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Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Bonjour à tous. Aujourd’hui, je publie
un article un peu spécial. Bien souvent, les individus m’expliquent
qu’ils ne comprennent pas pourquoi je suis libertarien, en m’expliquant
que pour eux, cela s’apparente à une « forme d’utopie hypercapitaliste »
ou un « ultralibéralisme poussé ». On me rétorque également très
souvent que les libertariens sont proches des courants néo-conservateurs
américains, ce qui est relativement faux lorsqu’on connaît les
positions libertariennes en général en terme de politique étrangère.
Les libertariens sont tout d’abord des
libéraux, et ont donc les mêmes positions en terme de libertés
économiques, de liberté d’entreprendre, de contracter, de s’associer, de
s’exprimer, etcetera.
Le mouvement libertarien américain
(« libertarian ») s’est formé au cours des années 60, lorsque les
Républicains issus de la Old Right décidèrent de s’en aller à cause des
montées des courants néo-conservateurs au sein du Parti. Murray Rothbard
partira donc du Parti pour ses raisons et Ayn Rand suivra, du fait de
son profond athéisme et de ses idées sur l’égoïsme qui en gênaient plus
d’un au sein de ces nouveaux courants grandissants du fait de la guerre
froide.
Le mouvement libertarien est donc
également d’abord constitué de la Old Right Républicaine, relativement
attaché à la Constitution bafoué, et suivant le vieil adage de Thomas
Jefferson : »Commerce avec toutes les nations, d’alliance avec nulles
d’entre elles. »
À leur départ, les libertariens ont
rejoint la New Left, parti anarchiste de gauche de l’époque. Les
libertariens de la Old Right et les anarchistes de la New Left ont donc
coopéré sans trop de dégâts durant quelques années, prouvant que le
débat est bien moins entre les mouvances de gauche et de droite qu’entre
les mouvements étatistes et constructiviste, mus par le désir de
modeler la société et de faire de l’État un but, et les mouvements
« anti-agressionnistes », qui base les choix individuels pleinement
volontaires et non sur l’usage agressive et abusive d’un outil de
coercition de masse.
Mais plus tard, les « Old-Rightists »
quitteront la New Left pour former enfin le Parti Libertarien,
entrainant avec eux bien des membres de la New Left. La dernière
composante des libertariens étaient désormais là, à savoir la branche
des anarchistes individualistes. Il faut d’ailleurs savoir que les
États-Unis ont eu des mouvements anarchistes au cours de l’histoire,
anarcho-individualiste notamment avec des personnes comme Henri David
Thoreau, Benjamin Tucker, William Lloyd Garrison ou encore l’éminent
Lysander Spooner, que nombre de libertariens apprécie pour son
jusnaturalisme (idée du Droit Naturel) et son abolitionnisme et son
sécessionnisme radical (et dont la plupart des libertariens partage les
idées) à une époque où l’esclavage était encore présent. Spooner écrira
également « Les Vices ne sont pas des crimes », qui représente
clairement la position libertarienne en terme de drogue, alcool,
prostitution, etcetera.
Le courant libertarien est donc
composé historiquement des courants libéraux classiques, des courants
non-interventionniste en matière de politique étrangère, et des branches
anarcho-individualistes.
Les libertariens épousent plusieurs approches philosophiques dans le but de défendre la Liberté.
-Les différentes formes de conséquentialisme :
Le conséquentialisme est une théorie
qui tente de déterminer les obligations liées aux actions humaines en
s’interrogeant simplement si une action ou une règle produit le plus
grand résultat (conséquence) net, ou le plus grand « bien » ou le moins
« mauvais ». Certains libertariens sont favorables au conséquentialisme :
les principes éthiques généraux sont pour eux des règles généralement
valables (comme le Droit Naturel), mais qui peuvent avoir des
exceptions, comme avec certains « utilitaristes de droits », qui
considèrent que les actes qui maximisent les droits d’autrui sont les
seuls valables. Ainsi, pour les libertariens conséquentialistes jugent
un acte selon leurs effets plutôt que selon leur nature. Ainsi, ils sont
libertariens car ils jugent l’action étatique forcément mauvaise.
Au sein des libéraux et des
libertariens, les principaux conséquentialistes (toutes tendances
confondues) sont : David Friedman, Ludwig Von Mises, John Stuart Mill,
Jeremy Bentham, Walter Block.
-L’approche jusnaturaliste, ou la théorie du Droit Naturel :
Les libertariens jusnaturalistes
partent du postulat que les hommes ont des Droits, et qu’il est des
choses qu’on ne peut faire aux hommes, car la nature les a pourvu de
Droits inaliénables, qui en font le propriétaire légitime de lui-même.
Tout homme qui agresse un homme et lui enlève le fruit de son travail
sans son consentement nuit à ses Droits et se voit sous la menace que
justice soit faite par ses pairs dans le but du rétablissement des
Droits retirés à leur camarade. Le point de vue des libertariens
jusnaturalistes est donc que l’État est une institution illégitime
vivant par le vol des classes productives de la société, et qu’ainsi ils
militent pour son abolition, ou pour le moins, pour la simple gestion
des fonctions régaliennes. Ainsi, comme le fait comprendre Frédéric
Bastiat, un État qui aurait pour autre but que celui de lutter contre la
spoliation extra-légale organiserait la spoliation légale. Ainsi, les
libertariens peuvent se diviser en deux catégories : les anarchistes et
les minarchistes (partisans de l’État minimum).
Au sein des libéraux et libertariens,
les principaux partisans du Droits Naturels sont : Murray Rothbard, Ayn
Rand, Robert Nozick, John Locke, Frédéric Bastiat.
-L’approche contractualiste :
Les libertariens contractualistes
basent leur vision libérale sur la base de la théorie du choix
rationnel, qu’il serait possible de reconstruire et fonder en raison
notre morale (comme le souligne David Gauthier). Celle-ci peut en effet
être pensée comme le résultat d’un accord entre personnes rationnelles.
L’ouvrage souligne que les institutions des sociétés libérales naissent
d’un tel contrat. Ces institutions, et la morale par l’accord sur
laquelle elles reposent, présupposent une condition, celle qui attribue
des droits aux individus. Morale et contrat, d’inspiration hobbesienne,
rejoint alors l’idée lockienne des droits individuels, en la fondant
rationnellement. La morale, ainsi comprise, n’a pas simplement la valeur
d’un moyen pour l’individu rationnel. Certains contractualistes
imaginent clairement le besoin d’un besoin (comme James Buchanan, avec
son livre Les limites de la liberté) et d’autres sont carrément
anarcho-capitalistes, comme Jan Narveson.
Les principaux libéraux et libertariens sont : James Buchanan, Anthony de Jasay, David Gauthier, Jan Narveson.
Voilà donc les 3 plus grandes approches philosophiques et morale des libertariens. Cette liste est bien entendue non exhaustive.
D’où viennent les libertariens ? Ils
sont la grande alliance des courants libéraux classiques,
anarcho-individualistes et non-interventionnistes étrangers, comme nous
l’avons vu dans la première partie.
Tout d’abord, d’où vient le mot
libertarien ? Il est d’origine américaine, avec l’apparition du mot
« libertarian », utilisé dans le but de caractériser les libéraux face
aux Démocrates interventionnistes, qui se définissaient comme
« Liberal » (Keynes, par exemple, se disait « Liberal »). Plus tard,
Henri Lepage, économiste français, importera le terme « libertarian »
qu’il traduira par libertarien (et non par libertaire pour éviter toute
confusion avec des anarchistes socialistes) dans son livre Demain le
capitalisme en 1978, alors que nos camarades canadiens francophones
utilisaient déjà le terme. Le terme libertarien s’est implanté au Canada
pour les mêmes raisons que le « libertarian » aux États-Unis, où le
Parti Libéral au Québec est interventionniste et socialiste. Au
Royaume-Uni, les « Liberals Democrats », sans être socialistes, restent
assez modérés et n’ont plus beaucoup d’influence depuis l’ère Thatcher,
d’où la formation récente d’un Libertarian Party UK. En Suisse, le Parti
des libéraux-radicaux est composé à la fois de vrais libéraux et de
« libéraux » plus modérés. Un Parti Libertarien s’est formé l’année
dernière à Genêve. En France, peu de personnes se disent libérales (ce
qui résout en quelque sorte l’appropriation malsaine du terme) car le
terme est farouchement détesté par tous les courants politiques, quels
qu’ils soient, du Nouveau Parti Anticapitaliste jusqu’au Front National
en passant par l’UMP. L’usage du terme ultralibéral est la panacée pour
tout candidat interventionniste souhaitant se faire apprécier à coup de
cadeaux électoraux. Si le terme libertarien se développe en France,
c’est moins par souci d’affirmer ses traditions libérales que par le
fait de sortir de ce marasme idéologique et ignorant de ce qu’est
vraiment la pensée libérale.
Ainsi, oui, les libertariens sont les
petits-enfants des libéraux. Ils ont peu ou prou les mêmes références.
Libéral et Libertarien entretiennent tout deux un scepticisme important
vis-à-vis de l’intervention de l’État, et ils sont donc tous deux au
courant des grands concepts fondamentaux de l’École du Choix public et
des notions de marché politique . Ils se basent tout deux sur les mêmes
écoles de pensée économiques par exemple. Libéral et libertarien sont
tous les deux de grands admirateurs de l’économiste autrichien Friedrich
Hayek et de son analyse du rôle de la connaissance dans le
fonctionnement de l’économie. Libéral comme Libertarien sont conscients
que les hommes ont des Droits et qu’il est des choses que des
organisations comme les États ne peuvent leur faire. Ils possèdent tout
deux le respect de leurs pères pour l’humanité, et considèrent que si
l’homme est nécessairement mauvais, il est dangereux que certains hommes
aient un pouvoir sans borne. Ils suivent le vieil adage de Friedrich
Hayek dans sa Route de la servitude et ne croient pas à ce fantasme
étatiste de « séparation des pouvoirs » car « Ce n’est pas la source,
mais la limite du pouvoir qui l’empêche d’être arbitraire. »
Oui les libertariens sont les
descendants libéraux. Et comme tous bons descendants, ils leur arrivent
d’être en désaccord avec leurs aieux. Ils voient comme futiles bon
nombre de théories, comme la théorie des biens publics, qui, si elles
étaient appliquées jusqu’au bout de leur logique, conduiraient à
l’opposé même de ce que défendent les thèses libérales classiques. Ils
s’interrogent sur la validité du concept d’État minimum, pour la simple
et bonne raison que l’État ne se limite jamais de lui-même, d’où
l’approche sécessionniste et abolitionniste de bon nombre de
libertariens. Ainsi, un nombre conséquent de libertariens sont
anarchistes (les plus éminents étant David Friedman, fils de Milton
Friedman, ayant interdit à son père de se qualifier de libertarien de
par ses idées relativement modérées en comparaison des autres membres du
mouvement, et Murray Rothbard) et systématisent des théories dans
lesquelles les fonctions régaliennes seraient confiées au marché (David
Friedman notamment, dans son livre Vers une société sans État, conclut
que la justice a de fortes chances d’être prises en charge par les
assurances, et comme le marché des assurances ne compte pas de
monopoles, il répond à la critique de Nozick comme quoi un marché de
fonctions régaliennes aboutirait à un monopole, et donc à un État,
potentiellement plus agressif que le précédent).
Les libéraux et les libertariens ont
donc les mêmes racines, et pour éviter les conflits, il vaut mieux les
empêcher de parler de la nature de l’État entre eux (humour).
Aux États-Unis sévît un conflit à ce
jour, bien moins présent qu’il y a quelques décennies et inexistant en
France. Ce grand débat réside dans l’opposition entre les
« libertarians » (comptant donc libéraux et libertariens) et les
partisans de Ayn Rand, les randiens, ayant eux-mêmes qualifié la
philosophie de Ayn Rand par le terme « objectivisme », regroupant sous
ce système toutes les vues éthiques et philosophiques de leur grande
dame Ayn Rand sous cet appellogie (l’objectivisme porte également le nom
« d’éthique des vertus »).
Tout d’abord, quels sont les points
communs entre « libertarians » et objectivistes ? Au demeurant, un
nombre tout de même assez important. Ils sont de grands admirateurs de
son livre « Atlas Shrugged », traduit en français (La Grève), et
décrivant une parfaite dystopie où l’Europe n’est plus que peuplée que
de Républiques populaires socialistes et ne tenant que grâce aux envois
de ressources par les dirigeants américains, qui, si ils ne sont pas
aussi interventionnistes que leurs confrères européens, vont passer d’un
niveau d’interventionnisme similaire à celui que nous connaissons en
France jusqu’à un quasi-Communisme d’État qui se détruira
progressivement car toutes les personnes productives du pays auront
cessé toutes activités ou se seront enfuies pour ne pas voir
l’aboutissement de leur statut d’esclave. John Galt, un des héros de
Atlas Shrugged, durant son célèbre discours dont tout libéral a au moins
entendu parlé, énonce plusieurs axiomes. L’un d’entre eux est l’axiome
d’identité. Cette axiome a pour postulat que chaque homme se doit de
respecter la réalité et la nature de son être et qu’aucune sorte de
force ne peut le lui interdire. Ainsi, toute homme qui use de la force
pour contraidre autrui et faire de l’autre son esclave en quelque sorte,
se met à dos sa réalité et l’identité de son être. L’axiome d’identité
est donc en tout point similaire au principe d’agression, sauf sur sa
dimension éthique qui est bien plus poussée que le « Non-Agression
Principle ». Tout au long de son livre (et des autres), nous pouvons
observer un véritable attachement aux libertés individuelles, un refus
de voir l’Homme comme un simple animal sacrifiel égorgé au nom de l’idée
que l’Homme est un moyen et non une fin (idée très kantienne, malgré le
fait que Ayn Rand est manifesté son rejet des idées de Kant), et un
véritable engouement pour la libre-entreprise.
Alors, malgré si nombreux et
importants points communs, pourquoi les partisans du « Libertarianism »
et ceux du « Radical-Capitalism » se détestent-ils autant ? Leurs
querelles se résument par la détestation mutuelle de leurs figures
respectives, Murray Rothbard et Ayn Rand. Mais surtout, la question
d’éthique personnelle est ce qui sépare les deux groupes. Tout deux
militent pour un État limité, voire pour l’anarchie pour les
néo-randiens qui ne suivent pas complètement Ayn Rand, mais
l’objectivisme condamne par exemple l’usage de drogue, certains
comportement individuels non coercitifs et en encouragent d’autres,
alors que libéraux et libertariens, de par leur philosophie, se
contentent de condamner tous actes agressifs et coercitifs abusifs, sans
intégrer un code comportemental pour autant, ce pour quoi ceux-ci sont
qualifiés de « hippies de droite » par les objectivistes. Les
objectivistes, ironiquement, malgré leur athéïsme marqué par leur
principe d’identité, ont tout des adeptes religieux, soutenant le besoin
d’une éthique stricte dans la vie des hommes. Ils rejoignent en cela,
encore ironiquement, les libertariens traditionnalistes et chrétiens,
qui voient la religion sans liberté comme un autoritarisme sans nom, et
voient la liberté comme nécessaire, même si les individus se doivent
d’avoir une éthique stricte pour que ce ne soit pas la voie de la
débauche (attachement à la tradition/religion dans leur cas, volonté de
respecter la Réalité pour les objectivistes).
Le « libertarians » et l’objectiviste
sont donc simplement le reflet de deux frères appartenant à une même
grande et prestigieuse se querellant de manière insidieuse pour savoir
qui prendrait le lit du haut.
Voilà donc la dernière partie de ce
dossier sur les libertariens. Comment suis-je moi-même devenu
libertarien ? Comment ais-pu passer en quelques années du stade de
communiste au stade de libéral. C’est un changement qui prend ses
racines il y a peu ou prou trois ans : c’est à dire en 2011, lorsque je
commençais mon année scolaire en Première ES. Mon intérêt pour la
politique (et surtout l’économie) s’est éveillée quelques mois plutôt,
mais ce n’est que durant la campagne présidentielle que cette passion,
dirais-je, s’est cristallisée. Les idées défendues notamment par le
candidat et actuel Président de la République François Hollande me
correspondaient assez bien. Je n’ai même pas pris le temps de lire les
programmes des extrêmes ou celui des autres candidats. C’est clairement à
ce moment là que des idées socialistes bourgeonnèrent. Je considérais
notamment l’imposition du capital ou l’impôt à 75% sur le revenu comme
de bonnes idées pour ne citer qu’elles. Une autre chose me caractérisait
à cette époque : la haine de ce qu’on appelait consumérisme et
machinisme. Je vous laisse donc imaginer ma joie à la victoire du
candidat que je soutenais. Et ma déception lorsque je le vis reculer sur
certaines de ses promesses. Mon intérêt pour la politique s’effrita
petit à petit.
Quelque chose d’autre m’avait perturbé
durant cette année scolaire : l’étude de la seconde guerre mondiale et
plus particulièrement du communisme. Et c’est là qu’une étrange chose
advint, même si elle était prévisible. Le communisme captivait mon
attention. Un idéal se dessinait dans mon esprit : un monde où tout le
monde serait égaux. Personne ne serait riche mais personne ne serait
pauvre et nous serions épargnés du déficit moral du matérialisme et
autres dépravations de nos sociétés capitalistes. C’est lorsque je
repense à cette époque que je réalise la pertinence de la critique de
Murray Rothbard envers Ludwig von Mises : ce dernier défendait une
position utilitariste, et refusait toute considération éthique
concernant le libéralisme. Or à l’époque, étant communiste, ce n’était
pas son efficacité qui m’avait convaincu de l’être, car je m’apercevais
bien de son inefficacité. C’est l’éthique, ou le semblant d’éthique, qui
caractérisait le communisme qui m’avait convaincu à défendre ses
positions. Même meurtrier, c’était pour la bonne cause, tout en me
disant qu’il serait préférable de ne plus faire couler de sang à
l’avenir.
Rejet de la violence
Mais cette passion, que dis-je, cette
adoration du communisme s’estompa lorsque je découvris ce qui fut ma
première caractéristique libérale : la détestation de la violence. Non,
en effet, à y regarder plus près, je me demandais si le fait de fermer
les frontières n’était pas l’aveu même de la défaite de mes idéaux, et
je réalisais que, sauf à user de la violence, un pays communiste ne
pouvait pas émerger. La chimère communiste et pleinement centralisatrice
s’estompa. Mais elle fut rapidement remplacée par une autre : la
mouvance alter-mondialiste. Si on ne peut se passer d’une économie de
marché, faisons en sorte que celle-ci ne soit pas aussi destructrice que
ce qu’elle était naturellement dans mon esprit. Il fallait au moins
s’épargner le renard libre dans le poulailler libre. Une époque où
désillusion allait sur désillusion : une époque où lorsque je critiquais
les ultra-libéraux, je mentionnais d’emblée les renflouements des
banques, les subventions publiques, la politique expansionniste de la
Banque Centrale. Tous ces artifices me semblaient être l’expression même
de la caste libérale qui se servait de ses pouvoirs pour accroître la
potentialité du pouvoir économique à écraser les plus pauvres. Les
droits de succession ? Les plus pauvres seraient obligés de vendre leurs
terres à des agents immobiliers. C’était forcément une injure libérale
qui se cachait derrière cela.
Mes cours de sciences économiques
avaient cependant amené une autre pierre à l’édifice interventionniste
que je représentais : j’ai nommé le keynésianisme. Autant dire que je
commençais à accumuler les mauvais actifs. Il survint cependant un
remède guérissant ces stigmates étatistes, lentement mais sûrement.
J’avais eu l’avantage d’avoir un enseignant hors norme dans l’éducation
nationale. Très conservateur sociétalement, si je puis dire, mais très
libéral sur le plan économique.
Autant dire que j’avais droit à une
certaine critique des tentatives de relance en France, du
protectionnisme ou de la politique de la Fed, ou que celui-ci nous
parlait des Lois Hartz et de la flat tax dans les pays anciennement
communistes. Un professeur un peu atypique en somme et à qui, malgré
notamment nos nombreuses divergences sur le plan sociétal, je dois
l’attraction que je subis progressivement vers le libéralisme. Cela ne
se fit pas du jour au lendemain. Il me fallut mon année de Terminale
pour me débarrasser d’une partie des pensées keynesio-marxistes qui me
caractérisaient. Ainsi je considérais vers la fin de l’année scolaire la
taxe à 75% comme une imbécillité, ainsi que la très grande rigidité du
marché du travail français. Ce n’était pas grand-chose mais au vu de mes
précédentes promenades au fin fond du socialisme, on pouvait considérer
cela comme un progrès.
Après avoir passé mon bac, je
commençais à m’intéresser à l’UDI, qui s’était formée depuis quelques
mois. Parallèlement, il me prît l’envie de relire les programmes de
chaque parti. Je vous laisse deviner ma stupeur quand je me suis aperçu
que, peu ou prou, c’était les mêmes programmes. Derrière chacun d’entre
eux se cachait l’État, et seul le degré auquel il se manifestait
variait, encore que très peu. À cette découverte, une idée me traversa
l’esprit. Je devais absolument savoir ce qu’était le libéralisme, ce
qu’il était vraiment (pas ce qu’on en disait à la télévision). C’est à
ce moment là que je découvris que le PLD faisait partie de l’UDI.
Il me semblait approprié donc de lire
leur programme. Et le moins que je puisse dire est que j’étais choqué,
plutôt dans le bon sens du terme, par ce que je lisais. Retraite par
capitalisation ? Les médias parlaient tous les jours de la retraite par
répartition sans proposer d’alternative. Cela me semblait être une bonne
idée. En somme, j’étais relativement d’accord avec tout ce que je
lisais.
J’avais cependant encore en
détestation les inégalités économiques et je souhaitais que l’État les
résolvent. Une personne me fit cependant remarquer que l’égalité
économique était le contraire de l’égalité de droit, et qu’à vouloir des
individus vivant pareillement, il fallait agir différemment avec chacun
d’entre eux. En somme, chacun aurait une part inégale de sa propriété
qui lui appartiendrait. Le dogme de l’égalitarisme s’envola
définitivement.
Mieux connaître le libéralisme
Passons vite ma première année de
Licence. Elle correspond à l’année où j’ai essayé d’approfondir mes
connaissances sur le libéralisme. Je m’étais mis à lire Contrepoints,
les publications de l’Ifrap, de l’Iref Europe et parfois de l’Institut
Coppet et l’Institut Molinari, et je discutais régulièrement avec des
libéraux sur Twitter. Je finis rapidement par me considérer comme
minarchiste, c’est-à-dire que je défendais un État minimal. Mais même si
la tentation d’aller plus loin me tenaillait, je voyais dans
l’anarcapie un danger profond pour la liberté, et je ne comprenais pas
comment certains individus en arrivaient à un tel … « extrémisme » ? Je
me refusais à user de ce terme, sachant que c’était ce que les étatistes
disaient des libéraux en général.
Le jour arriva cependant où je me mis à discuter avec un anarcho-capitaliste. Ma position restait la même : l’État devait gérer les fonctions régaliennes. Il essayait cependant de me convaincre que ce n’était pas nécessaire. Il sema le doute dans mon esprit et je ne savais plus que penser. Cependant, l’aboutissement de ma quête arriva lorsqu’une excellente nouvelle illumina mon quotidien. C’est à celle-ci que je dois mon arrivée à l’anarcho-capitalisme.
C’est cette personne qui me fit réaliser que le seul monde où elle méritait de vivre, c’était dans un monde de liberté. Pas un monde dépravé, enchaîné et spolié par l’État. Un monde où elle pourrait s’épanouir et ne pas avoir à se soucier de mafieux en tout genre. Un monde où celle-ci verrait que la liberté n’est pas un bien, mais un droit de l’humanité.
Désormais, je me considère avant tout comme un étudiant essayant d’approfondir ses connaissances le plus possible en la matière, en philosophie politique comme en économie dans le but de protéger l’héritage de cette déesse que nous appelons Liberté.
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