novembre 01, 2014

Globalisation - Mondialisation 8/8 (La criminalité et le terrorisme)

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

La criminalité et le terrorisme


 À la fin du XXe siècle est apparu un nouveau phénomène : la mondialisation simultanée de la criminalité, du terrorisme et de la corruption, une dangereuse « trinité » qui se manifeste dans toutes les régions du monde. Elle se rencontre dans les pays les plus pauvres de l'Amérique latine et de l'Afrique, mais également au cœur de l'Europe prospère. Profitant de la corruption, des groupes de criminels et des cellules terroristes agissent ensemble, que ce soit dans la zone dite de la triple frontière en Amérique latine (Brésil, Paraguay, Argentine) ou dans le cadre des conflits régionaux de l'Afrique de l'Ouest, dans l'ex-Union soviétique ou dans les prisons d'Europe occidentale. La criminalité et le terrorisme sont également associés en Australie, en Asie et en Amérique du Nord, ainsi qu'en témoignent des affaires criminelles qui confirment l'intégration importante de ces activités.
 
Cette trinité est cependant plus complexe que le simple recours des terroristes à des activités criminelles pour financer leurs activités ou la circulation accrue de biens illicites à l'échelle mondiale. Il s'agit plutôt d'un phénomène distinct, dans le cadre duquel des réseaux criminels mondiaux agissent avec des terroristes, les deux groupes menant ainsi à bien leurs activités, à la faveur d'une corruption généralisée.

Cette distinction artificielle qu'on fait entre criminalité et terrorisme se fonde sur une définition obsolète des deux phénomènes. Le précepte selon lequel les criminels seraient motivés par l'appât du gain et les terroristes exclusivement par des convictions politiques ne correspond plus à la réalité contemporaine. Les criminels ne font plus partie d'organisations hiérarchiques ne menaçant pas l'État - comme c'était le cas de la mafia sicilienne ou des Yakuza japonais. Les terroristes, dont l'action est souvent financée par des activités criminelles, passent souvent de la criminalité au terrorisme et vice versa. La structure en réseaux de ces deux groupes leur permet d'entrer en contact, sans que les uns aient nécessairement toujours conscience de l'identité des autres. Il se peut que les deux groupes coopèrent directement ou qu'ils soient en contact par le biais d'intermédiaires. Par exemple, à Los Angeles, l'école de langues qui a fourni des visas à certains des pirates de l'air du 11 septembre 2001 en a également fourni à des prostituées appartenant à un grand réseau de traite d'êtres humains. Ce réseau se livrait également à des vols d'identité susceptibles de faciliter les agissements de terroristes.

Contrairement à l'opinion selon laquelle ce phénomène serait né avec la mondialisation, la criminalité organisée et le terrorisme existent depuis longtemps à l'échelle internationale. Dans les années 1930 déjà, les membres de la mafia italienne des États-Unis se rendaient à Kobé (Japon) ou à Shanghaï (Chine) pour s'approvisionner en drogue et des membres de divers groupes criminels américains se réfugiaient en Chine pour échapper à la justice américaine. Des membres de l'Armée républicaine irlandaise ont trouvé refuge dans des communautés irlandaises implantées à l'étranger, qui apportaient également un appui financier à l'organisation agissant en Irlande.
 

La nouveauté tient cependant à la rapidité et à la fréquence de ces échanges, ainsi qu'au degré de coopération entre ces deux formes de criminalité transnationale. 
Les criminels aussi bien que les terroristes ont établi des réseaux transnationaux, répartissant entre plusieurs continents leurs activités, leur planification et leurs moyens logistiques et semant ainsi la confusion parmi les systèmes judiciaires nationaux qui ont l'habitude de combattre la criminalité transnationale sous toutes ses formes. Les criminels transnationaux bénéficient grandement de la mondialisation. Les terroristes et criminels font circuler des personnes, de l'argent et des marchandises dans un monde où les flux de plus en plus importants de personnes, d'argent et de marchandises masquent à merveille leurs agissements. Les terroristes aussi bien que les criminels transnationaux ont internationalisé leur action pour atteindre leurs cibles, commettre leurs actes et échapper aux autorités.
 

Le lien avec la mondialisation
Les réseaux internationaux de criminalité organisée ont mondialisé leurs activités pour les mêmes raisons que les sociétés multinationales les plus respectables. Les sociétés multinationales établissent des filiales dans le monde entier pour tirer parti d'une main-d'œuvre ou de marchés de matières premières intéressants. Les groupes qui agissent dans l'illégalité font de même. En outre, les groupes internationaux, qu'ils soient légaux ou illégaux, s'implantent également à l'échelle mondiale pour répondre à leurs besoins de production, de commercialisation et de distribution. Les groupes illégaux parviennent à étendre leur champ d'action en tirant parti du nouveau contexte économique, grâce à la révolution des communications et des transports internationaux. Les terroristes ont eux aussi mondialisé leur action, en tirant parti de la possibilité de recruter à l'échelle internationale, de rester proches de communautés d'émigrés qui puissent leur apporter un appui logistique et financier et d'accéder à des communautés plus fortunées.

La fin de la guerre froide a pour beaucoup contribué à la montée de la criminalité transnationale. La fin du face-à-face entre super-puissances a réduit le risque de conflits de grande envergure, mais depuis la fin des années 1980, le nombre de conflits régionaux a augmenté de façon exponentielle. Malheureusement, les armes et les combattants qui alimentent ces conflits sont souvent liés à des activités criminelles transnationales, par exemple au trafic de drogues, de diamants et d'êtres humains. Ces conflits ont donné lieu à un nombre sans précédent de réfugiés et ont nui aux activités économiques licites de ces régions, qui sont alors devenues des lieux privilégiés de recrutement de terroristes ou des refuges où former des terroristes et planifier leurs agissements.
 
L'essor des activités transnationales illicites a été énormément aidé par les grands progrès technologiques réalisés après la Deuxième Guerre mondiale. L'augmentation du trafic aérien civil, les améliorations des télécommunications (notamment le téléphone, la télécopie et les communications rapides via l'internet) et la croissance du commerce international ont facilité la circulation des biens et des personnes. Les criminels et les terroristes profitent de l'anonymat des salons de bavardage sur l'internet et d'autres formes de communication informatisée pour planifier et mener à bien leurs activités. Les terroristes du 11 septembre se sont servis d'ordinateurs accessibles au public pour envoyer des messages et acheter leurs billets d'avion. De même, les trafiquants de drogue colombiens planifient et effectuent leur commerce illicite au moyen de télécommunications codées.

La mondialisation s'accompagne d'une idéologie favorable au libéralisme économique et au libre-échange et d'une réduction de l'intervention des États. D'après les partisans de la mondialisation, la réduction des réglementations internationales et des obstacles au commerce et aux investissements aura pour effet d'accroître les échanges et le développement. Mais ces conditions favorables à la mondialisation contribuent également de façon décisive à la hausse de la criminalité. Les groupes de criminels et les terroristes profitent de l'assouplissement considérable des réglementations, de la réduction des contrôles frontaliers et de la plus grande liberté qui en résulte pour étendre leur action au-delà des frontières et dans de nouvelles parties du monde. Ces contacts s'effectuent plus fréquemment et plus rapidement. Alors que la croissance du commerce légal est réglementée par l'application de politiques de contrôle des frontières, ainsi que par des agents des douanes et des systèmes bureaucratiques, les groupes de criminalité transnationale profitent librement des lacunes des systèmes juridiques nationaux pour étendre leur portée. Ils se rendent dans des régions dont ils ne peuvent être extradés, établissent leurs opérations dans des pays où l'application des lois est inefficace ou corrompue et blanchissent leurs capitaux dans des pays où règne le secret bancaire ou qui disposent de peu de mécanismes de contrôle efficaces. En répartissant ainsi leurs activités, les criminels et les terroristes tirent parti de la mondialisation, tout en agissant à moindre risque.
 

Le commerce mondial s'est énormément développé dans la deuxième moitié du XXe siècle. Les flux très importants de marchandises licites ont masqué une hausse des marchandises illicites. Il est très difficile de détecter les marchandises illicites parmi celles qui sont licites. Le pourcentage de porte-conteneurs dont la cargaison est vérifiée est très faible, ce qui facilite le trafic de drogue et d'armes et la contrebande. Il est ainsi possible de transférer de la drogue à bord d'un thonier, afin d'échapper à toute détection, et une société de production de miel peut servir à transférer des fonds et à générer des profits pour Al-Qaïda.
 

De nombreuses formes de criminalité mondialisée se sont accentuées au cours des dernières décennies. Le trafic de drogue a été le premier secteur d'activités illicites à maximiser ses profits à l'ère de la mondialisation. Les criminels ont tiré d'énormes bénéfices du trafic de drogues, et de nombreux terroristes en ont fait un important moyen de financement. Mais à mesure que la concurrence s'est intensifiée sur le marché de la drogue et que la répression de la communauté internationale s'est durcie, les bénéfices réalisés ont été réduits par la concurrence et l'accroissement des risques ; de nombreux criminels et terroristes se sont donc tournés vers d'autres formes de criminalité facilitées par la mondialisation de l'économie. Les criminels aussi bien que les terroristes ont par la suite tiré des profits financiers de l'augmentation du trafic d'armes et du commerce d'êtres humains. On a également observé une progression très importante du commerce illicite d'espèces protégées, de déchets toxiques, d'œuvres d'art et d'antiquités volées, de produits de contrefaçon et de la criminalité mondialisée liée aux cartes de crédit. Les groupes de criminalité organisée et les terroristes exploitent toutes ces activités, parfois même conjointement.
 

Un secteur de services de taille importante s'est également développé pour répondre aux besoins de toutes les formes de criminalité transnationale. Il s'agit notamment de pourvoyeurs de faux documents, de blanchisseurs d'argent et même d'experts de haut niveau qui fournissent des services juridiques, financiers et comptables aux deux groupes. Cette tendance se manifeste entre autres par le fait que l'établissement bancaire Riggs Bank de Washington, qui a compté parmi ses clients honnêtes des présidents américains et un grand nombre de membres des milieux diplomatiques internationaux, a été poursuivi en justice pour avoir blanchi des capitaux du dictateur de la Guinée équatoriale et facilité le transfert de fonds en direction de terroristes, ce qui lui a valu une amende de 25 millions de dollars. Cette affaire montre que les activités des criminels et terroristes ne restent pas toujours dans l'économie de l'ombre mais se mêlent souvent au système économique légitime. 

Que peut-on faire ?

Il faut que nous modifiions radicalement notre approche de la sécurité internationale. En s'accrochant à la distinction artificielle et dépassée selon laquelle les criminels seraient motivés seulement par le profit et les terroristes seulement par des convictions politiques ou religieuses, les décideurs, les forces de l'ordre et les stratèges militaires ne peuvent lutter efficacement contre le nouveau phénomène des réseaux criminels transnationaux.
 
Les États et les organisations multilatérales doivent abandonner leur conception de la sécurité datant de la guerre froide, selon laquelle les conflits entre États-nations constitueraient la principale menace pesant sur la sécurité internationale, laquelle pourrait donc être garantie par les États. Par exemple, une stratégie qui viserait à empêcher la prolifération d'armes de destruction massive en interdisant seulement l'accès aux matériaux nécessaires à leur fabrication serait certes brillante en théorie mais fatalement vouée à l'échec, car, s'ils ne remédient pas aux menaces supplémentaires que constituent la corruption généralisée et les activités des réseaux criminels et terroristes, les États risquent d'instaurer un sentiment factice de sécurité.

Pour combattre la conjonction de la criminalité, du terrorisme et de la corruption dans un contexte mondial, il faut également remédier aux conditions sociales, politiques et économiques qui suscitent et entretiennent ces trois fléaux. Tous sont liés à des problèmes structuraux ayant trait aux inégalités économiques entre pays, à des régimes autoritaires et au manque de perspectives de nombreuses régions du monde. Une solution viable consiste à reconnaître et à combattre le sentimental d'aliénation qui est à l'origine d'une grande partie des actes de terrorisme, notamment parmi les populations islamiques. La possibilité d'avoir un emploi et de gagner sa vie joue à cet égard un rôle crucial pour de nombreux habitants des pays en développement, afin que, par exemple, les agriculteurs afghans et latino-américains n'aient plus à cultiver de la drogue pour subvenir aux besoins de leur famille.

La criminalité est souvent considérée comme secondaire par rapport au terrorisme. Depuis le 11 septembre 2001, de nombreuses ressources auparavant consacrées à la lutte contre la criminalité transnationale ont été réaffectées à la lutte contre le terrorisme. Il pourrait s'agir là d'une grave erreur, entre autres pour l'armée et les services de renseignement. La lutte contre la criminalité n'est pas une question secondaire mais figure au cœur du combat à mener contre le terrorisme. Les terroristes qui ont posé des bombes dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 auraient pu en être empêchés si les autorités carcérales avaient fait attention au complot qui se tramait dans leurs établissements mêmes.
 
Les forces de police de Los Angeles, qui associent l'action de la police locale à celle des forces de l'ordre fédérales, constituent un exemple de stratégie efficace à cet égard. En faisant appel à la fois à des analyses d'experts et aux méthodes policières habituelles et en surveillant étroitement les activités criminelles au sein de leur communauté, les forces de police de Los Angeles ont brillamment réussi à déjouer d'éventuels complots terroristes et à tenir en échec des organisations qui financent et facilitent le terrorisme. En faisant preuve de coopération et en réduisant les obstacles bureaucratiques, la police de Los Angeles a pu combattre le terrorisme sans recourir à un quelconque mécanisme juridique particulier et sans porter atteinte aux droits prévus par la loi.

Si la menace que constituent les acteurs non étatiques comme les criminels et terroristes transnationaux continue de s'accentuer dans les décennies à venir, il faudra que la coopération internationale s'intensifie, que les lois soient mieux harmonisées et que les services de renseignements collaborent davantage. Nous devons cependant, dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique de lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme, respecter les droits de l'homme et éviter des mesures qui entraîneraient une plus grande radicalisation et favoriseraient le terrorisme. C'est en modifiant notre conception des criminels, des terroristes et de la corruption, qui doivent être perçus comme interdépendants, et du traitement que nous leur réservons, que nous parviendrons à empêcher que les bienfaits de la mondialisation soient exploités au détriment de la sécurité internationale.
 
  2007


Crime

De Wikiberal
Le crime désigne la catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou moins vaste suivant les pays et systèmes juridiques. Le terme provient du latin crimen, qui signifie en latin classique « accusation » ou « chef d'accusation » puis, en bas latin, « faute » ou « souillure ».
Le terme de crime a des sens différents en droit anglo-saxon et en droit français. Un homicide volontaire (meurtre), un assassinat (meurtre prémédité), ou un viol[1] sont des crimes. En droit de Common law, sont également des crimes le vol qualifié, les émeutes, les agressions sexuelles, les actes contraires aux bonnes mœurs, l'évasion fiscale, le parjure, etc. (de nombreux actes qui sont considérés comme des délits en droit continental).
 

Agression

De Wikiberal
Le terme d'agression désigne pour les libéraux le fait d'initier directement une violence (ou de menacer de le faire) à l'encontre d'un individu en visant soit son intégrité physique soit sa propriété, sans se préoccuper de son consentement. C'est donc le critère du consentement (relativement à un périmètre limité à notre propre corps et aux biens qui sont notre propriété personnelle) qui détermine s'il y a ou non agression.

Agression du point de vue libertarien

Pour les libertariens, la notion d'agression est très restrictive. Ne sont pas des agressions et donc ne donnent lieu à aucune violation du droit :
  • les insultes, la calomnie, la diffamation (conformité à la liberté d'expression, aucune violence physique ni atteinte à la propriété[1])
  • la rupture unilatérale d'un contrat (liberté d'action totale, moyennant des compensations prévues auparavant dans le contrat)
  • un échange de biens ou de services n'est pas une agression (les théories antilibérales de "l'échange inégal" sont absurdes : un échange a lieu parce que chacune des parties y trouve avantage, avantage qui n'est pas mesurable, car subjectif)
  • le plus souvent, le non-respect de la propriété intellectuelle n'est pas vu comme une agression ni un vol (hors contrat impliquant la personne concernée)
  • le licenciement d'un employé, le travail prétendument "mal payé", la concurrence "sauvage", le port d'armes, etc.
  • la publicité n'est pas une agression tant qu'elle n'impacte pas la propriété des personnes qu'elle cible et n'est pas trompeuse.
  • toute "agression" envers soi-même n'est jamais une agression au sens du droit, puisqu'il y a consentement (masochisme, suicide, don ou vente d'organes, grève de la faim, consommation de drogues, euthanasie...)
  • se défendre contre une agression n'est pas une agression (légitime défense)
Pour la plupart des libertariens, un grand nombre d'actions autorisées légalement, et qui sont uniquement le fait de l’État, sont en réalité des agressions :

Subjectivité et objectivité de l'agression

En accord avec le subjectivisme libéral (et en désaccord généralement avec le droit positif), une agression est seulement ce que la personne agressée définit comme "agression" (aspect subjectif), quand sa personne ou ses biens sont impactés par l'action d'autrui (c'est là l'aspect objectif). En effet, certaines actions jugées violentes ou dommageables par les uns (sado-masochisme, duel, travail "mal payé", euthanasie, etc.) peuvent être acceptées par ceux qui en sont apparemment les "victimes" : une condition nécessaire (mais non suffisante) à l'agression est l'absence de consentement.
La liste des conditions qui déterminent une agression peut donc s'établir ainsi :
  1. absence de consentement de la part de l’agressé (pas d’agression s’il y a consentement)
  2. impact dommageable démontrable sur la personne ou sur ses biens propres (l'agression ne doit pas être imaginaire ou subjective)
  3. existence d’un agresseur (la « nature » ou le « système capitaliste » ne sont pas des agresseurs)
  4. action positive de cet agresseur sur la personne ou sur ses biens propres (pas d’agression par inaction, par concurrence, par usage de la liberté d’expression, etc.)
  • Ce que signifie une agression violente est qu’une personne prend le contrôle de ce qui appartient à une autre sans son consentement. L’ingérence peut atteindre la propriété d’un homme sur sa propre personne (le cas d’une agression corporelle) ou sa propriété sur les choses comme dans le cas du vol ou de la violation de domicile. Dans un cas comme dans l’autre, l’agresseur impose sa volonté contre la propriété naturelle d’un autre, il prive sa victime de sa liberté d’action et du plein exercice de sa propriété naturelle de soi-même. 
  • (Murray Rothbard, L'Éthique de la liberté, chap. 8)


Coercition

De Wikiberal
La coercition est l'exercice de contraintes (le plus souvent d'origine étatique) pesant sur des individus et/ou leurs biens. De telles contraintes peuvent être justifiées d'un point de vue libéral pour assurer le respect du droit.

Point de vue libéral et libertarien

Pour certains libéraux, « la coercition a lieu lorsqu'on amène les actions d'un homme à servir la volonté d'un autre, non pour servir ses projets à lui, mais ceux de l'autre » (Friedrich Hayek). Cette acception pèche néanmoins par son imprécision. En effet, son sens est tellement extensif qu'il pourrait, par exemple, s'appliquer au publicitaire cherchant à persuader le consommateur potentiel des mérites d'un produit quelconque ou au séducteur baratinant une femme qu'il convoite.
C'est pourquoi les libertariens estiment plutôt qu'elle renvoie à toute action contraire au principe de non-agression (action qui consiste tant à employer la violence légale contre des individus innocents qu'à menacer de le faire).
En revanche, on ne peut appeler coercition ce qui découle de la nature des choses : les faits naturels, tels que la gravitation, la météorologie, ou le fait qu'il faille travailler pour vivre (rareté des biens). La révolte contre la nature, qui sous-tend plus ou moins inconsciemment les théories collectivistes, est une absurdité.
Du point de vue du droit, on pourrait parler de deux types de coercitions : la coercition (voire la violence) légitime, nécessaire pour assurer le plein exercice des droits individuels à l'encontre des personnes qui les violent, et la coercition illégitime :
«L’ennemie des libéraux n’est pas tant la coercition en soi que la coercition arbitraire, abusive et envahissante – celle qui bureaucratise toute une société en règlementant et réprimant là où libre initiative et libre association pourraient efficacement satisfaire besoins et aspirations des gens. D’une manière plus générale, la contrainte n’est pas davantage et ne saurait intrinsèquement être l’ennemie des libéraux, sauf à entretenir une conception bien sommaire et réductrice de la liberté. Si, dans une société ouverte, il y a logiquement bien moins de contraintes que dans une société close traditionnelle ou contemporaine (étatisée, collectivisée), celles-ci n’y disparaissent pas pour autant comme par enchantement. »
    — Alain Laurent
 

Terrorisme

De Wikiberal
Le terrorisme consiste en la pratique, par une personne, un groupe ou un État, de crimes violents destinés à produire sur leur cible (la population) un sentiment de terreur, souvent bien supérieur aux conséquences réelles de l'acte. Le terrorisme vise la population civile en général ou une de ses composantes, une institution ou les structures d'un État. L'objectif peut être d'imposer un système politique, de causer des destructions à un ennemi ou de déstabiliser une société, d'obtenir la satisfaction de revendications politiques, religieuses, racistes, séparatistes, etc.
Raymond Aron définit le terrorisme ainsi :
Une action violente est dénommée terrorisme lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques.
Partout et de tout temps, on observe que le terrorisme est le meilleur allié de l'accroissement de la coercition du pouvoir d'Etat ; il est d'autant plus nécessaire, en période de tension, de ne pas fléchir sur les principes de base des sociétés libérales.

Origine

Le mot terrorisme (ainsi que terroriste et terroriser) est apparu pour la première fois au XVIIIe siècle, durant la Révolution française, pendant le régime de la Terreur, lorsque le Comité de salut public dirigé par Robespierre exécutait ou emprisonnait toutes les personnes qui étaient considérées comme contre-révolutionnaires.
Le mot a plus tard évolué pour désigner aujourd'hui les actions violentes visant spécifiquement les populations civiles, faites dans le but de détruire, tuer et de mutiler. Les terroristes privilégient en effet les cibles civiles plutôt que les opposants armés.
Ces attaques ont pour but de promouvoir des messages à caractère politique ou religieux par la peur, ce qui différencie le terrorisme des actes de résistance visant à se libérer d'une occupation en détruisant les institutions politiques des occupants ou en assassinant ses représentants.

Les différents types de terrorisme

Il existe trois grands types de terrorisme :
  • le terrorisme individuel (nihiliste)
  • le terrorisme organisé (extrême-gauche, extrême-droite, islamisme)
  • le terrorisme d'État.
La terreur d'État a fait dans l'histoire beaucoup plus de victimes que la terreur d'en bas, celle du faible contre le fort.
Le premier épisode terroriste connu, rapporté par Flavius Josèphe, est celui des Zélotes, qui luttent en Palestine au Ier siècle après J.-C. contre l'occupant romain. La secte ismaïlienne des Assassins se fait connaître par ses actions violentes en Iran et en Syrie du XIe au XIIIe siècle. Autour de 1860, les mouvements nihilistes développent des actions terroristes en Russie.

Terrorisme intellectuel  

Le terrorisme intellectuel est la pratique qui, au moyen d'arguments et de procédés intellectuels (conformes en général à la liberté d'expression), vise à intimider pour empêcher la formulation d'idées gênantes. C'est une censure idéologique qui vise à empêcher de parler de tout ce qui ne rentre pas dans les grilles de l’idéologie, et qui sera dénoncé par le politiquement correct comme étant un dérapage. C'est un moyen de favoriser ses propres idées et donc soi-même en tant qu'incarnation de ces idées (intellectuel défendant son statut, parti visant la conquête du pouvoir). La politique est un des domaines privilégiés du terrorisme intellectuel, mais la culture, l'enseignement, etc. n'en sont pas exempts.
« Le terrorisme intellectuel, ce sont les moyens que mettent en œuvre ceux qui savent très bien qu'ils ont tort pour empêcher que les objections les atteignent. Ils n'ont pas d'autres méthodes. »
    — Jean-François Revel
« Qu'appelle-t-on terrorisme intellectuel ? Le fait de vouloir déconsidérer une personne qui exprime des opinions au lieu de les réfuter par des arguments. »
    — Jean-François Revel
« C'est un système totalitaire. Mais d'un totalitarisme patelin, hypocrite, insidieux. Il vise à ôter la parole au contradicteur, devenu une bête à abattre. À abattre sans que coule le sang : uniquement en laissant fuser des mots. Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent. »
    — Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel : De 1945 à nos jours, éd. Perrin, 2004
Parmi les procédés habituels qui sont au cœur du terrorisme intellectuel : l'emploi de la censure, de sophismes, le relativisme, le polylogisme (l'opinion ne compte pas, c'est la situation sociale de celui qui parle qui compte), la diabolisation, l'emploi de motvirus ("ultra-libéralisme", "néolibéralisme" ), les obstacles moraux au consentement, etc.
En France, il existe plusieurs procédés de terrorisme intellectuel utilisables facilement pour éviter tout débat :
  • le classique "point Godwin" qui consiste à mettre son adversaire sur le même plan que les Nazis (argument ad hominem utilisé quand l'adversaire est à bout de ressources) ;
  • spécifiquement français, le "point Poujade" permet de clore tout débat sur la fiscalité ou le rôle de l'État : "tu n'es qu'un égoïste ordinaire, tu veux seulement payer moins d'impôts" ;
  • le "point fasciste" est souvent une conséquence logique du "point Poujade" : "tu es contre la solidarité et pour le darwinisme social". George Orwell observait (déjà à l'époque du fascisme) que « le mot fascisme n’a plus aucun sens, si ce n’est dans la mesure où il recouvre quelque chose d’indésirable ».
  • le "point c-u-l" ("c'est ultralibéral") : quand les procédés précédents apparaissent trop datés et trop usés, l'accusation inusable d'"ultra-libéralisme" permet de qualifier l'adversaire d'extrémiste, comme si la liberté (confondue avec l'anomie) relevait d'une idéologie arbitraire, tolérable tant qu'elle ne serait pas "extrémiste".
Voir aussi La gauche en France.

 


Who Are the ‘Terrorists’?

by Murray N. Rothbard
by Murray N. Rothbard
First published in the Libertarian Party News, March/April 1986.
"Terrorism" has been made The Issue of the Year, for which Americans are expected to tighten their belts, pay countless billions in taxes so the U.S. government and its allies can arm to the teeth, and suffer an escalating repression of their liberties.
Yet who the terrorists are supposed to be remains vague and shadowy. Their only apparent common characteristic is that they are swarthy and foreign; no Nordics need apply.
The top villains seem to appear and disappear kaleidoscopically. A few years ago it was Colonel Khadafy; remember the sinister, swarthy, and "bearded Libyan hit men" supposedly sent to the U.S. to assassinate President Reagan? For that alleged act a partial embargo was imposed on Libyan trade. Yet, the "hit men" seemed to have vanished into the night, never to be heard from again.
After Khadafy had his day in the sun, the Bulgarian equivalent of the KGB had its time at the top, supposedly having engineered Mehmet Ali Agca’s attempt to assassinate Pope John Paul II.
The "Bulgarian connection," so highly touted by conservatives and neo-conservatives in this country, seems to have blown itself away on the sea of lies, contradictions, and lunacies in Agca’s testimony. The only sure quantity in Agca and his proven colleagues is that they are right-wing Turks, hardly fitting candidates for the current White House-U.S. Establishment hit list.
After the fading away of the Bulgarian evil empire, the Lebanese Shiites and their alleged mastermind, the Ayatollah Khomeini, had a long run as "Top Terrorist of the Month."
The U.S. Navy had their turn at shelling and destroying Shiite villages in Lebanon, but the Shiites proved a hardy bunch, and the idea of bombing the alleged Shiite training camp headquarters in the Bekaa Valley foundered in the realization that Syria was there, with anti-aircraft rockets, and with Russia and World War III looming in the background.
Then, suddenly, presto chango, and the dread Shiites seem to have disappeared as the top terrorists, to be replaced by… none other than Colonel Khadafy, back from his long rest.
The chain of evidence linking the Colonel to the recent airport bombings is even flimsier than the hysteria over the Khomeini and Bulgaria, and ranks up there with the disappearing Libyan hit men.
The airport bombings "look like the work" of Abu Nidal, head of the militant Palestinian Fatah Revolutionary Council. That takes care of that, even though no one is really sure that Nidal is still alive.
Having established the Nidal responsibility to its satisfaction, the U.S. government then tries to link Khadafy to Nidal. The claims of the White House and the CIA that they have secret evidence should be met with the same contempt as the alleged "secret knowledge" the CIA was supposed to have had on Vietnam. No person or group should be convicted on secret knowledge.
Even the U.S. admits that its evidence against Khadafy "wouldn’t stand up in court." But a basic tenet of both libertarian and Anglo-Saxon law is that everyone must be considered innocent until proven guilty; otherwise, retaliation or punishment would itself be open criminal aggression, in fact would be "terrorism." Why doesn’t such a standard apply also to Arabs, even if foreign, swarthy, and sometimes even bearded?
In truth, Khadafy is not even charged directly with masterminding or even financing Nidal or other terrorists. He is charged with allowing Nidal to have bases on Libyan territory, with "harboring" terrorists. An interesting charge. (Although even here, there is some evidence that the airport terrorists came from bases in Lebanon, not Libya. But who cares, right, so long as we kill some Arabs, any Arabs?) What does it mean?
In New York and other cities of the United States, hundreds of innocent men, women, and children are terrorized every day, in crimes called mugging. Should the United States government carpet-bomb New York City, destroying it for "harboring" terrorists, and for allowing them to use the city as a "base"? But, you might say, that would mean murdering masses of innocents? Sure, so why then is it OK for the United States government to shell Shiite villages, murdering the innocent, or for Israel to bomb Tunisia, killing 61 innocents, or for the United States to bomb Libya?
The U.S. and Israel say that they deplore having to kill innocents, but since they feel that they must "retaliate," and they can’t pinpoint the actual terrorists – in fact, they don’t know where the terrorists are or even who they are – therefore, they must do something, and killing the innocent becomes a regrettable necessity.
But how does such an argument differ from the U.S. government carpet-bombing New York City ("We must retaliate, and it is regrettable that we have to kill thousands, but we can’t pinpoint the SOB’s"). Or, for that matter, how does it differ from policemen trying to catch a criminal fleeing into a crowd, and simply machine-gunning the entire crowd?
To bring the case closer to home, there is some evidence that the Air India plane that blew up out of Canada was sabotaged by Sikh terrorists, and that those Sikhs were trained in a CIA training camp in Alabama. Would the Canadian, or Indian, government be justified in a bombing strike against the CIA base in Alabama, even at the regrettable cost of killing a few thousand Alabamans? If not, why not? Isn’t Alabama a "harborer" of Sikh terrorists?
Furthermore, every group in this struggle has grounds to believe that they are "retaliating": the Arabs believe that they are retaliating against Israeli aggressors and their backers in the United States.
The rule should be absolute: no "retaliation" is ever justified that injures or kills innocent people, and that means people who are not themselves active criminals. Anything else is an apologia for unremitting and unending mass murder; anything else is chaos and old night, and a justification for "anarchy" in the bad sense.
Everyone rightfully scorns Communists for holding a double moral standard, for holding that no acts are immoral so long as they advance their cause. But what about the egregious and flagrant double standard upheld every day by the American establishment: from the White House down to the major political parties and the media? If they did not hold such a double standard, they would be condemning the following flagrant acts of terrorism:
  • The CIA mining that damaged several neutral and peaceful vessels in Managua Harbor.
  • Acts of brutality by the Nicaraguan contras.
  • The U.S. government’s aggression in an invasion of Grenada.
  • The U.S. government’s flagrant war threats against Libya.
  • Reagan’s act of terrorism against U.S. citizens in Libya, by threatening them with jail sentences if they do not leave.
This last act has an interesting twist: these Americans, who have been peacefully let alone by the dread Libyan government, are supposedly being forced to leave Libya by the U.S. for "their own protection."
Struggling to wriggle out of this blatant double standard has been a major project of the favorite theoretician of the conservatives and neo-cons, Mrs. Jeanne Kirkpatrick, she who first made her mark with a sophistic distinction between "authoritarian" torture (good) and "totalitarian" torture (bad). Any sensible treatment of terrorism would define it as "aggression against innocent people."
First, Mrs. Kirkpatrick and her colleagues tried to redefine "terrorism" as such aggression by private groups, thereby letting the U.S. and Israeli governments off the hook.
But then, with escalating hysteria against Khomeini, Khadafy, Bulgaria, etc., the conservatives were forced to include "state-sponsored" or "state" terrorism in their lexicon.
Mrs. Kirkpatrick’s latest attempt to justify a double standard is that terrorists are evil because their "demands are unlimited" and random, whereas good guys make demands that are attainable and specific.
While the "unlimited" criterion might apply to the alleged airport bombings by Abu Nidal, they most emphatically do not apply to most previous terrorist acts, such as the Achille Lauro hijacking, since they have generally been linked to very specific demands for the release of Arab comrades from Israeli jails. Another sophistic attempt to whitewash U.S. and Israeli terrorist actions thus comes a cropper.
There also is a related double standard at work. So far, every bombing or assassination abroad is attributed to "terrorists"; while every similar occurrence within the United States – from the average mugging to the assassination of John F. Kennedy – is quickly assigned to the category of "lone nut," or, at the least, non-political.
Why a political murder should be considered somehow worse than a lone-nut or non-political one is itself a fascinating question. But the main point is that when a clearly political dynamiting or murder does take place within the borders of the United States – an area that the U.S. government should concern itself with far more than events 5000 miles away – no one seems to give much of a damn.
When one American, Leon Klinghoffer, was murdered on a hijacked Italian cruise liner, the New York media did not stop wailing about the deed for a solid month, and New York’s egregious Senator D’Amato actually proposed Klinghoffer for the Congressional Medal of Honor.
When one American, Alex Odeh, was murdered by the dynamiting of his Los Angeles office of the American-Arab Anti-Discrimination League, few kicked up a fuss. No media wailed day after day, no senator called for the granting to Odeh of the Congressional Medal of Honor. Why is that? Why the double standard?
Why is the murder of one American thousands of miles away treated so very differently from the murder of another right here at home? It would be interesting to see what moral theory Mrs. Kirkpatrick comes up with for that one.

Globalisation - Mondialisation 7/8 ( L'enseignement supérieur )

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


L'enseignement supérieur

De multiples influences mondiales affectent de nombreux aspects de notre vie quotidienne et donc nos stratégies pour faire face à ses défis. Dans les années 70, par exemple, on utilisait généralement des financements publics pour stimuler la croissance économique ; aujourd'hui l'investissement privé est plus important que l'aide étrangère et l'aide publique. Naguère, on faisait généralement reposer les décisions industrielles sur l'existence de fournisseurs situés à proximité et parlant la même langue ; aujourd'hui on prend ce genre de décisions en se fondant sur l'avantage comparatif mondial des divers acteurs. Une usine de construction d'ordinateurs peut être située à Nashville, dans le Tennessee, ou en Irlande du Nord ou en Malaisie ; une usine textile à Bangalore, en Inde, ou à Sonora, au Mexique et une exploitation agricole produisant des fruits d'hiver en Floride, au Chili, ou au Maroc.
 
L'évolution des ambitions nationales en matière d'éducation
L'enseignement supérieur, lui aussi, subit des influences mondiales. Aujourd'hui pratiquement tous les pays ont trois grandes ambitions dans ce domaine. D'abord, la demande d'accès à l'enseignement supérieur augmente partout dans le monde et le nombre des étudiants progresse rapidement. À la fin des années 60, la proportion des étudiants dans les jeunes de 18 à 22 ans ne dépassait 8 % dans aucun des pays d'Europe occidentale; aujourd'hui, elle n'est inférieure à 35 % dans aucun de ces pays. Partout dans le monde, le nombre d'inscrits progresse de 10 à 15 % par an, y compris dans les pays à revenu faible ou intermédiaire d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.
 
Résultat ? Il y a désormais peu de pays où l'enseignement supérieur soit réservé à une petite élite, c'est-à-dire où il concerne moins de 15 % de la classe d'âge des jeunes. L'enseignement supérieur est devenu un « enseignement de masse  ». L'Université nationale autonome du Mexique compte 269.000 inscrits, l'Université de Delhi 309.000 et l'Université anatolienne, en Turquie, en a plus d'un million. L'Université islamique Azad, en Iran, qui est peut-être la plus importante université privée du monde, accueille 850.000 étudiants sur 145 campus. Il nous faut réviser l'image traditionnelle que nous pouvons avoir des établissements d'enseignement supérieur comme des sortes de cloîtres, abrités des influences extérieures, consacrés à l'éducation d'une élite triée sur le volet. L'enseignement supérieur d'aujourd'hui est souvent impersonnel. Il y a de longues files d'attente pour accéder à des amphithéâtres vétustes et à des bibliothèques où manquent de nombreux livres ; on y voit des murs fissurés couverts de peintures écaillées et des robinets qui fuient. 

La seconde ambition de tout pays est d'améliorer la qualité de son enseignement supérieur. Or, les critères la définissant ont connu un bouleversement au cours de la dernière décennie. Pas d'enseignement supérieur de qualité aujourd'hui sans la modernité électronique que ce soit dans les salles de classe, les résidences universitaires, les bibliothèques, les laboratoires, ou les amphis. Les étudiants, en moyenne plus âgés, travaillent à temps partiel et vivent loin des campus. Les programmes de haute qualité ne se basent plus sur de bons manuels mais sur la disponibilité des informations les plus récentes, que leur source soit un document papier ou un fichier électronique. Les textes destinés aux étudiants sont scannés et mis à leur disposition sur le réseau de l'université. Les étudiants ont ainsi accès à toutes les informations dont ils ont besoin pour leurs études où qu'ils soient, même s'ils voyagent.
 
Les cours eux-mêmes ont évolué. Le cours n'est plus consacré à dispenser des informations aux étudiants, mais à l'analyse d'informations dont ils ont pris connaissance avant. L'internet et d'autres moyens électroniques ont transformé la bibliothèque universitaire, où professeurs et étudiants ont moins besoin de se rendre, et fait progresser son niveau. Celui-ci était naguère défini par le nombre de livres qu'elle possédait ; aujourd'hui il se définit par le volume d'informations auxquelles elle permet d'accéder. La différence est énorme. Toute bibliothèque universitaire de haute qualité a les moyens de faire partie de réseaux exclusifs où tout ce que chacun détient est mis en commun.
 
Ces réseaux sont internationaux : des bibliothèques universitaires d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord y adhèrent. L'accès à l'information est désormais le critère discriminant distinguant les bibliothèques excellentes des médiocres. Toutes les prestations universitaires, qu'il s'agisse de cours ou de documentation, sont disponibles au moyen d'équipements électroniques à haut débit. En fait, le débit offert par les équipements des universités fait désormais partie des critères permettant de les classer les unes par rapport aux autres (voir le tableau et le graphique). Les universités n'offrant qu'un faible débit ne peuvent prétendre être à la hauteur de celles qui offrent un haut débit.
 
Une troisième ambition commune à toutes les universités du monde est d'égaliser les chances de tous en offrant des bourses aux étudiants doués issus de milieux défavorisés. Beaucoup d'universités de haut niveau ont les moyens d'offrir une bourse à environ un étudiant sur trois, en sus de ce pourraient offrir les aides publiques.

Comment financer ces ambitions ?
L'addition de ces trois ambitions coûte cher et peu de pays sont en mesure de financer leurs universités uniquement sur fonds publics. Confrontées à l'augmentation spectaculaire du nombre des étudiants et à la montée des attentes en matière de qualité et d'équité, les autorités publiques sont dramatiquement démunies et risquent fort de le rester. C'est un problème mondial : comment l'enseignement supérieur peut-il parvenir à financer ses ambitions et maintenir son objectif traditionnel de service public ?
 
La question se pose aux établissements tant publics que privés. Les crédits versés par leur État aux universités publiques américaines, par exemple, ne représentent plus désormais que 15 à 20 % de leur budget de fonctionnement ; c'est à chaque université de s'organiser pour financer le reste, ce qui conduit à une très grande similitude des stratégies et des objectifs de gestion des universités de haute qualité, qu'elles soient publiques ou privées. Pour boucler leur budget, les universités ne peuvent, que je sache, agir que dans quatre directions :
  • elles peuvent tenter d'obtenir plus de leurs sources traditionnelles de recettes (par exemple en haussant les tarifs des droits d'inscription, en facturant des loyers pour les installations qu'elles mettent à disposition et en augmentant le recouvrement des frais généraux) ;
  • elles peuvent faire appel à de nouvelles sources de revenu (par exemple en faisant payer des droits de copyright sur leurs inventions ou investissant sur des marchés d'actions) ;
  • elles peuvent allouer leurs ressources actuelles de façon plus efficiente (par exemple en passant d'un financement par article à un financement global, en différenciant les salaires des enseignants, etc.) ;
  • enfin, elles peuvent éliminer des programmes ou services obsolètes (comme l'enseignement ménager).
Les choix dans tous ces domaines peuvent bien sûr susciter des controverses. Les universités de haute qualité non seulement parviennent à trouver des ressources, mais encore sont sages dans leur allocation et parviennent à préserver leur fonction de service public. Bien entendu, tous les établissements d'enseignement supérieur ne réussissent pas aussi bien à atteindre leurs objectifs financiers. Certains sont en retard, parce qu'ils n'ont pas encore pris conscience qu'une université qui veut rester à un haut niveau d'excellence doit impérativement prendre en main la gestion de ses finances.
 
Faut-il voir ce changement comme une évolution « mercantile » de l'enseignement supérieur ? Ou encore comme la mondialisation d'un « modèle américain » ? Je ne le pense pas. Personnellement, je vois cette nécessité d'accroître les ressources de l'enseignement supérieur comme résultant non pas d'une évolution mercantile mais d'une professionnalisation dans la légitime poursuite de l'excellence, non comme l'adoption d'un modèle américain mais comme la réussite d'un modèle universel que doit adopter toute université pour répondre à une difficulté universelle, l'incapacité des ressources publiques à financer l'enseignement supérieur. 

La cohésion sociale
Une autre tendance mondiale de l'enseignement supérieur mérite d'être mentionnée : c'est l'accroissement de son rôle dans la cohésion sociale du pays. Qu'il soit privé ou public, il peut favoriser ou non la coexistence pacifique des citoyens les uns avec les autres et avec ceux des pays voisins et permettre à ses diplômés d'être techniquement capables de répondre aux attentes du marché du travail.
 
Que leur objectif principal soit l'enseignement, la recherche ou la formation professionnelle, toutes les universités ont deux grands moyens pour favoriser la cohésion sociale de la population. Le premier est le contenu même de l'enseignement, qu'il porte sur l'histoire, la culture, la biologie, la physique, l'ingénierie ou l'écologie, et le professionnalisme avec lequel cet enseignement est dispensé. Les universités de qualité se définissent par leur ouverture aux textes et aux faits du monde entier, diffusés librement à tous les étudiants sur autant de sujets qu'il est possible. Aucune grande université ne restreint l'accès à l'information.
 
Le second moyen dont dispose une université de favoriser la cohésion sociale est son influence sur le comportement de ses étudiants et son adhésion à des normes professionnelles exigeantes. Cela passe par la manière dont elle décerne honnêtement et équitablement ses titres académiques, dont son corps professoral et son personnel affichent et respectent le code de conduite de l'institution et enfin dont elle favorise la libre discussion et respecte les opinions opposées. Plus une université va dans ce sens, plus il y a de chance que ses étudiants développent leurs qualités humaines tout en acquérant connaissances et compétences et qu'ils enrichissent leur sens social en développant leur aptitude à se dépasser pour servir le bien commun, leur tolérance et leur compréhension à l'égard des vues et opinions des autres.
 
Plus les universités enrichissent les qualités humaines et sociales de leurs étudiants, plus haute est leur qualité et plus elles renforcent la cohésion sociale de leur pays. À contrario, les universités où règne la corruption, où les diplômes et les décisions d'admission et d'accréditation peuvent être achetés, la menacent. Au lieu de susciter les bons comportements, elles façonnent des conduites néfastes pour l'avenir du pays. 

La lutte contre la corruption dans l'enseignement supérieur est aujourd'hui un problème mondial aux enjeux considérables. Dans l'Union européenne, le processus de Bologne permet aux États membres d'harmoniser leurs systèmes d'enseignement supérieur pour permettre la mobilité des étudiants et des professeurs. L'UNESCO, de son côté, a publié de nouvelles directives d'accréditation qui permettent aux universités de tous les pays du monde de comparer la qualité de leurs programmes. La volonté d'une université de qualité de se comparer aux autres semble souvent liée à sa capacité de démontrer qu'elle n'est pas corrompue.
 
La charge de la preuve repose sur l'université soumise à l'examen. Si elle ne peut pas prouver son honnêteté, ses étudiants subiront un handicap durable sur le marché du travail, tandis que les contribuables se demanderont si est justifiée la dépense publique consentie pour financer cette institution.
 
En somme, il y a un modèle d'enseignement supérieur qui « marche » de plus en plus et il s'applique à toutes les régions du monde. C'est le modèle dans lequel les établissements d'enseignement supérieur sont eux-mêmes capables de financer leurs propres objectifs. Il est de plus en plus évident que l'enseignement supérieur a un rôle unique à jouer dans la cohésion sociale d'une nation, mais ce rôle peut être négatif ou positif : négatif, il modèle un comportement non professionnel ; positif, il est à la hauteur des normes de conduite internationales.


Éducation

De Wikiberal
 
 L'éducation est l'ensemble des moyens permettant le développement des facultés physiques, morales et intellectuelles d'un être humain. Par extension, l'éducation désigne également les moyens mis en place pour permettre cet apprentissage. L’État, bien loin de ses obligations régaliennes, prétend se charger de l'éducation des enfants : l'Éducation Nationale a ainsi succédé, en France et dans d'autres pays, à la plus modeste Instruction Publique, ce que les libéraux considèrent comme une immixtion dans la sphère privée et familiale.

Position libérale

Pour certains libéraux, l'État a un rôle à jouer dans l'éducation, en permettant aux personnes issues des milieux les moins favorisés d'accéder à un niveau d'instruction qui dépend plus d'eux-mêmes que des ressources de leur famille. Cependant, et contrairement à la pratique répandue, cette participation de l'État ne se ferait pas par l'existence et le maintien d'établissements scolaires publics mais par une distribution de moyens directement auprès des personnes concernées - par exemple sous forme de chèque éducation, acceptés par certains établissements privés. C'est par exemple la position que défend Friedrich Hayek dans La Constitution de la liberté (Chap. 24) et dans Droit, législation et liberté (Chap. 14). Il écrit ainsi dans ce dernier ouvrage :
«Concernant l'éducation, l'argument primordial en faveur de son assistance par le gouvernement est que les enfants ne sont pas encore des citoyens responsables et ne peuvent être supposés capables de savoir ce dont ils ont besoin, ni ne possèdent de ressources qu'ils pourraient consacrer à l'acquisition du savoir. […] Ce raisonnement s'applique seulement aux enfants et mineurs. Mais il est complété par une autre considération qui s'applique aussi aux adultes, c'est que l'éducation peut éveiller en ceux qui la reçoivent des capacités dont ils n'avaient pas encore conscience. […] Qu'il y ait de solides arguments pour que le gouvernement finance au moins une instruction générale n'implique pas que cette éducation doive aussi être administrée par l'État, et encore moins qu'il doive en avoir le monopole »
    — Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté[1]'
Les libéraux sont en général opposés aux règlementations étatiques contraignantes qui aboutissent à l'absence de sélection au mérite (et, partant, à la dévalorisation des diplômes), au « collège unique », à la « carte scolaire » (interdiction de choisir son établissement), au monopole universitaire, à l'enseignement indifférencié, etc.

Position libertarienne

Pour les libertariens, il est injuste de forcer une personne, via l'impôt, à financer l'éducation d'autrui. L'enseignement est donc un service comme les autres, que des individus ou des entreprises vendent à des clients. S'il était appliqué, ce modèle aurait de nombreux avantages sur le plan de la qualité de l'enseignement. Outre les bénéfices tirés de la concurrence entre établissements scolaires et écoles de pédagogie, la délivrance des principaux diplômes ne serait plus un monopole, ce qui permettrait de valoriser de manière optimale les acquis des étudiants.
Le financement des études qui pourrait résulter de ce système est aussi supérieur à la formule de l'instruction publique gratuite. Ce marché, en plus d'intéresser les banques, pourrait voir fleurir les associations délivrant des bourses aux étudiants. Dans les deux cas, l'obtention de prêts serait soumise à la capacité des candidats à convaincre les prêteurs, et donc à fournir des résultats. Ce principe de responsabilisation favoriserait la réussite scolaire et permettrait aux plus méritants de poursuivre des études.
La conséquence directe montrerait l'inutilité voire le caractère nocif d'un ministère de l’Éducation Nationale, dont la mainmise idéologique et politique sur les jeunes esprits n'est pas le moindre défaut.
Pour certains libertariens, comme Murray Rothbard, l'école publique représente un réel danger pour la liberté, car elle repose sur des croyances d'un faux libéralisme issu du dix-neuvième siècle et par des auteurs utilitaristes comme Jeremy Bentham et des auteurs positivistes.
«Le libertarien, alors, se fondant sur la tradition libérale classique ancienne, ne doit pas seulement abandonner l'utilitarisme et le positivisme; il doit aussi abandonner cette tendance du culte de la démocratie et d'une haine irraisonnée envers le catholicisme qui le mène, entre autres défauts, vers la croissance d'un vaste fardeau d'étatisme et de tyrannie, l'école publique. »
    — Murray Rothbard, Conservatism and Freedom: A Libertarian Comment[2]

L'enseignement en France

Au XIXe siècle le monopole public a été graduellement réduit, le plus souvent par l'action des libéraux :
  • la loi Guizot libéralise l'enseignement primaire en 1832 ;
  • la loi Falloux, nommée d'après le catholique libéral Alfred de Falloux (1811-1886), libéralise l'enseignement secondaire en 1850 ;
  • la loi Dupanloup (1802-1878) libéralise l'enseignement supérieur en 1875.
En revanche, la fin du XXe siècle voit une régression sous l'influence des thèses égalitaristes : plan Langevin-Wallon (refus de la sélection, « justice à l'école »), collège unique, carte scolaire, etc. Le rapport du mathématicien Laurent Schwartz (1984), qui préconisait le retour à une certaine sélection, fut rejeté par les tout-puissants syndicats parce qu'il relevait du "principe fascisant de l’exclusion"...
Cet égalitarisme forcené conduit à la baisse continue du niveau des élèves, à la dévalorisation des diplômes et au découragement des enseignants. L'absence de toute sélection en est à la fois le symptôme et la cause :
« Nul ne soutiendrait que l'on peut devenir un bon skieur en se contentant de s'inscrire à une école de ski, sans effort musculaire dans l'application des instructions du moniteur. Mais l'effort intellectuel n'est plus considéré comme indispensable pour devenir un bon étudiant. Déplorer cette omission est devenu "réactionnaire". La "société" porterait seule la responsabilité du résultat des études. D'ailleurs on ne dit plus qu'un élève est paresseux, on dit qu'il est "en échec scolaire", fléau anonyme qui s'abat sur le malheureux comme la pluie ou la rougeole. »
    — Jean-François Revel, Le voleur dans la maison vide, Plon, 1997
On peut dire qu'au XXe siècle le monopole public a été renforcé. L'offre "privée" apparemment existante est presque toujours "sous contrat" avec l’État : les enseignants du soi-disant privé sont en fait payés par l’État et enseignent les programmes exigés par l’État. La "contractualisation" est parvenue à stériliser et neutraliser l’enseignement privé :
« Il n’existe pas de véritable choix éducatif en France, le privé n’étant que le délégataire du service public. »
    — Anne Coffinier

Citations

  • « Aujourd'hui, dans quel objet précis et bien déterminé frapperait-on tous les citoyens, comme une monnaie, à la même effigie ? Est-ce parce qu'ils se destinent tous à des carrières diverses ? Sur quoi se fonderait-on pour les jeter dans le même moule ?.... et qui tiendra le moule ? Question terrible, qui devrait nous faire réfléchir. Qui tiendra le moule ? S'il y a un moule (et le Baccalauréat en est un), chacun en voudra tenir le manche, M. Thiers, M. Parisis, M. Barthélemy Saint-Hilaire, moi, les rouges, les blancs, les bleus, les noirs. Il faudra donc se battre pour vider cette question préalable, qui renaîtra sans cesse. N'est-il pas plus simple de briser ce moule fatal, et de proclamer loyalement la Liberté ? »
        — Frédéric Bastiat[3]
  • « Une éducation générale et étatisée n'est qu'un appareil à façonner les gens pour qu'ils soient exactement semblables entre eux ; et le moule utilisé est celui qui plaît aux pouvoirs prépondérants dans le gouvernement, que ce soit un monarque, un clergé, une aristocratie, ou la majorité de la génération en cours, et dans la mesure où l'appareil est efficace et où il est réussi, il établit un despotisme sur les esprits qui, par une pente naturelle, conduit à un despotisme sur les corps. »
        — John Stuart Mill, De la liberté[4]
  • « L'Éducation Nationale se charge quant à elle de l'embrigadement des enfants. Cette structure tentaculaire est parfaite dans ce rôle. 99% des professeurs sont acquis corps et âme à la gauche la plus à gauche qui soit, et ils ont parfaitement conscience de leur place stratégique. Ils mettent donc la plus grande attention à diffuser des versions historiques remaniées, expurgées, triturées, afin que la vérité en cours au sein de l'État soit bien diffusée dans les générations suivantes. Si cette vérité venait à changer, le conditionnement reçu interdit toute lecture critique de la presse et les informations reçues sont automatiquement assimilées en lieu et place de l'ancienne vérité. »
        — Hervé Duray, L'État est une secte[5]
  • « Au lendemain de la guerre, en 1947, les communistes Langevin et Wallon proposèrent de réaliser en France l'école unique, creuset de l'homme nouveau socialiste. Repoussé par deux fois à la Chambre sous la IVe République, ce projet fut mis en œuvre, paradoxalement, par De Gaulle au début de la Ve. […] Dès cette date, l'Éducation ne fut plus nationale. Elle fut, de jure, cogérée par le ministère et les syndicats. De facto, elle fut gérée par les syndicats seuls, car les ministres passaient (et souvent sautaient), alors que les syndicats restaient. Je dis bien que l'Éducation « nationale » usurpe désormais ce qualificatif, car la nation, qui n'a d'autre organe d'expression que le suffrage universel, et d'autres représentants légitimes que le Parlement et le Gouvernement, n'eut plus jamais, de ce jour, son mot à dire dans la politique éducative du pays. »
        — Philippe Nemo, Une trop longue erreur[6]
  • « Comme on interdit à un employeur d'embaucher un enfant de moins de 16 ans, les élèves n'ont d'autre solution que de fuir l'école ou, s'ils sont contraints d'y aller par la force, de résister par la violence à un système scolaire qui les agresse. S'ils n'ont pas envie d'aller à l'école et que les employeurs légaux n'aient pas le droit de les embaucher, ils se tournent vers le marché noir et la délinquance. Que l'on supprime la scolarité obligatoire, que l'on autorise le travail des enfants en deçà de 16 ans, et ces maux disparaîtront comme par enchantement. […] Nous avons le problème classique d'un législateur qui se substitue aux individus et aux familles en croyant savoir mieux qu'eux-mêmes ce qui est bon pour eux. Ils sont alors surpris de voir la réaction de ces jeunes. Quand on utilise la violence pour forcer quelqu'un à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, il ne faut pas s'étonner des conséquences que cela engendre. »
        — Bertrand Lemennicier, Analyse marginale[7]
  • « La propagande nationalo-étatiste décrit la santé et l’éducation comme des « biens sociaux », c’est-à-dire le contraire d’un simple bien de consommation ou, pour employer un terme encore plus dénigré, une «  marchandise ». C’est ce qui justifierait la mainmise des bureaucrates sur ces secteurs, au profit de la collectivité tout entière. Comme lorsque les bureaucrates planifient les récoltes de patates, ce qui arrive en pratique est que les services de santé et d’éducation sont rationnés et qu’il faut se contenter de services moindres et de moins bonne qualité que ce que l’on souhaiterait obtenir. D’une réforme majeure à l’autre, ces secteurs sont presque constamment en crise. »
        — Martin Masse
  • « L'éducation, aussi bien que la charité, est devenue, chez la plupart des peuples de nos jours, une affaire nationale. L'État reçoit et souvent prend l'enfant des bras de sa mère pour le confier à ses agents ; c'est lui qui se charge d'inspirer à chaque génération des sentiments, et de lui fournir des idées. L'uniformité règne dans les études comme dans tout le reste ; la diversité, comme la liberté en disparaissent chaque jour. »
        — Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique[8]
  • « La transformation de l'instruction publique en éducation nationale est la plus fasciste de mes réformes. »
        — Benito Mussolini
  • « L'homme naît ignorant, mais pas stupide ; c'est l'éducation qui le rend stupide. »
        — Bertrand Russell
  • « Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance ! »
        — Derek Bok (humour)
  • « La fausse apparence donne l’impression que le but de l’éducation publique est de donner aux jeunes des connaissances et d’éveiller leur intelligence et, ainsi, de les rendre aptes à revêtir les devoirs de la citoyenneté de manière éclairée et indépendante. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Le but de l’éducation publique n’est pas d’éclairer du tout, c’est tout simplement de réduire autant d’individus que possible, au même niveau sécurisant [pour le gouvernement], d’élever et de former une citoyenneté standardisée, de brimer toute dissension et originalité. »
        — H. L. Mencken
  • « Aujourd'hui, un petit prof démago vous assure que votre cerveau n'a pas la capacité de penser, que vos sens ne perçoivent rien et que vous devez obéir aveuglément à la volonté toute-puissante de la Société, comme force surnaturelle. Mais il s'agit toujours du même numéro pour atteindre le même objectif : faire de vous une loque renonçant à croire que sa conscience ait une quelconque validité. »
        — Ayn Rand, La Grève
  • « La France est l’un des très rares pays développés où il soit interdit de créer une université privée : c’est le monopole absolu de l’État. Cela favorise la diffusion dominante d’une pensée largement étatique. »
        — Pascal Salin
  • « La devise de l'école post-moderne : "Pourquoi enseigner quelque chose plutôt que rien ?" »
        — Adrien Barrot, 2000
  • « De même qu'un apparatchik était jadis incapable fût-ce d'envisager que l'improductivité de l'agriculture soviétique pût provenir du système même de la collectivisation, ainsi les bureaucrates du ministère de l'Education Nationale ne peuvent pas concevoir que l'écroulement de l'école puisse être dû au traitement idéologique qu'ils lui infligent depuis trente ans. »
        — Jean-François Revel, La Grande Parade
  • « Le totalitarisme européen est une conséquence de la prééminence de la bureaucratie dans le domaine de l'éducation. Les universités ont frayé la route aux dictateurs. »
        — Ludwig von Mises, La Bureaucratie
  • « Dans les sociétés capitalistes, les méthodes d’éducation, qui sont basées sur la discipline et la contrainte, trahissent un « défaut dans la cuirasse ». En effet, comment inculquer à un enfant la valeur de l’initiative et du contrat – notions libérales par excellence – si l’on emploie pour cela des méthodes répressives ? Les sociétés communistes ne souffrent pas de telles contradictions. On veut que l’enfant apprenne à commander et à obéir, et les méthodes d’enseignement sont en parfait accord avec le but recherché. »
        — Thomas Szasz
  • « L'État, en proclamant la « liberté de l'enseignement », proclame simplement que quiconque enseigne comme le veut l'État ou plus exactement comme le veut le pouvoir de l'État est dans son droit. »
        — Max Stirner




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