L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) L’incompétence économique des socialistes français. Alstom, Fitch, SFR, Alcatel, Dentressangle… la grande braderie socialiste - Bruno Bertez - les observateurs.ch
B) Faut-il licencier tous les économistes ? Par Eric Le Boucher - L'Opinion
C) Élie Cohen, l’unique économiste de France - par
D) Que faire de la gloire des économistes français ? Par Jean-Michel Charpin - Les Echos
E) Economiste de marché une profession en plein renouveau - Philippe Wenger - La Bourse
A) L’incompétence économique des socialistes français. Alstom, Fitch, SFR, Alcatel, Dentressangle… la grande braderie socialiste
Les socialistes, c’est bien connu, n’apprécient guère le capitalisme.
Ils refusent l’exploitation des travailleurs par le capital accumulé,
ils n’aiment pas les patrons. Tout comme ils n’aiment pas l’argent.
C’est la raison pour laquelle, en France, ils empêchent l’accumulation
du capital par les taxes sur les revenus, les impôts sur le capital,
les droits de succession, etc. Ce qu’ils refusent, c’est la loi
d’airain du profit qui produit un certain ordre social, une société
hiérarchisée et inégalitaire. Pourquoi pas?
Encore faudrait-il être cohérent. Car les socialistes découragent la
formation de capital en France, ils le spolient lorsque, par miracle, il
se constitue, à un point tel que celui-ci ne voit généralement qu’une
issue, pour se préserver, se vendre. Et depuis des dizaines d’années,
c’est ce qui se fait à grande échelle. Le capital français se vend à
l’étranger. La propriété, refoulée à l’intérieur, revient de
l’extérieur. Le statut de cette propriété, bien sûr, ne change pas, elle
reste propriété, tyrannique, elle impose la dure loi du capital, mais…
cette fois, elle le fait de l’étranger! Est-elle plus douce?
Certainement pas! ! Au contraire, elle se fait encore plus d’airain car
sans visage et anonyme. Le capital étranger est plus dur, plus rigoureux
que le capital local, il est abstrait, il obéit à des règles qui sont
clairement plus strictes, on le voit à chaque fois, soit quand il y a
conflit social, soit quand il y a fermeture ou délocalisation. Le
capital international a des droits et des exigences que le capital local
n’ose pas imposer. Normal, car il n’est pas soumis au chantage
implicite dans lequel vit tout entrepreneur français. L’entrepreneur
domestique, c’est le bon mot, bien adapté, est ligoté, privé de toute
autorité rien que par la menace des tribunaux de prud’hommes ou du
percepteur!
La liste des firmes françaises bradées à l’étranger en raison des
limites au capital qui sont imposées en France est longue,
inquiétante. Tout se passe comme, si faute de pouvoir se mettre en
valeur et se trouver à l’aise en France, dans son pays d’origine, le
capital préférait prendre le masque de l’étranger. D’Alstom à SFR, en
passant par les 27.000 brevets d’Alcatel, hier Fitch et aujourd’hui
Dentressangle, la liste est longue. Humiliante. C’est le jeu de Monopoly
perdant.
La France perd l’une après l’autre les chances de se reconstruire à
son profit, dans sa logique et pour son avenir. Les atouts, les fonds de
commerce, les savoir-faire basculent et sont mis au service de la
logique de développement d’autres propriétaires, d’autres maîtres.
La liste des contrôles qui passent à étranger est affligeante.
Comment rebâtir un tissu économique si les plus beaux fleurons
disparaissent, sont pillés par l’étranger, passent sous contrôle
d’autres, qui n’ont pas forcément des objectifs compatibles avec ceux de
notre pays. Car une entreprise n’est jamais isolée, elle fait partie
d’un tout dans un pays et c’est la cohérence avec le tout qui fait sa
force.
Nous ne sommes pas pour une planification à la française, délire
d’incompétents qui ont ruiné nos industries comme l’informatique ; non,
nous sommes pour la cohérence de l’appareil économique d’un pays. Ce qui
disparaît ou devient soumis à une autre logique et d’autres finalités
est perdu pour le développement français. Une firme favorise l’essor
d’autres firmes, elle irrigue, elle fait naître d’autres entreprises
qui, un jour, si les socialistes lui prêtent vie, deviendront grandes.
Que ce soit par la sous-traitance, l’essaimage ou l’imitation.
Nous ne sommes pas pour le repli, la fermeture sur l’étranger et le
cocorico, la France n’a pas de quoi chanter et se glorifier de ses
insuffisances et de ses prétentions, mais nous élevons contre le bradage
du capital français provoqué par:
-un taux de profit insuffisant pour se développer et se rémunérer
-une impossibilité à accumuler le capital par l’excès de confiscation sur les revenus
-une impossibilité à s’enrichir par l’épargne à cause de sa spoliation/confiscation
-une impossibilité d’assurer la transmission du capital par les taxes sur succession
-une mentalité d’envie et de prédation sociale
-une incapacité du secteur bancaire à financer les risques d’entreprise
-un droit du travail qui empêche l’entrepreneur d’exercer ses responsabilités
-une politique monétaire qui dévalorise et dévalue la devise au profit de l’étranger
-une politique qui se prostitue à l’Atlantisme destructeur sans bénéfice aucun
-le système des commissions occultes de 5 à 8% qui incite à réaliser ces opérations
-la lâcheté et la veulerie des grands capitalistes du capitalisme
monopoliste d’Etat qui, au lieu de payer pour que l’on lutte de
l’intérieur contre le socialisme, préfèrent délocaliser leur
patrimoine et celui de leur famille, sans souci de leurs
responsabilités ou de leur dette à l’égard de leur pays. Aucune
Fondation pour lutter contre les dérives politiques, sociales ou
culturelles, aucun fonds pour animer les débats sociaux comme ceux,
fondamentaux, vitaux, sur le bradage de notre capital.
Le comble est que ceux qui, comme Valls, osent se gargariser de ces
investissements étrangers en France, ne comprennent pas que ceci est un
bradage des bijoux de famille. Ils ne comprennent pas qu’au capital est
attaché une autorité, une compétence, et que la détention de ces atouts
est un enjeu de pouvoir. Pas seulement de pouvoirs d’hommes et de
femmes ou de familles, mais aussi pouvoir d’un pays. La France brade son
pouvoir économique réel. Et après elle va s’humilier aux pieds des
clients producteurs de pétrole, tyrans pour la plupart, pour leur vendre
à bas prix le travail des Français. Ces pseudos dirigeants ne
comprennent pas que la reconstruction d’un tissu économique passe par
des filières cohérentes dont les firmes sont les nœuds et points
d’ancrage. Normal, ils ne connaissent rien à l’économie et à
l’entreprise. Rien à la production de richesses; tout ce qu’ils
connaissent, c’est sa distribution et son gaspillage. Au lieu de tirer
gloire des investissements étrangers, ils devraient se poser la
question: qu’est-ce qui fait que cette entreprise française peut
attirer le capital étranger au point, généralement, que ce dernier la
surpaye de 20 à 30% par rapport à sa valeur en France? Où est le trésor
de richesse cachée que les Français ne savent pas mettre en valeur et
que l’étranger va réussir à mobiliser?
La réponse est simple, tout est dans le statut, il est plus
avantageux d’être capitaliste étranger, américain, qatari ou autre
chinois que d’être capitaliste national.
C’est aussi une question géopolitique. Quel est le poids d’un pays
dont les centres de décision économiques sont ailleurs que chez lui? On
le voit en cette période de r-domestication, de dé-globalisation, il y
a, au niveau mondial, retour à la coopération étroite entre
l’économique et le politique et même le militaire. L’économique sert et
masque le politique et le militaire et pas seulement dans la haute
technologie. La symbiose est de plus en plus étroite.
Ajout qui ne choquera personne.
Lausanne a offert des montres à 3000 CHF
série limitée, à Hollande
Article publié le 28.04.2015 chez nos amis lesobservateurs.ch
« Le véritable visage du socialisme: des « petits cadeaux entre amis » que le simple péquin aurait bien du mal à s’offrir, payés par les deniers du peuple qui n’a pas eu son mot à dire.
Le cadeau offert par la Municipalité de Lausanne au président français et à la présidente suisse vient de l’atelier d’Olivier Randin. »
«Elles ne coûtaient pas plus de 3000 francs pièce, se souvient-il. En revanche, la Ville de Lausanne possède l’exclusivité de cette série limitée. Je n’ai donc plus le droit de fabriquer ce modèle.»
série limitée, à Hollande
Article publié le 28.04.2015 chez nos amis lesobservateurs.ch
« Le véritable visage du socialisme: des « petits cadeaux entre amis » que le simple péquin aurait bien du mal à s’offrir, payés par les deniers du peuple qui n’a pas eu son mot à dire.
Le cadeau offert par la Municipalité de Lausanne au président français et à la présidente suisse vient de l’atelier d’Olivier Randin. »
«Elles ne coûtaient pas plus de 3000 francs pièce, se souvient-il. En revanche, la Ville de Lausanne possède l’exclusivité de cette série limitée. Je n’ai donc plus le droit de fabriquer ce modèle.»
Qui parle de Bling?
Bruno Bertez, 29 avril 2015
les observateurs.ch B) Faut-il licencier tous les économistes ?
Ne vous moquez pas. Les économistes sont perdus. Complètement
perdus. La reine d’Angleterre avait invité les meilleurs d’entre eux, en
2009, à s’expliquer sur leur cécité à ne pas avoir vu la crise venir.
Leur réponse avait été toute d’humilité. Toutes les sciences, y compris
les plus dures, connaissent ces dernières décennies des interrogations
majeures. Non pas des remises en cause mais des remises en perspective
de leur ignorance : finalement, elles admettent ne pas savoir encore
grande chose du comment fonctionne l’univers, encore moins du pourquoi.
Cet
aveu laisse d’ailleurs grande ouverte la place aux charlatans, l’époque
en regorge, en tous genres. Ils sont édités, leurs livres se vendent,
Internet les glorifie, le e-charlatanisme est prospère. Chacun a des
noms en tête…
Le vide des économistes est pire encore. Ils
mesurent tout et disposent de données sur tout, la question n’est pas
là. Elle est dans la synthèse ! La synthèse, il n’y en a pas.
Impossible. Sitôt émise que démise.
Soyons juste. Sur beaucoup de
questions élémentaires – par exemple, tel impôt est-il bon ?
– les
réponses sont au contraire assez précises, sans grande contestation
possible. On va y revenir. Mais sur les grandes interrogations, les
paradigmes, l’ignorance est complète. Par exemple :
Quelle est la bonne
finance ?
Quelle est la bonne taille des banques ?
Ou bien encore, quel
serait le niveau optimum de la dette d’un pays ?
Sur ces sujets là, pas
de réponse. Rien que des hésitations, des silences, ou bien la célèbre
phrase normande des économistes comme :
« D’un côté les taux sont bas, d’un autre côté les taux sont haut », « D’un côté il faut réduire le déficit, d’un autre côté il ne faut pas le réduire ».
Olivier
Blanchard, le chef économiste du Fonds monétaire international, organise
depuis 2011 des séminaires tous les deux ans à Washington, non pas
vraiment pour répondre à l’injonction de Sa Majesté, mais parce que la
crise, en effet, a démoli les idées bien établies et qu’il est
nécessaire de reconstruire toute la politique économique. La troisième
édition s’est tenue les 15 et 16 avril. Six ans après le début de la
crise, que savent les économistes de la bonne politique économique
post-crise ? Réponse : rien. Olivier Blanchard qui occupe le meilleur
poste possible pour l’observation intellectuelle du monde et qui est
doté d’un esprit lumineux de « synthèse », avoue benoîtement : « Nous ne
sommes d’aucune façon proches de savoir où nous allons ». La cécité
dénoncée par la reine n’est ni guérie ni en voie de guérison… Après un
échange avec Larry Summers, ancien secrétaire au trésor de Bill Clinton,
et l’un des autres meilleurs esprits de la profession, Olivier
Blanchard a finalement intitulé la session : « Repenser la politique
économique : progrès ou confusion ? ».
Confusion d’abord sur la
finance. Quelle régulation les banques centrales et les gouvernements
doivent-ils mettre en place pour éviter une nouvelle explosion à la
Lehman Brothers ? On mesure beaucoup mieux « les risques systémiques »,
dit Blanchard. On a mis en place des avertisseurs contre les excès de
crédits, en particulier dans l’immobilier. Mais à trop corseter la
finance, on étouffe l’économie. Comment concilier les deux, au mieux ?
Les économistes ont cherché à adapter les régulations pour qu’elles
pénalisent moins la croissance. Mais le résultat est incertain. Au bout
du compte, rien n’est clair de ce qu’il faut faire.
Même chose
pour les contrôles de capitaux aux frontières. Le dogme libéral du «
laisser passer » est remis en cause : les flux excessifs de capitaux
conduisent à des surévaluations des bourses ou de la monnaie du pays.
Mieux vaut savoir limiter les entrées, parfois provisoirement. Mais à
quelle hauteur mettre les barrières ? « On ne sait pas », conclut
Blanchard.
La liste des mystères continue avec la politique
monétaire. Les banques centrales ont l’air de savoir quoi faire depuis
les mandats d'Alan Greenspan à la tête de la Réserve fédérale américaine
(1987-2006): arroser, arroser, arroser les économies d’argent abondant
et pas cher. Les autres banques centrales, nolens volens, ont toutes
suivi cette politique. Aujourd’hui, le bilan de la Fed s’élève à 4500
milliards de dollars, cinq fois plus qu’avant crise. Et maintenant que
faire ? Qu’il faille le réduire, le consensus se fait là dessus. Mais
comment, à quelle vitesse ? Doit-on revenir à l’avant-crise ou même plus
bas ? « On ne sait pas », poursuit Blanchard.
Même ignorance
concernant le contenu du bilan que sur sa hauteur. Le bilan était, hier,
essentiellement constitué d’obligations à 10 ans. Aujourd’hui, la Fed a
acheté de tout.
Que revendre ?
Tout ce qui n’est pas « à dix ans » ?
Autrement dit faut-il revenir à « tenir » les taux longs ou est-ce
intelligent d’agir sur toute la courbes des taux ?
La politique
budgétaire n’est pas mieux éclairée. Beaucoup de travail a été fait. On a
compris qu’une relance donne les effets escomptés par la théorie
keynésienne. La relance mondiale de 2009 a permis d’éviter que la crise
dérape en grande dépression comme en 1930, elle est restée au stade de
la grande récession. Mais on a compris aussi, dans l’autre sens comme
disent les économistes, que l’effet relance peut être sapé par un effet
confiance comme l’enseigne la théorie ricardienne. Confiance qui
s’évanouit si la population s’inquiète d’une dette trop élevée qui
conduira inévitablement à une hausse des impôts. La direction fait
l’objet là aussi d’un consensus : il faut réduire l’endettement des
Etats. Mais de combien et comment ? Là dessus les économistes ne sont
pas d’accord. Brad DeLong va jusqu’à dire que l’endettement actuel est
très bien et qu’il n’y a pas de raison de s’en soucier. Bref, il n’y a
pas de ratio magique dette/PIB.
En outre, la réponse doit être
adaptée à chaque pays selon sa « soutenabilité », laquelle dépend de la
croissance future, des capacités à lever les impôts, etc. Mais cette
politique pragmatique de navigation à vue manque de repère et d’un cap.
Repères et cap que les économistes sont incapables de donner.
Ignorance
et humilité, la science économique n’a pas de quoi se vanter. Pour
autant, les gouvernants ne doivent pas en conclure qu’ils peuvent
licencier tous leurs économistes pour n’en faire qu’à leur tête. Le cap
n’est pas donné mais, en gros, la direction est connue, le demi-tour « à
la grecque » conduit au désastre. Surtout, j’y reviens, les économistes
armés par des comparaisons et par des évaluations, comme l’a montré
Esther Duflo, savent beaucoup mieux répondre aux questions pratiques
d’éducation, de santé, de sécurité, de politique sociale. Ne licenciez
pas vos économistes, mettez les sur le terrain, n’écoutez surtout pas
les charlatans.
Par Eric Le Boucher
C) Élie Cohen, l’unique économiste de France - par
“C’est une crise particulière, c’est une crise financière” E. Cohen le 12 août 2011 sur France Inter
Incarnant parfaitement la crise, E. Cohen, économiste, membre du
conseil d’analyses économiques, est en rotation permanente dans les
grands médias depuis que les marchés frôlent l’apoplexie. La France
manifestement ne dispose d’aucun autre économiste, expert, penseur, pour
analyser l’emballement qui touche la sphère financière. Il n’y a pas de
hasard dans l’omniprésence d’E. Cohen sur les plateaux. Il fait figure
de didacticiel en économie financière. Mais en pratique, il n’explique
rien, survole les causes tout en traçant la voie de la rédemption du
système d’accumulation en écho aux gouvernements. Il tente, tout en les
critiquant pour leurs impérities, car lui est un scientifique, de
préparer le terrain aux réformes. Il est le héraut de l’austérité dictée
par le messie marché. Avant de raser le péquin, E. Cohen l’onctueux, explique le monde, à la fois péremptoire et jovial.
Invité dans l’émission du service public “C dans l’air”
le 11 août 2011, E. Cohen affirme que les marchés n’ont rien à voir
avec l’explosion de la dette publique qui frappe les pays occidentaux.
Thématique orthodoxe, présentant les bourses, les spéculateurs, les
marchés comme des agents informatifs qui alertent sur les incuries dans
l’économie réelle, et mettant en lumière la bonne gestion. Sans
nocivité, d’une neutralité absolue, ils n’auraient donc aucun impact sur
l’économie, la vie, le chômage, les plans sociaux, la course au profit,
le réflexe spéculatif. Les marchés sont là, depuis la nuit des temps et
la spéculation serait “un phénomène naturel” expliquera-t-il
sur France Inter le 12 août 2011. La mission de cet expert, bien aidé en
cela par le faire-valoir, grand adepte du “monde qui s’accélère”(une expression qu’il peut repeter quatre fois au sein du même monologue) P. Dessertine qui osera un “les marchés attendent un signal politique”,
consiste à banaliser les crises financières et dédramatiser le chaos.
Comme “insiders”, ils jargonnent juste en deçà de la limite du
compréhensible pour faire entendre qu’il est irrationnel de prétendre à
l’irrationalité des marchés financiers. Bonnes gens dormez tranquille.
E. Cohen a manifestement un problème avec la notion de causalité.
Affirmer que la sphère financière n’influe pas sur les comptes publics
revient à nier toutes les interactions du monde économique, des effets
en cascades, induits, indirects, et psychologiques. Notions primaires
abordées durant l’année de terminale ES (série économique et sociale),
et bien explicitées lors des deux premières années de Sciences
économiques. Assommer le citoyen de phrases lénifiantes, en oubliant les
rudiments de la matière tient lieu de pédagogie dans les médias
dominants. E. Cohen feint d’oublier les restructurations d’entreprises
pour motifs boursiers (souvent mises en place par des établissements
bénéficiant d’avantages fiscaux).
Mais aussi les plans “sociaux” épongés
par les deniers publics. Peccadilles que le grand économiste passe par
pertes et profits. Il omet les effets psychologiques dévastateurs sur le
corps social dans l’impérative compétitivité qui n’a d’autre ressort
bien souvent que le rendement des actions. Des effets dévastateurs qui
ont un cout social, supporté par l’État. Car toute son énergie se
focalise sur la réhabilitation de la finance. Et il en dépense.
Au milieu de la récitation des ouvrages d’ingénierie financière du maitre de conférence, on décèle quelques approximations. Tout en déclarant que la “spéculation est un phénomène naturel”,
il expliquera narquois à l’adresse des contempteurs du système, trois
phrases plus tard, que « la financiarisation c’est nous qui l’avons
voulue ». Pour l’expert, il s’avère urgent de trancher entre l’immanent
et le sollicité, l’imparable et le choisi. Il en va de la survie de la
notion même de Politique et de choix de société. Il en va aussi de sa
cohérence intellectuelle. E. Cohen, chercheur au CNRS, dégaine des
réponses à géométrie variable, dans la lignée des fast-thinkers dont
s’amusait P. Bourdieu. Il ne s’attache pas à éclairer le citoyen en
toute neutralité, mais à lui inculquer sommairement l’idéologie de
marché tel un vulgaire chargé de communication.
Critiquer les actions du gouvernement en matière de finances publiques
tout en concluant sur d’identiques préceptes d’austérité permet de
squatter les plateaux, de parfaire sa surface médiatique. Dans cet
univers paresseux sans remise en cause, sans droit de suite. E. Cohen y
élucubre depuis vingt ans la financiarisation heureuse. Cesser de
l’inviter serait reconnaître le fourvoiement. Alors, on convie ad
libitum le jovial pédagogue bardé de diplômes et bouffi d’assertions.
Dont l’une d’elles est la certitude d’être de centre-gauche…
par
D) Que faire de la gloire des économistes français ?
L'année 2014 a
apporté aux économistes français un ensemble exceptionnel de
récompenses. D'abord, bien sûr, le prix Nobel attribué à Jean Tirole de
l'Ecole d'économie de Toulouse. Ensuite, le succès intellectuel
considérable du dernier ouvrage de Thomas Piketty « Le Capital au XXIe siècle ».
Enfin, la présence de sept Français dans la liste des vingt-cinq
économistes de moins de quarante-cinq ans les plus prometteurs publiée
par la revue du FMI « Finance et Développement » et établie sur la base
d'une large consultation. Sept Français, Esther Duflo, Emmanuel Farhi,
Xavier Gabaix, Thomas Philippon, Thomas Piketty, Hélène Rey et Emmanuel
Saez, alors qu'il n'y a par exemple aucun Allemand, aucun Italien, aucun
Scandinave et un seul Britannique. Cinq d'entre eux travaillent
actuellement aux Etats-Unis et une au Royaume-Uni, mais tous ont gardé
des liens étroits avec la France, ses universités, ses centres de
recherche, ses institutions, notamment le Conseil d'analyse économique.
Une
telle moisson groupée ne peut pas relever du hasard. Où peut-on
chercher les raisons de l'émergence de cette « génération dorée »
d'économistes ?
D'abord la bonne formation
aux mathématiques reçue dans les grandes écoles, notamment l'Ecole
normale supérieure et l'Ecole polytechnique, dans une période où la
dextérité mathématique facilitait la reconnaissance internationale des
économistes.
Ensuite, probablement, les
initiatives prises depuis dix ans pour promouvoir l'excellence de la
recherche académique française. Même si le statut de réseau thématique
de recherche avancée (RTRA) a été supprimé en 2013, il a aidé au
décollage de l'Ecole d'économie de Paris et de l'Ecole d'économie de
Toulouse, qui faisaient partie des treize RTRA initiaux couvrant
l'ensemble des disciplines.
Enfin, à mon
avis, le rôle personnel de deux hommes, Jean-Jacques Laffont pour
l'Ecole d'économie de Toulouse, Daniel Cohen pour l'Ecole d'économie de
Paris, qui ont su convaincre de très brillants jeunes gens de se tourner
vers la recherche économique.
La gloire
des économistes français forme un contraste saisissant avec la médiocre
réputation de la politique économique française.
Certes,
comme l'a argumenté de façon convaincante Jacob Funk Kirkegaard du
Peterson Institute for International Economics de Washington, les
performances économiques de la France sont meilleures que ce que la
vulgate du « french bashing » pourrait laisser penser. Cependant aucun
pays ne regarde avec envie les performances économiques françaises et ne
cherche à s'inspirer de son modèle de politique économique.
Pour
une part, cette déconnection n'est pas surprenante. La recherche
économique ne se brevette pas, sa diffusion internationale est
instantanée et très large, ses résultats et enseignements sont
utilisables sans relation avec la nationalité des chercheurs. Beaucoup
de pays se sont inspirés des résultats de Jean Tirole dans leurs
politiques industrielles. La France pourrait s'inspirer plus qu'elle ne
le fait des enseignements de la recherche économique, qu'elle soit
produite par des chercheurs étrangers ou français.
A
cet égard, la création du Conseil d'analyse économique par Lionel
Jospin en 1997 a été une initiative intéressante. Son utilité a beaucoup
dépendu de la capacité des Premiers ministres successifs à entretenir
un dialogue intellectuellement fructueux avec ce groupe d'économistes
académiques de haut niveau. Certains ont su le faire, d'autres moins.
Mais, au total, ce contact direct entre membres du gouvernement et
chercheurs a produit des interactions que les circuits de conseillers ou
même des lectures n'auraient pas pu engendrer de façon équivalente.
Dans
certaines institutions chargées de la politique économique, il arrive
que des économistes occupent des positions élevées, les mettant
directement en situation de responsabilité. C'est le cas par exemple
aujourd'hui de Mario Draghi à la BCE, ce fut le cas il y a peu de
Dominique Strauss-Kahn au FMI ou de Lawrence Summers à la tête du Trésor
américain.
Les autorités françaises
pourraient profiter de la qualité exceptionnelle de cette génération
d'économistes pour en mettre certains à la tête d'institutions
importantes pour la conduite des politiques économiques. Ce pourrait par
exemple être le cas dès cette année lors de la nomination du gouverneur
de la Banque de France.
Jean-Michel Charpin est membre du Cercle des économistes
E) Economiste de marché une profession en plein renouveau
Ce volet de notre série consacrée aux acteurs des marchés financiers
concerne les économistes. Longtemps jugés comme générateurs de coûts,
ils ont montré leur importance avec la crise.
Dans l’univers des métiers de la finance, la fonction d’économiste revêt un caractère particulier du fait des compétences que ce métier exige et de la diversité de sa pratique.
Plusieurs types d’économistes coexistent. Les universitaires sont les plus répandus. Leur travail consiste pour l’essentiel à enseigner l’économie aux étudiants d’université. Ces enseignants sont également en charge de travaux de recherche qui peuvent donner lieu à la remise de récompenses scientifiques, la plus renommée étant, bien sûr, le prix Nobel. Evidemment, les travaux qui s’appuient sur la modélisation mathématique sont les plus prisés et la prédominance des universités américaines n’est plus à démontrer, même si certaines écoles de commerce cherchent également à occuper ce créneau.
Plusieurs types d’experts
A côté de ces postes d’enseignant, des économistes se consacrent entièrement à des travaux de recherche. Dans la sphère publique, on trouve deux profils : des théoriciens purs et durs – les chargés de recherche du CNRS – et des macroéconomistes qu’on trouvera davantage au sein de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ces derniers traitent l’information statistique nécessaire à l’analyse de la conjoncture. Ils dressent aussi des prévisions économiques, utilisées notamment par le gouvernement pour préparer les projets de loi de finances. Chaque pays possède un tel institut dont les travaux sont «agrégés» par l’institut européen Eurostat pour l’Union européenne. Des institutions comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale emploient aussi de nombreux spécialistes.
Le secteur privé n’est pas en reste. Des macroéconomistes sont présents dans les instituts de conjoncture. L’Ifo en Allemagne est bien connu, tout comme Coe-Rexecode en France ou encore Xerfi. Le financement de ces activités est assuré par la vente d’études thématiques, sectorielles, ou par des cotisations d’entreprises. Certaines sociétés emploient également des microéconomistes. Ils sont chargé d’analyses plus fines de marchés locaux.
De la banque à la salle de marché
Mais ce sont, comme leur nom l’indique, les économistes de marché, travaillant dans les banques ou les compagnies d’assurances, qui sont le plus en prise avec les marchés financiers et qui nous intéressent donc plus particulièrement ici. Ils sont d’ailleurs souvent physiquement présents dans les salles de marché. Leur rôle est assez simple : participer à la réalisation de plus-values, pas directement comme les opérateurs financiers, mais indirectement par leur activité de conseil.
En tout premier lieu, ces experts réalisent des prévisions économiques de moyen terme, par exemple la croissance économique de pays lors des deux prochaines années. Ce travail s’appuie beaucoup sur l’analyse qualitative et la mise en place de scénarios. Les économistes réalisent aussi des prévisions de court terme afin de permettre aux traders de se positionner avant l’annonce de statistiques censées faire « décaler » le marché. La publication des chiffres de l’emploi américain est un bon exemple. Ces experts recourent à l’économétrie, discipline utilisant des méthodes statistiques pour établir des corrélations entre certaines variables économiques. Ils doivent aussi anticiper les décisions des banques centrales dans leur pilotage des taux d’intérêt, comme celle de la BCE le 7 avril.
Thèmes d’investissement
Deuxièmement, les économistes de marché travaillent la main dans la main avec les stratégistes, qui ont une approche plus directement liée aux produits que les économistes (actions, obligations ou changes). Ils doivent définir des thèmes d’investissement. Après le Portugal, quel sera le prochain domino à tomber? L’inflation est-elle durablement de retour ? Voilà deux thèmes majeurs développés par les économistes et les stratégistes ces derniers mois. Enfin, ces experts consacrent une part importante de leur temps à rencontrer la clientèle de leurs établissements financiers (gérants, fonds de pension, assureurs...) pour présenter leurs perspectives économiques et de marché.
Leur formation est en général universitaire. Les profils d’ingénieur confortés d’un doctorat en économie sont appréciés. Il existe aussi en France une école réputée, l’Ensae, qui est tout simplement l’école de l’Insee. La rémunération brute d’un débutant approche 3.000 €, avec des écarts importants au sein des secteurs d’activité. Dernière précision : un grand nombre d’économistes évoluent à moyen terme vers des postes opérationnels, au moins ceux exerçant leurs talents dans les banques.
Philippe Wenger
- Florin Aftalion
- Maurice Allais
- Louis Bachelier
- Peter Thomas Bauer
- Gary Becker
- Walter Block
- Gérard Bramoullé
- James McGill Buchanan
- Jean-Louis Caccomo
- Jean-Pierre Centi
- Ronald Coase
- Chris Cole
- Antonio De Viti De Marco
- Luigi Einaudi
- David Friedman
- Milton Friedman
- Alan Greenspan
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- Henry Hazlitt
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- Philippe Nataf
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- Pascal Salin
- Hans Sennholz
- Günter Schmölders
- Amartya Sen
- Arthur Shenfield
- Patrick Simon
- Philippe Simonnot
- Vernon L. Smith
- Thomas Sowell
- Michel Villey
1 commentaire:
Aujourd'hui, on a des "économistes" comme certaines sociétés avaient des commissaires politiques, d'autres des gourous, d'autres des pythies…
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