La croissance des Etats-Unis a atteint 4,3 % en rythme annualisé au troisième trimestre, selon une estimation préliminaire du Bureau of Economic Analysis (BEA). Un niveau inédit depuis deux ans, qui a pris de court les marchés : les analystes tablaient sur un net ralentissement de l’activité, autour de 3,2 %, après 3,8 % au trimestre précédent, d’après le consensus de Trading Economics.
Rapportée d’un trimestre à l’autre, la progression du produit intérieur brut s’élève à 1,1 %. Le BEA souligne que cette hausse est principalement portée par une « accélération de la consommation ». Les dépenses publiques, notamment militaires, ainsi que les exportations ont également contribué à la dynamique, tandis que les investissements ont légèrement reculé.
« L’âge d’or économique de Trump est lancé »
Ces chiffres ont été publiés avec près de deux mois de retard en raison du « shutdown » fédéral qui a paralysé les agences statistiques entre début octobre et mi-novembre. Donald Trump s’est empressé de saluer ces données sur Truth Social, affirmant que « l’âge d’or économique de Trump est lancé à TOUTE vapeur » et que les économistes « se sont trompés mais "TRUMP" et quelques autres génies avaient raison ».
Dans un autre message, le président américain a attribué ces « chiffres économiques GENIAUX » aux droits de douane instaurés depuis son retour à la Maison-Blanche, tout en répétant qu’il n’y a « PAS D’INFLATION ». Or, selon le BEA, l’inflation mesurée par l’indice PCE a réaccéléré entre juillet et septembre, tandis que les revenus réels, corrigés de l’inflation, sont restés stables.
Les ménages riches soutiennent la croissance
Pour expliquer la vigueur de la consommation malgré ce contexte, Michael Pearce, économiste chez Oxford Economics, évoque un effet de richesse concentré sur les ménages les plus aisés. Ces derniers, qui représentent une part importante des dépenses, bénéficient de la hausse continue de l’immobilier et de la bonne performance des marchés boursiers.
Les perspectives apparaissent toutefois plus contrastées pour la fin de l’année. Oliver Allen, de Pantheon Macroeconomics, estime que la croissance sera « moins reluisante » au quatrième trimestre, pointant la faiblesse du marché du travail, la stagnation des revenus réels et l’épuisement de l’épargne accumulée pendant la pandémie. Le Conference Board note de son côté que le moral des consommateurs continue de se dégrader, sur fond d’inquiétudes persistantes liées aux prix et à l’inflation.
Âge d’or ou mirage économique ? Les failles cachées de la croissance américaine
Les États-Unis affichent une croissance insolente de 4,3% au troisième trimestre ; Donald Trump proclame l’avènement de son « âge d’or ». Mais les chiffres et les experts nuancent fortement cette réalité, révélant une économie sous perfusion de dépenses publiques et de consommation des plus aisés.
La machine économique américaine a, une nouvelle fois, déjoué les pronostics. L’estimation préliminaire du Bureau of Economic Analysis (BEA) a révélé une progression du PIB de 4,3% en rythme annualisé entre juillet et septembre, bien au-delà des anticipations des marchés. Un chiffre immédiatement brandi comme un trophée par l’actuel locataire de la Maison-Blanche.
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a tonné : « L’âge d’or économique de Trump est lancé à TOUTE vapeur », attribuant cette performance à sa politique commerciale agressive et en assurant, contre toute évidence statistique, qu’il n’y a « PAS D’INFLATION ».
Pourtant, derrière ce taux de croissance inédit depuis deux ans, se cache un tableau économique bien plus contrasté, presque schizophrène. La vigueur apparente repose principalement sur une « accélération de la consommation », elle-même portée par un phénomène inquiétant : l’effet richesse. Comme le souligne Michael Pearce d’Oxford Economics, la dépense est soutenue par les ménages les plus fortunés, dont le patrimoine est dopé par la flambée persistante de l’immobilier et des marchés boursiers. Une croissance à deux vitesses, où la majorité des Américains, confrontés à la stagnation de leurs revenus réels et à la réaccélération de l’inflation (mesurée par l’indice PCE), ne profitent guère de cet « âge d’or » proclamé.
Le moteur caché : dépenses publiques et résilience européenne
L’analyse des composantes de cette croissance est édifiante. Outre la consommation d’une minorité, les dépenses publiques, notamment militaires, ont significativement contribué à la dynamique. En d’autres termes, l’État a lui-même actionné la pompe. Plus subtilement, un autre facteur, rarement mis en avant par l’administration Trump, joue un rôle crucial : la relative résilience économique de l’Europe.
Contrairement à l’idée d’une autarcie prospère, la santé des exportations américaines, également citée par le BEA, dépend en partie de la capacité d’achat de ses partenaires. Dans un contexte de guerre en Ukraine, les commandes européennes, qu’elles soient énergétiques (GNL) ou militaires, irriguent l’industrie outre-Atlantique. Dans une certaine mesure, les économies du Vieux Continent, bien que fragilisées, assurent malgré elles une partie du « service après-vente » de la croissance américaine, en important biens et services.
Un horizon assombri pour le quatrième trimestre
Cet emballement trimestriel masque-t-il un essoufflement prévisible ? Pour de nombreux analystes, la réponse est oui. Oliver Allen, de Pantheon Macroeconomics, prédit une croissance « moins reluisante » pour les derniers mois de l’année. Les vents contraires se multiplient : le marché du travail montre des signes de faiblesse, l’épargne pandémique des ménages s’épuise et le moral des consommateurs, selon le Conference Board, continue de se dégrader face à l’inflation tenace.
Ainsi, la narration triomphale de Donald Trump rencontre la froide objectivité des données. S’il est indéniable que l’économie américaine montre une résistance remarquable, la qualifier d’« âge d’or » relève davantage du slogan de campagne que de l’analyse économique. Cette croissance, dopée aux dépenses publiques et à la fortune d’une minorité, reste vulnérable. Elle s’appuie aussi, ironiquement, sur la demande persistante d’une Europe que l’administration Trump a souvent traitée avec dédain. Un âge d’or ? Plutôt un mirage aux bases fragiles, qui pourrait bien se dissiper dès les prochaines publications statistiques.








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