Le 10 décembre 2023, Javier Milei était officiellement investi président de l’Argentine. À mi-mandat, ses mesures radicales ont-elles amélioré ou détérioré la situation ? Au delà des postures politiques de droite ou de gauche, Florence Pinot Villechenon, experte de l'Amérique Latine, analyse les deux premières années de l'excentrique dirigeant sud-américain.
décembre 16, 2025
Javier Milei vers la liberté économique en Argentine ??
Le 10 décembre 2023, Javier Milei était officiellement investi président de l’Argentine. À mi-mandat, ses mesures radicales ont-elles amélioré ou détérioré la situation ? Au delà des postures politiques de droite ou de gauche, Florence Pinot Villechenon, experte de l'Amérique Latine, analyse les deux premières années de l'excentrique dirigeant sud-américain.
novembre 14, 2025
Trumps News USA - Fin du shutdown - ACCORD-CADRE ÉTATS-UNIS-ARGENTINE - Orban et paix !
Fin du shutdown gouvernemental américain : un soulagement temporaire après 42 jours de paralysie
Le 14 novembre 2025 – Après plus de six semaines de blocage budgétaire, le shutdown gouvernemental le plus long de l’histoire des États-Unis a pris fin.
Le président Donald Trump a signé, dans la nuit du 12 au 13 novembre, un projet de loi bipartisan approuvé par le Congrès, rouvrant les agences fédérales et évitant une crise prolongée.
Ce dénouement, salué comme une victoire fragile du compromis politique, intervient alors que des perturbations persistent dans plusieurs secteurs, et que la Cour suprême a prolongé un sursis sur les paiements complets des aides alimentaires SNAP pour novembre.
Un vote bipartisan au Sénat et à la Chambre
Le Sénat américain a ouvert la voie à cette résolution en approuvant, le 11 novembre, un texte par 60 voix contre 40, avec le soutien de sept démocrates et un indépendant. Ce projet de loi, d’une longueur de 328 pages, étend le financement de la plupart des agences fédérales jusqu’au 30 janvier 2026, tout en intégrant trois mesures spécifiques pour d’autres secteurs du gouvernement. Parmi les dispositions clés : des paiements rétroactifs pour les employés fédéraux mis au chômage technique, et des fonds alloués à des domaines prioritaires comme les services aux vétérans et l’agriculture.
La Chambre des représentants a emboîté le pas le 12 novembre, adoptant le texte à son tour avant de l’envoyer au bureau ovale pour signature présidentielle. Ce shutdown, qui a duré plus de 42 jours, dépasse le record précédent de 35 jours en 2018-2019, sous la première présidence Trump. Il a paralysé environ 25 % des opérations fédérales, affectant des millions d’Américains et coûtant des milliards à l’économie nationale.
Des perturbations persistantes malgré la réouverture
Bien que les agences fédérales rouvrent progressivement, les effets du shutdown ne s’effacent pas du jour au lendemain. Dans le secteur des transports aériens, des annulations de vols massives ont été signalées, dues à un manque criant de contrôleurs aériens et d’agents de sécurité, forcés de travailler sans salaire pendant des semaines. La FAA (Federal Aviation Administration) a rapporté des retards dans plus de 1.000 vols quotidiens, et des experts estiment que le retour à la normale pourrait prendre plusieurs jours, voire semaines.
Le texte législatif prévoit également une inversion des réductions de personnel tentées par certaines agences pendant la crise, garantissant une stabilité temporaire. Cependant, cette mesure n’est qu’un pansement : le financement n’est assuré que jusqu’au 30 janvier 2026, laissant planer la menace d’un nouveau shutdown si le Congrès ne parvient pas à un accord budgétaire à long terme.
La Cour Suprême et les aides alimentaires SNAP : un sursis prolongé
Parallèlement à ces développements législatifs, la Cour suprême des États-Unis a prolongé, le 12 novembre, un sursis bloquant les paiements complets des aides alimentaires SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) pour le mois de novembre. Ce programme, qui aide plus de 40 millions d’Américains vulnérables, a été au cœur de controverses budgétaires exacerbées par le shutdown. L’administration Trump avait cherché à limiter les paiements pour des raisons fiscales, mais une décision de justice inférieure avait ordonné des versements intégraux.
La haute cour a étendu cette suspension jusqu’au 14 novembre à 23h59 (heure de l’Est), permettant au gouvernement de retenir environ 4 milliards de dollars en paiements supplémentaires. Cette mesure, initialement temporaire, intervient alors que le nouveau financement congressionnel inclut des provisions pour SNAP, garantissant son financement jusqu’en janvier 2026. Des associations d’aide alimentaire ont critiqué cette décision, arguant qu’elle aggrave la précarité alimentaire au milieu d’une inflation persistante.
Un compromis fragile dans un climat politique tendus
Ce dénouement bipartisan marque une rare coopération entre démocrates et républicains, mais il souligne les divisions profondes au Congrès. Le shutdown a été déclenché par des désaccords sur les priorités budgétaires, incluant des coupes dans les programmes sociaux et des augmentations pour la défense.
Avec les élections de mi-mandat à l’horizon, ce répit pourrait être de courte durée.
En attendant, des millions d’employés fédéraux recevront leurs arriérés de salaire, et les services publics reprennent. Comme l’a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche : « C’est une victoire pour les Américains qui dépendent de ces services essentiels. » Pourtant, les perturbations résiduelles rappellent que la stabilité budgétaire reste un défi majeur pour l’administration Trump.
Sommet Trump Orban : un plan pour la paix dans une Europe divisée
Le 7 novembre 2025, le président américain Donald Trump a reçu le Premier ministre hongrois Viktor Orbán à la Maison Blanche, dans une rencontre qui souligne les évolutions des relations transatlantiques.
Loin d’un simple échange protocolaire, les discussions ont porté sur la sécurité énergétique, la coopération économique et une voie potentielle pour résoudre le conflit en Ukraine.
Alors que l’Europe fait face à des crises énergétiques, des risques de récession et des clivages idéologiques sur le soutien à Kiev, ce sommet met en lumière le rôle de la Hongrie comme pont entre l’Est et l’Ouest, tandis que Trump réaffirme sa doctrine « America First » . Cette entrevue, marquée par des éloges mutuels et des concessions concrètes, pourrait annoncer une nouvelle ère diplomatique sur un continent de plus en plus polarisé entre partisans d’une ligne dure et défenseurs de la paix.
Un dialogue stratégique à Washington
Cette réunion intervient à un moment critique pour l’Europe centrale et orientale, une région historiquement coincée entre les grandes puissances et aujourd’hui éprouvée par les retombées de l’invasion russe de l’Ukraine. Orbán, critique virulent de l’approche punitive de l’Union européenne basée sur les sanctions, est arrivé avec un agenda clair : obtenir des exemptions aux restrictions américaines sur les importations d’énergie russe pour protéger l’économie hongroise. Budapest dépend fortement du gaz russe (74 % de ses importations) et du pétrole (86 %), selon les données du FMI pour 2024, et une coupure brutale pourrait entraîner une perte de jusqu’à 4 % du PIB. Donald Trump, en bon négociateur, a accordé à la Hongrie une exemption d’un an sur les sanctions visant des entités comme Lukoil et Rosneft, une décision confirmée par des responsables américains et destinée à éviter un effondrement économique chez un allié clé de l’OTAN.
Le courant est passé entre les deux leaders.
Trump a qualifié Orbán de « grand dirigeant », louant les politiques de souveraineté de la Hongrie dans une région où de nombreux pays cèdent aux directives de Bruxelles.
En retour, Orbán a présenté les États-Unis et la Hongrie comme les seules voix « pro-paix » en Occident, affirmant que les autres gouvernements européens se trompent en croyant à une victoire ukrainienne : « Les États-Unis et la Hongrie sont les seuls pays occidentaux qui veulent vraiment la paix en Ukraine. Les autres gouvernements européens croient que l’Ukraine peut gagner ; c’est une totale incompréhension de la situation. »
Un plan de paix pour l’Ukraine au cœur des échanges
Les discussions ont largement porté sur la guerre en Ukraine, qui entre dans sa quatrième année avec des pertes massives. Trump et Orbán ont plaidé pour le dialogue plutôt que l’escalade, rejetant l’idée d’une victoire militaire ukrainienne. Ils ont évoqué des négociations potentielles, avec une possible médiation hongroise – Donald Trump suggérant même un sommet avec Vladimir Poutine à Budapest : « Si une rencontre avec Vladimir Poutine a lieu, je préférerais qu’elle se tienne à Budapest. » Orbán a ajouté : « Bien, les miracles existent » en réponse à une question de Trump sur les chances de victoire de l’Ukraine. Ils se sont opposés à de nouvelles livraisons d’armes ou à des fonds européens pour Kiev, Orbán considérant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE comme un risque de guerre régionale.
Des recherches complémentaires sur les réseaux sociaux montrent un écho à ces idées : plusieurs publications évoquent une « Initiative de Budapest pour la paix en Ukraine », un plan hongrois indépendant proposant un cessez-le-feu, des corridors humanitaires et des référendums dans les zones contestées, avec une médiation neutre impliquant la Turquie ou l’Inde. Donald Trump a lui-même annoncé en octobre son intention de rencontrer Vladimir Poutine pour négocier la fin de la guerre, renforçant l’idée d’un rôle pour Budapest.
Coopération économique et valeurs partagées
Au-delà de l’énergie et de l’Ukraine, les échanges ont couvert le commerce, les investissements en défense et un « âge d’or » des relations hungaro-américaines.
Donald Trump soutient la posture anti-mondialisation d’Orbán en vue des élections hongroises de 2026, partageant des valeurs sur la souveraineté des frontières et les principes traditionnels.
La Hongrie a également sécurisé 600 millions de dollars en contrats de GNL américain, tout en maintenant ses approvisionnements russes, illustrant une diversification équilibrée.
Les divisions européennes à l’épreuve
L’Europe apparaît divisée entre des élites occidentales « belliqueuses » à Bruxelles, Berlin et Paris, qui poussent à l’escalade militaire et aux sanctions, et des États d’Europe centrale et orientale comme la Hongrie, qui résistent aux pressions atlantistes. Orbán incarne ce pragmatisme régional, avec sa politique d’ouverture vers l’Est (Russie et Chine) qui gagne du terrain face aux vulnérabilités énergétiques et aux risques de récession. Les sanctions européennes, imposées depuis 2022, ont coûté cher sans affaiblir significativement Moscou, selon des analyses du FMI. L’article original, issu d’une source alternative comme New Eastern Outlook, met en avant la Hongrie comme une « voix de la raison », critiquant les médias occidentaux pour leur « fausse information » et les démocrates américains pour prolonger le chaos à des fins politiques.
Critiques et implications pour les relations UE-États-Unis
Des critiques visent les « va-t-en-guerre » de l’UE pour ignorer les réalités sur le terrain, imposer des sanctions coûteuses et favoriser la récession. Pour les relations UE-États-Unis, ce sommet implique un virage pragmatique sous Trump, qui exempte des alliés des sanctions pour préserver la stabilité, potentiellement affaiblissant l’unité européenne et contournant la ligne pro-guerre de Bruxelles. Cela pourrait renforcer les liens hungaro-américains mais accentuer les fractures transatlantiques, avec Orbán en médiateur favorisant une paix réaliste.
En somme, ce sommet Trump-Orbán illustre une diplomatie ancrée dans le réalisme, opposée à l’idéologie. Alors que l’Europe occidentale s’accroche à une victoire ukrainienne illusoire, l’Europe centrale pourrait émerger comme un pont vers la paix, évitant une escalade destructrice pour tous.
https://multipol360.com/sommet-trump-orban-un-plan-pour-la-paix-dans-une-europe-divisee/
octobre 27, 2025
Le président Javier Milei, des législatives réussies, des réformes à venir....
« Merci à tous les Argentins »« Si vous pouviez voir à quel point l’Argentine est belle et à quel point le violet y est beau. »« La liberté et le progrès commencent »Je tiens à remercier Guillermo Francos, et surtout le Dr Bullrich et Luis Petri, car nous avons décidé de nous unir pour vaincre le populisme.Au ministre Toto Caputo, à l'ancien ministre des Affaires étrangères Gerardo Whertein, au colosse Pablo Quirno, à la combattante infatigable qu'est Sandra Petovello et au colosse Federico Sturzenegger, au reste des ministres, à Martín Menem, María Ibarzabal, Manuel Adorni, et aux architectes Santiago Caputo et Karina Milei.« Pendant les deux premières années, nous avons évité de tomber dans le précipice. »Au cours des deux prochaines années, nous poursuivrons le chemin des réformes pour rendre à l’Argentine sa grandeur.« Nous sommes passés de 37 à 101 représentants au Congrès et de 6 à 20 sénateurs. »« La grande Argentine sera grande pour tous »Et nous pourrons parvenir à des accords fondamentaux au Congrès ! Nous pourrons nous asseoir avec la grande majorité des gouverneurs représentés au Congrès pour définir les fondements de l'Argentine. Nous transformerons le Pacte de mai en lois réformatrices.« Les Argentins n’ont rien dit au populisme, plus de populisme. »« La priorité sera d’offrir un avenir meilleur aux 47 millions d’Argentins. »« Nous allons poursuivre les réformes qui sont encore nécessaires pour réaliser cet avenir. »« Réfléchissons ensemble, cherchons des accords. Que Dieu bénisse le peuple argentin et que les forces du ciel soient avec nous. »
"Contrairement à ce qu’annonçaient les médias. La réalité a l’outrecuidance de contredire leur rabâchage propagandiste et le prêt à penser idéologique de leur entre-soi.Vive la LIBERTÉ !"
Milei triomphe aux élections Mid-Term : succès ultra-libéral ou mirage éphémère en argentine ?
Dans un revirement électoral spectaculaire, Javier Milei, le président argentin surnommé le « Messie à la tronçonneuse » pour ses coupes drastiques dans les dépenses publiques, a remporté une victoire éclatante lors des élections législatives du 26 octobre 2025.
Avec 41 % des voix, son parti La Libertad Avanza a vu son nombre de députés bondir de 37 à 101, marquant un « raz-de-marée » selon les observateurs.
Ce succès, célébré par des partisans comme une validation populaire de ses réformes ultra-libérales, intervient pourtant dans un contexte de controverses croissantes, incluant des incidents lors de ses voyages aux États-Unis et des critiques sur l’efficacité réelle de son modèle économique.
Alors que l’Argentine semble s’aligner davantage sur l’Occident, cette dynamique contraste avec la propension grandissante des pays non-occidentaux à s’émanciper du colonialisme et du néocolonialisme occidental.
Une victoire électorale inattendue
Le scrutin mid-term (mi-mandat) a surpris bien des analystes. Malgré les prédictions de déclin, Javier Milei a consolidé sa base électorale, prouvant que sa « tronçonneuse » – symbole de ses coupes budgétaires radicales – reste « ultra-populaire ». Comme l’a déclaré un commentateur sur les réseaux sociaux, « Malgré les efforts de désinformation des médias subventionnés, Milei remporte un raz-de-marée électoral ». Cette performance électorale intervient après plus de 300 mesures ultra-libérales mises en place depuis son élection en décembre 2023, incluant la dérégulation massive, la privatisation et l’élimination des subventions pour l’énergie, les transports et les services de base. Des milliers d’emplois publics ont été supprimés, et les prestations sociales drastiquement réduites, dans l’objectif de retirer l’État pour libérer les forces du marché.
Cette victoire est d’autant plus remarquable qu’elle défie les critiques internationales et domestiques. Des figures médiatiques françaises, par exemple, avaient prédit la fin de Milei il y a encore deux semaines, mais les résultats prouvent le contraire. Les partisans y voient une approbation populaire : « Viva la libertad, carajo ! » (Vive la liberté, bon sang !), comme le clament les soutiens du président.
Les ombres sur l’expérience ultra-libérale
Pourtant, derrière ce triomphe électoral, l’expérience mileiste montre des signes de vacillement. L’inflation a certes chuté de près de 300 % en avril 2024 à environ 34 % à l’été 2025, et le budget a été équilibré grâce à des prêts du FMI dépassant 40 milliards de dollars. Mais ces gains masquent une réalité économique sombre : le PIB a reculé de près de 4 % en 2024, contrastant avec la croissance du Brésil voisin. Les secteurs industriels, comme les plastiques et le caoutchouc, ont vu leur production chuter jusqu’à 25 %, tandis que le peso surévalué a forcé la banque centrale à dépenser 1,1 milliard de dollars en trois jours pour le soutenir. Les réserves en devises étrangères ont fondu à environ 5 milliards de dollars, et la fuite des capitaux s’intensifie.
Socialement, la pauvreté continue d’augmenter, et les conditions d’approvisionnement dans les zones péri-urbaines se dégradent. La polarisation politique s’aggrave, Milei manquant de majorité au Congrès et devant diluer ses décrets. Un scandale de corruption impliquant sa sœur Karina et des rejets parlementaires de coupes budgétaires ont fait chuter sa popularité sous les 40 %. Des mesures d’urgence, comme des allégements fiscaux pour les exportations agricoles, ont été introduites pour stabiliser la situation.
Incidents aux États-Unis : symbole de dépendance ?
Les voyages récents de Milei aux États-Unis – le onzième depuis son mandat – illustrent cette vulnérabilité. En quête de soutien financier, il a obtenu des promesses du secrétaire au Trésor américain Scott Bessent, incluant des lignes de swap (accords conclus entre deux banques centrales permettant au pays récipiendaire d’obtenir des liquidités dans la devise du pays émetteur.) et des achats d’obligations argentines. « Toutes les options sont sur la table », a déclaré Bessent. Mais cette aide suscite des débats : la sénatrice Elizabeth Warren a averti contre un sauvetage « aux dépens du peuple américain ». Des économistes critiquent ce soutien, arguant qu’il empêche une dévaluation nécessaire du peso et ne résout pas les problèmes structurels.
Pire, ces voyages ont été marqués par des incidents violents. Lors d’un événement de campagne en août 2025 près de Buenos Aires, Milei a été évacué d’urgence après que des manifestants lui ont lancé des pierres, l’accusant de corruption. Une vidéo circulant montre le président, en veste de cuir, entouré de sécurité dans une porte tournante, face à une foule hostile pointant du doigt et criant, illustrant la tension croissante. Des manifestations similaires à Córdoba l’ont vu accusé de « trahir les Argentins » au profit d’intérêts étrangers.
Ces événements soulignent un fossé entre la base électorale de Milei et une opposition grandissante, qui voit dans son alignement sur Washington une forme de dépendance néocoloniale.
La propension des pays non-occidentaux à s’émanciper du colonialisme occidental
Ce rapprochement de l’Argentine avec les États-Unis contraste avec une tendance globale : la propension croissante des pays non-occidentaux à s’émanciper du colonialisme et du néocolonialisme occidental. Historiquement, la décolonisation post-1945 a vu des nations africaines et asiatiques gagner leur indépendance formelle, mais souvent sous des formes néocoloniales, comme les « indépendances néocoloniales » de 1960 en Afrique, où la France et d’autres puissances maintenaient une influence économique via des accords biaisés.
Des exemples récents illustrent cette émancipation. En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont rompu avec l’influence française, expulsant les troupes et se tournant vers la Russie ou la Chine pour des partenariats plus équilibrés, rejetant l’ « obsession anticoloniale » qui, selon certains, retarde le développement mais permet une souveraineté réelle. L’expansion des BRICS, incluant l’Égypte, l’Éthiopie et l’Iran en 2024, symbolise ce virage vers un multilatéralisme non-occidental, défiant la domination du dollar et des institutions comme le FMI. En Amérique latine, des nations comme le Venezuela et la Bolivie ont nationalisé des ressources pour briser les chaînes néocoloniales, tandis que l’Afrique du Sud mène des actions contre Israël à la CIJ, affirmant une voix indépendante.
Cette dynamique met en lumière les limites du modèle mileiste : en cherchant l’aide occidentale, l’Argentine risque de perpétuer une dépendance, alors que le monde multipolaire encourage l’émancipation. Si les réserves en dollars s’épuisent et que l’hyperinflation menace, comme le prédisent les analystes, l’expérience ultra-libérale pourrait bien toucher à sa fin, forçant Javier Milei à réviser son cap.
Javier Milei triomphe. La gauche française en plein déni.
Dissonance cognitive aiguë chez nos éminents caciques de gauche. L’horrible Javier Milei, vous savez, ce président argentin ultralibéral à la limite du fascisme – eh bien, vu le traitement infâme qu’il inflige à ses concitoyens, il n’aurait jamais dû gagner les élections de mi-mandat de dimanche dernier. Et pourtant, voilà qu’il domine le match avec plus de 40 % des voix contre 32 % pour l’alliance des péronistes, alors que tous les sondages annonçaient le triomphe inéluctable de ces derniers.
Une « victoire surprise », donc, qui ne peut avoir qu’une seule explication logique : les 20 milliards de dollars promis fin septembre par Donald Trump pour soutenir la monnaie argentine, additionnés à 20 milliards supplémentaires en fonds privés annoncés tout récemment par le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent ont constitué une ingérence majeure dans les élections, avec pour effet d’en modifier significativement le résultat. Ajoutez une abstention massive et le tour est joué.
Telle est notamment la position du président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Éric Coquerel (vidéo ci-dessous, 3′ 02″), une position qu’il partage avec le Parti socialiste et le journal l’Humanité dans une unité de vue des plus touchantes. Rien de tel qu’un ennemi commun pour renouer avec les joies de l’union en politique !
Sauf que, d’une part, il est difficile de parler de « victoire surprise » si l’on prend la peine de consulter les résultats des sondages successifs réalisés par différents sondeurs depuis de nombreux mois (voir le tableau ci-dessous, extrait de l’encyclopédie Wikipedia en espagnol).
Et sauf que, d’autre part, on n’observe pas de renforcement du parti de Javier Milei dans les intentions de vote (en violet) depuis que les deux fois 20 milliards des Américains ont été mis sur la table. On constate même que l’alliance péroniste (en bleu) arrive plus souvent en tête depuis ces annonces, ce qui tend à indiquer que les motivations du vote ne relèvent pas uniquement de ce facteur.
Examinons maintenant les autres récriminations de M. Coquerel.
Selon lui, le taux d’abstention « extrêmement fort » observé lors de ce vote (32 %) traduit plus une défaillance de l’opposition péroniste qu’une victoire de « la politique très autoritaire et ultralibérale de Javier Milei ».
À l’entendre, ce dernier n’a rien gagné du tout, mais pour la prochaine fois, et pour les futures élections françaises peut-être, petit conseil sans frais de M. Coquerel : les socialistes doivent impérativement se présenter avec un programme de gauche d’une grande radicalité pour motiver efficacement les électeurs. On pense immédiatement aux mesures phares du socialisme bolivarien : hausse du salaire minimum, abaissement de l’âge de la retraite, hausse des pensions, emplois publics par milliers et subventions à gogo ! Autrement dit, tout ce qui a coulé le pays et dont une majorité d’Argentins ne veulent plus.
Que la gauche qualifie le libéralisme argentin d’ultra et d’autoritaire n’a rien de surprenant ; tout ce qui n’est pas 100 % socialiste doit être immédiatement relégué dans les tranchées nauséabondes de l’extrême droite, histoire de décourager toute curiosité à l’égard d’autres façons de faire de la politique. Mais il n’est pas faux de dire que nombre d’Argentins anciennement acquis au péronisme, notamment dans les banlieues pauvres de Buenos Aires, n’ont pas eu envie de se déplacer pour apporter une fois encore leur soutien à ce mouvement perclus de corruption et responsable d’une inflation à trois chiffres.
Et puis, contrairement à ce que prétend Éric Coquerel, la politique de Javier Milei n’a pas eu que des « effets économiques très mauvais ».
Certes, le peso argentin, même dévalué dès décembre 2023, montre des signes de faiblesse depuis que le contrôle des changes a été levé en avril dernier (d’où l’importance du prêt du FMI et du swap de devises avec les États-Unis), mais le président argentin avait promis de faire baisser l’inflation et il a tenu parole : de 211 % en rythme annuel à la fin de 2023, au moment où il accédait à la présidence, elle est tombée à 32 % en septembre 2025, toujours en rythme annuel.
Du côté des finances publiques, les dépenses ont été considérablement diminuées – Milei parle d’un « ajustement » de 5 points de PIB – ce qui a permis au pays de dégager un solde budgétaire légèrement positif dès 2024. Dans le même temps, la dette publique est passée de 155 % du PIB en 2023 à environ 85 % en 2024. Mais bien évidemment, rien de tout ceci n’intéresse notre gauche piketto-zucmanienne. Seuls comptent les impôts qu’il est possible de soutirer aux ultrariches afin de clientéliser puis contrôler les électeurs. Et tant pis si une telle politique ne débouche que sur de la pauvreté partout où elle est appliquée.
À ce propos, M. Coquerel prétend que « la politique très autoritaire et ultralibérale de Javier Milei » a provoqué une hausse dramatique de la pauvreté en Argentine. Selon lui, elle ne cesse d’augmenter. Or les chiffres de l’INDEC, c’est-à-dire l’équivalent de notre INSEE, nous indiquent que le taux de pauvreté est passé de 41,7 % au second semestre 2023 à 52,9 % au premier semestre 2024 puis à 38,1 % au second semestre 2024 et à 31,6 % au premier semestre 2025. Autrement dit – mais la gauche n’aime pas que ce soit dit – ce taux est dorénavant inférieur de 10 points à ce qu’il était quand Javier Milei est arrivé au pouvoir (ajouts en vert de ma main) :
Une fois de plus, la réalité ne corrobore pas les fantasmes de la gauche piketto-zucmanienne. Ses plus brillants économistes avaient annoncé que la politique de Javier Milei serait synonyme de « dévastation ». Non seulement il n’en est rien, mais les Argentins en redemandent.
Assez comiquement, Éric Coquerel déploie une méthode toute trumpienne pour se sortir de sa dissonance cognitive. Il prétend qu’il a d’autres informations, il prétend que les chiffres de l’INDEC, rebaptisés « chiffres de Milei », sont faux, en vertu du fait qu’ils sont « contestés par les organisations sur place ». Des organisations compatibles avec ses croyances et opinions, j’imagine, et qui, de ce fait, sont seules habilitées à dire où se situe la vérité.
Tout est tellement simple chez les socialistes (et chez tous leurs clones « de tous les partis », comme disait Hayek) ! Ils ont toujours raison et les autres ont toujours tort. Pas question de permettre au réel de renverser ce dogme.


























