octobre 24, 2014

L'anarcho-capitalisme serait-il un idéal de socièté ? La France des "Lumières" serait-elle toujours aussi innovante ?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Les idées philosophiques précèdent toujours leur application. Il n'y a pas d'acte sans idée, il n'y a pas d'organisation sociale sans idée. Une fois qu'on a compris qu'un maximum de liberté est à la fois souhaitable et logiquement possible, on est naturellement amené à appeler de ses voeux une société anarchique, ou anarcho-capitaliste. 


 
Il se trouve de surcroit que l'histoire de l'humanité a été jusqu'à présent celle d'un perpétuel changement, qui grosso modo a conduit à une amélioration progressive. Pourquoi ne pas penser et souhaiter que l'on puisse arriver un jour à un stade avancé de liberté? Il n'y a là aucune contradiction. Être « concret » et « pragmatique » ne signifie pas qu'on souhaite bloquer la société au stade où elle est actuellement, qu'on refuse tout progrès ou toute avancée. Les anarcho-capitalistes ne sont pas, au contraire, des ultra-conservateurs qui refusent tout changement dans les coutumes de la société.

          Une fois assimilé le fait que l'avancée de la liberté politique coïncide nécessairement avec l'avancée du niveau matériel, scientifique, intellectuel et moral des masses, on peut également faire la réflexion suivante: qu'il serait inquiétant que l'humanité ait connu par le passé une anarchie généralisée et stable, car cela signifierait qu'il y a eu depuis une régression massive de la liberté et donc un retour à un stade antérieur de barbarie. Cela s'est déjà produit, quand par exemple suite à une guerre ou autre catastrophe, des démocraties sont revenues au stade de dictatures. Cela pourrait se produire également dans le futur au sein d'une hypothétique société libre – anarchique. C'est le fameux argument de « l'instabilité » de la société anarcho-capitaliste.

« L'instabilité » de la société anarcho-capitaliste

          Cette accusation d'instabilité est souvent évoquée par les adversaires de la liberté politique radicale – l'anarchie. Elle est symptomatique d'une difficulté à comprendre ce qui fait la stabilité d'une société.

          Imaginez que vous vous trouviez il y a quatre mille ans en Egypte et que vous tentiez de défendre l'idée de démocratie. Nul doute que personne ne vous accorderait plus de cinq minutes avant de vous traiter au minimum de doux rêveur. On vous rétorquerait que sans le Pharaon, la société sombrerait dans le désordre, la violence et le néant; que le Pharaon est le seul à pouvoir infléchir les dieux, et qu'il ne saurait être question de s'en passer. Vous seriez amené à entrer dans un débat métaphysique et épistémologique complexe face à des gens qui n'en connaissent pas les rudiments, en vain. La tâche des anarcho-capitalistes dans le monde actuel est du même ordre.

          Aucun gouvernement au monde n'est capable d'assurer la stabilité d'un système social. Cette stabilité est le produit de l'idée que les gens se font de leur système social. S'ils pensent massivement que la démocratie est le meilleur système, alors il y aura une démocratie, d'autant plus stable que l'idée est partagée. S'ils régressent et se prennent à croire qu'un dictateur est « nécessaire », au moins momentanément, alors il y aura une dictature. S'ils pensent qu'un Pharaon est indispensable, il y aura un pharaon, et cela peut durer des milliers d'années. Si un jour, une proportion suffisante de gens sont intimement persuadés que l'État – tout État – est par nature nuisible et qu'il faudrait l'abolir, alors il disparaîtra dans l'oubli général. La société anarcho-capitaliste verra alors le jour, et beaucoup de gens ne comprendront pas comment leurs ancêtres pouvaient croire à l'utilité de l'État. Et aucun groupe n'aura la moindre de chance de le rétablir en s'appuyant sur des arguments que tous considèreront désormais comme du boniment.

          La guerre contre l'État est une guerre d'idées. C'est une guerre de diffusion de l'information, d'explication, de pédagogie, de construction conceptuelle: il s'agit de comprendre que la liberté est bonne dans tous les domaines de l'existence, et d'autant plus qu'ils sont fondamentaux. Il s'agit de comprendre que toute restriction de la liberté introduit de la destruction et du désordre au détriment de la masse et au profit d'une petite élite. Tant que les gens n'auront pas compris cela, l'État prospérera. Le jour où ils l'auront compris, aucune force au monde, aucun groupe armé ne pourront empêcher la disparition inéluctable de l'État. Mais pour en arriver là, il faut accepter de prendre connaissance des écrits des auteurs libéraux, ce que la plupart des gens refusent farouchement de faire.

          Qu'est-ce qui empêche qu'un Pharaon prenne le pouvoir aujourd'hui en se réclamant d'Osiris ? Ce n'est ni la Police, ni l'Armée. C'est l'information qui est dans vos têtes, à vous qui me lisez. Cette information vous fera dire: « En voilà une idée loufoque! On n'a pas besoin de 'Pharaon'. » Vos descendants diront peut-être un jour: « En voilà une idée loufoque! On n'a pas besoin de 'Président de la République'. »

La société anarcho-capitaliste, une « utopie »?

          On entend souvent dire que l'anarcho-capitalisme est « utopique ». Tout dépend du sens qu'on veut donner à ce mot, bien sûr. « Utopie » n'est pas entendu ici au sens originel de l'île proto-communiste Utopia qui est manifestement inadapté à l'anarcho-capitalisme; je suppose qu'« utopie » désigne ici plutôt une société qui ne peut exister dans le monde réel parce que certaines de ses caractéristiques ne correspondent pas à la réalité métaphysique du monde.

          L'utopie communiste, par exemple, se fonde sur l'hypothèse de l'homme « nouveau », elle ne tient pas compte du fait que l'homme est ce qu'il est et pas autre chose. Par conséquent, elle doit nécessairement échouer, c'est-à-dire détruire, parce que l'homme n'est pas un homme « nouveau ». C'est une donnée métaphysique et quand on ne tient pas compte des données métaphysiques, on se heurte à un mur.

          L'utopie « anarcho-communiste » relève de la même erreur. Elle y ajoute de surcroît (au moins dans certaines de ses versions) l'idée que le monde sera « libéré de la rareté »: tous les biens seront disponibles pour tous en abondance. Cette théorie nie une donnée métaphysique, qui est justement la rareté des biens. Elle est donc « utopique » et ne peut que mener à des désastres. Elle veut également supprimer l'argent. Or l'argent est une condition métaphysique nécessaire à l'existence d'une société avancée, compte tenu de ce qu'est l'homme et de ce qu'est l'univers. Par conséquent, cette utopie ne peut pas prendre corps sans occasionner une régression épouvantable du niveau de vie des hommes. Il n'est besoin d'aucune expérience pour en avoir la certitude absolue.

          Rien de tel avec l'anarcho-capitalisme qui se fonde au contraire sur des arguments logiques et se garde de contredire toute donnée métaphysique. C'est au contraire par l'analyse fine de la nature de l'univers et de l'homme qu'on parvient à la conclusion de l'anarcho-capitalisme comme idéal de société. La tradition libérale qui y mène est d'abord une tradition du rationalisme, scrupuleusement respectueuse de la réalité et de la logique.

          C'est la raison pour laquelle je ne me dis pas particulièrement « anarcho-capitaliste », mais surtout rationaliste ou tout simplement réaliste. 


  par M. Mithra
Source: QL


Préface à l'édition électronique 2006

Pierre Lemieux (1988), L’anarcho-capitalisme. Paris: Les Presses Universitaires de France, 1988, 126 pp. Collection: Que sais-je?, no 2406. [Autorisation accordée par l'auteur le 18 novembre 2005.
 
Presque vingt ans ont passé depuis que j’ai écrit ce livre. Je le réécrirais aujourd’hui de manière différente. L’anarcho-capitalisme et les théories sous-jacentes ont fait l’objet de nombreuses recherches et d’une importante littérature autant philosophique qu’économique [1]. Du côté de l’économie, je n’avais pas mesuré l’importance des idées d’Anthony de Jasay, dont les premiers écrits sur l’anarcho-capitalisme [2] sont contemporains de mes propres écrits. Les travaux de Robert Axelrod et de Robert Sugden, auxquels j’ai introduit nombre de lecteurs français, ont été suivis d’une vaste littérature utilisant la théorie des jeux pour expliquer la coopération spontanée parmi des acteurs égoïstes.

Sous l’influence de de Jasay, mais également d’économistes néoclassiques [3] et de l’école du Public Choice [4], je suis devenu plus agnostique devant la construction théorique, à la Rothbard, de la société idéale de l’avenir. Même si je continue à croire que les fondements philosophiques de l’anarcho-capitalisme sont solides, j’insisterais maintenant davantage sur sa dimension économique. Plus économiste, j’utiliserais le présent ou le futur plutôt que le conditionnel. Au lieu de me laisser tenter par une éthique englobante comme celle de Rothbard ou de Rand, j’essaierais de ne faire intervenir qu’une éthique minimale, d’économiser sur l’éthique [5].

Bien que mon « Que sais-je ? » se voulait évidemment un exposé universitaire plutôt qu’un pamphlet politique, on peut se demander si l’anarcho-capitalisme est un idéal à poursuivre. Comme je l’ai expliqué dans un article récent [6], nous ne savons pas dans quelle mesure ni dans quelles conditions l’anarchie est possible dans une société moderne, ne serait-ce que parce que les États, qui infestent la planète entière, en rendent l’expérimentation extrêmement coûteuse. D’un point de vue théorique, Holcombe a bien défendu la thèse que l’État est inévitable et que, n’en déplaise à Rothbard, il n’est pas impensable que l’anarchie mène à un État pire que ceux sous lesquels nous vivons actuellement en Occident [7]. À l’encontre de ces doutes, notons que les États sont entre eux, sur la scène internationale, comme dans un état de nature [8]. Mais quelles conclusions peut-on en tirer quant à la possibilité d’anarchie parmi les individus ? De plus, il arrive souvent qu’un État gouverne ou essaie de gouverner la communauté des États : l’État britannique au 19e siècle, l’État américain aujourd’hui. Je demeure un anarchiste théorique, mais je crois que l’anarcho-capitalisme est plus un idéal à viser et une idée à expérimenter qu’un programme à la Rothbard.

Dans le court laps de temps qui sépare l’édition papier de l’édition électronique de L’anarcho-capitalisme, la progression de la tyrannie a été foudroyante. L’effondrement du bloc soviétique s’est accompagné de la soviétisation douce des États qui l’avaient combattu et qui ont inventé la tyrannie à visage humain. Amélioration, certes, pour les anciens esclaves du communisme, mais détérioration pour nous. Même en Amérique, les gens se sont habitués à être fichés et à porter le passeport intérieur que constituent les papiers d’identité officiels. Les techniques d’identité biométriques et les bracelets de surveillance (le cas emblématique étant celui de Martha Stewart à sa sortie de prison) ont fait leur apparition. Partout dans le monde, et peut-être davantage en Amérique, les gens se sont habitués à être fouillés. Les prisons sont remplies de gens qui ont commis des crimes qui s’appelaient des libertés il y a à peine quelques décennies.

L’État monstrueux que l’on connaît maintenant n’est pas un produit du 9 septembre 2001 : c’est parce qu’ils avaient déjà des pouvoirs inouïs que « nos » États ont pu se servir de la « guerre à la terreur » pour écraser davantage nos libertés. Contrôle des marchés financiers au nom de la répression des transactions d’initiés, contrôle des entreprises pour motifs d’« éthique » ou de « gouvernance », lutte à la drogue puis au tabac, contrôle des transactions monétaires pour contrer le « blanchiment d’argent », généré lui-même en bonne partie par des crimes fabriqués par l’État, renforcement des contrôles des armes à feu aux mains de quiconque n’est pas un agent de l’autorité, limitations de la liberté d’expression au nom du prétexte du jour, pouvoirs accrus de la police – toutes ces mesures avaient commencé bien avant 9/11, et l’État n’a fait qu’ajouter « terrorisme » aux raisons antérieures pour contrôler ses sujets.

Les grands prêtres de la religion environnementale continuent de s’improviser porte-parole des générations futures, dont ils présument qu’elles seront satisfaites d’un monde vert d’esclaves heureux. De plus en plus ouvertement, l’État favorise ses clientèles électorales les plus fidèles et déclare la guerre aux styles de vie qui le menacent, qu’il s’agisse des fumeurs, des chasseurs, des propriétaires d’armes, des entrepreneurs et financiers innovateurs – bref, de ceux qui n’aiment pas se soumettre.

Sans doute le totalitarisme islamiste est-il menaçant, car il nous ferait passer de Charybde en Scylla, d’une tyrannie douce à une tyrannie dure. L’État, « notre » État, répond à la menace totalitaire en devenant lui-même plus totalitaire. Pour paraphraser Auberon Herbert, dans son article « The Ethics of Dynamite » [9], les tyrans islamistes ne sont que le nec plus ultra de l’État.

À l’aube du 21e siècle, l’important n’est-il pas de comprendre comment le Léviathan avance et comment l’enchaîner, plutôt que de théoriser sur l’idéal d’une liberté totale ?

Et pourtant, il est difficile d’imaginer l’avenir de l’humanité sous le joug de cette institution fruste et dangereuse qu’est l’État. Des troupeaux d’hommes sont forcés, officiellement pour leur propre bien, de payer des impôts qui servent essentiellement à favoriser certains d’entre eux et à enrégimenter et contrôler tout le monde. À la manière dont les choses progressent, l’argument de Rothbard selon lequel nous n’avons rien à perdre à essayer l’anarchie risque fort de devenir incontournable.

Et pourtant, si nous ignorons les idées philosophiques et économiques qui soutiennent l’anarcho-capitalisme, nous serons incapables de transmettre aux nouvelles générations les idées nécessaires pour critiquer et combattre l’État. J’espère que ce petit livre, écrit dans la grande noirceur du 20e siècle, servira de témoignage et, pour certains, de point de départ pour une périlleuse mais fascinante réflexion.

[PL / Préface Anarcho-capitalisme v4.doc — 13 février 2006 à 05:56— Ce texte compte 5664 signes, ou 1031 mots.]


[1]      Voir, par exemple, John T. Sanders et Jan Narveson, For and Against the State, Rowan and Littlefield, 1996; et la recension que j’y ai consacrée sous le titre « Sommes-nous moralement tenus d’obéir aux lois ? », Figaro-Économie, 12 septembre 1996. (Les articles que j’ai publiés après 1995 sont généralement disponibles à www.pierrelemieux.org.) Le petit livre de Jasmin Guénette, La Production privée de la sécurité (Montréal, Varia, 2005) fait état de plusieurs recherches récentes. Il faut lire le débat entre Randall Holcombe et, d’autre part, Peter Leeson et Edeard Stringham dans les numéros de l’hiver 2004 et du printemps 2005 de The Independent Review, disponible à www.independent.org/publications/tir/.
[2]      Anthony de Jasay, The State (première edition: 1985), Indianapolis, Liberty Fund, 1998.
[3]      Voir notamment les ouvrages de David Friedman ; le dernier est Law’s Order. What Economics Has to Do with Law and Why It Matters, Princeton, Princeton University Press, 2000.
[4]      Voir Pierre Lemieux, « The Public Choice Revolution », Regulation, vol. 27, no 3 (automne 2004), p. 24-29, disponible à http://www.cato.org/pubs/regulation/regv27n3/v27n3-2.pdf.
[5]      Anthony de Jasay, « Before Resorting to Politics », in Against Politics : On Government, Anarchy, and Order, London et New York, Rougledge, 1997, p. 143-191.
[6]      Pierre Lemieux, « Explaining the State », Laissez Faire Electronic Times, 10 juin 2002, reproduit à www.pierrelemieux.org/artstate.html.
[7]      Randall G. Holcombe, « Government : Unnecessary but Inevitable », The Independent Review, vol. 8, no 3 (hiver 2004), p. 325-342.
[8]      Voir Peter T. Leeson et Edward P. Stringham, « Is Government Inevitable ? Comment on Holcombe’s Analysis », The Independent Review, vol. 9, no 4 (printemps 2005), p. 543-549.
[9]      Parlant des anarchistes de son époque qui protestaient à la dynamite, Herbert écrivait: « Dynamite is [...] a purer essence of government, more concentrated and intensified, than has ever been employed. It is government in a nutshell, government stripped, as some of us aver, of all its dearly beloved fictions, ballot boxes, political parties, House of Commons oratory, and all the rest of it. How, indeed, is it possible to govern more effectively, or in more abbreviated form, than to say: “Do this – or don’t do this – unless you desire that a pound of dynamite should be placed tomorrow in your groundfloor study.” It is the perfection, the ne plus ultra, of government. » Cet article de 1894 est reproduit dans Auberon Herbert, The Right and Wrong of the State, and Other Essays, Indianapolis, Liberty Fund, 1978, p. 191-226.


Pierre Lemieux
Professeur associé
Université du Québec en Outaouais
le 18 novembre 2005






Au sens propre du terme, l’anarcho-capitalisme est la doctrine selon laquelle une société capitaliste sans État est économiquement efficace et moralement désirable. 

L’anarcho-capitalisme se distingue des doctrines pro-capitalistes orthodoxes en ce qu’il étend l’anarchie constitutive de l’économie capitaliste à tous les domaines: même quand il s’agit d’offrir les services de sécurité publique (police, tribunaux, défense nationale), l’État devrait céder sa place à des entreprises ou des associations libres, pri- vées et concurrentielles. L’anarcho-capitalisme se distingue de l’anarchisme traditionnel de deux manières: d’abord, loin de nier la propriété privée, il se fonde sur elle pour réconcilier les multiples actions individuelles; ensuite, après avoir posé l’égalité formelle de tous les individus en droit, l’anarcho-capitalisme admet les inégalités matérielles que produit ou cautionne la liberté totale. L’anarcho-capitalisme se présente ainsi comme la limite et le mariage des deux doctrines: la liberté de l’anarchisme s’étend à l’économie, et la liberté capitaliste envahit le social et les conditions de base de la vie en société.


 Les précurseurs
 
Conjonction de l’anarchisme et du capitalisme, l’anarcho-capitalisme a trouvé ses premiers précurseurs chez les économistes libéraux classiques d’une part et chez les anarchistes individualistes d’autre part. 

Les économistes libéraux classiques découvrirent et expliquèrent le fait essentiel que la liberté engendre l’ordre. Déjà, dans sa Fable des abeilles publiée en 1714, le médecin londonien Bernard de Mande- ville (1670-1733) avait soutenu que les vices privés sont des bienfaits publics. Adam Smith (1723-1790) reprendra cette idée dans sa célèbre Richesse des nations (1776): en cherchant son intérêt individuel, l’individu est amené pas une main invisible à travailler pour l’intérêt de la société. Au moment où Adam Smith exposait ses théories empiristes en Angleterre, florissait en France l’école rationaliste des physiocrates, à laquelle se rattachent notamment François Quesnay (1694- 1774), Pierre Dupont de Nemours (1739-1817), Pierre Mercier de la Rivière (1720-1793), Robert Jacques Turgot (1727-1781). Les phy- siocrates veulent substituer l’empire de la nature, de la raison et du droit naturel à l’autorité arbitraire du souverain. 
La liberté s’identifie à la maxime « laissez faire, laissez passer » qu’ils reprennent (Selon Albert Schatz, cette maxime remonte au « laissez-nous faire » servi par l'industriel Legendre à Colbert qui lui demandait ce que le roi pourrait faire pour le commerce, ou peut-être au « laissez faire, morbleu! » de d'Argenson, apôtre du libre-échange.) pour réclamer la liberté de l’industrie et du commerce. L’intérêt personnel gouvernant, « Le monde va alors de lui-même », écrit Mercier de la Rivière. Les économistes libéraux français du XIXe siècle comme Jean-Baptiste Say (1767-1832), Charles Dunoyer (1786-1863) ou Frédéric Bastiat (1801-1850) occupent une place de choix dans la tradition libérale, ne serait-ce que pour avoir amené le courant économique si près de l’anarcho-capitalisme. 
Parmi les précurseurs, un deuxième grand courant de pensée converge (avec les économistes libéraux) vers l’anarcho-capitalisme: il s’agit de l’anarchisme individualiste, représenté par les Anglais William Godwin (1756-1836) et Herbert Read (1893-1968), l’Allemand Max Stirner (1806-1856), le Français Pierre-Joseph Proudhon (1809- 1864), les Américains Ralph Waldo Emerson (1803-1882), Henry David Thoreau (1817-1862), Josiah Warren (1798-1874), Lysander Spooner (1808-1887), et Benjamin Tucker (1854-1939). Celui-ci écrivait:

 « Les anarchistes sont simplement des démocrates jeffersoniens impavides. Ils croient que “le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins” et que le gouvernement qui gouverne le moins n’existe pas. »
 
Le premier anarcho-capitaliste: Gustave de Molinari 

Le mariage des deux courants fut consommé par Gustave de Molinari (1819-1912), économiste français d’origine belge, qui fut le premier anarcho-capitaliste au sens contemporain. Gustave de Molinari croyait à une loi naturelle qui définit un droit individuel équivalent à la « souveraineté individuelle ». Dans une approche tout à fait lockéenne, il écrivait: 

« La souveraineté réside dans la propriété de l’individu sur sa personne et sur ses biens et dans la liberté d’en disposer, impliquant le droit de garantir lui-même sa propriété et sa liberté ou de les faire garantir par autrui... Si un individu ou une collection d’individus use de sa souveraineté pour fonder un établissement destiné à pourvoir à la satisfaction d’un besoin quelconque, il a le droit de l’exploiter et de le diriger suivant les impulsions de son intérêt, comme aussi de fixer à son gré le prix de ses produits et de ses services. C’est le droit souverain du producteur. Mais ce droit est limité naturellement par celui des autres individus non moins souverains, considérés en leur double qualité de producteurs et de consommateurs. » 

À cette théorie du droit, Molinari ajoute les conclusions des économistes libéraux classiques, qu’il pousse à la limite de leur logique.
 
Tout ce qui est demandé peut être produit sur le marché. Dans Les soirées de la rue Saint-Lazarre, qui se présente comme un dialogue socratique entre un socialiste, un conservateur et un économiste c’est-à-dire un libéral, Molinari explique que, la propriété étant le fondement des « lois naturelles, immuables et absolues » qui gouvernent la société, la liberté du travail et la liberté contractuelle favorisent l’intérêt de tous, le libre-échange est efficace, « l’intervention du gouvernement dans la production est toujours nécessairement nuisible », même dans la production de la monnaie. Le domaine public et les routes pourraient être avantageusement privatisés: des entrepreneurs formeraient des compagnies immobilières pour construire des villes, des routes et les autres biens publics que les individus recherchent, et demanderaient un loyer aux clients qui s’y établiraient. 

La justice et l’efficacité du marché valent aussi pour la protection ou sécurité publique. Se présentant comme un « économiste radical », Molinari exposa d’abord cette thèse anarcho-capitaliste dans deux oeuvres parues en 1849, son ouvrage Les soirées de la rue Saint- Lazarre et son célèbre article « De la production de la sécurité » publié dans le Journal des Économistes

« Ou le communisme vaut mieux que la liberté, et, dans ce cas, il faut organiser toutes les industries en commun, dans l’État ou dans la commune.
Ou la liberté est préférable au communisme, et, dans ce cas, il faut rendre libres toutes les industries encore organisées en commun, aussi bien la justice et la police que l’enseignement, les cultes, les transports, la fabrication des tabacs, etc... » 

Reconnaître au gouvernement un monopole de la production de la sécurité est incompatible avec le principe général des avantages de la libre concurrence. Le monopole étatique de la sécurité débouche sou- vent sur le communisme et toujours sur la terreur et la guerre. Il faut lutter pour « la liberté de gouvernement » en laissant le marché organiser et fournir la sécurité. 

Contrairement à la société, un « fait purement naturel » répondant aux besoins des hommes et à leur instinct de sociabilité, le gouverne- ment est une institution « artificielle », dont l’objet est de « garantir à chacun la possession paisible de sa personne et de ses biens », de pourvoir au besoin de sécurité qu’engendrent la violence et la ruse de certains individus. Le gouvernement est donc nécessaire mais le principe économique des avantages de la libre concurrence s’y applique: le gouvernement même doit être concurrentiel, « la production de la sécurité doit, comme toute autre, être soumise à la loi de libre concurrence ». 
 
« Un seul gouvernement, explique-t-il, n’est pas plus nécessaire pour constituer l’unité d’un peuple, qu’une seule banque, un seul établissement d’éducation, un seul culte, un seul magasin d’épiceries, etc. » 

Les seuls autres principes qui puissent gouverner « l’industrie de la sécurité », et qui la gouvernent de nos jours, sont « ceux du monopole et du communisme ». Aucune raison ne justifie de faire du gouvernement, de l’industrie de la sécurité, une exception au principe que la libre concurrence est préférable au monopole et au communisme. 

Les gouvernements, dit Molinari, ne savent pas mieux gouverner que les gens eux-mêmes. Il conçoit une société où, comme tous les autres biens et services, la sécurité serait librement échangée sur le marché. Pour prévenir ou réprimer les agressions contre lui, un individu achèterait des services de sécurité auprès du producteur ou assureur de son choix. « Chacun s’abonnerait à la compagnie qui lui inspirerait le plus de confiance et dont les conditions lui sembleraient les plus favorables », écrivait-il aussi dans Les soirées de la rue Saint-Lazarre. Un individu pourrait évidemment choisir de se protéger lui-même, mais les avantages de la division du travail joueraient là comme ailleurs. Les consommateurs jetteraient leur dévolu sur des fournisseurs offrant des conditions économiques intéressantes et aussi des « garan- ties morales » de justice. Chacun accepterait de se soumettre à sa compagnie de sécurité au cas où il se rendrait lui-même coupable de « sévices contre les personnes ou les propriétés », et tous accepteraient « certaines gênes » pour faciliter le travail de la justice. 

Molinari croyait que des monopoles territoriaux apparaîtraient naturellement dans le marché de la sécurité. Mais ils ne mettraient en péril ni la justice ni l’efficacité puisque chaque producteur voudrait conserver la loyauté de sa clientèle devant les concurrents en puissance, qui n’attendraient qu’un signal d’insatisfaction des clients pour pénétrer dans le marché: « En cas d’une augmentation abusive du prix de la sécurité, [les consommateurs] auront, en effet, toujours la faculté de donner leur clientèle à un nouvel entrepreneur, ou à l’entrepreneur voisin. » 
 
Si, comme l’écrit Molinari, « la production de la sécurité doit, dans l’intérêt des consommateurs de cette denrée immatérielle, demeurer soumise à la loi de la libre concurrence », il résulte qu’« aucun gouvernement ne devrait avoir la droit d’empêcher un autre gouverne- ment de s’établir concurremment avec lui, ou d’obliger les consom- mateurs de sécurité de s’adresser exclusivement à lui pour cette denrée ». La concurrence entre les monopoles régionaux de facto détenus par diverses compagnies de sécurité dont aucune ne détiendrait de monopole de jure produirait la liberté de gouvernement. 

La guerre et l’oppression disparaîtront avec l’organisation mono-polistique qui les maintient: « De même que la guerre est la conséquence naturelle du monopole, la paix est la conséquence naturelle de la liberté. » L’autorité que les consommateurs délèguent à leurs producteurs de sécurité sera une « autorité acceptée et respectée au nom de l’utilité et non l’autorité imposée par la terreur ». « Nous sommes bien convaincus [...], écrivait Molinari en conclusion de son article de 1849, que des associations s’établiront un jour pour réclamer la liberté de gouvernement, comme il s’en est établi pour réclamer la liberté de commerce ». 

Les libertariens d’aujourd’hui perpétuent cette union entre l’anarchisme et le capitalisme, quoique l’éventail des idées libertariennes embrasse un vaste courant dont l’anarcho-capitalisme n’est que la fine pointe. 




L’anarcho-capitalisme
Conclusion 
L’anarcho-capitalisme affirme que l’anarchie qui a partie liée avec le capitalisme est possible et désirable. C’est un courant de pensée riche qui fait appel à des théories politiques et économiques parmi les plus avancées de notre temps. Réhabilitant à la fois la valeur du capitalisme et la faisabilité de l’anarchie, l’anarcho-capitalisme rénove et le vieux rêve libertaire et l’idéal libéral. 

Il y a une belle continuité entre Mercier de la Rivière, qui voyait que, sous le régime de l'intérêt individuel, « Le monde va alors de lui- même », et Murray Rothbard, pour qui « L’impôt est du vol pur et simple », en passant par les fortes tirades de Lysander Spooner sur les lois de « nos soi-disant ambassadeurs, ministres, présidents et séna- teurs » qui « n’imposent pas plus d’obligations que n’en créent les ententes que les brigands, les bandits et les pirates jugent utile de conclure entre eux ». 

Bien qu’inachevée et souffrant d’incohérences parmi ses différentes école, l’anarcho-capitalisme demeure une doctrine séduisante qui impose une remise en question des idées collectivistes, étatistes et égalitaristes qui ont tant marqué le XXe siècle. L’anarcho-capitalisme met en lumière les grandeurs et les limitations du libéralisme et de l’anarchisme dont il procède. Il fournit un modèle et une Utopie libérale. Il apporte une contribution heuristique majeure à l’économie, à l’éthique, au droit et à la politique. La contribution de l’anarcho- capitalisme se limitera-t-elle à cela, ou peut-on espérer que l’avancement de l’humanité et le progrès de la civilisation consommeront un jour le mariage des deux grands idéaux modernes que sont l’anarchisme et le libéralisme?

 Anarcho-capitalisme

De Wikiberal
L'anarcho-capitalisme est la combinaison du libéralisme ainsi que d'une philosophie individualiste : une philosophie individualiste du droit basée sur la non-agression.
Sont légitimes toutes les interactions entre adultes consentants ; sont illégitimes toutes les atteintes à la propriété d'un tiers non consentant.
Les anarcho-capitalistes considèrent que nul ne peut déléguer à autrui que des droits qu'il possède individuellement, et que nul n'ayant le droit d'agresser autrui et de lui imposer ses valeurs, nul n'a a fortiori le droit d'investir un État de ce droit.
Un État ne saurait avoir de légitimité qu'auprès de ceux qui l'auraient individuellement accepté - c'est pourquoi les contributions obligatoires (impôts directs et indirects, etc.), les règlementations étatiques (législation, décrets, mesures administratives, etc.) sont illégitimes, à moins de ne s'appliquer qu'à ceux qui les acceptent volontairement, auquel cas elles perdent leur caractère obligatoire et étatique. Une autre façon de présenter leurs idées est donc la panarchie

Origine du terme "anarcho-capitalisme"

Bien que la notion d'anarcho-capitalisme existe depuis le XIXe siècle (publication en 1849 de De la production de la sécurité par Gustave de Molinari dans le Journal des économistes, premier exposé de l'anarcho-capitalisme), le terme a été inventé par Murray Rothbard autour de 1950. A cette époque, Rothbard se rend compte, au cours de discussions avec des étudiants de gauche, de la contradiction qu'il y a à être partisan à la fois d'une économie de marché libre à tous points de vue et d'une police d'État :
« Ma position dans son ensemble était incohérente. Il n'y avait plus que deux possibilités logiques : le socialisme, ou l'anarchisme. Comme il était hors de question pour moi de devenir socialiste, une logique irrésistible m'a conduit à être un anarchiste de la propriété privée, ou comme je devais l'appeler plus tard, un anarcho-capitaliste. »
    — Murray Rothbard
On devrait sans doute préférer le terme d'anarchisme de marché, car le terme de capitalisme garde un sens historique de capitalisme en complicité avec l'État.

Libéralisme

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Les anarcho-capitalistes rejettent la vision selon laquelle il y aurait une sphère d'activité économique et une sphère d'activité politique.
C'est l'État qui, pour des raisons fiscales, appelle « économiques » les activités qu'il peut exploiter (taxer, réglementer à son profit), « politiques » les activités qu'il promeut aux dépens des exploités, et « personnelles » les activités qui lui échappent. Pour eux, il faut abolir l'agression des citoyens par l'État, et alors la sphère « politique » est réduite à néant, cependant que la distinction entre « personnel » et « économique » devient non pertinente, puisque tout échappe au parasitisme fiscal.
Pour eux, l'économie est une science, un point de vue sur l'ensemble de l'activité humaine.
Ils se réclament comme successeurs de l'école libérale classique (dont le meilleur représentant selon eux est Frédéric Bastiat), et de l'école autrichienne (dont le meilleur représentant est Ludwig von Mises).
Ils se réclament d'ailleurs de Gustave de Molinari, successeur de Bastiat, et de Murray Rothbard, successeur de Mises, qui sont allés jusqu'au bout du libéralisme, en refusant complètement toute légitimité à l'État.
Pour eux, l'économie qui a un sens est la praxéologie, l'étude logique de l'action humaine. Ils rejettent les points de vue étatistes sur l'économie, tels que développés par les néo-classiques, économétristes, statisticiens, keynésiens et marxistes.

Capitalisme

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Les anarcho-capitalistes sont capitalistes dans le sens qu'ils revendiquent un système où chaque être humain est pleinement propriétaire de lui-même, des fruits de son travail, et de ce qu'il a obtenu de la coopération volontaire d'autrui, par échange ou par don.
Tout être humain est aussi comptable de ses actes, tenu par les engagements qu'il prend, responsable des pertes de son travail, et débiteur pour les torts qu'il a causé à des tiers non consentants.
Est un capital tout ce qui reste du travail et qui n'a pas été consommé immédiatement - le capital appartient donc à celui qui l'a créé. Toute propriété est un capital. Chacun est propriétaire du capital qu'il a créé. La mise en commun du capital, la répartition des tâches et des responsabilités, la spécialisation des compétences et l'échange des services sont des moyens complémentaires d'être plus productif, i.e. de produire davantage de satisfactions. Et la garantie que ces moyens bénéficient à tous est que chacun peut décider librement de participer ou de ne pas participer aux termes de l'accord — c'est le caractère volontaire d'un accord qui est garant tout à la fois et de sa légitimité et de son caractère bénéfique.
Une autre façon de comprendre l'anarcho-capitalisme est donc le volontarisme.

Individualisme

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Leur ontologie est individualiste, et en cela ils sont proches des libéraux, y compris des minarchistes, et aux antipodes des socialistes, collectivistes, etc.
Si les anarcho-capitalistes rejoignent les anarchistes socialistes quant à la critique de l'État, cependant ils rejettent le collectivisme libertaire qui est une des tendances de l'anarchisme, qui n'aboutit selon eux qu'à recréer l'État sous des noms nouveaux (syndicats, communautés...).
Individualisme et collectivisme sont donc plus essentiels qu'anarchisme et étatisme pour définir la façon de penser des gens.
On peut donc aussi comprendre l'anarcho-capitalisme comme un individualisme radical.
La partie « capitalisme » de l'anarcho-« capitalisme » n'est évidemment pas un capitalisme d'État, mais un système d'échanges entre individus consentants ou entre organisations volontaires (une entreprise n'étant vue que comme un « ensemble de contrats »). Cela n'empêche aucunement l'existence de communautés pratiquant un socialisme volontaire avec propriété commune, tant que celui-ci n'est pas coercitif.

Anarchisme

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L'État n'ayant aucune justification doit être aboli, l'ensemble de ses fonctions étant confié au secteur privé (éducation, santé, défense, justice, police, monnaie, etc). La justice est alors rendue par des tribunaux arbitraux. La monnaie est créée par des monnayeurs. Ces monnayeurs peuvent être des banques libres.
L'anarchisme des anarcho-capitalistes diffère de celui des anarcho-communistes (ou -syndicalistes) qui prônent l'abolition de toute propriété privée, ce qui pour les anarcho-capitalistes est une absurdité. En effet, une société sans propriété privée serait caractérisée par l'interdiction systématique d'employer quelque ressource que ce soit sans l'accord de tout le monde, de sorte que, comme le dit Hans-Hermann Hoppe, « littéralement personne ne serait jamais autorisé à faire quoi que ce soit avec quoi que ce soit ».
Pour les anarcho-capitalistes, la propriété privée n'est pas quelque chose qui serait institué par l’État (et donc qui disparaîtrait en même temps que l’État dans un contexte anarchiste), c'est un état de choses qui apparaît naturellement (au même titre que l'échange) dans le contexte de rareté des biens qui est celui de la condition humaine. La propriété peut également devenir collective dès lors qu'il y a consentement des acteurs concernés.

Les tendances

On peut distinguer au moins deux tendances anarcho-capitalistes :
La différence principale entre les deux est que les jusnaturalistes invoquent des principes a priori, comme la non-agression, pour indiquer ce qui est "bon socialement", alors que les utilitaristes s'en remettent entièrement au marché pour le découvrir a posteriori. Les uns sont ainsi plutôt kantiens, les autres davantage hayekiens.
Par exemple, pour un jusnaturaliste le droit appliqué dans la société devrait être le même partout, comme reflet d'un droit naturel unique, les seules différences d'une juridiction à l'autre relevant de la convention ou de la procédure. Pour un utilitariste à la Friedman, chaque tribunal privé applique son propre droit et donc plusieurs législations peuvent coexister dans une même société (ces législations pourraient, ou non, converger vers une espèce de droit naturel).

Questions et objections fréquentes

Parce que l'anarcho-capitalisme constitue une rupture de paradigme par rapport au modèle d'organisation étatique, il suscite d'innombrables questions. Trouvez quelques réponses dans la FAQ anarcho-capitaliste.

Auteurs

Voir aussi anarcho-capitalistes.




4 commentaires:

Joël Ammann a dit…

Je n'arrive pas à penser autrement le fait que les anarcap sont des extrémistes. Donc fatalement non, je ne pense pas que cela soit un idéal de société.

Oliver J. Whale a dit…

Extrêmistes, et alors ? On a juste extrêmement raison.

Thierry Falissard a dit…

Je n'arrive pas à penser autrement que les prétendus "libéraux" sont des extrémistes. Ils croient que l'étatisme peut être un idéal de société.

sgeyres a dit…

Nous ne sommes pas des extrémistes, mais des exigeants d'une liberté extrême, la vôtre autant que la nôtre. Par contre, les "non-extrémistes" étatiques qui se soucient de leur non-liberté, nous imposent de ce fait cette même non-liberté. Fâcheuse dysmétrie.

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