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Par Jean-Louis Caccomo
Pour justifier l'intervention de l'État,
les étatistes de tout poil,
à commencer par les fonctionnaires chargés de la propagande officielle,
inventent des scénarios-catastrophes du genre
« que se passe-t-il si les fournisseurs de tel type de service
font tous faux bond et ne satisfont pas le public? »
Ces ratiocinations suivent un modèle standard,
et on peut leur donner une réponse standard.
L'exemple repose systématiquement sur la supposition
que la défaillance d'un acteur est une catastrophe irréparable,
qu'il n'y a pas un marché national pour pallier les déficiences locales,
que toute solution au problème devrait avoir pour base
la reconduction des acteurs défaillants et de leurs comportements,
etc.
Il repose aussi sur des évaluations fantaisistes
de ce qui serait économiquement possible,
par des personnes qui se veulent extérieures et supérieures au marché.
Mais aussi et surtout, ces arguments posent en pétition de principe
que l'État est à même de faire mieux et de corriger
ces « défaillances du marché »
[1].
Or, si un problème est isolé,
s'il ne concerne que les frustrations vites oubliées de quelques personnes,
franchement, il ne vaut pas la peine d'en parler.
Nul ne doit à ces personnes la satisfaction
de leurs désirs sinon elles-mêmes.
Mais à mesure qu'un problème concerne plus de personnes pendant plus de temps,
à mesure que davantage de personnes sont prêtes à allouer
davantage de ressources à résoudre ce problème,
alors les sommes en jeu croissent,
alors la concurrence devient d'autant plus rude pour satisfaire cette demande;
aussi, il se trouvera promptement quelqu'un
pour remplacer tout acteur défaillant.
Ainsi, si par hasard dans un quartier donné tous les acteurs
se révélaient insuffisants pour remplir une mission à forte demande,
cela serait dans un marché libre une opportunité
pour l'émergence d'un nouveau concurrent
ou l'implantation d'un concurrent extérieur au quartier.
[2]
Mais par delà ces considérations de théorie économique,
voici selon moi la bonne façon de présenter le principe du marché libre,
en termes pratiques.
Pensez-vous, personnellement, que dans tel quartier,
il y a vraiment une forte demande sans réponse?
Ma foi lancez-vous!
Plutôt que de demander que d'autres résolvent le problème à votre place,
qui plus est avec de l'argent prélevé de force sur autrui,
ce qui est l'attitude passive d'un esclave
ou l'attitude active d'un tyran,
prenez vos responsabilités,
mettez vos actes en accord avec vos paroles
— appuyez vos affirmations putatives par des actions effectives
[3].
Si, le premier, vous réagissez et faites une offre qui réponde à la demande,
votre entreprise sera couronnée de succès,
et cette réussite sera à la fois
la reconnaissance de votre talent d'entrepreneur,
la récompense des services rendus à tous vos clients,
un encouragement à continuer,
et la mise à votre disposition de ressources
pour exercer davantage votre talent, ici ou ailleurs.
Si au contraire, vous n'étiez qu'un arrogant affabulateur, vous ferez faillite,
et cette faillite sera à la fois le témoin de votre erreur,
l'assurance que vous n'aurez plus
les moyens de mettre votre bêtise à l'œuvre,
une désincitation à imiter votre erreur pour tous vos émules potentiels.
Et si votre faillite était due à l'influence de mauvaises idées ou pratiques
qui n'excluent pas que vous ayez eu quelques bonnes idées ou pratiques
dans le lot, ma foi, d'autres que vous seront libres de suivre votre exemple
sur les points qu'ils croient bons en changeant ceux qu'ils croient mauvais;
et vous-mêmes serez libre de trouvez de nouveaux investisseurs
pour une nouvelle entreprise amendée, si vous savez les convaincre.
Avec un peu de chance, les pertes financières vous seront une sonnette d'alarme
et vous permettront de vous corriger avant la sanction finale de la faillite.
Ainsi, en l'absence d'un monopole
ou de réglementations élevant une barrière à l'entrée du marché,
il n'y a que des lâches et des hypocrites pour prétendre
qu'une demande n'est pas satisfaite.
Si vous avez le courage d'une opinion sincère, lancez-vous:
le marché libre n'est pas, comme l'État chéri de vos fantasmes,
une divinité supérieure de laquelle attendre passivement la salvation;
vous faites partie de ce marché libre:
si vous voyez mieux que les autres une opportunité,
c'est à vous et à nul autre de la saisir
[4];
et si vous ressentez plus que les autres un besoin,
c'est à vous de rendre attractive l'entreprise de le satisfaire.
Et plus la demande est « criante » et plus la solution est « évidente »,
qui plus est « pour tout le monde », plus vous êtes un lâche,
un hypocrite ou un affabulateur de le prétendre
et de ne pas vous lancer dans l'entreprise d'y répondre.
Et si « vous n'avez pas le temps »
car votre activité actuelle
est tellement plus productive et plus sûre pour vous-même
que celle dont vous vous faites le chantre,
eh bien engagez les ressources
que vous gagnez par ailleurs pour les investir
dans cette autre activité que vous prétendez si utile
[5];
si comme vous le prétendez
tant d'autres personnes ressentent le même besoin que vous,
vous n'aurez aucun mal à susciter un fournisseur à votre besoin commun.
À défaut de trouver un entrepreneur parmi vous, recrutez-en un.
Et s'il faut pour cela fournir des garanties d'investissement
à un entrepreneur potentiel,
déposez vos fonds et promesses de fonds chez un notaire,
avec engagement de les investir ou de les dépenser
auprès d'un fournisseur qui satisferait à vos critères,
en agréant un juge réputé impartial pour tout litige à ce sujet;
si vous collectez assez de fonds assortis de conditions raisonnables,
il se trouvera bien quelqu'un pour relever le défi;
dans le cas contraire, ce sera la preuve que votre évaluation était erronée,
que la valeur accordée par vous et ceux qui ressentent ce « besoin »
à la satisfaction de celui-ci
ne suffit pas à couvrir les frais de production d'une telle satisfaction,
et que vos ressources seront mieux employées ailleurs.
D'aucuns étatistes mettront en avant l'objection
d'un « manque de ressources » des « victimes »:
selon eux, les pauvres et faibles « exploités » par les capitalistes,
n'ont pas les moyens
de créer des concurrents à ces compagnies établies,
et seraient ainsi « obligés » de payer « beaucoup plus »
à ces fournisseurs « dominants » voire à ce « monopole »
que ce que ces services ne coûtent réellement.
Si vraiment des consommateurs sont forcés de payer
« beaucoup plus » que ce que coûte « réellement » une prestation,
c'est donc bien que ce « plus » représente autant de ressources
grâce auxquelles ils pourraient non seulement
payer le fonctionnement d'un concurrent moins cher,
mais aussi financer l'établissement de ce concurrent,
et ce d'autant plus vite et avec d'autant plus de bénéfices
que ce « beaucoup plus » est « outrageusement » élevé.
Bref, si vraiment le scandale était énorme,
alors par définition, les ressources pour le faire cesser ne manquent pas;
et si un grand nombre de personnes en était conscient,
alors l'émergence d'un remplaçant serait facile et rapide.
À ce moment, les socialistes mettent en avant
« l'impérieuse nécessité » dans laquelle se trouvent les « pauvres »
qui n'auraient « pas le choix », pris à la gorge,
soumis à leurs besoins immédiats.
Mais comment ces pauvres seraient-ils soudain dans le besoin?
Sont-ils vraiment aux portes de la mort?
N'y a-t-il rien qu'ils puissent sacrifier?
Ne peuvent-ils pas se priver qui d'une bière, qui d'une place au cinéma,
qui d'un vêtement neuf, qui d'un magnétoscope, qui d'une voiture plus récente,
qui d'un appartement plus grand, etc.,
bref, épargner, le temps qu'il faut pour réunir les fonds nécessaires?
Ne peuvent-ils pas emprunter à un taux d'autant plus élevé
que l'exploitation est outrageuse et que sa fin les libérera?
Si vraiment exploitation outrancière il y avait,
les moyens ne manqueraient pas de la faire cesser.
Et encore une fois, plus grande la « rente de monopole » supposée,
plus urgente cette alarme, plus les victimes seront prêtes à sacrifier
pour la faire cesser, et plus rapide sera sa fin.
Dans un marché libre, il n'est donc aucunement possible
qu'un monopole quelconque puisse rançonner le public et subsister.
Dès que le prix d'un fournisseur est
« trop » élevé ou que ses prestations sont défaillantes,
et à mesure que l'insatisfaction du public est grande,
ce fournisseur, sur un marché libre,
est condamné à devoir s'améliorer ou disparaître
— et vite.
La « solution » des étatistes est de confier
à l'État le soin de « protéger » les faibles.
Les socialistes vont jusqu'à réclamer que l'État se fasse fournisseur exclusif.
Voilà bien une conclusion absurde fondée
sur des hypothèses autocontradictoires
autant que sur des sophismes flagrants.
Qu'est-ce donc que l'État régulateur,
sinon la domination des pouvoirs établis,
et le frein à l'émergence de concurrents?
Qu'est-ce donc que l'État fournisseur, sinon précisément le monopole,
ce cas le pire dont on avait peur que le marché le suscite peut-être?
Cette « solution » est précisément le pire possible
de tous les maux que l'on prétend écarter.
Qui protège contre les prix outrageux et le service désastreux
de la part du monopole d'État? Personne.
Les citoyens étaient supposés imprévoyants et incapables de s'organiser;
comment se défendront-ils alors contre l'État tout-puissant?
Pire encore, là où un libre marché reconnaît à une minorité prévoyante
le droit de s'organiser pour établir un concurrent au bénéfice de tous,
la régulation et le monopole de l'État consistent précisément
en l'empêchement et l'interdiction de toute concurrence,
en l'emploi de la force pour prévenir toute tentative
d'organisation pour faire cesser l'exploitation.
Ce que proclament vraiment les étatistes,
c'est qu'ils sont des êtres supérieurs,
source de bienveillance, de prévoyance, d'autorité,
d'organisation, d'intelligence,
dont le commun des mortels est dépourvu;
ce qu'ils revendiquent, c'est qu'il faut leur conférer le pouvoir
(absolu, dans le cas des socialistes)
sur la masse des inférieurs.
Derrière toutes les pseudo-justifications,
il n'y a rien d'autre que cette revendication aristocratique
(et totalitaire, pour les socialistes).
Ceux qui voient un problème potentiel dans le marché libre
et refusent de voir le même problème en pire dans l'État
font deux poids deux mesures.
En prétendant que l'État est une solution,
ils font une pétition de principe;
plus encore, quand on examine en détail
le fonctionnement social et sa dynamique,
on voit qu'ils vont à l'opposé de la raison.
Ce n'est pas qu'ils raisonnent à l'envers —
c'est qu'ils ne raisonnent pas,
mais croient par superstition,
superstition alimentée par la propagande des véritables exploiteurs,
les privilégiés de l'État.
Ceux qui justifient l'intervention politique par des scénarios catastrophes
ne comprennent pas plus la nature d'un marché libre que celle de l'État;
ils en restent à la pensée magique.[6]
La grande peur des « défaillances du marché »
n'est autre chose que cette névrose de ceux
qui ont peur de la liberté et sa réalité duale, la responsabilité,
et qui se cherchent désespérément en l'État un parent, un tuteur,
pour les soulager d'avoir à se comporter en adultes
[7]
— peur alimentée par les voyous qui n'hésitent pas à s'en servir
pour étendre leur pouvoir sur tous les hommes,
via une majorité d'esclaves volontaires,
soumis grâce à leur croyance en Dieu-l'État.
Par François-René RIDEAU
Cet article est issu du remaniement d'un
billet paru sur
mon blog en février 2004.
Il a été publié au QL #146 du 15 septembre 2004.
Notes
[1]:
Sur le sophisme de la défaillance de marché (market failure),
voir par exemple cet article
The Market Failure Myth
de D.W. MacKenzie.
[2]:
Bien sûr, des réglementations strictes et autres lois protectionnistes
peuvent empêcher ou ralentir considérablement cette implantation;
mais dans un tel cas, la permanence de la pénurie n'est évidemment pas due
à la concurrence (c'est-à-dire à la liberté),
mais bien à l'absence de concurrence
(c'est-à-dire à l'intervention coercitive de l'État).
[3]:
Les américains ont cette excellente expression:
put your money where your mouth is,
littéralement « mettez votre argent là où se trouve votre bouche »;
bref, appuyez vos dires par un engagement concret.
[4]:
Dans son article
Are Bubbles Efficient?,
Robert Blumen raconte cette blague connue,
dans laquelle des « économistes » discutant de l'économie
en termes de marchés magiquement en équilibre permanent
trouvent par terre un billet de cent dollars,
et passent leur chemin en disant que
si ce billet avait vraiment de la valeur,
le marché aurait déjà escompté cette valeur.
La morale de l'histoire est que contrairement
à ce que suppose l'approche classique,
l'équilibre des marchés ne se fait pas magiquement,
et n'est pas l'objet fondamental de la science économique.
Au contraire, comme l'avance l'approche « autrichienne » de l'économie,
l'objet fondamental de la science économique
est bien l'action humaine
de ceux qui voient et saisissent
les opportunités d'amélioration pour eux-mêmes et leurs congénères.
Et cette action humaine constitue la force
dont la résultante est de s'approcher
d'un point d'équilibre dynamique
(quand cette force est en rétroaction négative)
ou au contraire de faire évoluer la société vers le progrès
(quand cette force est en rétroaction positive),
voire les deux à la fois selon la projection choisie.
En fin de compte, il n'y a pas d'équilibre,
il y a que des opportunités qui sont autant d'incitations à l'action;
l'équilibre n'est qu'un point mouvant où tendent momentanément ces actions,
dans l'approximation rarement pertinente
où l'information se découvrirait et circulerait
beaucoup plus vite que ne se déroule l'action.
L'erreur des économistes classiques et autres étatistes
est donc de voir en l'économie un phénomène déshumanisé
qui se déroulerait sans l'homme, malgré lui,
comme une malédiction qui le détourne de la « vie vraie »,
alors qu'au contraire, vue correctement comme domaine de l'Action Humaine,
elle est un phénomène consubstantiel à la nature humaine,
elle est la vraie vie.
[5]:
Là encore, les américains,
qui comprennent mieux que nous le principe de fonctionnement
d'une économie libre,
ont cette expression: money talks — « l'argent parle ».
Le seul moyen sincère et honnête
pour signifier que l'on attribue vraiment de la valeur à quelque chose
que l'on n'a pas la compétence pour faire avancer soi-même,
c'est de dépenser son argent en conséquence.
Pour prévenir la réaction outragée des détesteurs de l'argent,
les américains ont encore cette expression time is money,
« le temps c'est de l'argent ».
L'argent, c'est ce que rapporte l'usage le plus productif de votre temps,
mis au service de ceux qui savent le mettre au plus grand profit d'autrui,
en combinant votre spécialité à celles complémentaires d'autres personnes.
Ensuite, vous pouvez à votre tour employer cet argent,
qui peut se concevoir comme
la concrétisation d'une « dette sociale » à votre égard,
pour employer des spécialistes capables d'effectuer les tâches
qui vous tiennent à cœur.
Souvent pour réparer une plomberie défectueuse,
il vaut mieux travailler trois heures et payer une heure de travail de plombier
que d'essayer soi-même et passer six heures en essais et erreurs,
achat de pièces et énervement;
de même pour aider les nécessiteux,
il vaut souvent mieux travailler quelques heures en plus
et faire une donation du produit de ce travail
à une charité spécialisée dans une telle entreprise,
que de passer un temps bénévole à faire maladroitement
ce que d'autres feront mieux à votre place.
Bien sûr, en fin de compte, chacun est seul juge
de la meilleure façon de passer son temps.
Mais l'emploi judicieux de l'argent, cet intermédiaire universel,
loin d'être un signe de « matérialisme »,
est au contraire un signe d'efficacité dans l'usage de ressources matérielles,
au service des causes qui sont celles des hommes,
qu'elles satisfassent des appétits matériels ou des aspirations spirituelles
— si tant est qu'on pusse délimiter pertinemment
le matériel et le spirituel.
[6]:
Sur les sophismes utilisés pour justifier l'État,
et sur la pensée magique sous-jacente à ces sophismes,
lire mon essai
L'État, règne de la magie noire.
[7]:
Pour l'analyse d'un cas particulièrement aigu de cette névrose,
voir mon article
Schizophrénie socialiste,
commentaires sur la pièce
« Dans la solitude des champs de cotons »
de Bernard-Marie Koltès.
Comment imputer le déséquilibre constaté aux défaillances d’un marché qu’on empêche précisément de fonctionner ?
Les
théoriciens de la concurrence imparfaite, en banalisant l’adjectif «
imparfaite », considèrent que l’on ne peut décidément pas faire
confiance en la concurrence pour concilier les intérêts nécessairement
divergents (à court terme en tout cas) des protagonistes du marché. La «
concurrence imparfaite » est cependant un concept dérivé du modèle de « concurrence pure et parfaite »
auquel il prétend se substituer en l’affinant. Pourtant, le modèle,
même affiné, n’est sans doute pas une représentation fiable de la
réalité des processus de marché.
Si
la plupart des manuels d’économie proposent des présentations
détaillées et abondamment illustrées des modèles de concurrence
imparfaite, ils éludent le plus souvent une telle question qui implique
de revenir sur les fondements philosophiques du principe même de
concurrence. Considérons l’exemple du marché du travail pour illustrer
ce propos. Il est clair que le monde réel, dans lequel nous vivons tous,
est loin d’être parfait. Il est clair aussi que la concurrence telle
qu’elle existe, dans le monde réel, est quelque chose d’autre que la «
concurrence pure et parfaite ». Pourtant, l’origine des défaillances
constatées est loin d’être établie clairement.
Si
une grande partie des économistes se montrent favorables à l’idée
d’encadrer la concurrence par des instances extérieures au marché, c’est
soit qu’ils ont une conception néoclassique de la concurrence, soit qu’ils ne reconnaissent aucunement les vertus du marché libre
(keynésiens, marxistes, régulationnistes…). En agrégeant tous ces
courants de pensée, on obtient finalement la majorité des économistes
qui considèrent qu’il y a des imperfections qu’il faut – et que l’on
doit –
corriger. Mais, si les développements récents vont dans le sens de la
législation de la concurrence, c’est notamment en raison de
l’impossibilité de se rapprocher, dans la réalité, des conditions de la
concurrence pure et parfaite telles qu’elles ont été définies par la
théorie. Pourtant, sommes-nous certains de la pertinence des références
en ce domaine ?
La
question est loin d’être anodine car, si la référence est fausse, alors
les conclusions le sont tout autant et ce que nous appelons « défaillance » est alors tout autre chose .
Le
marché du travail en France est caractérisé aujourd’hui par la
coexistence, d’un côté, d’un nombre important de chômeurs de longue
durée et de chômeurs diplômés, et d’un autre côté, par une pénurie
croissante de personnel dans un nombre important de secteurs, que ce
soit de personnel qualifié ou non. Le moins que l’on puisse observer est
donc une grande défaillance dans la quête d’un équilibre du marché du
travail. Face à ce constat, on en appelle généralement aux pouvoirs
publics. Pour autant, le marché du travail en France est-il l’exemple
d’un marché libre ou d’un marché perturbé à force de réglementations et
de collectivisation des processus de négociation qui empêchent tout
ajustement fin des offres et des demandes ?
Il
suffit de mentionner l’existence du S.M.I.C., de la complexité du droit
du travail, du poids des charges sociales, des nouvelles
réglementations, du poids de l’État dans l’éducation et la formation
pour constater qu’il n’existe pas, dans les faits, un réel marché du
travail sur le dos duquel on pourrait imputer la responsabilité du
chômage. Sans avoir la prétention de trancher une question si complexe,
l’économiste n’a pas le droit de s’interdire de se poser la question
inverse. N’est-ce pas plutôt les tentatives constantes et maladroites de
régulation forcée et de manipulation de l’offre et de la demande de
travail, par des mécanismes réglementaires et administratifs (telles les
conventions collectives qui se substituent de plus en plus au contrat
de travail dont le fondement est individuel) qui neutralisent toutes
possibilités d’ajustement fin, qu’il soit quantitatif ou qualitatif.
Le
moins que l’on puisse constater est que cette tentative de « régulation
» se solde par de terribles et coûteux échecs. Si les échecs de la
régulation sont plus coûteux que les imperfections de la concurrence
qu’elle était censée corriger, n’aurait-on pas plus intérêt à restaurer
les conditions du plein épanouissement des lois économiques ? En tout
cas, la redoutable question du chômage nous renseigne plus sur les
défaillances de l’administration et de sa gestion que sur les prétendues
défaillances inhérentes à un marché libre. Car comment imputer le
déséquilibre constaté aux défaillances d’un marché qu’on empêche
précisément de fonctionner ?
http://caccomo.blogspot.fr/2014/07/defaillances-du-marche-ou-defaillances.html |
Défaillance du marché
De Wikiberal
La justification habituelle « philanthropique » de l'intervention de l'État réside, en autres, pour les étatistes dans le concept vague et un peu passe-partout de défaillance du marché. En fait, il s'agit là d'une justification a posteriori des premières interventions de l'État, une justification de l'augmentation du pouvoir de l'État, et de son emprise, bien éloigné de buts prétendument philanthropiques.
En réalité, on peut soutenir que le marché est toujours imparfait, mais jamais défaillant :
- imparfait, parce que personne n'est jamais complètement satisfait des biens et services disponibles : ils sont toujours trop chers, en quantité insuffisante, et parfois même pas encore inventés !
- jamais défaillant, parce qu'une défaillance se définit comme l'incapacité à remplir une obligation, et il est absurde d'assigner des obligations à un marché.
Aspects néfastes de l'intervention de l'État
En réalité, l'emploi par l'État de la coercition lorsqu'il intervient, implique nécessairement des conséquences néfastes, puisque l'État ne vient pas comme un être surnaturel, hors du monde, qui ne fait que, par exemple, modifier les répartitions de richesse. La violence que l'État fait aux hommes induit une agression au sens propre du terme, et une appréhension, qui n'aurait pas eu cours dans une société de liberté où la répartition de la richesse - issue de la création - est spontanée. Il s'ensuit que, dans la plupart des cas, l'intervention
conduit à un effet contraire au but recherché par le philanthrope. Les
exemples sont nombreux, on pourrait ici citer l'explication rothbardienne de la crise de 1929, prétendument emblématique des faiblesses du capitalisme : elle trouve sa source dans le protectionnisme et l'interventionnisme des années 1920, ainsi que dans les décisions arrêtées par la toute jeune Federal Reserve américaine sur le marché monétaire (voir aussi l'article étalon-or).
La causalité libre
Il advient donc de l'intervention de l'État une série d'aggravations des situations présentes, mais qui ne sauraient être attribuées à l'État qui se caractérise, pour beaucoup d'étatistes,
par une sorte d'infaillibilité. Attitude encouragée d'ailleurs par la
croyance de suivre des idées progressistes, qui vont "dans le sens de
l'Histoire", avec pour objectif d'améliorer sciemment le sort des
"classes défavorisées". Sorte d'emprunt à la dialectique matérialiste
marxiste. En ce sens, les étatistes ne sont pas conscients de la causalité des effets pervers de l'interventionnisme.
Ils s'expliquent, pour eux, par une sorte de "causalité libre", sans
source. Cette "causalité libre", à partir de laquelle les étatistes
cherchent à élucider l'origine des "effets indésirables ou non
souhaités", ne serait alors qu'une propriété d'émergence des
interactions individuelles, incapable d'être prévue au niveau
microscopique (ou microéconomique), mais qui est observable au niveau de
la macroéconomie.
La personnification du marché
Cependant, la pensée est également pervertie par un autre principe, à partir de ce point : le marché,
ensemble des actions individuelles, est donc imprévisible, peut
conduire à des "dérives", il ne pourrait alors être utilisé comme remède
à quelconque situation. L'État
s'impose donc comme la solution d'une force personnifiée, et qui
s'attribue des objectifs précis. Et on note, en bout de course, une
projection de la conception de l'État sur celle du marché, où celui-ci devient personnifié. D'où la matérialisation des multiples "dérives du marché", qui ne pourraient en aucun cas être laissées "à ses forces aveugles indomptables".
Faire payer par tous la folie de quelques-uns
En pratique, l'accusation de défaillance du marché est utilisée par
les étatistes pour leur permettre de satisfaire leurs lubies aux dépens
des contribuables. Elle permet à l'irrationnel, grâce à la coercition
fiscale, de se donner libre cours sans subir la sanction du marché.
L’État peut prétendre ainsi jouer un rôle de super-assureur, en assurant
l'inassurable, de super-banquier, en finançant à perte le non-rentable,
etc.
Citations
- Si les marchés sont imparfaits, les politiques sont aussi imparfaites que les marchés. (Paul Krugman)
Voir aussi
Défaillance de l'État
De Wikiberal
Les défaillances de l'État (government failures) sont les cas dans lesquels l'action des hommes de l'État cause plus de mal qu'elle n'apporte d'éléments positifs.
Il s'agit d'un des principaux objets études de l'école du Choix Public de James McGill Buchanan et Gordon Tullock. Les étatistes invoquent les défaillances du marché
pour justifier l'intervention des pouvoirs publics dans tous les
secteurs. Buchanan et Tullock entendent à l'inverse souligner que
l'action de l'État est tout aussi défaillante et qu'opposer, comme le
font les étatistes, une puissance publique immaculée et un marché
toujours défaillant est une erreur grossière.
Les économistes du Public Choice soulignent ces défaillances et
proposent plusieurs explications. Ainsi, ils expliquent la croissance de
l'État et ses échecs par le fait que les fonctionnaires sont des hommes
comme tout les autres; ils cherchent donc à maximiser leur
satisfaction, c'est-à-dire par exemple augmenter leur salaire, obtenir
un plus grand bureau, etc. Ces buts peuvent souvent entrer en
contradiction avec les buts affichés de l'action étatique, à savoir agir
en faveur de l'« intérêt général ». Pour l'économiste William Niskanen, l'action étatique est par essence moins efficace, car les droits de propriété ne peuvent s'exercer pleinement et la responsabilité individuelle n'existe donc pas.
Autre exemple, un homme politique à la veille d'une élection sera
tenté d'offrir des baisses d'impôts clientélistes à certaines parties
de l'électorat, pour assurer sa réélection.
Prenant l'exemple de la crise financière actuelle, l'historien François Garçon dans Le Temps du 19 janvier 2009
souligne que la règlementation étatique, présentée comme la panacée,
n'a rien fait pour pallier certaines dérives ou même les percevoir. Et
Garçon de mettre en doute la capacité de l'État à mieux réguler le marché, à rebours de l'idéalisation irrationnelle qui en est souvent faite[1].
4 commentaires:
le marché a des imperfections mais comparer le marché à une administration parfaite est erroné. l’administration a aussi des imperfections. or si on étudie les imperfections du marché et les imperfections de l’administration on se rend compte que le marché a moins d’imperfections que l’administration. c’est pour cela qu’il faut une administration limité.
Puisque je me penche sur le programme des lycées en économie, la rengaine est invariable, sur bien des chapitres : les marchés sont défaillants, la panacée est l'intervention de l'Etat. C'est le "raisonnement" jackpot pour avoir son bac (et son Capes) - le meilleur c'est la politique de la concurrence, pour défendre le consommateur, quand on sait que ledit bien-être du consommateur a plus à craindre du secteur public et des secteurs réglementés.
ça veut dire que le peu de personnes qui ont étudié l'économie, c'est souvent de travers, et les autres n'y entendent goutte et suivent les opinions dominantes. J'expliquais quelques choses simples sur l'actu économique à mon frère, de profil plutôt scientifique. Il me disait que ça concerne et intéresserait beaucoup de personnes de comprendre un minimum ce que je lui avais transmis. Seulement les quelques choses apparemment simples que je lui ai expliquées ce soir là, en lui disant je constatais qu'on peut faire bien des études d'économie, et lire bien des journaux, avant de les croiser. Par exemple, un sujet du capes d'économie, c'était sur l'opportunité de l'équilibre budgétaire. Là où l'homme de la rue est naturellement "orthodoxe" (dépense= recettes), les économistes ont inventé plein de vertus aux déficits. Le libéralisme économique aurait de l'avenir avec les personnes "non autorisées"
Je suis fils de paysan et oui l'interventionnisme mal calibré est un désatre total ,des prix très bas depuis la reforme de la PAC en 1992 et des prix qui ne remontent pas ou peu car les aides se substituent au marché en le faussant et empéchent une régulation normale des prix par le simple jeu de l'offre de de la demande .
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