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Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste.
Sommaire:
A) Europe et migrations - Chantal DELSOL - son blog
B) Primaire à droite : Frédéric Lefebvre tente un dernier coup de poker - Par
Tristan Quinault Maupoil - Le Figaro
C) Sarkozy : mais pourquoi ment-il autant ?
D) Frédéric Lefebvre, de l’ombre à la lumière - La Saga des Audacieux
E) Le coup du modèle social - Jean-Francis Pecresse - Les Échos
F) Livre : Le vote libéral par Jacques Garello - IREF
A) Europe et migrations
Les grandes migrations et l’avenir de l’Europe
1
La question de l’immigration se pose à nous Européens, de façon
tragique. Autrement dit, comme un dilemme cornélien, un conflit aigu
entre la politique et la morale. Conflit insoluble au sens où il n’y a
pas de « solution » qui le dissoudrait. Il faut assumer l’exigence de la
politique et l’exigence de la morale, et cependant prendre des
décisions, qui nécessairement tranchent sur le vif.
La politique dit : le gouvernant doit protéger la société qu’il a en
garde, et cela signifie protéger un monde culturel, celui dont les
citoyens ont fait leur patrie. Même si on manque à la morale en laissant
dehors des réfugiés.
La morale dit : une société, surtout si elle est riche et prospère,
n’a pas le droit de laisser dehors des humains errants, jetés d’ailleurs
et réclamant asile. Même si cela aboutira à une remise en cause de
l’identité culturelle de celui qui accueille.
L’une et l’autre ont raison. Elles aboutissent ensemble à une
contradiction. Et cependant le gouvernant doit prendre des décisions. Il
ne peut être ni seulement un politique, ni seulement un être moral.
Cicéron, cité plus tard par Saint Augustin, avait écrit là-dessus un
texte d’une grande force. Un homme est mortel, dit-il, mais une société
est immortelle. Un individu peut choisir de tout sacrifier à la morale,
son existence et sa vie : il peut choisir de mourir pour le bien. Mais
une société n’en a pas le droit. Car elle est pour ainsi dire
responsable de l’immortalité. Elle doit assurer la durée du monde
culturel dont elle a la charge (il faut ajouter que cette question de la
durée comme finalité dernière de la société a été la différence entre
Athènes et Rome, plus tard a séparé Machiavel de toute la tradition
héllèno-chrétienne antérieure, plus tard encore, avec Hitler a consacré
Machiavel et l’a en même temps mis au ban : depuis le nazisme, qui au
nom de la durée a été capable d’utiliser des moyens ignobles, nous
n’avons plus envie de considérer que la durée de la société est un but
en soi).
On a tout vu ces derniers temps. Ceux qui avancent les raisons
politiques sans s’intéresser à la morale : fermons les frontières et
laissons-les dehors. Ceux qui avancent les raisons morales au détriment
de la politique la plus sommaire : ouvrons les vannes et laissons entrer
tout le monde. Les premiers sont prêts à perdre leur conscience morale
pour sauver leur culture. Les seconds sont prêts à effacer leur culture
pour sauver la morale.
On voit aussi (surtout) toutes sortes de manigances intellectuelles et verbales.
Par exemple le déni qui consiste à prétendre que les humains sont
interchangeables, parce qu’au fond il n’existe pas d’identités
culturelles, seulement une culture universelle – ce qui permet en
l’occurrence de réconcilier la morale et la politique, au prix d’un
aveuglement.
Encore plus sidérant, le déni de réalité qui prétend que l’islam est
une religion démocratique, ou bien que les femmes « n’ont qu’à se tenir à
distance d’un bras » dit la bourgmestre de Cologne Henriette Reker.
Autrement dit, les arguments sont : ce n’est pas vrai que
l’immigration massive serait un problème (l’islam est compatible avec
nos sociétés), ou bien ce n’est pas grave (parce que notre culture est
coupable de tant de crimes qu’elle ne vaut pas d’être protégée).
La volonté de réaliser la morale, sans s’inquiéter de la politique :
- répond à la croyance idéologique, d’essence totalitaire, selon
laquelle la politique n’est autre que la réalisation d’une morale. Que
la politique devrait disparaître.
- répond à une dévalorisation du monde culturel occidental, dont
il ne vaudrait plus vraiment la peine que la politique le défende.
Répond à l’affolement devant le désastre moral du XX° siècle. La
décision de Merkel n’est-elle pas suicidaire ?
- répond à un refus de la diversité culturelle et de l’identité
culturelle, et à un culte de l’indifférenciation. Volonté post-moderne
de réaliser tout de suite l’universel, la communion des cultures – de
réaliser Babel.
Je rappelle que nous nous sommes déjà trouvés il y a un siècle devant
une situation vécue comme danger culturel ou comme mort prochaine de
soi (le progrès de la médecine d’une part, l’Etat providence de l’autre
laissaient craindre des foules d’individus dits « dégénérés »). Darwin
(La descendance de l’homme I p.145) décrit le combat de la morale et de
la nécessité et dit : la morale doit gagner. Et cela avec regret. Il
expose une sorte de caprice déraisonnable de la morale que « nous devons
subir sans nous plaindre » parce que l’instinct de sympathie est « la
plus noble partie de notre nature ». Hitler répond à Darwin en disant :
tant pis pour la morale. Nous ne voulons plus qu’il nous arrive de
prendre une telle décision.
S’ajoute une raison plus historique, à laquelle pour ma part
j’attache beaucoup d’importance : la responsabilité des pays
colonisateurs et de ceux qui ont fait venir de nombreux immigrés ces
dernières années pour des raisons économiques. La France sous Pompidou a
fait venir une foule de travailleurs bon marché (c’était un choix : la
Suisse a préféré payer plus cher ses éboueurs suisses), et certains
disent qu’on a eu tort de décréter le regroupement familial, ce que je
trouve inacceptable. Quand on a colonisé et utilisé des peuples qui
désormais parlent français, on est responsable d’eux.
Il est donc clair que nous ne pourrons pas éviter un afflux massif d’immigrés.
2
Vous me posez la question : à la lumière de l’enracinement de Simone
Weil, comment peuvent vivre des peuples sans racines ? Comment percevoir
la situation des migrants d’aujourd’hui ?
Il faut préciser que l’Enracinement de Simone Weil concerne
l’anthropologie philosophique, ou la compréhension de l’homme en tant
qu’homme. Par exemple : l’homme a besoin de liberté, d’égalité ; il a
besoin de faire des efforts etc. Il ne s’agit pas de l’anthropologie
culturelle, au sens où l’on dirait : l’homme occidental a besoin de
démocratie, d’autonomie etc
A l’égard de l’anthropologie philosophique, les migrants ne sont pas
déracinés. Mais ils sont déracinés de leur culture. Et c’est aussi une
vraie question. Comment faire vivre dans une même patrie des groupes
humains aussi différents ? Où sera désormais le bien commun ? La réponse
la plus simple consiste à laisser les groupes se séparer et vivre
séparément – c’est le communautarisme ou multiculturalisme : le bien
commun devient l’addition des biens des groupes divers ; cela signifie
que chaque groupe culturel recrée sa patrie à l’intérieur de la grande
patrie, et c’est probablement source de luttes civiles à long terme. La
deuxième réponse est celle de la neutralité : l’identité culturelle en
général est biffée, niée, à l’exception du seul folklore ; pour éviter
le communautarisme et garantir la paix sociale, on se donne un bien
commun neutre et matérialiste. L’avantage est d’éviter les luttes
internes : car si on se bat pour des croyances, on ne se bat pas pour
des intérêts ; il suffit donc d’effacer les croyances et de ne valoriser
que les intérêts. L’inconvénient est alors que l’on prive la société de
sens : les biens matériels ne donnent pas sens à la vie. C’est le choix
français.
3
Que l’on choisisse le communautarisme ou l’apologie du neutre, en cas
de migration massive la déculturation ou perte d’identité est bien
réelle. Il suffit de regarder des films comme « Entre les murs ». Ou
bien : l’histoire du jeune français issu de l’immigration qui dit à son
professeur « je vous ai bien écouté pour avoir une bonne note, mais tout
ce que vous avez dit était faux ».
Le phénomène de « dewesternisation » dont vous parlez est-il réel ?
A certains égards, non. Car confrontée à d’autres cultures, la
culture européenne en général fait envie. Je ne vois pas que les femmes
maghrébines arrivées en France demandent à leurs maris de continuer à
les enfermer chez elles, comme j’ai pu le voir dans les foyers de
transit. Toute culture extérieure à l’Europe se demande « faut-il
s’occidentaliser ? », mais nous ne nous demandons pas s’il nous faut
nous indianiser ou nous siniser (perdre les droits de l’homme et adopter
une culture holiste comme celle que défend avec talent le singapourien
Lee Kuan Yew). La question ne se pose même pas. L’Ouest a un attrait tel
que la « dewesternisation » sera difficile. D’ailleurs, si l’on se
précipite chez nous, c’est que nous sommes victimes de notre succès,
tant sur le plan économique que politique et culturel. Beaucoup de ceux
qui s’installent chez nous cherchent, tout autant que le confort
économique, l’autonomie personnelle qu’ils n’auraient pas dans leur
pays.
Pourtant, le phénomène de « dewesternisation » pourrait se produire de deux manières.
Cette liberté individuelle enviable qui est notre marque de fabrique
et qui produit l’immigration, nous l’exagérons et n’en voyons plus les
limites, si bien que nous en perdons ce que précisément Simone Weil
appelle les racines. C’est ainsi que nous suscitons, par réaction contre
nos excès, un anti-occidentalisme profond dans plusieurs cultures
extérieures (aujourd’hui on peut citer trois cas : les pays chinois, la
Russie orthodoxe, l’islam fondamentaliste). C’est ainsi que de jeunes
musulmanes peuvent préférer porter le voile plutôt que de s’exposer à
l’impudeur et à la pornographie dont nous prétendons être fier.
Enfin : nous sommes en train de nous laisser mourir
démographiquement, et de cette manière la « dewesternisation » est
automatique, sur le long terme. Dans le livre Les cent prochains siècles
Raymond Ruyer avait décrit les peuples long-vivants : dotés de
religions et certainement pas individualistes…
4
Il est douteux qu’on parvienne à répondre à ce dilemme tragique et
cornélien par des tours de passe-passe, de la prestidigitation, de la
fumée.
Que peut-on faire dans une situation pareille, affolante parce que vouée à l’échec d’un côté comme de l’autre ?
On peut déployer des capacités et des vertus surabondantes. Un
individu face à une situation tragique peut aller au-delà de lui-même.
Une société aussi le peut. A condition que ce ne soit pas au nom d’un
angélisme fumeux, mais au nom d’une morale sincèrement ancrée dans les
exigences de la vie. Car on veut bien sacrifier beaucoup, mais pas pour
satisfaire des imposteurs idéologues.
Si l’on tient à défendre à la fois la politique et la morale, il
faudrait faire un effort immense pour tenir tous les fils de cette
situation tragique. A savoir user à la fois de la plus grande lucidité
(pour la politique) et de la plus grande solidarité (pour la morale). La
lucidité : accepter d’expulser vraiment les clandestins qui n’ont rien à
faire ici (on ne le fait pas) ; passer un contrat d’intégration
(l’apprentissage de la langue, les mœurs) à ceux qui désirent entrer ;
tenir un langage de vérité à propos de l’islam (on en est très loin !).
La solidarité : travailler de façon citoyenne, au niveau du village et
du quartier, à l’accueil et à l’intégration. On se souvient qu’après
plusieurs noyades dramatiques sur les bateaux de fortune, un grand élan
de bonne volonté avait animé la planète européenne : des villages
français s’organisaient pour recevoir chacun plusieurs familles de
réfugiés, et les Allemands applaudissaient en foule les réfugiés
débarquant des trains. Toutes ces bonnes intentions se sont enfuies, pas
seulement en raison de cette émotion fugitive qui semblait en être le
seul moteur, mais parce qu’elles n’étaient pas portées par une
atmosphère de lucidité. C’étaient de belles intentions, issues de nos
rêves moralistes et non pas ancrées dans le quotidien exigeant.
La morale est impure si elle récuse la réalité.
La bienveillance morale que l’on doit aux personnes n’a pas à passer
par la complaisance. Je respecte tous les musulmans, même ceux qui me
méprisent, parce que je dois la miséricorde à tous les humains ; mais je
ne respecte pas l’islam, religion qui tient les femmes pour des
enfants.
Nos concitoyens approuveront des entrées massives d’immigrés si on
cesse de leur mentir. Si les gouvernants présentent les immigrés comme
des hôtes malheureux dont l’hospitalité élémentaire réclame qu’on leur
ouvre la porte, mais qui doivent respecter les règles de la maison,
alors l’accueil devient possible. Si on accepte de débattre sur la part
de l’islam qui peut s’intégrer chez nous, au lieu de traiter
d’islamophobe quiconque évoque les différences, alors nos concitoyens
ouvriront leurs bras. L’exemple du Canada est, à mon avis, exemplaire –
il faut dire que le Canada est une île…
L’angélisme provoque les extrémismes. Mais la lucidité jointe à un grand sens moral, pourrait accomplir des miracles.
Chantal Delsol, Prononcé à l’Université de Varsovie, 31 mai 2016
B) Primaire à droite : Frédéric Lefebvre tente un dernier coup de poker
Invoquant une cabale menée à son
encontre par Nicolas Sarkozy, le député veut se présenter à la primaire
via une disposition qui permet à des partis associés de participer au
scrutin sans passer par l'étape des parrainages.
Frédéric
Lefebvre joue le tout pour le tout. En retrait pendant cette
pré-campagne, on pensait l'ancien ministre définitivement découragé à se
présenter à la primaire à droite. Il n'en est rien. Le député des
Français de l'étranger s'est présenté vendredi après-midi au siège de la
Haute autorité chargée d'organiser le scrutin. A l'issue d'un entretien
avec Anne Levade, sa présidente, l'élu a fait une déclaration
tonitruante: «J'ai reçu de nombreux parrainages. Il m'a été refusé de
les enregistrer».
Une affirmation qui n'est pas confirmée par la
Haute autorité. Frédéric Lefebvre, lui, jure qu'il est victime de la
vindicte de Nicolas Sarkozy, l'ancien chef de l'Etat dont il a longtemps
été le porte-flingue. «Dès le début de ma candidature, j'ai fait
l'objet d'un traitement personnel. Le président des Républicains a
cherché à me faire renoncer», s'est indigné l'ancien ministre devant les
journalistes. Pour étayer son accusation il a cité sa non-investiture
pour les prochaines élections législatives. «Je suis le seul député
sortant à avoir subi cette marque d'infamie». Une cabale qui aurait eu
des conséquences dans sa collecte des parrainages: «Les parlementaires
qui m'ont parrainé ont évidemment mesuré le risque pour leur avenir
politique».
«Je suis candidat»
Ainsi, il a indiqué avoir «officiellement saisi la Haute autorité le 28 juillet dernier des conséquences de ces mesures ad hominem».
Faute de réponse, il a décidé vendredi de déposer sa candidature via
l'article 4, paragraphe III-2 de la charte de la primaire. Celui dispose
que les partis associés aux Républicains peuvent présenter un candidat
selon les dispositions qu'ils souhaitent. Sans la case parrainages,
donc. L'occasion pour Frédéric Lefebvre de sortir de sa poche son
micro-parti, Nouveaux horizons. «Je ne suis d'ailleurs pas le seul dans
ce cas de figure», souligne l'élu. Effectivement, Jean-Frédéric Poisson a
eu l'autorisation de se présenter au nom du Parti chrétien-démocrate
sans avoir à récolter de parrainages.
«Ma volonté est totale de
ne pas céder au système. Ce 9 septembre, vous l'avez compris, je suis
candidat», a conclu Frédéric Lefebvre. Toutefois, rien ne dit que la
Haute autorité confirmera sa candidature. «La Haute autorité contrôle la
régularité des présentations et vérifie leur conformité aux conditions
arrêtées par les organes délibérants des partis et groupements
politiques concourant à la primaire», peut-on lire dans le guide électoral de la primaire.
Un candidat extérieur aux Républicains peut se présenter sans
parrainage «à condition qu'un accord ait été préalablement conclu entre
l'organe délibérant du parti ou groupement politique dont il est issu et
les organes délibérants des autres partis ou groupements politiques
concourant à la primaire», avait précisé la Haute autorité dans une
recommandation de novembre 2015.
Ces derniers jours, plusieurs
petits candidats farfelus ont tenté d'utiliser ce subterfuge pour
s'inviter dans le scrutin. Pour l'instant sans succès.
Par Tristan Quinault Maupoil
C) Sarkozy : mais pourquoi ment-il autant ?
Mais pourquoi donc traquer ainsi les bobards de Nicolas Sarkozy ?
Quand l’ex-président a fait son retour en politique, fin septembre, les
médias se sont posé la question du traitement à lui réserver. Méfiants à
l’idée de tomber dans le piège de la surmédiatisation, soucieux de ne
pas contribuer au bruit qu’il sait créer autour de lui. Rue 89 a ainsi
expliqué, dans un billet intéressant,
avoir décidé de se forcer à rester à distance de l’animal. A Désintox,
nous avons fait tout l’inverse. Pas le choix. Parce que c’est lui, parce
que c’est nous. Parce que notre travail est de débusquer les bobards,
parce que sa manière de faire de la politique consiste à les empiler.
Parce qu’il a cassé notre bobaromètre, cet outil que nous avions mis en place en 2012 pour mesurer le nombre d’intox des candidats à l’Elysée.
Depuis six ans que Désintox existe, Nicolas Sarkozy est une mine
d’intox à ciel ouvert. Un oiseau rare. Notre youkounkoun. Un objet
d’étude sans nul autre pareil. Son art du story telling, ses
postures de matamore sont inimitables, qui le voient systématiquement
accroître ses mérites, rogner ceux des autres, grossir les chiffres ou
rabioter les stats.
Nous avons donc pris un billet pour le Sarkotour, et, chaque soir de
représentation depuis son interview sur France 2 fin septembre, nous
sommes au premier rang. A Vélizy, à Toulouse, à Toulon, à Marseille, à Caen. Nous recensons les bobards. Onze intox à Toulon et Marseille, Neuf à Caen. Combien ce jeudi soir à Saint Etienne ?
Certes, ce sont parfois les mêmes. Pourquoi continuer, alors, à
chroniquer la répétition de ces intox ? Parce que la répétition, c’est
le sujet, aussi.
La singularité de Nicolas Sarkozy n’est pas seulement sa capacité à
fabriquer du bobard, sur l’AME, la GPA, les syndicats, la délinquance,
etc. Elle réside dans sa capacité à les répéter, sans aucun scrupule,
sans tenir compte (jamais) du fait que la presse a apporté la preuve du
bobard de la veille. Une majorité des hommes politiques ont le mensonge
honteux. Au moins un peu, sur les bords. Si ce n’est par vertu, au moins
par désagrément d’être confondus. Pris en flagrant délit, ils se
justifieront avec parfois des trésors de mauvaise foi s’ils y sont
obligés. Mais la fois d’après, ils hésiteront à y revenir, ou se
corrigeront un peu. Nicolas Sarkozy, jamais.
Jouer au Sarko bingo pour lister les intox avec nous
Après ses premiers meetings, le Monde et Libé,
pour la énième fois, ont expliqué que, non, rien ne permet d’affirmer,
comme Sarkozy le dit sans cesse, que 5% des délinquants commettent 50%
de la délinquance. Que croyez vous qu’il fit ? Il le répéta. A chaque
fois. Et deux fois pour le prix d’une, même, à Caen :
«50% des faits de délinquance sont le fait de 5% des délinquants ! Vous
m’entendez bien ? 50% des faits de délinquance sont le fait de 5% !»
Depuis plusieurs meetings, il dégaine un autre élément de
langage, consistant à dire que s’il n’a pas réussi à faire baisser le
nombre de fonctionnaires en France lors du dernier quinquennat, c’est
parce qu’il a supprimé 165 000 postes dans la fonction publique, mais
que les «collectivités de gauche» en ont créé autant. Un
mensonge parmi d’autres. Piteuse démagogie consistant à attribuer
uniquement à la gauche 165 000 postes. En réalité, les collectivités ont
créé environ 80 000 postes (le reste correspondant à des transferts
dans le cadre de la décentralisation), et pour l’essentiel dans les
communes et intercommunalités, qui ne sont pas spécifiquement de gauche.
Par deux fois, Désintox a publié le tableau
qui permet d’infirmer le grossier bobard. A Caen, lors de son dernier
meeting, Nicolas Sarkozy a paru refréner l’intox, s’abstenant de parler
des collectivités de gauche : «Pendant cinq ans où j’ai été
président, nous avons supprimé 165 000 emplois dans la fonction
publique. Jamais dans l’histoire de la République, un tel effort n’avait
été fait. Le problème est où ? C’est que dans le même temps, les
collectivités territoriales ont créé autant de postes de fonctionnaires
que l’Etat en avait créés.» Mais il n’a pas pu s’empêcher d’ajouter, dans un sourire : «Je n’accuse personne… Encore que…»
Libération
D) Frédéric Lefebvre, de l’ombre à la lumière
Il était l’un des protagonistes clés de la Sarkozie. L’homme de l’ombre aux aguets.
Frédéric Lefebvre prend son envol outre-Atlantique à la suite de l’invalidation de l’élection de sa concurrente.
La législative partielle fut un coup de théâtre. Bousculé par la mort qui l’a frôlée, il relativise les conflits politiciens. L’élu livre son regard sur la politique. Dans son bureau empli de souvenirs. Rencontre.
Le Député d’Amérique du Nord n’a pas une mais plusieurs vies. Elles sont façonnées par un destin qu’il a, chaque fois, saisi pour avancer en s’émancipant. Il affronte aujourd’hui les individualités enfermées dans des idéologies. Il se faisait l’ardent défenseur, sans concession, de Nicolas Sarkozy en quête du pouvoir suprême. Face aux socialistes, il ne lâchait, ni ne démordait.
Des tournants comme autant de paragraphes de la vie
Il s’est, par la suite, émancipé et affranchi en devenant l’un des acteurs clés de l’Hémicycle.
Député des Hauts de Seine il était le spécialiste des amendement votés à
l’unanimité. Déjà en recherche de consensus. Avant que son mentor ne
lui confie le rôle ingrat de porte parole. Comme tout ce qu’il
entreprend, il le fait à fond. Parfois en allant trop loin. Les Français
le découvrent. Il est omniprésent sur toutes les chaînes de télévision
et de radio. Fait son premier 20h sur France 2. Riposte à toutes les
attaques contre Nicolas Sarkozy. Fourni aux réseaux sociaux quelques
perles qui feront leur délice. Et c’est alors, qu’à plusieurs
reprises, il frôle la mort. Sans le savoir au départ. Le médecin qui l’a sauvé le qualifie de « miraculé« .
Des expériences qui ne laissent, pas indemnes. Ces péripéties et ces tournants, sont autant de paragraphes décisifs qui ont marqué la vie de l’élu républicain.
Face
au Président du Parlement Européen insensible à ces appels à se
mobiliser contre l’Etat Islamique ou devant une opposition partisane et
systématique, il se lève avec fermeté. Et voici celui qu’un journaliste
du Figaro surnomma « OuiOui« , au regard de sa propension à
soutenir l’actuel pouvoir quand il juge que cela va dans le bon sens,
qui au nom de l’indignation, est capable de porter un Non, ferme et définitif. Au nom des citoyens qu’il représente. Quand l’idéal qui entend défendre le mérite.
La politique emplie d’ « énergie négative » dont il a été l’un des protagonistes jadis, il la balaie dorénavant.
1981. François Mitterrand est élu Président de la République. Cette année-là est
aussi celle de la naissance d’un duo politique qui gravira les sommets
de l’Etat. Frédéric Lefebvre rencontre Nicolas Sarkozy. Amitié qui sera doublée d’une fidélité réciproque à toute épreuve. Tous deux, avancent dans une quête politique. Clivant, le conseiller ne laisse rien passer quant à l’image de Nicolas Sarkozy gravissant les marches du pouvoir. Le « porte-flingue » est un pilier de la Sarkozye. Il prend des coups pour lui. Abîme son image. Ses amis de gauche, comme Julien Dray, le mettent en garde. « Ne te sacrifie pas. » Le PS va réagir durement et mettre en place une « cellule anti-Lefebvre »
avant que Benoit Hamon ne le prenne comme modèle, exhortant une fois
devenu ministre, ses successeurs à prendre exemple sur son alter ego.
Sarkozy ne le nommera pas comme promis au Gouvernement. En tout cas pas
tout de suite.
Mais
avant de se retrouver dans la lumière l’homme fut un conseiller de
l’ombre reconnu pour son professionnalisme et parfois sa dureté.
L’ouverture face au système
Il sera successivement Attaché Parlementaire, Chef de Cabinet adjoint, Conseiller en charge des relations avec le Parlement auprès du futur Chef de l’Etat.
S’il fut intraitable avec ceux qui mettaient en cause Nicolas Sarkozy, il fut aussi l’artisan de « l’ouverture« . L’élu a participé à théoriser cette idée qu’il avait mise en pratique pendant les années de l’ombre. Le Conseiller parlementaire a « noué des liens d’amitié avec des personnalités de gauche ».
Manuel
Valls, Didier Migaud ou Julien Dray appréciaient ce conseiller qui
acceptait au nom de son ministre, les amendements socialistes qu’il
trouvait constructif.
Devenu Ministre il pratiqua
ainsi, notamment sur son texte consommation que Benoit Hamon justement
acheva après l’alternance, un texte « à deux papas » comme le dit non
sans humour Frederic Lefebvre, à la sortie du débat vif sur le mariage
pour tous.
« J’ai travaillé avec
les élus de gauche sur les textes plutôt que de suivre le petit jeu
politique habituel consistant à piquer l’amendement d’un autre afin de
le faire redéposer à l’identique et que ce soit votre parti politique qui en ait la paternité ».
L’ouverture a rencontré maints obstacles. « Le système n’en voulait pas. » déplore-t-il. En revanche, Les français souhaitent, aujourd’hui, plus que jamais « qu’on fasse voler en éclats ces divisions superficielles ».
C’est
peut être cette divergence de point de vue qui semble l’éloigner depuis
des mois de son célèbre mentor, redevenu Président de sa famille
politique. Â moins que ce ne soit Sarkozy qui s’éloigne. Ce dernier ne
semble guère goûter cette nouvelle liberté que son ancien collaborateur
embrasse avec gourmandise.
Alors, Frédéric Lefebvre a voté la Loi Macron. « J’ai regretté que ma famille politique ne se soit pas mise dans la logique de la voter et de l’enrichir ». Concernant la récente annonce de simplification du droit du travail, «s’il y a des dispositifs dont je suis convaincu, je les voterai ».
Devant des ténors un peu surpris , à la Baule il est très applaudi quand il appelle sa famille politique à changer de stratégie et à voter ce qui est bon pour la France.
Un coup du destin
Ne s’enfermant pas dans un carcan, il avance.
Parfois,
c’est un coup de force du destin qu’il attrape avec vigueur. Direction
l’Amérique et son imaginaire empli de possibles. S’il est investi par l’UMP pour
les législatives pour la 1ère circonscription des Français établis hors
de France, la victoire est remportée par sa concurrente Corinne Narassiguin. Coup de théâtre. Le Conseil Constitutionnel annule l’élection en raison du compte de campagne de la socialiste.
Le voici candidat à nouveau.
Après une campagne « positive« ,
sans une attaque contre l’actuel Président de la République, alors que
ses amis l’enjoignaient de faire de cette élection un référendum
anti-Hollande, il est élu avec plus de 53,72% des voix. Contre l’un des
fils du président Giscard d’Estaing que l’on disait favori.
Avec ces législatives partielles, l’Amérique du Nord lui ouvre les bras. Il est sur tous les fronts pour défendre ces Français d’outre Atlantique. Carte vitale, CSG, éducation…
Aux maux de la politique « passéiste » et « fataliste », le Député d’Amérique du Nord oppose le mot « amour ».
L’ancien Ministre qui passe près de la moitié de son temps aux Etats-Unis et au Canada, a d’ailleurs écrit dans son dernier livre, Vous êtes prioritaires, que « L’éloignement est un exhausteur d’amour. Plus on est loin de la France. Plus on l’aime. »
Il souhaite vivement que chaque citoyen aie la possibilité de voir son propre pays de l’extérieur. « La France c’est tout autant la France de l’hexagone que celle du monde entier ».
C’est pour cette raison qu’il rassemble à l’Assemblée Nationale, 300
jeunes de tous horizons, des quartiers des banlieues comme des zones
rurales, autour d’un objectif « Partez à la conquête du monde« . Il mobilise des mentors chefs d’entreprises Français du Canada et des Etats-Unis.
« J’ai tutoyé la mort »
« En partant des problèmes des gens, j’ai réuni des acteurs, j’ai apporté des solutions concrètes. » L’élu entend améliorer le quotidien. « Quand je me réveille, j’ai l’envie d’agir ». D’ailleurs, il raconte qu’il déteste « une cause juste qui échoue, c’est un sacré moteur dans la vie ! » Une vie qu’il savoure alors qu’il a tutoyé la mort à plusieurs reprises. « J’ai fait 7 embolies pulmonaires et un infarctus pulmonaire. Cela change la vision de la vie. » S’il reconnait qu’il a été pris « dans le combat politique avec son lot d’énergie négative », aujourd’hui, il affirme que ce n’est plus le cas : « je ne mobilise que de l’énergie positive. Je ne veux pas rentrer dans des polémiques inutiles. Je suis totalement tourné vers l’idée que pour changer les choses, il faut penser positivement ».
« Toi aussi Frédéric tu seras appelé » Il conte dans, Le mieux est l’ami du bien,
son premier livre, cette sentence d’un prêtre rencontré alors qu’il
était adolescent. La vie se poursuit et il se rappelle de la phrase
prononcée par l’homme d’Eglise. L’élu croyant compare la politique, « exigeante et difficile » à un « sacerdoce ». La croyance l’anime. «
Lorsque l’on observe l’Histoire du monde, la plupart des systèmes
d’organisation des sociétés se sont bâties autour des croyances. » Pour lui, les liens tissés entre les sphères politiques et religieuses sont une question cruciale des prochaines années.
Cet été il vient d’écrire un petit livre sur ce sujet qu’il juge essentiel.
Il s’est mobilisé pour les chrétiens d’Orient alors
que pas une voix ne s’était encore faite entendre, en septembre 2013,
sur le plateau du Grand journal de Canal + et ailleurs, il a lancé une pétition pour sauver les églises en France menacées de destruction.
Il lance ensuite une pétition « Pour une mobilisation européenne contre l’Etat Islamique » avec 54 députés de droite et de gauche. Il met le Président du Parlement européen, Martin Schulz face à ses responsabilités.
Quand il juge que le monde politique n’agit pas il fait appel aux citoyens.
Pour de Nouveaux Horizons
« On vit dans un pays découragé, sans route tracée pour les jeunes». Il déplore que trop de politiques de tous bords « portent une parole sans vision, empêchant les citoyens de se projeter dans l’avenir ».
Les temporalités politiques, économiques, sociales ne sont pas les mêmes. « Nos
principes démocratiques font qu’une loi qui va être essentielle,
urgente pour solutionner des questions criantes sur le terrain va mettre
beaucoup de temps à être adoptée à l’image de celle sur le gaspillage
alimentaire. » Les obstacles comme celui de la constitutionnalité pour des raisons de procédure auraient pu être évités comme il l’avait expliqué dans l’hémicycle.
Ses propos sur la jurisprudence de « l’entonnoir » jugés « anxiogènes » par le rapporteur du texte s’avèrent prophétiques. Le conseil Constitutionnel censurera sur ce motif.
Il a d’ailleurs déposé dès cette décision, avec Jean-Pierre Decool, une nouvelle proposition de loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire traduisant la belle initiative d’Arash Derambarsh. « Entre
le moment où vous découvrez un problème que vous devez régler et celui
où vous allez effectivement pouvoir appliquer la solution, il se passe
des mois et des mois alors que la situation est criante et demande une
réponse immédiate » explique le Député.
L’ancien Ministre évoque ses années au gouvernement : « Je
faisais, au moins trois fois par semaine, des déplacements du réel.
Dans des usines, chez des commerçants ou dans des PME. A chaque fois, je
ramenais des problèmes concrets à régler. Je n’attendais pas que les
hauts fonctionnaires me fassent des propositions de réformes. » Le voilà qui souhaite inventer « des outils permettant à des citoyens de prendre la parole et de participer à la décision. On peut bâtir de nouveaux outils pour la gouvernance ! » Le fondateur du think-tank « Nouveaux Horizons » entend travailler avec « les acteurs ». Lorsqu’il décide de s’investir sur un sujet, « au lieu de déposer tout de suite une proposition de loi, j’essaie d’associer les acteurs à sa rédaction ». C’est le sens des
premières assises parlementaires qu’il organise au lendemain de
l’interdiction d’UberPop et qui auront lieu le 8 octobre sur
« L’économie du partage » où se bousculent les entrepreneurs et les économistes de renom.
Il multiplie les idées
innovantes et généreuses, en faveur des animaux ou comme sa proposition
de camps de réfugiés hors Schengen, reprise par tous à droite comme à
gauche, à l’image de son « Chiche » qui fit couler beaucoup d’encre.
Dans la gouvernance moderne, il faut un changement de paradigme. « Inventons la démocratie digitale« ,
plaide l’initiateur de la pléiade des modernistes qui regroupe des
élus de toutes tendances qui veulent s’affranchir des postures
idéologiques.
- La Saga des Audacieux
E) Le coup du modèle social
Faut-il avoir si peu compris l'origine du
décrochage français, faut-il si peu saisir le monde qui nous entoure
- et nous dépasse -, faut-il si peu comprendre les conséquences de la
révolution numérique pour se poser encore en « garant du modèle social français » ?
Déjà plus candidat que président, François Hollande a choisi son camp
lorsqu'il a dénoncé jeudi cette droite réformatrice coupable à ses yeux
de vouloir « démanteler » ce produit de notre génie dépensier - « Comme s'il était trop lourd... »,
a-t-il cru bon d'ajouter - : ce camp, c'est celui de l'immobilisme.
Comme autrefois François Mitterrand et Jacques Chirac, deux de ses
prédécesseurs eux aussi en quête d'un deuxième mandat, le chef de l'Etat
sortant nous refait le vieux coup du modèle social menacé.
Indéniablement populaire, cette promesse d'une extension continue du
domaine de la protection sociale repose sur un profond déni de réalité.
Car quand François Hollande se targue d'avoir à la fois « sauvegardé » les retraites du privé, créé de nouveaux droits comme la compensation de la pénibilité au travail, et laissé des comptes sociaux « quasiment à l'équilibre »,
il laisse de côté l'essentiel. D'abord parce que cette fameuse
« sauvegarde » des retraites, formule qui ne veut au demeurant rien
dire, ne doit rien à des réformes mais tout à des hausses de cotisations
sur les actifs. Elle laisse intacte la « bombe » à retardement du
financement des pensions des fonctionnaires.
Enfin, si le déficit du
régime général pourrait passer sous les 5 milliards d'euros, ce qui
n'est tout de même pas une paille, celui de l'assurance-chômage sera
encore pratiquement du même ordre. Or, passée totalement sous silence
hier, la montagne de dettes accumulée par l'Unédic signe
l'insoutenabilité de ce modèle défendu comme un totem par François
Hollande, lui qui laissera aux entrepreneurs ce boulet qu'est le compte
de pénibilité. En choisissant de s'afficher en conservateur de gauche,
le chef de l'Etat prend le risque de brouiller une nouvelle fois les
pistes sur ses convictions, lui qui a pourtant porté au printemps une
loi de réforme du marché du travail perçue comme sociale-libérale. Il
laisse surtout à son nouveau rival à gauche, Emmanuel Macron, le terrain
de la modernisation de notre système social.
Quand lui paraît figé dans
la continuité du passé, son ancien ministre de l'Economie peut
développer le constat que « le modèle social de l'après-guerre ne marche plus ».
Vieille gauche contre gauche moderne ? Comme le montre notre sondage
Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique, l'impression qu'ont deux
tiers des contribuables de payer toujours plus d'impôts en cette fin de
quinquennat vient chaque jour rappeler le coût de ce modèle social qui,
s'il profite à tous, repose, pour son financement, sur une base qui ne
cesse de se réduire...
Jean-Francis Pecresse
Les Échos
F) Livre : Le vote libéral
Existe-t-il un vote libéral en France ? Hélas, pas
encore… Le vote libéral est aujourd’hui « impossible et stérile », écrit
avec lucidité le professeur Jacques Garello dans son dernier essai,
publié aux Editions Libréchange. « Impossible », car il n’y a pas
vraiment d’offre politique libérale de la part d’une classe politique
biberonnée à l’argent public et qui a tout intérêt à faire vivre l’Etat
providence et « stérile » car la seule fois où la France a eu un
candidat libéral – Alain Madelin en 2002 – les électeurs n’ont pas
vraiment cru en lui à cause d’une campagne électorale très ambigüe.
Même
les autres types de votes ne sont plus aussi visibles qu’auparavant. Le
vote ouvrier a basculé de la gauche vers le Front national… Comme le
vote paysan, de la droite vers l’extrême droite. Et avec la baisse du
nombre d’agriculteurs, son importance est déclinante. Mais les
agriculteurs peuvent bloquer les routes, mieux vaut les avoir de son
côté… Le vote protestant est beaucoup moins unanime qu’auparavant, tout
comme le vote catholique. On peut rajouter le vote des fonctionnaires et
des agents publics qui représentent en France une force électorale
impressionnante. Si l’on compte tout le monde (contractuels, etc…), on
dépasse 6 millions de voix. Jusqu’à aujourd’hui, leur vote a été
largement (surtout chez les enseignants) en faveur du candidat
socialiste mais on remarque un basculement vers le candidat frontiste,
surtout chez les policiers et les militaires. Néanmoins, le vote des
fonctionnaires et des agents publics est majoritairement orienté à
gauche. C’est le vote d’une caste qui souhaite garder ses privilèges. Ce
n’est pas un hasard si la France est le seul pays à ne pas avoir fait
une vraie réforme de l’Etat et de sa fonction publique…
Alors, où trouver des électeurs libéraux ? Chez les abstentionnistes
et les déçus de l’offre politique bien entendu. Mais l’électeur libéral
est un peu partout, il faut le convaincre. Et le professeur Garello
donne les arguments imparables d’un vote en faveur de la liberté. On n’a
jamais essayé le libéralisme en France et il est temps de comprendre
qu’il s’agit d’une philosophie et pas seulement d’un système économique
L’idée de liberté est valable partout dans le monde et tous les peuples
aspirent à plus de liberté et il n’y a pas de raison que les Français
n’en fassent pas partie. L’auteur a raison d’écrire que la conjoncture
électorale est favorable au vote libéral. Les partis traditionnels sont
contestés, partout dans le monde on a fait des réformes libérales et
ceux qui les ont faites ont été réélus… Plusieurs candidats à la
primaire de droite, dont Hervé Mariton, font des propositions libérales
inspirées des travaux réalisés par les organisations de la société
civile. C’est bien elle qui aura le dernier mot dans la transition
libérale…
Clair, précis, pédagogique, l’essai de Jacques Garello devrait être
lu non seulement par ceux qui ne savent pas comment voter mais aussi par
ceux qui veulent être élus. A noter à a fin de l’ouvrage deux
contributions de Patrick Simon et de Jean-Philippe Delsol qui complètent
parfaitement les propos du professeur Garello.
Le vote libéral, par Jacques Garello, bientôt disponible aux éditions Libréchange.
Jacques Garello
IREF