Pages thématiques

juin 30, 2015

Et pendant ce temps là la dette affole les compteurs !! UBÉRISATION ?

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) La dette publique de la France a augmenté de 51,6 milliards d'euros au premier trimestre 2015 - AFP

B) Manipulation - Par Sophie de Menthon - valeursactuelles.com

C) Uber et le gouvernement: les bons, les brutes et les truands - Par

D) Agnès Verdier-Molinié : "La France va devoir engager des réformes" -

E) Régionales: Reynié redoute un "krach budgétaire territorial" - AFP


G) Sans le dire, le gouvernement a aussi réformé les aides au logement - Par

H) 3200 milliards d'euros : la dette française cachée dont on ne parle pas - Par

I) Hammadi avoue que le PS a négocié des mosquées contre des voix - par lesoufflet - http://24heuresactu.com





A) La dette publique de la France a augmenté de 51,6 milliards d'euros au premier trimestre 2015

La dette publique de la France se montait à la fin du premier trimestre à 2.089,4 milliards d'euros...

Elle n'en finit plus de grimper. La dette publique de la France se montait à la fin du premier trimestre à 2.089,4 milliards d'euros soit l'équivalent de 97,5% du Produit intérieur brut (PIB), a annoncé mardi l'Insee. Par rapport à la fin du quatrième trimestre 2014, la dette a augmenté de 51,6 milliards d'euros, ou 1,9 point de PIB, a précisé l'Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.

Une moyenne de 91,9% du PIB dans la zone euro

Le gouvernement a promis que la dette publique se stabiliserait en 2016 et 2017 en proportion du PIB, avant de refluer plus nettement en 2018, sans atteindre le seuil politiquement très sensible de 100%.

A titre de comparaison, la dette publique brute dans les 19 pays de la zone euro atteignait fin 2014 une moyenne de 91,9% du PIB, selon l'institut européen Eurostat. Certains pays comme l'Italie, le Portugal et bien sûr la Grèce affichent des taux très supérieurs à la France, au contraire de l'Allemagne qui est elle passée l'an dernier sous la barre des 75%.



B) Manipulation 

On nous abreuve de “petites phrases” sorties du contexte pour créer des indignations médiatiques préfabriquées, et ça marche !
 
Il faut bien comprendre que l’information au sens strict n’existe plus. Même la grand-messe du 20 heures n’a plus grand-chose à nous apprendre car nous avons toute la journée été inondés de “push” sur nos portables, de scoops, de programmes interrompus par des nouvelles de “dernière minute”, sans compter le suspense entretenu des chaînes d’info en continu, prêtes à tout. L’information est en concurrence avec Game of Thrones ou Plus belle la vie. L’important a totalement disparu au profit du spectaculaire. Le breaking news doit être croustillant, scandaleux et exclusif. Quand ce n’est pas le cas, on manipule le traitement de l’info. La “petite phrase” est devenue un produit, on la guette, on la provoque et enfin on la découpe sur mesure sans scrupule.

Dernier exemple, la “bourde” de Sarkozy, du moins vendue comme telle dans les médias. Ce dernier, lors d’un meeting, a comparé la mauvaise gestion de l’afflux des migrants à celle d’une fuite d’eau, le plombier répartissant l’inondation par pièce dans la maison. Seulement, il a enchaîné en disant que c’était « scandaleux parce que c’était d’êtres humains qu’il s’agissait ». Il suffisait de tronquer le texte et surtout de faire disparaître la fin de la phrase pour buzzer sur la comparaison entre les migrants et une fuite d’eau ! Ce qui fut fait sans vergogne.

Autre procédé classique : sur une interview de vingt minutes, on garde dix mots pour illustrer ce que le journaliste souhaite dire.

Qu’importe la vérité pourvu qu’on ait l’ivresse. Vous avez dit éthique ?

valeursactuelles.com




C) Uber et le gouvernement: les bons, les brutes et les truands

L'essayiste Robin Rivaton réagit à l'affaire Uber pop et à la garde à vue des deux dirigeants de l'entreprise. Il y voit la soumission du gouvernement aux taxis et aux casseurs.

Une révolution technologique bouleverse le marché du transport individuel de personnes à titre onéreux avec la diffusion des services de géolocalisation et des algorithmes de traitement en temps réel des données. Le plus emblématique des nouveaux entrants est Uber, lancé en juin 2010 et aujourd'hui valorisé 40 milliards de dollars.

L'idée d'Uber serait d'ailleurs née à Paris du fait de la pénurie de taxis. Autorisés à circuler avec une licence, cinq fois moins nombreux par rapport au nombre par habitant qu'à New York ou à Londres, les taxis parisiens sont en effet un fringant monopole quasi centenaire qui a épinglé une dizaine de gouvernements à son tableau de chasse. Alors qu'en province la quasi-totalité des chauffeurs sont des artisans-indépendants, à Paris le marché un chauffeur sur quatre est locataire de sa licence et génère une faible marge. Convaincus d'avoir acheté un bien de valeur et de n'avoir rien à changer sur la qualité de leurs prestations, la concurrence n'a jamais plu aux brutes qui y répondent par des jets de pierre et des véhicules saccagés. 

Parmi les victimes de la brute, il y a les VTC, voitures de transport avec chauffeur qui prospèrent grâce à une qualité de service bien supérieure aux taxis. Ce sont les bons. Ils s'adaptent sans sourciller à un législateur qui a déjà tenté deux tentatives d'homicide contre eux. Un décret pris le 28 décembre 2013 imposait aux VTC un délai totalement arbitraire de quinze minutes entre le moment où le client commande le véhicule et le moment où celui-ci est pris en charge. Le conseil d'État l'a suspendu au nom d'une atteinte illégale au principe du droit de la liberté du commerce et de l'industrie. En septembre 2014, la loi Thévenoud est venue restreindre fortement l'activité des VTC en augmentant les barrières à l'entrée, formation de trois mois obligatoires, fin de la géolocalisation et tarifs fixés à l'avance. Las, la qualité l'emporte toujours et les VTC, qui ont les mêmes contraintes fiscales et sociales que les taxis, continuent de prospérer.

Enfin il y a ceux qui sont devenus les truands par la main d'un préfet zélé, les services de mise en relation entre particuliers. Il s'agit de particuliers qui conduisent avec leur véhicule personnel de manière complémentaire à une activité principale. Les tarifs sont plus faibles et il n'y a pas de respect des règles fiscales et sociales. Ce service ouvre un nouveau segment de marché à la qualité de service réduite pour des utilisateurs sensibles au prix. Il n'est pas une concurrence directe pour les taxis. Le leader du marché UberPop revendique 400.000 utilisateurs, le challenger Heetch, 200.000. Jeudi 25 juin, sur demande du ministre, le zélé préfet de Paris invoquant des troubles à l'ordre public (sic) a publié un arrêté interdisant toutes les plateformes sur Paris et l'agglomération parisienne. Outre l'absolue inapplicabilité matérielle de l'arrêté - comment désinstaller ces applications de centaines de milliers de smartphones, cela souligne l'ineffectivité de la loi Thévenoud qui rend sur le papier ces chauffeurs sanctionnables depuis le 1er janvier 2015. 

Après le désastreux épisode de jeudi où on a vu des scènes d'émeutes, des destructions, des blocages et des agressions, tout le monde se demande que fait le shérif. Ce dernier, loin d'avoir évité le conflit, ne cesse de l'attiser. En autorisant la vente et la location de licences de taxis données gratuitement, il a fait d'un bien public une rente pour quelques privilégiés. En refusant de préparer le terrain à une augmentation de la concurrence, il a créé une bulle au détriment de l'attractivité de la métropole. En interdisant les services de conduite par un particulier au lieu de leur faire déclarer leurs revenus, il détruit de l'activité économique et de l'emploi. En assurant l'impunité des casseurs, il entretient la contestation violente et la montée aux extrêmes. En fuyant ses responsabilités, il sape son autorité. Le monde se divise bien en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Le premier shérif de France, tutelle officieuse des taxis, lui, il creuse.

Par est économiste, essayiste, membre du conseil scientifique de la Fondapol, et auteur de «La France est prête» (Les Belles Lettres, 2 octobre 2014).


Lire les liens de Contrepoints sur l'Ubérisation



 D) Agnès Verdier-Molinié : "La France va devoir engager des réformes"

Invitée du forum économique européen à Nancy, la directrice de l'Ifrap - think tank indépendant analysant les politiques publiques -, Agnès Verdier-Molinié partage son analyse sur les statistiques significatives de la société française.

"On a dépassé tous nos voisins"

Dans cette interview, l'historienne revient sur les 57 % de dépenses publiques par rapport au PIB, "on a dépassé tous nos voisins, même le Danemark", précise Agnès Verdier-Molinié. Elle revient également sur les chiffres "absolument considérables" du chômage. Elle aborde aussi le nombre d'élus dans notre pays : "La France compte 618 383 élus, soit un élu pour 104 habitants, alors que les Britanniques ont un élu pour 2 600 habitants", explique la directrice de l'Ifrap. Elle décrit ce phénomène comme un cercle vicieux : "Plus on a d'élus, plus on a de dépenses et plus on a de fiscalité qui pèse sur nos entreprises et nos ménages."


Mauvais bilan aussi pour le moral des Français qui sont "blasés et tentés de voter aux extrêmes pour réveiller la politique", explique l'auteur de On va dans le mur : "Les Français veulent qu'on leur donne les clés pédagogiques pour comprendre les réformes." Une note positive pour la fin puisque la directrice de l'Ifrap explique : "On va vers moins de chômage et des services publics modernes, vers des créations d'écoles, etc." Mais, tout de même, "la France va devoir engager des réformes pour les Français".




E) Régionales: Reynié redoute un "krach budgétaire territorial"

 Le politologue Dominique Reynié (Les Républicains), qui dirigera la liste de la droite et du centre dans la nouvelle grande région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon aux élections de décembre, a dit samedi redouter "un krach budgétaire territorial" en France.

"Je parle avec beaucoup de gravité de ma crainte de voir un krach budgétaire territorial", a dit M. Reynié, lors d'un point-presse à la terrasse d'un café toulousain.

Il a notamment évoqué "une vingtaine de communes menacées de défaut de paiement" dans la grande région où il est candidat et "des départements fragilisés par un niveau de dépenses contraintes qui excèdent de beaucoup leurs recettes".

M. Reynié, qui s'est dit sûr de remporter les élections régionales dans six mois, a assuré qu'aussitôt après la victoire, il se rapprocherait de tous les nouveaux présidents de Régions "pour mener une action commune auprès de l'Etat", afin de renégocier les moyens alloués aux collectivités.

Il dirait alors aux représentants de l'Etat:
 "C'est une facilité coupable que de transférer des compétences obligatoires sur les collectivités locales parce que vous n'avez plus un +rond+ pour financer vos obligations régaliennes et (...) de réduire dans le même temps leurs moyens".

M. Reynié a été choisi en avril par les Républicains pour être leur tête de liste régionale.

Mais le politologue de 55 ans - qui n'a jamais exercé aucun mandat - a vu sa "légitimité" de candidat contestée au sein de son propre camp. Et son choix de nommer des "référents" pour la campagne dans chaque département a été vivement critiquée par certains élus.

"Il y a eu des tensions, elles sont naturelles, je suis un corps étranger en quelque sorte", a-t-il dit, lui qui n'avait jamais été candidat.

Le 16 juin, la commission nationale d'investiture (CNI) du parti Les Républicains a désigné 13 chefs de file dans chacun des 13 départements de la future région.

Mais M. Reynié a jugé que cette situation - "13 hommes" (dont un homme en binôme avec une femme) "pour représenter les Républicains dans 13 départements" - n'était "pas tenable".

Il a appelé à faire de la place aux femmes et à "se rapprocher de la parité". Il a également souligné que s'il y avait un accord avec l'UDI, ce parti demanderait "légitimement d'avoir une, deux ou trois têtes de liste".

La gauche dirige actuellement les deux régions qui doivent fusionner.



F) France-La dette publique à de nouveaux sommets - (Avec déclaration du ministère, réaction d'économiste)

La dette publique de la France a bondi de 51,6 milliards d'euros au premier trimestre pour monter à 97,5% du PIB, soit 1,9 point de plus que fin 2014, une hausse qui met à mal les objectifs de la trajectoire des finances publiques adoptée au printemps. Selon les données publiées mardi par l'Insee, la dette de la France s'élevait fin mars à 2.089,4 milliards d'euros et sa hausse du premier trimestre est la plus forte depuis les trois premiers mois de 2012. 
Rapportée au produit intérieur brut, elle se situe nettement au-dessus de l'objectif de 96,3% fixé pour cette année dans la dernière trajectoire des finances publiques publiée en avril.
 ID:nL5N0X5303 Celle-ci prévoyait que la dette publique atteindrait 96,3% du PIB fin 2015, après 95% en 2014, et culminerait à 97,0% en 2016 avant de revenir à 96,9% en 2017. Ce scénario a déjà été fragilisé par la nette révision à la hausse, à 95,6%, du solde de 2014, intervenue en mai. Mais pour le ministère des Finances, la forte augmentation de la dette au premier trimestre n'augure pas d'un dérapage en fin d'année. "Une telle hausse est fréquente en début d'année, d'autant que le volume d'émissions d'OAT (obligations de l'Etat français) est plus concentré sur les deux premiers trimestres", déclare-t-on au ministère. "Aussi, ce chiffre apporte peu d'information sur le niveau de la dette en fin d'année." Accentuant ce phénomène saisonnier, la faiblesse des taux d'intérêt a incité l'Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de l'Etat français, a accélérer son programme d'émissions depuis le début de l'année. Sur le premier trimestre, les émissions d'OAT à moyen/long terme ont atteint 57,5 milliards d'euros, près de cinq milliards de plus que sur la même période de 2014, un total à comparer à des amortissements limités à 15,4 milliards sur la période. "L'AFT a beaucoup émis en début d'année, c'est une bonne idée" au vu des taux particulièrement bas, souligne Dominique Barbet, économiste de BNP Paribas CIB. Il juge lui aussi que les chiffres de la dette du premier trimestre ne sont pas significatifs de la tendance de l'année au vu de la faiblesse des amortissements d'OAT, plus conséquents sur les autres trimestres. La seule dette de l'Etat a augmenté de 37,1 milliards d'euros au premier trimestre pour s'élever à 1.647,3 milliards. Outre la dette de l'Etat, la dette publique au sens de Maastricht inclut celles des administrations de sécurité sociale (232,6 milliards fin mars, soit +15,8 milliards), des administrations publiques locales (187,4 milliards, en retrait de 0,8 milliard) et des organismes divers d'administration centrale (22,1 milliards, soit -0,5 milliard). Détail de la statistique: 
Les indicateurs français en temps réel ECONFR 
Les indicateurs de la zone euro en temps réel ECONEZ 
Le point sur la conjoncture française ECO/FR

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)






G) Sans le dire, le gouvernement a aussi réformé les aides au logement

Un décret très discret, publié le 29 décembre 2014, modifie la formule de calcul des APL. Il devrait permettre à l'État d'économiser 87 millions d'euros en 2015. Et faire, au passage, des perdants...
C'est un petit décret, publié entre Noël 2014 et le Nouvel An, mais qui rapportera gros. Le gouvernement a modifié à la fin de l'année dernière, en toute discrétion, la formule de calcul - extrêmement complexe - des aides au logement, afin de dégager pas moins d'un demi-milliard d'économies cumulées en 2017. Sans passer par le Parlement… alors que les députés de la majorité étaient, fin 2014, sous la pression des frondeurs et ...

Lire la suite dans le Figaro



H) 3200 milliards d'euros : la dette française cachée dont on ne parle pas

Si la dette publique française fait l'objet de nombreuses polémiques, peu évoquent la dette hors bilan de l'état. L'économiste Jean-Yves Archer dénonce notamment les 50 milliards d'euros du poste Logement.

Le citoyen en qualité d'électeur tout autant que de contribuable sait largement qu'il existe une dette, générée par les gouvernements de gauche et de droite, qui dépasse les 2035 milliards et frôle par conséquent les 100% de notre PIB.

Mais, il y a une dette immergée qui s'invite à bien des évènements de la vie de la sphère publique. Lorsque l'État apporte une garantie aux prêts bancaires de l'UNEDIC (dont la dette atteint 20 mds), cela ne se retrouve pas dans son bilan. Quand l'État soutient à bout de bras la situation de la banque DEXIA, cela n'est pas inscrit au bilan mais dans les cautions accordées. Lorsque l'État employeur prévoit la future retraite de ses agents, le montant des provisions pour pensions est inscrit ailleurs qu'au budget annuel approuvé par le Parlement.
Autrement dit, ces trois exemples illustrent l'importance de ce que l'on nomme «les engagements hors-bilan» de la France dont le montant total est égal à près de 3.200 milliards d'euros.

Dans cette question de dette publique, je dois observer que l'on abreuve les médias d'informations sur les quelques 2.000 milliards de dette au sens de Maastricht mais que la dette immergée n'est que très rarement évoquée sauf par le désormais sénateur honoraire Philippe Marini et par son collègue socialiste Gaëtan Gorce ou le député Charles de Courson. Si l'on aime la rectitude, il faut poser que notre dette totale est de 5.200 milliards.

La dette immergée est comme le diabète ou le glaucome une maladie silencieuse et indolore jusqu'au jour où il est trop tard.

Dossier complet CdC rapport public 2015 et ses critiques


En pages 71 et 72 du récent rapport de la Cour des comptes sur la certification des comptes de l'État pour l'exercice 2014, il est reproduit «le tableau de synthèse des principaux engagements hors-bilan» à l'exception des montants unitairement inférieurs à un milliard d'euros. L'annexe chiffrée fournie n'est donc pas exhaustive. À regret car «si c'est flou, c'est qu'il y a un loup» pour reprendre le mot désormais fameux de Madame Martine Aubry.

À titre informatif, au sein des 3200 mds, les engagements liés au légitime paiement futur des pensions des fonctionnaires civils et militaires représentent 1561 mds auxquels il convient d'ajouter les retraites des fonctionnaires de la Poste, soit 128 mds.

La moitié de la dette immergée vient donc des futures pensions et présente un caractère incontournable. 

Le poste intitulé «Subventions aux régimes de retraites et subventions d'équilibre aux régimes spéciaux» qui se situe à hauteur de 274 milliards dont 137 pour la seule SNCF pourrait être analysé différemment. Tous ces chiffres offrent la caractéristique d'être assez stables dans le temps à l'exception très notable des «Aides au logement et contribution de l'État au financement du FNAL» qui passent de 106 mds en 2012, à 109 en 2013 puis 164 en 2014.

L'ancien Secrétaire d'État américain Henry Kissinger avait émis une boutade acide: «L'Europe? Quel est son numéro de téléphone?». On serait tenté, face à 50 milliards de glissement de dette hors-bilan lui aussi acide, de demander le numéro de portable de l'omniprésente Madame Cécile Duflot dont le «track-record» est empli de records dont les professionnels du logement se souviendront des années durant. Chacun observera le silence qui entoure ce dérapage de 50 milliards pour le poste du logement!

La dette hors-bilan comporte donc des variations qui interpellent l'entendement mais aussi de légitimes motifs: ainsi, on relève 412 mds d'engagements liés à la «garantie de protection des épargnants» ( livrets d'épargne réglementés ) au sein de la sous-rubrique «Garanties liées à des missions d'intérêt général».

Dans une «communication» (et non un rapport ce qui n'est pas neutre) de 215 pages de fin avril 2013 adressée à la Commission des finances du Sénat, la Cour des comptes a décrit «Le recensement et la comptabilisation des engagements hors-bilan de l'État». Convenons que ce travail très conséquent et méthodique n'a guère atteint les oreilles du public. Tout d'abord, un certain flou l'entoure car le TIGRE («Tableau d'inventaire des garanties recensées par l'État» page 78) est toujours en cours d'élaboration par la Direction générale du Trésor.

En République, être pudique sur des chiffres du secteur public n'est jamais gage d'éthique. Le gouvernant mise sur la crédulité ou sur l'hypoalgésie tandis que le mal perdure et enfle. Un simple chiffre: avec 3.200 milliards d'euros, le hors-bilan représente 158% du PIB. Quant à sa dynamique, elle est nette: en dix ans, ce hors-bilan a été multiplié par 3,5. 

D'autant que la crise a évidemment un impact: ainsi, les différents mécanismes de sauvetage de la zone euro (MES) pèsent pour près de 130 mds au sein du passif hors-bilan.

Dans ce panorama qui invite au sérieux et à la componction, il faut noter que l'État ne perçoit plus qu'un milliard en 2012 (contre 4 en 2006) au titre des garanties qu'il consent. «Plus la protection de l'État a été recherchée, moins elle a été rétribuée par les entités qui en bénéficiaient». ( rapport de 2013 sous l'élaboration du président de la première Chambre: M. Raoul Briet)

«L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde» a écrit le libéral Frédéric Bastiat (Sophismes économiques). 

Plus d'un siècle et demi après, cette phrase s'applique à cette partie immergée de l'iceberg qu'est la dette hors-bilan. Ainsi, le tableau de la page 41 nous apprend que le «démantèlement des matériels militaires, destruction de munitions, dépollution de sites militaires, engagements de nature fiscale» ne sont pas encore exhaustivement quantifiés et ont précisément fait l'objet, en 2015, d'une réserve de la Cour sur les comptes 2014 de l'État.

De surcroît, les engagements au titre du commerce extérieur (Assurance-crédit COFACE) appellent à la vigilance (85 mds), il est crucial de relever que la dette garantie directement par l'État atteint 194 mds.

Si toute cette dette implicite ou immergée conserve sa dynamique, elle pourrait représenter près de 166% du PIB lors de l'année électorale de 2017. «Nous sommes dans une ruelle étroite et des deux toits opposés, il pleut également sur nous.» Jean Jaurès. (Oeuvres Tome 8: Défense républicaine et participation ministérielle). Oui, les deux dettes implicite et explicite sont deux toits dont le financement supposerait l'équivalent arithmétique de 19 années de pression fiscale sous condition impérative d'absence d'ajout de déficit annuel additionnel. 

Tels sont les faits saillants de cette dette qui rend muettes la plupart des voix politiques, à l'exception -jadis- de celle de Raymond Barre. 

Par est économiste. Il dirige le Cabinet Archer et anime le think tank de recherche économique Archer 58 Research. Il est diplômé de l'E.N.A, promotion de 1985, et est titulaire d'un doctorat en Economie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. En savoir plus sur son site.






I) Hammadi avoue que le PS a négocié des mosquées contre des voix

Invité à s’exprimer aux micros d’Olivier Galzi, sur I-Télé, le député de Seine-Saint-Denis et ancien président du Mouvement des jeunes socialistes a donc dénoncé les « lâchetés » des élus locaux face à la montée du communautarisme, avant d’avouer que « certains (élus locaux) ont négocié les mosquées contre des voix »

Il n’est un secret pour personne, puisque de nombreux sondages l’avaient déjà démontré, que François Hollande est arrivé au pouvoir grâce aux votes des Musulmans. Cette fois c’est un député socialiste en personne qui a décrit ces petits arrangements entre le PS français et la communauté musulmane : les élus locaux offrent des mosquées aux musulmans qui en échange votent pour eux. Le laxisme et la défense permanente des responsables de gauche face aux agressions et viols causés par les membres de cette communauté font certainement partie du package.

Comme les Français non Musulmans commencent à comprendre ce manège et ne veulent plus entendre parler du PS, nos bons socialos essayent d’ouvrir au maximum les frontières et font tout pour que les Musulmans soient rapidement majoritaires en France. Tout s’explique…

La république islamique, c’est bientôt !




juin 28, 2015

Connaissez-vous le néo-socialisme appelé par les uns: ÉCOSOCIALISME ("Faire sauter le verrou des traités libéraux") ÉCOFASCISME PAR LES AUTRES ??

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) L’écosocialisme, le socialisme du 21ème siècle - Par Martine Billard - http://ecosocialisme.com

B) Premier manifeste : 18 thèses pour l’écosocialisme - par Clément Sénéchal - ecosocialisme.com

C) Entretien de Corinne Morel Darleux sur l’écosocialisme avec l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte - par

D) Écofascisme de Wikiberal

E)  Rio+20 : L’écologie à laquelle nous avons échappé - Par Pierre Clermont - Contrepoints


A) L’écosocialisme, le socialisme du 21ème siècle

L’écosocialisme, est-ce verdir le socialisme ou repeindre en vert le capitalisme ? (Tribune parue dans le journal l’Humanité en réponse à une tribune de Yannick Jadot donnant son point de vue sur le sujet).

Faire reculer l’emprise du capitalisme


Le texte de Yannick Jadot, dans le débat sur l’écosocialisme ouvert par l’Humanité témoigne de la volonté d’engager, bien au-delà d’EELV, un débat de fond entre les forces qui se réclament de l’écologie, dont le Parti de gauche, sur les moyens et les médiations politiques susceptibles d’engager une transition écologique rendue plus que jamais incontournable. Le député européen exprime, comme une grande partie de la gauche, son scepticisme sur le « marché libre et non faussé au mépris des citoyens ». On ne peut s’empêcher d’y voir une critique en creux de la politique européenne actuelle largement soutenue par le gouvernement français. Mais, en même temps, cette tribune, bien que dressant un constat avec lequel nous avons beaucoup de points en commun, demeure floue.

Ainsi, se contenter de refuser de « verdir le socialisme ou de repeindre en vert le capitalisme » nous semble vraiment trop court. Plus explicitement, Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, expliquait que son projet n’était pas écosocialiste mais « éco-écologiste » (interview dans Politis) renvoyant, à l’instar de l’idéologie libérale, le socialisme au musée des archaïsmes. Il y a là un désaccord de fond. Si l’écologie analyse avec pertinence les rapports entre l’homme et son environnement, elle ne dit rien en revanche des rapports entre les êtres humains. Les rapports sociaux, et encore plus la question de la propriété des moyens de production, ont toujours été un des points aveugles de la doctrine verte. D’où l’incompréhension de l’importance du dépassement du capitalisme. Il ne s’agit pas d’ajouter une touche de modernisme à un ensemble vermoulu mais de procéder à une nouvelle synthèse, l’écosocialisme, pour faire face aux exigences du XXIe siècle. Nous n’avons jamais proposé d’attendre la sortie du capitalisme pour engager la transition écologique. Mais pour répondre réellement au défi écologique, il faut faire reculer la logique marchande et donc l’emprise du capitalisme sur la société.

L’autre divergence porte sur le cadre spatial et les moyens de changement de modèle. Yannick Jadot exprime sans fard son aversion tant pour l’État central qualifié d’« autorité jalouse » qu’en direction de la nation assimilée aux « chimères d’une nouvelle ligne Maginot ». Si la lutte contre le réchauffement climatique doit être mondiale, car les gaz à effet de serre ne respectent pas les frontières, les pays riches ont toutefois une responsabilité particulière liée à leur mode de vie et aux gaspillages du passé. De la même manière qu’il ne s’agit pas d’attendre la société socialiste pour se préoccuper d’écologie, on ne peut pas non plus espérer que tous les pays se mettent d’accord pour engager le chemin vers la transition écologique. Si nous appelons à un nouvel internationalisme, c’est-à-dire une coopération entre les peuples à mille lieues de la lutte de tous contre tous que supposent la « compétitivité » et le libre-échange, l’État nation reste, pour de nombreuses années encore, le meilleur outil pour organiser la régulation et les politiques écologiques. Sinon, nous nous condamnons à l’impuissance. Ce n’est pas un hasard si l’État constitue la cible principale des politiques libérales du FMI et de l’Union européenne. Au surplus, il est impératif de penser l’avenir en termes de relocalisation industrielle, d’autosuffisance alimentaire et de circuits courts, ce qui exclut la fuite en avant dans la mondialisation au profit des multinationales.

L’État n’est pas diabolique par essence mais exprime les rapports de forces entre les classes à un moment donné, il n’a pas d’autonomie en soi.
Il n’est pas voué à construire des centrales nucléaires et à promouvoir l’agriculture intensive. La planification écologique, c’est l’État au service de la transition. Yannick Jadot mélange donc dans sa critique orientations politiques de la social-démocratie, qui n’a toujours pas compris la nature des enjeux écologiques, et projet de société nécessaire au dépassement du capitalisme. La conversion écologique ne peut effectivement se réduire à verdir des politiques sociales-démocrates qui ne sont que des politiques productivistes. Cela n’a rien à voir avec l’écosocialisme.

Martine Billard



B) Premier manifeste : 18 thèses pour l’écosocialisme

L’écosocialisme est le mélange détonant entre un socialisme débarrassé de la logique productiviste et une écologie farouchement anticapitaliste. Loin d’un modèle abstrait, il propose une alternative concrète pour affronter la crise écologique qui menace l’humanité. En défendant l’intérêt général humain, il renouvelle la pensée républicaine en proposant aux peuples souverains de remettre le système productif et l’économie au service du progrès humain et des besoins réels.
 
Ce premier manifeste en 18 thèses est à la fois le premier résultat et le début d’une démarche ouverte lancée par les Assises pour l’écosocialisme initiées par le Parti de Gauche le 1er décembre 2012 à Paris, avec de nombreuses personnalités, associations, syndicats et revues. Construire le projet écosocialiste est un investissement politique essentiel pour l’avenir de l’autre gauche, en France et à l’étranger.

QU’EST-CE QUE L’ECOSOCIALISME ?

1) Une alternative concrète et radicale. L’écosocialisme n’est pas une utopie à laquelle le réel devrait se conformer. C’est la réponse humaine raisonnée à la double impasse dans laquelle est enfermée dorénavant l’humanité en raison des modes de production et de consommation de notre temps qui épuisent l’être humain et l’environnement. Elle appelle une pensée et une action politique radicale, au sens où elle doit aller à la racine des causes. Nous combattons donc les deux moteurs du système actuel : le capitalisme et le productivisme. Le capitalisme impose la marchandisation pour faire de toute chose une nouvelle source de dividendes. Il est ainsi responsable du creusement des inégalités sociales et de la mondialisation à l’œuvre, libérale et liberticide, où règne le dumping social et environnemental avec la délocalisation des pollutions et des altérations de l’écosystème. Le productivisme épuise les ressources naturelles et perturbe le climat. L’idéologie consumériste est son corollaire. Elle élève l’accumulation matérielle au rang de loi, à grands coups de publicité pour générer des besoins jamais rassasiés. Nous désignons les vrais coupables de ce système : l’oligarchie financière mondialisée, les gouvernements soumis aux lobbies des multinationales sans contrôle démocratique, les idéologues de la concurrence « libre et non faussée », du capitalisme vert et du libre échange. Face à eux, l’écosocialisme est une alternative pour sortir de la crise et imposer l’intérêt général humain : partager les richesses sans attendre, fonder une nouvelle économie des besoins et de la sobriété, préserver le climat, l’écosystème et sa biodiversité.

2) Un paradigme de l’intérêt général. Dans la réalité, avant toute idée humaine sur le sujet, l’être humain est partie intégrante de l’écosystème dans lequel il vit. Ils ne peuvent être dissociés. Il n’y a qu’un seul écosystème global compatible avec la vie humaine. Dès lors, nous sommes tous semblables dans notre dépendance à l’écosystème. Cette vérité s’impose à tous, en dépit de nos différences de tous ordres.  Il y a donc un intérêt général humain qui est lié à celui des autres espèces vivantes : préserver l’écosystème qui rend la vie humaine possible. Comment l’identifier sinon par la libre délibération collective ? Comment celle-ci pourrait-elle être libre si les uns dominent les autres, si des vérités révélées s’imposent en préalable ? Le paradigme écologiste appelle donc la démocratie, l’égalité sociale, la laïcité et le féminisme. Ce sont des conditions indispensables pour que le débat citoyen puisse avoir lieu sans intrusion de force oligarchique, dogmatique ou patriarcale. Enfin, dans la délibération pour déterminer l’intérêt général humain, chacun d’entre nous est appelé à dire non pas ce qui est bon pour lui mais ce qui est bon pour tous. Cela institue l’universalité des droits humains, la citoyenneté comme devoir et la République comme nécessité. Tel est le lien raisonné qui unit l’écologie politique et la République sociale universelle. C’est cette théorie politique globale que nous nommons écosocialisme. Il s’agit d’un humanisme et d’un universalisme socialiste et concret.

3) Une nouvelle synthèse politique à gauche. L’écosocialisme est un nouveau projet politique réalisant la synthèse d’une écologie nécessairement anticapitaliste et d’un socialisme débarrassé des logiques du productivisme. Il permet ainsi la jonction des grands courants de la gauche dans un nouveau paradigme politique. Nous avons besoin de ce projet de société alternatif au capitalisme. Il trace une ligne d’horizon dans la lutte pour une société d’émancipation et de progrès où le saccage de l’environnement et l’exploitation de l’homme par l’homme auront disparu. Notre projet écosocialiste prend en compte les besoins humains et les limites de la planète. Il repense l’utilité sociale de la production, nos manières de consommer, nos besoins réels, la finalité de nos produits et la manière de les produire.

4) Le renouveau du socialisme. Le socialisme a toujours visé l’émancipation de la personne humaine. Elle passe par le partage de la richesse, la démocratisation du pouvoir et l’éducation globale de  chaque femme et chaque homme. Ce programme est toujours le nôtre. Mais nous savons dorénavant que l’émancipation ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème qui rend la vie humaine possible ne le permet pas. Ce constat oblige à définir un nouveau modèle de progrès en rupture avec le système capitaliste. Doivent être repensés non seulement le système de production et d’échange, mais aussi le contenu des productions et les modes de consommation. Cette approche implique par conséquent l’ensemble de l’organisation sociale et politique. Elle nous oblige à penser de façon nouvelle ce qu’est véritablement le progrès humain dans la perspective de la préservation de l’écosystème. Dans ces conditions, nous proposons un nouvel énoncé de la stratégie émancipatrice pour le futur de l’humanité. Cette nouvelle conscience et son programme d’action sont l’écosocialisme. Ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne.

SORTIR DES IMPASSES IDÉOLOGIQUES
5) Le mensonge du capitalisme vert, les risques de l’environnementalisme. Notre écologie est sociale, elle prolonge les combats historiques de la gauche. Nous rejetons la mystification représentée par une certaine vision de l’écologie qui se veut compatible avec le libéralisme. Nous dénonçons le « capitalisme vert », qui sous couvert de développement durable offre un nouvel espace à la mainmise de la recherche du profit maximal, alimente la dynamique impérialiste et le court-termisme. Nous refusons le discours écologiste qui se contente de culpabiliser les individus. Il s’abstient ainsi de souligner la responsabilité majeure du productivisme sans frein. Il renonce à s’attaquer aux modes de production et de consommation capitalistes et refuse de voir qu’ils exploitent les plus précaires et pillent les pays du Sud. Nous refusons ce que serait une écologie de salon coupée des classes populaires, sans critique sérieuse de l’économie mondialisée, dépourvue de vision sociale et dès lors d’efficacité environnementale. Notre écologie à nous aborde les questions d’environnement en faisant systématiquement le lien avec la critique du système économique et avec les luttes sociales, en y impliquant l’ensemble des citoyens.

6) L’impasse sociale-démocrate. Nous réfutons la doctrine sociale-démocrate qui voudrait que toute redistribution des richesses passe d’abord par la relance de la croissance du PIB et la hausse de la consommation matérielle globale. C’est un double contre-sens. D’une part, elle maintient la puissance du capital financier et suppose que la répartition de la richesse s’organise à partir « des fruits de la croissance ». Elle ne s’attaque pas à l’accumulation déjà acquise. Or nous savons que les richesses existent, et qu’il n’y a pas lieu d’attendre pour les redistribuer. Ce qui est en cause c’est l’accaparement de ces richesses via la prédation du capital. D’autre part, cette doctrine repose sur un modèle d’expansion infinie qui est un suicide de la civilisation humaine. Le PIB est un indicateur qui ne reflète pas le bien vivre dans une société. Il est bien sûr impératif que chaque être humain puisse accéder aux biens fondamentaux. Bien sûr, la relance des activités d’intérêt général est indispensable. Pour autant, la relance d’une croissance économique aveugle n’est pas de nature à répondre aux urgences sociales. Elle est encore moins souhaitable ni tenable du point de vue de la préservation de l’écosystème, des ressources naturelles et du climat. Nous n’attendons donc ni la reprise de la croissance ni les effets bénéfiques de l’austérité : nous ne croyons ni à l’une ni aux autres.

INSTAURER UNE NOUVELLE ÉCONOMIE POLITIQUE AU SERVICE DU PROGRÈS HUMAIN
7) Mettre l’économie au service des besoins. L’écosocialisme veut mettre l’économie et le système productif au service des besoins humains. En cela, il s’oppose à la « politique de l’offre » défendue par les libéraux. Nous refusons cette logique productiviste qui consiste à produire tout et n’importe quoi dans n’importe quelles conditions pour l’écouler sur un marché par des dépenses publicitaires. Comment ne pas voir aussi que dans cet objectif, pour augmenter ses profits, le système nous vend des produits programmés pour tomber en panne et devenir démodés de plus en plus vite ? Comment supporter plus longtemps le gâchis des déchets croissants de notre civilisation ? Comment fermer les yeux sur le fait que beaucoup sont exportés vers les pays du Sud au détriment de la santé des populations et de leur environnement ? Nos décisions collectives doivent au contraire être guidées par la satisfaction des besoins réels. C’est le sens de la planification écologique. Elle inverse cette logique en partant des besoins, du devoir de préserver l’écosystème et du droit de tous à vivre dans un environnement sain. Elle met le système productif en adéquation avec ces impératifs.

8) Rompre avec les schémas de pensée traditionnels. L’écosocialisme remet en cause la dictature des intérêts particuliers et de la propriété privée des moyens de production. Il questionne le rapport au travail. Nous prônons l’appropriation sociale des moyens de production et les propositions alternatives de l’économie sociale et solidaire en termes d’autogestion et de coopératives. Nous défendons la souveraineté budgétaire et la nationalisation comme outil de politique publique, notamment en matière de services bancaires et de crédit. Indice de progrès humain, démondialisation et protectionnisme social et écologique, dotation inconditionnelle d’autonomie et salaire socialisé, revenu maximum autorisé sont autant de perspectives que nous avons à l’esprit pour sortir des sentiers battus et éviter le piège d’un accompagnement du système. Il nous faut également aller plus loin en matière de réduction drastique du temps de travail : « travailler moins pour travailler tous et mieux », fixer le plein emploi comme horizon tout en interrogeant les finalités du travail. Rien ne sert de travailler davantage que le temps utile à produire ce qui nous est nécessaire. Le temps ainsi libéré pourrait utilement être affecté à des activités considérées aujourd’hui comme « improductives » et pourtant combien essentielles au bien vivre.

9) Produire autrement. La révision en profondeur de notre système de production repose sur ce que nous appelons les « 4 R » : relocalisation de l’activité, réindustrialisation écologique, reconversion de l’outil industriel et redistribution du travail. De nombreux besoins non satisfaits existent : dans une industrie relocalisée, dans les services aux personnes, dans l’agro-écologie et l’agriculture paysanne au service de la souveraineté alimentaire et de la santé de tous,  dans la recherche et les filières « vertes » visant à réduire notre dépendance aux ressources épuisables (écoconstruction, efficacité énergétique, rénovation thermique, énergies renouvelables…). Avec l’augmentation du chômage et la crise sociale, l’argument de l’emploi est trop souvent mis en avant contre l’impératif de la protection de l’environnement. C’est une absurdité : on voit aujourd’hui le coût économique et social du laisser-faire libéral, là où la relocalisation et la transition écologique permettraient au contraire de conserver, transformer ou créer de nombreux emplois, locaux et pérennes, dans tous les pays.

10) Instaurer la règle verte comme boussole politique. La « règle verte » est notre indicateur central de pilotage de l’économie. Elle remplace « la règle d’or » des politiques d’austérité et « d’ajustement structurel » imposés par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne. Elle vise à assurer notre responsabilité devant l’humanité et son écosystème en supprimant la dette écologique. Elle associe la nécessaire réduction de certaines consommations matérielles et la nécessaire relance de certaines activités avec la prise en compte systématique de l’empreinte écologique générée. En plus des dégâts déjà commis à rattraper en matière d’émissions de gaz à effet de serre et de perte de biodiversité, nous adoptons comme moyen d’évaluation des politiques publiques, de retarder chaque année le « jour du dépassement global». Il s’agit de la date où nous avons prélevé à l’échelle mondiale le volume de ressources renouvelables égal à ce que la planète est en mesure de régénérer et où nous avons produit les déchets qu’elle est capable de digérer. Notre objectif est de la repousser au 31 décembre, c’est-à-dire de neutraliser notre empreinte écologique. Cela implique la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et l’arrêt du nucléaire qui produit des déchets radioactifs que nul ne sait gérer et qui comporte des risques inacceptables pour les êtres humains comme pour l’écosystème.

 CONSTRUIRE LA RÉVOLUTION ECOSOCIALISTE
11) Les luttes doivent converger. Notre objectif de rupture civilisationnelle impose que l’action politique soit le fait du plus grand nombre. Il s’agit de rassembler et d’agir, non de se contenter d’avoir raison entre convaincus, ou pire, de dresser les uns contre les autres : nous nous situons aux côtés des salariés et des exclus du système qui résistent et sont porteurs de projets alternatifs sociaux et environnementaux. La reconversion écologique ne se fera pas sans eux, encore moins contre eux. Nos adversaires dans cette bifurcation radicale de société ne sont pas les chercheurs ou les salariés de l’industrie, mais bien les banques, les multinationales et les actionnaires qui orientent la production en fonction de leurs intérêts privés et non de l’intérêt général.

12) Lutter et résister pour inventer. La révolution écosocialiste combine propositions programmatiques et présence dans les luttes sociales et environnementales, aux côtés de toutes celles et ceux qui résistent. Les citoyens engagés dans ce projet s’impliquent dans le développement d’expérimentations et alternatives concrètes : circuits courts, associations pour le maintien de l’agriculture paysanne, soutien aux ceintures vivrières et actions contre l’artificialisation des sols, collectifs de villes en transition, reprise d’entreprises par les salariés, systèmes d’échanges locaux, épargne citoyenne et monnaies complémentaires, habitat collectif et co-voiturage… Ils sont actifs dans des actions de désobéissance civique non violente, opérations anti-publicité ou réquisitions de logements vides. Les élus du peuple pour le projet écosocialiste s’engagent  dans une démarche cohérente entre leurs discours et leurs actes. Ils font vivre la gauche par l’exemple en prenant des mesures d’interdiction de la publicité, de retour en régie publique de l’eau, de renchérissement du mésusage ou encore d’extension de la gratuité des services publics.

13) Mettre en œuvre la planification écologique. La planification écologique impose la prise en compte du temps long et la maîtrise publique, le tout placé sous contrôle des citoyens, travailleurs et  usagers. Le problème n’est pas l’industrie, la recherche ou la technique en soi, mais bien l’absence de choix et de contrôle citoyen. Une révolution citoyenne est nécessaire pour conquérir cette capacité de contrôle.   Tel est le mélange détonant d’utopisme révolutionnaire et de technicité auquel nous aspirons.  Le Plan écologique donne la possibilité d’organiser la bifurcation vers un autre mode de développement, en interrogeant nos besoins et en réorientant production, échange et consommation en vertu de leur utilité sociale et écologique. Le secteur de la recherche doit se réorganiser autour de l’intérêt général et des besoins réels, et inventer de nouvelles formes participatives par le biais par exemple de conventions de citoyens. L’école publique, à travers les voies professionnelles, technologiques et générales, doit organiser l’élévation des connaissances et des qualifications à tout âge afin de réussir cette bifurcation et faire émerger de nouvelles filières. Des « conférences de participation populaire » doivent être organisées pour redéfinir les critères d’utilité sociale et environnementale et l’articulation entre les différents échelons, des politiques européennes aux actions locales. La planification écologique organise l’intervention continue des salariés dans la gestion des entreprises, dans le prolongement de la convergence croissante des luttes sociales et environnementales.

14) Pas d’égalité et de République sociale possibles sans Constituante ! Nous affirmons l’exigence d’un haut niveau de culture commune par l’école publique incluant l’éducation à l’environnement. Sinon comment rendre possible l’émancipation individuelle et collective, seule à même de permettre le consentement à un contrat social partagé par tous ? Le projet écosocialiste réaffirme le rôle de l’État, de la collectivité et des services publics, indispensables pour planifier la rupture, construire une société émancipatrice et garantir l’égalité d’accès aux droits fondamentaux pour tous, partout. Ils doivent être refondés par le moyen d’une assemblée constituante. Celle-ci doit renouveler de fond en comble les formes institutionnelles et mettre en place les moyens démocratiques qui rendront possibles l’implication citoyenne permanente et la souveraineté populaire en tous domaines. Car la tâche révolutionnaire est immense. Nous appuyons en effet la mise en place d’un « ménagement » du territoire à rebours de l’étalement urbain, de la concentration des populations dans des mégalopoles et de la mise en concurrence des territoires. Nous militons pour un nouvel urbanisme qui rapproche les fonctions indispensables au « bien vivre » (services publics de santé et d’éducation, logement, activité professionnelle, culture et loisirs, biodiversité, agriculture paysanne). Nous refusons la marchandisation du vivant et les OGM, ainsi que la financiarisation des biens communs comme l’eau, l’énergie et le savoir,  et la privatisation des services publics. Ceux-ci doivent faire l’objet d’une gestion publique en repensant l’articulation entre l’État, garant de l’égalité républicaine, les collectivités locales et l’action des citoyens, syndicats, associations et usagers.

15) Mener la bataille culturelle. Le projet écosocialiste mène son  combat  idéologique par l’éducation populaire. Il veut décoloniser l’imaginaire. Il dénonce la programmation d’un individu-consommateur docile, soumis aux avis de prétendus experts et aux impératifs du productivisme qui nous fait désirer des productions nuisibles et inutiles, fabriquées à l’autre bout de la planète dans des conditions de travail indignes et sous des législations environnementales défaillantes voire inexistantes. Il combat les bras armés du productivisme que sont la publicité, avec son cortège de marchandisation des corps et de sexisme, la mode et les médias, relayés par les organismes de crédit, qui nous conditionnent et nous soumettent à une injonction d’achat et de gaspillage permanents. Cette bataille idéologique est aussi une bataille de vocabulaire. Nous refusons la politique de l’oxymore et la novlangue libérale : le « prix du travail » qui devient un « coût », les cotisations sociales des « charges », les « gardiens de la paix » renommés « forces de l’ordre », la vidéosurveillance « vidéoprotection », ou encore le nucléaire déguisé en énergie « propre et décarbonée ».

16) Faire sauter le verrou des traités libéraux. A l’échelle mondiale, nous dénonçons les accords promus par l’Organisation mondiale du commerce, accords de libre échange et accords de partenariat économique qui contribuent à l’épuisement des ressources naturelles, à l’exploitation des peuples du Sud et au dumping social dans les pays dits développés. Parce qu’elle est la première zone économique du monde, l’évolution de l’Union européenne implique toute la planète. Sa politique libérale est verrouillée par les traités actuels et les plans d’austérité. Établis sous la houlette de lobbies économiques et financiers, ils ont tous en commun de prévoir la disparition des services publics, l’extension du domaine marchand et du libre-échange. Cela provoque à la fois gâchis dû aux compétitions mercantiles, et destruction des services publics et biens communs au profit des intérêts privés. L’Europe libérale et austéritaire empêche aussi de maîtriser et d’orienter le contenu de la production et de l’échange vers des objectifs de progrès humain. Dans ces conditions, nous assumons qu’une politique écosocialiste en Europe passe par la désobéissance à l’Europe libérale et à ses directives. Il faut pour cela construire d’autres rapports de force entre les citoyens, le pouvoir de la finance et celui des institutions anti-démocratiques de l’Union européenne. Si l’échelon européen peut être pertinent pour de grandes politiques environnementales et sociales, leur mise en œuvre ne sera possible que par la construction d’une autre Europe, sous le contrôle démocratique des peuples.

17) Porter un combat internationaliste et universaliste. Il n’y a qu’un seul écosystème compatible avec la vie humaine. Il faut en tirer les conséquences dans tous les domaines. Les décisions  prises à un endroit sur la planète ont des répercussions partout ailleurs. Le projet écosocialiste implique la reconnaissance de la responsabilité des pays dits du Nord, de l’Organisation mondiale du commerce, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale vis à vis des peuples dits du Sud. Il dénonce la compétition organisée en lieu et place de la coopération,  le productivisme et ses effets sur le climat mondial, le pillage des ressources naturelles, l’accaparement des terres arables, ou encore l’austérité imposée par la Troïka. Il induit la reconnaissance de la Déclaration universelle des Droits de l’homme et  la création d’un Tribunal international des crimes contre l’environnement. L’écosocialisme nous impose de contribuer aux débats liant politiques de développement et de progrès social, et préservation de l’environnement. Pour cela, nous soutenons et nous inspirons des alternatives à l’étranger : révolutions citoyennes et Printemps arabe, refus de la dette et des monopoles médiatiques en Argentine, assemblée constituante en Islande et au Vénézuela, initiative Yasuni ITT pour laisser le pétrole sous terre en Équateur… Les savoirs, l’expérience et les méthodes acquises dans ces situations doivent pouvoir converger. Le projet écosocialiste doit pouvoir être porté par un forum mondial qui en fasse le but de la révolution citoyenne de notre temps.

18) Mener la révolution citoyenne pour l’écosocialisme. Compte tenu de l’ampleur de son objectif, la remise en cause du modèle productiviste capitaliste ne peut résulter d’une simple alternance électorale et de décisions venues d’en haut. Elle implique une refonte radicale des institutions incluant scrutins à la proportionnelle, parité et non cumul des mandats permettant au peuple d’être effectivement représenté dans toutes ses caractéristiques. Il s’agit de mettre au pas l’oligarchie et d’assurer, en toutes circonstances, la souveraineté populaire par une démocratie réelle. Cela exige que les majorités parlementaires écosocialistes conjuguent leur action avec des mouvements d’implication populaire dans tous les domaines de la vie de la société. Cette réappropriation de l’initiative politique et citoyenne par chaque femme et chaque homme, dans le but de déterminer partout et sur tous les sujets quel est l’intérêt général, c’est ce que nous nommons la révolution citoyenne. C’est une révolution. Car elle se propose de changer les formes de la propriété, le système institutionnel et la hiérarchie des normes juridiques, sociales et environnementales qui organisent la société et l’économie. Elle est citoyenne. Car elle veut donner le pouvoir à chacun non pour l’intérêt d’une catégorie sociale en particulier mais pour le bien de tout humain, Et car elle se donne des formes institutionnelles et se soumet au suffrage universel, dans le pluralisme politique. Nous refusons que le désespoir et la colère ne basculent du côté de la haine. Ni avant-garde éclairée, ni dictature verte, ni repli ethniciste, nous défendons donc la voie démocratique de la révolution citoyenne. Le peuple n’est pas le problème, il est la solution. Le pire dommage de la crise actuelle de la civilisation humaine serait que l’humanité soit incapable de s’ouvrir à la voie d’un autre futur. L’écosocialisme peut être celui-ci. Qu’il fleurisse !

Ce « Manifeste des Assises pour un écosocialisme » sera discuté tout au long de l’année et donnera lieu à de nouveaux débats à l’occasion des secondes Assises pour l’écosocialisme qui se tiendront en décembre 2013. Le comité des Assises est composé des personnalités suivantes : Mathieu Agostini, Paul Ariès, Guillaume Etievant, Laurent Garrouste, Susan George, Janette Habel, Damien Joliton, Matthieu le Quang, Jacques Lerichomme, Michael Löwy, Laurent Maffeis, Corinne Morel Darleux, Arno Munster, Danièle Obono, Anita Rozenholc…





C) Entretien de Corinne Morel Darleux sur l’écosocialisme avec l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte
 
Tenter d’élaborer une alternative concrète, sociale et antiproductiviste au capitalisme dans un contexte de consommation de masse et de toute-puissance du pouvoir financier semble relever du baroud d’honneur. C’est néanmoins le pari engagé par les tenants de l’écosocialisme, un projet qui entend faire la synthèse entre le marxisme et l’écologie politique. C’est dans cet esprit que s’est tenue le 5 mars 2014 la seconde rencontre du Réseau écosocialiste européen, qui a réuni une soixantaine de participants issus d’une dizaine de pays.

En marge de cette journée de travail, l’Association culturelle Joseph Jacquemotte (ACJJ) a pu s’entretenir avec Corinne Morel Darleux, qui a notamment coordonné la rédaction des « 18 thèses pour l’écosocialisme», fruit d’un long travail de dialogue ouvert par les « Assises pour l’écosocialisme » initiées par le Parti de Gauche français. La femme politique revient sur les fondements de l’écosocialisme, sur sa place dans le débat politique français et international, ainsi que sur les possibilités de mise en pratique de cet ambitieux projet de transition écologique et sociale.

ACJJ : Quels sont les principaux points qui font de l’écosocialisme le « paradigme majeur du XXIe siècle », selon les mots de Jean-Luc Mélenchon ?
Corinne Morel Darleux : C’est d’abord un constat d’impasses : celles de la social-démocratie et de l’écologie telles qu’elles existent actuellement. On peut voir aujourd’hui que les politiques d’austérité, souvent mises en place par des gouvernements sociaux-démocrates en Europe, sont inopérantes d’un point de vue socio-économique, car elles ne résorbent ni la crise, ni le chômage, et qu’elles conduisent à une régression sociale sans précédent. Par ailleurs, ni le socialisme « réalisé » ni la social-démocratie n’ont réussi à intégrer pleinement toutes les implications de la contrainte écologique : dans un monde aux ressources finies, on ne peut continuer la course à la croissance à tout prix.

L’écologie est, quant à elle, confrontée à d’autres écueils. D’abord parce qu’une série de thématiques écologiques ont été intégrées par le système sous la forme du « capitalisme vert », qui consiste à s’en remettre aux producteurs responsables de la dégradation environnementale pour faire face à l’urgence écologique, leur permettant d’engranger des profits à chaque étape du cycle pollution/dépollution.

Un certain courant de l’écologie, l’environnementalisme, s’est par ailleurs constitué sans élaborer de critique du capitalisme. Cette idéologie, en laissant croire que l’écologie ne se posait qu’en termes de protection de la nature, sans dimension économique et sociale, a ouvert la voie à une récupération politique par le système. Elle participe dès lors à légitimer les fausses bonnes solutions techniques que sont les mécanismes financiers de quotas CO2, la compensation carbone, les échanges de droits d’émissions de gaz à effet de serre… Sans s’attaquer le moins du monde aux racines du problème, à savoir le système économique capitaliste qui vise à une rentabilité maximale du capital dans un minimum de temps.

De ces constats découlent plusieurs fondements de notre réflexion écosocialiste. D’abord que l’écologie doit être fondamentalement anticapitaliste, et être systématiquement combinée avec un volet social. Notre projet s’inspire à la fois du marxisme et de l’écologie politique, en tenant compte des erreurs du passé et des nouveaux enjeux qui viennent les percuter. Si on veut vraiment défendre l’environnement, faire face au changement climatique, engager la bifurcation énergétique, etc., on doit absolument s’attaquer aux fondements du système. On ne peut donc pas avoir d’écologie digne de ce nom sans s’attaquer aux causes, à savoir le système de production et de consommation. Ceux qui se disent écologistes, mais ni de gauche ni de droite sont à cet égard les idiots utiles du capitalisme vert.

Peut-on réellement parler d’un nouveau paradigme ? Les textes fondateurs de l’écologie politique semblent s’inscrire dans l’esprit des 18 thèses de l’écosocialisme…
Il y a une filiation très claire avec certains fondateurs de l’écologie politique des années 1970 (notamment André Gorz), mais également avec la déclaration internationale de Belem sur l’écosocialisme de 2009. Comme nous le précisons dans le manifeste, on n’est pas en train de réinventer l’eau chaude ! Par contre c’est la première fois qu’on redéfinit cette pensée politique à l’aune des nouveaux défis écologiques du XXIe siècle, notamment la question du réchauffement climatique, dont on avait encore peu conscience quand fut théorisée l’écologie politique. C’est surtout la première fois qu’on donne à l’écosocialisme une ambition majoritaire et gouvernementale. Il était jusqu’ici porté par d’éminents penseurs, mais pas par des partis politiques qui ont vocation à exercer le pouvoir. Notre principal apport est donc d’essayer de donner une visibilité et un impact politique à ce projet qu’il n’a jamais eu jusqu’ici.

Quelles sont, d’autre part, les principales différences avec le mouvement de la décroissance ?
Il y a d’abord pas mal de points communs, notamment du fait qu’une partie du Parti de Gauche (dont moi-même) est issue de l’écologie radicale et de l’objection de croissance. Même si on préfère parler de critique de la croissance à tout prix, nous avons beaucoup emprunté à cette mouvance, notamment l’idée qu’on ne doit pas attendre le retour de la croissance pour partager les richesses. Il y a aussi la critique du choix du produit intérieur brut (PIB) comme indicateur de référence : on sait aujourd’hui qu’il n’est pas synonyme de bien-être, de meilleures conditions de travail, etc.

Notre divergence fondamentale tient surtout à notre rapport aux travailleurs et aux syndicats, ainsi qu’à notre manière de nous adresser au monde du travail. L’industrie n’est pas l’ennemi de l’écologie. Il faut relocaliser plutôt que de délocaliser à l’étranger dans des conditions de production insoutenables d’un point de vue humain et écologique. On aura besoin d’une réindustrialisation en Europe, avec une autre industrie qui pose la question de savoir ce qu’on produit, pourquoi et comment. Dès le début, on a donc eu une approche de l’écologie en lien avec les mouvements sociaux et les syndicats. Ce sont les travailleurs qui mettront en place la bifurcation écologique dans nos sociétés.

Je crois que c’est une grande nouveauté dans la démarche écologique, car, pendant longtemps, il faut bien dire qu’une partie de l’écologie radicale n’a pas franchement œuvré dans le sens d’un rapprochement avec le monde ouvrier. Ils ont même parfois participé d’une crispation, avec d’un côté les méchants salariés de l’industrie qui défendraient leur emploi sans se soucier de la nature, et de l’autre côté les gentils écolos « baba cool » qui défendaient les oiseaux sans se préoccuper des travailleurs. Une de nos réussites est d’avoir remis autour de la table des milieux écologistes et syndicaux qui ne se parlaient plus, et qui sont pourtant réunis par une lutte contre les mêmes oligarques. On le doit en partie au fait que l’on s’est fondé sur le socle social et historique de la Gauche traditionnelle, du mouvement ouvrier.

Quelle est justement la place qu’occupent les syndicats dans votre vision de la transition écologique ? Ne suscite-t-elle pas des réticences de la part d’associations de travailleurs des industries polluantes ?
Il y a encore des résistances, après c’est très divers selon les organisations, les branches et les régions. On peut au minimum se réjouir que le débat soit engagé. Le fait d’avoir cette approche liant écologie et socialisme a permis de lever beaucoup de barrières, et de bien faire comprendre qu’aujourd’hui se battre pour la transition écologique, c’est en réalité aussi proposer de nouvelles formes d’emplois plus pérennes, non délocalisables. Il s’agit notamment d’anticiper de futures suppressions de postes liées au fait que les matières premières ne sont pas inépuisables.

Il faut noter qu’il ne s’agit pas de considérations uniquement écologiques, mais pragmatiques : le pic de pétrole est passé, donc soit on laisse faire le marché, ce qui conduira à des centaines de milliers de suppressions d’emplois dans l’aéronautique, la pétrochimie, l’industrie automobile, etc., soit on anticipe, par la planification écologique. Il faut assurer des formations adéquates, restructurer les filières industrielles, organiser l’accompagnement de la reconversion pour ne pas laisser les travailleurs sur le carreau. Tout cela va dans le sens des intérêts à long terme des travailleurs et de l’emploi.

D’autre part, l’écosocialisme pose la question de la propriété des moyens de production, de l’autogestion, des coopératives, bref, de l’organisation du travail au sein des entreprises. Les travailleurs sont capables de s’organiser pour assurer la production, ils n’ont pas besoin des fonds de pension ni d’actionnaires qui ne servent qu’à ponctionner une part des profits. L’écosocialisme, c’est aussi être favorable à un rapport de production plus favorable aux travailleurs dans le conflit Capital-Travail. Nos idées sont dès lors appréhendées de façon beaucoup plus favorable par le monde du travail que si on était arrivé avec un discours culpabilisateur, assimilant les salariés de l’industrie avec les dégâts causés par cette même industrie.

Les 18 thèses de l’écosocialisme accordent une place importante à la démocratie. En quoi est-ce une spécificité écosocialiste ? On peut en effet imaginer que des débats démocratiques conduisent les citoyens à opter pour un modèle productiviste…
On fait le pari de l’intelligence collective. Si les travailleurs prennent ensemble les décisions du mode de production de l’entreprise, on a plus de chance que cette production aille dans le sens de l’utilité sociale que vers des produits qui vont être vendus uniquement aux plus riches. S’ils avaient le choix, ils préféreraient sans doute produire des outils utiles à la vie courante plutôt que des Rolex, des 4×4, des Yachts, dont ils n’auraient pas eux-mêmes l’usage.

Notre vision de la planification écologique implique par ailleurs la mise en place d’assemblées citoyennes au niveau local qui puissent justement discuter des choix de consommation et de production1. En France, la constitution de comités de bassins, pour la gestion des rivières, qui associent riverains, agriculteurs, représentants industriels, pêcheurs, et autres usagers est à cet égard concluante : par le dialogue, ces comités parviennent à établir un intérêt général, qui n’est pas la somme des intérêts particuliers. Résultat : on a en France un des meilleurs systèmes de gestion des eaux de rivières.

Dans le cadre de la planification écologique, on souhaiterait généraliser ce type d’expérience à une échelle plus large. D’une part parce que c’est un système qui permet de mettre en mouvement la bifurcation écologique, qui ne peut être imposée autoritairement par une poignée de décideurs. D’autre part parce que la démocratie est la condition de la définition de l’intérêt général.

Mais peut-on réellement établir un intérêt général commun en se contentant de donner davantage de pouvoir de décision aux salariés des entreprises capitalistes ? Même si le profit n’est pas capté directement par les actionnaires, les travailleurs pourraient être tentés de poursuivre la logique productiviste…
Il n’a jamais été question pour nous de supprimer l’initiative privée ! Le profit généré par une entreprise qui respecte les travailleurs, l’environnement, et qui revêt une utilité sociale, ne nous pose pas de souci, d’autant moins si elle investit dans l’outil de travail. Mais donner le pouvoir aux salariés de déterminer leurs choix de production et de gestion change la donne : des travailleurs exposés à des produits chimiques dangereux ne continueraient pas à produire de la même manière si on leur laissait le choix. On l’a vu avec l’amiante, on le voit aujourd’hui avec l’agriculture chimique, où les personnes exposées aux produits phytosanitaires développent des cancers…

Ne faudrait-il pas alors définir l’intérêt général au niveau le plus élevé possible, qu’il soit national, européen ou mondial ?
La planification écologique implique bien sûr un cadre précis et des orientations nationales. Prenons par exemple la question du revenu maximum autorisé, qui a fait l’objet d’une proposition de loi des élus Front de Gauche en 2009. À partir du moment où on limite le revenu maximum, un certain nombre de produits de luxe perdent leur sens. Avec un partage des richesses plus important et une fiscalité plus juste, on revient à une consommation qui correspond aux besoins humains, et sur laquelle la production est amenée à s’aligner. Il ne s’agit pas de dire qu’on n’a plus le droit à la beauté et à la futilité, sauf quand c’est sur le dos des travailleurs et des ressources naturelles.

 « Un projet politique positif »

Les travaux menés notamment par le PG autour de la question de l’écosocialisme ont-ils révélé un clivage au sein de la Gauche, opposant les partisans du développement durable aux partisans de l’idéologie du progrès?
Il y a certes des divergences au sein de la Gauche sur base du rapport au productivisme, mais le mouvement écosocialiste est lui-même loin d’être homogène. Il importe de noter le ralliement progressif de segments croissants de la Gauche à l’impératif de transition écologique. Aucun des débats organisés sur l’écosocialisme ne l’a été par le seul PG. Plusieurs forces du Front de Gauche y ont joué un rôle moteur, notamment le mouvement Ensemble, la Gauche anticapitaliste, les Alternatifs ou encore la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE). On travaille aussi avec une partie de la Gauche d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), voire avec certains militants du PS. Des collectifs citoyens et syndicaux sont aussi impliqués. Je crois que l’écosocialisme est davantage facteur de rassemblement que de divergence.

Un des grands absents des débats sur l’écosocialisme n’est-il pas le Parti communiste français (PCF), dont les divergences avec le PG sont patentes sur certaines questions écologiques ?
Comme tous les partenaires du Front de Gauche, le PCF était présent aux Assises. À la dernière fête de l’humanité [NDLR : fête annuelle organisée par l’Humanité, organe de presse historique du PCF] j’ai participé à un grand débat sur le sujet. Si le PCF ne se reconnaît pas dans l’écosocialisme, on se retrouve sur pas mal des « 18 thèses » du manifeste. En réalité, au-delà des querelles de chapelle et des clivages de partis, il n’y a pas de réelles divergences de fond. Nous avons de nombreux points de convergence, que ça soit sur la défense de l’environnement, la réappropriation des moyens de production, ou encore l’autogestion. Il existe toutefois de vrais désaccords politiques qu’on n’a pas encore réussi à dépasser, notamment sur le nucléaire. Cela dit la question fait débat au PCF, où beaucoup de militants aimeraient que le parti évolue sur cette question.

Ces querelles de partis que vous évoquiez n’ont-elles pas pour effet de « pourrir » le débat sur l’écosocialisme ?
Je n’en ai pas l’impression. Depuis un an et demi qu’on travaille sur ce projet, on a présenté le manifeste dans une dizaine de pays différents, on l’a traduit en 8 langues et tenu une cinquantaine d’assemblées citoyennes partout en France sur ce projet. Le vote majoritaire de la motion écosocialiste présentée à Madrid lors du quatrième congrès du Parti de la Gauche européenne (PGE) montre qu’il existe également une dynamique européenne… Les éventuelles dissensions partisanes n’empêchent donc pas la dynamique que l’on ressent. Le fait que le Réseau écosocialiste européen que nous avons lancé à Paris en janvier intègre à la fois des membres du PGE et d’autres partis, dont certains membres des Verts européens, montre aussi que l’audience n’est pas limitée sur le plan partisan. On ne cherche pas à avoir raison dans notre coin, mais à travailler sur un projet politique positif, sur une base large.

Justement, ce vote intervenu à Madrid n’a obtenu qu’une majorité relative. Certaines délégations, pourtant sensibles aux thématiques écologiques, ont précisément rejeté la motion car ils y voyaient la main du Parti de Gauche, et la volonté sous-jacente de renforcer une tendance politique plutôt qu’une autre…
Les considérations partisanes ne sont jamais absentes, mais il faut noter que la motion a été soutenue par des partis comme Syriza (Grèce), Die Linke (Allemagne), le Bloco portugais, l’alliance rouge-verte (Danemark), qui présentent la particularité d’être de jeunes partis et porteurs d’une dynamique dans leurs pays respectifs. Je suis assez confiante sur le fait de pouvoir entraîner progressivement tout le monde. Il faut laisser du temps aux partis historiques d’obédience communiste, qui ont probablement encore des questions internes à résoudre sur le productivisme. Nous respectons ce temps de débat, mais cela ne nous empêche pas de continuer à avancer avec les partenaires qui le souhaitent.

«  La relocalisation, condition majeure pour une réelle solidarité internationale» 

Quittons l’Europe pour adopter une perspective globale. Comment l’écosocialisme tel que vous le concevez concilie-t-il le droit au développement des pays du Sud et l’impératif d’un développement soutenable ?
Ces deux questions ne sont pas contradictoires, mais au contraire intimement liées. Les pays du sud se sont vu imposer un mode de développement au service de notre propre consommation. Dans le domaine agricole, le FMI et l’OMC ont obligé les pays en développement à passer d’une agriculture vivrière à des monocultures intensives destinées à l’export. De même, dans l’industrie extractive, on continue à exploiter les ressources naturelles à notre profit de façon scandaleuse. L’exploitation de l’uranium au Niger pour alimenter l’industrie nucléaire française en offre un triste exemple. La réflexion sur la relocalisation de l’activité et la sortie de la dépendance aux énergies fossiles doit donc être une étape dans la reprise en main par les pays dits du sud de leur destin, afin qu’ils puissent produire selon leurs propres besoins.

Cela implique également une remise en cause des réseaux de production industrielle, rendus possible par une mondialisation libérale qui a fait de certains pays les ateliers du monde. Les ouvriers y travaillent dans des conditions abjectes, comme l’a rappelé l’effondrement d’une usine de textile au Bangladesh l’année dernière. Quand on se dit de Gauche, on ne peut pas continuer à supporter que des produits de notre vie quotidienne continuent d’être produits dans ces conditions épouvantables. La question de la relocalisation est une condition majeure pour une réelle solidarité internationale.

Il faut toutefois pousser le raisonnement jusqu’au bout : pour qu’il y ait relocalisation de l’activité chez nous et dans le sud, il faut un certain nombre de mesures. Le protectionnisme social et solidaire n’a rien d’un repli national : c’est au contraire un outil de coopération et de solidarité. Tant qu’on n’aura pas le courage de désobéir à l’Union Européenne et aux institutions internationales de libre échange, on continuera à cautionner et alimenter cette mondialisation qui fait tant de désastres au niveau social et environnemental.

Sur quelles alliances politiques pensez-vous pouvoir vous appuyer pour porter ce projet ?
Il faut avancer sur nos deux jambes : les urnes et la rue. S’il n’y a pas dans la rue une mobilisation citoyenne et des mouvements sociaux qui soutiennent ces propositions, on ne pourra atteindre nos objectifs en les décrétant d’en haut. C’est pourquoi on prend tant de soin à associer à nos réflexions les associations, les syndicats et les collectifs citoyens. Au niveau électoral, on essaye d’élargir par la base, en partant du Front de Gauche et des organisations qui en font partie. Le programme L’humain d’abord porté par Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle de 2012 recelait de nombreux points d’inspiration écosocialiste. Nous souhaitons l’élargir vers d’autres groupes, à la Gauche de la Gauche (NPA et décroissants notamment), mais aussi à la Gauche d’EELV et du Parti socialiste, avec lesquels on continue d’avoir des échanges pour leur faire comprendre qu’on est plus fort unis, surtout si on a l’ambition d’incarner une alternative à la social-démocratie pour les prochaines échéances électorales.

Dans cette optique de rassemblement, le terme « socialiste » ne risque-t-il pas de gêner une série d’acteurs ancrés dans les valeurs de Gauche qui ne partagent pas un certain nombre de référents marxistes ?
L’intérêt de l’écosocialisme est justement d’associer l’écologie et le socialisme, et de permettre à des militants, qu’ils proviennent du marxisme ou des combats pour la défense de l’environnement, de s’y retrouver. Il ne s’agit pas de doser les deux composantes pour faire plaisir aux uns et aux autres, mais d’avoir un ensemble cohérent susceptible de fédérer. Durant les nombreuses assemblées auxquelles j’ai participé, j’ai été frappée par la capacité de ce projet à unir des gens d’horizons très divers. Cette dynamique fédératrice est selon moi l’une de nos plus belles réussites politiques.

« Le pouvoir par les urnes, la rue, mais pas par les armes» 

Comment voyez-vous concrètement se dérouler la transition écologique et avec quels acteurs ? On a parlé, tout à l’heure, de la place déterminante des syndicats et des travailleurs dans le projet écosocialiste. Les détenteurs des moyens de production doivent-ils être expropriés, ou peut-on imaginer une forme de compromis de classe ?
La question de la nationalisation est essentielle, mais il ne faut pas confondre étatisation et socialisation. Certains secteurs stratégiques doivent faire l’objet d’une coordination étatique. C’est par exemple le cas de l’énergie ou des banques, pour lesquels doit exister un pôle public. La seule nationalisation est toutefois insuffisante : le fait qu’EDF ait longtemps été un monopole d’État n’a pas empêché l’entreprise de mettre en place le nucléaire de façon totalement antidémocratique. Un déchet radioactif public n’en reste pas moins toxique ! Le contrôle étatique des moyens de production stratégiques est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut dès lors une articulation entre le niveau national, garantie de cohérence et d’égalité républicaine, les collectivités territoriales et les conférences de participation populaire au niveau local, qui permettent d’assurer le contrôle citoyen.

Pour la plupart des autres secteurs, on privilégie la socialisation, c’est-à-dire la réappropriation sociale des moyens de production. Il s’agit des Société coopérative et participative (SCOP), des coopératives autogérées, des Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), dans lesquelles les salariés et usagers remplacent les actionnaires. Tant que ces derniers imposeront des taux de rentabilité du capital allant jusqu’à des 15%, on ne pourra avoir de réflexion sérieuse sur l’utilité sociale de la production, sur les réinvestissements nécessaires dans l’outil productif, etc.

La confrontation avec le Capital semble inévitable dans ce contexte…
On est conscients qu’on ne nous déroulera pas le tapis rouge, et que nous serons de fait dans une confrontation de classe. Les premiers mois d’un gouvernement écosocialiste devront être utilisés pour mettre en place le cadre dans lequel cette bifurcation sera possible : la répartition des richesses par une vraie révolution fiscale. La constitution d’un pôle public de l’énergie, qui implique la nationalisation d’EDF, GDF-Suez, Total et Areva, qui était dans le programme du FDG a été minutieusement préparée. On ne planifie pas d’expropriation sans indemnité ni de coup d’état économique et financier. En revendant des filiales étrangères et en réinvestissant cet argent au niveau français, on peut, avec quelques autres astuces boursières, faire en sorte que l’État en devienne 100% actionnaire. C’est possible. L’argent est là ! Il est tout simplement mal réparti et mal utilisé.

Réforme plutôt que révolution, donc ?
Tout dépend de ce que l’on entend par les deux termes. On n’est pas pour une révolte violente et imposée. Nous prônons une révolution citoyenne, comme elles ont pu intervenir par exemple en Amérique latine, où le peuple a repris le pouvoir, par les urnes, par les rues, parfois aussi c’est vrai par les armes. Mais nous croyons avant tout à la force de la loi républicaine, celle qui est déterminée par l’intérêt général et s’impose à tous : la liberté d’entreprendre ne sera évidemment pas remise en cause, mais les entreprises privées devront se conformer à la loi.

Le projet écosocialiste porté par le PG à travers ses 18 thèses insiste sur la volonté de sortir d’une écologie culpabilisante, qui éluderait la responsabilité du productivisme effréné. Ne risque-t-on pas de tomber dans l’extrême inverse, qui consiste à disculper les individus de leur participation à la consommation de masse ?
On part du principe qu’il est plus motivant pour les gens de leur parler de l’importance pour tous de préserver les ressources écosystémiques que de leur dire qu’il faut couper l’eau du robinet quand ils se lavent les dents… Les mini-injonctions culpabilisantes ne font pas changer d’attitude. Beaucoup de comportements polluants sont des comportements contraints : la surutilisation des voitures est liée aux déficiences des transports publics, les incitations à la consommation de masse, mode et publicité, sont présentes partout dans la société. En réalité, la plupart des gens se rendent bien compte que la majorité de la dégradation de l’environnement n’est pas de leur ressort. Si on veut que les gens comprennent que les gestes quotidiens sont utiles, cela doit s’inscrire dans un projet politique plus large. Notre responsabilité de politiques est de mettre en place le cadre, les conditions qui rendent le changement de comportement possible.


1 Voir la proposition de loi sur la planification écologique déposée par le Front de Gauche à l’Assemblée Nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1991.asp



 D) Écofascisme de Wikiberal

L'écofascisme ou écototalitarisme est une forme d'idéologie totalitaire dont la finalité officielle est la protection de l'environnement.  

On entend par écofascisme (notamment selon le politologue finlandais J.P. Roos) l'idéologie de certains protecteurs autoproclamés de l'environnement radicaux qui prônent l'abandon complet des technologies dans nos sociétés à l'exception de la bougie ainsi qu'une réduction forcée de la population humaine afin de sauver une nature originelle idéalisée et qui n'a jamais existé. Il s'agit d'une variante radicale de l'écologie profonde avec des aspects totalitaires et primitivistes.
L'écofascisme rejoint le fascisme ou le nazisme originel en ce qu'il place une utopie au-dessus de l'homme, qui n'est qu'un moyen pour une fin qui lui est extérieure. L'homme n'est qu'un parasite, perturbant la pureté « naturelle ». Une véritable haine de soi et de l'humanité, au bénéfice d'une nature idéalisée. Voici par exemple ce qu'écrivait David Graber, un biologiste américain[1]:
«Des chercheurs en sciences sociales me disent l'humanité est une partie de la Nature, mais ce n'est pas vrai. Quelque part en chemin [..] nous avons rompu le contrat (qui nous unissait à la nature) et nous sommes devenus un cancer. Nous sommes devenus une peste pour nous-mêmes et pour la Terre. [..] Il n'y a plus qu'à espérer un virus dévastateur. »
    — David Graber
Cyril dit Meo, élu vert, reprend cette critique de la décroissance et de l'écofascisme. Il y voit « une défense de la Nature appuyée sur une conception biocentrique de sacralisation de la Terre […], [qui] s’appuie sur une critique de la rationalité du monde moderne perçue comme destructrice de la planète et de l’ordre du vivant »[2]. On peut souligner d'ailleurs comme l'auteur que cette « disparition de l’authenticité du monde naturel passé » est caractéristique d'une pensée foncièrement réactionnaire. Un classique de la décroissance est en effet « l’irrationalisme mystique, le spiritualisme, l’anti-positivisme et la référence au temps cyclique, qui permet de retourner au passé, de restaurer un ordre antérieur »[3].
Ce présupposé est doublement faux. D'une part, la « nature » rêvée par ces écologistes n'existe pas ; la nature est en perpétuel changement, des espèces apparaissent, disparaissent. C'est l'homme qui protège la bio-diversité bien souvent, notamment par la chasse qui régule la surpopulation de grands prédateurs (loup, lynx) menaçant la faune locale. Dans le cas où la faune locale herbivore menace les forêts et autres plantations, c'est toujours l'homme qui régule ladite faune par la chasse.
En outre, la nature pure et accueillante idéalisée par les environnementalistes n'existe pas, et c'est à chaque fois l'homme qui la domestique, qui aménage les fleuves pour limiter les inondations, qui se protège de conditions difficiles, qui aménage le paysage, etc.
Les « écofascistes » souhaitent atteindre leurs buts au moyen d'une dictature qui permettrait de réduire la population terrestre par la coercition, tandis que ses habitants restant assureraient la continuité de l'humanité avec des moyens techniques archaïques (chasse, pêche, cueillette de petits fruits, de champignons et de racines, etc). Sont prévus également des modes malthusiens de contrôle des naissances afin de ne pas menacer l'environnement par une surpopulation, tels que l'abattage des bébés considérés en surnombre. Les plus extrêmes se positionnent en faveur d'une amélioration génétique de la population humaine que servirait l'eugénisme.
Le précurseur de l'écofascisme le plus connu est le finlandais Pentti Linkola, qui prône notamment:

Citations

  • « N'importe quelle dictature serait meilleure que la démocratie moderne. Il ne peut y avoir de dictateur assez incompétent pour montrer plus de stupidité qu'une majorité populaire. La meilleure serait une dictature où de nombreuses têtes rouleraient et où le gouvernement empêcherait toute croissance économique. » (Pentti Linkola)

Notes et références

  1. tel que cité par George Reisman in The Toxicity of Environmentalism, 1990
  2. Cyril di Meo, La face cachée de la décroissance, L'Harmattan, 2006
  3. Di Meo, op. cit.




E)  Rio+20 : L’écologie à laquelle nous avons échappé

Avec Rio+20, nous allons fêter le vingtième anniversaire de la Conférence de Rio, qui a servi de rampe de lancement à la grande campagne contre le réchauffement climatique d’origine humaine. Cela mérite célébration.

Nous allons fêter le vingtième anniversaire de la Conférence de Rio, qui a servi de rampe de lancement à la grande campagne contre le réchauffement climatique d’origine humaine. Cela mérite célébration.

Si la civilisation occidentale s’est élevée au-dessus de toutes les autres (ben non, désolé MRAP, LICRA, SOS-trucmuche et autres crustacés nourris de nos impôts, toutes les civilisations ne se valent pas), c’est parce qu’elle a inventé l’individu. Dans toutes les civilisations traditionnelles, on n’existe que comme membre d’un groupe – une famille, un clan, une tribu, ce que vous voulez. Et on est tenu de se comporter comme membre dudit groupe : il faut en respecter les codes, les usages, les traditions, les conventions. N’allez pas vous amuser à émettre la moindre idée nouvelle, car vous êtes sûr de violer quelque part une règle ou un tabou. Le groupe vous a à l’œil.

La société occidentale a été la seule à briser ce carcan. Ca ne s’est évidemment pas fait d’un coup : il y a fallu des générations. Mais plus elle libérait l’initiative de l’individu, plus elle s’apercevait qu’elle en recevait de bienfaits en retour. Et inversement, dans les périodes de régression, tout allait plus mal. C’est en inventant l’individu que la société occidentale a trouvé la formule magique, l’extraordinaire source d’énergie et de créativité qui lui a permis de développer les instruments intellectuels grâce auxquels elle a porté la connaissance à des sommets inégalés, qu’elle a multiplié les exploits technologiques et scientifiques, qu’elle a conquis le monde. Ce qu’ont fait les Occidentaux, pas une bête ne l’aurait fait. On s’attendrait à ce qu’ils soient fiers de leur passé et de leur présent.

Les sectateurs du politiquement correct veulent qu’ils en aient honte.
Pour eux, l’histoire de l’Occident n’est qu’une succession d’exactions et de pillages, de spoliations et de massacres.

De même, pour la faction écologique de la confrérie, la société occidentale n’a jamais fait que saccager la nature, gaspiller les ressources, polluer l’air, empoisonner l’eau, exterminer les espèces vivantes, accumuler partout la ruine, la misère et la dévastation pour le profit égoïste de quelques-uns. Et aujourd’hui plus que jamais.

Voilà ce qui arrive, disent-ils, quand on laisse tout un chacun libre de n’en faire qu’à sa tête, de produire et de vendre ce qui lui plaît, de penser comme il l’entend. Ils brûlent de mettre de l’ordre dans ce bordel archiultranéolibéral.

Malheureusement, leur discours – ce que Lomborg a appelé la litanie – est assez lassant et n’a qu’un faible impact sur le public. Il leur fallait une Grande Illumination autour de laquelle mobiliser les masses. Elle survint à la fin des années 80 : quelques scientifiques, qui jusque là avaient soutenu le contraire, se mirent soudain à clamer que la température de la planète était en train de monter de manière catastrophique du fait des rejets de gaz à effet de serre provoqués par l’activité humaine. « On vous l’avait bien dit, s’exclamèrent les écologistes, le modèle de société occidental nous conduit au désastre ! »

Impressionnés, les milieux politiques demandèrent quoi faire. « Arrêter immédiatement les émissions de gaz à effet de serre, leur fut-il répondu, et notamment les rejets de CO2″. « Mais le coût économique va être pharamineux ? » « C’est ça ou la mort de la planète. » « Ah bon… » Tout le monde s’inclina. En 1992, on convoqua une grande conférence à Rio, avec plus de 20 000 participants venus du monde entier, qui se mit d’accord pour réduire les rejets de gaz à effet de serre – accord formalisé et quantifié à Kyoto en 1997.

L’écologie triomphait. Tous les Etats, tous les gouvernements, toutes les institutions scientifiques, tous les médias, en un mot, toute la bonne société, étaient à ses pieds. Elle avait pris en main les destinées du monde, elle allait sauver la planète. Mais à condition qu’on lui obéisse et que nul ne s’avise de contester ses décrets.

Les sceptiques en firent aussitôt l’expérience. Car il y avait bien sûr quelques sceptiques – il y en a toujours. On leur fit vigoureusement savoir qu’il n’était pas question de discuter – « the science is settled », leur annonça-t-on. On leur barra l’accès aux revues scientifiques et aux grands médias, on leur imposa le silence. Et pour que l’opinion sache bien à qui l’on avait affaire, on les qualifia de « négationnistes » – le même terme qu’on emploie pour désigner les illuminés qui nient la réalité des camps d’extermination nazis.

Mais les sceptiques ne rentrèrent pas sous terre. Ils prirent le maquis informatique. Interdits de séjour dans tous les médias institutionnels, ils se réfugièrent dans les jungles du web, d’où ils entreprirent de réfuter point par point la théorie de l’origine humaine du réchauffement. Pendant des années, ils grignotèrent ainsi les certitudes officielles, exposant leurs contradictions et leurs approximations. Ils réussirent même, avec la fameuse affaire du Climategate, à surprendre les irréprochables savants du réchauffement le pantalon sur les chevilles, en train de trafiquer délibérément leurs résultats, de dissimuler leurs données, d’organiser le boycott des travaux de leurs adversaires par des méthodes inspirées de celles de la mafia sicilienne.

En dépit de son poids énorme, de ses gigantesques moyens, de tous les appuis institutionnels dont il dispose, le rouleau compresseur de l’écologisme n’est pas parvenu à écraser la résistance des sceptiques. Au contraire, ceux-ci ont proliféré. Mieux, la planète elle-même s’est mise à pencher de leur côté. Selon la théorie officielle, on l’a dit, l’augmentation des températures serait le résultat direct des rejets de gaz à effet de serre. Depuis la fameuse conférence de Rio, il y a vingt ans, ceux-ci ont augmenté d’environ 50%. On s’attendrait à une montée concomitante des températures. Or, depuis  maintenant une quinzaine d’années, elles refusent de bouger. Les sceptiques avaient raison depuis le début : l’activité humaine n’est pour rien dans le réchauffement.

Le rouleau compresseur, cependant, continue de rouler – en tout cas dans les médias, qui n’ont pas soufflé mot des débats en cours. Mais c’est désormais essentiellement l’effet de la force d’inertie, car la machine se disloque peu à peu. D’autant plus que la crise économique a amené les gouvernants à regarder d’un œil plus sobre les extravagantes dépenses exigées par le programme des écologistes. La vaste campagne du réchauffement est aujourd’hui sur les récifs.

Heureusement. Car son objectif n’était pas seulement environnemental : il était politique. La victoire de l’écologisme aurait marqué une étape décisive de l’ensemble du politiquement correct dans son entreprise de domination des esprits. Elle aurait permis d’imposer en matière de climat une pensée unique et obligatoire, une vérité officielle que nul n’aurait été autorisé à contester : elle aurait permis de faire disparaître tout esprit critique, cad de mettre un terme au droit des individus de penser par eux-mêmes. Dans ce domaine d’abord – avant de passer aux autres.

Autrement dit, le mouvement écologique – et au-delà de lui, l’ensemble du politiquement correct dont il fait partie – n’est pas seulement l’ennemi de l’industrialisation, de la croissance économique, etc. Il est l’ennemi de ce qu’il y a de plus fondamental dans la société occidentale : la liberté de penser de l’individu.

Autrement dit encore, son horizon ultime est le retour au mode de fonctionnement de la société traditionnelle. Cette société où le groupe vous a à l’œil.

Par Pierre Clermont  

D'autres liens de Contrepoints sur l'Écofascisme