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La responsabilité du gouvernement
Un gouvernement a l'obligation de rendre des comptes. Les représentants officiels, qu'ils soient élus ou non, doivent expliquer leurs décisions et leurs actions à leurs concitoyens. L'État s'acquitte de cette obligation grâce à de multiples mécanismes - politiques, juridiques et administratifs - mis en place pour éviter la corruption et garantir que les hauts fonctionnaires demeurent proches du peuple et assument la responsabilité de leurs actions. Sans de tels mécanismes, la corruption peut se développer.
Des élections libres et équitables constituent le principal mécanisme en matière de responsabilité politique. Un mandat à durée déterminée et la tenue d'élections obligent les élus à justifier leurs décisions et à permettre à des rivaux politiques de proposer d'autres choix politiques. Si les électeurs ne sont pas satisfaits des résultats obtenus par un élu, ils peuvent, une fois le mandat de ce dernier terminé, voter en faveur d'un adversaire.
Le degré de responsabilité politique auquel un haut dirigeant est tenu dépend de plusieurs critères, notamment s'il a été élu ou nommé à son poste, la longueur de son mandat et le nombre de mandats successifs qu'il peut cumuler.
Les mécanismes juridiques appuyant la responsabilité comprennent les constitutions, actes législatifs, décrets, règles, codes et autres instruments juridiques qui limitent les pouvoirs des dirigeants et précisent les actions que les citoyens peuvent prendre contre ces derniers si leur conduite est jugée insatisfaisante.
La responsabilisation juridique des membres du gouvernement exige un appareil judiciaire indépendant, habilité à permettre aux citoyens d'engager des poursuites contre le gouvernement.
Parmi les mécanismes appuyant la responsabilité juridique figurent :
des codes d'éthique et de conduite à l'intention des hauts fonctionnaires, donnant les grandes lignes des pratiques inacceptables ;
des lois relatives aux conflits d'intérêts et des lois portant sur la divulgation d'information financières, qui exigent des membres du gouvernement qu'ils donnent des informations sur la source de leurs revenus et sur leurs biens, pour que le public puisse décider si les intérêts financiers de ces responsables risquent ou non d'influencer leurs actions ;
des lois donnant à la presse et au public accès au journal officiel et autres procès-verbaux du gouvernement ;
la participation citoyenne, obligeant les gouvernements à consulter l'opinion publique lors de la prise de certaines décisions ;
le droit de regard du judiciaire, qui donne aux tribunaux le pouvoir d'examiner les décisions et les actions prises par les hauts fonctionnaires et les organes gouvernementaux.
Les mécanismes appuyant la responsabilité administrative comprennent la mise en place de bureaux au sein des organes gouvernementaux ou des ministères et l'adoption de pratiques dans le cadre de procédures administratives qui sont spécifiquement conçus pour garantir que les décisions et les actions des dirigeants sont bien prises dans l'intérêt du public. Ces mécanismes comprennent :
des médiateurs au sein des organes gouvernementaux auxquels le public peut adresser ses plaintes et qui doivent essayer d'y remédier ;
des examinateurs indépendants qui vérifient soigneusement les dépenses de fonds publics afin de mettre à jour les abus ;
des tribunaux administratifs qui entendent les revendications du public en ce qui concerne les décisions prises par les organes gouvernementaux ;
des règles d'éthique qui protègent contre les représailles ceux qui, au sein des gouvernements, dénoncent les cas de corruption ou d'abus de pouvoir par les hauts fonctionnaires.
Gouvernement
De Wikiberal
Le gouvernement est l'ensemble des personnes et des services chargés de diriger un État, donc de décider et de faire entreprendre les actions nécessaires à la gestion de l'État. Dans une hypothèse de séparation des pouvoirs, le pouvoir qu'il exerce est le pouvoir exécutif.
En anglais, le mot government a un sens plus large : il désigne aussi bien le gouvernement, que l'administration étatique et l’État.
En anglais, le mot government a un sens plus large : il désigne aussi bien le gouvernement, que l'administration étatique et l’État.
Citations
- Le premier devoir du gouvernement est de protéger les gens, pas de régenter leur vie. (Ronald Reagan)
- Parfois, il est dit qu’on ne peut pas faire confiance en l’auto-gouvernement de l’homme par lui-même. Peut-on, alors, lui faire confiance pour le gouvernement des autres ? (Thomas Jefferson)
- Etre gouverné : c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, règlementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu (…). Être gouverné, c’est être à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, côté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de la plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! (…) O personnalité humaine ! Se peut il que pendant soixante siècles tu aies croupi dans cette abjection ? (Pierre-Joseph Proudhon)
- N'importe quel groupe de scélérats, pourvu qu'ils aient assez d'argent pour l'entreprendre, peuvent décider qu'ils ont sont un "gouvernement" ; car, pourvu qu'ils aient de l'argent, ils peuvent engager des soldats, et utiliser ces soldats pour extorquer davantage d'argent, et ainsi contraindre tout le monde à obéir à leurs volontés. César a dit à propos de la guerre que l'argent lui permettait d'engager des soldats et les soldats d'extorquer de l'argent : il en va de même pour le gouvernement. (Lysander Spooner)
- Le but d'un homme d'État n'est pas de supprimer les sources de son pouvoir, mais bien au contraire de les augmenter et de les concentrer dans les mains de quelques-uns. (Bertrand Lemennicier)
- Au nom du principe de la propriété, au nom du droit que je possède de me pourvoir moi-même de sécurité, ou d'en acheter à qui bon me semble, je demande des gouvernements libres. C'est-à-dire, des gouvernements dont je puisse, au gré de ma volonté individuelle, accepter ou refuser les services. (Gustave de Molinari)
- Il n'y a pas, dans le monde, un seul établissement de l'industrie de la sécurité, un seul gouvernement, qui ne soit basé sur le monopole ou sur le communisme. (...) Partout, la production de la sécurité a commencé par être organisée en monopole, et partout, de nos jours, elle tend à s'organiser en communisme. (Gustave de Molinari)
- De grand coeur, j'accepte la devise : "Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins" et j'aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également: "que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout" et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu'ils auront. (Henry David Thoreau)
- Gouverne le mieux qui gouverne le moins (Lao-Tseu)
- Aucun gouvernement, de son propre mouvement, ne laissera sa faiblesse s'accroître, car cela reviendrait à acquiescer à sa propre disparition. Les gouvernements, quelle que soit leur prétention du contraire, essaient de se préserver en rabaissant l'individu. Le gouvernement lui-même, en réalité, peut être raisonnablement défini comme une conspiration contre l'individu. Sa finalité unique et permanente, quelle que soit la forme qu'elle prenne, est de le handicaper suffisamment pour se maintenir lui-même. (Henri Louis Mencken)
L'alliance des mots la plus menteuse : un gouvernement qui donne la liberté. (Augustin Thierry)
- Moi, j’ai les mains sales... Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment?... (Jean-Paul Sartre, Les mains sales)
Responsabilité
De Wikiberal
La Responsabilité est d’abord le fait brut que nos actes ont inévitablement des conséquences sur nous-mêmes; Frédéric Bastiat
a écrit que la responsabilité c'est l'enchaînement naturel qui existe,
relativement à l'être agissant, entre l'acte et ses conséquences. Les
deux valeurs libérales que sont liberté et propriété sont inséparables de la responsabilité :
chaque individu est responsable à l'égard des autres des conséquences
de ses actions, bonnes ou mauvaises (quand elles lèsent autrui dans ses
droits ou dans sa propriété), que ces actions soient volontaires ou non
(la négligence n'élude pas la responsabilité). La responsabilité doit
évidemment être établie. Un tribunal est le lieu désigné pour déterminer
une responsabilité. Lorsqu'une affaire judiciaire ne dépend pas d'une
autorité politique, le tribunal arbitral juge les responsabilités des parties.
En droit, la responsabilité est la source l'obligation juridique de réparer.
Par défaut chaque personne bénéficie d'une présomption d'innocence.
La protection sociale, au travers des "assurances "sociales" imposées par la société, loin d'assurer une responsabilité ex ante comme dans le cas d'une assurance classique, détruit toute notion de responsabilité : l'assuré (ou "assujetti") étant contraint de cotiser (et donc ainsi privé de sa liberté et de la responsabilité qui va avec), on n'est pas en droit de lui demander de faire preuve de responsabilité dans son comportement.
On distingue aussi la responsabilité subjective (fondée sur la faute prouvée) et la responsabilité objective (fondée sur la causalité prouvée).
On distingue également la responsabilité contractuelle (respect des obligations auxquelles on s'est engagé) et la responsabilité extra-contractuelle ou aquilienne (qui consiste à réparer un dommage causé à autrui).
De façon générale, la démarcation entre droit et éthique est sujette à de nombreux débats parmi les libéraux (sur des sujets tels que l'avortement, la liberté d'expression, etc). Pour Kant, la morale édicte des obligations concernant l’intention, alors que le droit règlemente seulement les actes extérieurs, susceptibles de respecter ou non la liberté d’autrui. De même, pour Rothbard, dans le cadre du droit naturel, "le caractère légal ou illégal d’une action devrait dépendre de sa nature objective et non de la raison d’agir de l’acteur". Il en découle que divers actes, aujourd'hui punis, ne seraient pas sanctionnés en droit naturel, par exemple : la publicité mensongère, la diffamation, voire une tentative d'assassinat qui échoue.
Formulée en 1953 par Howard Bowen, un économiste d’obédience keynésienne, Social Responsibilities of the Businessman est l'ouvrage fondateur où Bowen définit la responsabilité sociale de l’entrepreneur dès le début de l’ouvrage, « elle renvoie aux obligations de l’homme d’affaire de poursuivre telles politiques, de prendre telles décisions ou de suivre telles lignes d’action qui sont désirables en fonction des objectifs et des valeurs de notre société ». Il s'agit, à la base, d'intégrer les valeurs collectives de la société, en général, au sein des préoccupations et actions des entreprises; L’audit social selon Bowen est de placer un groupe d'intérêts collectif au sein de l'entreprise (stakeholders) afin d'exercer une certaine pression sur les actions managériales. Dans les domaines de la gestion de l'entreprise, les parties prenantes jouent un rôle de dimension normative dans les enjeux de l’entreprise.
L'image négative de la mondialisation, des multinationales, de l'actionnariat et l'émergence de la notion de développement durable ont contribué à la sensibilisation sur la question de la responsabilité sociale des entreprises. La régulation mondiale des entreprises par la soft law a donné lieu à une multitude de normes et labels, constituée de l’ensemble des processus, des réglementations, des lois et des institutions qui influent la manière dont l’entreprise est dirigée, administrée et contrôlée.
Les libéraux critiquent la responsabilité sociale des entreprises pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'une entreprise n'est responsable que devant ses actionnaires, et non devant l'ensemble de la société. Par nature, l'entreprise a une "responsabilité sociale" sans qu'il y ait besoin d'ajouter des règlementations arbitraires et des obligations légales, et l'économie participe au bien commun. La concurrence est à même de susciter une "responsabilité sociale" et le principe de non-agression donne un cadre suffisant pour délimiter l'action légitime d'une entreprise. Si les consommateurs jugent qu'une entreprise manque de "responsabilité sociale", il leur suffit de la boycotter.
D'autres aberrations contemporaines telles que le principe de précaution visent à déplacer les responsabilités. L'intervention publique, quelle qu'elle soit, a ceci de nocif qu'elle collectivise la responsabilité et les risques tout en privatisant les bénéfices.
L'irresponsabilité institutionnelle est la situation privilégiée dans laquelle se trouvent les hommes de l'État : ils peuvent forcer les autres à subir à leur place les conséquences de leurs décisions. Ils sont toujours irresponsables quelles que soient leurs décisions. Une "décision publique" ne peut jamais être responsable, puisque par définition elle impose une contrainte non consentie (s'il y avait consentement, la décision publique et la contrainte qui l'accompagne seraient inutiles). Cela explique entre autres toutes les décisions politiques absurdes, ainsi que l'accroissement indéfini de la dette publique en démocratie :
Pourquoi n'admet-on pas que le critère du consentement, qui par définition tient compte de la rationalité des acteurs sociaux autant qu'il est humainement possible, est le seul moyen possible de réguler un système social ? Sur quoi repose cette croyance suivant laquelle l'Ersatz du contrôle étatique pourrait régler les problèmes au-delà de ce qui paraît a priori humainement possible ?
Il considèrent sans doute que "l'État" pourrait sans peine "tout savoir" de ce qu'"il" a besoin de connaître parce qu'il peut forcer n'importe qui à lui livrer l'information et, à défaut, les moyens de l'acheter.
Or, la question qui est justement cruciale en l'espèce, c'est de savoir si les hommes de l'État ont intérêt à s'informer, et de quoi, dans la situation institutionnelle qui est la leur.
A ceux qui se récrient, répondant que sa formation, son recrutement et son éthique du bien commun rendent au contraire le décideur "public" plus responsable que n'importe qui, on doit rappeler que la responsabilité et l'irresponsabilité sont d'abord des relations réelles : on subit les conséquences de ses actes, ou on ne les subit pas ; la disposition d'esprit qu'on associe à l'une et à l'autre ne décrit que leurs effets sur le comportement.
Dans la mesure où ils ne subissent pas les conséquences de leurs actes, les décideurs publics n'ont pas d'intérêt réel à résoudre les problèmes, a fortiori s'ils peuvent tirer prétexte de leur persistance pour développer leur pouvoir, et ils n'ont pas non plus intérêt à s'informer à la hauteur de l'enjeu pour la société, puisque l'enjeu pour eux est singulièrement différent de ce qu'il est pour les autres.
L'économiste observe tous les jours qu'ils ne connaissent des effets réels de leurs politiques que ce qu'ils veulent bien en connaître, de sorte que Michel Crozier pouvait dire qu'
Responsabilité en droit positif
On peut distinguer deux types de responsabilité:- la responsabilité ex post (articles 1382 et 1383 du Code Civil français) : la question de la responsabilité ne se pose qu'une fois que le dommage s'est produit : il y a eu intention, faute ou négligence de la part de l'auteur de l'acte dommageable ;
- la responsabilité ex ante : la responsabilité est établie d'avance. C'est le cas de l'assurance : en tout état de cause, l'assuré sera indemnisé, car les conditions de la responsabilité sont nées d'un contrat.
La protection sociale, au travers des "assurances "sociales" imposées par la société, loin d'assurer une responsabilité ex ante comme dans le cas d'une assurance classique, détruit toute notion de responsabilité : l'assuré (ou "assujetti") étant contraint de cotiser (et donc ainsi privé de sa liberté et de la responsabilité qui va avec), on n'est pas en droit de lui demander de faire preuve de responsabilité dans son comportement.
On distingue aussi la responsabilité subjective (fondée sur la faute prouvée) et la responsabilité objective (fondée sur la causalité prouvée).
On distingue également la responsabilité contractuelle (respect des obligations auxquelles on s'est engagé) et la responsabilité extra-contractuelle ou aquilienne (qui consiste à réparer un dommage causé à autrui).
Droit et éthique
Plus généralement, on peut distinguer deux notions de responsabilité, l’une purement juridique et conforme pour les libertariens à la vision propriétariste, l’autre relevant de l’éthique personnelle : si je ne donne pas d’argent aux pauvres, je puis estimer que je fais preuve d’irresponsabilité envers eux - mais il ne s'agit pas d'une irresponsabilité juridique, il s'agit d'une irresponsabilité morale relevant exclusivement de mon éthique personnelle. De même, une femme qui accouche sous X est dans son droit ; certains penseront que son action est immorale et irresponsable, mais elle est irréprochable juridiquement.De façon générale, la démarcation entre droit et éthique est sujette à de nombreux débats parmi les libéraux (sur des sujets tels que l'avortement, la liberté d'expression, etc). Pour Kant, la morale édicte des obligations concernant l’intention, alors que le droit règlemente seulement les actes extérieurs, susceptibles de respecter ou non la liberté d’autrui. De même, pour Rothbard, dans le cadre du droit naturel, "le caractère légal ou illégal d’une action devrait dépendre de sa nature objective et non de la raison d’agir de l’acteur". Il en découle que divers actes, aujourd'hui punis, ne seraient pas sanctionnés en droit naturel, par exemple : la publicité mensongère, la diffamation, voire une tentative d'assassinat qui échoue.
La question de la responsabilité sociale des entreprises
Par responsabilité sociale des entreprises la commission européenne définit « un concept qui désigne l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ». [1]Formulée en 1953 par Howard Bowen, un économiste d’obédience keynésienne, Social Responsibilities of the Businessman est l'ouvrage fondateur où Bowen définit la responsabilité sociale de l’entrepreneur dès le début de l’ouvrage, « elle renvoie aux obligations de l’homme d’affaire de poursuivre telles politiques, de prendre telles décisions ou de suivre telles lignes d’action qui sont désirables en fonction des objectifs et des valeurs de notre société ». Il s'agit, à la base, d'intégrer les valeurs collectives de la société, en général, au sein des préoccupations et actions des entreprises; L’audit social selon Bowen est de placer un groupe d'intérêts collectif au sein de l'entreprise (stakeholders) afin d'exercer une certaine pression sur les actions managériales. Dans les domaines de la gestion de l'entreprise, les parties prenantes jouent un rôle de dimension normative dans les enjeux de l’entreprise.
L'image négative de la mondialisation, des multinationales, de l'actionnariat et l'émergence de la notion de développement durable ont contribué à la sensibilisation sur la question de la responsabilité sociale des entreprises. La régulation mondiale des entreprises par la soft law a donné lieu à une multitude de normes et labels, constituée de l’ensemble des processus, des réglementations, des lois et des institutions qui influent la manière dont l’entreprise est dirigée, administrée et contrôlée.
Les libéraux critiquent la responsabilité sociale des entreprises pour plusieurs raisons, notamment le fait qu'une entreprise n'est responsable que devant ses actionnaires, et non devant l'ensemble de la société. Par nature, l'entreprise a une "responsabilité sociale" sans qu'il y ait besoin d'ajouter des règlementations arbitraires et des obligations légales, et l'économie participe au bien commun. La concurrence est à même de susciter une "responsabilité sociale" et le principe de non-agression donne un cadre suffisant pour délimiter l'action légitime d'une entreprise. Si les consommateurs jugent qu'une entreprise manque de "responsabilité sociale", il leur suffit de la boycotter.
Quand l'État s'en mêle...
On assiste dans les social-démocraties à une accélération de la "judiciarisation de la morale" par l’État : de nombreuses lois sont votées pour favoriser (ou réprimer) tel ou tel comportement jugé souhaitable (ou non souhaitable) par ceux qui nous gouvernent, qu'il s'agisse de lutte contre le racisme, l'obésité, les accidents domestiques, etc. Le résultat tangible de cette judiciarisation, c’est l’affaiblissement de la notion d’éthique personnelle, et l'accroissement de l'irresponsabilité, l'esquivalience.D'autres aberrations contemporaines telles que le principe de précaution visent à déplacer les responsabilités. L'intervention publique, quelle qu'elle soit, a ceci de nocif qu'elle collectivise la responsabilité et les risques tout en privatisant les bénéfices.
Irresponsabilité institutionnelle
Il convient de rappeler que la responsabilité ne consiste pas à subir les conséquences d'une décision, mais celles d'une décision qu'on a prise. L'étatisme consiste à faire subir au citoyen les conséquences de décisions qu'il n'a pas prises (par exemple l'assurance maladie à la française depuis 1945 : la cotisation est obligatoire, et on exige de plus de l'assujetti qu'il se "responsabilise" en ne surconsommant pas). Le critère libéral du consentement de l'individu est remplacé par l'esclavage collectif.L'irresponsabilité institutionnelle est la situation privilégiée dans laquelle se trouvent les hommes de l'État : ils peuvent forcer les autres à subir à leur place les conséquences de leurs décisions. Ils sont toujours irresponsables quelles que soient leurs décisions. Une "décision publique" ne peut jamais être responsable, puisque par définition elle impose une contrainte non consentie (s'il y avait consentement, la décision publique et la contrainte qui l'accompagne seraient inutiles). Cela explique entre autres toutes les décisions politiques absurdes, ainsi que l'accroissement indéfini de la dette publique en démocratie :
- C'est la nature même des actions menées par les hommes de l’État que de faire en sorte que le coût des actions des individus ne soit pas supporté par eux mais par d'autres, et que les gains de ces actions soient appropriés par d'autres que ceux qui ont à en supporter les coûts. C'est parce qu'il y a cette séparation, ou externalisation, entre ceux qui paient et ceux qui bénéficient que règne une irresponsabilité générale des actions étatiques. On peut reprocher aux économistes d'hier et d'aujourd'hui d'être silencieux sur ce fait essentiel qui distingue une dette privée d'une dette publique. (Bertrand Lemennicier)
- En France, on a un pouvoir théoriquement très fort, car il n'est pas contrôlé par le peuple, mais en réalité très faible, car il est contrôlé par les oligarques (syndicats, presse, hauts fonctionnaires, associations). (Yvan Blot, L'oligarchie au pouvoir, 2011)
Irresponsabilité institutionnelle
L'Irresponsabilité institutionnelle est la situation dans laquelle se trouvent les hommes de l'Etat, dans la mesure où ils peuvent forcer les autres à subir à leur place les conséquences de leurs décisions.L'illusion de la "régulation" par l'Etat
Pourquoi croit-on que l'État, ou plutôt les hommes de l'État, pourraient mieux résoudre les problèmes de la société que les gens directement concernés ?Pourquoi n'admet-on pas que le critère du consentement, qui par définition tient compte de la rationalité des acteurs sociaux autant qu'il est humainement possible, est le seul moyen possible de réguler un système social ? Sur quoi repose cette croyance suivant laquelle l'Ersatz du contrôle étatique pourrait régler les problèmes au-delà de ce qui paraît a priori humainement possible ?
L'irréalisme des économistes mathématiciens
Deus ex machina
La première source d'erreur est apparemment une omission ; c'est celle des économistes mathématiciens, qui comptent pourtant dans leurs rangs certains des théoriciens de l'assurance les plus réputés, et qui traitent l'État, littéralement, comme un "deus ex machina" : c'est-à-dire qu'ils ne décrivent pas les actes des hommes de l'État comme ils le font des autres personnes, c'est-à-dire en termes de projets personnels, et de prise en compte des contraintes et des conséquences pour eux de leurs décisions. Au contraire, ils les traitent, ces hommes de l'État, comme si ceux-ci pouvaient tout faire, sans se demander comment ils accèdent à leurs positions de pouvoir et quelles limites la société politique oppose à l'arbitraire de leurs choix. Seuls les théoriciens des choix publics le font en partie, mais pour leur part sans décrire les effets de la rivalité politique jusqu'au bout de l'équilibre final prévisible.L'information, comme la production, est coûteuse
Cette première omission des théoriciens conventionnels de l'assurance se renforce d'une autre, qui consiste à présenter le plus souvent au départ l'information comme si celle-ci était gratuite. Ils raisonnent même souvent comme si "on pouvait connaître" les jugements de valeur et les coûts tels qu'ils se forment dans la tête des gens, allant jusqu'à en donner une "représentation mathématique", ce qui contribue à faire perdre de vue que seule l'action peut les révéler.Il considèrent sans doute que "l'État" pourrait sans peine "tout savoir" de ce qu'"il" a besoin de connaître parce qu'il peut forcer n'importe qui à lui livrer l'information et, à défaut, les moyens de l'acheter.
Or, la question qui est justement cruciale en l'espèce, c'est de savoir si les hommes de l'État ont intérêt à s'informer, et de quoi, dans la situation institutionnelle qui est la leur.
L'aveuglement naît de l'irresponsabilité
Dès que l'on veut bien examiner sérieusement les conditions dans lesquelles se prend la décision publique, on s'aperçoit que c'est un contresens que de considérer l'État comme pratiquement omniscient, puisqu'on doit conclure au contraire que lorsqu'elle est publique, la décision est forcément moins bien informée que si elle était privée.On n'est pas responsable quand on est institutionnellement irresponsable
En effet, le décideur dit "public", par définition, est celui qui peut forcer les autres à subir à sa place les conséquences de certaines de ses décisions propres ; il est donc dans cette mesure institutionnellement irresponsable.A ceux qui se récrient, répondant que sa formation, son recrutement et son éthique du bien commun rendent au contraire le décideur "public" plus responsable que n'importe qui, on doit rappeler que la responsabilité et l'irresponsabilité sont d'abord des relations réelles : on subit les conséquences de ses actes, ou on ne les subit pas ; la disposition d'esprit qu'on associe à l'une et à l'autre ne décrit que leurs effets sur le comportement.
La responsabilité est une contrainte réelle...
Il faut donc admettre - et c'est un aspect de ce que Ludwig von Mises rappelait à propos de la prétendue planification centrale en disant qu'on ne peut pas "jouer au marché" - qu'on n'est pas responsable... si on n'est pas responsable : c'est-à-dire qu'on ne va pas agir comme si on devait subir les conséquences de ses actes (donc chercher à les connaître et à les améliorer) si on ne s'attend pas à les subir effectivement. Que l'on s'attende ou non à ce que ce lien existe entre nos actes et leurs conséquences est un déterminant objectif de nos choix, qui ne peut pas plus manquer d'affecter leur réalité que deux et deux ne peuvent faire autre chose que quatre.... dont dépend la régulation sociale
Et si on supprime ce lien, on détruit la régulation sociale, parce qu'on s'attaque à ce que les théoriciens des systèmes appellent une boucle de rétroaction, où celui qui agit s'informe des effets de son action pour la corriger et l'améliorer.Dans la mesure où ils ne subissent pas les conséquences de leurs actes, les décideurs publics n'ont pas d'intérêt réel à résoudre les problèmes, a fortiori s'ils peuvent tirer prétexte de leur persistance pour développer leur pouvoir, et ils n'ont pas non plus intérêt à s'informer à la hauteur de l'enjeu pour la société, puisque l'enjeu pour eux est singulièrement différent de ce qu'il est pour les autres.
L'alibi électoral
La nécessité de se faire élire passe encore pour limiter l'irresponsabilité des certains hommes de l'État, mais elle en concerne une proportion toujours plus faible, et le "droit de vote" n'a aucune conséquence pratique pour l'individu : cela n'a rien à voir avec la responsabilité à 100 % et le contrôle total de ses choix par un propriétaire. Par conséquent, on ne saurait dire que le citoyen contrôlerait quoi que ce soit d'un système étatisé de partage des risques : sa raison d'être est au contraire de le priver, en tant que contribuable, de son pouvoir de décision en la matière. En outre la règle majoritaire peut impliquer un postulat de propriété collective de tous par tous, un principe d'esclavagisme universel, qui érigerait au contraire l'irresponsabilité en principe.L'économiste mesure l'aveuglement des hommes de l'Etat
C'est pourquoi les occasions ne manquent pas de constater qu'en effet, malgré leur prétention technocratique à tout savoir mieux que les autres, les hommes de l'État en réalité savent rarement ce qu'ils font.L'économiste observe tous les jours qu'ils ne connaissent des effets réels de leurs politiques que ce qu'ils veulent bien en connaître, de sorte que Michel Crozier pouvait dire qu'
- "une organisation centralisée est une organisation où le centre ne sait rien de ce qui se passe à la périphérie".
- L'illusion fiscale
- Les politiques et les institutions ont bien d'autres effets que ceux
que leur prêtent leurs promoteurs, c'est la leçon fondamentale de
l'économie politique, on pourrait même dire sa raison d'être
principale : décrire les effets des politiques et des institutions
que les politiques, institutionnellement irresponsables, ne voient
pas.
L'existence même du métier d'économiste, et sa nécessité, témoignent
donc des ravages sur la conscience publique de l'irresponsabilité
institutionnelle qui affecte les hommes de l'État.
En témoignent aussi les difficultés que l'économiste rencontre pour le faire comprendre, car cette irresponsabilité institutionnelle explique aussi pourquoi, de ce problème énorme, l'opinion n'a qu'une conscience parcellaire et transitoire.
La réflexion usurpée
En effet, lorsque les hommes de l'État s'emparent de la prise de décision, ils privent les autres des occasions d'y penser, et cela empêche de se rendre compte à quel point cette organisation pourrait être meilleure s'ils ne s'en mêlaient pas du tout : alors qu'ils ne sont pas obligés de s'informer à la hauteur de ses enjeux, et que par conséquent ils ne le font pas, les hommes de l'État paraissent souvent être les seuls qui réfléchissent à l'organisation de la société puisqu'ils sont désormais les seuls à pouvoir agir. Leur sentiment d'être les seuls à savoir ne leur vient que de ce qu'ils ont monopolisé le pouvoir de décision. Et ce sentiment de supériorité tient aussi à leur irresponsabilité institutionnelle, qui garantit qu'ils seront partiellement aveugles, puisqu'elle les dispense de regarder en face la plupart des pertes qu'ils infligent, aux autres, par leur ignorance et leur méchanceté : de sorte qu'ils ne sauront jamais à quel point ils se sont trompés, ni à quel point les destructions que l'on constate sont de leur fait.
L'accumulation des problèmes
C'est pourquoi on peut observer que si les problèmes insolubles s'accumulent - ce qu'on appelle les "problèmes de société", et qu'on ferait mieux d'appeler les calamités de l'étatisme, c'est à proportion de l'ingérence qu'on a laissé exercer aux hommes de l'État : parce que ceux-ci, qui auraient le pouvoir de régler ces problèmes, n'ont aucun intérêt réel à le faire, et que s'ils ont ce pouvoir, c'est pour l'avoir soustrait à ceux qui y sont confrontés.
L'illusion fiscale porte aussi sur la Loi de Bitur-Camember
Et ces destructions, ils n'en mesurent pas plus l'ampleur qu'ils ne s'en reconnaissent les auteurs.
Il se trouve qu'à ce titre, leur intervention introduit un facteur de ruine supplémentaire dans la société parce qu'elle viole les droits de propriété : cela y introduit le principe de la redistribution politique où, par définition, les puissants dépouillent les faibles (sous prétexte ou non de "solidarité") ; et cette redistribution politique-là, en fait, détruit tout ce dont elle s'empare : car ceux qui y opèrent sont prêts à y consacrer des ressources à la hauteur de l'enjeu, que ce soit pour y prendre aux autres ou pour leur échapper, et ces ressources-là sont perdues pour la satisfaction des besoins humains - c'est la Loi de la Destruction Totale ou Loi de Bitur-Camember.
Par conséquent ceux qui attendent de l'étatisme une forme de régulation en vue d'un allègement des charges se trompent du tout au tout : les hommes de l'État qui s'emparent ainsi de la décision sociale ne peuvent qu'y semer le désordre, et détruire la richesse dont ils s'emparent.
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