août 22, 2021

La sécurité sociale, un Padirac sans nom (histoire)

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La sécu, au bord du gouffre depuis sa création.  Un fil à partir des archives du Figaro (@Le_Figaro) entre 1945 et 1949.

L’ordonnance du 4 octobre 1945 institue la sécurité sociale en remplacement des Assurance sociales (crées en 1928-1930). Et c'est le début des contestations...

Dès le premier jour, le 4 octobre 1945, un article du figaro souligne le déficit des Assurance sociale à la libération (1 milliard par an) et, constant un bénéfice prévu de 1,5 milliards pour 1945, pose la question : « Le gouffre est comblé. Le restera-t-il longtemps ? »


Si le Figaro s’inquiète déjà du déficit de la sécu, il s’inquiète également pour sa clientèle : les médecins. Le 12 octobre 1945, le Figaro s’insurge : les internes d’hôpitaux gagnent moins qu’une fille de salle !


Dans article du 3 novembre 1945, sans avoir mentionné l’ordonnance du 19 octobre qui précise le fonctionnement de la sécu, le Figaro constate que la sécurité sociale commencera à s’appliquer le 1er juillet 1946.


Il faut attendre le 14 décembre 1945 pour avoir l’avis du Figaro sur le fonctionnement de la sécu. La crainte, c’est le « joug administratif » qui inciterait les médecins à satisfaire les clients (plus de soins et d’arrêts maladie) plutôt qu’à satisfaire le contribuable devenu salarié, le plus souvent insatisfait de son salaire, le médecin aura tendance à glisser vers des pratiques dont la profession tout entière risquerait d’être atteinte. La profession baissera en moralité. Elle ne baissera pas moins en qualité. »  

 
 
Mais ce n’est pas tout, l’article se termine sur la thématique des effets pervers de l’administration : « on discerne à travers l’ordonnance du 19 octobre une arrière-pensée qui gâte les intentions humanitaires »
 

L’objectif serait de « remédier au déficit permanent de l’administration des assurances sociales. Notez bien la raison de ce déficit : 40 pour cent du budget annuel sont consacrés aux frais de gestion. […] L’employé de bureau coute à l’assuré deux fois plus cher que le médecin».
Le numéro du 10 février 1948 est l’occasion pour le Figaro de réaliser son bilan d’"Un an de sécurité sociale". Comme on pouvait s’y attendre, la sécu est une « ronde des milliards » peu glorieuse : les malades imaginaires mangent le pain des vieillards !


La sécu serait un organisme « hier énorme, aujourd’hui démesuré, demain fabuleux. A ce sommet de la pyramide, la misère humaine devient un monde de chiffres ». En l’absence de déficit de l’institution, la critique porte sur l’usager des fonds.
 

Le figaro joue l’assurance maladie contre la vieillesse : « […] on va enlever a des vieillards qui ont tout juste de quoi vivre très chichement des sommes qui vont payer des grippes et de rhumes de cerveaux des gens ordinairement valides et qui travaillent. »
 

Par ailleurs, « ce budget, tel qu’il est, représente pour l’économie à peine renaissante de la guerre un effroyable boulet ». On a déjà la critique du poids de la sécu pour les entreprises et l’économie… à deux doigts d’écrire un rapport pour libérer la croissance !
Le numéro du mercredi 11 février est peut-être le plus éloquent : pour le Figaro, la sécurité sociale est "Un montre à cinq pattes qui allaite et dévore ses enfants"!
 

 
"Le monstre allaite et dévore en même temps ses enfants, sans qu'il paraisse apporter toujours du discernement dans cette double opération."
 

Pour le Figaro la sécu ne fonctionne pas, ou au mieux très mal. Mais alors que faudrait-il faire ? Supprimer le remboursement des petits risques qui serait une incitation à l’abus et à la fraude. Comme c’est nouveau !
 

 
« […] dans certaines caisses 30% des dépenses pharmaceutiques représentent des vins toniques… Cet exemple le prouve, l’abus, comme d’ailleurs la fraude, porte surtout sur la petite et moyenne maladie. […] »

« C’est dans ce domaine qu’existe une réforme possible. Elle pourrait soulager l’économie d’un fardeau qui, finalement, retombe sur le consommateur, c’est-à-dire très souvent, sur le bénéficiaire apparent de la sécurité sociale. »
 
François Fillon avant l’heure : "M. Duris part du principe que les abus et la fraude portent surtout sur les petits accidents et sur les courtes et moyennes maladies, qui entrainent en même temps les plus gros frais de contrôle et d’administration."
 

"M. Duris envisage d’obtenir [une décongestion considérable] en décidant, purement et simplement que la Sécurité sociale ne paye pas de prestations au-dessous d’une certaine somme : 7.500 fr. par exemple."
Les critiques sont récurrentes, si bien qu’à l’été 1949 un débat est organisé à l’assemblée sur le principe même de la sécu. Le Figaro traite la question à travers le député Reynaud (droite) : « Il faut alléger les dépenses de cette organisation géante et mettre fin aux abus » !
 

Au milieu d’autres problèmes, le député explique que "Pour rétablir l’économie, il faut exporter". Or, nos prix sont trop élevés… à cause de la sécurité sociale. Il faut revoir l’organisation administrative trop lourde, les prestations trop généreuses et le contrôle inexistant !
 

Si le ministre SFIO du travail défend sur la plupart des points la sécurité sociale (notamment sur les frais de gestion particulièrement bas ; à 6%), il concède des retards de traitement administratifs et légitime l’intervention… de la mutualité !
 

Le 13 juillet 1949, alors que le débat à l’assemblée n’est pas terminé, le figaro donne le mot d’ordre pour les 100 années à venir :
 

« En réalité, il n’y a pas d’adversaire de la sécurité sociale. Il y a simplement des hommes qui voudraient qu’une telle institution fût mieux gérée, mieux organisée et surtout profondément réformée, ne serait qu’en ce qui concerne les petits risques ».
 


« Ni M. Pierre André, ni M. Paul Reynaud qui ont tour à tour réclamé des modifications de structure, à nos yeux indispensables, ne se sont posés, à aucun moment, en ennemis de la Sécurité sociale.
Mais la discussion avait pris un tour tel que toute critique, même la plus raisonnable, devenait aux yeux des partisans de l’« immobilisme » une attaque insupportable.
Nationaliser le rhume de cerveau, c’est avilir la carrière médicale, c’est aussi créer un climat de paresse, d’absentéisme, de laisser-aller contraire à tout effort de redressement.
On regrette que, sur ce point, la Chambre n’ait pas eu le courage de prendre les mesures que le bon sens imposait ».
Que retenir? Que dès sa création la sécurité sociale est attaquée par les forces réactionnaires et conservatrices. Que leur rhétorique est la même qu’aujourd’hui: le déficit, le gaspillage, les abus, l’immobilisme, le courage, le petit risque, la concurrence internationale, etc.
Mais qu’est ce qui a changé ? Serions-nous plus pauvres en 2021 qu’en 1945-1949 ? Non, et il suffit de lire les mêmes journaux pour s’apercevoir que l’époque est plus dure qu’aujourd’hui : coupures de courant, pénurie de charbon et d’essence, rationnement du pain, etc.
 



Recherches effectuées par: 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Économiste (Ass. prof.) - Université Paris 13 - CEPN ; Santé, sécurité sociale, capitalisme ; urlz.fr/f89E@evan_bertin
 
 Voici le lien : gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3 Il faut ensuite choisir la date qui convient.
 

août 17, 2021

Afghanes news !!

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 Tout esprit profond a besoin d'un masque. Je dirai plus encore : autour de tout esprit profond, grandit et se développe sans cesse un masque, grâce à l'interprétation toujours fausse de chacune de ses paroles, du moindre signe de vie qu'il donne. 

Friedrich Nietzsche


 






















Sur la seule année 2018, 10% des demandes d’asile étaient déposées par des afghans, soit plus de 9.000 personnes.
 

 
Afghanistan's central bank, da Afghanistan Bank, holds 703,005 ounces of gold, all deposited at the Federal Reserve Bank of New York. That's worth US$1.25 billion. It's a safe guess that with the Taliban taking over this gold will be frozen. Source: dab.gov.af/sites/default/
 

juillet 24, 2021

Hans-Hermann Hoppe : L' État et son coronavirus !!

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Thomas Jacob : Professeur Hoppe, vous êtes connu comme un critique de l’État et de la centralisation politique. Le coronavirus ne prouve-t-il pas que les États centralisés et les réglementations du gouvernement central sont nécessaires ?

Hans-Hermann Hoppe

Certes, les différents États centraux et organisations internationales, comme l’Union Européenne (U.E.) ou l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), ont essayé d’utiliser la pandémie dite « Covid-19 » à leur propre avantage, c’est-à-dire pour étendre leur pouvoir sur leurs sujets respectifs ; et pour tester jusqu’à quel point elles pouvaient régenter les autres personnes face à une menace d’épidémie mondiale d’abord vague, puis systématiquement dramatisée. Et la mesure dans laquelle cela a réussi, au point d’en arriver à une assignation à résidence généralisée, est effrayante.

Mais si le cours des événements actuels a bien montré quelque chose, ce n’est pas la nécessité ou l’efficacité des autorités et des décisions centrales, mais à l’inverse l’importance cruciale des décisions et des décideurs décentralisés.

Le danger émanant d’une épidémie n’est jamais le même partout, pour tous, au même moment. La situation en France est différente de celle de l’Allemagne ou du Congo, et les conditions en Chine ne sont pas les mêmes qu’au Japon. Même au sein des différents pays, le niveau de menace diffère d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre, entre les zones urbaines et rurales, en fonction de la composition démographique et culturelle de la population. En outre, il existe une multitude d’analyses et de recommandations contradictoires concernant ce qu’il faut faire ou ne pas faire face à cette menace, défendues par des « experts scientifiques » tout aussi « accrédités » les uns que les autres. Par conséquent, toute mesure centralisée, à l’échelle nationale (dans les cas extrêmes, mondiale), destinée à écarter le danger – un modèle à « taille unique » – doit dès le départ être considéré comme absurde et inappropriée.

Au vu de cette situation, il était tout à fait naturel qu’en plus des représentants des gouvernements centraux, divers dirigeants provinciaux et locaux s’impliquent rapidement et de plus en plus dans la prévention des risques. L’épidémie leur a offert l’occasion idéale de se démarquer de l’État central et de ses représentants, et d’élargir leur propre sphère de pouvoir. Ils ont ignoré, exacerbé, atténué, retardé, ou autrement modifié les mesures de leur gouvernement central pour leurs régions respectives. Toujours en tenant compte de l’opinion publique ou plutôt de l’opinion publiée, et souvent portés par l’espoir de pouvoir éventuellement accéder à la fonction de dictateur central en devenant un dictateur régional admiré par son peuple.

Malgré certaines améliorations dans la maîtrise des risques que cette décentralisation des décisions a permis d’apporter, et malgré le fait qu’une variété de régions différentes avec leurs traitements différenciés permette d’apprendre systématiquement des erreurs passées, la performance globale des États et des décideurs étatiques dans la gestion de l’épidémie a été absolument épouvantable. Comme dans tous les autres domaines, l’État échoue spectaculairement, et c’est particulièrement marquant en ce qui concerne la santé publique et la prévention des maladies. En fait, comme les événements actuels le montrent de plus en plus clairement, l’État tue ou rend malades plus de personnes grâce à ses mesures de protection qu’il ne guérit ou ne protège de la mort.

TJ : Les politiciens sont-ils tout simplement stupides ?

Il est certain que les politiciens dans leur ensemble ne brillent pas par leur esprit. Et le souci du « bien commun » qui les unit tous en tant qu’hommes politiques, c’est-à-dire leur prétention à vouloir et à pouvoir aider d’autres personnes (voire l’humanité entière) à connaître plus de bonheur et de prospérité, doit être considéré comme suspect dès le départ. Mais la véritable raison de l’échec de l’action politique en général, et en particulier dans le traitement des maladies infectieuses, est plus profonde et de nature structurelle.

La raison profonde et structurelle est que les décideurs politiques, qu’ils soient centraux ou régionaux, « ne jouent pas leur peau » comme on dit aujourd’hui dans le langage familier, lorsqu’ils prennent des décisions. En d’autres termes, ils sont largement libérés du risque d’éventuelles mauvaises décisions, de pertes et de coûts éventuels. Ils n’ont pas besoin de réfléchir longuement aux conséquences et aux effets secondaires de leurs actions, mais peuvent prendre des décisions « spontanées » car ils ne sont pas personnellement responsables des conséquences de leurs décisions. En général, ils peuvent faire éponger par d’autres les coûts de leurs actions. C’est la raison profonde pour laquelle la stupidité et la mantra du bien commun – surtout lorsqu’elles sont combinées – deviennent un danger et favorisent systématiquement l’irresponsabilité, l’arbitraire et la mégalomanie.

Prenons, par exemple, le coronavirus : pourquoi ne pas, face à une maladie infectieuse, recourir à des moyens « audacieux » tels que l’interdiction de sortir et de voir des gens, l’assignation à résidence, la fermeture d’entreprises, l’interdiction de travailler et de produire, etc., si l’on ne subit pas de perte directe de revenus en conséquence ? La raison est que, comme pour tous les décideurs politiques et les soi-disant fonctionnaires, leurs propres revenus ne proviennent pas d’un emploi productif rémunéré, mais sont financés par les impôts, c’est-à-dire par des prélèvements obligatoires, et sont donc assurés à court et moyen terme. Et pourquoi devrait-on se préoccuper autant des effets secondaires et des conséquences indirectes et à long terme de ses propres actions, si l’on ne peut être personnellement accusé, tenu responsable et redevable de dommages ? Pour justifier ses propres actions « audacieuses » on peut invoquer un nombre restreint, mais astucieusement gonflé, de personnes supposées avoir été sauvées d’une maladie grave, voire de la mort, en pourcentage de la population totale, tout en ignorant simplement les conséquences d’un confinement, c’est-à-dire le fait qu’un nombre bien plus important de personnes connaîtront des difficultés économiques à la suite de ces mesures et, par conséquent, tomberont indirectement malades et peut-être même finalement mourront.

En fait, au début, il semblait que les décideurs politiques ne savaient pas du tout (ou ne voulaient pas savoir) que même les « opérations de sauvetage », quelque bien intentionnées qu’elles soient, ne sont pas, et ne peuvent pas être, gratuites. Du fait qu’elles sont des opérations de sauvetage, elles ont plutôt été présentées comme « n’ayant pas d’alternative ». Lorsque les effets secondaires sont devenus plus évidents et ne pouvaient plus être niés, ils ont affirmé que leurs décisions concernaient le compromis entre « la santé » et « l’économie ». Et pour eux, bien-pensants qu’ils sont, la vie humaine doit toujours avoir la priorité absolue sur toutes les considérations économiques.

Il y a une idée élémentaire à laquelle les « puissances en place » se sont montrées incapables d’arriver, ou n’ont pas voulu arriver. Et c’est qu’une telle dichotomie n’existe pas du tout. Au contraire, une économie prospère est la base de la sauvegarde de l’homme et de la préservation de sa santé en particulier. Ce sont donc d’abord les régions, les segments de population et les personnes les plus pauvres qui sont le plus gravement touchés par un confinement (notamment en ce qui concerne leur santé). On voit mal comment cette idée élémentaire pourrait être compatible avec la position adoptée par tous les décideurs politiques, qui consiste à être le sauveteur audacieux dans la plus grande urgence.

Et lorsque, enfin, au vu de l’ampleur réelle de l’appauvrissement de la société résultant des interdictions de contact, de production et de vente imposées par l’État, des fermetures d’entreprises, des expropriations, des banqueroutes, du chômage, du chômage partiel, etc., même l’argument naïf de sauver des vies ne tenait plus et que la position des politiciens en tant que sauveurs tout-puissants sonnait de plus en plus creux, voire hypocrite, ils ont soutenu que les pertes subies du fait de leurs mesures seraient compensées de la meilleure façon possible, comme une évidence. D’une certaine manière, cela ferait d’eux un double sauveur : le sauveur d’un sauveteur en détresse. ― Et cet exploit a été accompli en augmentant massivement la masse monétaire. La compensation des pertes ou l’indemnisation a eu lieu simplement en créant à partir de rien une nouvelle quantité de papier-monnaie imprimée par l’État, produite à un coût pratiquement nul.

Cette procédure ne coûte rien aux décideurs politiques et elle met entre leurs mains, ce qu’ils accueillent toujours avec grand plaisir, une enveloppe d’argent supplémentaire, dont l’affectation leur permet de se présenter immédiatement comme des bienfaiteurs venant à la rescousse. Entre-temps, les effets indésirables de cette masse monétaire augmentent, en ce sens que la perte de pouvoir d’achat de l’unité monétaire et l’augmentation du service de la dette future qui en résultent sont dissimulés et imposés à d’autres personnes ou socialisés. L’ensemble de la manœuvre ressemble à l’exemple célèbre du pyromane qui agit ensuite comme un pompier en éteignant la maison qu’il a mise en feu, et devient un héros célèbre dans la foulée. La seule différence est que l’État, en augmentant la somme d’argent, socialise également les coûts d’extinction de l’incendie de la maison qu’il a mise en feu.

Mais – et c’est probablement la chose la plus effrayante de tout l’épisode du coronavirus – l’État n’est pas tenu comptable de son impudence cynique. Certes, il y a ici ou là une résistance au confinement, et plus il dure, plus la résistance s’accroît. Mais la majorité des décideurs politiques sont encore considérés comme des sauveurs héroïques plutôt que comme des pyromanes. Et, ce faisant, l’État et ses représentants ont utilisé l’idée du risque d’être infecté, qui a été systématiquement mise en avant, pour étendre leurs propres pouvoirs à un niveau jamais vu auparavant, du moins en temps de paix. Ceci inclut la suspension de tous les droits et libertés de propriété, et une restriction presque totale de la liberté de mouvement des personnes jusqu’à l’intérieur des ménages privés – et tout cela au nom de la lutte contre l’infection et de la santé publique.

À mon avis, le degré d’asservissement à la politique qui s’exprime dans cette évolution est très inquiétant.

TJ : Comment le problème d’une pandémie serait-il résolu sans réglementation gouvernementale, dans une Société de Droit Privé ?

Dans une Société de Droit Privé, toutes les terres, chaque centimètre carré, sont privées. Tous les appartements, maisons, colonies, routes, voies navigables, ports maritimes et aéroports, usines, bureaux, écoles, hôpitaux, etc., ont un propriétaire privé. Ce propriétaire est soit un individu, soit un groupe d’individus, une association privée, chacun ayant son propre règlement intérieur, sa structure organisationnelle et ses règles et procédures internes de prise de décision.

On obtient ainsi, contrairement à tout centralisme politique, un maximum de décisions décentralisées et, en même temps, un maximum de responsabilités et d’actions responsables. Chaque décision est la décision d’une personne ou d’une association particulière en ce qui concerne sa (et seulement sa) propriété privée. Et chaque décideur est responsable ou couvre les coûts et les frais consécutifs à ses décisions ou à ses mauvaises décisions avec ses propres biens.

Pour le problème spécifique de la gestion d’une pandémie, cela signifie que, tout comme le problème de l’immigration, dont l’urgence est actuellement occultée par le coronavirus, la question qui se pose face à une pandémie est simplement « qui je laisse entrer et qui je refoule » ou « qui je visite et qui j’évite ». Plus précisément : chaque propriétaire privé ou association de propriétaires doit décider, sur la base de sa propre évaluation des risques de maladie infectieuse concernant sa propriété, qui il autorise à entrer sur sa propriété, quand et dans quelles conditions, et qui il interdit. Et, en particulier dans le cas de biens à usage commercial, cette décision peut inclure et inclura ses propres mesures préventives qui visent à faciliter l’accès des visiteurs ou des clients en leur faisant sentir que le risque est réduit ou minimisé. Et inversement, les visiteurs ou clients peuvent également prendre des mesures de précaution de leur côté pour obtenir un accès facilité à divers hôtes potentiels. Le résultat de ces multiples décisions individuelles est un réseau complexe de règles d’accès et de visite.

Toutes les rencontres ou réunions de personnes ont lieu de manière volontaire et délibérée. Elles ont lieu dans chaque cas parce que l’hôte et le visiteur considèrent que le bénéfice de leur rencontre est plus grand que le risque d’une éventuelle contagion infectieuse qui en résulterait. Par conséquent, ni l’hôte ni le visiteur n’ont de droits de responsabilité réciproque, si une infection se produit effectivement à la suite de leur rencontre. Ce risque (y compris les éventuels frais d’hospitalisation, etc.) doit être supporté par chaque partie uniquement. Dans ce cas, des compensations de responsabilité civile ne peuvent être réclamées que si, par exemple, l’hôte a délibérément trompé ses visiteurs sur ses propres mesures de prévention ou si le visiteur a délibérément et intentionnellement violé les conditions d’entrée de l’hôte.

Mais même sans aucune tromperie, les décisions des hôtes et des visiteurs ne sont jamais gratuites. Toute mesure préventive ou de précaution implique un coût supplémentaire qui doit avoir une justification claire, que ce soit par la perspective de profits supplémentaires ou de pertes réduites, ou par une acceptation accrue ou un rejet réduit de la part des visiteurs potentiels. Et, en particulier, chaque décideur privé doit également supporter les coûts d’éventuelles mauvaises décisions à cet égard ; c’est-à-dire si les attentes ne sont pas satisfaites, voire se transforment en un phénomène inverse : si les mesures de défense et de précaution supposées sont non seulement inefficaces, mais s’avèrent contre-productives et augmentent même le risque d’infection global, que ce soit celui des hôtes ou des invités, au lieu de le réduire.

Il s’agit de coûts considérables qui sont à la charge d’un décideur privé et qui pourraient encore être les siens face à une épidémie. Son existence économique et son environnement social intime peuvent en être chamboulés. Dans cette perspective, il réfléchira à sa décision de manière approfondie, et ce d’autant plus qu’il a ou entretient plus de biens et plus de relations amicales. Il doit être rapidement préparé, souvent presque « que ça lui plaise ou non », à tirer les leçons de ses propres erreurs et à corriger ses décisions antérieures afin d’éviter de nouveaux coûts économiques ou sociaux.

Par conséquent, comme pour tous les autres problèmes ou risques – réels ou perçus –, il en va de même pour les maladies infectieuses et les épidémies. Le meilleur moyen – le plus rentable et le plus efficace – de minimiser les dommages liés à une épidémie est de décentraliser la prise de décision au niveau des propriétaires privés ou des associations de propriétaires. En effet, comme mentionné ci-dessus, le danger posé par une épidémie varie en fonction des lieux et des moments et est compris comme tel. Et, en général, il n’existe pas de réponse scientifique unique, définitive et sans ambiguïté pour évaluer le risque d’une maladie infectieuse. Il s’agit plutôt d’une question empirique, et les réponses à ces questions ne sont, en principe, toujours que des réponses hypothétiques et provisoires, qui peuvent très bien différer et changer de manière significative d’un scientifique à l’autre, et des représentants d’une discipline scientifique (par exemple les virologues) à ceux d’une autre discipline (par exemple les économistes), ainsi qu’au fil du temps.

Dans ce contexte, il semble presque évident que les décisions relatives aux mesures de défense appropriées doivent être prises par des décideurs locaux connaissant leurs conditions locales respectives. Et il devrait être tout aussi évident que ces décideurs locaux doivent être des propriétaires privés ou des associations de propriétaires. Car eux seuls sont responsables de leurs décisions et de la sélection des experts sur lesquels se fondent leurs décisions. Et eux seuls ont donc une incitation immédiate à tirer les leçons de leurs propres erreurs ou de celles des autres et à reproduire ou imiter les succès, qu’ils soient les leurs ou ceux des autres, afin d’aborder ainsi une solution au problème étape par étape.

Il convient également de mentionner que dans cet environnement de décideurs privés qui se font concurrence pour résoudre le problème, il y a toujours un nombre considérable de personnes ou de groupes de personnes, bien plus important en tout cas que le nombre des gangs de politiciens réunis dans les parlements et les gouvernements, qui sont supérieurs à ceux-ci (ces derniers) à tous les égards pertinents imaginables : en termes de richesse d’expérience, d’intelligence, de succès entrepreneurial ou de qualifications professionnelles et scientifiques, de performances et de jugement.

Par contraste, s’attendre à ce qu’une solution rapide et indolore au problème des maladies infectieuses soit apportée par, de toutes les personnes, les hommes politiques et leurs courtisans intellectuels – c’est-à-dire par des gens qui prennent des décisions concernant l’utilisation de la propriété et la liberté de mouvement d’un grand nombre de personnes totalement inconnues d’elles-mêmes, sans avoir aucune connaissance des circonstances locales, par des gens qui n’assument pas ou ne sont pas soumises à une quelconque responsabilité ou obligation de rendre compte à d’autres de leurs décisions, et par des personnes qui, en outre, ne sont pas particulièrement brillants non plus – signifie que nous devons littéralement croire aux miracles.

TJ : Pouvez-vous donner un exemple de ce qui se serait passé différemment dans une Société de Droit Privé par rapport à la gestion politique actuelle du virus Corona ? Et comment ?

En bref : Corona n’aurait pas été une pandémie.

Ceci ne signifie pas que le virus n’existe pas, ou qu’il n’est pas contagieux ni dangereux. Cela signifie plutôt que le danger d’infection émanant réellement du coronavirus est si faible qu’il n’aurait pas été perçu comme tel par la plupart des gens (surtout les plus intelligents !) et n’aurait donc pas déclenché de changements significatifs dans leur comportement. Et partout où une augmentation sensible des infections ou des décès devait être enregistrée (par exemple dans les maisons de retraite, les hôpitaux, etc.), cette augmentation aurait été perçue comme un phénomène relativement normal, fluctuant ou variant selon les saisons ou les régions, comme par exemple une grosse épidémie de grippe, à laquelle on réagit avec les mesures de précaution habituelles. En d’autres termes, tous les événements et développements liés à la santé auraient été dans la fourchette normale. Il n’y avait et n’y a toujours pas d’état d’urgence marqué par des hôpitaux ou des unités de soins intensifs surpeuplés de tous côtés, avec des patients gravement malades ou des morts partout, dans l’entourage immédiat de chacun, ou même allongés dans la rue, susceptible de justifier un changement fondamental de mode de vie. La vie aurait continué, dans l’ensemble, comme avant. Pas de raison de paniquer et de déclarer une urgence sanitaire mondiale.

En fait, le nombre total de décès en Allemagne, en Autriche ou en Suisse, par exemple, en 2020 n’a en aucun cas augmenté de la manière spectaculaire qu’on aurait pu anticiper compte tenu des décrets d’urgence politique sans précédent de cette année. Elle se situe plutôt dans la fourchette de fluctuation des années passées. Si l’on prend en compte l’augmentation globale de la population et le vieillissement croissant de la structure démographique, il y a même des années où le nombre de décès a été plus élevé, mais jamais auparavant les gens n’ont eu recours à des « mesures de sauvetage » aussi drastiques et draconiennes qu’aujourd’hui. Et même en cas de surmortalité, il n’est pas du tout clair que celle-ci soit due au virus Corona ou qu’elle ait des causes entièrement différentes, comme les conséquences du confinement. Ce n’est donc pas le Corona qui a changé le monde, mais les politiciens qui ont utilisé Corona comme excuse pour changer le monde à leur avantage.

La déviation radicale – économiquement ruineuse – par rapport au cours normal des événements qui se produit actuellement n’est pas due à un changement fondamental dans le monde des faits ou de la science. Ni les faits ni la science ne permettent de justifier une « nouvelle normalité » ou une « grande remise à zéro » (Great Reset) à l’échelle mondiale. Elles sont le résultat de machinations délibérées de la part des élites politiques pour élargir leur propre base de pouvoir par le biais de mensonges et d’escroqueries, de désinformation, de tromperie, et d’une propagande continue d’une ampleur jusqu’alors inconnue et inédite.

Ces machinations malhonnêtes consistaient notamment à gonfler systématiquement le nombre de décès dits « Corona » en comptabilisant comme décès Corona tout décès dans lequel le virus pouvait être détecté au moment de la mort, indépendamment du fait qu’il ait ou non une relation de causalité avec le décès. Même une personne infectée par le coronavirus morte dans un accident de voiture fut classée comme morte du coronavirus. Des hôpitaux, et même des régions entières, ont même reçu des subventions pour les décès attribués au coronavirus, alors qu’ils sont restés les poches vides pour les décès normaux, ce qui a naturellement conduit à des transferts correspondants. De plus, on a délibérément évité de relier même ce nombre scandaleusement gonflé de décès par coronavirus au nombre total beaucoup plus élevé de décès. En effet, une vision proportionnelle aurait permis de relativiser clairement le danger du coronavirus et il n’aurait pas semblé si grave. Ils se sont donc focalisés de manière rigide et obstinée sur les chiffres absolus, car ceux-ci sont plus effrayants. Et ils ont aussi délibérément évité de faire état des dommages collatéraux mortels du confinement: le nombre de personnes qui sont mortes parce que les hôpitaux n’étaient temporairement ouverts qu’aux patients de la Corona, le nombre de suicides de personnes économiquement ruinées, ou le nombre de personnes âgées qui sont mortes de solitude forcée.

Mais la tromperie la plus audacieuse et la plus importante a été de changer fondamentalement la définition du « danger », de le redéfinir et, par conséquent, de l’amplifier ou de le faire paraître amplifié. La maladie et le danger de maladie sont généralement et habituellement définis par la présence de certains symptômes. Si une personne ne présente aucun symptôme de maladie, alors, de son point de vue, il n’y a pas de problème de santé. Au lieu de cela, les décideurs politiques ont imposé une nouvelle définition du danger, et en ont fait la base de leur prise de décision. Cette définition mesure le danger non pas par la présence de symptômes, mais par le résultat d’un test dit « coronavirus » (RT-PCR). Le danger se mesure par le nombre absolu de personnes dont le test de dépistage de ce virus est positif ; donc plus on fait de tests, plus on trouve de cas positifs, et ce nombre est ensuite jour après jour, indéfiniment, martelé dans nos têtes et diffusé de manière tapageuse.

Le test lui-même n’est pas fiable, avec des résultats qui sont souvent faussement positifs ou faussement négatifs. Mais surtout, le résultat du test n’a pratiquement aucune valeur pour prédire les symptômes de la maladie ou sa progression. L’écrasante majorité, estimée à 80 %, des personnes dont le test de dépistage du coronavirus est positif sont asymptomatiques, et le risque d’infection par ces personnes est, à notre connaissance, proche de zéro, voire exactement nul. Sans ce test, ils ne sauraient rien du danger et ne le sauraient jamais (et ils éviteraient tout le stress lié aux tests de masse actuels, un stress qui est lui-même mauvais pour la santé).

Dans environ 15 % des cas, il s’agit d’une infection plus grave, pouvant aller jusqu’à l’alitement. Et dans seulement 5 % des cas environ, généralement en rapport avec une détresse respiratoire grave, un traitement médical intensif est nécessaire. – En résumé, si l’on en croit les chiffres du Center for Disease Control (C.D.C. américain : Centre pour le Contrôle des Maladies), qui est financé par le gouvernement et dont toute la raison d’être repose sur l’existence de maladies infectieuses et d’agents pathogènes, et qu’il est donc difficile de classer dans le camp des « négationnistes du coronavirus » ou des sceptiques, le tableau suivant, peu effrayant, se dessine : la probabilité de survivre à une infection à la Corona en vie varie en fonction de l’âge d’une personne, mais est toujours, pour toutes les tranches d’âge, extrêmement élevée. Pour la tranche d’âge 0-19 ans, la probabilité est de 99,997 %. Pour le groupe des 20-49 ans, il est de 99,98%. Pour le groupe des 50-69 ans, il est de 99,5%. Et même pour le groupe des plus de 70 ans, il est toujours de 94,6 %.

Ceci me ramène au début de la réponse. Qui, quels propriétaires ou associations de propriétaires dans une société de droit privé, verraient une raison de changer fondamentalement leur comportement normal et coutumier face à ces taux de dangerosité? Qui se mettrait en banqueroute à cause de cela ? Qui cesserait de travailler et de produire ou de voyager ? Qui s’imposerait une interdiction totale de contact ou imposerait un blocage complet de l’accès à ses biens ? Je pense que la réponse à ces questions est évidente. Sur la base d’une expérience réelle, plutôt que d’un test artificiel et d’un résultat de test qui n’est que marginalement et très vaguement corrélé avec une expérience réelle de la maladie, il est certain qu’une ou deux précautions supplémentaires auraient été prises, comme on l’a fait dans le passé face, par exemple, à une grosse épidémie de grippe.

Il est certain que nous aurions été plus prudents, notamment en ce qui concerne les personnes âgées, qui ont été et sont exposées à un risque de maladie nettement plus élevé. Il est probable qu’un ou deux directeurs d’hôpital auraient augmenté le nombre de lits disponibles. Et peut-être que l’observation de changements ou de nouveaux symptômes de la maladie aurait conduit un ou deux virologues à rechercher un virus qui soit en corrélation avec ces symptômes spécifiques. Peut-être même que cela aurait conduit à la mise au point d’un test. Et peut-être même à la recherche d’un vaccin correspondant, même si cela doit être considéré comme plutôt improbable, compte tenu des coûts élevés de développement par rapport à la demande potentielle de vaccination, étant donné le faible niveau général de risque.

Le fait que le cours actuel des événements ait été et soit en fait complètement différent n’a aucune raison objective, mais est uniquement dû à l’existence d’une classe de personnes, la classe politique ou l’élite politique, qui n’ont pas à assumer la responsabilité ou les coûts et les conséquences de leurs propres actions, et qui peuvent donc accroître leurs actes de «bienfaisance sociale» jusqu’à la mégalomanie.

Depuis des temps immémoriaux, la mégalomanie de la politique, née de l’irresponsabilité, se manifeste par le fait que les hommes politiques, sur la base de divers chiffres-clés fournis par leurs autorités statistiques officielles respectives, ont concocté une justification « scientifiquement fondée » pour leurs interventions étatiques toujours plus nombreuses et plus profondes dans les événements sociaux normaux. Jusqu’à présent, cependant, ces indicateurs étaient essentiellement des chiffres issus du domaine des statistiques économiques, tels que les chiffres sur le revenu, la richesse et leurs répartitions respectives, sur la croissance économique, les importations, les exportations, la masse monétaire, les balances commerciale et des paiements, l’inflation, les prix, les salaires, la production, le niveau d’emploi, etc. Chacun de ces chiffres a offert aux décideurs politiques une raison possible d’intervenir. Soit il était trop élevé ou trop bas, soit il devait être stabilisé par des mesures appropriées. Mais il y avait toujours, soi-disant, quelque chose à rectifier. – Je n’ai pas besoin de m’étendre ici sur l’ampleur des effets de redistribution et des pertes de bien-être qui ont résulté de cet interventionnisme en matière de politique économique.

Mais avec la crise du coronavirus, la politique a pris des chemins complètement nouveaux à cet égard. Les politiciens ont découvert que les statistiques sur la santé offrent une porte d’entrée encore plus grande au despotisme du gouvernement et à la folie des grandeurs de ses membres que n’importe quelle statistique économique. Sur la base d’un test viral, qui a été choisi comme indicateur officiel d’un danger d’infection prétendument aigu, voire mortel, les politiciens ont réussi à paralyser presque toute la vie sociale, plongeant des millions de personnes dans la détresse ou les difficultés économique ou sociales, tout en aidant l’industrie pharmaceutique, c’est-à-dire les fabricants de masques, de tests et de vaccins, à s’enrichir énormément, et en se faisant passer, du moins jusqu’à présent, pour les héros de l’histoire.

Une réalisation effrayante et carrément dévastatrice.

 

Source:

 Entretien avec Hans-Hermann Hoppe réalisé par Thomas Jacob, secrétaire de la « Property and Freedom Society » (abréviation P.F.S., en français : Société pour la Propriété et la Liberté). Traduction française par Olivier Richard, le 11 janvier 2021.

https://quebecnouvelles.info/hans-hermann-hoppe-etat-ou-societe-de-droit-prive-sur-les-reponses-au-coronavirus/

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