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octobre 10, 2025

La peine de mort ? Entre abolition et raison...Flexibilité possible !

A quoi sert la peine de mort ? 

Contrairement à ce qu'on imagine trop souvent, dans une société raisonnablement pacifiée sa fonction première n'est pas d'éviter la récidive, ni de dissuader les criminels. Elle a néanmoins un rôle fondamental.

Rappelons d'abord que la peine de mort n'a sans doute jamais eu vocation à être appliquée à tous les criminels : même le code de Dracon, à Athènes (qui a donné l'adjectif "draconien"), qui en faisait un large usage, n'allait vraisemblablement pas jusque là.

 


 

Défendre la peine de mort ne signifie donc pas, du moins a priori, prôner la mise à mort de tous les criminels, pas même de tous les meurtriers. On peut - c'est mon cas - vouloir le rétablissement de la peine de mort et réserver son application à des cas exceptionnels....voire souhaiter qu'elle ne soit jamais appliquée. Mais dans ce cas, quel intérêt de la rétablir, si c'est pour ne pas en faire usage ? Là est la clef : sa possibilité est essentielle, parce qu'elle dit quelque chose d'essentiel : la vie du criminel n'est plus sacrée.  

La peine de mort proclame que la vie du criminel n'a plus la même valeur que la vie de l'innocent, ni que la sécurité de l'innocent. Cela ne veut pas dire qu'il FAUT nécessairement le tuer, mais qu'on PEUT le tuer au nom du bien commun. Les conséquences sont nombreuses, notamment quand on pense à la légitime défense, ou à l'usage des armes par les forces de l'ordre. Si l'état s'interdit a priori de tuer, si la vie du criminel garde sa sacralité ontologique, alors nécessairement on fragilise la capacité du corps social à combattre physiquement le crime, à repousser les pillards, à se défendre. C'est ça, le problème principal de la position dite "humaniste" de Badinter. Qu'on y songe : tout le monde accepte qu'un soldat puisse tuer et mourir pour la patrie, mais la vie d'un criminel serait intouchable, alors que celle d'un combattant dévouée à la défense du pays ne le serait pas ? Car la vie du soldat n'est pas intouchable : on part au front en sachant que certains n'en reviendront pas. Et on l'accepte, au nom du bien commun.

L'idée que la vie d'un honnête homme dévoué à sa patrie serait sacrifiable (pas à la légère, ni de gaîté de cœur, mais néanmoins sacrifiable), mais que la vie d'un criminel ne le serait pas, est absurde. Une inversion totale des valeurs les plus évidentes.

Il ne s'agit pas de tuer le criminel, il s'agit de proclamer que préserver la vie du criminel est moins important que préserver les innocents et la société de son crime. Il n'est donc pas nécessaire d'appliquer la peine de mort, il suffit qu'elle existe.

Le crime de Badinter n'est pas d'avoir refusé de tuer les monstres, mais d'avoir proclamé que la vie des monstres est inviolable, plus importante que le bien commun, plus importante que la sécurité des gens ordinaires. Et soyons francs, chez ses thuriféraires comme probablement chez lui, l'exaltation de la bonne conscience est vraisemblablement l'objectif premier : Robert Badinter n'a sans doute pas aboli la peine de mort par compassion envers les criminels, mais par orgueil, pour jouir de sa propre supériorité morale.

C'est tout le contraire d'un véritable homme d'état, dont le rôle consiste précisément à assumer les dilemmes moraux qui accompagnent l'exercice du pouvoir, non à se draper dans une pureté superficielle en se lavant les mains des conséquences concrètes de ses principes.

Bref. Ne nous trompons pas de débat : défendre la possibilité de la peine de mort, ce n'est pas affirmer que la vie de tout criminel est sans valeur, c'est simplement comprendre qu'elle a moins de valeur que la sécurité des gens ordinaires.      

Haut fonctionnaire. Auteur de Refuser l'arbitraire et La possibilité de Dieu, chez
@FYP_editions. Écrit dans @Causeur et @TimesofIsrael. Disciple de Plutarque.

 Commentaire:

Alors je suis contre la peine de mort mais ma position n'est pas ferme là dessus, je veux bien être convaincu. Cet argument ne me convainc pas le moindre du monde, car la distinction juridique est très claire : * Légitime défense/usage de la force : réaction immédiate à une menace actuelle, dans l'urgence * Peine de mort : exécution planifiée, à froid, d'une personne maîtrisée et désarmée, après jugement Il est très aisé d'imaginer des sociétés où la légitime défense (y compris létale) et l'usage de la force par la police/l'armée est parfaitement légale et socialement respectée, tandis que la peine de mort est abolie. D'ailleurs pas besoin d'imaginer : c'est le cas dans plein de pays sans peine de mort et qui ont bien moindre de scrupules que nous à défendre rigoureusement la légitime défense. 

Edouard @PlusLibQ

Libéral | Pro-IVG & Pro-Nataliste 

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