LIBÉRALISME

Question de LIBÉRALISME

 Sur le Libéralisme

Un superbe travail à lire et relire, merci

Qui mieux que Jacques de Guénin pour nous présenter ci-dessous ce qu'est le libéralisme, d'une manière des plus simple, pédagogique. De part notre entrevue de 2006, puis ces livres, j'ai eu le déclic, merci à lui.

Savez vous vraiment ce qu'est le libéralisme ?

(Exposé fait à Bayonne, Bordeaux, Dax devant divers auditoires)
Je précise tout de suite que je ne vais pas parler de politique : ma brève incursion dans le monde politique m'a appris qu'il n'y a pas de parti complètement libéral, et que la plupart des hommes politiques sont plus prompts à nous forcer à entrer dans le système qu'ils préconisent, à coup de lois et de règlements, plutôt que nous laisser vivre comme nous l'entendons. Entre parenthèses, cela reflète de leur part un mépris certain pour l'individu, puisqu'ils ne le croient pas capable de se conduire honnêtement et solidairement s'il ne rentre pas dans leur système. Or c'est évidemment le contraire qui se produit. L'individu ne recherche plus la vertu lorsqu'il lui suffit d'appliquer les règlements pour se donner bonne conscience, et il ne ressent plus le besoin d'être solidaire lorsque l'État l'est à sa place.
Dans notre pays, la pensée libérale est ancienne et profonde. Elle été illustrée par une pléiade d'écrivains prestigieux, parmi lesquels on peut citer : La Boétie, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Turgot, Condorcet, Benjamin Constant, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Victor Hugo, Alexis de Tocqueville, Gustave de Molinari, Jacques Rueff, Bertrand de Jouvenel, Raymond Aron, Jean-François Revel.
Vous remarquerez au passage que quatre de ces grands penseurs sont originaires d'Aquitaine. Il y a lieu d'en être fier.
A vrai dire, la pensée libérale est si prestigieuse qu'elle fait de l'ombre aux hommes de pouvoir. Aussi la dénigrent-ils sous des vocables variés, et se gardent-ils bien de l'enseigner dans leur système d'éducation. Si bien que les idées les plus fausses courent à son sujet. Mon ambition est de rétablir la vérité en définissant avec précision ce qu'est le libéralisme, et en montrant l'implacable logique qui lie ses différents concepts.
Mais si vous avez des convictions libérales, et si vous voulez défendre efficacement vos idées, la logique ne suffit pas. La plupart des gens ne sont pas disposés à se battre pour des raisonnements, si même ils veulent bien les écouter. En revanche ils sont prêts à se battre, voire à mourir si nécessaire, pour des principes moraux. Je vais donc m'efforcer de montrer que le libéralisme est non seulement le système le plus efficace sur le plan économique, mais encore le seul système social moralement cohérent.
Le libéralisme c'est d'abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.
 
Cette morale repose sur deux concepts-clés :
La responsabilité individuelle : être responsable, cela veut dire assumer soi-même les conséquences de ses propres actes. C'est un principe d'apprentissage par tâtonnement et d'autoperfectionnement.
La liberté individuelle : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Article 4)
 
Ces deux concepts ne sont pas indépendants l'un de l'autre. Aucun des deux ne peut exister sans l'autre. En effet, on ne peut être responsable de ses actes que si on est libre de les commettre ou non. Réciproquement, si l'on veut respecter la liberté des autres, il faut assumer soi-même les conséquences de ses actes.
Ces deux concepts ne sont pas non plus arbitraires. Ils se déduisent d'un principe universel qui est celui du maintien de la vie et de la recherche du bonheur.
Toutes les fonctions de tous les être vivants, du plus simple au plus complexe, n'ont qu'un objectif : maintenir leur vie. On peut donc dire que tout ce qui la maintien est bon, et que tout ce qui la menace est mauvais. Voilà, pour les libéraux, le fondement de la morale.
Un être vivant doit se procurer l'énergie ou la nourriture dont il a besoin pour vivre et se propager, et se protéger des menaces extérieures. Il doit réagir aux conditions extérieures - comme le chaud et le froid -, ou aux agressions, par des actions. Chez les plantes et les animaux inférieurs, ces actions sont entièrement automatiques et inconscientes. Chez l'homme, les choses sont un peu plus compliquées :
L'homme a un cerveau développé qui lui permet :
  • de concevoir des objectifs
  • de lancer des actions dont les résultats vont augmenter ou diminuer sa satisfaction. Ces actions s'obtiennent au prix d'un EFFORT
  • de mémoriser le résultat de ces actions  
  • d'analyser ces résultats et de tirer des conclusions sur la façon de les améliorer
Cette faculté décisive s'appelle LA RAISON.
On voit tout de suite que grâce à ses efforts, et à l'utilisation de sa raison, l'homme ne peut progresser indéfiniment vers la recherche du bonheur qu'à deux conditions :
  • Qu'il soit libre de ses actions.
  • Qu'il en assume les conséquences.
S'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies.
S'il en assume les conséquences, il peut tirer parti de ses erreurs pour progresser.
Nous retrouvons ainsi les deux principes-clefs de la pensée libérale : la Liberté et la Responsabilité.
Voyons maintenant quelles conséquences on peut tirer de ces deux principes :
1. Pour assurer sa vie, l'homme doit produire des biens qu'il pourra consommer, stocker, ou échanger, et des services qu'il pourra échanger contre d'autres biens ou services. Celui qui n'a pas droit au produit de ses efforts n'a pas la certitude de pouvoir entretenir sa vie de la façon qu'il le désire. L'homme qui produit alors que d'autres disposent de ce qu'il produit est un esclave. La propriété acquise par l'effort et la raison est donc une condition impérative de l'exercice de la liberté.
 
Celui qui produit et échange gagne ce qu'il a. Il ne donne ni ne prend ce qui n'est pas mérité. Il ne s'attend pas à être payé sur sa bonne mine, ou sur ses plaintes, ou sur l'expression passive de ses besoins, mais sur ses réalisations, sur ce qu'il a accompli.
Réciproquement, la propriété acquise par la force, le vol, ou la tromperie, est en contradiction formelle avec la morale libérale. La règle peut être la plus forte du libéralisme, est qu'on ne doit rien obtenir des autres par la coercition, mais seulement avec leur consentement.
 
2. L'homme produit au prix d'un effort, en utilisant sa raison. Il obtiendra des résultats d'autant meilleurs qu'il fera plus d'efforts et utilisera mieux sa raison. C'est la seule source d'inégalité cohérente avec la morale libérale.
Le corollaire est que la morale libérale ne tolère pas l'inégalité devant la loi, quelles qu'en soient ses formes : l'esclavage, les castes, les titres nobiliaires, les privilèges.
 
Nous allons voir maintenant que l'existence de la société améliore considérablement l'efficacité de l'individu dans sa recherche du bonheur par l'effort et la raison, et que réciproquement, la recherche individuelle du bonheur par l'effort et la raison engendre des conséquences extrêmement positives pour la société.
D'abord, la comparaison de ses résultats avec ceux des autres permet de progresser - à condition que le jugement ne soit pas altéré par l'envie. Ainsi la recherche de l'efficacité fait progresser la morale.
Ensuite, s'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies. Ce faisant, il enrichira aussi les autres. L'homme qui fournit seulement un travail physique consomme à peu de choses près l'équivalent de la valeur qu'il produit. L'homme qui produit une idée, une invention, ne reçoit qu'une infime partie de la valeur qu'il a ajoutée au patrimoine de l'humanité, et dont un nombre illimité de personnes bénéficiera.
 
Enfin, l'individu peut obtenir les biens ou les services qu'il ne peut ou ne veut produire lui-même, grâce à l'échange, sanctionné par un contrat si l'échange s'accomplit dans la durée. Lorsque l'échange est libre, les deux parties y trouvent leur satisfaction et aucun tiers n'est lésé.
 
Ainsi, si aucune autorité n'intervient pour lui dicter ses choix, l'homme peut choisir le travail qu'il préfère, se spécialiser dans ce travail, et aller aussi loin dans la voie du succès que sa volonté et son talent le permettent. Mais ce succès dépend de la valeur objective de ce travail pour les autres. Lorsque les hommes sont libres de leurs échanges, c'est le meilleur produit et le meilleur jugement qui l'emportent dans tous les domaines de l'action humaine, qui élèvent les niveaux de vie et de pensée de tous ceux qui participent à cette action.
 
Les échanges favorisent les rapports pacifiques entre les hommes et contribuent à la moralisation de ces rapports. Pour que les échanges soient efficaces, ils doivent exclure le mensonge. Les échanges au sein de sociétés un peu complexes exigent donc la confiance.
 
Contrairement aux anciens rois et seigneurs féodaux, aux modernes dictateurs, et même aux représentants de nos gouvernements, le chef d'entreprise n'obtient rien par la force : il sert autrui. Il doit satisfaire ses clients, et il perd tout pouvoir dès qu'il n'est plus en mesure d'assurer de meilleurs services que ses concurrents. La plus grosse entreprise perd sa puissance et son influence dès qu'elle perd ses clients. Le profit va seulement à celui qui a compris ce que veulent les autres. Il n'en est pas de même pour les activités de l'État, qui ne connaissent aucune sanction.
Ceci a été parfaitement exprimé par la grande philosophe et romancière américaine Ayn Rand, dans un roman fameux, mais malheureusement pas traduit en français qui s'appelle "Atlas Shrugged". Dans ce roman, un système totalitaire s'insinue peu à peu dans l'État Américain. Le Héros, Hank Rearden, un self made man, subit un procès parce qu'il ne se plie pas volontairement aux demandes du pouvoir. Comme dans tous les procès totalitaires à leurs débuts, le pouvoir espère que Hank Rearden s'accusera publiquement en échange de sa liberté. Mais Hank Rearden est d'une autre trempe. Voici ce qu'il dit à ses juges :
«...Je ne travaille pour rien d'autre que mon profit - que j'obtiens en vendant un produit dont ils ont besoin à des gens qui ont envie de l'acheter et qui en ont les moyens. Je ne le produit pas pour leur bénéfice au détriment du mien, et ils ne l'achètent pas pour mon bénéfice au détriment du leur ; je ne leur sacrifie pas mes intérêts et ils ne me sacrifient pas les leurs ; nous traitons en égaux, par consentement mutuel, à notre avantage mutuel - et je suis fier de chaque centime que j'ai gagné de cette façon. Je suis riche, et je suis fier de chaque centime que je possède. J'ai gagné mon argent par mon propre effort, par le libre échange et le consentement volontaire de tous ceux avec qui j'ai eu à faire - le consentement volontaire de ceux qui m'ont employé quand je débutais, le consentement volontaire de ceux qui travaillent pour moi aujourd'hui, et le consentement volontaire de ceux qui achètent mon produit.
Je répondrai à toutes les questions que vous avez peur de me poser ouvertement. Est-ce que je souhaite payer mes ouvriers plus que leurs services ne valent pour moi ? Non, je ne le souhaite pas. Est-ce que je souhaite vendre mon produit moins cher que mes clients sont près à le payer ? Non, je ne le souhaite pas. Est-ce que je souhaite le vendre à perte ou le donner ? Non, je ne le souhaite pas. Si cela est mal, faites ce que vous voulez de moi, selon vos propres standards. Voici les miens : je gagne ma propre vie, comme tout honnête homme doit le faire. Je refuse de me sentir coupable de mon existence et du fait que je dois travailler pour la soutenir. Je refuse de me sentir coupable de pouvoir le faire et de le faire bien. Je refuse de me sentir coupable du fait que je le fais mieux que la plupart des gens - du fait que mon travail a plus de valeur que celui de mes voisins et que plus de gens ont envie de me payer. Je refuse de m'excuser pour mes capacités - je refuse de m'excuser pour mes succès - je refuse de m'excuser pour mon argent.»
 
Est-ce à dire que le libéral n'agit que par intérêt personnel ? Nullement, mais pour lui, la sollicitude vis à vis de ses semblables, la solidarité, sont des vertus individuelles qui s'exercent directement ou au moyen de libres associations. Il ne considère pas comme solidarité le fait de faire redistribuer par l'État l'argent pris à d'autres.
Pour satisfaire des objectifs qui dépassent ses seules capacités, l'individu s'associe librement à d'autres individus pour constituer des associations ou des sociétés. Ces groupements peuvent à leur tour s'associer pour accomplir des objectifs encore plus ambitieux. Mais les groupes d'ordre supérieur ne doivent pas retirer aux groupes d'ordre inférieur (dont le plus petit est l'individu), ce que ces derniers peuvent accomplir eux-mêmes : c'est le fameux principe de subsidiarité.
Pour le libéral, l'État lui-même devrait être une association d'ordre supérieur à laquelle les associations d'ordre inférieur délégueraient certains pouvoirs et certains moyens, selon le principe de subsidiarité. Mais nous vivons depuis toujours dans un schéma strictement inverse où l'État dispose de tous les pouvoirs et ne consent à déléguer quelques petits espaces de liberté aux citoyens que lorsque ceux-ci le lui arrachent.
L'État est le plus grand danger potentiel pour l'individu, car il détient le monopole de l'usage de la force contre des victimes isolées et désarmées, et ce pouvoir attire comme des mouches les hommes ambitieux. Année après année, les rapports d'Amnesty International sont remplis des horreurs perpétrées par les États : les guerres, les massacres, les déplacements de population, les camps de concentration, les destructions, les enlèvements, les détentions arbitraires, les tortures, les famines, les persécutions, les confiscations.
À défaut de pouvoir reconstruire les institutions selon le principe de subsidiarité, les libéraux s'efforcent de limiter le pouvoir des États. C'est eux qui ont inventé le principe de séparation des pouvoirs, si difficile à mettre en œuvre, même dans notre vieille démocratie. C'est eux qui ont inventé la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 pour protéger les individus contre l'État.
Mais le libéral est conscient que si l'homme peut acquérir des biens par l'effort et la raison, il peut aussi les acquérir aux dépens des autres. Il accepte donc comme un moindre mal une autorité dont la seule vocation serait précisément de faire respecter les droits individuels. En pratique cela veut dire un État limité aux seules fonctions dites "régaliennes" : la Justice, la Police, et la Défense Nationale, ce qui implique une Diplomatie. Toutes les autres fonctions sont mieux accomplies par la libre association d'individus selon le principe de subsidiarité.
Il est bon de rappeler que cette vision d'un État minimum était celle des fondateurs de la démocratie américaine :
« Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté, et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis par les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructrice de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. »
 
En résumé, le libéralisme est un système dans lequel s'épanouit celui qui utilise sa raison, qui fournit des efforts, qui échange ou s'associe librement avec les autres, notamment pour désigner un gouvernement à qui ils délèguent le pouvoir de faire respecter les droits individuels. Dans ce système, le transfert de biens d'un individu à un autre ne se fait pas par décret, redistribution, expropriation, vol, pillage ou faveur du prince, mais par l'échange volontaire.
Dans tous les autres systèmes, un pouvoir central domine peu ou prou l'individu, et exerce sur lui diverses spoliations.
Le libéralisme, contrairement à tous les autres régimes, n'admet pas la seule inégalité qui soit vraiment injuste : l'inégalité devant la loi : ce sont des libéraux qui ont éliminé l'esclavage, les castes, les titres nobiliaires, les privilèges. En revanche il ne considère pas comme immorales les inégalités de résultat. Mais n'est-il pas profondément injuste de récompenser de la même façon le paresseux et celui qui se donne du mal ? Celui qui fait n'importe quoi et celui qui réfléchit ? C'est parce qu'il existe cette récompense à la raison et à l'effort que les sociétés qui appliquent la morale libérale ont toujours été, dans tous les temps et sous tous les cieux, les sociétés les plus prospères, comme elles ont été les plus tolérantes, les plus ouvertes et les plus humaines.
Saint-Loubouer, 2000
 
Lire sur l'excellent blog libertarien "Contrepoints"
La morale du Libéralisme
 
 

Les 21 leçons sur le Libéralisme de Thierry Falissard


Des mouvances libérales

Rendons à la social-bourgeoisie ce qui n'appartient pas au libéralisme

BourgeoisAujourd'hui, malgré les efforts des intellectuels, auteurs et blogueurs libéraux, le libéralisme souffre d'une très mauvaise image dans une bonne partie de l'opinion. Mais ce que l'on nomme souvent "libéralisme" est-il réellement libéral ? Ne faudrait-il pas plutôt populariser le terme de "social-bourgeoisie" pour caractériser le système politico-économique que la sociologie des démocraties occidentales a fini par engendrer un peu partout  ?
cliquez l'image pour lire la suite sur le blog de Vincent Bénard " Objectif Liberté"

Pourquoi n'y-a-t-il pas de libéralisme de gauche en France ?
envoyé par fondapol. - L'info internationale vidéo.


 

Oui, le libéralisme est social

par Jacques de Guenin
Conférence délivrée le 10 septembre 2005 aux Assises Libérales de Bretagne. De l'extrême gauche à une grande partie de la droite, les Français se disent "sociaux", et anti-libéraux. Ils veulent dire par là qu'ils s'intéressent au sort des plus défavorisés, alors que nous, les libéraux, qui défendons l'individu et l'économie de marché - rebaptisée loi de la jungle pour la circonstance - sommes des égoïstes, avides de profit. Or il se trouve que c'est exactement le contraire : c'est nous les généreux, et eux les prédateurs! Mais il nous acculent toujours à la défensive en se plaçant sur le terrain de la morale. Il est grand temps de repasser à l'offensive, et d'occuper à notre tour ce terrain.

C'est l'objet de cet exposé. Je vous préviens tout de suite que c'est un exposé de combat, et qu'il a pour ambition de vous donner des armes. Ceux qui n'ont pas envie de se battre peuvent quitter la salle sans me vexer... Je n'en vois pas, je reprends le fil.

Voici tout d'abord une arme tactique pour déstabiliser l'adversaire : faites l'innocent et demandez lui ce qu'il entend par libéralisme. Il y a toutes les chances pour qu'il bafouille des inexactitudes. Dites lui alors que vous n'êtes pas surpris qu'il n'aime pas le libéralisme, car il ne sait pas ce que c'est. Contrairement à ce qu'il croit, où feint de croire lorsqu'il sait mais que la vérité le gêne, les sociétés qui appliquent la morale libérale ont toujours été, dans tous les temps et sous tous les cieux, les sociétés les plus prospères, les plus tolérantes, les plus ouvertes et les plus humaines.

Vous pourrez ensuite terrasser votre adversaire tout à loisir avec les armes que je vais maintenant vous donner.
Beaucoup de personnes voient dans le libéralisme seulement une doctrine économique, d'autres y voient aussi une doctrine politique. En réalité le libéralisme est avant tout une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.

Le libéralisme repose sur deux principes moraux : La liberté et la responsabilité individuelles.
- Etre responsable, cela veut dire assumer soi-même les conséquences de ses propres actes. C'est un principe d'apprentissage par tâtonnement et d'auto perfectionnement.
- La liberté individuelle, pour le libéral, ce n'est pas ma petite liberté égoïste, c'est la liberté de chacun. Ce n'est pas faire tout ce qui me plait sans me soucier des autres, car alors je risquerais de limiter la liberté d'autres personnes : si je me livre à la drogue au point de ne plus pouvoir assumer ma propre existence, je deviens une charge pour les autres.
Cette idée est exprimée de façon remarquable par l'article 4 de la fameuse Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui dit :

la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui; ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.

Je vous demande de bien noter au passage que cette fameuse Déclaration est l'œuvre de libéraux. Comme vous le savez, les jacobins, c'est à dire les socialo-communistes de l'époque, se sont assis dessus et ont institué la Terreur.
Les concepts de liberté et de responsabilité ne sont pas indépendants l'un de l'autre. Aucun des deux ne peut exister sans l'autre. En effet
- on ne peut être responsable de ses actes que si on est libre de les commettre ou non. Réciproquement,
- si l'on veut respecter la liberté des autres, il faut assumer soi-même les conséquences de ses propres actes.
Pour assurer sa vie, l'homme doit produire, au pris d'un effort et en utilisant sa raison, des biens qu'il pourra consommer, stocker, ou échanger, ainsi que des services qu'il pourra échanger contre d'autres biens ou d'autres services. Celui qui n'a pas droit au produit de ses efforts n'a pas la certitude de pouvoir entretenir sa vie de la façon qu'il désire. L'homme qui produit alors que d'autres disposent de ce qu'il produit est un esclave. Celui qui produit alors que l'Etat lui en prend la moitié, est un demi esclave. La propriété acquise par l'effort et la raison est donc une condition impérative de l'exercice de la liberté.

Celui qui produit et échange gagne ce qu'il consomme. Il ne prend rien aux autres. Il ne s'attend pas à être payé sur ses plaintes ou sur l'expression passive de ses besoins, mais sur ses réalisations, sur ce qu'il a accompli.
Réciproquement, la propriété acquise par la force, le vol ou la tromperie, est en contradiction totale avec la morale libérale. Si l'on veut que chacun jouisse de la liberté, on ne doit rien obtenir des autres par la coercition, mais seulement avec leur consentement.

L'individu peut obtenir les biens ou les services qu'il ne peut ou ne veut produire lui-même, grâce à l'échange. L'échange se fait avec un autre individu ou avec une société : par exemple l'échange d'un travail contre un salaire. Lorsque l'échange est libre, les deux parties y trouvent leur satisfaction, sans cela ils ne le feraient pas, et aucun tiers n'est lésé.

Les échanges favorisent les rapports pacifiques entre les hommes et contribuent à la moralisation de ces rapports. Car pour que les échanges soient efficaces, ils doivent exclure le mensonge. Et l'on constate bien que la confiance règne dans les sociétés libérales. Ceux qui la trahissent sont l'objet d'opprobre. Si vous voulez vous en convaincre, je vous recommande la lecture du livre fondamental d'Alain Peyrefitte : La Société de Confiance.

L'homme obtiendra des résultats d'autant meilleurs qu'il fera plus d'efforts et utilisera mieux sa raison. C'est la seule source d'inégalité cohérente avec la morale libérale. La morale libérale ne tolère pas l'inégalité devant la loi, quelles qu'en soient ses formes - l'esclavage, les castes, les privilèges - parce que ces inégalités sont obtenues par la coercition exercée par le pouvoir. Il faut que vous vous pénétriez bien de cette vérité historique : en France l'esclavage a été aboli une première fois en 1794 sous la pression inlassable de Condorcet, l'Abbé Grégoire, et La Fayette, qui étaient tous des libéraux. Rétabli par Napoléon, il a de nouveau été aboli en 1848 grâce aux efforts non moins inlassables d'autres libéraux, en l'occurrence Tocqueville, Montalembert, et Victor Schoelcher.

Les interactions volontaires avec les autres permettent à l'individu d'améliorer considérablement son efficacité dans sa recherche du bonheur par l'effort et la raison. D'abord, la comparaison de ses résultats avec ceux des autres permet de progresser - à condition que le jugement ne soit pas altéré par l'envie, péché capital pour un chrétien, mais moteur de l'action socialiste.

Réciproquement, la recherche individuelle du bonheur par l'effort et la raison engendre des conséquences extrêmement positives pour les autres. S'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies. Ce faisant, il enrichira aussi les autres. La plupart des gens consomment à peu de choses près l'équivalent de la valeur qu'ils produisent. Mais l'homme qui produit une idée, une invention, ne reçoit qu'une infime partie de la valeur qu'il a ajoutée au patrimoine de l'humanité, et dont un nombre illimité de personnes bénéficiera.

Si aucune autorité n'intervient pour lui dicter ses choix, l'homme peut choisir le travail qu'il préfère, se spécialiser dans ce travail, et aller aussi loin dans la voie du succès que sa volonté et son talent le permettent. Mais à une condition : il faut que ce travail ait un intérêt pour d'autres. C'est ce que ne comprennent pas tous ceux qui considèrent que la Société doit leur fournir le genre de travail auquel ils aspirent, même s'il y a déjà beaucoup trop de gens qui font ce travail.

Quant à l'entreprise, elle meurt si elle n'est plus durablement en mesure d'assurer à ses clients le service qu'ils désirent. La plus grosse entreprise perd sa puissance et son influence dès qu'elle perd ses clients. Le profit va donc seulement à celui qui a compris ce que veulent les autres. Il n'en est pas de même pour les activités de l'Etat, qui ne connaissent aucune sanction.

Les théories de gauche et de la pseudo droite sur l'entreprise, généralement conçues et propagées par des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise, partent de l'idée qu'il existe une opposition irréductible entre les intérêts des travailleurs et ceux des patrons. Il n'y a rien de plus contraire à la réalité, au moins dans un marché libre. Car dans un marché libre, il n'y a pas de chômage permanent, et les patrons sont en concurrence les uns avec les autres pour attirer les meilleurs salariés. Et même en situation de sous emploi, les patrons conscients, qui pensent d'abord à la pérennité de leur entreprise avant même de penser au profit, savent qu'une entreprise ne peut être efficace que si les travailleurs s'y sentent bien. La préoccupation majeure de tout bon manager, est de faire en sorte que ce soit le cas. C'est très difficile, car chacun de nous croit volontiers que ses mérites ne sont jamais suffisamment reconnus, et les syndicats nous encouragent à le penser. Dans l'entreprise privée, on y parvient pourtant, puisqu'il n'y a que 5% de syndiqués, et il n'est pas rare de voir les syndicalistes eux-mêmes demander discrètement une place dans l'entreprise pour leurs enfants. Bien entendu, il y a des mauvais chefs d'entreprise, mais en moins grand nombre que ne le laisseraient croire le cinéma et la presse - qui sont à 80% au mains des gauchos - et s'il y en a peu, c'est pour une raison bien simple : les mauvais chefs d'entreprise ne survivent pas longtemps.

J'ai découvert un jour dans les archives du groupe Peugeot un petit livre datant de 1894 intitulé "Institutions patronales de la maison Les Fils de Peugeot Frères". Ce livre avait donc plus d'un siècle. Il contenait de manière très claire et très lisible les comptes des différentes institutions suivantes :

- une caisse de retraite
- deux sociétés de secours mutuels (une par usine)
- deux sociétés d'appui mutuel en cas de décès
- une caisse d'assurance contre les accidents
- des logements ouvriers
- trois écoles
- deux cercles ouvriers
- un hôpital

J'ai vainement cherché dans notre Sécurité Sociale totalitaire s'il existait des avantages que n'avaient pas déjà les salariés de la maison Peugeot. Je n'en ai trouvé aucun. En revanche j'ai trouvé trois avantages qu'avaient sur nous ces salariés il y a plus d'un siècle :
- leur participation n'était que de 5,5% du salaire, le reste étant couvert par l'entreprise
- bien que la part patronale fut très supérieure, la gestion était paritaire
- tous les salariés recevaient ce petit livre, clair, lisible et précis.
Et ce petit livre se terminait ainsi :
"Les ouvriers de la Maison "Les Fils de Peugeot frères" ne se sont jamais mis en grève et une entente parfaite a toujours existé entre les patrons et les ouvriers"
"Un grand nombre de familles sont occupées dans les usines depuis 3 générations"
J'ai découvert depuis que les Peugeot n'étaient pas les seuls. D'autres grandes familles industrielles, notamment les Michelin, avaient des institutions comparables.
Ce pan d'histoire a été masqué par la propagande gauchiste, ou tourné en dérision sous le vocable de "paternalisme".

Je ne peux pas m'étendre aussi longuement sur chacune des conquêtes sociales du libéralisme que je viens de le faire pour celle-ci, car je dépasserais très largement le temps pourtant raisonnable qui m'est imparti. Je me contenterai de les résumer brièvement.

Dès 1803, Jean-Baptiste Say déplorait le travail répétitif. Il pensait qu'il fallait donner plus d'initiative aux ouvriers, et se faisait pour cela l'apôtre de l'instruction primaire obligatoire, loi défendue par les libéraux et combattue par les marxistes avec Jules Guesde, qui y voyait une façon pour les capitalistes de se procurer une main d'œuvre plus rentable!

La loi du 28 mars 1841 interdisant le travail des enfants de moins de 8 ans et limitant celui des enfants de 8 à 12 ans fut introduite à la Chambre par des libéraux. Le rapporteur était Charles Dupin.
Le 17 novembre 1849, à l'Assemblée, Frédéric Bastiat, dans un discours très documenté, et très émouvant, soutint un amendement destiné à autoriser les syndicats ouvriers et la grève, la grève sans violence bien entendu. Il ne fut pas entendu.

Il faudra attendre la loi de 1864, pour que soit reconnu le droit de grève. Cette loi a été promulguée par Napoléon III sous l'influence du libéral Emile Ollivier, premier ministre et ministre de la justice. Il faudra attendre vingt ans de plus pour que devienne légale l'existence des syndicats. Une loi avait été déposée en ce sens dès 1876 par le député libéral Edouard Lockroy. Mais elle fut combattue pendant 8 ans par les socialistes. Poussée par le ministre de l'intérieur libéral Waldeck Rousseau, elle devint la loi du 21 mars 1884. Mais quand en 1900 et 1901 Waldeck Rousseau, devenu président du conseil, tenta de l'étendre en accordant la personnalité civile aux unions de syndicats, il se heurta à l'opposition des socialistes.

Le 2 juillet 1906, le député libéral Gaston Doumergue déposa un projet de loi autorisant la création de conventions collectives. Le congrès de la CGT prit parti contre cette proposition.
A partir de 1908, c'est encore sous l'impulsion des libéraux que furent créées les premières caisses d'épargne. Comme elles étaient privées, elles ne rencontrèrent que sarcasmes de la part des socialistes.

Les socialistes, eux aussi, prétendent être motivés par une morale. Mais il y a une immense différence entre leur morale et la nôtre, sur laquelle je voudrais attirer votre attention. La morale libérale, comme la morale chrétienne, avec laquelle elle se confond d'ailleurs partiellement, s'adresse à l'individu. Elle s'adresse à l'individu pour lui faire assumer la responsabilité de ses actes, et ce faisant assurer la liberté de son prochain. La morale socialiste, elle, proclame certes qu'elle veut le bien de l'individu, mais elle ne cherche à établir ce bien que par l'intermédiaire de l'Etat et de ses lois, c'est à dire par la coercition. Le socialisme et ses avatars définissent ce bien a priori, ils l'inculquent aux enfants par l'éducation, et ils l'imposent par la gestion étatique de toutes les activités humaines.

Ce culte de L'Etat par des gens qui comprennent beaucoup d'intellectuels, c'est à dire des gens qui sont censés observer et réfléchir, a toujours été pour moi une source d'étonnement. Je veux bien qu'il faille une bonne connaissance des mécanismes économiques - qui n'est guère enseignée par l'Education Nationale - pour comprendre tout le mal que fait l'Etat à l'économie. Mais sur le plan social, qui est celui de cet exposé, il n'y a pas besoin d'être très savant pour constater que toutes les horreurs que l'on trouve dans l'actualité et les livres d'histoire sont le fait des Etats : les guerres, les massacres, les déplacements de population, les camps de concentration, les destructions, les enlèvements, les procès truqués, les détentions arbitraires, les tortures, les famines, les persécutions, les confiscations. C'est à chaque siècle et en de multiples endroits que ce culte de l'Etat aboutit aux mêmes dérives abjectes, comme la Terreur en France, le National Socialisme -c'est à dire le nazisme - en Allemagne, ou les exterminations méthodiques opérées au sein de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

Les libéraux, eux, en sont conscients, et c'est pour cela qu'ils ont toujours cherché à limiter le pouvoir des Etats. Ce sont eux qui ont inventé le principe de séparation des pouvoirs, si difficile à mettre en œuvre, même dans notre vieille démocratie. Ce sont eux qui ont inventé la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 pour protéger les individus contre l'Etat.

Mais le libéral est conscient que si l'homme peut acquérir des biens par l'effort et la raison, il peut aussi les acquérir aux dépens des autres par la ruse ou par la force. Le libéral accepte donc comme un moindre mal une autorité dont la seule vocation serait précisément de faire respecter les droits individuels. En pratique cela veut dire un Etat limité aux seules fonctions dites "régaliennes" : la Justice, la Police, et la Défense Nationale, ce qui implique une Diplomatie. Toutes les autres fonctions sont mieux accomplies par la libre association d'individus.

Les deux concepts de la morale socialiste dont on entend le plus parler sont l'égalité et la solidarité. Je voudrais vous montrer à quel point ces idéaux, a priori édifiants, sont dévoyés par les mécanismes même du socialisme.

L'égalité. Le libéral combat les inégalités vraiment injustes, c'est à dire celles qui profitent aux hommes politiques et aux fonctionnaires, et les inégalités qui résultent du vol ou de la coercition, qui sont souvent le fait de l'Etat, ou le fait que l'Etat ne fait pas son travail. Le socialiste, lui, recherche l'égalité de résultat, et c'est ainsi que dans ce pays tout est fait pour encourager celui qui ne veut rien faire, et tout est fait pour mettre des bâtons dans les roues à celui qui entreprend. C'est ainsi que l'Education Nationale, n'ayant pas réussi à uniformiser les résultats des élèves par le haut, s'est résigné à les uniformiser par le bas.
Je vous le demande, n'est-il pas profondément injuste de récompenser de la même façon le paresseux et celui qui se donne du mal? Celui qui fait n'importe quoi et celui qui réfléchit?

La solidarité. Pour le libéral, la solidarité, la sollicitude vis à vis de ses semblables, sont des vertus individuelles qui s'exercent directement ou au moyen de libres associations. La solidarité qui s'exerce par exemple dans les petites communautés, villages, quartiers, lieux de travail, où les gens se connaissent et s'impliquent. L'étude historique des sources de l'aide aux déshérités, montre qu'elle était plus importante, en pourcentage du niveau de vie moyen, lorsqu'elle était privée que depuis qu'elle est publique. On se doute qu'elle était aussi plus souplement adaptée aux besoins réels des individus et qu'elle laissait moins de place aux gaspillages et à la corruption. Je voudrais vous lire à ce sujet quelques lignes de Frédéric Bastiat sur les sociétés de secours mutuels.

"Les sociétés de secours mutuels, [sont une] institution admirable, née des entrailles de l'humanité, longtemps avant le nom même de Socialisme. Il serait difficile de dire quel est l'inventeur de cette combinaison...Toujours est-il que j'ai vu surgir spontanément des sociétés de secours mutuel, il y a plus de vingt cinq ans parmi les ouvriers et les artisans les plus dénués, dans les villages les plus pauvres du département des Landes (écrit en 1848).

Dans toutes les localités où elles existent, elles ont fait un bien immense. Les associés ... sentent tous leur dépendance réciproque, l'utilité dont ils sont les uns pour les autres; ils comprennent à quel point le bien et le mal de chaque individu ou de chaque profession deviennent le bien et le mal communs...
Ce qui a fait jusqu'ici le succès de ces sociétés, - succès lent, à la vérité, comme tout ce qui concerne les masses, - c'est la liberté, et cela s'explique...

Leur écueil naturel est dans le déplacement de la Responsabilité. Ce n'est jamais sans créer pour l'avenir de grands dangers et de grandes difficultés, qu'on soustrait l'individu aux conséquences de ses propres actes. Le jour où tous les citoyens diraient : "nous nous cotisons pour venir en aide à ceux qui ne peuvent travailler ou ne trouvent pas d'ouvrage," il serait à craindre qu'on ne vit se développer, à un point dangereux, le penchant naturel de l'homme vers l'inertie, et que bientôt les laborieux ne fussent réduits à être les dupes des paresseux. Les secours mutuels impliquent donc une mutuelle surveillance, sans laquelle le fonds des secours serait bientôt épuisé. Cette surveillance réciproque, qui est pour l'association une garantie d'existence, pour chaque associé une certitude qu'il ne joue pas le rôle de dupe, fait en outre la vraie moralité de l'institution. Grâce à elle, on voit disparaître peu à peu l'ivrognerie et la débauche, car quel droit aurait au secours de la caisse commune un homme à qui l'on pourrait prouver qu'il s'est volontairement attiré la maladie et le chômage, par sa faute, et par suite d'habitudes vicieuses? C'est cette surveillance, qui rétablit la Responsabilité, dont l'association, par elle même, tendait à affaiblir le ressort.

Or, pour que cette surveillance ait lieu et porte ses fruits, il faut que les sociétés de secours soient libres, circonscrites, maîtresses de leurs statuts comme de leur fonds. Il faut qu'elles puissent faire plier leurs règlements aux exigences de chaque localité."

Voila comment les libéraux conçoivent la solidarité, mais les socialistes baptisent cela "charité", et tournent le concept en dérision comme ils ont tourné le paternalisme en dérision. Pour eux, la solidarité consiste à faire redistribuer par l'Etat de l'argent pris à d'autres. Cela n'a évidemment aucune valeur morale mais donne bonne conscience. Pourquoi venir en aide directement à son prochain, lorsqu'on a déjà payé l'Etat pour le faire?

En pratique, l'Etat tue la compassion. Mais cette fausse solidarité permet de faire mousser les hommes au pouvoir. En réalité, elle est devenue au fil des ans une toile d'araignée si complexe que personne ne la maîtrise plus, et elle laisse par conséquent le champ libre à toutes sortes d'iniquités, de gaspillage, et de corruption. Cela est encore plus vrai lorsque cette pseudo solidarité est exercée par des Etats par l'intermédiaire d'autres Etats. Que l'on ait besoin de rappeler de telles évidences en dit long sur le degré de pénétration de la pensée gauchiste.

En conclusion, le libéralisme s'intéresse à l'individu plus qu'à la société. Il considère que la société n'est qu'un ensemble d'individus libres et responsables, et que tout ce que chacun de nous fait pour les autres, il le fait librement, soit par raison, soit par inclination.

Les socialistes et leurs différents avatars, au contraire, mettent la société au dessus de l'individu. Pour eux, l'individu est une espèce d'animal sacrificiel qui ne compte pas devant la société. Ils la voient comme ayant une vie indépendante des éléments qui la constituent, ces éléments étant eux-mêmes des entités abstraites sans grande importance.

Quant aux hommes de pouvoir, tous les hommes de pouvoir, ceux de droite comme ceux de gauche, ils se donnent pour fonction de diriger la société, et toute action individuelle est pour eux potentiellement déviante et donc dangereuse.

Mais comme on ne peut convaincre, comme on ne peut diriger, sans un substratum moral minimum, les intellectuels de gauche et les hommes de pouvoir, qui ont les uns et les autres une mentalité de prédateurs, se sont accaparés la morale comme ils accaparent tout le reste. Leur méthode est simple : il leur suffit de faire passer pour égoïste tout individu qui ose penser tout seul, pour exploiteur tout individu qui ose entreprendre, et pour ennemi du peuple tout individu qui met ses intérêts avant ceux de l'Etat. Ils prétendent qu'eux seuls possèdent les vertus d'altruisme et de solidarité.

Tant que vous n'aurez pas assimilé cela, vous serez à la merci des intellectuels de gauche, et vous serez à la merci des hommes de pouvoir de toutes tendances. Si nous, les libéraux, nous voulons sortir du ghetto où nous sommes, il nous faut nous battre sur le terrain de la morale, il nous faut récupérer la morale qu'on nous a volée. Les libéraux adorent les raisonnements économiques et dédaignent le combat politique. Mais les raisonnements ennuient la plupart des gens. En revanche beaucoup de gens sont prêts à se battre, voire à mourir, pour des principes moraux. Ces principes sont universels. Ce sont les quatre principes du décalogue relatifs à la vie en société : tu ne tueras point, tu ne voleras point, tu ne mentiras point, tu n'envieras point ce qui appartient à ton prochain, ainsi que le principe ajouté par le nouveau testament : "aimez et respectez votre prochain individu par individu" - je le formule à ma manière, mais j'en respecte le sens . Or le communisme tue, les gouvernements volent et mentent, les socialistes font reposer toute leur action sur l'envie, et tous ces gens confondent l'amour du prochain avec les faveurs accordées à tel ou tel groupe d'électeurs.

J'espère vous avoir démontré que les vrais libéraux, eux, respectent les principes moraux de notre civilisation chrétienne.


  
 
L'Adhésion au Libéralisme
de Howard Roark
 
1) DES BLOCAGES PSYCHOLOGIQUES
 
Plutôt que de dérouler un tapis d'arguments rationnels sous les pas des plus réticents au libéralisme, je souhaite analyser, dans un premier temps, les motivations psychologiques de nos adversaires et les aider à franchir le pas vers la Liberté.
Pour quelles raisons ? Parce que j'ai l'intime conviction que la réflexion théorique, aussi brillante soit-elle, continuera de se heurter sur un mur : la peur.
Cette peur est entretenue par la pensée unique collectiviste et altermondialiste en faisant pousser sur chaque parcelle de notre subconscient les mauvaises herbes des droits sociaux acquis. Privés de ces droits, les individus deviendraient des feuilles mortes à la merci des vents violents du « grand capital ».
Ainsi, nous devrions, à genoux et tremblant de peur, nous laisser transcender par un idéal collectif et solidaire dont l'Etat serait le seul garant. Quel est le pouvoir de la raison face à cette peur irrationnelle inscrite dans notre esprit et faisant partie de notre « habitus » pour reprendre le terme, une fois n'est pas coutume, de Pierre Bourdieu ?
Les citoyens sont éduqués pour obéir dans la négation d'eux-mêmes et de leurs intérêts propres.
Cette manipulation des masses cherche à maintenir un contrat social sécurisant par lequel les individus sacrifient leur droit de propriété et leur liberté dans la mise en commun de quelques intérêts censée les protéger contre les aléas de la vie et les « caprices » de l'économie mondialisée.
Ainsi, le projet d'une société de liberté représente t'elle un saut psychologique vers l'inconnu illustré par ce vieil adage : « on sait ce que l'on perd, mais on ne sait pas ce que l'on gagne ».
 
Il convient alors de pénétrer dans cette peur et de la désamorcer. Mon argumentation sera essentiellement d'ordre psychologique et s'appuiera sur les outils de l'analyse transactionnelle. Ces outils décryptent les comportements observables des hommes et ont pour objectif de renvoyer la responsabilité d'analyse et de résolution des problèmes à ceux à qui elle appartient en premier lieu.
L'analyse transactionnelle, mise au point dans les années 50 par le docteur Eric Berne est une théorie complète de la personnalité d'essence, selon moi, libérale.
 
Un individu est divisé en « trois états du Moi » : le Parent, l'Adulte et l'Enfant. Le Parent représente la norme et l'autorité, l'Adulte est le domaine du « pensé » et du « raisonné », l'Enfant est celui du « senti », des besoins immédiats, de l'émotion spontanée, des sensations vives.
Si l'on applique ce schéma au rapport entre les individus et l'Etat, nous en tirons cette conclusion : l'Etat est un Parent Normatif (tu dois obéir aux lois) mais aussi un Parent Nourricier (je suis là pour te protéger). L'individu est alors dans un état Enfant (donne moi un revenu, je veux du travail...).
L'objectif des libéraux est alors d'amener les individus vers un état Adulte qui pose trois questions essentielles : En quoi la résolution d'un problème relève t'elle de MA responsabilité ? Ai-je les moyens de le résoudre et comment les acquérir ? Ai-je envie de résoudre mon problème ?
Mais nous devons faire face à des contaminations psychologiques de deux ordres : le Préjugé et l'Illusion.
Le Préjugé existe lorsque l'état Adulte est contaminé par l'état Parent et tient pour vérifiée une information erronée : « le libéralisme favorise les riches ». L'Illusion surgit quand l'individu tient pour information Adulte une information en provenance de l'état Enfant : « les patrons nous détestent et veulent notre peau ».
 
Les libéraux, pour convaincre, doivent alors identifier ces états du moi, percevoir les contaminations, décontaminer, aider les individus à mettre l'état Adulte au contrôle. Dans nos discussions et nos débats, cette grille d'analyse peut s'avérer nécessaire.
 
Les rapports Etat-Individus s'inscrivent dans une relation symbiotique, c'est à dire dans une relation de dépendance psychologique. L'individu est alors dévalorisé et a peur de prendre des initiatives. A nous de mettre en lumière les contre-symbioses possibles : « si l'Etat a besoin de ton argent, c'est que tu lui es autant indispensable qu'il l'est pour toi. De ce fait, as tu réellement besoin de lui ? ». L'individu valorisé et confiant s'engagerait alors sur le chemin de l'autonomie dans un esprit de coopération volontaire avec autrui.
Le libéral doit conduire l'individu dans une position de vie schématisée ainsi par Franck ERNST : « Je + / Tu + ». Cela veut dire que l'individu prend confiance en ses capacités et tend à l'actualisation, à la réalisation de son potentiel.
Aujourd'hui les individus sont hélas maintenus dans une position « Je - / Tu - » : la solution de la résignation face à l'ordre étatique établi, la fuite face à leurs obligations.
C'est pourquoi les individus sont contraints de mettre en œuvre des mécanismes d'auto-manipulation pour ne pas ouvrir les yeux.
 
L'un de ces mécanismes est appelé, en analyse transactionnelle, le Racket. Le Racket est la substitution d'un sentiment profond et authentique par l'expression d'un autre sentiment plus acceptable « socialement parlant ». Par exemple, on dira que dans la boulimie, la faim déguise la colère ou la tristesse. Ainsi, un individu dévalorisé qui se sous-estime dira « il faut lutter contre ce libéralisme qui nous détruit ». Il en tirera un bénéfice négatif en se débarrassant de la responsabilité de ses propres choix pour s'accrocher à des repères idéologiques sécurisants.
Cet individu fera, de surcroît, rentrer son contradicteur libéral dans un triangle « Persécuteur-Sauveur-Victime » : chacun des interlocuteurs, au cours du débat, prendra à tour de rôle les trois postures pour aboutir à l'incompréhension mutuelle stérile.
Le libéral devra sortir de ce triangle dramatique en resituant les enjeux de manière raisonnée avec le souci de proposer des solutions du type « gagnant-gagnant » : « ok le patron n'augmente pas ton salaire, c'est vrai, moi je propose que l'Etat te rende tes impôts : ton train de vie serait meilleur et tu pourrais même choisir une bonne école privée pour tes enfants ou t'offrir des vacances ».
 
Si comme je le crois le libéralisme est un projet humaniste, humaniste également doit être notre façon de débattre et de convaincre. Pour faire avancer nos idées, il ne suffit pas de raisonner, encore faut-il vaincre la peur irrationnelle. On ne rendra pas rationnel un superstitieux sécurisé par ses porte-bonheurs autour du cou. Cela nous demandera de la patience et de la tolérance, cela nécessitera de pénétrer dans les cœurs.
L'apprentissage de l'autonomie qui mettra au service de la personne intégrale les trois états du Moi doit être un axe de réforme des programmes de l'Education Nationale : des études de cas en groupe d'élèves dans lesquels la reconnaissance de leurs potentiels et de leurs responsabilités sera mise en lumière par l'analyse transactionnelle. Car l'adhésion à une société de liberté exige le respect de soi-même, la confiance en soi et donc la capacité à penser par soi-même avec du recul.
 
 
2) UN IDEAL RASSURANT
 
- fondé sur une vision en l'individu
 
L'Homme est une création unique et formidable, c'est un animal éducable, qui apprend à marcher, à parler, à écrire, à lire, à compter. C'est un être doué d'intelligence, capable de penser, de raisonner, de faire des choix et de s'adapter à son environnement. C'est par conséquent un être vivant autonome qui peut vivre et survivre par le fruit de son travail. L'ancêtre de l'homme a appris à chasser pour se nourrir, pour se vêtir, a appris à faire du feu et à construire des habitations.
 
Aujourd'hui, tout ce que nous voyons autour de nous, les routes, les chemins de fer, les bateaux, les avions, les buildings, les maisons, les ordinateurs, les fusées spatiales, les champs cultivés, les médicaments, toutes ces choses et bien d'autres sont des créations de l'Homme.
 
L'Homme armé de ces capacités personnelles, capacité à être libre, rationnel, capacité à faire des choix, à user de son libre-arbitre, capacité à savoir ce qui est bon pour lui, devient ainsi un Individu.
 
L'Individu est alors celui qui donne un sens intime à sa vie : la recherche de son propre bonheur, la construction lente et patiente de sa vie pour atteindre des objectifs précis répondant à ses aspirations profondes.
 
Certains individus seront heureux à la campagne, d'autres en ville, certains s'épanouiront dans le travail, d'autres dans le sport ou la vie associative, certains voudront fonder une famille, d'autres seront heureux entre amis ou seuls, certains désireront la richesse, d'autres trouveront leur bonheur dans un train de vie modeste, certains se sentiront à leur aise dans une grande maison, d'autres dans une habitation plus intime, certains aimeront les jeux vidéos, d'autres la pêche....
 
Bref, nous sommes tous différents, nous avons chacun notre conception du bonheur, de ce qui est bon pour nous.
 
C'est la raison pour laquelle toute tentative de socialisation, de collectivisation d'une société est contre-nature et se retourne toujours contre l'Homme.
Les exemples de l'URSS, de Cuba, de la Roumanie ou de la Pologne communiste, montre que le désir de créer l'Homme Nouveau a engendré le totalitarisme, la dictature sanguinaire. Les hommes ont effectivement été égaux mais dans la misère et la pénurie, l'adhésion au Parti étant le seul moyen d'ascension sociale au détriment du travail et de l'effort personnels, au détriment de la création de richesses, lesquelles étaient monopolisées par la nomenclatura au pouvoir.
 
C'est la raison pour laquelle la meilleure société n'est pas celle qui promet le bonheur à tous mais celle qui permet à chacun, en fonction de ses capacités, son mérite, son travail et ses efforts, d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixé, d'atteindre son propre bonheur.
 
L'Homme doit bénéficier d'un droit sacré de naissance, la Liberté, pour parvenir à ses propres buts et agir selon ses intérêts.
 
Nos idées se fondent sur cette vision de l'Individu, mais aussi, plus fortement encore sur une croyance en l'Individu.
 
- une croyance en l'individu
 
Elle peut se résumer en un mot : l'Humanisme. C'est la conviction qu'un être humain peut sans cesse s'améliorer, se découvrir, épanouir ses talents, créer, évoluer positivement. C'est une vision de progrès qui trouve sa source en l'Homme. Nous avons en nous des ressources, des trésors et la première des richesses, l'intelligence. Dotés de notre volonté, de notre sens de l'effort, de notre courage, nous pouvons à l'image d'un sportif donner le meilleur de nous-mêmes et dépasser nos limites.
 
Cette croyance en l'Individu rejette tout ce qui rabaisse l'Homme : l'assistanat, la compassion institutionnelle, la dépendance, l'embrigadement, la mise sous tutelle de sa vie par l'Etat. Les collectivistes noient l'Individu dans une masse que l'on appelle la société. Ainsi, à la remise en question individuelle et au courage personnel on préfère accuser la société d'être injuste, l'économie d'être cruelle et on met en place un vaste système bureaucratique nourri par les impôts où les uns s'efforcent de vivre ou de survivre en attendant la redistribution de l'argent gagné par d'autres. Oui la solidarité est essentielle à la condition qu'elle réhabilite l'Homme dans sa dignité en lui permettant de retrouver par lui-même son autonomie et sa capacité à agir. Ce que l'on appelle les « pauvres », les « exclus », les « précaires » sont pour nous bien davantage qu'un simple fond de commerce électoral pour les bien-pensants mondains socialistes ou communistes, nous les respectons trop pour les réduire à une clientèle électorale qui attend la bouche ouverte des allocations, des subventions, des revenus minimum et qui espère que l'Etat bienfaiteur leur trouve du travail à leur place.
 
Il n'y a pas de travail ? Alors imaginons la somme totale d'argent gagnée grâce au travail au noir dans ce pays et nous verrons que le travail ne manque pas mais qu'il est bloqué par les trop lourdes fiscalités et réglementations étatiques : entre le propriétaire d'une maison et le maçon qui travaille au noir chez lui, il y a une entente libre, un contrat libre, l'un et l'autre y gagnent et si quelque chose ne convient pas l'un comme l'autre peuvent rompre leur contrat. Ainsi le propriétaire pourra trouver un maçon moins cher, tandis que le maçon sera libre de vendre ses compétences et sa force de travail au mieux offrant. Chaque jour des sommes d'argent considérables échappent au fisc par ce travail au noir et permettent à de nombreuses personnes d'arrondir leurs fins de mois et de vivre en conservant en totalité le fruit de leur travail.
 
J'affirme que l'Etat censé corriger les effets pervers de l'économie de marché est donc le premier responsable de ces effets pervers, il est un pompier incendiaire : il alourdit le coût du travail par des taxes et donc le raréfie, dans le même temps il dépense des fortunes pour des primes à l'embauche qui encouragent les contrats précaires et pour lutter contre cette précarisation qu'il a lui même crée, il ouvre en grand les robinets des revenus d'assistance financés par des impôts qui alourdissent davantage encore le coût du travail et accentuent le chômage qu'il prétend combattre. C'est ce que l'on appelle un cercle vicieux déguisé en action collective vertueuse et solidaire. Quand on est un jeune entrepreneur d'une petite PME, le travail est tellement protégé, réglementé, taxé qu'il faudrait être fou pour embaucher.
 
Imaginons un travail détaxé fondé sur une contractualisation libre et flexible : ce sont les entreprises qui se disputeraient la main d'œuvre ouvrière et non l'inverse.
 
Cette solution remet en cause la sécurité du travail et accentue la précarité ? Imaginons une équipe de football : à chaque joueur on garantit une place de titulaire à vie, mais aussi un salaire élevé quels que soient les résultats de l'équipe, qu'elle gagne ou perde. Où trouvera t'on l'argent pour financer ce train de vie éminemment socialiste ? Quels moyens trouvera t'on pour responsabiliser les joueurs, les motiver et les faire avancer ? Voulons nous une société à l'image de cette équipe de football ?
 
Maintenant imaginons qu'un joueur talentueux de cette équipe en ait ras le bol de l'immobilisme de cette équipe : il renonce alors à son confort et préférera se battre pour gagner sa place dans une autre équipe où il sera payé en fonction du résultat. Il trouvera une motivation, un sens à sa vie, le plaisir de gagner et aussi celui de jouer. Voilà un modèle plus libéral et capitaliste.
 
Abolir la précarité c'est vouloir le risque zéro : la vie est précaire, lorsque l'on rentre dans sa voiture on ne sait jamais ce qui peut nous arriver, on ne peut pas nous garantir une bonne santé et une longue vie, le risque est toujours là, on peut gagner au loto un jour et mourir le lendemain. Nous apprenons tous à apprivoiser le risque et la précarité de l'existence. C'est ce qui nous encourage à se battre et à aller de l'avant. Une société du confort total et du risque zéro est une société morte. Le Paradis terrestre communiste est un Enfer pavé de bonnes intentions.
 
La flexibilité tirera les salaires vers le bas ? Dans l'exemple du contrat libre Propriétaire/Maçon, certains propriétaires choisiront une force de travail au moindre coût, d'autres privilégieront l'expertise, la compétence, la réputation, la sécurité du travail bien fait et les paieront chers. D'ailleurs, au sujet de l'achat d'une paire de chaussures, qui n'a pas raisonné ainsi : « je paye ces chaussures très chers mais elles sont de qualité et dureront longtemps » ? La qualité est un paramètre important dans le raisonnement des consommateurs.
 
Le Marché définit au mieux la valeur d'un travail : le travail d'un ouvrier qui serre des boulons n'a pas une valeur justifiant un salaire de 2000 euros par mois, en revanche si cet ouvrier est expert en plomberie ou en réparation électronique, il pourra se faire au noir 2000 euros en une semaine chez un particulier.
 
Notre croyance en l'individu ne se fonde pas pour autant sur l'économie, elle est d'abord l'idéal d'un total épanouissement personnel qui fleurit sur le terreau de la Liberté.
 
C'est d'abord une émancipation psychologique qui est l'affaire de chacun et qui s'effectue autour de trois principes :
* l'Estime de Soi
* la Confiance en Soi
* l'Affirmation de Soi
Elle suppose la capacité de trouver en nous-même la solution à nos problèmes
de trouver sa propre voie
et de mener librement sa vie.
Cela nécessite, pour nous, que soient données toutes les libertés aux individus : consommation de cannabis, mariage homosexuel, abolition des entraves et des contraintes à l'exercice de notre liberté.
Cela mènerait-il au désordre ? à l'anarchie ? au chaos ?
 
-une société à l'image de cette conception de l'individu
 
Un principe clair doit être énoncé : La Liberté des uns s'arrêtent où commencent celles des autres.
 
Je reconnais aux autres un devoir : celui de ne pas entraver ma liberté. Je reconnais aux autres un droit : celui de pouvoir jouir librement de leur liberté. C'est le principe de « non agression » de Murray Rothbard.
 
Concrètement, je peux être favorable à la consommation libre du cannabis mais c'est ma liberté et mon droit de l'interdire chez moi.
 
On verra clairement se dégager deux principes fondateurs et régulateurs d'une société libre : la Propriété et la Responsabilité.
 
Par exemple , cela ne me dérange pas que mes voisins laissent leurs enfants libres de mettre leurs pieds sur la table, mais dans ma maison, dans ma propriété, cela leur sera interdit.
Je comprends qu'un ami ne supporte pas le tabac chez lui, mais chez moi je suis libre de fumer.
 
Une société libre est fondée sur une privatisation de la vie délimitée par des Droits de Propriété clairement définis et des Responsabilités précises qui s'y rattachent.
 
Je peux jeter un papier à terre dans la rue : personne ne m'en fera le reproche parce que la rue appartient à tout le monde, elle est financée par la collectivité et je ne me sens pas responsable de sa propreté et de son entretien. Par contre, chez moi, il ne me viendrait pas à l'idée de jeter ce papier à terre. Parce que c'est chez moi, le lieu m'appartient, je le paye, je l'entretient à ma guise et j'interdis à quiconque de venir y jeter ses ordures.
 
On le voit dans cet exemple : ce qui est collectif rend irresponsable, ce qui est propriété individuelle rend responsable.
 
Imaginons, comme Bertrand Lemmenicier, qu'une rue soit gérée en co-propriété par ses habitants : ces co-propriétaires peuvent autoriser ou interdire dans leur rue les prostitués, la mendicité, ils peuvent veiller à l'entretien et faire appel à un service privé de police pour y faire respecter leurs règles. Dans une autre rue, les bars seront autorisés à ouvrir toute la nuit et les commerçants et habitants de la rue seront responsables du maintien de l'ordre et co-propriétaires de cette rue.
 
Qui, au cours d'une paisible promenade dans les bois, n'a pas fait la triste découverte d'une rivière polluée par des détritus, des boites de conserve, des bouteilles vides. Est ce cela la Liberté ? Non, car j'ai le droit de me ballader dans les bois sans être importuné par des monticules d'ordures, j'ai le droit de pêcher sans que mon hameçon ait à cotoyer des boîtes de conserve. Ceux qui ont pollué n'ont pas respecté le lieu, la nature et la liberté des autres d'évoluer dans un environnement sain. Pourquoi certains se croient-ils libres de polluer et donc d'agresser les autres ? Parce que le bois semble n'appartenir à personne, quelqu'un viendra bien le nettoyer, d'autres paieront l'entretien. Là aussi, la protection de l'environnement nécessite que des droits de propriété soient clairement définis. Qu'ils achètent leur parcelle de forêt et la polluent s'ils le souhaitent mais que cette pollution ne fasse pas tâche d'huile sur les autres propriétés car ils en seront responsables : un morceau de rivière polluée contamine la rivière entière, y compris chez le voisin. Le voisin peut alors demander réparation devant les tribunaux.
 
Si la liberté individuelle des uns exige le respect de celle des autres, il ne peut pas y avoir de liberté sans droits de propriété clairement définis et sans responsabilité individuelle : ces deux principes régulent et pacifient par eux-mêmes et naturellement une société libre.
 
En revanche, aucun homme ne peut avoir un droit de propriété sur un autre homme : puisque l'homme est naturellement libre, son rapport avec les autres doit se fonder sur la coopération volontaire, l'entraide choisie, le contrat librement consenti. Il ne peut y avoir pour nous des propriétaires et des esclaves, les relations de travail sont libres, chacun peut en accepter les conditions ou les refuser, la contractualisation se fait entre deux hommes égaux en dignité qui se mettent d'accord sur les termes du contrat et ont toute liberté pour y mettre fin unilatéralement . De même, des hommes peuvent librement s'associer pour former une association ou un syndicat, ils peuvent choisir de défendre des intérêts communs, faire grève sans entraver la liberté des non grévistes de travailler, sans abuser d'un monopole pour nuire à la liberté des usagers d'aller et de venir.
 
Si l'on admet le principe évident qu'aucun homme n'a un droit de propriété sur un autre homme, alors il faut en accepter toutes les implications : ce n'est pas parce que mon voisin est dans la misère qu'il a un droit de propriété sur un centime d'euro de l'argent que je gagne. Par contre, étant entièrement propriétaire de l'argent que j'ai gagné par mon travail, et si la solidarité est une valeur essentielle pour moi, alors je peux librement choisir de lui en donner une part, de l'aider financièrement ou en nature. Je peux aussi coopérer librement avec d'autres pour fonder une association de réinsertion ou humanitaire pour agir concrètement en faveur des défavorisés : c'est cela la vraie solidarité humaine, se soucier de l'autre ; ce n'est pas le racket fiscal institutionnalisé qui permet à de vrais cons de se donner bonne conscience en payant une cotisation ou un impot. Et qui permet à des gens qui ne le méritent pas de recevoir une partie de l'argent gagné par d'autres.
 
Une question posée par le droit de propriété est celle de l'Entreprise. A qui appartient l'entreprise ? Au patron, aux ouvriers ? On entend souvent le chœur de gauche chanter : l'entreprise appartient aussi aux ouvriers, c'est grâce à eux que l'entreprise s'enrichit et la patron s'en met plein les fouilles.
 
Il faut raisonner et s'écarter des propos démagogique et faux. Cher lecteur, vous décidez d'acheter une veille maison de 500 000 euros. Vous en êtes le propriétaire et pour la rénover vous devez faire travailler des ouvriers. Lorsque vous recrutez ces ouvriers, vous établissez avec eux un contrat de travail, une rémunération juste qu'ils acceptent librement. Grâce à vous, trois, quatre ou cinq ouvriers auront un travail et un salaire. Grâce à ces ouvriers votre maison refait peau neuve et acquiert une grande beauté. Le travail fini, vous remerciez les ouvriers qui ont rempli leurs contrats et vous leur versez la rémunération prévue. Votre maison a ainsi gagné une plus value et vous pouvez vous permettre de la revendre le double de son prix d'achat, soit 1000 000 d'euros. Vous décidez donc de la revendre et d'empocher 1000 000 d'euros. En quoi êtes vous obligés de rappeler un à un vos ouvriers pour leur verser une part des bénéfices ? Allez vous réellement le faire ? Non cette maison et la valeur marchande qui s'y rattache est à vous, entièrement à vous. De plus, le fait pour les ouvriers d'avoir travaillé dans votre maison rend-il ces ouvriers co-propriétaires de votre maison. Non, cette maison reste à vous : vous l'avez financée, vous avez payé vos ouvriers sur la base d'un contrat précis, l'argent que vous gagnerez avec votre maison est à vous, oui entièrement à vous et libre à vous d'en faire ce que bon vous semble. Il en est de même avec une entreprise : elle est la propriété de ses actionnaires ou de son patron, les ouvriers signent un contrat de travail pour effectuer un travail précis, le patron est responsable devant les tribunaux de son entreprise et il fait ce que bon lui semble de l'argent qu'il gagne. Comme le propriétaire d'une maison.
 
Mais, si il est un bon gestionnaire des ressources humaines, il peut motiver ses employés par un intéressement aux bénéfices, c'est alors une stratégie librement choisie et non imposée qui répond à une exigence d'efficacité et non à un souci de justice sociale. Analysons alors les choses sereinement et franchement au lieu de chanter des imbécillités démagogiques.
 
Quelle est la liberté pour l'enfant qui vit dans une famille pauvre ? N'y a t'il pas des inégalités de naissance qui bloquent la liberté ? D'abord, la liberté n'est pas un cadeau donné de la main de Dieu à la naissance, c'est un droit juridique et naturel. Ensuite la vie libre n'est pas offerte, elle se gagne : l'enfant pauvre devra travailler deux fois plus que les autres pour réussir, avec si il est méritant, un coup de pouce par le biais d'une bourse donnée par une fondation privée ou, à la limite, par l'Etat. Et sa réussite, il ne la devra qu'à lui même et il sera fier de transmettre les valeurs de travail, de courage, de persévérance et d'effort à ses enfants. En revanche, si un enfant est né avec un grave handicap, c'est un devoir de créer un fond collectif pour l'aider.
 
Une société libre est-elle réellement individualiste ?
 
-égoïsme, altruisme, individualisme, solidarité
 
Comme la philosophe Ayn Rand, j'affirme qu'il faut être égoïste pour être solidaire, individualiste pour être altruiste.
Comment est-ce possible ?
 
Soyons simples et clairs : il faut être soi-même heureux pour être en harmonie avec les autres, il faut penser à soi afin de pouvoir penser aux autres.
 
Quand une vie est marquée par une succession de concessions, de sacrifices, de négations de soi, la vie avec les autres devient étouffante et on ne peut jamais réellement aider quelqu'un si l'on souffre soi-même d'un profond mal-être.
 
Des individus peuvent sacrifier leur vie à une cause humanitaire : ils en tirent qu'on le veuille ou non un plaisir égoïste : celui de se rendre utile, de donner un sens à leur vie, d'être indispensables. Certains individus passent leur temps à écouter les problèmes de leurs amis : ils en tirent un plaisir égoïste, celui de se rassurer sur leur propre condition, de se montrer indispensables donc supérieurs.
 
De plus, on a tous besoin de moments de solitude, d'un endroit intime pour se ressourcer, cela ne nous rend pas asocial mais nous rend au contraire plus sociable parce que plus équilibré.
 
Le contact avec les autres, la relation avec les autres, la solidarité avec les autres devient un plaisir lorsque cela se fait sans pression, lorsque on le choisit librement, lorsque rien nous y oblige.
 
Les contraintes étatiques ou familiales n'ont jamais rendu un individu plus solidaire, ils en ont fait un individu conditionné qui agit tristement et sans cœur parce qu'il y est obligé : ainsi nombre d'individus passent à côté de leur vie sans se poser de question et arrivent au crépuscule de leur existence avec des bagages remplis d'espoirs toujours refoulés.
 
On se décharge également de sa responsabilité sociale sur l'Etat : « non, je n'hébergerai pas ce mendiant avec les impôts que je paye ». Ainsi, la couverture sociale collective rend les individus plus inhumains.
 
Enfin, la conscience socialiste collectiviste et égalitaire nous interdit d'avoir des ambitions : prétentieux, arriviste, ambitieux sont les insultes à la mode. Ainsi, il nous serait interdit de déployer toutes nos ailes pour voler plus haut, de rechercher notre bonheur et de nous enrichir. Au nom de quoi ? Qui a un quelconque droit de propriété sur une seule minute de notre vie pour nous empêcher de réussir, de s'épanouir, de s'enrichir. Au nom de quoi quelques bonnes âmes bien-pensantes exploiteraient ceux qui souffrent pour culpabiliser ceux qui réussissent et leur extorquer de l'argent servant avant tout à financer leurs trains de vie ministériels ?
 
Les libéraux libertariens l'affirment : nous sommes propriétaires de notre corps, de notre vie, de nos biens, de l'argent que l'on gagne, on est librement capable de solidarité, on sait ce qui est bon pour nous et quel est notre choix de vie, nos intérêts égoïstes peuvent correspondre aux besoins des autres et nous rendre plus heureux avec eux, on ne demande pas à l'Etat qu'il fasse notre bonheur, on lui demande de nous laisser librement de chercher le nôtre et de nous laisser vivre.
 
Une telle société libre, régulée par le marché, la propriété, la responsabilité, correspondrait à la nature de l'Homme, en ferait ressortir le meilleur, et restaurerait la vraie solidarité, celle de la main humaine librement tendue, loin des bureaux et des guichets.




62 commentaires:

Henry de Lesquen a dit…

Confusion entre science et morale, jugement de connaissance et jugement de valeur. La science économique, étant une science, ne peut être fondée sur la morale.

Gerard Gidmoz a dit…

La science économique n'est wertfrei. Elle se fonde nécessairement sur un choix de valeurs humaines et morales.

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Non. Une science est par définition sans rapport avec les valeurs. Elle est fondée exclusivement sur le jugement de connaissance.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen http://fr.liberpedia.org/Comment_prouver_que_l%27on_doit...

Hippolyte Neuville a dit…

Cet extrait de la thèse de Guillaumat mérite vraiment d'etre lu.

Bilovisso Sanspoul a dit…

Non mais sans blague.

Nicolas Kérébel a dit…

Les sciences sont amorales, par essence !

Henry de Lesquen a dit…

Oui.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen Non. ce serait un raisonnement circulaire, et fondé sur une concept inutilement restrictif du mot science.

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Je ne vois pas en quoi le raisonnement serait circulaire et pourquoi il faudrait appeler science une idéologie.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen Il est vain de limiter le mot "science" aux seules science "dures". Certains appellent "science" un certain corpus de connaissances.

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Il est essentiel au contraire de conserver au mot science une définition rigoureuse. Mais je vois que certains libéraux sont comme les marxistes, ils font de la mauvaise idéologie en refusant la distinction cardinale du jugement de connaissance et du jugement de valeur.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen Je voudrais bien comprendre. Le jugement de connaissance, c'est tel fait est vrai ou faux? le jugement de valeur serait si tel propos ou tel acte serait moral ou non? expliquez moi, svp?

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Le jugement de valeur et le jugement de connaissance sont deux catégories premières de l'entendement. Le premier dit qu'une proposition est vraie ou fausse. Le second dit qu'une chose est bonne ou mauvaise selon diverses sous-catégories : bien ou mal (morale), beau ou laid (esthétique)...

Hippolyte Neuville a dit…

Henry de Lesquen l'entendement est un concept inventé par Descartes, j'aurais tendance à m'en méfier.

En bonne philosophie réaliste, le bien et le vrai sont tout simplement 2 modalités de l'être en acte. (2 transcendantaux).

L'éthique considère un certain ordre, celui que l'on introduit dans son agir. Une science spéculative considère un ordre que l'homme n'a pas fait. Dans les 2 cas il y a un objet d'étude, un angle d'attaque, des principes propres, ...

Virginie Avcs a dit…

Le vrai n'est pas nécessairement propre à chacun, le bien si. Le vrai est objectif, le bien subjectif, l'un et l'autre sont facteur d'un choix.

Hippolyte Neuville a dit…

Le bien est tout aussi objectif que le vrai : étudiez l'éthique et la métaphysique.

Virginie Avcs a dit…

Si roter ou péter a votre table est un bien pour moi, il n'est pas vrai que ce bien soit aussi vôtre bien. Mon bien est donc subjectif, il ne saurait être impartial, il dépend de mon esprit. En revanche, le vrai, la realite est universelle, indépendamment de ce que j'en pense.

Hippolyte Neuville a dit…

Dialogue de sourds. Pas grave, bonne soirée.

Nicolas Kérébel a dit…

Hippolyte Neuville la philosophie n'est pas une science !

Stéphane Geyres a dit…

Nicolas Kérébel Il ne peut y avoir de science hors de la philosophie, puisque c'est l'épistémologie qui fonde toute science.

Virginie Avcs a dit…

La science est une démarche, dont le but est de comprendre, pour pouvoir agir en connaissance de causes et se réjouir des conséquences. S'il est certain que 2+2=4, je suis certes contente de le savoir, mais ce n'est pas une finalité. Je dois encore comprendre tant et tant pour pouvoir agir librement sans abîmer ce bien, en le sublimant du simple fait du bonheur qu'il procure et se régénère jamais à l'identique.
Oui bien sûr que la science ne peut pas se déconnecter de la philosophie ! Seulement le but de la science, comme de la philo, n'est pas de se figer dans une posture sous prétexte de connaissances objectives, disant que le bien est objectif, alors qu'il peut tout autant être le mal. Exemple : un ouragan a sans doute des vertus bonnes, mais s'il détruit ma maison, c'est un mal pour moi, sans que ce soit contestable par personne et quand bien même un scientifique m'expliquerait que l'ouragan est un bien, parce qu'il en connaît les causes. Certains interprètent la science ou la philo comme une discipline de la connaissance objective et seulement objective. C'est une erreur, comme A est A, l'objectivité n'est pas la subjectivité, et la subjectivité est autant fondée que l'objectivité. Ainsi la démarche scientifique ne peut se contenter du vrai, elle comprend aussi le juste. Est-il vrai d'un point de vue objectif ? Est-il juste d'un point de vue subjectif ? Réalité + morale sont indissociables pour atteindre le bonheur à mon sens. Et le bonheur, n'est ce pas précisément le but de la science ? Je ne peux m'empêcher de sauter de joie rien qu'en imaginant le bonheur éprouvé par des scientifiques, des philosophes et autres, lorsqu'ils ont compris et produits nombre de découvertes qu'ils ont faites et dont ils sont récompensés par le bénéfice que chacun en retire encore. Mais ce bonheur ou cette joie, s'ils sont communicatifs, appartiennent en propre à ceux qui l'éprouvent.

Henry de Lesquen a dit…

Virginie Avcs Confusion totale. Vous ne savez pas ce qu'est la science. Vous ignorez le principe d'objectivité de la nature. Vous sombrez dans l'animisme dénoncé par Jacques Monod.

Virginie Avcs a dit…

Jacques Monod ? Ah oui, la science infuse de celui qui soutient n'y avoir aucun projet de l'univers tout en affirmant qu'il est impossible de le démontrer, mais qui s'en tient mordicus à son postulat, pourvu d'en faire des émules par l'opération de son saint esprit qu'il conviendrait de nommer scientifique ! Je me marre !

Nicolas Kérébel a dit…

Stéphane Geyres oui, et non. Le sujet est trop vaste et complexe pour être traité sur FB. J'aurais, peut-être, dû m'abstenir de mon commentaire précédent, mais je me suis compris, et, apparemment, je ne suis pas le seul.

Marie-France Suivre a dit…

L'économie n'est pas une science, c'est tout le problème !

Nicolas Kérébel a dit…

L'économie est bien une sciences, tout comme la médecine, ce qui ne les empêche pas de connaître leurs charlatans, pour l'économie bien plus, encore, que la médecine !

Gerard Gidmoz a dit…

Marie-France Suivre Vous êtes bien sévère avec la science économique.

Laffin Thierry a dit…

Gerard Gidmoz Rappel: "on a inventé les économistes pour les que les astrologues aient l'air sérieux"

Nicolas Kérébel a dit…

Laffin Thierry c'est juste une science contesté, comme le fut, en son temps, l'astronomie héliocentrée, et qui, comme cette dernière dut se confronter à l'astronomie géocentrée, doit se confronter à des théories fumeuses qui, un jour viendra, seront reconnues comme telles par l'immense majorité de la population !

Stéphane Geyres a dit…

Marie-France Suivre, désolé, mais l'économie est une science, celle de l'écloe autrichienne, tout ce qu'il y a de sérieux et certain, par contre Nicolas Kérébel, la médecine est un art, elle deviendra scientifique le jour où elle n'aura plus besoin des statistiques.

Nicolas Kérébel a dit…

Stéphane Geyres j'approuve, totalement, votre réponse à Marie-France Suivre, c'est celle qui concerne la médecine, et la statistique, qui m'ont fait rire.

Stéphane Geyres a dit…

Nicolas Kérébel Je m'en doutais. Il demeure : la statistique ne peut pas être une base scientifique. Elle est utile pour la recherche, pour l'intuition, mais pas pour la science.

Gregory Bodylski a dit…

Je crois effectivement que Socrate considérait la médecine comme un art car elle nécessitait un savoir-faire...

Nicolas Kérébel a dit…

Gregory Bodylski peut-on vraiment comparer la médecine de l'époque de Socrate et celle d'aujourd'hui ?

Gregory Bodylski a dit…

Nicolas bien sûr aujourd’hui on comprend plus de choses sur le fonctionnement du corps humain.
Mais c’est à force d’expériences, d’observations de « statistiques » comme dit Stéphane.

Aucun comportement du corps humain n’a été deviné juste par la réflexion, par démonstration avant de l’avoir observé.

Cela reste du savoir-faire.

Henry de Lesquen a dit…

Je pense que si. L'économie est une science.

Gerard Gidmoz a dit…

La science économique est une science du raisonnement. Un peu comme le Droit, ou comme la philosophie.

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Non. Confusion. La mathématique est la seule science qui ne soit fondée que sur la raison. Les autres, dont l'économie, appliquent la raison aux faits d'observation. Et le droit n'est pas une science.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen Les discussions sur l'étendue du mot "science" me semblent souvent vaines. Ce qui importe ici est que la science économique propose des raisonnements valables et certains.

Nicolas Kérébel a dit…

Henry de Lesquen le jus naturalisme est une approche scientifique du droit, dans le sens où il lui cherche des bases objectives, universelles et incontestables. Et, comme l'astronomie héliocentrée s'opposait à l'astronomie géocentrée, il s'oppose à la loi naturelle.

Stéphane Geyres a dit…

Henry de Lesquen Vous qui vous dites lecteur de von Mises, vous devriez savoir que l'économie est la science de l'action humaine, c'est-à-dire celle de la raison appliquée à notre réaction face à la rareté des ressources du monde réel. Et toutes les sciences humaines sérieuses sont de cette même catégorie : la praxéologie.

Stéphane Geyres a dit…

Nicolas Kérébel Attention à ne pas mélanger juridique et judiciaire. Le juridique est rationnel par conséquence de l'axiomatique de l'argumentation (voir Hoppe). Le judiciaire est au mieux un art, un savoir-faire.

Nicolas Kérébel a dit…

Stéphane Geyres Pardon !? Vous usez d'une terminologie juridique dans un sens qui ne l'est pas, ce qui ne peut que faire bondir le (pure) juriste que je suis, du moins aux yeux d'autres juristes.

Henry de Lesquen a dit…

Nicolas Kérébel Le jusnaturalisme est intégralement sophistique. Il n'y a pas de droit naturel fondé sur la raison pure au sens de l'école de Salamanque, il n'y a qu'un droit naturel classique fondé sur la tradition. Cf. Hayek et Villey.

Henry de Lesquen a dit…

Stéphane Geyres Non. La raison ne suffit pas à expliquer le comportement des hommes. La praxéologie est normative plutôt que scientifique.

Virginie Avcs a dit…

Ah bon ? Et donc la science seule est à même d'expliquer le comportement des hommes, sans raison ? Il suffirait donc que vous passe par la tête n'importe quoi et que ça s'explique par la connaissance d'un processus chimique et hop, avalons tous des pilules d'un bonheur insoutenable en remerciant les bons scientifiques sauveurs du monde

Gerard Gidmoz a dit…

La science économique est une science du raisonnement. Un peu comme le Droit, ou comme la philosophie.

Henry de Lesquen a dit…

Gerard Gidmoz Non. Confusion. La mathématique est la seule science qui ne soit fondée que sur la raison. Les autres, dont l'économie, appliquent la raison aux faits d'observation. Et le droit n'est pas une science.

Gerard Gidmoz a dit…

Henry de Lesquen Les discussions sur l'étendue du mot "science" me semblent souvent vaines. Ce qui importe ici est que la science économique propose des raisonnements valables et certains.

Nicolas Kérébel a dit…

Henry de Lesquen le jus naturalisme est une approche scientifique du droit, dans le sens où il lui cherche des bases objectives, universelles et incontestables. Et, comme l'astronomie héliocentrée s'opposait à l'astronomie géocentrée, il s'oppose à la loi naturelle.

Stéphane Geyres a dit…

Henry de Lesquen le jus naturalisme est une approche scientifique du droit, dans le sens où il lui cherche des bases objectives, universelles et incontestables. Et, comme l'astronomie héliocentrée s'opposait à l'astronomie géocentrée, il s'oppose à la loi naturelle.

Nicolas Kérébel Attention à ne pas mélanger juridique et judiciaire. Le juridique est rationnel par conséquence de l'axiomatique de l'argumentation (voir Hoppe). Le judiciaire est au mieux un art, un savoir-faire.

Nicolas Kérébel a dit…

Stéphane Geyres Pardon !? Vous usez d'une terminologie juridique dans un sens qui ne l'est pas, ce qui ne peut que faire bondir le (pure) juriste que je suis, du moins aux yeux d'autres juristes.

Henry de Lesquen a dit…

Nicolas Kérébel Le jusnaturalisme est intégralement sophistique. Il n'y a pas de droit naturel fondé sur la raison pure au sens de l'école de Salamanque, il n'y a qu'un droit naturel classique fondé sur la tradition. Cf. Hayek et Villey.

Stéphane Geyres Non. La raison ne suffit pas à expliquer le comportement des hommes. La praxéologie est normative plutôt que scientifique.

Virginie Avcs a dit…

Ah bon ? Et donc la science seule est à même d'expliquer le comportement des hommes, sans raison ? Il suffirait donc que vous passe par la tête n'importe quoi et que ça s'explique par la connaissance d'un processus chimique et hop, avalons tous des pilules d'un bonheur insoutenable en remerciant les bons scientifiques sauveurs du monde

Nicolas Kérébel a dit…

Henry de Lesquen elle est bien bonne ! D'où l'a sortez-vous, celle-là ?
L'ennui est que vous avez utilisez, pour le Droit Naturel, l'une des définitions parfaites de la loi naturelle, ce qui me fait craindre que vous ne différenciez pas l'un de l'autre !

Stéphane Geyres a dit…

Henry de Lesquen Qui parle "d'expliquer le comportement des hommes", svp ?

La praxéologie EST scientifique, par la nature même de l'axiome de l'action qui la fonde et par son caractère purement dérivatif, comme la logique. Mais elle ne prétend pas expliquer le comportement, simplement constater l'action (ie la décision d'agir) et en décrire le sens caché et ses implications.

C'est bien plus modeste, mais c'est assez puissant pour fonder toute la science économique.

Mieux, la praxéologie de par sa méthode est à même de fonder toutes les sciences humaines, qui sinon ne reposent sur aucune épistémologie valable.

Bref, on sent que contrairement à vos dires, vous n'avez pas lu Mises, ou vous l'avez vaguement survolé, au mieux.

Henry de Lesquen a dit…

Nicolas Kérébel Il n'y a pas plus de loi naturelle que de droit naturel. Il y a des traditions, qui sont tissées dans l'identité d'un peuple et dans le caractère d'une civilisation.

Virginie Avcs a dit…

Henry de Lesquen Lol et vous citiez pourtant plus haut l'école de Salamanque qui postule que les sources de la justice, du droit et de la morale ne doivent plus être recherchées dans les textes sacrés ou les traditions, mais dans l'examen de la nature à la lumière de la raison.
CQFD, vous n'avez aucune rigueur, si bien que vous dîtes absolument n'importe quoi. Ce qui n'est pas méchant, mais particulièrement risible et confirme que heureusement pour vous, le ridicule ne tue pas.

Nicolas Kérébel a dit…

Henry de Lesquen une ânerie répétée ne devient pas une vérité, elle reste une ânerie, juste encore moins excusable, quand on vient de vous expliquer que c'en était une !
Il faut dire que quand on parle, sans rire, de national-libéralisme, on a des excuses, à la base !

Laffin Thierry a dit…

Merci Gregory pour cette belle citation.
Oui, le libéralisme est une philosophie de vie. Basée sur des principes moraux forts et altruiste. Parce qu'il respecte la valeur essentielle des autres : leur liberté.

Nicolas Kérébel a dit…

Gregory Bodylski, dois-je comprendre que la biologie n'est pas une science ? Fut-ce expérimentale ?

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