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MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
MESSAGE DU MINISTRE DE LA DÉFENSE
Paris, le mercredi 12 novembre 2014,
Les opérations extérieures de nos armées sont un investissement de la Nation pour sa sécurité, la défense de ses valeurs et de ses responsabilités dans le monde
Hier, 11 novembre 2014, le nom des sept militaires morts en opérations extérieures pendant l’année écoulée a retenti au pied de l’Arc de Triomphe. A l’occasion de cette cérémonie émouvante, la Nation s’est remémorée les combats meurtriers de la première guerre mondiale et a rendu hommage à ceux de nos soldats qui ont fait le sacrifice de leur vie ces derniers mois pour garantir notre sécurité et défendre nos valeurs.
Je mesure chaque jour l’engagement de nos armées. Les Français en connaissent la valeur. Nos militaires interviennent sur plusieurs théâtres de crise dans le monde. Ces opérations extérieures des armées françaises font l’objet d’une dotation budgétaire annuelle fixée à 450 millions d’euros dans la loi de programmation militaire 2014-2019. Ministre de la Défense, je suis le garant de l’exécution de cette loi. Cette enveloppe, imputée à la mission Défense du budget de l’État, correspond aux déploiements de nos armées hors du territoire national, sur le continent africain, dans le golfe Persique, au Liban ou encore au large de la Corne de l’Afrique.
D’autres engagements extérieurs, par nature imprévisibles, marquent ces douze derniers mois.
Dès le 5 décembre 2013, la France s’est engagée en Centrafrique pour empêcher les massacres de masse et les confrontations intercommunautaires. Grâce à notre intervention rapide, une force internationale composée de près de 8 500 soldats et policiers ainsi qu’une force européenne de 700 soldats ont pu se déployer pour stabiliser et sécuriser le pays. C’est l’honneur de la France.
En 2014, le Président de la République a souhaité que nos armées se maintiennent au Mali en plus grand nombre que prévu pour accompagner le processus politique malien. Elles ont ainsi permis le déroulement sans encombre de l’élection présidentielle et, cette année, des élections législatives sur l’ensemble du territoire malien. La France a fait évoluer son déploiement au Sahel-Sahara pour organiser la lutte contre les groupes armés terroristes. L’opération appelée Barkhane a pris le relais de l’opération Serval, destinée à libérer le Mali de cette menace majeure pour la survie de l’État malien. Ce qui se joue au cœur de l’Afrique, c’est la sécurité de la France.
En 2014, le Président de la République a engagé nos forces en Irak pour lutter contre le fanatisme destructeur et meurtrier du groupe terroriste appelé « état islamique ». Aux côtés de nos alliés arabes et occidentaux, nos militaires renseignent les troupes irakiennes et kurdes et frappent des cibles ennemies. C’est la responsabilité de la France.
Ces engagements représentent une dépense nette supérieure de 605 millions d’euros à la dotation inscrite à l’automne 2013 dans le budget 2014 de la Défense. D’une part, 450 millions d’euros ont été inscrits dans le budget dont j’ai la charge, en stricte conformité avec la loi de programmation militaire. D’une autre, la dépense supplémentaire de la France pour sa sécurité et la défense de ses valeurs se voit intégralement compensée par le budget général de l’État, là aussi, comme le prévoit la loi de programmation militaire en son article 4.
Ce montant de 605 millions d’euros sera intégralement ouvert par décret d’avance sur le programme « Préparation et emploi des forces » qui a supporté cette dépense, dans le cadre du schéma de fin de gestion 2014 prochainement examiné par le Parlement.
Chacun connaît les périls qui menacent la paix et notre sécurité. Les Français consentent chaque année un investissement important, 31,4 milliards d’euros, au profit de la Défense nationale. Mon ministère délivre régulièrement les informations opérationnelles et politiques nécessaires à l’appréciation de l’effort engagé par nos forces.
Notre implication militaire sur plusieurs théâtres ne nous exonère évidemment pas d’un examen rigoureux de leur financement. Que celui-ci se fasse dans un esprit constructif, serein, conscient de l’urgence qui détermine souvent l’engagement de nos soldats à plusieurs milliers de kilomètres de nos terres.
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.
L'histoire secrète du méga-contrat d'armement français au Liban
par Vincent LAMIGEON
La
France va livrer à l'armée libanaise pour 2,4 milliards d'armement,
soit l'équivalent d'un tiers de ses exportations annuelles. Un contrat
financé par l'Arabie saoudite et regardé de près par Israël. Cette
fois, c'est signé. Le ministère saoudien des finances et la
société française d'exportation d'armement ODAS ont paraphé mardi 4
novembre l'énorme contrat de livraisons d'armements français au
Liban, un accord destiné à renforcer les forces libanaises
face au risque de contagion de la crise syrienne.
Les
premiers équipements seront livrés dès le premier trimestre 2015.
Les dernières, celles des hélicoptères, auront lieu fin 2018. Le
contrat prévoit notamment
la vente de véhicules de l'avant blindés (VAB) MkIII et des véhicules
blindés légers (VBL) de Renault Trucks Défense, des navires
patrouilleurs de CMN, des missiles Mistral, des canons Caesar, des hélicoptères Gazelle et Cougar, mais aussi des drones tactiques, très probablement les SDTI de Sagem.
Un financement saoudien
Original,
ce contrat l'est à plusieurs titres. Par sa taille, d'abord : avec 3
milliards de dollars (2,4 milliards d'euros), il représente à lui
seul un tiers des exportations d'armement annuelles françaises
(6,9 milliards d'euros en 2013). Mais c'est surtout le
caractère tripartite de l'accord qui le rend unique : c'est
bien l'Arabie saoudite, soucieuse de renforcer les forces
libanaises face à Daesh mais aussi face au Hezbollah, qui
finance leur modernisation avec des équipements français.
L'accord, forcément complexe, a été long à se dessiner. "Les Saoudiens
ont mis des exigences claires : ils ne voulaient pas de déperdition
d'argent, et ont insisté pour que la France assure la formation
opérationnelle des forces libanaises, au-delà de la formation technique
effectuée par les industriels", explique-t-on de source proche du
dossier. En intégrant la formation et le soutien, l'accord implique
ainsi la France sur une dizaine d'années.
Une véritable course contre la montre
La
signature de l'accord est l'épilogue -même si les derniers
ajustements techniques doivent être réglés dans les trente jours –
d'une négociation de presque un an. L'idée d'un renforcement de l'armée
libanaise émerge en octobre 2013, lors d'un entretien entre le roi
Abdallah d'Arabie Saoudite et le ministre de la défense
Jean-Yves Le Drian. Deux mois plus tard, la décision formelle de
ce contrat tripartite est prise lors de la visite de François Hollande à
Riyad : l'Arabie saoudite financera un colossal plan de
modernisation de l'armée libanaise de 3 milliards de dollars. La
France fournira les équipements et la formation. C'est le début d'une
véritable course contre la montre.
Définie
en partant d'un plan d'équipement publié par l'armée libanaise
de 2013, la liste de matériels prend peu à peu forme entre février et
mars 2014. Blindés, artillerie lourde, moyens anti-chars, patrouilleurs,
hélicoptères de transport et de combat, systèmes de commandement et
de communication... Les débats font rage entre les partenaires,
le chef d'état-major de l'armée libanaise Jean Kahwaji faisant
régulièrement part de son impatience.
Des
intermédiaires locaux tentent de s'inviter à la table des négociations,
sans succès. En avril, la "shopping list" est enfin validée à Riyad.
Les Israéliens très attentifs à l'arsenal livré
L'interface
avec les industriels est toute trouvée : l'organisme ODAS,
codétenu par l'État français et les industriels de la défense,
créé à l'origine pour représenter la France dans les grandes
ventes d'armes en Arabie Saoudite. Dirigé par l'ancien chef d'état-major
des armées, l'amiral Edouard Guillaud, ODAS se charge de conduire
l'opération, avec des appels d'offres express adressés aux
industriels.
En un mois, une vingtaine de sociétés sont sélectionnées.
Reste
à obtenir l'aval du ministère des finances saoudien : l'accord
est trouvé en juillet, juste avant la grande coupure du Ramadan. Si
le montant de 3 milliards est confirmé, sur demande expresse saoudienne,
l'armée française sera mise à contribution, aux frais de la France,
pour la formation opérationnelle de son homologue libanaise. En
coulisses, les tractations se succèdent. L'Iran, soutien du
Hezbollah libanais, suit avec attention l'avancée du processus.
Israël regarde aussi avec inquiétude les négociations
franco-saoudo-libanaises, pressant Paris de
limiter la liste des équipements français transférés, notamment les
missiles, craignant qu'ils puissent être récupérés par le Hezbollah.
«"Israël est un pays ami de la France, ses questions sont légitimes,
mais cela n'a modifié en rien le projet", assure une source proche du
ministère de la défense. Après des semaines de doutes, le contrat est
finalement signé le 4 novembre à Riyad entre l'Arabie Saoudite et ODAS,
en présence du chef d'état-major de l'armée libanaise. Les premières
livraisons concerneront des véhicules terrestres d'occasion de l'armée
française, dès le premier trimestre 2015.
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