encourageant de voir des jeunes socialistes essayer de se sortir des vieilles chimères et de tenter en France un socialisme renouvelé à la Tony Blair. Tout en se demandant si c’est possible lorsqu’on voit un Tony Blair, millionnaire, revenir au secours du leader du Labour, Ed. Miliband, dont la campagne pourtant ressort toutes les vieilles lunes socialistes. À voir les résistances qui ont accompagné le projet pourtant plus que mesuré qui a agité les sphères politiques il y a quelques semaines en France, et ont forcé le gouvernement à passer d’un texte avec une centaine d’articles à plus de 200 pour tenter d’accommoder ses opposants internes (y compris un amendement permettant aux départements d’outre-mer de modeler leurs jours de congés pour s’adapter aux mœurs –et religions ?- locales), on peut se demander si le chômage a des chances des régresser malgré une embellie internationale annoncée.

Mais le plus grave n’est pas que le parti socialiste au pouvoir n’ait pas fait les politiques qu’auraient dû mener ses adversaires, c’est que ses adversaires ne savent toujours pas quelles politiques économiques ils devront mener s’ils reviennent au pouvoir.

Et, dans une certaine mesure, on peut les excuser, car pour qu’un parti propose de bonnes politiques, encore faut-il que les économistes qui le conseillent aient eux-mêmes les bonnes idées.

Or, l’expérience de 2007 n’a pas été très concluante sur ce point.
Se rappelle-t-on que les remèdes proposés à l’époque étaient la fusion des régimes d’embauche, CDD et CDI en un seul (nous n’avons jamais eu de réponse au pourquoi), la fusion de l’ANPE avec les ASSEDIC (qui ont amené à fusionner un organisme qui marchait encore assez bien avec le désastre que nous dénonçons depuis 20 ans, qui ne sert qu’à faire tourner les chômeurs et aux politiciens à s’abriter derrière un organisme d’État pour cacher leur impuissance : l’ANPE ?) Ou, un peu plus tard, de supprimer les publicités payantes sur les chaînes de télévision publiques ? Et nous oublions certainement les plus croustillantes qui ont été emportées par le vent de l’histoire.

C’est d’ailleurs un des traits de l’évolution des partis que des mesures précises soient mises dans les programmes. La force des leaders de parti sous la troisième et la quatrième république n’était pas leur capacité à proposer les bonnes mesures mais à formuler les bons rêves, à nous présenter leur programme, non par les moyens à mettre en œuvre mais par les résultats : plus d’égalité, plus de justice, augmenter le pouvoir d’achat, avoir une défense forte, etc.

L’art d’un leader politique est de savoir par son discours nous faire croire que ce qui est en fait des vœux pieux, les anglophones disent un « wishfull thinking », est l’action qu’il va mener.

Pour le retour au plein emploi, nous en sommes à peu près au même point, non seulement de la gauche qui n’a jamais su, car son rôle à elle n’est pas de créer de la richesse mais de la distribuer, mais de la droite qui n’a jamais su non plus comment on créait de vrais emplois et pas seulement des fictions, et qui depuis 2002 n’a jamais su que copier la gauche en créant des petits boulots. Rappelons la SARL à 1 euro de Renaud Dutreil, l’aide à la personne de Jean-Louis Borloo dont les rapports de la Cour des comptes montrent que les emplois créés se chiffrent seulement en quelques dizaines de milliers et ont coûté extrêmement cher, etc.

Pourtant, n’importe quel économiste pourrait se demander pourquoi toute la chaîne des entreprises françaises est atteinte de nanisme, pourquoi malgré les milliards qu’a dépensé l’État à travers la Caisse des Dépôts ou Oséo, maintenant la BPI, nos entreprises françaises restent naines, que nous ne voyons pas, non seulement la création d’entreprises et d’emplois nouveaux sombrer à des niveaux (rappelons 26.000 entreprises employeuses et 100.000 emplois créés en France contre 200.000 et 500.000 au Royaume-Uni) qui traduisent l’absence de toute politique ou même la haine de toute création, mais que les PME ne parviennent pas à grossir, que les ETI en nombre et en volume en sont restées depuis 20 ans à peu près au même niveau, c’est-à-dire à moins de la moitié de l’Allemagne ? Malgré la loi de François Fillon reconnaissant le titre officiel d’ETI ? Malgré encore une fois les campagnes menées et les milliards d’argent public dépensés par l’État pour lutter contre ce nanisme ?

La réponse sera certainement que l’État n’a pas fait assez, qu’il aurait fallu investir plus.

La réponse sera certainement qu’il faudrait plus d’aides et d’interventions.

Errare humanum est, perseverare diabolicum : L’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur par arrogance, c’est diabolique (wikipedia).

Il intéresse certainement nos hommes ou femmes politiques de gagner les élections, mais il intéresserait encore plus leurs électeurs qu’ils sachent s’entourer d’économistes capables de leur indiquer les voies qui permettent de créer des entreprises championnes de croissance, pas seulement des zombies.

par Bernard Zimmern


Nombre d’entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)




B) Bernard Zimmern - Wikiberal

Bernard Zimmern, né le 8 juin 1930, est un entrepreneur et un militant libéral conservateur français, fondateur de l'iFRAP.  
l est diplômé de l'école polytechnique (promotion 1949) et de l'école nationale d'administration (ENA). Il avait été précédemment lauréat du concours général de physique et de version latine.
Il travailla principalement chez Renault puis à la CEGOS dont il fut le directeur du département Recherche et Développement pendant 10 ans. Il fut également ultérieurement président-fondateur de la société OMPHALE et de Single Screw Compressor Inc. (USA) pour lesquels il déposa de plus de 500 brevets dans le domaine des compresseurs rotatifs.
En plus de son activité professionnelle, il est engagé dans le débat d'idées en France; en particulier, il a fondé l'Ifrap (iFRAP) en 1985 sur ses fonds propres. Le but de l'organisme est de juger l'efficacité de la dépense publique, en particulier par le recours au benchmarking international. Il a également participé à la fondation de l'association de défense des contribuables Contribuables Associés en 1990, sur une idée de François Laarman.

Récompenses

Pour ses travaux de recherche, il a reçu la Médaille Giffard de la Ville de Paris en 1989, récompensant sa contribution au prestige de la mécanique française à l'étranger, ainsi que la médaille d'or du Refrigeration Institute de Londres en 1977[1]. Pour la fondation et le développement de l'iFRAP, il a reçu le Prix renaissance de l'économie, attribué par Michel de Poncins (économiste et président de Catholiques pour les libertés économiques).




C)  Changer Bercy pour changer la France,
 
Bernard Zimmern, avec l'assistance de Dominique Mercier et Valérie Pascale, vient de publier un livre à contre-courant des économistes en vogue, des égalitaristes tels que Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty, qui, obsédés par la chasse aux inégalités, ne comprennent rien au processus de création de richesses et induisent en erreur ceux qui se laissent séduire par leurs thèses basées sur l'envie.


Pour ces prétendus économistes, le riche, surtout américain, voilà l'ennemi, surtout le très riche, et, davantage encore, le très très riche, qui serait un rentier, un profiteur des richesses créées par d'autres. Or, manque de chance, ces très très riches, ces milliardaires américains, sont en grande proportion des entrepreneurs dont les aïeuls étaient pauvres ou sans fortune notable.



Bernard Zimmern montre, chiffres à l'appui, l'imposture de ces prétendus économistes. En effet ils voient que la croissance des revenus des très riches est plus rapide que la moyenne, mais ne voient pas que ce sont ces très riches qui font la croissance en créant des richesses et des emplois.

Ces prétendus économistes ne voient pas non plus que, si la croissance est toujours plus forte aux Etats-Unis qu'en Europe et que le chômage y est moindre, c'est qu'aux Etats-Unis il y a davantage de milliardaires en proportion qu'en Europe et que ces milliardaires y sont, en outre, en plus grande proportion des entrepreneurs.

Ceux qui créent le plus d'emplois, ce sont toutefois les millionnaires, donc les très riches, qui, aux trois quarts, sont des entrepreneurs individuels et représentent plus de la moitié de la fortune industrielle et de l'investissement américains.

Parce que ces entrepreneurs, qui risquent leur fortune personnelle, sont mis à l'index par l'administration Obama, et menacés par les dirigeants démocrates, et parce qu'ils sont écoeurés , la reprise américaine est plus lente et plus hésitante qu'elle n'aurait pu l'être...

Vous avez dit risque? "Le concept de risque est totalement étranger à des professeurs d'université dont la paie est assurée jusqu'à la fin de leurs jours." C'est pourtant le risque, souvent considérable, que prennent les entrepreneurs qui fait la force d'une économie et qui peut être aussi bien à l'origine de leur fortune que de leur chute.

Quand ces prétendus économistes parlent de justice sociale, ils oublient justement le risque pris par les entrepreneurs, qui se traduit pour eux par une plus grande instabilité de revenu que celle d'un salarié: un entrepreneur a certes plus de chances qu'un salarié de grimper l'échelle des revenus, mais il a aussi plus de chances de la dégringoler.

Qui sont-ils ces économistes, ces égalitaristes? Ils sont tous fonctionnaires: "Ils réalisent le rêve de tout fonctionnaire: appartenir au secteur public et garder la garantie de l'emploi, mais avec les avantages du secteur privé."...

Si ces égalitaristes promeuvent la redistribution, celle-ci n'améliore pas pour autant réellement les conditions d'existence des plus pauvres et des plus déshérités. Ils n'en perçoivent qu'une partie en espèces, tandis qu'une petite minorité, appartenant au secteur public, perçoit la plus grande partie de la redistribution en nature...

Pour étayer leurs propos sur les inégalités croissantes en France, ces égalitaristes trichent avec les statistiques et ne retiennent que les éléments qui vont dans le sens de leurs thèses. Ainsi ils ne tiennent pas compte par exemple dans l'évolution des revenus des revenus de la redistribution ou ils y intègrent au contraire les bénéfices non distribués.

Quand ces égalitaristes font des comparaisons de patrimoine, ils ne prennent pas en compte l'âge des détenteurs, de même qu'ils ne tiennent pas compte des capitaux correspondant aux rentes de retraites versées ou des autres prestations sociales perçues, lesquels réduisent pourtant les inégalités entre riches et pauvres.


Il n'est pas besoin d'être Einstein pour comprendre qu'en démocratie les voix des pauvres sont plus nombreuses que celles des riches et qu'en conséquence la redistribution sous forme d'avantages en espèces ou en nature, est le moyen le plus efficace pour se faire une clientèle électorale.

La redistribution est aussi un alibi moral pour les étatistes, qui présentent ce vol des uns pour remplir la poche des autres, sous les traits vertueux de la justice sociale et qui, en fait, substituent l'immorale solidarité forcée des programmes étatiques à la philanthropie volontaire des anglo-saxons.

Bercy est une forteresse imprenable et l'instrument implacable de la redistribution. Le donjon de cette forteresse, c'est la Direction de la Législation Fiscale. C'est cette dernière qui décide de la politique fiscale du pays et l'impose au Parlement qui n'a pas les moyens de s'y opposer. D'autant que ses contrôleurs sont tous issus de Bercy... Quant à la Cour des Comptes, ses membres sortent de la même école que ceux qu'ils examinent...

Comment apprécier la valeur des fonctionnaires de Bercy? Comme il n'existe pas d'instrument de mesure au sein de cette entité, un moyen simple de les jauger est de voir ce qu'ils donnent quand ils dirigent des entreprises privées. Là les contre-performances des Pierre-Yves Haberer, Jean-Marie Messier, Michel Albert ou autres Alain Minc sont éloquentes et se passent de commentaires...

Bercy décide donc en fait du sort de 63 millions de Français. Le malheur est que les agents de Bercy ne connaissent rien à l'entreprise, pour la bonne raison qu'ils n'y ont jamais travaillé. Aussi toutes les mesures qu'ils cogitent depuis trente ans pour favoriser l'emploi - formation, insertion etc. - sont-elles surtout créatrices de chômage. Parce que, selon Bernard Zimmern, ils ne savent pas notamment que seules les entreprises nouvelles créent des emplois...

Pour terminer, Bernard Zimmern raconte toutes les batailles pour l'emploi et pour les Business Angels qu'il a menées de 2002 à 2012 sous un gouvernement dit de droite. Toutes ont été des échecs, parce qu'il n'est pas acceptable pour Bercy d'"encourager les riches à s'enrichir"... Or il ne sert à rien de chercher à réduire la dépense publique si, parallèlement, on ne favorise pas justement la création d'entreprises nouvelles...

Selon l'auteur il faut donc que Bercy accepte d'aider les riches à devenir plus riches et accepte de ne pas taxer les plus-values de capital à l'impôt sur le revenu. Dans cet ordre d'idée, exempter tout investissement dans une entreprise de moins de 50 salariés et de moins de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires d'impôt sur les plus-values serait bénéfique pour l'emploi et ne coûterait rien puisque "toutes les données chiffrées montrent que cette "dépense fiscale" retourne dans les caisses de l'Etat avant d'en être sortie".

Même si les mesures préconisées par Bernard Zimmern sont discutables, elles iraient dans la bonne direction en cas d'adoption. Tant il est vrai que la libération de l'économie est la seule voie qui puisse conduire à la prospérité et que "la voie de l'égalitarisme est celle qui mène à la pire forme d'inégalité: le chômage".

Francis Richard, 11 février 2015


Changer Bercy pour changer la France - Les riches sont la solution, pas le problème, Bernard Zimmern, avec l'assistance de Dominique Mercier et Valérie Pascale, 196 pages, Tatamis
Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard










D) L’Obsession antilibérale française - Capitalisme: cette France où l’Etat est roi

Et si l’incapacité du pays à se réformer venait de son « obsession antilibérale »? C’est la thèse d’un économiste – libéral, lui – dans un livre où il pointe l’hypertrophie de la puissance publique, de la gauche à la droite, des élus aux élites.
Nicolas Lecaussin, directeur de l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref), d’inspiration libérale, est un auteur prolifique, tout comme l’institut qu’il dirige. Après Cet Etat qui tue la France (Plon, 2005), L’Absolutisme efficace (Plon, 2008), Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! (First Editions, 2009) et A quoi servent les riches (avec Jean-Philippe Delsol, Lattès, 2012), il s’apprête à publier L’Obsession antilibérale française (éd. Libréchange). 


Pour lui, la France s’oppose maladivement au système libéral, à l’inverse de tous les grands pays occidentaux : de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, de François Hollande à Nicolas Sarkozy, tous sont en effet tombés dans le piège du politiquement correct en professant leur haine du libéralisme, quitte à s’accrocher à des recettes qui ont échoué partout ailleurs. 

Dans son livre, dont nous publions ici les bonnes feuilles, Nicolas Lecaussin tente d’expliquer les sources de ce blocage, qui empêche selon lui les hommes politiques français de faire les réformes aptes à sauver notre économie. [Extraits]

Le libéralisme ou la présomption de culpabilité
En France, le mot « social » est la clef de la réussite politique, alors que le mot « libéral » est tabou, car il risquerait de nuire à toute carrière politique. Durant les dernières années de sa présidence, Nicolas Sarkozy a tout fait pour que l’on n’accole pas cette étiquette à son image. « Je ne suis pas le président des riches », répétait-il à longueur de journée, en démontrant qu’il était favorable à une politique « sociale », mais pas « libérale ». Dans la France antilibérale, Sarkozy est resté comme le président libéral… Quelle méprise ! Il était aussi peu attaché à la politique de Margaret Thatcher que ne l’est François Hollande à celle de Tony Blair. 

L’antilibéralisme ne connaît pas les frontières politiques
Les antilibéraux se rassemblent en un pot-pourri complet. Dans le monde politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par la gauche, le centre et la droite, les idées antilibérales sont omniprésentes. Etre « libéral » est devenu le synonyme d’une accusation terrible et inexcusable, tandis que l’adjectif « libéral » est l’insulte suprême. Les économistes sont en France, à quelques exceptions près, des antilibéraux convaincus et ne s’en cachent pas. Et que dire des intellectuels, de gauche et de droite, en général, qui ont toujours fait de l’antilibéralisme leur principal cheval de bataille? 

L’antilibéralisme a bien nourri surtout le Front national, car, avec son rejet de la mondialisation, c’est son principal fonds de commerce aujourd’hui. Il n’existe aucun autre parti, dont le discours soit plus étatiste, plus antilibéral et plus antimondialiste que celui du FN. […] Un autre paradoxe de cette obsession antilibérale française est que celle-ci perdure au moment où, partout ailleurs dans le monde, les idées libérales gagnent du terrain. […] 

Le président de l’Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone, a, lui aussi, identifié les vraies causes de la crise économique en France et en Europe. Dans une interview accordée au quotidien Le Parisien (26 juin), il affirme que le président de la Commission européenne, M. Barroso, représente une « erreur de casting ». Il « n’a rien compris au film (sic!). […] Barroso incarne une Europe qui ne correspond plus au monde actuel. C’est l’Europe du XXesiècle, celle de la libre circulation des marchandises et des capitaux, de la marche forcée vers l’austérité. Barroso, ce n’est pas l’Europe du XXIe siècle, plus protectrice, plus préoccupée par la croissance et l’emploi ». Il est vrai que, depuis qu' »elle est plus protectrice et plus préoccupée par la croissance et l’emploi », l’Europe ne cesse de s’enfoncer dans la crise économique et le chômage de masse… 


Les sources de la « pathologie » antilibérale française
Dans un article publié par le Wall Street Journal, j’avais écrit que le meilleur remède pour soigner les banques françaises se trouvait, au contraire de ces méthodes, dans le fait de se détacher de l’Etat, en évitant la mainmise des énarques sur les conseils d’administration. Mon article déclencha alors l’ire des dirigeants de la BNP (des énarques et d’anciens hauts fonctionnaires), qui saisirent l’AMF (Autorité des marchés financiers). Deux ans après ma publication, pas la moindre nouvelle des enquêteurs très efficaces… de l’AMF, qui ne m’ont même pas interrogé!

Pourtant, deux jours après la parution de mon article, le Wall Street Journal publia un éditorial reflétant la position du journal, qui nous apprenait que les banques françaises sont bien à la recherche de dollars, en s’interrogeant sur les compétences de l’Autorité des marchés financiers, saisie par la BNP pour enquêter sur ce genre d’affaire… 

Qui plus est, bizarrement à cette époque, la rédaction du Wall Street Journal recevait un appel téléphonique provenant d’une « haute personnalité politique française », qui se disait « choquée » par mon article qui nuisait « à la BNP et aux banques françaises en général ». Simple coïncidence? Dans mon article, je dénonçais justement la connivence entre les banques françaises et l’Etat ! 

Mais qui avait pu se permettre d’appeler et d’invectiver la rédaction du Wall Street Journal ? Le Canard enchaîné a donné la réponse à ce mystère quelques semaines plus tard : c’était Xavier Musca, le secrétaire général de l’Elysée… Habitué aux pratiques françaises, il n’avait pas hésité à admonester l’équipe du Wall Street Journal pour ce qui lui apparaissait comme une faute professionnelle. 

C’était comme si le directeur de cabinet de la Maison-Blanche appelait à propos d’un article sur la Bank of America. Aux Etats-Unis, il aurait été obligé de démissionner… En France, où les hommes politiques s’invitent dans les médias, ces méthodes d’apparatchiks sont monnaie courante. 


L’Education nationale et les manuels d’économie contre les libertés économiques et l’entreprise
Un sondage réalisé en novembre 2013 par OpinionWay auprès des enseignants du second degré démontre à quel point ceux-ci méconnaissent ou rejettent l’entreprise. Pour 90 % d’entre eux, le premier synonyme qui leur vient à l’esprit lorsque l’on parle de l’entreprise, c’est le mot « stress »! Pour 62 % d’entre eux, c’est le mot « exploitation » ! Les manuels d’économie aussi reflètent cette obsession antilibérale. Parmi les sujets proposés aux épreuves du baccalauréat 2013 figurait la question : « Que devons-nous à l’Etat ? » et « Le conflit social est un facteur de cohésion sociale » (sic). […] Il est remarquable d’observer que, dans les manuels d’économie des classes de première et de terminale, on ne voit aucun portrait d’entrepreneur français ! 

Intellectuels, hauts fonctionnaires, politiques: l’antilibéralisme jusqu’à la moelle
Mais qui sont ceux qui condamnent la France à cette tragédie économique? Un mot suffit pour y répondre : dans l’Assemblée nationale de 2012, presque 2 députés PS sur 3 sont fonctionnaires… tandis que, parallèlement, ils ne sont que cinq chefs d’entreprises! […] C’est un mauvais signe pour l’avenir politique, économique et fiscal de notre pays, même si les décisions importantes ne sont pas prises au Palais-Bourbon. Il n’en reste pas moins vrai que les députés sont les élus du peuple et, dans une démocratie normale, ils devraient jouer un rôle important, surtout dans le contrôle des finances de l’Etat. 


Ainsi donc, les députés de la nouvelle Assemblée sont en grande majorité des fonctionnaires ou dépendent directement, ou indirectement, de l’Etat. Il est donc difficile de leur demander d’instaurer plus de réformes et d’appuyer la baisse des dépenses publiques. Malheureusement, on retrouve la même situation pour ce qui est des ministres, où un seul est issu du secteur privé. Leurs conseillers, tous membres des cabinets ministériels, ne sont pas issus non plus de l’entreprise privée. 

En Grande-Bretagne, sur 621 élus (« Members of the Parliament »), 25,1% sont des chefs d’entreprise et 13,5% sont des cadres du privé. Seulement 9% proviennent du secteur public (fonctionnaires, enseignants, employés, etc.). Il faut préciser une chose importante : le candidat à la Chambre des communes qui travaille dans le secteur public est obligé de démissionner de son administration au moment de déclarer sa candidature, avant même les élections ! Au total, pas moins de 218 professions différentes sont représentées à la Chambre des communes, contre seulement 39 professions différentes à l’Assemblée nationale. 

En Suède, 33% des élus de l’Assemblée (349 membres) peuvent être considérés comme des fonctionnaires et 12% comme des chefs d’entreprise. Toutefois, environ 80% des fonctionnaires suédois sont des contractuels (ils sont embauchés comme dans une entreprise avec des contrats de droit privé). On peut donc difficilement les comparer aux fonctionnaires français… 

Aux Etats-Unis, la profession la plus répandue chez les membres de la Chambre des représentants est celle d’entrepreneur. Sur 435membres, environ 184 (43%) sont chefs d’entreprise. Au Sénat, 28 sénateurs sur 100 proviennent du monde entrepreneurial. Notons aussi que, chez les sénateurs, la profession la plus répandue est celle d’avocat. […] 

La profession la mieux représentée au Parlement du Canada (doté de 308 députés et de 105 sénateurs) est celle… « d’homme (ou de femme) d’affaires ». Ils (elles) sont 59 (soit 20%) à la Chambre des communes, suivis par les avocats, au nombre de 47, les experts conseils, au nombre de 37, les enseignants, au nombre de 31, etc. Au Sénat, les hommes ou les femmes d’affaires sont au nombre de 22 (soit 21% du total), suivis par 19 avocats, 13 enseignants, etc.Au vu de ces comparaisons chiffrées, il n’est pas étonnant de constater que l’appareil législatif de la France est naturellement porté à prendre des mesures étatistes. Il faudrait instaurer chez les élus français une obligation de temps de présence dans l’entreprise privée ; l’économie française s’en porterait mieux ! 

En 2013, 150000 personnes environ travaillaient pour le ministère de l’Economie et des Finances en France (pour une population d’environ 65 millions de personnes), 148000 employés seulement travaillaient pour le Trésor américain et le département du Commerce (pour une population d’environ 315 millions de personnes). Le nombre de fonctionnaires à occuper des fonctions similaires est donc très proche, mais pour une population en France presque cinq fois plus réduite ! 

Même si la comparaison est rendue difficile pour cause de systèmes politiques différents (pays fédéral aux Etats-Unis contre système centralisé en France), on retiendra que le nombre de fonctionnaires est le même du côté américain pour gérer un budget (de dépenses) de 2,449 trillions de dollars, alors que celles-ci se montent en France à 1,353 trillion de dollars ! 

Alors qu’aux Etats-Unis 61,3% des membres de l’élite administrative en charge de l’économie et des finances ont déjà travaillé dans le secteur privé, ils ne sont que 24,6% à Bercy! Ce sont les conclusions d’une étude que l’Iref a publiée en décembre2013. Ce qui montre qu’au sein même de l’administration fiscale, là où l’on décide des impôts des ménages et des entreprises, ceux qui connaissent le fonctionnement de l’entreprise sont extrêmement minoritaires. Comment peuvent-ils savoir ce qui est bon, ou non, du point de vue réglementaire ou fiscal, pour les entreprises !?

Par Christine Kerdellant (source)



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