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Le Charles de Gaulle quittant Toulon hier (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Le déploiement du groupe aéronaval français en océan Indien et dans
le golfe Persique a été officialisé hier, alors que le Charles de Gaulle
appareillait de Toulon. Le bâtiment amiral de la flotte française
recevra aujourd’hui le président de la République, qui vient à bord
présenter ses vœux aux armées. Le porte-avions mettra ensuite le cap
vers la Méditerranée orientale puis, après avoir franchi le canal de
Suez, gagnera la mer Rouge et poursuivra vers l’océan Indien et le
Golfe, où il devrait être en position début février.
De
là, le groupe aéronaval doit participer aux frappes contre le groupe
islamiste Daech, que la France combat depuis le mois de septembre en
Irak, au sein d’une coalition internationale dont elle est le second
contributeur après les Etats-Unis. Les opérations seront probablement
menées depuis le nord du golfe Persique, au plus près de la zone
d’intervention, permettant ainsi de réduire de moitié le temps de vol
par rapport aux Rafale de l’armée l’Air qui interviennent depuis quatre
mois à partir des Emirats Arabes Unis.
Irak : Une capacité de frappe plus que doublée
Grâce
au déploiement de la plus puissante force navale de surface dont
dispose l’Europe, qui va compléter significativement les moyens déjà
déployés sur zone, la France aura à sa disposition différentes
possibilités d’action. La présence du Charles de Gaulle au sein de
l’opération Chammal peut servir à « soulager » le dispositif de l’armée
de l’Air. En ce qui concerne les avions de combat, celui-ci comprend les
Rafale intervenant depuis la base aérienne 104 d’Al Dhafra, à Abu
Dhabi. Cette unité, qui compte actuellement 9 Rafale, a été complétée
fin novembre par un détachement de 6 Mirage 2000D positionnés en
Jordanie. Fort notamment de 12 Rafale et 9 Super Etendard Modernisés
(SEM), le groupe aérien embarqué du Charles de Gaulle pourra prendre au
moins partiellement le relais des appareils basés à terre, ce qui
permettrait d’économiser le potentiel des escadrons de l’armée de l’Air.
Mais François Hollande peut aussi décider de profiter de la présence du
Charles de Gaulle pour renforcer significativement le dispositif
français, qui avec l’appoint de l’aéronautique navale pourra passer de
15 à 36 appareils de combat. Même si les frappes demeurent limitées en
Irak en raison de règles d’engagement très contraignantes, qu’il faudra
peut-être réviser pour plus d’efficacité, une montée en puissance peut
constituer une réponse politique et militaire aux attentats meurtriers
perpétrés sur le sol français la semaine dernière, contre Charlie Hebdo,
une policière municipale et un supermarché casher. L’éradication des
foyers islamistes en Irak et en Syrie, comme dans d’autres parties du
monde, à commencer par le Sahel, est en effet l’une des clés de l’action
contre la menace terroriste.
« Charlie Golf » part en guerre
Pour l’anecdote, si le porte-avions français n’est pas surnommé « Charlie », son indicatif maritime se termine par « Charlie Golf » (ces deux lettres de l’alphabet phonétique international étant utilisées à la radio), ce qui dans les circonstances actuelles n’est pas sans représenter, même s’il ne s’agit que d’un hasard, une certaine symbolique.
Il convient toutefois de rappeler que, si le Charles de Gaulle peut apporter une réponse militaire forte à la guerre que les Occidentaux et les pays arabes livrent contre Daech et le terrorisme, le déploiement du porte-avions français n’est pas une conséquence directe des attaques qui se sont produites à Paris. Baptisée Arromanches (port artificiel construit suite au débarquement de Normandie), en hommage au 70ème anniversaire de la libération de la France, cette mission est programmée depuis de nombreux mois. La seule incertitude concernait la destination précise du Charles de Gaulle, qui réalise habituellement un déploiement de trois ou quatre mois chaque année. Si la région du Golfe, compte tenu de son caractère stratégique, est celle que le bâtiment fréquente le plus lors de ses déploiements depuis sa mise en service en 2001, d’autres « points chauds » sont actuellement surveillés de très près en Méditerranée. En plus de la Syrie, la dégradation de la situation en Libye, où les islamistes gagnent du terrain, inquiète en effet beaucoup les états-majors, qui s’interrogent depuis plusieurs mois sur l’opportunité de relancer des frappes aériennes dans ce pays, cette fois contre les groupes terroristes.
Pour l’anecdote, si le porte-avions français n’est pas surnommé « Charlie », son indicatif maritime se termine par « Charlie Golf » (ces deux lettres de l’alphabet phonétique international étant utilisées à la radio), ce qui dans les circonstances actuelles n’est pas sans représenter, même s’il ne s’agit que d’un hasard, une certaine symbolique.
Il convient toutefois de rappeler que, si le Charles de Gaulle peut apporter une réponse militaire forte à la guerre que les Occidentaux et les pays arabes livrent contre Daech et le terrorisme, le déploiement du porte-avions français n’est pas une conséquence directe des attaques qui se sont produites à Paris. Baptisée Arromanches (port artificiel construit suite au débarquement de Normandie), en hommage au 70ème anniversaire de la libération de la France, cette mission est programmée depuis de nombreux mois. La seule incertitude concernait la destination précise du Charles de Gaulle, qui réalise habituellement un déploiement de trois ou quatre mois chaque année. Si la région du Golfe, compte tenu de son caractère stratégique, est celle que le bâtiment fréquente le plus lors de ses déploiements depuis sa mise en service en 2001, d’autres « points chauds » sont actuellement surveillés de très près en Méditerranée. En plus de la Syrie, la dégradation de la situation en Libye, où les islamistes gagnent du terrain, inquiète en effet beaucoup les états-majors, qui s’interrogent depuis plusieurs mois sur l’opportunité de relancer des frappes aériennes dans ce pays, cette fois contre les groupes terroristes.
Un exercice aruna avec la marine indienne (© MARINE NATIONALE)
Des opérations militaires et des exercices, notamment avec les Indiens
Malgré tout et compte tenu de l’évolution du contexte sécuritaire, le choix de l’Irak s’est imposé, bien qu’une participation du porte-avions dans l’opération Chammal n’a pas encore été officialisée (peut-être du fait qu’il fallait attendre que le parlement autorise la poursuite de l’engagement français, ce qui a été le cas hier soir). Cela ne signifie toutefois pas que le groupe aéronaval restera cantonné aux zones aujourd'hui prévues. Au cas où la situation géostratégique évoluerait, il pourra très bien être redéployé dans une autre partie du monde.
Devant opérer hors de France durant quatre mois environ, le Charles de Gaulle et son escorte ne fréquenteront pas uniquement le golfe Persique. Pour l’heure, en plus du transit en mer Rouge, qui pourra donner lieu à des interactions avec des marines alliées, le porte-avions est sensé participer à un important exercice aéromaritime avec les Indiens. Alors que la France espère conclure d’ici 2016 la vente de Rafale avec New Delhi, ces manœuvres franco-indiennes, qui se déroulent régulièrement et son connues sous le nom de Varuna, seront l’occasion de renforcer les liens entre les deux pays et de présenter une nouvelle fois les capacités de l’avion de combat mis en œuvre par l’aviation et la marine françaises.
Malgré tout et compte tenu de l’évolution du contexte sécuritaire, le choix de l’Irak s’est imposé, bien qu’une participation du porte-avions dans l’opération Chammal n’a pas encore été officialisée (peut-être du fait qu’il fallait attendre que le parlement autorise la poursuite de l’engagement français, ce qui a été le cas hier soir). Cela ne signifie toutefois pas que le groupe aéronaval restera cantonné aux zones aujourd'hui prévues. Au cas où la situation géostratégique évoluerait, il pourra très bien être redéployé dans une autre partie du monde.
Devant opérer hors de France durant quatre mois environ, le Charles de Gaulle et son escorte ne fréquenteront pas uniquement le golfe Persique. Pour l’heure, en plus du transit en mer Rouge, qui pourra donner lieu à des interactions avec des marines alliées, le porte-avions est sensé participer à un important exercice aéromaritime avec les Indiens. Alors que la France espère conclure d’ici 2016 la vente de Rafale avec New Delhi, ces manœuvres franco-indiennes, qui se déroulent régulièrement et son connues sous le nom de Varuna, seront l’occasion de renforcer les liens entre les deux pays et de présenter une nouvelle fois les capacités de l’avion de combat mis en œuvre par l’aviation et la marine françaises.
Le Charles de Gaulle avec un porte-avions américain (© US NAVY)
F-18 américain sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)
Interopérabilité parfaite avec les Américains
Dans la région du Golfe, des exercices et opérations communes sont également prévus avec les pays riverains et les forces alliées occidentales, à commencer par les Etats-Unis. Le Charles de Gaulle doit, ainsi, œuvrer de concert avec le groupe aéronaval américain articulé autour du porte-avions USS Carl Vinson, dont les appareils sont engagés contre Daech. La coopération sera d’autant plus intéressante que les forces navales françaises et américaines ont atteint l’an dernier un degré d’interopérabilité jusque là inégalé à l’occasion de la mission Bois Belleau (voir notre article sur le sujet).
Dans la région du Golfe, des exercices et opérations communes sont également prévus avec les pays riverains et les forces alliées occidentales, à commencer par les Etats-Unis. Le Charles de Gaulle doit, ainsi, œuvrer de concert avec le groupe aéronaval américain articulé autour du porte-avions USS Carl Vinson, dont les appareils sont engagés contre Daech. La coopération sera d’autant plus intéressante que les forces navales françaises et américaines ont atteint l’an dernier un degré d’interopérabilité jusque là inégalé à l’occasion de la mission Bois Belleau (voir notre article sur le sujet).
Frégate britannique du type 23 vue depuis le CDG (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)
Une frégate britannique dans l’escorte
Il est également intéressant de noter que l’une des frégates d’escorte du Charles de Gaulle sera Britannique. Il s’agit du HMS Kent, une unité du type 23 spécialisée dans la lutte anti-sous-marine. Elle rejoindra le groupe aéronaval français une fois que celui-ci aura franchi le canal de Suez. Le HMS Kent prendra la relève de la frégate anti-sous-marine Montcalm, dotée d’un hélicoptère Lynx et qui accompagnera le Charles de Gaulle jusqu’en Méditerranée orientale, où elle restera probablement un moment dans le cadre de la présence maritime que la France maintient dans le secteur, à des fins notamment de renseignement.
Une FDA, la Meuse et le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)
La frégate Montcalm (© MARINE NATIONALE)
Le Chevalier Paul, un Caïman, la Meuse et un SNA
Le reste du groupe aéronaval, armé en tout par quelques 2600 marins, est constitué de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (voir notre reportage sur ce bâtiment). En plus de la protection du Charles de Gaulle, elle sera en mesure d’assurer le contrôle aérien d’une vaste zone et embarque un NH90 Caïman, le nouvel hélicoptère français étant pour la première fois, à cette occasion, déployé dans cette région du monde.
Le pétrolier-ravitailleur Meuse, chargé de regarnir les soutes des unités de combat en combustible, munitions, vivres et pièces détachées, suivra la force de combat. Celle-ci sera également constituée d’un sous-marin nucléaire d’attaque. Hier, l’état-major des armées a indiqué que ce SNA était employé en « élément précurseur ». Autant dire qu’il s’agit très probablement de l’Améthyste, annoncé fin décembre comme étant en opération dans l’océan Indien depuis un mois.
Caïman sur le Chevalier Paul (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
SNA du type Rubis (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Un seul Hawkeye pour éclairer la flotte
Enfin, concernant le groupe aérien embarqué, qui a rallié le Charles de Gaulle hier au large de Toulon, on compte en plus des 21 Rafale et SEM trois hélicoptères (deux Dauphin et une Alouette III) et, ce qui est surprenant, un seul avion de guet aérien. Habituellement, deux appareils de ce type sont en effet présents mais les autres Hawkeye dont dispose la Marine nationale sont apparemment en maintenance. Une situation qui illustre le manque d’avions radar, pourtant indispensables pour assurer l’éclairage de la flotte, le contrôle aérien et la coordination des raids. Avec seulement trois Hawkeye, le parc de la flottille 4F a toujours été considéré comme trop faible, ce qui laisse depuis des années planer la menace d’une lacune capacitaire en cas de problème technique ou d'attrition. Ainsi, au cas où l’unique avion actuellement disponible tombait en panne ou, pire, était perdu, le Charles de Gaulle perdrait sa vision à longue portée. Le groupe aéronaval serait alors potentiellement contraint de dépendre de moyens étrangers, par exemple américains (chaque porte-avions de l’US Navy embarque quatre Hawkeye). C'est typiquement pour ce genre de circonstances que la marine avait tenté vainement, il y a quelques années, d'obtenir l'acquisition d'un quatrième Hawkeye, ce qui lui a été bien malheureusement refusé malgré la pertinence d'un tel achat.
Hawkeye et SEM (© MARINE NATIONALE)
Un outil politique et militaire majeur
Au-delà de cette faiblesse, qui illustre les conséquences des restrictions budgétaires imposant aux armées, depuis longtemps, de mener leurs missions avec des moyens réduits, le groupe aéronaval français demeure une redoutable machine de guerre.
Plus grand bâtiment militaire européen, le Charles de Gaulle, pour lequel même les Américains ont la plus haute estime, est un outil politique et militaire unique, permettant à la France de déployer au plus près d’une zone de conflit une force dotée d’une puissance offensive considérable. Ses avions sont, en effet, en mesure de mener des missions de défense aérienne ainsi que des raids antinavire et contre des cibles terrestres à grande distance, en employant des armements de haute précision (bombes GBU, AASM mais aussi missiles de croisière Scalp EG). Capables également de mettre en œuvre le missile nucléaire ASMPA, les Rafale du Charles de Gaulle sont aussi utilisés pour la reconnaissance et le renseignement, ainsi que le ravitaillement en vol au profit des avions chargés des frappes. « Le groupe aéronaval français offre à notre pays et à ses décideurs militaires et politiques un atout stratégique et un outil militaire de premier plan. Affirmant la présence et la puissance de la France, il peut contribuer simultanément à la maîtrise des espaces aéromaritimes, à l’entretien de notre capacité autonome d’appréciation de situation et à la projection de puissance. Il offre une capacité d’action polyvalente, graduée et adaptée aux besoins des autorités politiques », rappelait hier la Marine nationale.
On rappellera enfin que celle-ci participe à l'opération Chammal depuis ses début, au travers notamment du déploiement d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2, qui effectue en Irak des missions de reconnaissance, de renseignement et de guidage. La frégate antiaérienne Jean Bart est également sur zone, où elle est intégrée au groupe aéronaval de l'USS Carl Vinson.
Au-delà de cette faiblesse, qui illustre les conséquences des restrictions budgétaires imposant aux armées, depuis longtemps, de mener leurs missions avec des moyens réduits, le groupe aéronaval français demeure une redoutable machine de guerre.
Plus grand bâtiment militaire européen, le Charles de Gaulle, pour lequel même les Américains ont la plus haute estime, est un outil politique et militaire unique, permettant à la France de déployer au plus près d’une zone de conflit une force dotée d’une puissance offensive considérable. Ses avions sont, en effet, en mesure de mener des missions de défense aérienne ainsi que des raids antinavire et contre des cibles terrestres à grande distance, en employant des armements de haute précision (bombes GBU, AASM mais aussi missiles de croisière Scalp EG). Capables également de mettre en œuvre le missile nucléaire ASMPA, les Rafale du Charles de Gaulle sont aussi utilisés pour la reconnaissance et le renseignement, ainsi que le ravitaillement en vol au profit des avions chargés des frappes. « Le groupe aéronaval français offre à notre pays et à ses décideurs militaires et politiques un atout stratégique et un outil militaire de premier plan. Affirmant la présence et la puissance de la France, il peut contribuer simultanément à la maîtrise des espaces aéromaritimes, à l’entretien de notre capacité autonome d’appréciation de situation et à la projection de puissance. Il offre une capacité d’action polyvalente, graduée et adaptée aux besoins des autorités politiques », rappelait hier la Marine nationale.
On rappellera enfin que celle-ci participe à l'opération Chammal depuis ses début, au travers notamment du déploiement d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2, qui effectue en Irak des missions de reconnaissance, de renseignement et de guidage. La frégate antiaérienne Jean Bart est également sur zone, où elle est intégrée au groupe aéronaval de l'USS Carl Vinson.
Le Charles de Gaulle quittant Toulon hier (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
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