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novembre 01, 2014

Globalisation - Mondialisation 8/8 (La criminalité et le terrorisme)

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

La criminalité et le terrorisme


 À la fin du XXe siècle est apparu un nouveau phénomène : la mondialisation simultanée de la criminalité, du terrorisme et de la corruption, une dangereuse « trinité » qui se manifeste dans toutes les régions du monde. Elle se rencontre dans les pays les plus pauvres de l'Amérique latine et de l'Afrique, mais également au cœur de l'Europe prospère. Profitant de la corruption, des groupes de criminels et des cellules terroristes agissent ensemble, que ce soit dans la zone dite de la triple frontière en Amérique latine (Brésil, Paraguay, Argentine) ou dans le cadre des conflits régionaux de l'Afrique de l'Ouest, dans l'ex-Union soviétique ou dans les prisons d'Europe occidentale. La criminalité et le terrorisme sont également associés en Australie, en Asie et en Amérique du Nord, ainsi qu'en témoignent des affaires criminelles qui confirment l'intégration importante de ces activités.
 
Cette trinité est cependant plus complexe que le simple recours des terroristes à des activités criminelles pour financer leurs activités ou la circulation accrue de biens illicites à l'échelle mondiale. Il s'agit plutôt d'un phénomène distinct, dans le cadre duquel des réseaux criminels mondiaux agissent avec des terroristes, les deux groupes menant ainsi à bien leurs activités, à la faveur d'une corruption généralisée.

Cette distinction artificielle qu'on fait entre criminalité et terrorisme se fonde sur une définition obsolète des deux phénomènes. Le précepte selon lequel les criminels seraient motivés par l'appât du gain et les terroristes exclusivement par des convictions politiques ne correspond plus à la réalité contemporaine. Les criminels ne font plus partie d'organisations hiérarchiques ne menaçant pas l'État - comme c'était le cas de la mafia sicilienne ou des Yakuza japonais. Les terroristes, dont l'action est souvent financée par des activités criminelles, passent souvent de la criminalité au terrorisme et vice versa. La structure en réseaux de ces deux groupes leur permet d'entrer en contact, sans que les uns aient nécessairement toujours conscience de l'identité des autres. Il se peut que les deux groupes coopèrent directement ou qu'ils soient en contact par le biais d'intermédiaires. Par exemple, à Los Angeles, l'école de langues qui a fourni des visas à certains des pirates de l'air du 11 septembre 2001 en a également fourni à des prostituées appartenant à un grand réseau de traite d'êtres humains. Ce réseau se livrait également à des vols d'identité susceptibles de faciliter les agissements de terroristes.

Contrairement à l'opinion selon laquelle ce phénomène serait né avec la mondialisation, la criminalité organisée et le terrorisme existent depuis longtemps à l'échelle internationale. Dans les années 1930 déjà, les membres de la mafia italienne des États-Unis se rendaient à Kobé (Japon) ou à Shanghaï (Chine) pour s'approvisionner en drogue et des membres de divers groupes criminels américains se réfugiaient en Chine pour échapper à la justice américaine. Des membres de l'Armée républicaine irlandaise ont trouvé refuge dans des communautés irlandaises implantées à l'étranger, qui apportaient également un appui financier à l'organisation agissant en Irlande.
 

La nouveauté tient cependant à la rapidité et à la fréquence de ces échanges, ainsi qu'au degré de coopération entre ces deux formes de criminalité transnationale. 
Les criminels aussi bien que les terroristes ont établi des réseaux transnationaux, répartissant entre plusieurs continents leurs activités, leur planification et leurs moyens logistiques et semant ainsi la confusion parmi les systèmes judiciaires nationaux qui ont l'habitude de combattre la criminalité transnationale sous toutes ses formes. Les criminels transnationaux bénéficient grandement de la mondialisation. Les terroristes et criminels font circuler des personnes, de l'argent et des marchandises dans un monde où les flux de plus en plus importants de personnes, d'argent et de marchandises masquent à merveille leurs agissements. Les terroristes aussi bien que les criminels transnationaux ont internationalisé leur action pour atteindre leurs cibles, commettre leurs actes et échapper aux autorités.
 

Le lien avec la mondialisation
Les réseaux internationaux de criminalité organisée ont mondialisé leurs activités pour les mêmes raisons que les sociétés multinationales les plus respectables. Les sociétés multinationales établissent des filiales dans le monde entier pour tirer parti d'une main-d'œuvre ou de marchés de matières premières intéressants. Les groupes qui agissent dans l'illégalité font de même. En outre, les groupes internationaux, qu'ils soient légaux ou illégaux, s'implantent également à l'échelle mondiale pour répondre à leurs besoins de production, de commercialisation et de distribution. Les groupes illégaux parviennent à étendre leur champ d'action en tirant parti du nouveau contexte économique, grâce à la révolution des communications et des transports internationaux. Les terroristes ont eux aussi mondialisé leur action, en tirant parti de la possibilité de recruter à l'échelle internationale, de rester proches de communautés d'émigrés qui puissent leur apporter un appui logistique et financier et d'accéder à des communautés plus fortunées.

La fin de la guerre froide a pour beaucoup contribué à la montée de la criminalité transnationale. La fin du face-à-face entre super-puissances a réduit le risque de conflits de grande envergure, mais depuis la fin des années 1980, le nombre de conflits régionaux a augmenté de façon exponentielle. Malheureusement, les armes et les combattants qui alimentent ces conflits sont souvent liés à des activités criminelles transnationales, par exemple au trafic de drogues, de diamants et d'êtres humains. Ces conflits ont donné lieu à un nombre sans précédent de réfugiés et ont nui aux activités économiques licites de ces régions, qui sont alors devenues des lieux privilégiés de recrutement de terroristes ou des refuges où former des terroristes et planifier leurs agissements.
 
L'essor des activités transnationales illicites a été énormément aidé par les grands progrès technologiques réalisés après la Deuxième Guerre mondiale. L'augmentation du trafic aérien civil, les améliorations des télécommunications (notamment le téléphone, la télécopie et les communications rapides via l'internet) et la croissance du commerce international ont facilité la circulation des biens et des personnes. Les criminels et les terroristes profitent de l'anonymat des salons de bavardage sur l'internet et d'autres formes de communication informatisée pour planifier et mener à bien leurs activités. Les terroristes du 11 septembre se sont servis d'ordinateurs accessibles au public pour envoyer des messages et acheter leurs billets d'avion. De même, les trafiquants de drogue colombiens planifient et effectuent leur commerce illicite au moyen de télécommunications codées.

La mondialisation s'accompagne d'une idéologie favorable au libéralisme économique et au libre-échange et d'une réduction de l'intervention des États. D'après les partisans de la mondialisation, la réduction des réglementations internationales et des obstacles au commerce et aux investissements aura pour effet d'accroître les échanges et le développement. Mais ces conditions favorables à la mondialisation contribuent également de façon décisive à la hausse de la criminalité. Les groupes de criminels et les terroristes profitent de l'assouplissement considérable des réglementations, de la réduction des contrôles frontaliers et de la plus grande liberté qui en résulte pour étendre leur action au-delà des frontières et dans de nouvelles parties du monde. Ces contacts s'effectuent plus fréquemment et plus rapidement. Alors que la croissance du commerce légal est réglementée par l'application de politiques de contrôle des frontières, ainsi que par des agents des douanes et des systèmes bureaucratiques, les groupes de criminalité transnationale profitent librement des lacunes des systèmes juridiques nationaux pour étendre leur portée. Ils se rendent dans des régions dont ils ne peuvent être extradés, établissent leurs opérations dans des pays où l'application des lois est inefficace ou corrompue et blanchissent leurs capitaux dans des pays où règne le secret bancaire ou qui disposent de peu de mécanismes de contrôle efficaces. En répartissant ainsi leurs activités, les criminels et les terroristes tirent parti de la mondialisation, tout en agissant à moindre risque.
 

Le commerce mondial s'est énormément développé dans la deuxième moitié du XXe siècle. Les flux très importants de marchandises licites ont masqué une hausse des marchandises illicites. Il est très difficile de détecter les marchandises illicites parmi celles qui sont licites. Le pourcentage de porte-conteneurs dont la cargaison est vérifiée est très faible, ce qui facilite le trafic de drogue et d'armes et la contrebande. Il est ainsi possible de transférer de la drogue à bord d'un thonier, afin d'échapper à toute détection, et une société de production de miel peut servir à transférer des fonds et à générer des profits pour Al-Qaïda.
 

De nombreuses formes de criminalité mondialisée se sont accentuées au cours des dernières décennies. Le trafic de drogue a été le premier secteur d'activités illicites à maximiser ses profits à l'ère de la mondialisation. Les criminels ont tiré d'énormes bénéfices du trafic de drogues, et de nombreux terroristes en ont fait un important moyen de financement. Mais à mesure que la concurrence s'est intensifiée sur le marché de la drogue et que la répression de la communauté internationale s'est durcie, les bénéfices réalisés ont été réduits par la concurrence et l'accroissement des risques ; de nombreux criminels et terroristes se sont donc tournés vers d'autres formes de criminalité facilitées par la mondialisation de l'économie. Les criminels aussi bien que les terroristes ont par la suite tiré des profits financiers de l'augmentation du trafic d'armes et du commerce d'êtres humains. On a également observé une progression très importante du commerce illicite d'espèces protégées, de déchets toxiques, d'œuvres d'art et d'antiquités volées, de produits de contrefaçon et de la criminalité mondialisée liée aux cartes de crédit. Les groupes de criminalité organisée et les terroristes exploitent toutes ces activités, parfois même conjointement.
 

Un secteur de services de taille importante s'est également développé pour répondre aux besoins de toutes les formes de criminalité transnationale. Il s'agit notamment de pourvoyeurs de faux documents, de blanchisseurs d'argent et même d'experts de haut niveau qui fournissent des services juridiques, financiers et comptables aux deux groupes. Cette tendance se manifeste entre autres par le fait que l'établissement bancaire Riggs Bank de Washington, qui a compté parmi ses clients honnêtes des présidents américains et un grand nombre de membres des milieux diplomatiques internationaux, a été poursuivi en justice pour avoir blanchi des capitaux du dictateur de la Guinée équatoriale et facilité le transfert de fonds en direction de terroristes, ce qui lui a valu une amende de 25 millions de dollars. Cette affaire montre que les activités des criminels et terroristes ne restent pas toujours dans l'économie de l'ombre mais se mêlent souvent au système économique légitime. 

Que peut-on faire ?

Il faut que nous modifiions radicalement notre approche de la sécurité internationale. En s'accrochant à la distinction artificielle et dépassée selon laquelle les criminels seraient motivés seulement par le profit et les terroristes seulement par des convictions politiques ou religieuses, les décideurs, les forces de l'ordre et les stratèges militaires ne peuvent lutter efficacement contre le nouveau phénomène des réseaux criminels transnationaux.
 
Les États et les organisations multilatérales doivent abandonner leur conception de la sécurité datant de la guerre froide, selon laquelle les conflits entre États-nations constitueraient la principale menace pesant sur la sécurité internationale, laquelle pourrait donc être garantie par les États. Par exemple, une stratégie qui viserait à empêcher la prolifération d'armes de destruction massive en interdisant seulement l'accès aux matériaux nécessaires à leur fabrication serait certes brillante en théorie mais fatalement vouée à l'échec, car, s'ils ne remédient pas aux menaces supplémentaires que constituent la corruption généralisée et les activités des réseaux criminels et terroristes, les États risquent d'instaurer un sentiment factice de sécurité.

Pour combattre la conjonction de la criminalité, du terrorisme et de la corruption dans un contexte mondial, il faut également remédier aux conditions sociales, politiques et économiques qui suscitent et entretiennent ces trois fléaux. Tous sont liés à des problèmes structuraux ayant trait aux inégalités économiques entre pays, à des régimes autoritaires et au manque de perspectives de nombreuses régions du monde. Une solution viable consiste à reconnaître et à combattre le sentimental d'aliénation qui est à l'origine d'une grande partie des actes de terrorisme, notamment parmi les populations islamiques. La possibilité d'avoir un emploi et de gagner sa vie joue à cet égard un rôle crucial pour de nombreux habitants des pays en développement, afin que, par exemple, les agriculteurs afghans et latino-américains n'aient plus à cultiver de la drogue pour subvenir aux besoins de leur famille.

La criminalité est souvent considérée comme secondaire par rapport au terrorisme. Depuis le 11 septembre 2001, de nombreuses ressources auparavant consacrées à la lutte contre la criminalité transnationale ont été réaffectées à la lutte contre le terrorisme. Il pourrait s'agir là d'une grave erreur, entre autres pour l'armée et les services de renseignement. La lutte contre la criminalité n'est pas une question secondaire mais figure au cœur du combat à mener contre le terrorisme. Les terroristes qui ont posé des bombes dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 auraient pu en être empêchés si les autorités carcérales avaient fait attention au complot qui se tramait dans leurs établissements mêmes.
 
Les forces de police de Los Angeles, qui associent l'action de la police locale à celle des forces de l'ordre fédérales, constituent un exemple de stratégie efficace à cet égard. En faisant appel à la fois à des analyses d'experts et aux méthodes policières habituelles et en surveillant étroitement les activités criminelles au sein de leur communauté, les forces de police de Los Angeles ont brillamment réussi à déjouer d'éventuels complots terroristes et à tenir en échec des organisations qui financent et facilitent le terrorisme. En faisant preuve de coopération et en réduisant les obstacles bureaucratiques, la police de Los Angeles a pu combattre le terrorisme sans recourir à un quelconque mécanisme juridique particulier et sans porter atteinte aux droits prévus par la loi.

Si la menace que constituent les acteurs non étatiques comme les criminels et terroristes transnationaux continue de s'accentuer dans les décennies à venir, il faudra que la coopération internationale s'intensifie, que les lois soient mieux harmonisées et que les services de renseignements collaborent davantage. Nous devons cependant, dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique de lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme, respecter les droits de l'homme et éviter des mesures qui entraîneraient une plus grande radicalisation et favoriseraient le terrorisme. C'est en modifiant notre conception des criminels, des terroristes et de la corruption, qui doivent être perçus comme interdépendants, et du traitement que nous leur réservons, que nous parviendrons à empêcher que les bienfaits de la mondialisation soient exploités au détriment de la sécurité internationale.
 
  2007


Crime

De Wikiberal
Le crime désigne la catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou moins vaste suivant les pays et systèmes juridiques. Le terme provient du latin crimen, qui signifie en latin classique « accusation » ou « chef d'accusation » puis, en bas latin, « faute » ou « souillure ».
Le terme de crime a des sens différents en droit anglo-saxon et en droit français. Un homicide volontaire (meurtre), un assassinat (meurtre prémédité), ou un viol[1] sont des crimes. En droit de Common law, sont également des crimes le vol qualifié, les émeutes, les agressions sexuelles, les actes contraires aux bonnes mœurs, l'évasion fiscale, le parjure, etc. (de nombreux actes qui sont considérés comme des délits en droit continental).
 

Agression

De Wikiberal
Le terme d'agression désigne pour les libéraux le fait d'initier directement une violence (ou de menacer de le faire) à l'encontre d'un individu en visant soit son intégrité physique soit sa propriété, sans se préoccuper de son consentement. C'est donc le critère du consentement (relativement à un périmètre limité à notre propre corps et aux biens qui sont notre propriété personnelle) qui détermine s'il y a ou non agression.

Agression du point de vue libertarien

Pour les libertariens, la notion d'agression est très restrictive. Ne sont pas des agressions et donc ne donnent lieu à aucune violation du droit :
  • les insultes, la calomnie, la diffamation (conformité à la liberté d'expression, aucune violence physique ni atteinte à la propriété[1])
  • la rupture unilatérale d'un contrat (liberté d'action totale, moyennant des compensations prévues auparavant dans le contrat)
  • un échange de biens ou de services n'est pas une agression (les théories antilibérales de "l'échange inégal" sont absurdes : un échange a lieu parce que chacune des parties y trouve avantage, avantage qui n'est pas mesurable, car subjectif)
  • le plus souvent, le non-respect de la propriété intellectuelle n'est pas vu comme une agression ni un vol (hors contrat impliquant la personne concernée)
  • le licenciement d'un employé, le travail prétendument "mal payé", la concurrence "sauvage", le port d'armes, etc.
  • la publicité n'est pas une agression tant qu'elle n'impacte pas la propriété des personnes qu'elle cible et n'est pas trompeuse.
  • toute "agression" envers soi-même n'est jamais une agression au sens du droit, puisqu'il y a consentement (masochisme, suicide, don ou vente d'organes, grève de la faim, consommation de drogues, euthanasie...)
  • se défendre contre une agression n'est pas une agression (légitime défense)
Pour la plupart des libertariens, un grand nombre d'actions autorisées légalement, et qui sont uniquement le fait de l’État, sont en réalité des agressions :

Subjectivité et objectivité de l'agression

En accord avec le subjectivisme libéral (et en désaccord généralement avec le droit positif), une agression est seulement ce que la personne agressée définit comme "agression" (aspect subjectif), quand sa personne ou ses biens sont impactés par l'action d'autrui (c'est là l'aspect objectif). En effet, certaines actions jugées violentes ou dommageables par les uns (sado-masochisme, duel, travail "mal payé", euthanasie, etc.) peuvent être acceptées par ceux qui en sont apparemment les "victimes" : une condition nécessaire (mais non suffisante) à l'agression est l'absence de consentement.
La liste des conditions qui déterminent une agression peut donc s'établir ainsi :
  1. absence de consentement de la part de l’agressé (pas d’agression s’il y a consentement)
  2. impact dommageable démontrable sur la personne ou sur ses biens propres (l'agression ne doit pas être imaginaire ou subjective)
  3. existence d’un agresseur (la « nature » ou le « système capitaliste » ne sont pas des agresseurs)
  4. action positive de cet agresseur sur la personne ou sur ses biens propres (pas d’agression par inaction, par concurrence, par usage de la liberté d’expression, etc.)
  • Ce que signifie une agression violente est qu’une personne prend le contrôle de ce qui appartient à une autre sans son consentement. L’ingérence peut atteindre la propriété d’un homme sur sa propre personne (le cas d’une agression corporelle) ou sa propriété sur les choses comme dans le cas du vol ou de la violation de domicile. Dans un cas comme dans l’autre, l’agresseur impose sa volonté contre la propriété naturelle d’un autre, il prive sa victime de sa liberté d’action et du plein exercice de sa propriété naturelle de soi-même. 
  • (Murray Rothbard, L'Éthique de la liberté, chap. 8)


Coercition

De Wikiberal
La coercition est l'exercice de contraintes (le plus souvent d'origine étatique) pesant sur des individus et/ou leurs biens. De telles contraintes peuvent être justifiées d'un point de vue libéral pour assurer le respect du droit.

Point de vue libéral et libertarien

Pour certains libéraux, « la coercition a lieu lorsqu'on amène les actions d'un homme à servir la volonté d'un autre, non pour servir ses projets à lui, mais ceux de l'autre » (Friedrich Hayek). Cette acception pèche néanmoins par son imprécision. En effet, son sens est tellement extensif qu'il pourrait, par exemple, s'appliquer au publicitaire cherchant à persuader le consommateur potentiel des mérites d'un produit quelconque ou au séducteur baratinant une femme qu'il convoite.
C'est pourquoi les libertariens estiment plutôt qu'elle renvoie à toute action contraire au principe de non-agression (action qui consiste tant à employer la violence légale contre des individus innocents qu'à menacer de le faire).
En revanche, on ne peut appeler coercition ce qui découle de la nature des choses : les faits naturels, tels que la gravitation, la météorologie, ou le fait qu'il faille travailler pour vivre (rareté des biens). La révolte contre la nature, qui sous-tend plus ou moins inconsciemment les théories collectivistes, est une absurdité.
Du point de vue du droit, on pourrait parler de deux types de coercitions : la coercition (voire la violence) légitime, nécessaire pour assurer le plein exercice des droits individuels à l'encontre des personnes qui les violent, et la coercition illégitime :
«L’ennemie des libéraux n’est pas tant la coercition en soi que la coercition arbitraire, abusive et envahissante – celle qui bureaucratise toute une société en règlementant et réprimant là où libre initiative et libre association pourraient efficacement satisfaire besoins et aspirations des gens. D’une manière plus générale, la contrainte n’est pas davantage et ne saurait intrinsèquement être l’ennemie des libéraux, sauf à entretenir une conception bien sommaire et réductrice de la liberté. Si, dans une société ouverte, il y a logiquement bien moins de contraintes que dans une société close traditionnelle ou contemporaine (étatisée, collectivisée), celles-ci n’y disparaissent pas pour autant comme par enchantement. »
    — Alain Laurent
 

Terrorisme

De Wikiberal
Le terrorisme consiste en la pratique, par une personne, un groupe ou un État, de crimes violents destinés à produire sur leur cible (la population) un sentiment de terreur, souvent bien supérieur aux conséquences réelles de l'acte. Le terrorisme vise la population civile en général ou une de ses composantes, une institution ou les structures d'un État. L'objectif peut être d'imposer un système politique, de causer des destructions à un ennemi ou de déstabiliser une société, d'obtenir la satisfaction de revendications politiques, religieuses, racistes, séparatistes, etc.
Raymond Aron définit le terrorisme ainsi :
Une action violente est dénommée terrorisme lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques.
Partout et de tout temps, on observe que le terrorisme est le meilleur allié de l'accroissement de la coercition du pouvoir d'Etat ; il est d'autant plus nécessaire, en période de tension, de ne pas fléchir sur les principes de base des sociétés libérales.

Origine

Le mot terrorisme (ainsi que terroriste et terroriser) est apparu pour la première fois au XVIIIe siècle, durant la Révolution française, pendant le régime de la Terreur, lorsque le Comité de salut public dirigé par Robespierre exécutait ou emprisonnait toutes les personnes qui étaient considérées comme contre-révolutionnaires.
Le mot a plus tard évolué pour désigner aujourd'hui les actions violentes visant spécifiquement les populations civiles, faites dans le but de détruire, tuer et de mutiler. Les terroristes privilégient en effet les cibles civiles plutôt que les opposants armés.
Ces attaques ont pour but de promouvoir des messages à caractère politique ou religieux par la peur, ce qui différencie le terrorisme des actes de résistance visant à se libérer d'une occupation en détruisant les institutions politiques des occupants ou en assassinant ses représentants.

Les différents types de terrorisme

Il existe trois grands types de terrorisme :
  • le terrorisme individuel (nihiliste)
  • le terrorisme organisé (extrême-gauche, extrême-droite, islamisme)
  • le terrorisme d'État.
La terreur d'État a fait dans l'histoire beaucoup plus de victimes que la terreur d'en bas, celle du faible contre le fort.
Le premier épisode terroriste connu, rapporté par Flavius Josèphe, est celui des Zélotes, qui luttent en Palestine au Ier siècle après J.-C. contre l'occupant romain. La secte ismaïlienne des Assassins se fait connaître par ses actions violentes en Iran et en Syrie du XIe au XIIIe siècle. Autour de 1860, les mouvements nihilistes développent des actions terroristes en Russie.

Terrorisme intellectuel  

Le terrorisme intellectuel est la pratique qui, au moyen d'arguments et de procédés intellectuels (conformes en général à la liberté d'expression), vise à intimider pour empêcher la formulation d'idées gênantes. C'est une censure idéologique qui vise à empêcher de parler de tout ce qui ne rentre pas dans les grilles de l’idéologie, et qui sera dénoncé par le politiquement correct comme étant un dérapage. C'est un moyen de favoriser ses propres idées et donc soi-même en tant qu'incarnation de ces idées (intellectuel défendant son statut, parti visant la conquête du pouvoir). La politique est un des domaines privilégiés du terrorisme intellectuel, mais la culture, l'enseignement, etc. n'en sont pas exempts.
« Le terrorisme intellectuel, ce sont les moyens que mettent en œuvre ceux qui savent très bien qu'ils ont tort pour empêcher que les objections les atteignent. Ils n'ont pas d'autres méthodes. »
    — Jean-François Revel
« Qu'appelle-t-on terrorisme intellectuel ? Le fait de vouloir déconsidérer une personne qui exprime des opinions au lieu de les réfuter par des arguments. »
    — Jean-François Revel
« C'est un système totalitaire. Mais d'un totalitarisme patelin, hypocrite, insidieux. Il vise à ôter la parole au contradicteur, devenu une bête à abattre. À abattre sans que coule le sang : uniquement en laissant fuser des mots. Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent. »
    — Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel : De 1945 à nos jours, éd. Perrin, 2004
Parmi les procédés habituels qui sont au cœur du terrorisme intellectuel : l'emploi de la censure, de sophismes, le relativisme, le polylogisme (l'opinion ne compte pas, c'est la situation sociale de celui qui parle qui compte), la diabolisation, l'emploi de motvirus ("ultra-libéralisme", "néolibéralisme" ), les obstacles moraux au consentement, etc.
En France, il existe plusieurs procédés de terrorisme intellectuel utilisables facilement pour éviter tout débat :
  • le classique "point Godwin" qui consiste à mettre son adversaire sur le même plan que les Nazis (argument ad hominem utilisé quand l'adversaire est à bout de ressources) ;
  • spécifiquement français, le "point Poujade" permet de clore tout débat sur la fiscalité ou le rôle de l'État : "tu n'es qu'un égoïste ordinaire, tu veux seulement payer moins d'impôts" ;
  • le "point fasciste" est souvent une conséquence logique du "point Poujade" : "tu es contre la solidarité et pour le darwinisme social". George Orwell observait (déjà à l'époque du fascisme) que « le mot fascisme n’a plus aucun sens, si ce n’est dans la mesure où il recouvre quelque chose d’indésirable ».
  • le "point c-u-l" ("c'est ultralibéral") : quand les procédés précédents apparaissent trop datés et trop usés, l'accusation inusable d'"ultra-libéralisme" permet de qualifier l'adversaire d'extrémiste, comme si la liberté (confondue avec l'anomie) relevait d'une idéologie arbitraire, tolérable tant qu'elle ne serait pas "extrémiste".
Voir aussi La gauche en France.

 


Who Are the ‘Terrorists’?

by Murray N. Rothbard
by Murray N. Rothbard
First published in the Libertarian Party News, March/April 1986.
"Terrorism" has been made The Issue of the Year, for which Americans are expected to tighten their belts, pay countless billions in taxes so the U.S. government and its allies can arm to the teeth, and suffer an escalating repression of their liberties.
Yet who the terrorists are supposed to be remains vague and shadowy. Their only apparent common characteristic is that they are swarthy and foreign; no Nordics need apply.
The top villains seem to appear and disappear kaleidoscopically. A few years ago it was Colonel Khadafy; remember the sinister, swarthy, and "bearded Libyan hit men" supposedly sent to the U.S. to assassinate President Reagan? For that alleged act a partial embargo was imposed on Libyan trade. Yet, the "hit men" seemed to have vanished into the night, never to be heard from again.
After Khadafy had his day in the sun, the Bulgarian equivalent of the KGB had its time at the top, supposedly having engineered Mehmet Ali Agca’s attempt to assassinate Pope John Paul II.
The "Bulgarian connection," so highly touted by conservatives and neo-conservatives in this country, seems to have blown itself away on the sea of lies, contradictions, and lunacies in Agca’s testimony. The only sure quantity in Agca and his proven colleagues is that they are right-wing Turks, hardly fitting candidates for the current White House-U.S. Establishment hit list.
After the fading away of the Bulgarian evil empire, the Lebanese Shiites and their alleged mastermind, the Ayatollah Khomeini, had a long run as "Top Terrorist of the Month."
The U.S. Navy had their turn at shelling and destroying Shiite villages in Lebanon, but the Shiites proved a hardy bunch, and the idea of bombing the alleged Shiite training camp headquarters in the Bekaa Valley foundered in the realization that Syria was there, with anti-aircraft rockets, and with Russia and World War III looming in the background.
Then, suddenly, presto chango, and the dread Shiites seem to have disappeared as the top terrorists, to be replaced by… none other than Colonel Khadafy, back from his long rest.
The chain of evidence linking the Colonel to the recent airport bombings is even flimsier than the hysteria over the Khomeini and Bulgaria, and ranks up there with the disappearing Libyan hit men.
The airport bombings "look like the work" of Abu Nidal, head of the militant Palestinian Fatah Revolutionary Council. That takes care of that, even though no one is really sure that Nidal is still alive.
Having established the Nidal responsibility to its satisfaction, the U.S. government then tries to link Khadafy to Nidal. The claims of the White House and the CIA that they have secret evidence should be met with the same contempt as the alleged "secret knowledge" the CIA was supposed to have had on Vietnam. No person or group should be convicted on secret knowledge.
Even the U.S. admits that its evidence against Khadafy "wouldn’t stand up in court." But a basic tenet of both libertarian and Anglo-Saxon law is that everyone must be considered innocent until proven guilty; otherwise, retaliation or punishment would itself be open criminal aggression, in fact would be "terrorism." Why doesn’t such a standard apply also to Arabs, even if foreign, swarthy, and sometimes even bearded?
In truth, Khadafy is not even charged directly with masterminding or even financing Nidal or other terrorists. He is charged with allowing Nidal to have bases on Libyan territory, with "harboring" terrorists. An interesting charge. (Although even here, there is some evidence that the airport terrorists came from bases in Lebanon, not Libya. But who cares, right, so long as we kill some Arabs, any Arabs?) What does it mean?
In New York and other cities of the United States, hundreds of innocent men, women, and children are terrorized every day, in crimes called mugging. Should the United States government carpet-bomb New York City, destroying it for "harboring" terrorists, and for allowing them to use the city as a "base"? But, you might say, that would mean murdering masses of innocents? Sure, so why then is it OK for the United States government to shell Shiite villages, murdering the innocent, or for Israel to bomb Tunisia, killing 61 innocents, or for the United States to bomb Libya?
The U.S. and Israel say that they deplore having to kill innocents, but since they feel that they must "retaliate," and they can’t pinpoint the actual terrorists – in fact, they don’t know where the terrorists are or even who they are – therefore, they must do something, and killing the innocent becomes a regrettable necessity.
But how does such an argument differ from the U.S. government carpet-bombing New York City ("We must retaliate, and it is regrettable that we have to kill thousands, but we can’t pinpoint the SOB’s"). Or, for that matter, how does it differ from policemen trying to catch a criminal fleeing into a crowd, and simply machine-gunning the entire crowd?
To bring the case closer to home, there is some evidence that the Air India plane that blew up out of Canada was sabotaged by Sikh terrorists, and that those Sikhs were trained in a CIA training camp in Alabama. Would the Canadian, or Indian, government be justified in a bombing strike against the CIA base in Alabama, even at the regrettable cost of killing a few thousand Alabamans? If not, why not? Isn’t Alabama a "harborer" of Sikh terrorists?
Furthermore, every group in this struggle has grounds to believe that they are "retaliating": the Arabs believe that they are retaliating against Israeli aggressors and their backers in the United States.
The rule should be absolute: no "retaliation" is ever justified that injures or kills innocent people, and that means people who are not themselves active criminals. Anything else is an apologia for unremitting and unending mass murder; anything else is chaos and old night, and a justification for "anarchy" in the bad sense.
Everyone rightfully scorns Communists for holding a double moral standard, for holding that no acts are immoral so long as they advance their cause. But what about the egregious and flagrant double standard upheld every day by the American establishment: from the White House down to the major political parties and the media? If they did not hold such a double standard, they would be condemning the following flagrant acts of terrorism:
  • The CIA mining that damaged several neutral and peaceful vessels in Managua Harbor.
  • Acts of brutality by the Nicaraguan contras.
  • The U.S. government’s aggression in an invasion of Grenada.
  • The U.S. government’s flagrant war threats against Libya.
  • Reagan’s act of terrorism against U.S. citizens in Libya, by threatening them with jail sentences if they do not leave.
This last act has an interesting twist: these Americans, who have been peacefully let alone by the dread Libyan government, are supposedly being forced to leave Libya by the U.S. for "their own protection."
Struggling to wriggle out of this blatant double standard has been a major project of the favorite theoretician of the conservatives and neo-cons, Mrs. Jeanne Kirkpatrick, she who first made her mark with a sophistic distinction between "authoritarian" torture (good) and "totalitarian" torture (bad). Any sensible treatment of terrorism would define it as "aggression against innocent people."
First, Mrs. Kirkpatrick and her colleagues tried to redefine "terrorism" as such aggression by private groups, thereby letting the U.S. and Israeli governments off the hook.
But then, with escalating hysteria against Khomeini, Khadafy, Bulgaria, etc., the conservatives were forced to include "state-sponsored" or "state" terrorism in their lexicon.
Mrs. Kirkpatrick’s latest attempt to justify a double standard is that terrorists are evil because their "demands are unlimited" and random, whereas good guys make demands that are attainable and specific.
While the "unlimited" criterion might apply to the alleged airport bombings by Abu Nidal, they most emphatically do not apply to most previous terrorist acts, such as the Achille Lauro hijacking, since they have generally been linked to very specific demands for the release of Arab comrades from Israeli jails. Another sophistic attempt to whitewash U.S. and Israeli terrorist actions thus comes a cropper.
There also is a related double standard at work. So far, every bombing or assassination abroad is attributed to "terrorists"; while every similar occurrence within the United States – from the average mugging to the assassination of John F. Kennedy – is quickly assigned to the category of "lone nut," or, at the least, non-political.
Why a political murder should be considered somehow worse than a lone-nut or non-political one is itself a fascinating question. But the main point is that when a clearly political dynamiting or murder does take place within the borders of the United States – an area that the U.S. government should concern itself with far more than events 5000 miles away – no one seems to give much of a damn.
When one American, Leon Klinghoffer, was murdered on a hijacked Italian cruise liner, the New York media did not stop wailing about the deed for a solid month, and New York’s egregious Senator D’Amato actually proposed Klinghoffer for the Congressional Medal of Honor.
When one American, Alex Odeh, was murdered by the dynamiting of his Los Angeles office of the American-Arab Anti-Discrimination League, few kicked up a fuss. No media wailed day after day, no senator called for the granting to Odeh of the Congressional Medal of Honor. Why is that? Why the double standard?
Why is the murder of one American thousands of miles away treated so very differently from the murder of another right here at home? It would be interesting to see what moral theory Mrs. Kirkpatrick comes up with for that one.

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