L’ingérence tous azimuts de l’UE : de la médecine au militaire
Dans un monde où les nations souveraines
devraient primer, l’Union européenne (UE) s’est muée en un Léviathan
bureaucratique, légiférant dans tous les domaines imaginables, de la
médecine au militaire, avec des conséquences souvent tragiques.
Ce qui était autrefois présenté comme un projet de paix et de prospérité est devenu un instrument de contrôle centralisé,
imposant ses diktats aux États membres et menant invariablement à la
souffrance humaine – comme en témoigne la gestion catastrophique de la
pandémie de COVID-19 et le soutien prolongé à la guerre en Ukraine. L’UE
ne se contente plus de coopérer ; elle remplace et dicte les lois
nationales, sapant l’essence même de la démocratie et de
l’autodétermination.
Prenons la médecine et le militaire : deux domaines où l’ingérence de
l’UE a directement conduit à des drames humains. Lors de la crise du
COVID-19, Bruxelles a imposé des politiques uniformes, comme les
contrats opaques pour l’achat de vaccins, forçant les nations à adopter
des mesures draconiennes sans égard pour leurs spécificités locales. Des
millions de personnes ont souffert de confinements prolongés, d’effets
secondaires non anticipés et d’une économie ravagée, tout cela au nom
d’une « solidarité européenne » qui a surtout profité aux géants
pharmaceutiques. De même, dans le domaine militaire, l’UE pousse à une
escalade en Ukraine, finançant des armes et des entraînements qui prolongent un conflit sanglant, avec des milliers de morts à la clé.
Au
lieu de promouvoir la paix, l’UE alimente une machine de guerre,
transformant l’Europe en un prolongement des intérêts atlantistes, avec
la mort comme horizon inévitable – COVID pour la santé, Ukraine pour la géopolitique.
La supplantation des lois nationales par les diktats européens
Cette ingérence va plus loin : l’UE n’hésite pas à supplanter les
lois nationales souveraines. Des amendements constitutionnels, comme
celui récemment adopté en Slovaquie donnant priorité aux lois nationales sur le droit européen en matière d’identité, sont des réactions directes à cette usurpation.
Bruxelles dicte tout, des normes
environnementales aux politiques migratoires, ignorant les volontés
populaires et imposant un cadre supranational qui érode les identités
culturelles et les choix démocratiques des peuples.
Ursula von der Leyen : une dirigeante non élue aux allures de dictateur
Au cœur de ce système autoritaire se trouve Ursula von der Leyen,
présidente de la Commission européenne, qui n’a jamais été élue
directement par les peuples européens. Nommée par un processus opaque au
Parlement européen, elle se comporte comme un grand général, commandant
aux dirigeants nationaux ce qu’ils doivent faire – de la gestion des
fonds européens à l’alignement sur des agendas globaux comme le « Green
Deal » ou le soutien militaire à l’Ukraine. Ses critiques la dépeignent comme une bureaucrate omnipotente et autoritaire, promouvant une « nouvelle Europe » (Neue Europa, de sinistre réputation) fondée sur le pouvoir centralisé, tout en masquant ses propres manquements à la transparence, comme ses échanges cachés avec Pfizer. Von
der Leyen incarne l’essence antidémocratique de l’UE : une élite non
élue qui dicte aux nations élues, transformant l’Europe en un empire
technocratique où les voix dissidentes sont qualifiées de
« désinformation ».
Le rejet français : un « non » clair à la confiscation des libertés
Les Français, en particulier, ont été clairs sur leur rejet de cette
Europe intrusive. En 2005, lors du référendum sur le traité
constitutionnel européen, 55 % des votants ont dit « non » à une UE qui
confisque les libertés fondamentales – liberté de penser, d’aller et
venir, économique, et même culturelle. Ce « non » massif reflétait
une peur légitime : celle de voir la France diluée dans un super-État
qui impose des quotas migratoires, des taxes carbone punitives et des
normes qui étouffent l’industrie nationale. Aujourd’hui, les
Français refusent toujours que leurs libertés soient saisies au nom
d’une « union » qui privilégie les intérêts globaux sur les besoins
locaux, comme en témoigne la montée des partis souverainistes (L’UE
coute plus cher aux Français, que ce qu’elle leur rapporte : – 10
milliards d’euros / an).
La montée des voix eurosceptiques : des dirigeants et peuples en rébellion
Et ils ne sont pas seuls. De plus en plus de voix s’élèvent contre
cette UE impériale, avec des dirigeants et des peuples qui rejettent son
emprise ou exigent de choisir ce qui convient à leurs nations. En Hongrie, Viktor Orbán mène une politique ouvertement eurosceptique, refusant les diktats de Bruxelles
sur l’immigration et les valeurs sociétales, et participant même à des
gouvernements où les eurosceptiques approchent la majorité. La Pologne, sous influence de partis critiques, a affirmé la supériorité de sa constitution sur les traités UE, entraînant des tensions et des sanctions financières. En Slovaquie,
Robert Fico a qualifié un amendement anti-progressiste de « barrage »
contre l’UE, alignant son pays sur une résistance accrue. Les Pays-Bas, avec Geert Wilders, ont vu des partis eurosceptiques remporter des élections, critiquant l’UE pour son ingérence. En Italie,
Giorgia Meloni et ses alliés ont renforcé un euroscepticisme croissant,
priorisant les intérêts nationaux sur les agendas bruxellois. Ces pays,
rejoints par des mouvements en Suède et ailleurs, signalent une
vague eurosceptique : en 2024-2025, 24 pays de l’UE ont élu au moins un
membre d’un groupe eurosceptique au Parlement européen.

Vers une reprise de contrôle par les peuples
L’UE, sous sa forme actuelle, n’est plus un partenariat ; c’est une menace pour les souverainetés.
Il est temps que les peuples reprennent le contrôle, avant que cette
machine ne les engloutisse définitivement dans son agenda mortifère.
https://multipol360.com/lue-une-machine-imperiale-qui-ecrase-les-souverainetes-nationales/
B - Histoire: Europa ! Les projets européens de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste
Ici, Georges-Henri Soutou
soulève un point, qui, de prime abord, interpelle. En effet, contre
toute attente, l’auteur traite du sujet de l’Europe entre 1939 et 1945,
sujet ô combien discuté par Rome et Berlin ! Toutefois, l’auteur ne
manque pas d’évoquer les différences idéologiques existant entre Hitler
et Mussolini concernant l’Europe. En effet, si le führer entend étendre
la domination du Reich sur l’ensemble du continent ; le duce pour sa
part, profondément plus européen qu’Hitler, a une vision plus
nationaliste et impérialiste de l’idée d’Europe.
Une Europe prédisposée
En
effet, la fin du premier conflit mondial fait naître un climat
hypernationaliste en Europe, parmi les vaincus, mais aussi en Italie,
pays allié à la victoire « mutilée ». Cette déception transalpine sera à
l’origine du fascisme. Alors qu’il sort de cette Première Guerre
mondiale exsangue, meurtri dans sa chair et dans sa terre, le continent
européen est frappé de plein fouet par une crise économique mondiale qui
remet en cause les idéologies libérale et socialiste apparues au XIXe siècle.
Dès
lors, de nouveaux courants de politiques, dépassant le clivage
droite-gauche, apparaissaient en Europe. En réaction aux projets
briandistes, d’inspiration libérale, les différents courants de pensée
réactionnaires et antidémocratiques se renouvellent. Cependant, nazis et
fascistes n’ont pas la même vision de l’Europe. Face à la volonté
prométhéenne du nationaliste jacobin Mussolini, Hitler lui oppose un
antilibéralisme antisémite et racial.
Malgré
leurs divergences idéologiques, les deux régimes refusent l’ordre
libéral et démocratique. Cette communauté de vues cimente cette union
transnationale entre l’Allemagne et l’Italie. L’idée d’une Europe
nouvelle, en rupture avec l’ordre établi à Versailles, est partagée dans
nombre d’autres gouvernements, avec le soutien massif de leurs
populations.
Le fascisme et l’Europe : un grand espace euro-méditerranéen
La
politique extérieure italienne des années 30 est complexe. Si
après-guerre, Rome a reçu des territoires, elle revendique toutefois des
territoires balkaniques et va même jusqu’à occuper militairement
Corfou. Pour autant, Mussolini soutient le projet de pacte des Quatre.
Contre toute attente, l’accession de Hitler au pouvoir permet à l’Italie
de jouer un rôle de puissance stabilisatrice en Europe.
Mussolini
entend cependant organiser une Europe fasciste. Aussi entend-il
exporter le fascisme autour de la Méditerranée et de l’Afrique. Le
projet impérial et méditerranéen de Mussolini a comme pointe de rupture
la guerre d’Éthiopie. Parallèlement, le duce apporte son soutien à
Franco durant la guerre civile espagnole. Les deux dictateurs sont en
effet proches idéologiquement, cependant, Mussolini craint que le
fascisme européen qu’il prône ne profite qu’au régime nazi.
À
la veille du second conflit mondial, Mussolini évoque l’axe
Rome-Berlin, définissant les tâches de chacun : à l’Allemagne les
régions danubiennes, à l’Italie la Méditerranée. Les idéologues
allemands, pour leur part, évoquent les « grands espaces ». Aussi
envisagent-ils l’Europe pour le Reich, la Méditerranée et le
Moyen-Orient pour l’Italie. Hitler et Mussolini divergent sur leurs
différentes orientations géopolitiques, lesquelles correspondent à leurs
axes idéologiques propres.
Cependant,
Rome ne peut mener à bien sa « guerre parallèle » à celle de Berlin,
ses échecs militaires l’obligent à entrer inéluctablement dans l’orbite
du Reich et, in fine, à sa conception européenne de « grand espace
européen ».
Le Troisième Reich et l’Europe
Le
thème de l’Europe apparaît plus tardivement en Allemagne qu’en Italie.
La conception hitlérienne de l’Europe consiste à acquérir l’espace
nécessaire pour les peuples germaniques : le Lebensraum. Pour ce faire,
Hitler entend rayer de la carte la Tchécoslovaquie et la Pologne ainsi
que les populations juives du continent. Le Reich souhaite voir
disparaître les petits États-nations au profit d’ensembles politiques et
de grands espaces économiques plus vastes, afin de faire obstacle au
mondialisme libéral anglo-américain.
Le chancelier du Reich souhaite instaurer un nouveau système international autour de grands blocs continentaux : le Großraum. Cependant, à
Berlin, l’idée de « Nouvelle Europe » oppose différents courants de
pensée. Les conservateurs tout d’abord, — favorables à une Mitteleuropa — s’opposent
aux nationalistes (SA et membres du parti nazi), tenants qu’une vision
plus territoriale que raciale. Les SS enfin, considèrent que la
recomposition raciale de l’Europe passe par la destruction des juifs et
l’asservissement des Slaves, dans l’unique but de parvenir au
Lebensraum.
Cependant, la notion la plus importante pour le IIIe Reich
— après celle de la race — demeure le « grand espace européen ». Cette
notion comporte des aspects à la fois politiques, économiques, mais
aussi juridiques.
Le projet euro-méditerranéen initial (1940-1941)
Malgré
leurs divergences de vues, Rome et Berlin souhaitent réorganiser
l’Europe autour d’un projet euro-méditerranéen cohérent, dont la
sécurité serait garantie par l’Allemagne et l’Italie, face au bloc formé
par les Anglo-américains.
Une
fois la Pologne envahie, Hitler entend proposer la création d’un vaste
espace économique grand-allemand regroupant le Reich, la Bohème-Moravie,
la Pologne, le Luxembourg, la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas et le
Danemark, le tout dans une union douanière et monétaire dirigée par
Berlin.
L’Allemagne
accepte de laisser la Méditerranée à l’Italie, à la seule condition que
Mussolini accepte l’Anschluss et renonce à sa politique danubienne.
Rome, Berlin et Madrid — dans une moindre mesure — entendent se partager
le continent africain, n’en laissant qu’une infime part à la France de
Vichy.
« Ventre
mou » de la Nouvelle Europe, les Balkans sont au cœur des appétits
communs de Rome et Berlin. Mussolini craint une éventuelle occupation
allemande de cette région que l’Italie considère comme faisant partie de
sa zone d’influence politico-économique. Finalement, un modus vivendi
est arrêté et les Balkans divisés. La Yougoslavie et la Grèce reviennent
à Rome, le reste revenant à Berlin.
Nonobstant,
après la crise économique des années 30, l’influence allemande de ces
régions ne cessera de s’accroître, au détriment de l’Italie. De plus,
Hitler reprendra à son compte l’héritage de Guillaume II en s’alliant au
Moyen-Orient musulman hostile aux Anglo-américains philosémites.
L’invariant hitlérien : un Germanisches Reich deutscher nation ?
Se
voulant l’héritier du Reich bismarckien, Hitler entend rattacher à
l’Allemagne, l’ensemble des nations germaniques. Pour ce faire, il
entend rattacher au Reich les populations « germaniques » scandinaves et
flamandes. Cependant, si la Scandinavie occupe une proximité culturelle
et « raciale » avec l’Allemagne, elle n’est cependant pas au diapason
du Reich. La question de l’intégration flamande au Reich, si elle est
facilement envisageable pour les Pays-Bas, il n’en est pas de même pour
la Belgique. Seule la Suisse n’est pas envahie par l’Allemagne. Jamais
elle ne se ralliera au projet hitlérien d’Europe nouvelle.
À
côté de ce Reich germanique est instauré le protectorat de
Bohème-Moravie, après l’invasion des Sudètes et sa séparation d’avec la
Slovaquie. Après avoir envahi la Pologne et annexé les territoires
perdus en 1919, Hitler y instaure un Gouvernement général, colonisant le
reste du territoire polonais pour y installer des colons allemands, une
fois les populations juives et polonaises expulsées.
Cependant,
l’invariant hitlérien n’est pas fiable. En effet l’Europe sous
domination allemande manque de matières premières stratégiquement et
économiquement primordiales, tels le pétrole, le charbon et la
nourriture. De ce fait, le Reich ne peut faire face au poids
stratégico-économique des Anglo-américains.
Pour
faire face à ces derniers, le Reich n’a d’autre choix que d’englober
l’Europe jusqu’à l’Oural, le Moyen-Orient ainsi que l’Afrique, le tout,
en s’entendant avec l’Italie, la France, possiblement l’Espagne, pour
contrôler conjointement le Moyen-Orient et le continent africain.
Vichy dans le « nouvel ordre européen »
L’adhésion
du gouvernement de Vichy à l’« ordre nouveau » répond à deux facteurs :
idéologique et stratégique. Si tout comme l’Allemagne, la France
souhaite remplacer la SDN et voir le retour au concert européen des
grandes puissances au XIXe siècle, elle sait aussi ne pas être en capacité de s’opposer au Reich.
La
France et son Empire constituent un bloc de 100 millions d’habitants.
Afin de ne pas déplaire au maître de Berlin, la France se désengage de
son alliance diplomatique et militaire, au sein de la Petite Entente,
pour se recentrer sur son Empire, tout en recherchant un compromis avec
le Reich. Ainsi la France fait-elle le choix d’abandonner l’Europe
centrale et orientale à l’Allemagne pour maintenir sa souveraineté en
métropole et dans l’Empire, tout en s’associant par ailleurs au « nouvel
ordre européen ».
Ce
changement de politique extérieure permet à la France de bénéficier
d’un armistice conciliant de la part de Rome et Berlin, qui,
pragmatiques, souhaitent éviter que le gouvernement français ne
poursuive la guerre outre-Manche, ou bien encore en Afrique du Nord.
Maître
d’un tiers du territoire métropolitain, à la tête d’un Empire conservé
et d’une armée de 100 000 hommes, le gouvernement de Vichy inaugure sa
politique de « Révolution nationale », s’inscrivant pleinement dans
l’ordre nouveau hitlérien.
Cette
collaboration de l’État français au Reich ne se fait pas sans heurts.
Deux conceptions s’opposent à Vichy. Une majoritaire — défendue par
Laval — entend inscrire la France dans ce nouvel ordre européen dominé
par l’Allemagne, et une minoritaire, plus traditionnelle et plus
classique, qui appelle de ses vœux à un équilibre européen capable de
faire contrepoids au Reich. Pétain se trouve enserré entre ces deux
visions antagonistes.
Structures mentales de la « Nouvelle Europe »
Vaincue
militairement, la France doit marcher sans réserve avec le Reich. Ainsi
la collaboration d’État instaurée par Vichy doit-elle permettre de
s’adapter au « nouvel ordre européen ».
Cette
idéologie collaborationniste européenne, débutée avant-guerre, se
poursuit durant celle-ci. La collaboration idéologique entre les deux
fondateurs de l’Axe Rome Berlin est fondamentale. En effet, si
l’Allemagne souhaite une Europe très unifiée, l’Italie est quant à elle
plus favorable à une Europe plus souple et confédéraliste, dans un
ensemble méditerranéen conduit par Rome. Cependant, les deux régimes
convergent sur un point essentiel, celui de la culture comme moyen de
contrôle social total des peuples.
Débutée
dans les années 30, la collaboration idéologique entre les deux
fondateurs de l’Axe Rome-Berlin se poursuit. Ainsi les deux États
totalitaires tentent-ils d’élaborer des normes juridiques communes pour
l’Europe future. In fine, cette coopération germano-italienne verra le duce s’aligner sur le führer.
Le grand espace économie européen, antécédents et prolégomènes
Frappées
de plein fouet par la crise économique, les classes moyennes
européennes de l’entre-deux-guerres rejettent massivement le modèle
libéral américain. Devant cette crise économique des années 30, le Reich
entend recentrer son économie sur l’Europe, notamment en augmentant ses
échanges extérieurs avec l’Italie, ainsi qu’avec l’Europe danubienne et
balkanique. Rejetant le modèle capitaliste libéral, Berlin lance un
« nouveau plan » économique dès 1933.
Hitler
place les considérations économiques au premier rang des paramètres de
sa réflexion politico-stratégique. Dès juin 1940, l’Allemagne prépare un
grand espace économique européen, vaste union douanière et économique
européenne dirigée depuis Berlin.
Hitler
et Mussolini entendent instaurer un espace économique européen
indépendant du libéralisme anglo-américain et de l’économie planifiée
soviétique. L’Italie mussolinienne dépasse l’espace économique européen;
elle souhaite se suffire à elle-même économiquement et entend s’appuyer
sur ses colonies pour y parvenir, à l’instar du Commonwealth
britannique et de l’Empire français.
Cette
orientation méditerranéo-africaine de l’Italie concourt à différencier
les priorités économiques de Rome et de Berlin, en rivalité politique et
économique, principalement dans les Balkans. Beaucoup à Berlin,
considèrent que le véritable espace géostratégique pour le Reich doit
dépasser l’Europe pour aboutir à l’Eurafrique.
Le grand espace économique, projets et réalisations
Pour
mener à bien la guerre, le Reich doit s’approvisionner en matières
premières. Pour contrer le blocus imposé par les alliés, l’Allemagne
doit pouvoir diriger un grand espace économique comprenant l’Europe
danubienne et balkanique, l’Europe du Nord, l’Espagne et l’Italie.
Pour
ce faire, le Reich entend réorganiser l’économie et les échanges
financiers de ce vaste espace économique européen. Pour Berlin, le
Reichsmark doit former, avec les « monnaies vassales », un bloc
monétaire cohérent. Les transactions économiques entre États sont encore
possibles après l’établissement d’un clearing multilatéral. Le
développement des échanges et des interpénétrations des économies de ce
grand espace économique doit déboucher à terme, sur une union douanière
et monétaire.
L’idée
d’un grand espace économique européen, sous domination allemande, est
favorablement accueillie par le monde de la finance du vieux continent.
Passé l’idée d’autosuffisance de la Grande Europe en matière économique,
le projet de grand espace européen revient après la bataille de
Stalingrad. En effet, l’Allemagne tente de relancer l’idée d’un vaste
ensemble économique capable d’assurer au continent son indépendance
économique face aux alliés, au moment même où ces derniers échafaudent
des projets pour l’Europe au sortir du conflit mondial armé. Les
universitaires allemands réfléchissent quant à eux à une communauté
économique européenne, une fois la paix mondiale recouvrée.
Toutefois,
au sein du Reich, cette question divise. À ceux des idéologues qui
prônent une forme de socialisme, s’opposent les réalistes, qui
conçoivent l’économie de marché régulée et épaulée par l’État. Alors que
la guerre est perdue pour les puissances de l’Axe, l’idée de grand
espace économique européen pour contrer l’impérialisme anglo-américain
est encore espérée. Les patronats allemand, italien et français, se
préparent à l’économie d’après guerre.
L’Europe occidentale occupée dans le grand espace économique
L’Europe
comme ensemble économique existe depuis toujours. Cependant, à partir
de juillet 1940, les économies des pays occupés par les forces de l’Axe
sont coupées de leurs fournisseurs anglo-américains.
Directement
impactée, l’Allemagne tente de trouver un palliatif en faisant
transférer sur son territoire, les machines ainsi que les matières
premières des pays envahis, pour les utiliser à l’effort de guerre. La
guerre à l’Est est beaucoup plus dure que prévu et se prolonge, le temps
joue contre les forces de l’Axe. Le Reich durcit sa politique
économique en réquisitionnant des milliers de travailleurs de toute
l’Europe occupée.
Bientôt,
le programme de grand espace économique du Reich devient moins un fait
qu’une propagande. Pour autant, la coopération économique
franco-allemande est intense. Les autres pays occupés : le Luxembourg,
la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas et le Danemark concourent à
l’effort de guerre allemand, notamment en exportant leurs productions
agricoles à destination du Reich.
Les projets sociaux de la Nouvelle Europe sous direction allemande
En
complément d’un nouvel ordre économique européen, le Reich entend
installer une nouvelle Europe sociale. Cependant, dans sa conception
d’une Europe nouvelle sur le plan social, Hitler établit une
différenciation au sein de l’Europe occupée. En effet, les territoires
de l’Est sont des terres de colonisation allemande où les populations
sont asservies. Celles-ci ne peuvent donc pas jouir des bienfaits de
cette politique sociale aux contours flous, balançant entre archaïsme et
modernité.
L’Allemagne
a pour objectif d’homogénéiser la société européenne, sur une base à la
fois raciale et sociale. Pour le régime national-socialiste, il s’agit
de former un homme nouveau, national-socialiste, capable de se
transcender pour servir aveuglement la « communauté du peuple »
totalitaire. L’Allemagne reproche à l’Italie et à l’Espagne de ne pas la
suivre dans sa volonté d’harmoniser économiquement, socialement et
sociétalement le continent européen.
Toutefois,
les régimes nazi et fasciste se rejoignent dans leur volonté
corporatiste de dépasser la lutte des classes au profit de l’État et du
parti. Rome et Berlin, mais aussi Vichy, se rejoignent sur la question
raciale. Ainsi, des similitudes existent dans les législations raciales
élaborées en Allemagne et en France concernant les Juifs.
Si
le projet social européen instauré par le régime nazi est largement
partagé en Europe centrale et occidentale, la guerre, l’occupation et la
répression dans l’Europe occupée, rend irréalisable l’idée de tout
projet social européen cohérent.
1941-1942 : l’Allemagne joue et perd
Les
projets hitlériens de « nouvel ordre européen » et de création d’un
Lebensraum à l’Est, aux dépens de la Pologne et de l’URSS, sont ruinés
avec le déclenchement du plan Barbarossa.
Ab initio,
Moscou n’écartait pas la possibilité d’adhérer au pacte quadripartite
proposé par Berlin. Cependant, Hitler a pour objectif d’attaquer l’Union
soviétique, non pour des raisons politiques ou économiques, mais dans
un but de réorganisation raciale de l’Europe orientale. Une fois
instaurées sur ces territoires, les colonies allemandes pourraient
assurer au peuple allemand, l’espace vital nécessaire à son
développement futur.
Toutefois,
Mussolini craint de voir l’antisémite et l’anti-slavisme du Reich
compromettre le projet d’une Europe nouvelle. L’idée fondamentale
d’Hitler, au-delà de son anti-bolchevisme, est d’envahir le territoire
soviétique afin de s’approprier les ressources nécessaires au peuple
allemand et à son économie.
Alors
qu’il devait répondre à un triple objectif : racial, colonisateur et
économique, le plan Barbarossa va conduire à la perte du Reich. Si
l’invasion de l’Ukraine permet à l’Allemagne de se ravitailler en
matières premières, elle compromet les chances de succès de la première
phase euro-méditerranéenne de son plan de guerre. Finalement incapable
d’organiser un « nouvel ordre européen », le Reich et Rome ne pourront
résister aux épreuves de la guerre.
Vichy dans une Europe anti-bolchevique
L’invasion
de l’URSS par l’Allemagne favorise l’esprit de collaboration de Vichy.
Tout comme le Reich, la France de Pétain s’inscrit dans une Europe
anti-bolchevique excluant l’Union soviétique.
Le
gouvernement de Vichy agit avec pragmatisme. Avant-guerre, les
relations diplomatiques entre Pars et Moscou devaient permettre un
certain équilibre européen face à Berlin. La guerre perdue face à
l’Allemagne, la France en rompant ses relations diplomatiques avec
l’URSS, se fait bien voir de Berlin.
Le
gouvernement de Vichy va plus loin encore avec les « protocoles de
Paris », qui prévoient une collaboration militaire étendue en Afrique du
Nord et au Levant. Le but est d’inscrire la France dans l’ordre nouveau
et de lutter, aux côtés de l’Allemagne, contre le Royaume-Uni.
Les
protocoles de Paris vont plus loin encore et proclament que le
gouvernement français poursuit son œuvre de Révolution nationale, qui
repose sur un pouvoir autoritaire, à large assise populaire, à l’instar
des gouvernements allemand et italien.
En
s’associant pleinement avec l’Axe, le gouvernement de Vichy entend
donner à la France, la meilleure place possible dans l’Europe nouvelle.
Moins idéologue que pragmatique et persuadé de la victoire prochaine du
Reich, Laval poursuit sa politique de collaboration après le
débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Dès lors, Vichy
s’enfonce inéluctablement dans une position de collaboration totale,
antibolchevique dont elle ne pourra plus changer l’orientation.
1943-1944 : Reich « grand-germanique » ou Europe ?
Lorsqu’il
élabore le plan Barborssa, Hitler entend d’abord occuper l’URSS jusqu’à
l’Oural, avant de retourner les populations victimes du traitement que
leur inflige Staline, pour mettre à bas l’URSS. Une fois ces peuples
« libérés du joug soviétique », Berlin entend les intégrer dans des
États autonomes vassaux du Reich.
La
bataille de Stalingrad scelle le destin de l’Axe. Mussolini insiste
auprès d’Hitler pour qu’une paix séparée soit signée avec l’URSS, pour
milieux résister aux Anglo-américains, après leur débarquement en
Afrique du Nord. La proposition du duce n’est pas suivie d’effet.
L’enlisement
militaire de l’Axe sur le front russe oblige Berlin à revenir sur le
thème de l’Europe. Stratégiquement, l’Allemagne appelle l’Europe à
dépasser les nationalismes, pour s’unir dans un grand espace organisé
autour de Berlin, pour lutter à la fois contre l’interventionnisme
britannique, le capitalisme américain, et le bolchevisme soviétique.
Si
le Reich entend réorganiser le continent de façon hiérarchique, il doit
cependant faire face à sa propre complexité structurelle. En effet, la
vision d’une Europe « germanique » antisémite et antilibérale des SS, ne
correspond en rien à la vision nationaliste et révisionniste des SA et
des membres du NSDAP, beaucoup plus proche idéologiquement des fascistes
italiens.
Après
Stalingrad, les dirigeants du Reich changent donc de vision européenne.
Ainsi Ribbentrop conçoit-il le projet d’une confédération européenne,
répondant ainsi aux sollicitations de Mussolini, Antonescu et Laval.
Cette confédération serait alors sans limites de temps et composée
d’États souverains mutuellement garants de leur indépendance.
Conscient
de l’échec de sa « guerre parallèle », Mussolini tente lui aussi de
relancer le projet européen. Nonobstant, l’Italie est totalement
dépassée par la question, alors même que l’Allemagne reprend la main sur
les Balkans.
Alors
que la victoire des Alliés n’est plus qu’une question de mois, les
régimes nazi et fasciste se radicalisent et projettent de créer une
Europe homogène, radicale, antibolchevique et antilibérale capables de
se dresser à la fois contre les Juifs, les États-Unis et l’URSS.
Fin et rémanence de l’Europe et de l’Axe
Dans
ce dernier chapitre, l’auteur pointe du doigt la polémique actuelle,
sur le fait que l’Europe de l’Axe aurait été la matrice de l’actuelle
Union européenne.
Dès
la fin de l’année 1943, nombreux sont ceux à comprendre que l’Axe a
perdu la guerre. Certains secteurs de l’économie allemande préparent
l’après-guerre. Déjà se dessine le projet de renouer les relations
d’avant-guerre.
L’Allemagne
hitlérienne voit la constitution de trois grands ensembles, une fois la
paix mondiale recouvrée : l’Eurafrique, le monde anglo-américain, enfin
l’URSS. Aussi l’idée de fonder un grand espace économique européen,
autour d’un bloc douanier et monétaire, demeure prégnante dans de
nombreuses capitales du vieux continent, notamment à Berlin.
L’idée
d’une Europe fédérale trouve son apogée lors du Congrès européen de La
Haye, en 1948. Mené par les adversaires de la démocratie libérale, ce
congrès reprend à son compte les idées conservatrices des années 30 et
fixe des objectifs qui seront ceux de l’actuelle Union européenne.
Paradoxalement, pourtant considérés comme pro-européens, les
démocrates-chrétiens ne parviennent pas à s’accorder sur un sujet
cohérent de construction européenne.
Pays
vaincu, se trouvant dans une situation difficile au sortir de la
guerre, l’Italie parvient contre toute attente à se moderniser
économiquement et socialement. Cela permet à Rome de participer
pleinement à la construction européenne.
Finalement,
comme le conclut Georges-Henri Soutou, la politique européenne de l’Axe
s’inscrit dans les courants généraux de son époque et non comme un
accident de l’histoire.
Georges-Henri Soutou
Tallandier, Collection Texto, 2022. 618 p., 13,50 €
Cédric Le Cannelier Voir aussi sur ce même blog:
Le programme Jean Monnet de l’UE : excellence académique ou outil de propagande ?
C - Joute verbale entre Viktor Orbán (Hongrie) et Donald Tusk (Pologne)
Dans un échange virulent sur la plateforme X, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a sévèrement répondu à son homologue polonais Donald Tusk, révélant les fractures profondes au sein de l’Union européenne sur la gestion du conflit en Ukraine.
Cet épisode illustre le clivage
entre une Hongrie pragmatique, tournée vers la paix, et une UE de plus
en plus belliciste, emmenée par des affidés comme Tusk qui poussent à
l’escalade au risque d’un embrasement continental.
L’échange qui met le feu aux poudres
Tout a commencé par une déclaration provocatrice de Donald Tusk lors d’un sommet à Copenhague. Le
Premier ministre polonais, fervent défenseur d’une ligne dure contre la
Russie, a affirmé que l’Europe entière était « en guerre » avec Moscou, accusant implicitement Orbán de minimiser la menace.
« C’est la Russie qui a déclenché la
guerre contre l’Ukraine. C’est elle qui a décidé que nous étions en
guerre. Et dans une telle situation, la seule question est de savoir de
quel côté vous êtes » , a lancé Tusk.
La réponse d’Orbán ne s’est pas fait attendre :
« La Russie est en guerre. L’Ukraine
est en guerre. La Hongrie ne l’est pas. Je comprends que vous soutenez
fermement l’Ukraine. Sachez que nous soutenons fermement la Hongrie !
Votre question est de savoir qui va gagner la guerre entre la Russie et
l’Ukraine. Ma question est de savoir comment nous pouvons mettre fin à
la guerre, sauver des dizaines de milliers de vies et assurer la
sécurité des Hongrois ! Vous cherchez à gagner une guerre que vous
croyez être la vôtre. Je veux que la paix règne ! »
Cette réplique, qualifiée de « magistrale » par beaucoup
d’observateurs de la scène géopolitique, met en lumière le fossé
idéologique : d’un côté, un bellicisme effréné qui voit dans le
conflit une croisade européenne ; de l’autre, un appel rationnel à la
négociation pour éviter une catastrophe humaine et économique.
Le bellicisme de l’UE et de ses vassaux : une escalade dangereuse
Cet échange n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une série de tensions
au sein de l’UE, où la Hongrie, souvent isolée, bloque des paquets
d’aide militaire à l’Ukraine et plaide pour des pourparlers directs avec
la Russie. Orbán accuse Bruxelles de « jouer un jeu dangereux » avec la
sécurité européenne, en escaladant le conflit au lieu de le désamorcer.
En effet, l’UE, sous l’influence de figures comme Tusk, multiplie les
sanctions et les livraisons d’armes (ne parlons pas des fausses
accusations, suivies de rétro-pédalage, concernant des hypothétiques attaques de drones), ignorant les risques d’une confrontation directe avec la Russie. À Copenhague, Orbán a rappelé que les dépenses militaires de l’UE surpassent largement celles de Moscou,
questionnant : « Pourquoi avons-nous peur ? Nous sommes plus forts
économiquement, pourquoi ne pas prioriser la désescalade ? »
Les affidés de Bruxelles, comme la Pologne de Tusk, incarnent ce
virage belliciste. Varsovie pousse à des sanctions plus sévères et à un
soutien accru à Kiev, au risque d’entraîner l’Europe dans un conflit
prolongé. Cette posture n’est pas seulement idéologique : elle masque
une dépendance croissante à des puissances extérieures, comme les
États-Unis, qui profitent de l’instabilité pour vendre leur énergie et
leurs armes. Tusk, en accusant Orbán de « financer indirectement »
la Russie via des achats de pétrole, ignore hypocritement que sa propre
politique aligne la Pologne sur Washington, au détriment d’une
souveraineté énergétique européenne autonome.
La dépendance énergétique de la Hongrie : un faux reproche
On ne saurait reprocher à la Hongrie sa dépendance au gaz et au
pétrole russes, car ce pays, comme la Pologne d’ailleurs, est dépourvu
de ressources énergétiques propres. Cette coopération avec Moscou
existait bien avant l’opération spéciale en Ukraine en 2022, et
s’inscrivait dans une logique pragmatique de diversification des
approvisionnements. Orbán l’a rappelé : Budapest n’a pas les moyens
de pivoter brutalement vers d’autres fournisseurs sans risquer un
effondrement économique.
A contrario, on pourrait tout aussi légitimement reprocher à la
Pologne d’acheter de l’énergie aux États-Unis, une dépendance qui
renforce l’influence américaine en Europe et alimente un complexe
militaro-industriel outre-Atlantique. Pourquoi critiquer la Hongrie pour
une relation historique avec la Russie, tout en fermant les yeux sur
l’alignement polonais sur Washington ?
Cette incohérence révèle le deux poids,
deux mesures d’une UE qui privilégie l’idéologie atlantiste au détriment
des intérêts nationaux.
Vers une Europe de paix ou de guerre ?
Cet épisode souligne les divisions croissantes au sein de l’UE,
amplifiées par des sommets comme celui de Copenhague, où les avancées
russes en Ukraine exacerbent les tensions entre une Hongrie « pro-paix »
et une Pologne « pro-Ukraine ». Orbán avertit que le soutien
inconditionnel à Kiev pourrait coûter des millions de vies européennes
et mener à un collapse économique. Face à ce bellicisme, la position
hongroise apparaît comme un rempart de bon sens : prioriser la
négociation pour sauver des vies et préserver la stabilité continentale.
En fin de compte, l’échange entre Orbán et Tusk n’est pas qu’une
joute verbale ; c’est un appel à réveiller l’Europe d’un sommeil
guerrier imposé par Bruxelles et ses alliés. La paix n’est pas une faiblesse, mais la seule voie viable pour un continent déjà fragilisé.
Enfin, n’oublions pas que l’on a rarement vu un chef d’État mourir sur le champ de bataille malgré son bellicisme…
https://x.com/PM_ViktorOrban/status/1973716698336203101
https://x.com/donaldtusk/status/1973697060512956874
https://multipol360.com/joutes-verbales-entre-viktor-orban-hongrie-et-donald-tusk-pologne/