L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
The Metropolitan Museum of Art / Domaine public
L’Hermione approche des côtes américaines. La réplique du navire qui
emmena en 1780 La Fayette se battre pour l’indépendance américaine au
côté de George Washington, doit arriver à Yorktown le 5 juin.
"La fin du voyage approche à grands pas", écrit le blogueur embarqué sur l'Hermione. "La
mâture a été prise d'assaut par les gabiers qui s'offrent une dernière
ascension au grand large pour profiter de l'horizon infini sur l'océan",
poursuit-il. Sauf vents contraires, la frégate accostera le 5 juin
à Yorktown, pour la première de ses onze escales sur la côte est.
Yorktown, une escale chargée de symboles, puisque les Américains et
leurs alliés français y ont remporté la bataille décisive contre l’armée
anglaise, le 19 octobre 1781. François Hollande et Barack Obama parlent
du trois-mâts comme du symbole de "plus de deux siècles d’amitié" entre les deux pays.
A) « L’Hermione » prête à mettre le cap sur les côtes américaines par Elsa Dicharry - les echos.fr
B) La motion La Fayette (11 juillet 1789) - Sur la page pour une démocratie libérale (3/21) (Droits de l'Homme)
D) L'Hermione frégate de la honte - Facebook groupe
E) L'Hermione : un voyage à 6 millions - par Agnès Lanoëlle - Sud-Ouest
F) Première sortie en mer pour l'Hermione, réplique du navire de La Fayette - par Chloé Lottret - bateaux.com
G) La Fayette et l’Hermione, héros de l’Indépendance américaine - Emmanuelle GIULIANI - la-croix
H) Avant l’Hermione, La Fayette et la Victoire partaient de Bordeaux - par Ludovic Lamarque - rue89bordeaux
I) La Fayette de Wikiberal
A) « L’Hermione » prête à mettre le cap sur les côtes américaines
La réplique de la frégate française, qui emmena en 1780 le marquis de La Fayette en Amérique, mettra à son tour les voiles samedi pour traverser l’Atlantique. Une grande fête populaire en perspective.
Des dizaines de milliers de personnes sont
attendues ce samedi entre Port-des-Barques et Fouras, à l’embouchure de
la Charente, pour assister au départ de « L’Hermione ». La réplique de
la frégate française qui emmena, en 1780, le marquis de La Fayette en
Amérique, doit larguer les amarres à 22h30 précises et partir à l’assaut
de l’Atlantique, après qu’un grand spectacle pyrotechnique aura salué
son départ. Auparavant, « L’Hermione » venant de l’île d’Aix qu’elle
aura quittée à 16 heures, fera un demi tour sur la Charente au niveau de
Soubise avant de rejoindre son mouillage à 20h30. Elle sera escortée
d’autres embarcations, notamment du trois mâts Belem.
Un moment fort
pour Benedict Donnelly, le président de l’association Hermione-La
Fayette, à l’origine de la construction du bateau dans l’arsenal de
Rochefort. « Nous n’avions pas prévu d’être nous même armateur et société de navigation », raconte-t-il, mais aucune entreprise n’a voulu prendre le risque de faire naviguer cette frégate qui nécessite de monter « à 47 mètres de hauteur pour toutes les manœuvres » et dont « l’équipage est mixte », avec 78 personnes à bord, des hommes et des femmes, parmi lesquels 15 professionnels et 63 volontaires.
7.500 miles marins à parcourir
Au XVIIIe siècle, 200 personnes composaient l’équipage du bateau et les manœuvres étaient par conséquent plus rapides. « Prendre des ris [réduire la surface d’une voile en la repliant en partie, NDLR] dans les hunes [plates-formes intermédiaires dans les mâts du bateau, NDLR] dans de bonnes conditions météo, c’est de 3 à 4 heures de travail avec tout l’équipage en haut, explique Yann Cariou, l’actuel capitaine de « L’Hermione ». A l’époque, ils devaient mettre une demi-heure ».
Mais, les marins du XVIIIe siècle ne bénéficiaient pas des prévisions
actuelles permettant de ne pas se laisser surprendre par du gros temps.
Au
total, « L’Hermione » doit parcourir 7.500 miles marins, soit 13.000
kilomètres. Le bateau fera une première escale aux Canaries, du 6 au 9
mai, où aura lieu une relève d’équipage. Puis il s’élancera en direction
des Etats-Unis, et à l’issue d’une traversée de 27 jours gagnera les
côtes américaines à Yorktown – berceau de l’indépendance américaine –,
en Virginie, le 5 juin. Il fera ensuite étape à Mount Vernon,
Alexandria, Annapolis, Baltimore, Fort Mifflin, Philadelphie, New York,
Greenport, Newport, Boston et Castine.
« Mouvement extraordinaire » aux Etats-Unis
« Il était difficile de susciter beaucoup d’enthousiasme avant de
savoir quand le bateau allait venir. Maintenant le mouvement est
extraordinaire » outre-Atlantique, note John Crawford,
vice-président de la fondation Hermione. De fait, le marquis de La
Fayette, qui vint apporter la nouvelle du soutien du roi de France aux
insurgés américains, reste un mythe aux Etats-Unis. « Au Congrès,
siège de tous les grands moments de la vie politique du pays, il n’y a
que deux portraits : celui de Washington et celui de Lafayette », rappelle-t-il.
A
New York, raconte la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, qui a
soutenu le projet pendant des années en tant que présidente de la région
Poitou-Charentes, « la frégate de la liberté passera le 4 juillet [jour de la fête nationale, NDLR] devant la statue de la liberté ». Tout un symbole.
«
L’Hermione » poursuivra ensuite sa route jusqu’à Saint-Pierre et
Miquelon où elle est attendue le 23 juillet, après une escale au Canada.
Puis repartira vers la France continentale, avec une arrivée à Brest
programmée entre le 10 et le 17 août.
B) La motion La Fayette (11 juillet 1789)
La nature a fait les hommes libres et égaux ; les distinctions nécessaires de l'ordre social ne sont fondées que sur l'utilité générale.Tout homme naît avec des droits inaliénables et imprescriptibles ; telles sont la liberté de toutes ses opinions, le soin de son honneur et de sa vie ; le droit de propriété, la disposition entière de sa personne, de son industrie, de toutes ses facultés ; la communication de ses pensées par tous les moyens possibles, la recherche du bien-être et la résistance à l'oppression.L'exercice des droits naturels n'a de bornes que celles qui en assurent la jouissance aux autres membres de la société.Nul homme ne peut être soumis qu'à des lois consenties par lui ou ses représentants, antérieurement promulguées et appliquées.Le principe de toute souveraineté réside dans la nation.Nul corps, nul individu ne peut avoir une autorité qui n'en émane expressément.Tout gouvernement a pour unique but le bien commun. Cet intérêt exige que les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, soient distincts et définis, et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agents et l'impartialité des juges.Les lois doivent être claires, précises, uniformes pour tous les citoyens.Les subsides doivent être librement consentis et proportionnellement répartis.Et comme l'introduction des abus et le droit des générations qui se succèdent nécessitent la révision de tout établissement humain, il doit être possible à la nation d'avoir, dans certains cas, une convocation extraordinaire de députés, dont le seul objet soit d'examiner et corriger, s'il est nécessaire, les vices de la constitution.
«Défenseur
de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne, en
venant comme ami offrir mes services à cette république si intéressante,
je n'y porte que ma franchise et ma bonne volonté, nulle ambition, nul
intérêt particulier;
en travaillant pour ma gloire, je travaille pour leur bonheur. […] Le
bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ;
elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de
l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté
Lorsque la population parisienne s’est levée spontanément pour repousser l’agression et reconquérir ses droits, nos droits à tous, les imprescriptibles droits du genre humain, elle a daigné se souvenir d’un vieux serviteur de la cause des peuples : en me proclamant son chef, en associant mon nom à ses triomphes, elle a récompensé les vicissitudes d’une vie entière. [En 1789] naquit le funeste système de division et d’anarchie dont vous connaissez les déplorables suites. […] Mais le sens exquis de la population actuelle nous préservera de ce malheur. […] Vous êtes les élèves de la révolution et votre conduite dans les grandes journées de gloire et de liberté vient d’en montrer la différence
C’est à l’heure du danger que je souhaite partager votre fortune. Je ne veux obtenir de vous qu’une seule faveur, celle de me battre comme un simple soldat, volontaire et sans solde. Je suis ici pour apprendre et non pour enseigner. "
Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette
Marquis de Lafayette
Par
Jacques de Guénin. Un article de l'Institut Coppet. Pendant la plus
grande partie du vingtième siècle, une culture d'inspiration jacobine ou
marxiste a imprégné le pouvoir, l'administratio...
Homme
politique franais, n en 1757 Chavaniac en Auvergne, mort en 1834. Le
fameux La Fayette nous voici! , attribu tort au gnral Pershing, fut en
fait prononce le 4 juillet 1917 par le colonel ...
À
17 ans, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, est à Versailles.
Possédant une immense fortune et introduit par son mariage dans une
famille puissante et proche de Louis XVI, il a tout pour...
Vous voulez savoir d’où est venue cette idée,
comment elle s’est mise en place dans la ville de Rochefort et depuis
quand cette association est impliquée dans ce projet gigantesque, alors
rien de tel qu’un peu de lecture sur le site de l’association en
question :
http://www.hermione.com/projet/l-hi...
vous voulez savoir comment un équipage a été formé pour mener ce bateau jusqu’aux Etats-Unis, alors il suffit de regarder le reportage que lui a consacré France 2 :
https://www.youtube.com/watch?v=4qN...
Vous voulez voir quelques photographies des différentes étapes de la construction de ce bateau, alors il suffit de voir ce petit film :
https://www.youtube.com/user/HERMIO...
Vous préférez voir comment le peintre Joseph Vernet représentait les frégates de l’époque, alors rendez-vous sur l’excellent site du musée de la marine, et notamment sur le tableau "le port de Toulon" :
http://www.musee-marine.fr/virtuel/...
vous voulez savoir comment un équipage a été formé pour mener ce bateau jusqu’aux Etats-Unis, alors il suffit de regarder le reportage que lui a consacré France 2 :
https://www.youtube.com/watch?v=4qN...
Vous voulez voir quelques photographies des différentes étapes de la construction de ce bateau, alors il suffit de voir ce petit film :
https://www.youtube.com/user/HERMIO...
Vous préférez voir comment le peintre Joseph Vernet représentait les frégates de l’époque, alors rendez-vous sur l’excellent site du musée de la marine, et notamment sur le tableau "le port de Toulon" :
http://www.musee-marine.fr/virtuel/...
L'Histoire, l'amitié franco-américaine, la liberté, la république, et
tous les grands principes (fussent-ils lumineux), l'évocation de grands
hommes (comme La Fayette, Washington, etc.) qui ont fait
indiscutablement progresser l'humanité, toutes choses dont on va nous
bassiner pendant des semaines tout au long du voyage de la réplique de
l'Hermione, ne nous feront pas perdre notre objectivité et ne nous
empêcheront pas, au nom précisément de la LIBERTÉ, que cela plaise ou non
aux fanatiques, de dire haut et fort à la gouvernance de l'Hermione
notre point de vue sur les forces, les faiblesses et les aspects honteux
qui continuent d’entacher le projet de l'Hermione :
- Laissez les touristes et les promeneurs voir librement et gratuitement l'extérieur de l'Hermione à Rochefort !
- Rendez des comptes transparents et publiquement aux citoyens-contribuables !
- Donnez à ce bateau, qui ne doit pas être un musée immobile, les moyens pratiques d'entrer et de sortir aisément de sa forme pour sillonner les mers du globe. L'Hermione doit naviguer, non seulement pour aller aux USA et en revenir, mais après, pendant vingt ans ou plus. Soit on règle définitivement le problème de la vase, soit on affecte définitivement à la frégate un autre port d'attache ! En aucun cas l'Hermione ne doit être transformée en un "Dysneyland" local, quel qu'il soit !
- Entretenez l'arsenal de Rochefort et rendez-lui son charme !
- Acceptez modestement l'évidence, l'Hermione n'est pas une réplique à l'identique : l'Hermione n'a pas été construite en tout point dans le respect des plans historiques ni même des plans initiaux élaborés pour sa reconstruction, avec des matériaux et selon des techniques conformes aux exigences et aux règles de l'art de l'architecture navale ! Ceci est fâcheux d'un point de vue historique mais aussi du point de vue de la navigabilité à plus ou moins long terme de ce bateau !
Bon vent et longue vie active à l'Hermione.
"La « palissade de la honte », comme l’ont baptisée ses détracteurs, entourant le chantier payant de la frégate, devrait tomber, a annoncé l’adjoint aux commerces Gérard Pons lors de l’assemblée générale des commerçants du centre-ville." (SO).
Nous sommes évidemment au tout premier rang des détracteurs de cette honteuse palissade depuis qu'elle existe.
Si cette annonce se confirme notre travail d'information et de dénonciation de la connerie trouvera là une grande et juste récompense.
Pour autant nous ne rendrons pas les armes car d'autres combats devront sans doute encore être menés et de toute façon la vigilance et l'intelligence sont les principes qui nous animent. http://www.sudouest.fr/…/la-palissade-en-sursisles-commerca…
E) L'Hermione : un voyage à 6 millions
De la nourriture aux frais d’escale en passant par le gazole, Français et Américains se partagent à égalité le budget du trajet aux Amériques.
Un voyage à 6 millions d'euros.Le coût de la traversée de « L'Hermione » vers les États-Unis, dont le départ est prévu le 18 avril prochain, a longtemps fait tousser sur les bords de Charente. Un montant d'autant plus impressionnant qu'il représente un quart du coût de la frégate elle-même, assurée pour 25 millions d'euros.
Après plusieurs années de flottements et de recherches vaines de financements, le feu vert pour une excursion en 2015 sur la côte est des États-Unis a finalement été donné l'an passé. À quelques semaines du grand départ, le budget est presque bouclé. Il manquerait encore 400 000 euros côté français, confiait il y a quelques jours le président de l'association Hermione-La Fayette, Benedict Donnelly. Après avoir longtemps tardé à mettre la main à la poche, les Américains ont fini par donner leur accord pour participer à hauteur de 50 % des frais du voyage.
Levées de fonds
Aux Français revient donc le budget de la navigation à proprement parler, soit 3 millions d'euros financés à hauteur de 1,5 million par la Région, le Département et la communauté d'agglomération Rochefort Océan (le reste étant pris en charge par l'association). Cela comprend les frais d'équipage composé d'une centaine de volontaires (formation, nourriture, habillement, rémunération des marins professionnels…), mais aussi les frais des escales techniques, le gazole, les assurances ou encore le coût des liaisons par satellite. Aux Américains le budget des différentes escales.Attendue le 5 juin à Yorktown, « L'Hermione » doit effectuer une dizaine d'escales de Philadelphie à Boston, en passant par New York. Hormis la réalisation d'une exposition itinérante, le programme précis des festivités n'a pas encore été dévoilé. Contrairement à la France, les Américains ne sollicitent pas de fonds publics. Créée spécialement pour lever des capitaux, l'association Friends of Hermione-Lafayette in America multiplie depuis quelques semaines les galas le long de la côte est.
Voyage en Inde
À ce jour, les Américains auraient réussi à mobiliser un peu plus de 1
million d'euros. Plusieurs soirées sont prochainement programmées en
Floride et à Newport pour espérer boucler le budget. « Le buzz commence à
monter. Chaque port est soutenu par un comité qui travaille en
coordination avec notre association. Nous sommes tous très heureux de
savoir qu'elle viendra nous rendre visite. L'histoire qu'elle représente
et le travail qu'il a fallu pour accomplir ce rêve sont des éléments
qui parlent beaucoup à l'esprit de l'Amérique », s'enthousiasme Marc
Jensen, membre actif de l'association Friends of Hermione-Lafayette
chargé des opérations maritimes, qui embarquera à bord de « L'Hermione »
le 18 avril.
À quelques semaines du jour J, la question financière (qui n'a jamais cessé de faire polémique entre les artisans du projet et les sceptiques) reste cruciale. Ce qui explique aussi pourquoi « L'Hermione » ne pourra pas naviguer tout le temps. De retour fin août dans son port d'attache, Rochefort, elle retrouvera la tranquillité d'un chantier-spectacle qui rapporte. Avant de repartir peut-être en 2017 pour un deuxième grand voyage vers l'Inde.
L'Hermione nécessita 11 mois de travail, réalisé par des centaines d'artisans (charpentiers, forgerons, perceurs, cloueurs, calfats) et de bagnards.
C'est en se basant sur les plans d'un navire jumeau de l'Hermione – les originaux ayant disparu – et sur des peintures que la frégate a pu être reconstruite, l'original ayant coulée en 1793. La somme investie dans ce projet est de 25 millions d'euros, financée par les visiteurs du chantier de mais aussi par les collectivités et le crowfunding.
L'équipage, composé de 18 professionnels et 54 volontaires, ont passé leur première nuit à bord, même s'ils vivent dans le bateau depuis le 1er septembre. Ce sont plusieurs semaines d'entrainement qui attendent l'Hermione avant de prendre le départ direction l'Amérique.
La Fayette est de retour en France en février 1779 mais reprend la mer l’année suivante, au sein d’un corps expéditionnaire français, placé sous les ordres de Rochambeau. Débarqué à Boston après un voyage à bord de l’Hermione le 28 avril 1780, il participe au siège de Yorktown : les Anglais capitulent le 19 octobre.
De retour en France, le soldat cède la place au diplomate. En lien avec Benjamin Franklin, La Fayette tente d’empêcher l’Angleterre de signer une paix séparée avec les États-Unis.
Le 28 juin 1784, il s’embarque une nouvelle fois pour les États-Unis, où il est considéré désormais comme un héros. Il y retournera d’ailleurs, bien des années plus tard, en 1824, et sera reçu comme un « hôte de la nation ». Cette formidable popularité américaine du marquis de La Fayette, s’incarne aujourd’hui encore sur le sol américain : aux États-Unis, 31 villes et 17 comtés portent son nom.
►L’Hermione, une frégate au service de l’Indépendance
C’est le 10 mars 1780 que le marquis de La Fayette embarque sur la frégate Hermione qui a été mise à la mer un an auparavant. L’équipage est commandé par Louis René Magdeleine Le Vassor de La Touche. La traversée de l’Atlantique prend 38 jours et, le 28 avril, La Fayette débarque à Boston. Mais la vaillante frégate qui a acheminé le marquis n’en a pas fini avec sa mission en Amérique. Elle reprend la mer le 14 mai 1780 pour effectuer une mission de surveillance qui la conduit de la baie de Boston à celle de Penolscot.
Moins d’un mois plus tard, alors que l’Hermione croise près de Long Island, elle livre bataille contre une frégate anglaise, l’Iris. Le bâtiment français est touché, l’équipage déplore dix morts et près de 40 blessés dont La Touche mais les Anglais sont défaits. Les annales mentionnent que l’Hermione a tiré 260 coups de canons en moins de deux heures de combat !
Un an plus tard, le 16 mars 1781, la frégate est à nouveau au cœur d’une bataille contre les Anglais dans la baie de Chesapeake et, le 4 mai, elle a l’honneur d’accueillir à son bord le Congrès Américain. Elle s’illustrera encore dans une autre bataille, le 21 juillet de la même année, à Louisbourg au Canada.
Après ses années héroïques dans le Nouveau Monde, l’Hermione est de retour à Rochefort le 25 février 1782. Pourtant sa carrière n’est pas finie. Elle escorte notamment des navires marchands jusqu’en Inde. En 1793, le bateau heurte des hauts-fonds au large du Croisic : le capitaine Pierre Martin qui la commande demande à l’équipage d’évacuer et la glorieuse frégate sombre peu après.
L’Hermione retrouve ainsi son aïeul mythique, l’Océan, puisque, on le rappelle, la frégate porte le nom d’une princesse grecque, fille du roi Ménélas et de la belle Hélène, elle-même engendrée par l’Océan...
Emmanuelle GIULIANI
À quelques semaines du jour J, la question financière (qui n'a jamais cessé de faire polémique entre les artisans du projet et les sceptiques) reste cruciale. Ce qui explique aussi pourquoi « L'Hermione » ne pourra pas naviguer tout le temps. De retour fin août dans son port d'attache, Rochefort, elle retrouvera la tranquillité d'un chantier-spectacle qui rapporte. Avant de repartir peut-être en 2017 pour un deuxième grand voyage vers l'Inde.
Suivez Anthéa lors de son voyage 2015 aux USA
avec L'Hermione sur le BLOG
F) Première sortie en mer pour l'Hermione, réplique du navire de La Fayette
En 1997, l'Association Hermione-La Fayette s'est lancé le défi de reconstruire la frégate Hermione, à bord de laquelle La Fayette s'était rendu en Amérique en 1780, aux côtés des insurgés, luttant pour leur indépendance. La frégate a quitté le port de Rochefort le dimanche 7 septembre pour sa toute première navigation.
Un navire symbole de liberté
En 1776, les insurgés américains militent pour l'indépendance des colonies anglaises en Amérique du Nord. Complétement rallié à la cause des militants, Gilbert Mortier, Marquis de la Fayette, se charge de leur obtenir le soutien de la France et convainc Louis XVI d'apporter une aide militaire et financière aux troupes du Général Washington. Le 21 mars 1780, le jeune major-général de La Fayette embarque à bord de l'Hermione pour rejoindre les insurgés américains et combattre à leurs côtés. Après 38 jours de traversée, il informe le Général Washington de l'arrivée des renforts français et dix-huit mois plus tard, il remporte de nombreuses victoires aux côtés des américains.Un navire réalisé en presque un an par des centaines d'ouvriers
C'est en 1778 que l'Hermione est mise en chantier dans l'arsenal de Rochefort. Construite sur les plans de l'ingénieur Chevillard Aîné, le navire mesure plus de 65 mètres hors tout et son plan de voilure de 1 500 m2 est réparti sur trois mâts. Elle appartient à la catégorie des frégates dîtes légères, ce qui lui permet d'être rapide et maniable. A son bord sont installés 26 canons tirant des boulets de 12 livres, qui lui ont d'ailleurs valu le nom de "frégate de 12".L'Hermione nécessita 11 mois de travail, réalisé par des centaines d'artisans (charpentiers, forgerons, perceurs, cloueurs, calfats) et de bagnards.
Apporter un témoignage de l'histoire navale française
Pour l'association Hermione-La Fayette, reconstruire la frégate, c'était apporter un témoignage de l'histoire navale française, un symbole de la fraternité franco-américaine, mais aussi du patrimoine exceptionnel de la ville de Rochefort. En juillet 1997, l'association décide donc de se lancer dans la reconstruction du navire a bord duquel La Fayette rejoignit les insurgés pour combattre à leurs côtés dans leur quête d'indépendance. L'idée serait également de réaliser une traversée de l'Atlantique sur les traces de La Fayette, depuis Rochefort jusqu'à Boston.Construire un navire du XVIII avec des contraintes actuelles
Pour l'association Hermione-La Fayette, le but était de reconstruire le plus fidèlement possible la frégate, mais en tenant compte des réglementations actuelles en matière de navigabilité d'un navire de plus de 65 mètres de long, munit de trois mâts et d'une voilure de 2 200 m2. L'Hermione aura nécessité 17 années de travail, 2 000 chênes sélectionnés dans les forêts françaises, 400 000 pièces à assembler, 1 000 poulies… Le tout réalisé par des artisans venus de France, mais aussi du monde entier (Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Suède), ainsi que de nombreux bénévoles.C'est en se basant sur les plans d'un navire jumeau de l'Hermione – les originaux ayant disparu – et sur des peintures que la frégate a pu être reconstruite, l'original ayant coulée en 1793. La somme investie dans ce projet est de 25 millions d'euros, financée par les visiteurs du chantier de mais aussi par les collectivités et le crowfunding.
L'équipage, composé de 18 professionnels et 54 volontaires, ont passé leur première nuit à bord, même s'ils vivent dans le bateau depuis le 1er septembre. Ce sont plusieurs semaines d'entrainement qui attendent l'Hermione avant de prendre le départ direction l'Amérique.
Une première sortie très médiatisée
C'est dans la nuit de samedi à dimanche que l'Hermione a effectué sa première sortie pour rejoindre le port de Rochefort. Et c'est dimanche qu'elle a pris le départ, direction l'île d’Aix, sous l'œil de dizaines de milliers de téléspectateurs qui ont accompagné sa descente de la Charente, direction l'Atlantique. Cette première navigation est l'aboutissement de 17 années de travail acharné pour redonner vie au mythique bateau, mais aussi les prémices d'une aventure qui débutera en avril 2015, direction les Etats-Unis.G) La Fayette et l’Hermione, héros de l’Indépendance américaine
C’est à bord de la frégate que le Marquis de La Fayette embarqua en 1780 pour l’Amérique. Mise en chantier en 1778 et à la mer l’année suivante, L’Hermione sillonnera les mers 14 ans avant de sombrer au large du Croisic. L’Hermione tout juste restauré, prend la mer samedi 18 avril.
►La Fayette en Amérique, une aventure hors du commun
Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834) s’engage dans l’armée française qu’il sert de 1771 à 1776. Nommé capitaine, le jeune homme, orphelin de père et de mère, embarque pour l’Amérique le 26 avril 1777, depuis le port espagnol de Pasajes, à bord de La Victoire, un bateau qu’il a lui-même acquis : la lutte pour l’Indépendance fait vibrer son cœur et son esprit bouillonnants. Il débarque en Caroline du Sud le 13 juin mais ne participe à sa première bataille que le 11 septembre, à Brandywine. Il y est blessé. Peu après, George Washington, qui s’était d’abord montré interrogatif sur la réelle valeur du jeune Français, lui confie le commandement d’une division.La Fayette est de retour en France en février 1779 mais reprend la mer l’année suivante, au sein d’un corps expéditionnaire français, placé sous les ordres de Rochambeau. Débarqué à Boston après un voyage à bord de l’Hermione le 28 avril 1780, il participe au siège de Yorktown : les Anglais capitulent le 19 octobre.
De retour en France, le soldat cède la place au diplomate. En lien avec Benjamin Franklin, La Fayette tente d’empêcher l’Angleterre de signer une paix séparée avec les États-Unis.
Le 28 juin 1784, il s’embarque une nouvelle fois pour les États-Unis, où il est considéré désormais comme un héros. Il y retournera d’ailleurs, bien des années plus tard, en 1824, et sera reçu comme un « hôte de la nation ». Cette formidable popularité américaine du marquis de La Fayette, s’incarne aujourd’hui encore sur le sol américain : aux États-Unis, 31 villes et 17 comtés portent son nom.
►L’Hermione, une frégate au service de l’Indépendance
C’est le 10 mars 1780 que le marquis de La Fayette embarque sur la frégate Hermione qui a été mise à la mer un an auparavant. L’équipage est commandé par Louis René Magdeleine Le Vassor de La Touche. La traversée de l’Atlantique prend 38 jours et, le 28 avril, La Fayette débarque à Boston. Mais la vaillante frégate qui a acheminé le marquis n’en a pas fini avec sa mission en Amérique. Elle reprend la mer le 14 mai 1780 pour effectuer une mission de surveillance qui la conduit de la baie de Boston à celle de Penolscot.
Moins d’un mois plus tard, alors que l’Hermione croise près de Long Island, elle livre bataille contre une frégate anglaise, l’Iris. Le bâtiment français est touché, l’équipage déplore dix morts et près de 40 blessés dont La Touche mais les Anglais sont défaits. Les annales mentionnent que l’Hermione a tiré 260 coups de canons en moins de deux heures de combat !
Un an plus tard, le 16 mars 1781, la frégate est à nouveau au cœur d’une bataille contre les Anglais dans la baie de Chesapeake et, le 4 mai, elle a l’honneur d’accueillir à son bord le Congrès Américain. Elle s’illustrera encore dans une autre bataille, le 21 juillet de la même année, à Louisbourg au Canada.
Après ses années héroïques dans le Nouveau Monde, l’Hermione est de retour à Rochefort le 25 février 1782. Pourtant sa carrière n’est pas finie. Elle escorte notamment des navires marchands jusqu’en Inde. En 1793, le bateau heurte des hauts-fonds au large du Croisic : le capitaine Pierre Martin qui la commande demande à l’équipage d’évacuer et la glorieuse frégate sombre peu après.
L’Hermione retrouve ainsi son aïeul mythique, l’Océan, puisque, on le rappelle, la frégate porte le nom d’une princesse grecque, fille du roi Ménélas et de la belle Hélène, elle-même engendrée par l’Océan...
Emmanuelle GIULIANI
H) Avant l’Hermione, La Fayette et la Victoire partaient de Bordeaux
L’Hermione amena Lafayette en Amérique en 1780. Mais lors de son premier voyage effectué en 1777, c’est depuis Bordeaux qu’il partit à bord du navire La Victoire pour prêter main forte aux indépendantistes. Comme Rochefort a reconstruit l’Hermione, qui arrive ce mardi à Bordeaux, Rue89 Bordeaux a reconstitué le journal de bord du marquis révolutionnaire, relatant son épopée clandestine.
Du dîner de Metz au port de la lune
14 Juillet 1776
La déclaration d’Indépendance de Jefferson a été adoptée par le Congrès américain le 4 juillet dernier. À l’auberge de l’Épée de bois, Noailles, Ségur, la Rochefoucauld et Coigny, mes frères et moi, avons levé nos verres. Un grand vent de liberté agite nos poitrines et enfièvre nos esprits. Ces Insurgents qui se révoltent contre la couronne britannique, je les admire ! Ma chemise se gonfle sous les battements de mon cœur comme une grande voile par le vent. J’ai envie de me battre comme mon père qui a donné sa vie pour son roi Louis XV, tombé pendant la Guerre de Sept ans, remportée par l’Angleterre et la Prusse. Noailles me dit que la patience est une vertu. Je lui réponds que comme tous les officiers de 19 ans, je rêve de gloire.6 Novembre 1776
Mon ami allemand Jean de Kalb, surnommé le baron, qui a servi sous les ordres de mon oncle, le comte de Broglie, m’a présenté à Silas Dean, l’agent recruteur du Congrès. Il cherche des volontaires pour aller combattre en Amérique. Les Insurgents manquent de tout, d’armes, de vivres et de munitions. Nous l’assurons de notre aide. Il peut disposer de nos épées et de nos vies. Ce n’est pas en France que je ferai honneur à mon nom et à la mémoire de mon père. Adrienne, ma bien-aimée, j’ai la jeunesse, j’ai la fortune, j’ai une merveilleuse petite fille Henriette, j’ai l’amour que vous me portez, il me reste à acquérir la gloire. N’y a-t-il pas de plus noble cause que de mettre son épée au service de la liberté ?15 Novembre 1776
Lors d’une séance à la loge, mes frères en lumière, Noailles, Ségur, la Rochefoucauld, Kalb, Coigny et moi jurons de défendre et de répandre les idées des Lumières par l’esprit et par l’épée. Nous prenons l’engagement solennel de les apporter aux colons d’Amérique qui se battent pour leur liberté. Quel meilleur endroit que le Nouveau Monde pour faire enfin respecter les Droits de l’Homme ?7 Décembre 1776
Nous nous engageons sans pension, ni indemnité particulière, précise Silas Dean, avant que nous signons les documents dans le plus grand secret. Je souris, je ne recherche que la gloire pour moi et la liberté pour les hommes. Kalp, Noailles, Ségur, La Rochefoucauld, et moi, il n’y aura pas de plus nobles épées dans l’armée du général Georges Washington.9 Décembre 1776
Le départ pour l’Amérique était prévu à Nantes avant la fin de l’année. À Paris, nous avons été reçus chez Benjamin Franklin, ambassadeur de l‘Amérique en France. Il nous a appris de bien tristes nouvelles. La figure de Silas Dean est devenue sombre tout comme celle de mes compagnons, mais aucune ne l‘était plus que la mienne en entendant ce mot : défaite. Les troupes de Washington ont été écrasées par l’armée anglaise et ses maudits mercenaires allemands, les Hessois. New York, Long Island, les White plains, le fort Washington et les Jerseys : autant de revers pour les Insurgents qui compromettent grandement notre projet. Nous devons renoncer, nous conseille Deane. Il n’y a plus de crédit et l’envoi d’un bâtiment est désormais impossible.Qu’à cela ne tienne ! Je me tourne vers Franklin : « Monsieur, je vous promets un navire chargé de vivres et de munitions ! Jusqu’à présent je n’avais mis à votre service que ma jeunesse et mon épée, j’y mets à présent ma fortune. Vous aurez votre navire. » Benjamin Franklin m’étreint et me promet le grade de Major general si j’y parviens. Ému, Silas Dean ne veut plus lâcher ma main.
11 Février 1777
Nous avons un navire, m’annonce Kalb. Grâce aux relations de mon oncle. Son secrétaire, Guy du Bois-martin, a un frère marin, François-Augustin, qui a repéré un navire à Bordeaux. Bordeaux a donné une reine à l’Angleterre mais a fourni quantité de navires à la France ! L’affaire a été conclue avec un armateur bordelais, Achille Basmarein. Le navire s’appelle la Clary. Il m’en coute la somme de 112000 livres mais la liberté et la gloire n’ont pas de prix.Lafayette, monarchiste libéral et révolutionnaire
Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, dit La Fayette nait le 6 Septembre 1757 en Auvergne. Orphelin très tôt, héritier d’une des plus grandes fortunes de France, il est élevé par son arrière grand-père. Mousquetaire du roi Louis XVI à 17 ans, puis capitaine des Dragons deux ans plus tard, il est en garnison à Metz lors de l’insurrection des colons en Amérique. En 1777, il s’embarque depuis Bordeaux pour l’Amérique pour combattre sous les ordres de Washington. Blessé lors de son premier engagement à Brandywine, il connait ensuite deux victoires. Après un retour en France pour obtenir l‘appui du roi Louis XVI, il repart en 1780 à bord de l’Hermione. L’armée de Washington, l’armée française et le corps commandé par La Fayette encerclent l’armée anglaise et remporte la bataille décisive de Yorktown en Octobre 1781. Fait citoyen d’honneur des États-Unis, La Fayette revient en France en 1782.
Ardent défenseur de la liberté, imprégné des idéaux des Lumières, il veut émanciper les esclaves et achète une plantation en Guyane française, où il abolit la gabelle et les lettres de cachets. Lorsque la Révolution française éclate, il est membre des États Généraux comme représentant de l’aristocratie libérale, et propose un projet de déclaration des Droits de l’Homme inspiré de la Déclaration d’indépendance américaine. L’Assemblée Constituante le rejette.
Commandant de la garde nationale, celui qui se fait désormais appeler Lafayette, fait démolir la Bastille le 16 Juillet 1789 et présente le nouveau drapeau français, la cocarde tricolore aux électeurs de Paris. Il ne peut empêcher les Parisiens d’envahir Versailles mais sauve la famille royale en octobre.
En 1791, les Autrichiens menacent les frontières. Lafayette prend le commandement de l’une des trois armées françaises. Il est vainqueur à Florennes, mais les deux autres armées sont défaites par des forces supérieures en nombre.
Déclaré traître à la nation pour son soutien à Louis XVI, il se réfugie à Liège, puis est emprisonné en Prusse. Sa femme parvient à se faire incarcérer avec lui et leurs deux filles. Libéré par Napoléon Bonarparte en 1796 à la suite du traité de Campo-Formio qui voit la reddition des Autrichiens, il rentre en France en 1800. Mais Lafayette exprime en 1802 son refus de voir Napoléon devenir consul à vie et vote contre l’Empire en 1804. Il se retire sur ses terres et refuse la Légion d’honneur nouvellement créée par l’Empereur, qu’il juge ridicule.
En 1814, il se rallie aux Bourbons et soutient la restauration en 1815. Il devient député en 1818 et occupera ce poste jusqu’à la révolution de 1830. Il fait un dernier voyage en Amérique où il effectue une tournée triomphale en 1825. Il reprend le commandement de la garde nationale durant le règne de Louis-Philippe. Il meurt le 20 Mai 1834 à Paris à l’âge de 77 ans.
Les passagers clandestins
17 Février
La réussite de notre entreprise dépend de son secret. Nos familles, les espions anglais et le Roi n’en doivent rien savoir. William Carmichael, le secrétaire de Dean, a eu une brillante idée pour abuser nos adversaires : aller à Londres. Là, je dîne avec mon oncle, ambassadeur de France. Le roi Georges est parmi les convives et son frère le duc de Gloucester se plaint toujours autant de l’insoumission des Insurgents, ces Bostoniens comme il les appelle. Je fais bonne figure en dînant avec l’ennemi de toujours de la France. Je brûle d’en découdre avec ces tuniques rouges et de laver l’affront de la guerre de Sept ans, qui nous a dépouillé de toutes nos colonies en Amérique. Nuire à l’Angleterre, c’est servir (oserai-je dire) c’est venger ma patrie.6 Mars
De retour à Paris, je suis heureux d’apprendre la bonne nouvelle à Franklin et à Deane. Le capitaine de la Clary, Le boursier, recrute un équipage à Bordeaux au moment même où nous parlons ! Kalb qui a une fabrique de poudre et de canons fournira les munitions. Mon oncle, le comte de Broglie, a acheté 5000 fusils à la cause. Derrière ses lorgnons les yeux de l’ambassadeur s’embuent de larmes.16 Mars
Je n’ai pas fait mes adieux à ma chère Adrienne ni embrassé notre fille Henriette pour ne pas rendre nos adieux plus déchirants. Je prie pour les revoir un jour. Kalb et moi changeons trois fois de montures pour rejoindre Bordeaux. Ordre a été donné de nous arrêter, nos projets sont connus. Louis XVI veut préserver la paix avec l’Angleterre et ne pas risquer un incident diplomatique.19 Mars
Nous séjournons au château Trompette chez mon oncle, le duc de Mouchy. Ce magnifique bastion qui offre une vue superbe sur le fleuve a été élevé après la guerre de Cent ans, m’explique-t-il. Bordeaux sera donc le premier pas sur la route de l’Amérique et les sentiers de la gloire et de la liberté. Au cours du dîner, Kalb et moi rencontrons l’armateur Basmarein, François-Augustin du Bois-martin que je remercie pour son excellent travail pour la cause des Insurgents, et le capitaine du Clary. Celui-ci m’informe que le navire de 268 tonneaux est un brick-senault de commerce qui n’emporte que deux canons à son bord. Je propose aussitôt de le rebaptiser La Victoire.Pour tromper les espions anglais qui infestent la ville, nous avons inscrit sur les registres qu’il fera route vers le cap français à Saint-Domingue. Mais notre véritable destination est Charleston pour livrer notre cargaison. Nous trinquons à la victoire avec ce merveilleux vin rouge qui a fait la réputation et la fortune de Bordeaux.
21 Mars
Nous appareillons dans deux jours. Mon oncle est inquiet, des espions anglais ont été repérés aux Chartrons. Je quitte le château Trompette, Basmarein m’a invité à le rejoindre à Bacalan au Nord de la ville pour visiter le chantier naval de Pierre Bichon. C’est d’une de ces cales sèches six ans plus tôt qu’est sorti La Victoire. L’armateur m’apprend que ce navire a eu plusieurs noms depuis qu’il navigue et je lui réponds que l’histoire n’en retiendra qu’un. C’est un beau navire, sa coque est lourde certes mais solide. Son sillage tracera le destin de la France dans l’océan car là-bas, je serai la France.Le navire mouille aux Chartrons. Le capitaine supervise le chargement de la cargaison. Il me propose de monter à bord, mais je lui réponds que je le ferai que le jour du départ. Je longe les berges à cheval pour observer les eaux calmes de la Garonne. Je fais une halte au port de la lune, mon oncle m‘a assuré que c’est une des plus belles façades d’Europe. Une magnifique statue de Louis XV qu’a servi mon père orne la grande place. Même si je reste fidèle à Louis XVI, je suis prêt à donner ma vie au général Washington. Un soldat ne décide pas du champ de bataille sur lequel il va s’illustrer.
23 Mars
La Victoire appareille sans Kalb et moi. Les espions anglais sont partout sur le port, nous craignons une tentative de sabotage. Il faut protéger le navire et sa précieuse cargaison. D’elle dépend peut-être l’issue de la guerre. Le capitaine nous attendra à Pauillac dans deux jours. Déguisés en courrier, nous cravachons nos montures jusqu’à notre lieu de rendez-vous. Enfin nous voyons les mâts de La Victoire se dresser au-dessus de l’eau. Nous montons à bord et le capitaine donne l’ordre d’appareiller. Je me tiens sur le pont aux côtés de mes amis. Des gentilshommes de France en route pour le Nouveau Monde. Nous serons à Boston en juin si les vents nous sont favorables. Il me tarde de me battre aux cotés des Insurgents.Un héros des Deux Mondes
12 Juin
L’Amérique, nous y sommes, enfin ! Nous mouillons dans le port de Charleston. L’odeur de la mer et de la poudre dans l’air me font frémir. Le Boursier donne l’ordre de décharger la cargaison, tandis que nous débarquons.1er Août
Le général Georges Washington me reçoit sous sa tente. Je ne serais pas plus ému en présence de mon roi. Le soir, nous dinons avec des membres du congrès américain. Plus tard, le général me montre la position de son armée de 11000 hommes. Mal vêtus et mal armés, ces Insurgents ont tout d’indigents. Notre cargaison ne sera pas du luxe. Washington s’excuse de montrer à un mousquetaire du roi une armée en guenilles. C’est pour apprendre non pour enseigner que je suis ici, lui dis-je.14 Août
Notre aventure commence bien mal. La Victoire a été coulée par la flotte anglaise en face de Charleston. Que nous n’eussions eu des frégates françaises pour la défendre !11 Septembre
J’ai versé mon premier sang pour la cause. Une balle anglaise m’a perforé la cuisse à Brandywine. Nous avons perdu Philadelphie et mille hommes sont tombés, m’explique Cochran, le médecin personnel de Washington, quand j’eus recouvré mes esprits. Cloué sur ce lit de camp, j’enrage, mais Cochran me dit ne pas m’agiter car j’ai perdu beaucoup de sang. Mes compagnons sont saufs, c’est bien la seule bonne nouvelle de notre premier engagement. Mes épaulettes de major general sont bien lourdes à porter.24 Novembre
Je suis sur pied et bien décidé à prendre ma revanche. Washington m’a placé sous les ordres du général Green qui m’a donné 350 riflemen armés des fusils que nous leur avons apportés. Nous avons attaqué un campement de mercenaires Hessois et l’avons mis en déroute. C’est une petite victoire mais qui nous réchauffe le cœur !20 Mai 1778
À la tête de 2000 hommes, j’ai repoussé 6000 anglais à Barren Hill. La défaite est cuisante pour les généraux britanniques Howe et Clinton, enfin ces tuniques rouges sont humiliées ! Nous avons remporté une grande victoire pour la cause.Janvier 1779
C’est en héros des deux mondes que je rentre à Paris. J’embrasse ma bien-aimée Adrienne et notre chère Henriette qui a grandi si vite. Elle vivra dans un monde plus juste. Je vais saluer le roi à Versailles et lui rapporte l’issue des combats qui font rage. Je lui dépeins Washington comme le père sage d’une jeune nation pleine de courage. Il se décide à soutenir la cause officiellement. Mon oncle, le comte de Broglie, me révèle en privé que le roi a toujours soutenu la cause en secret et qu’il attendait le bon moment pour agir au grand jour. Mon épée sert deux grands hommes. La France et la liberté tiennent désormais la même place dans mon cœur.21 Mars 1780
Nous repartons en Amérique ! Le roi a nommé le lieutenant-général Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur, duc de Rochambeau, pour commander l’armée de 6000 hommes qu’il envoie soutenir les troupes de Washington. Une frégate flambant neuve dotée de 34 canons nous attend à Rochefort pour embarquer. Elle s’appelle l’Hermione.Aller plus loin
Le premier voyage de Lafayette en Amérique, article de l’historien Patrick VilliersLes quatre voyages de Lafayette contés par ses lettres à Adrienne, par Jack Kolbert
Le blog sur la Louisiane de Sud-Ouest, avec plusieurs posts sur La Fayette et l’insurrection
La véritable histoire de La Fayette et Bordeaux
I) La Fayette de Wikiberal
Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette né le 6 septembre 1757 au château de Chavaniac en Auvergne et décédé à Paris le 20 mai 1834, est un général et homme politique français qui a incarné l'idée de liberté aux États-Unis et en France pendant près d'un demi-siècle.
Le héros des Deux Mondes
Il est issu d'une famille noble et choisit de suivre, comme son père (tué à la bataille de Minden en 1759), une carrière militaire. Orphelin à l'âge de treize ans, il fait ses études au collège Louis le Grand. En 1774, à 16 ans, il épouse Marie Adrienne Francoise de Noailles, fille du duc d'Ayen, futur duc de Noailles.Les premières nouvelles de l'insurrection américaine parviennent en Europe en 1775. La Fayette, alors capitaine de cavalerie, embrasse avec ardeur une cause qui flatte si vivement son patriotisme et son goût pour la liberté. Le jeune capitaine des dragons a 19 ans lorsque les colonies britanniques d'Amérique déclarent leur indépendance. Déjà sensibilisé à cette cause par Benjamin Franklin, arrivé à Paris le 20 décembre 1776, l'engagement de La Fayette a déjà été accompli avec Silas Deane. C'est le comte de Broglie, ancien chef du cabinet secret du roi Louis XV, qui l'a sensibilisé à la cause américaine, quand il fut, dix huit mois plus tôt, sous ses ordres, à Metz.
Il ne songe plus, selon son expression, qu'à joindre ses drapeaux.[1]
Il se rend à Paris, confie son projet à deux amis, le comte de Ségur et le vicomte de Noailles, qui décident de l'accompagner. Le comte de Broglie, qu'il en instruit également, tente de le détourner de son dessein[2]. Il met pourtant La Fayette en relation avec l'ancien agent [en 1768, soit près de dix ans plus tôt] de Choiseul au Canada, le baron de Kalb, qui deviendra son ami. Celui-ci le présente à Silas Deane, qui, le trouvant trop jeune, tente de le dissuader de mener à bien son projet.
Le 20 avril 1777, le marquis de Lafayette, âgé d'à peine 20 ans, embarque en semi-clandestinité, dans le port espagnol de Pasajes, sur La Victoria pour soutenir la Guerre d'Indépendance des États-Unis contre l'ennemi commun : l'Angleterre, et venir en aide aux insurgés. Gagné à la cause de la jeune nation américaine par son ami Benjamin Franklin, Lafayette s'était pris d'une affection quasi filiale pour le général Washington et il devient membre de son état-major. La franc-maçonnerie lie aussi fraternellement ces trois figures de l'Indépendance. « C'est à l'heure du danger que je souhaite partager votre fortune » lance-t-il alors aux insurgés.
Le 7 juin 1777, il écrit dans une lettre à sa femme :
- « Défenseur de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant comme ami offrir mes services à cette république (des États-Unis) si intéressante, je n'y porte nul intérêt personnel. Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté. »
La bataille de Yorktown le 19 octobre 1781, contre les anglais, à laquelle participe activement Lafayette, met fin à la guerre permettant l'accession à l'Indépendance des États-Unis.
A l'issue du combat il déclare: « Humanity has won its battle. Liberty now has a country. »
Le 17 juin 1782, La Fayette rentre en France en héros avec un peu de la terre américaine de Bunker Hill, avec laquelle sa tombe fut recouverte à sa mort le 20 mai 1834. Il est promu maréchal de camp (c'est-à-dire général).
Une figure de la Révolution
Les violences de 1788 ne l’effraient pas : il y voit le signe annonciateur de la diminution de l’autorité royale et il demande à plusieurs reprises la convocation des États Généraux. Porte-parole de l'aristocratie libérale, député de la noblesse d'Auvergne aux États généraux, membre de la Société des amis des Noirs et franc-maçon, il joue un rôle important et controversé dans les premières années de la Révolution française.Le lendemain de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, il se fait nommer, contre l'avis du Roi, commandant de la Garde nationale chargée d'assurer l'ordre dans Paris. Il donne ordre de détruire la Bastille (15 juillet) et fit accepter la cocarde tricolore au roi (17 juillet) : il semble que La Fayette ait ajouté le blanc royal au bleu et au rouge, couleurs de Paris. Comme défenseur de l'ordre public, il essaye de faire coopérer la Royauté et la Révolution. Au sein de l'Assemblée nationale constituée à la suite du serment du Jeu de Paume, il rédige la première Déclaration des droits de l 'Homme, largement inspirée de la Déclaration américaine.
Le 5 octobre 1789, le peuple de Paris marche sur Versailles. Le lendemain, La Fayette, débordé, laisse envahir le château et massacrer les Gardes du Corps qui défendent l'appartement de la Reine. Intervenant courageusement, il sauve de justesse Marie-Antoinette et paraît avec elle au balcon de la chambre du Roi. Devenu le personnage le plus considérable de France, le « maire du palais », selon Mirabeau ou « Gilles César » selon d'autres connaît son apothéose lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790. Il critique ceux qui ont choisi d’émigrer et souhaite « remonter le pouvoir exécutif » mais « dans le sens de la Révolution ». Il s’efforce en vain de s’imposer comme le chef du parti de la modération. La brutale répression qu’il organise à Nancy, le 31 août, pour punir une mutinerie, contribue à le déstabiliser.
Homme de peu de caractère, La Fayette subit plus les événements qu’il ne les dirige, essayant en vain de défendre la Révolution à la fois contre les aristocrates et contre les sans-culottes. L’homme a suscité peu d’éloges. « Idole médiocre » de la Révolution selon Michelet, Mirabeau épingle « l’imbécillité de son caractère, la timidité de son âme et les courtes dimensions de sa tête. Quand les Jacobins l’accusent de césarisme, Brissot rétorque que « Cromwell avait du caractère, mais La Fayette n’en a pas ». Madame de Staël la plus indulgente doit reconnaître son « amour de la popularité, la passion favorite de son âme ».
Obstinément attaché à la monarchie constitutionnelle, après la fuite à Varennes en 1791, il fait admettre, avec Barnave, Duport et les Lameth, la fiction de l’enlèvement. Mais après la fusillade du Champ de Mars, le divorce est consommé entre La Fayette et la gauche révolutionnaire. Desmoulins le dénonce comme un nouveau Charles IX. La séparation de la Constituante en septembre et l’abandon du commandement de la Garde nationale en octobre le laissent sans mandat. Marie-Antoinette, qui ne pouvait plus le souffrir, disait de lui : « Je sais bien que M. de La Fayette nous protège. Mais qui nous protègera de M. de La Fayette ? »
Désormais, louvoyant entre les factions révolutionnaires et monarchistes, La Fayette paraît suspect à tous. En décembre 1791, trois armées sont constituées sur le front est pour repousser les Autrichiens, et La Fayette est placé à la tête de l'armée du Centre puis de l'armée du Nord. Mais voyant que la vie du couple royal était, chaque jour, de plus en plus menacée, il s'oppose au parti Jacobin, avec l'intention d'utiliser son armée pour rétablir une monarchie constitutionnelle. Le 19 août 1792, il est déclaré traître à la nation, n’ayant pas été suivi par ses troupes. Obligé de se réfugier à Liège, il est capturé par les Prussiens puis les Autrichiens, en dépit des interventions de sa femme et des États-Unis. « Les Autrichiens lui rendirent le service essentiel de l’arrêter et par là, ils le réhabilitèrent » (Michelet). Sa libération est obtenue par Napoléon au traité de Campo-Formio en 1797. Le Directoire lui interdit cependant de rentrer en France. La Fayette se réfugie alors aux Pays-Bas. Il finit par rentrer en novembre 1799.
Un opposant libéral
A son retour, il est dans l'opposition à Napoléon qui, sans jamais l'avoir rencontré, lui est hostile et lui interdit de s'installer à Paris. Il s'installe à La Grange, en Seine-et-Marne, dans une propriété de sa femme. Finalement les deux hommes se rencontrent, par l'intermédiare de Lebrun, peu après la bataille de Marengo. La Fayette se lie d'amitié avec Joseph Bonaparte et dans un premier temps se voit accorder quelques faveurs. Il est rayé de la liste des émigrés, reçoit une retraite de 6 000 francs tandis que son fils, Georges-Washington devient officier dans un régiment de hussards. Cela n'empêche pas Napoléon de se méfier de celui qui, 10 ans plut tôt, était le véritable héros de la Révolution. Ainsi il interdit que le nom de La Fayette soit cité lors de l'éloge funèbre de George Washington aux Invalides le 8 février 1800. Quand à La Fayette il refuse, à plusieurs reprises, d'entrer au Sénat et ne cache pas son hostilité au régime. La rupture intervient en 1802 car La Fayette s'oppose au titre de consul à vie de Napoléon dans une lettre écrite le 20 mai. En 1804, il vote contre le titre d'Empereur.Il se rallie aux Bourbons en 1814. Avec Fouché, il participe à la déchéance de l'Empereur. Élu député de Seine-et-Marne lors des Cent-Jours, il demande l'abdication de Napoléon.
Député de la Sarthe en octobre 1818, puis à nouveau de Seine et Marne en septembre 1819, il s'oppose résolument à la Restauration. Membre actif de l’opposition libérale, il entre dans la conspiration groupant des bonapartistes et les républicains de la société des Amis de la vérité qui voulaient s’emparer du pouvoir par un coup de force prévu pour le 19 août 1820 ; il participe également au premier complot de la charbonnerie en décembre 1820. Réélu député en novembre 1822, à Meaux, il est battu aux élections de 1823.
L'Amérique réclamait son jeune général, le compagnon légendaire de Washington. Durant les onze mois de son voyage (1824-1825) il reçoit un triomphe continuel, le peuple entier lui crie sa reconnaissance. Son séjour, qui dure un an et demi et l’amène dans 182 villes, se solde par des dons somptueux en terres (12 000 hectares en Floride!) et en argent -juste retour des choses pour un homme qui avait consacré une partie de sa vie et de sa fortune à la défense de la cause américaine. La cause des États-Unis et la cause de la liberté paraissaient alors indissociables.
Rentré en France, il est réélu député de Meaux en juin 1827 et en juillet 1830.
Le baiser républicain
Lors de la révolution dite des Trois Glorieuses, en 1830, retrouvant sa popularité de l'année 1789, il a ses propres partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan. Mais, peut-être du fait de ses 73 ans, il se rallie lui-même à la cause orléaniste et soutient Louis-Philippe, à qui il donne la cocarde tricolore. Le baiser républicain donné par le vieux marquis sur le balcon de l'Hôtel de ville consacre la Monarchie de Juillet. Lafayette retrouve le commandement de la Garde nationale pour quelques mois. Louis-Philippe pour se débarrasser de lui, l’amène à démissionner de son commandement à la fin de décembre 1830. Déçu par ce qu’il avait salué comme « la meilleure des républiques » il se retire dans sa propriété de la Grange-Bléneau.Odilon Barrot lui rend hommage lors de son inhumation en 1834 : « Je n'ai jamais rencontré un homme de plus de grandeur d'âme, unie à plus de bonté et de simplicité, une fois plus entière dans les droits du peuple, unie à un dévouement plus absolu, à un courage plus héroïque pour les faire triompher ; et si même on peut adresser un reproche à cette noble nature, c'est l'exagération de ses qualités. Soupçonnant difficilement dans autrui le mal qui n'était pas en lui, le général de La Fayette accordait trop facilement sa confiance et on en a souvent abusé. Emporté par le besoin de se dévouer, il était trop disposé à préférer les tentatives où il exposait sa vie, aux efforts patients et persévérants de la lutte légale. Lorsqu'il me disait que « le jour le plus heureux de sa vie serait celui où il monterait sur l'échafaud pour y confesser sa foi politique », il ne disait rien de forcé et ne faisait qu'exprimer un sentiment qui lui était naturel ; c'est que la liberté était une religion pour lui et que s'il avait la foi des martyrs, il en avait aussi la sublime résignation. Aucune vie d'homme dans nos temps modernes n'a offert une plus belle et plus parfaite unité. »
La Gloire posthume
La Fayette n’est pas un penseur, il a peu écrit, ses Mémoires sont une compilation sans ordre : sa seule œuvre est sa proposition de déclaration des droits inspirée du texte de Thomas Jefferson pour l’État de Virginie. Héritier d’un nom prestigieux, il a refusé l’avenir que la tradition et son milieu voulaient lui imposer. Parti en Amérique pour acquérir la gloire sur les champs de bataille, ce prestigieux rejeton de la noblesse française est devenu une figure centrale des idées libérales. Ce n'est qu'après sa mort (1834) que l'on prend conscience vraiment de la place éminente qu'il tenait dans la vie du pays. Il a des funérailles nationales et aux États-Unis, le deuil est porté pendant un mois pour honorer « la mort du dernier major général de la guerre d’Indépendance ». Depuis 1891, un square portant son nom à Washington, avec au centre sa statue équestre, devant la Maison Blanche.Il a été élevé à titre posthume, en 2002, citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique, un privilège rare n'ayant été accordé qu'à quatre reprises dans l'Histoire américaine : l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill (1963); le diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui aida à sauver de l'extermination par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale quelque 100.000 juifs hongrois (1981); le philosophe quaker anglais William Penn, fondateur de la Pennsylvanie (1984); et enfin, Mère Thérésa, la bienfaitrice albanaise des bidonvilles de Calcutta (1997).
En quoi La Fayette est-il libéral ?
A la différence des volontaires français qui l'ont précédé aux États-Unis (qui s'apparentaient plus à des mercenaires), et de ceux qui l'ont succédé (des militaires qui honoraient une alliance scellée par le Roi), La Fayette et Kalb sont partis combattre dans l'armée américaine par idéalisme. Ils n'étaient mus que par le seul amour de la liberté, et c'est la raison pour laquelle non seulement ils sont partis dans la clandestinité, mais aussi ont financé leur expédition et parfois même les soldes des militaires sur leurs propres fonds.Citations
- « J’ai pu me tromper mais je n’ai jamais trompé personne. »
- « Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous, et la liberté partout. »
- « Il a fallu plus de quarante années pour qu'on reconnût dans M. de la Fayette des qualités qu'on s'était obstiné à lui refuser. A la tribune il s'expliquait facilement et du ton d'un homme de bonne compagnie. Aucune souillure ne s'est attachée à sa vie ; il était affable, obligeant, généreux. Sous l'Empire, il fut noble et vécut à part (…). Dans les commencements de la Révolution, il ne se mêla point aux égorgeurs ; il les combattit à main armée et voulu sauver Louis XVI. (…) M. de la Fayette sera éternellement la Garde nationale. (…) [Il] n'avait qu'une idée et, heureusement pour lui, elle était celle du siècle. » (Chateaubriand)
- In European history his place, though not among the foremost, is respectable ; in American history he is not only a very picturesque and interesting figure, but his services in our struggle for political independence were of substantial and considerable value. (Appleton's Cyclopedia American Biography).
Bibliographie
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- René de la Croix, Jean-Pierre Bois (préface), La Fayette, Tallandier, 2006, ISBN 2847343024
- Philippe Bourdin, La Fayette, entre deux mondes, Pu Blaise Pascal (2 juin 2009),Collection Histoires croisées, 225 pages, ISBN 2845164130
- Etienne Taillemite, La Fayette, Fayard (27 septembre 1989), 623 pages, ISBN 2213023409
- Daniel Binaud, L'épopée américaine de La Fayette : Washington me voici !, La Découvrance éditions (19 avril 2007), Collection : AMERIQUES , 364 pages, ISBN 284265515X
- Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Librairie Académique Perrin (7 avril 2005), Collection : Hors Collection, 1114 pages, ISBN 2262014841
- Evelyne Lever, Marie-Antoinette, RMN (29 novembre 2006), 142 pages, ISBN 2711852032
La motion La Fayette (11 juillet 1789)
La nature a fait les hommes libres et égaux ; les distinctions nécessaires de l'ordre social ne sont fondées que sur l'utilité générale.Tout homme naît avec des droits inaliénables et imprescriptibles ; telles sont la liberté de toutes ses opinions, le soin de son honneur et de sa vie ; le droit de propriété, la disposition entière de sa personne, de son industrie, de toutes ses facultés ; la communication de ses pensées par tous les moyens possibles, la recherche du bien-être et la résistance à l'oppression.
L'exercice des droits naturels n'a de bornes que celles qui en assurent la jouissance aux autres membres de la société.
Nul homme ne peut être soumis qu'à des lois consenties par lui ou ses représentants, antérieurement promulguées et appliquées.
Le principe de toute souveraineté réside dans la nation.
Nul corps, nul individu ne peut avoir une autorité qui n'en émane expressément.
Tout gouvernement a pour unique but le bien commun. Cet intérêt exige que les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, soient distincts et définis, et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agents et l'impartialité des juges.
Les lois doivent être claires, précises, uniformes pour tous les citoyens.
Les subsides doivent être librement consentis et proportionnellement répartis.
Et comme l'introduction des abus et le droit des générations qui se succèdent nécessitent la révision de tout établissement humain, il doit être possible à la nation d'avoir, dans certains cas, une convocation extraordinaire de députés, dont le seul objet soit d'examiner et corriger, s'il est nécessaire, les vices de la constitution.
Notes et références
- ↑ Il est en garnison à Metz lorsqu'il est invité à un dîner que son commandant, le comte de Broglie [Variante : le comte Charles de Broglie n'a rien à voir avec un Choiseul. C'est même contre Choiseul alors quasi premier ministre que Louis XV avait monté son Secret du Roi], offre au duc de Gloucester, frère du roi d'Angleterre, de passage dans cette ville. Le dîner de Metz est du 8 août 1775, et, la conversation étant nécessairement tombée sur ce sujet, La Fayette presse le duc de questions pour se mettre au courant des faits, tout nouveaux pour lui, qui se passent en Amérique. Avant la fin du dîner sa résolution est prise et, à dater de ce moment, il n'a plus d'autre pensée que celle de partir pour le nouveau monde.
- ↑ « J'ai vu mourir votre oncle en Italie, lui dit-il, votre père à Minden, et je ne veux pas contribuer à la ruine de votre famille en vous laissant partir. » À cette date, le marquis de Noailles, oncle de La Fayette, est en poste à l'ambassade de France à Londres. Sur ce point voir Henri Doniol, Histoire de la participation de la France à l’établissement des États-Unis d’Amérique, Paris, 1866 – 1899, t. II, pp. 396 –401.