Le dépoussiérage de l'UMP fait tousser les opposants de Nicolas Sarkozy. Avant d'être approuvé (ou non) par les militants fin mai, le nom de baptême trouvé par le président de l'UMP - "Les Républicains" - fera un petit détour vendredi par le palais de justice de Paris. Une armée de 107 requérants et quelques formations politiques de gauche l'y attendent avec la ferme intention de faire capoter le changement d'étiquette rêvé par le patron de l'UMP. Des particuliers, d'anciens ministres socialistes - Jean-Louis Bianco et Christian Sautter -  des historiens, philosophes ou tout simplement la famille d'un certain Paul Républicain, agacée à l'idée de se faire chiper son patronyme. Le recours est appuyé par une pétition qui rassemblait près de 21000 signatures ce mardi. Quatre avocats défendront cette assignation en référé de 70 pages dont voici les trois principaux arguments.


L'UMP ferait du "dénigrement indirect"
Si le parti de Nicolas Sarkozy se nomme républicain, cela exclut de fait ceux qui n'en sont pas adhérents. C'est, en gros, le premier argument qui sera défendu vendredi, sur la base de l'article 1382 du Code civil et la jurisprudence sur la "concurrence déloyale". "Le dénigrement indirect, précise à metronews maître Matthieu Boissavy, l'un des quatre avocats qui plaidera vendredi, consiste à s'attribuer une qualité essentielle tout en la déniant aux autres. Quand un parti politique, qui est en compétition avec les autres, se nomme Les Républicains, il laisse entendre que les autres ne le sont pas." L'assignation en conclut que le mot "républicain", qui "appartient à tous, porte l'idéal de la France et de son Histoire, doit être protégé de toute privatisation et appropriation exclusive par un parti politique". A l'UMP, le député Eric Ciotti plaidait, mardi, "l'attachement" de l'UMP "aux valeurs de la République"… tout en estimant que "les socialistes ont porté atteinte à beaucoup de valeurs de la République". Un leitmotiv : fin avril, Nicolas Sarkozy accusait lui-même que le PS d'être "d'abord socialiste et ensuite républicain". 




La trouvaille de Nicolas Sarkozy créerait "un trouble civil, social et politique majeur"
Ce deuxième argument des avocats donne un caractère "d'urgence" à la procédure, d'où le référé, qui doit permettre d'obtenir une ordonnance provisoire du juge interdisant l'usage du nom avant même que les adhérents de l'UMP ne se prononcent fin mai. Car, jugent les requérants, "si les militants UMP adoptent le nouveau nom proposé par leur président, cela aura des conséquences dommageables durables et disproportionnées contre les libertés publiques, la liberté d'expression et la loyauté dans le débat politique". L'adoption du nom, affirment-ils encore, serait "contraire à la lettre et à l'esprit de la Ve République" en créant des "clivages" au sein de la société française.


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Les logos exploiteraient de façon "illicite" le drapeau français
Les opposants de l'UMP accusent le parti de Nicolas Sarkozy d'avoir déposé, en novembre 2014, trois logos illustrant "Les Républicains", avec des bandes tricolores symbolisant le drapeau national. Des dépôts à l'INPI faits "secrètement", affirment les avocats, pour le compte de l'UMP, par l'agence de communication Aubert Storch (qui gère l'image de banques, assurances et autres enseignes). Cette fois, les opposants s'appuient sur le Code de la propriété intellectuelle (article L711-3), qui interdit d'utiliser comme marques des "emblèmes d'Etat", sigles ou dénominations de pays. Le Front national n'a-t-il pas pour logo une flamme tricolore ? L'actuelle UMP n'a-t-elle pas pour logo un arbre sur fond tricolore ? "Dans les logos des Républicains, justifie maître Boissavy, l'usage de rectangles tricolores crée la confusion avec le drapeau français." De quoi donner matière à interdiction ? Le juge en décidera assez vite, la procédure de référé permettant d'obtenir une réponse dans les jours qui suivent l'audience.