A) - La directrice nationale du Renseignement américain dénonce le bellicisme d’une élite déconnectée
B) - L’UE emprunte 90 milliards pour prolonger une guerre perdue
C) - Le général Pellizzari et le sénateur Alain Houpert dénoncent les dérives autoritaires de l’exécutif
A) - La directrice nationale du Renseignement américain dénonce le bellicisme d’une élite déconnectée
En cet hiver 2025, un petit quatuor de dirigeants européens –
Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et Ursula von der Leyen –
incarne à lui seul ce qu’il y a de plus dangereux dans la politique
contemporaine : un bellicisme décomplexé, une déconnexion totale avec
les peuples et une soumission assumée à des intérêts qui ne sont pas
ceux de leurs pays respectifs.
Director Tulsi Gabbard speaks at TPUSA's AmericaFest Conference Day Three. - 12/20/2025
Ces quatre figures, que leurs détracteurs ont surnommée avec une ironie mordante « la bande des quatre losers
», partagent plusieurs points communs : des taux d’impopularité records
dans leurs pays respectifs, une absence croissante de légitimité
électorale réelle, et une obsession commune pour l’escalade militaire en
Ukraine, au mépris des mises en garde les plus élémentaires.
Un bellicisme qui défie la raison et les faits
Macron a multiplié les déclarations martiales depuis des mois, allant jusqu’à évoquer l’envoi de troupes françaises en Ukraine et la possibilité de frappes françaises en territoire russe. Merz, qui surenchérit en promettant de « tout faire » pour que l’Ukraine « gagne »
– y compris en fournissant des missiles à longue portée capables de
frapper loin à l’intérieur de la Russie. Starmer, fraîchement installé à
Downing Street, a repris le même refrain : « l’Ukraine doit pouvoir frapper en Russie
». Quant à Ursula von der Leyen, elle utilise l’ensemble des leviers de
la Commission européenne pour verrouiller une politique de sanctions
maximalistes et d’armement massif, tout en muselant les voix dissidentes au sein de l’Union.
Pourtant, les faits sont têtus. Les services de renseignement
américains (y compris le dernier rapport public de la DIA) ont
clairement indiqué que la Russie n’a ni la volonté ni les capacités
militaires pour envahir l’Europe occidentale ou conquérir l’ensemble de
l’Ukraine. Ceci dit, elle gagne du terrain militairement et
diplomatiquement : l’économie russe tient malgré les sanctions, tandis
que plusieurs économies européennes (Allemagne en tête) sont en
récession technique ou en stagnation chronique.
Dans ce contexte, la posture de ces quatre dirigeants n’a rien de
rationnelle : elle est idéologique, presque messianique. Elle repose sur
l’idée que l’Occident doit absolument « vaincre » la Russie,
même au prix d’une escalade nucléaire. Une telle posture fait courir un
risque existentiel non seulement aux populations européennes, mais à
l’humanité entière.
Une perte totale de légitimité démocratique
Le plus stupéfiant, c’est que ces quatre personnalités n’ont plus
aucune base populaire pour justifier une telle prise de risque.
En France, Emmanuel Macron gouverne depuis 2017 avec moins de 25 %
des inscrits au premier tour en 2022, une majorité relative à
l’Assemblée depuis 2022, et une cote de confiance qui oscille autour de 18 %.
En Allemagne, Friedrich Merz est chancelier depuis mai 2025 à la
tête d’une coalition CDU-CSU-SPD, mais cette majorité parlementaire
reste fragile (issue d’une élection où la CDU/CSU a obtenu environ 28-29
% des voix, loin d’une majorité absolue). Les sondages montrent que
l’opinion publique allemande reste majoritairement opposée ou très
prudente sur l’envoi d’armes lourdes à longue portée (comme les Taurus) à
l’Ukraine, avec seulement environ 25 % de soutien pour une escalade
militaire.
Au Royaume-Uni, Keir Starmer a été élu en 2024 avec la participation
électorale la plus faible depuis 1945 (moins de 60 %). Son parti a
obtenu une majorité absolue de sièges avec à peine 33,7 % des voix. Sa
popularité s’effondre déjà et de très nombreuses manifestations
fleurissent dans le pays.
Concernant l’UE, Ursula von der Leyen, elle, n’a jamais été élue par
les citoyens européens. Sa reconduction à la tête de la Commission en
2024 s’est faite dans une opacité totale, contre l’avis d’une partie
importante du Parlement européen.
Ces quatre dirigeants n’ont donc ni
mandat populaire fort, ni légitimité électorale large, ni soutien
majoritaire de l’opinion pour leur politique belliciste.
Ils agissent pourtant comme s’ils représentaient la volonté de leurs peuples. Ils ne représentent plus grand-chose, sinon eux-mêmes et les intérêts qu’ils servent.
L’État profond : le vrai pouvoir derrière le décor
Derrière ces figures de proue visibles se trouve un réseau
d’intérêts qui, lui, n’a pas besoin d’élections pour exister : l’État
profond euro-atlantiste.
Ce réseau mêle :
les grands fonds d’investissement et multinationales de l’armement
(Lockheed Martin, Rheinmetall, BAE Systems, Thales, etc.) qui réalisent
des profits records depuis 2022 ;
les think tanks atlantistes (Atlantic Council, German Marshall Fund,
European Council on Foreign Relations…) qui fournissent la rhétorique
et les « experts » de plateau ;
les services de renseignement et les cabinets diplomatiques qui orientent les décisions en coulisses ;
une bureaucratie bruxelloise et washingtonienne qui se considère comme au-dessus des peuples et des parlements.
Ce système ne répond à personne, sinon à l’argent et au pouvoir. Il ne craint ni les élections, ni les manifestations, ni les sondages.
Il verrouille le débat public par la censure (lois sur la
désinformation, pressions sur les plateformes), par le discrédit
médiatique et par la marginalisation des partis ou des personnalités qui
refusent le narratif dominant.
Il est temps que les peuples reprennent la main
Le risque est désormais clair : quatre dirigeants sans mandat
populaire, poussés par un État profond qui ne rend de comptes à
personne, sont en train de faire courir à l’Europe et au monde un danger
existentiel. Leur bellicisme n’est pas seulement irresponsable ; il
est criminel, car il met en jeu la survie de millions de personnes pour
des objectifs qui ne sont ni ceux des peuples, ni ceux de la raison.
La paix n’est pas une faiblesse. Elle n’est pas une capitulation.
Elle est la condition préalable à toute politique digne de ce nom.
Il est temps que les peuples d’Europe se réveillent et exigent :
l’arrêt immédiat des livraisons d’armes lourdes à longue portée ;
la reprise de négociations de paix réelles, sans tabou ni préalable ;
la fin de la soumission des États européens à une logique atlantiste qui ne sert plus leurs intérêts.
Et dans cette bataille pour la vérité et la paix, une voix puissante
et inattendue s’élève de l’autre côté de l’Atlantique : celle de Tulsi
Gabbard, Directrice nationale du renseignement américain. Dans ses
récentes déclarations publiques – notamment son démenti cinglant aux
propagandes médiatiques sur les ambitions russes et sa dénonciation des
bellicistes de l’UE et de l’OTAN qui sabotent les efforts de paix de
l’administration Trump –, elle met en lumière comment l’État profond et
ses relais européens tentent de prolonger un conflit sanglant au
détriment des peuples. Ses interventions, directes et implacables,
confirment que la voie de la raison et de la diplomatie existe bel et
bien, et qu’elle peut venir de hauts responsables qui refusent de se
soumettre aux intérêts de guerre.
Car si ces quatre dirigeants continuent de jouer avec le feu
nucléaire au nom d’une croisade idéologique, ce ne seront pas seulement
eux qui paieront le prix. Ce seront les peuples – français, allemands,
britanniques, et tous les autres – qui en subiront les conséquences.
B) - L’UE emprunte 90 milliards pour prolonger une guerre perdue
Le 19 décembre 2025, l’Union européenne a officialisé une
décision lourde de conséquences : emprunter sur les marchés financiers
internationaux 90 milliards d’euros pour
les prêter à l’Ukraine, afin de financer son effort de guerre pour les
années 2026 et 2027. Cet emprunt, qui ne touchera pas aux quelque 210
milliards d’euros d’actifs russes gelés depuis 2022, a
immédiatement provoqué une vague d’indignation en France, pays qui se
trouve déjà dans une situation budgétaire et sociale dramatique.
Une dette publique française qui explose
Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee le même jour, la dette publique française atteint désormais 3 482 milliards d’eurosà la fin du troisième trimestre 2025, soit 117,4 % du PIB. La dette nette (hors instruments financiers) s’élève à 109 % du PIB. Il s’agit d’un nouveau record historique hors contexte de guerre ou de pandémie majeure.
En un seul trimestre, la dette a augmenté de près de 66 milliards
d’euros. Sur un an, l’endettement public a bondi de plus de 200
milliards d’euros.
Cette dérive s’explique par des déficits publics structurels qui
dépassent désormais largement les 5 % du PIB chaque année, par une
croissance anémique, par le poids croissant des intérêts de la dette
(plus de 50 milliards d’euros par an) et par l’absence de réformes
structurelles d’envergure.
Le gouvernement, confronté à une impasse
budgétaire pour 2026, multiplie les mesures d’austérité : gel des
pensions, coupes dans les aides sociales, hausse des prélèvements
obligatoires sur les classes moyennes et populaires. Les Français sont à
bout.
Un nouvel emprunt européen qui pèsera sur les contribuables français
Dans ce contexte, la décision européenne de mobiliser 90 milliards
d’euros supplémentaires pour Kiev apparaît comme une provocation
insupportable.
Cet emprunt sera garanti collectivement par les 27 États membres,
dont la France, qui est la deuxième économie de la zone euro et l’un des
principaux contributeurs au budget européen. Même si l’UE ne
demande pas un effort immédiat supplémentaire à Paris, ce sont bien les
contribuables français qui, in fine, devront rembourser une part
proportionnelle de cette dette commune, en plus de la dette nationale
déjà insoutenable.
Une guerre sans issue militaire pour l’Ukraine
Pire encore : ces 90 milliards ne changeront rien à la donne
stratégique. Depuis l’automne 2024, la guerre est entrée dans une phase
d’usure sanglante et sans perspective de victoire décisive pour
l’Ukraine. Les lignes de front bougent à peine, malgré des dizaines de
milliards déjà injectés par l’Occident depuis 2022.
Les avancées russes, certes lentes, restent constantes, notamment
dans le Donbass autour de Pokrovsk et de Toretsk. L’Ukraine, de son
côté, souffre d’une crise démographique et militaire majeure.
La mobilisation forcée, surnommée la «
busification » par les Ukrainiens eux-mêmes, est devenue tristement
célèbre : des hommes de 25 à 60 ans sont arrêtés dans la rue, dans les
transports en commun, dans les cafés, puis entassés dans des minibus et
envoyés au front, souvent menottés pour éviter les désertions.
Des vidéos et témoignages circulent depuis des mois, montrant l’ampleur de cette coercition.
Les pertes ukrainiennes, officiellement sous-estimées par Kiev, sont
estimées par de nombreux observateurs indépendants entre 500.000 et
700.000 hommes (morts et blessés graves confondus). La population civile
continue de payer un tribut terrible, avec des millions de déplacés et
des infrastructures détruites. Prolonger artificiellement le conflit
par des aides financières massives ne fait qu’augmenter le nombre de
victimes, sans modifier la donne militaire.
Priorité nationale : arrêter de financer l’impossible
La France, troisième pays le plus
endetté de l’Union européenne derrière la Grèce et l’Italie, ne peut
plus jouer les grands argentiers de l’Europe.
Chaque euro prêté à Kiev est un euro qui manque à nos hôpitaux, à nos écoles, à nos retraites, à notre pouvoir d’achat.
Les Français, déjà écrasés par des années d’austérité et de hausse
des prélèvements, refusent de continuer à payer pour une guerre qu’ils
jugent perdue et qui ne les concerne pas directement. La priorité doit
redevenir nationale : redresser les comptes publics, protéger le pouvoir
d’achat, restaurer les services publics, et cesser de financer
indéfiniment un conflit sans issue.
Il est temps que l’Europe arrête de repousser l’inévitable : la
négociation, aussi douloureuse soit-elle, est la seule issue réaliste. Continuer
à jeter des milliards dans le brasier ukrainien, c’est aggraver à la
fois la tragédie humaine et la crise financière française.
C) - Le général Pellizzari et le sénateur Alain Houpert dénoncent les dérives autoritaires de l’exécutif
Dans l’émission « Bercoff sur le vif » diffusée sur Tocsin Media et relayée par France-Soir, André Bercoff a reçu le général de brigade (2S) Paul Pellizzari et le sénateur Alain Houpert (Les Républicains, Côte-d’Or).
Une discussion sans concession où les
deux invités accusent l’exécutif de contourner délibérément la
Constitution, d’affaiblir les forces armées françaises et de distiller
la peur pour justifier une politique belliciste en Ukraine.
Une alerte citoyenne et militaire qui met en lumière un fossé abyssal entre le pouvoir et la réalité des capacités françaises.
Une plainte pour livraisons illégales et une radiation perçue comme une sanction politique
Tout commence en avril 2024 avec la plainte pénale déposée
par le général Pellizzari devant la Cour de justice de la République
contre Gabriel Attal (alors Premier ministre), Stéphane Séjourné
(Affaires étrangères) et Sébastien Lecornu (Armées). Motif : les
livraisons d’armes à l’Ukraine depuis 2022, sans approbation
parlementaire, en violation des articles 35 et 53 de la Constitution.
Pellizzari, expert en logistique militaire, explique son geste : « J’ai
vu depuis 2022 une certaine dérive. Quand on a commencé à donner des
Caesar – le fleuron de notre artillerie –, avec les munitions, tubes de
rechange et calculateurs, ça a diminué la capacité opérationnelle de
l’armée de terre d’une manière incroyable. » En tant que citoyen et
ancien fonctionnaire, il invoque l’article 40 du Code de procédure
pénale obligeant à signaler un délit présumé.
La réponse ? Une fin de non-recevoir, arguant qu’il n’était « pas concerné ». Pourtant, insiste-t-il, « je paie mes impôts, comme tous les Français
». S’ensuivent une pétition rassemblant plus de 33.000 signatures et
une interview accordée à France-Soir – le seul média à l’avoir contacté.
Le 17 avril 2025, un décret présidentiel le radie des cadres pour « manquement au devoir de réserve ». Pour Pellizzari, c’est une humiliation : « À 68 ans, j’étais déjà à la retraite. Le message est clair : taisez-vous, sinon vous perdez votre appellation de général. » Il conteste cette décision devant le Conseil d’État, voyant là une tentative de bâillonner les critiques.
Une résolution au Sénat pour restaurer le contrôle parlementaire
Le sénateur Houpert, seul parmi les 900 parlementaires à porter cette
voix, dépose le 22 avril 2025 la proposition de résolution n° 547.
Inspirée par l’initiative citoyenne de Pellizzari et 67 autres
militaires (dont deux généraux d’armée – 5 étoiles – et de nombreux
hauts gradés), elle exige le respect des articles 35 (engagements
militaires) et 53 (accords internationaux).
Houpert, médecin de formation, justifie : « Une société, c’est une
chaîne dont la force est celle du maillon le plus faible. Je suis aux
côtés du général Pellizzari, sanctionné pour avoir parlé courtoisement.
» Soutenu par un sondage révélant que 87 % des Français prônent la paix
rapide et 70-74 % exigent un vote parlementaire sur armes et aides, il
dénonce le contournement systématique des institutions. À ce jour, la
résolution attend toujours son inscription à l’ordre du jour.
Le discours du CEMA : un rôle politique hors des attributions ?
Les invités reviennent sur les déclarations du chef d’état-major des
armées (CEMA), le général Thierry Burkhard (successeur évoqué dans le
contexte, mais référence à Mandon/Gomar dans la transcription), accusé
de semer la peur : « Si on n’est pas prêt à perdre des enfants ou à souffrir économiquement, on est en risque. »
Pellizzari rappelle les attributions officielles du CEMA : conseiller
militaire, responsable de l’emploi des forces, mais pas de la
communication politique. « Jamais un CEMA n’a désigné la Russie comme
ennemi direct, en prédisant une attaque dans 3-4 ans. C’est un discours
politique, en service commandé de l’Élysée. » Houpert abonde : « La
peur est une passion triste (Spinoza). Ça paralyse, ça ne mobilise pas.
Le CEMA accuse les Français de manquer de force d’âme, mais c’est à
l’exécutif de désigner un ennemi, pas à un militaire. »
Une armée affaiblie et une défense européenne illusoire
Pellizzari alerte sur l’état des forces : capacité de mobilisation à
20.000 hommes avec une seule relève, stocks de munitions pour « une
semaine » de combat haute intensité, retard sur les drones. « Les meilleurs soldats du monde, sans armes ni munitions, ne servent à rien. » Il critique aussi le décret du 1er novembre 2025 créant des « opérateurs de référence » – des sociétés militaires privées habilitées secret-défense : « On a dénoncé Wagner chez les Russes, et on en crée chez nous. »
Quant à l’armée européenne promue par le CEMA : « Un rêve qu’on
n’atteindra jamais. Langage, programmes, coûts : tout est fiasco. Et
avec la dissuasion nucléaire, pourquoi Poutine attaquerait-il la France ? » Houpert renchérit : l’Europe de 450 millions d’habitants n’a pas su se renforcer face à une Russie en économie de guerre. « On pousse la Russie dans les bras de la Chine. Sortons de l’ego et de la com. »
Ni russophiles ni russophobes : simplement Français
Les deux hommes rejettent les étiquettes : « Nous ne sommes ni russophiles ni russophobes, mais Français. » Houpert : « Critiquer
le gouvernement, c’est être complotiste ; vouloir la paix, c’est être
munichois. Non ! La paix, c’est débattre avec ses ennemis, pas seulement
ses amis. » Pellizzari conclut sur l’espoir, citant Leclerc : « Il n’y a pas de cause désespérée, mais seulement des gens qui désespèrent. »
Cette interview, enrichie de faits concrets et de références
constitutionnelles, révèle un exécutif accusé de manipulation, de
désarmement unilatéral et d’érosion démocratique. Face à un Parlement
muet et une opinion majoritairement pacifiste, Pellizzari et Houpert
appellent à un sursaut : restaurer la souveraineté nationale, écouter le
peuple et privilégier la négociation. Une voix dissonante dans un
paysage médiatique souvent aligné, qui mérite d’être amplifiée.
L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
ÉLYSÉE: Il est juste RESIDENT il n'est pas mon President; pourtant si, maman si, démocratie vaste hypocrisie. De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace comme disait Danton !
Sommaire:
A) François Hollande, ou l’homme qui n’a jamais honte - Gabriel Robin - bld Voltaire
B) François Hollande : Premier journaliste de France - Par Sylvain Courage - Nl-Obs
C) 14 juillet 2016 : "Calme-toi, François !" - Par Sylvain Courage - la Fiction
politique du
Nl-Obs
D) Bide de l’Interview du 14 juillet : l’audience du « King of Tulle » chute de 10% sur un an ! - Pierre Parrillo, Blogueur http://pierre.parrillo.over-blog.fr/ - http://lagauchematuer.fr
E) Pour François Hollande, le saut de 2017 approche -La réinvention tranquille de François Hollande - Richard Werly - Le Temps
F) François Hollande, les petites manigances d’un obsédé fiscal - Par Cyrille Lachèvre, Irène Inchauspé et Nathalie Segaunes - L'Opinion
G) Tesson - Les rêves éveillés de Hollande - Par Philippe Tesson - Le Point.fr
H) «L'audace» vantée par Hollande provoque les moqueries de la droite - Par
Marc de Boni - Le Figaro
I) Quand François Hollande confond l'audace et l'autosatisfaction - Par
André Bercoff - Le Figaro
J) L'"audacieux" Hollande moqué - 6Medias
K) "La seule audace de Hollande, c’est de se dire audacieux" - Hervé
Gattegno - RMC
A) François Hollande, ou l’homme qui n’a jamais honte
« Vous en connaîtrez, je l’espère, des présidents aussi audacieux que moi. » François HOLLANDE
Certes, il faut une certaine audace pour être aussi gonflé,
reconnaissons-le. Toute honte bue, François Hollande ne s’est pas remis
une seule fois en question, lors de ses diverses sorties médiatiques
du 14 Juillet, multipliant les déclarations mensongères et, parfois, à
la limite de la provocation. On ne pourra pas lui retirer le mérite de
la cohérence, il maintient son funeste cap politique : insécurité,
récession, immigration-invasion, politique étrangère au doigt mouillé,
déni de démocratie.
« À chaque fois qu’il a fallu faire des choix, même si ça
pouvait contrarier nos opinions publiques, nous avons fait le choix de
l’Europe. »
En somme, François Hollande nous dit que le Léviathan
UESA sera toujours privilégié, nonobstant les saines oppositions
populaires. La démocratie directe, référendaire, n’existe donc pas dans
la zone euro. En Grèce comme en France. Le président s’inscrit donc dans
la lignée de son prédécesseur, Nicolas Sarkzoy, qui a ratifié par la
voie parlementaire le traité de Lisbonne, auparavant rejeté par
référendum en 2005. Ce dernier a d’ailleurs récemment expliqué qu’il a
refusé de refaire voter les Français sur ce point, car c’était une
question « qui en comprenait des centaines ». Admettons,
cependant, que François Hollande est moins hypocrite, il assume
pleinement de passer outre les Français. Un mot d’ordre ? Union
européenne über Alles. Comment a-t-il osé paraphraser le général de Gaulle, en indiquant qu’il avait une « certaine idée de la France ».
Une idée qui fait de la France un pays soumis, une France
idéologiquement sociétaliste, et, par voie de conséquence, opposée à la
France charnelle ? Très certainement.
Nos dirigeants ne nous pensent pas suffisamment éclairés pour décider
par nous-mêmes de ce qui est bon pour la France. Il faut dire
qu’eux-mêmes n’ont pas beaucoup plus de pouvoir que nous, s’en remettant
la plupart du temps aux injonctions de la Commission européenne, du
monde de la finance, et de Washington. Pour François Hollande,
l’essentiel était de sauver la monnaie totem euro. Selon lui, l’euro est
une « garantie ». Garantie de chômage, de croissance au point mort ? Ou
garantie de bénéfices pour les investisseurs lobbyistes qui rôdent dans
les coursives élyséennes ? De la même manière, vous ne serez pas
invités, non plus, à voter pour les accords TAFTA. Et mieux : vous ne
serez pas tenus au courant de l’avancée des négociations.
Au milieu de ce florilège, François Hollande a aussi indiqué que « la France construit son identité ».
Traduction ? Préparez-vous à voir affluer des centaines de milliers de
clandestins supplémentaires, et adaptez-vous. Il n’a pas pris en compte
le message sur l’immigration, perçue à juste titre comme une invasion
par une majorité, de plus en plus importante, de Français. Après ça, il
pouvait bien en appeler à l’« âme de la France », plus personne n’y croyait.
Autre bourde incroyable : François Hollande, commentant l’accord
relatif au nucléaire civil iranien, durant son entretien avec Claire
Chazal et David Pujadas, a tenu ces propos :
« Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, d’autres pays, comme Israël, auraient voulu y accéder. »
Officiellement, Israël a un programme de nucléaire civil. Pourtant, le
pays détient l’arme atomique depuis cinquante ans, c’est un secret de
polichinelle. Ehud Olmert, alors Premier ministre israélien, l’a
lui-même avoué en 2006 au détour d’un entretien en Allemagne. Qu’a voulu
dire exactement François Hollande ? Que la géopolitique n’était pas son
fort ? Nous le savions déjà. En effet, il n’y avait strictement aucun
intérêt à aborder ce sujet. S’il avait de l’audace, il aurait plutôt
essayé d’entraîner un rapprochement entre Israël et l’Iran, tous deux
opposés à la menace mortelle que fait peser l’État islamique sur la
région. Le monde est si complexe qu’il est strictement impossible de
contenter tous les intérêts en jeu. Les grands dirigeants le savent,
c’est pour cela qu’ils se placent toujours du côté du vrai, car c’est là
que se trouve le juste.
B) François Hollande : Premier journaliste de France
Depuis son accession à l’Elysée, François
Hollande n’a pas pris ses distances avec les journalistes. Coups de
fils, déjeuners, suggestions d’idées de reportages... le chef de l’Etat
ne peut pas se passer des médias.
"Allô ? François Hollande ?" Ce numéro-là n’a pas pu
échapper aux grandes oreilles américaines de la NSA. Des dizaines de
journalistes le conservent précieusement dans leur répertoire : 06 32
... ... ... C’est la fameuse ligne directe de sa"vie d’avant" que le
président maintient malgré les mises en garde de son entourage. Quoi de
plus pratique ? L’iPhone en poche, Hollande garde le contact avec ses
fidèles...
Et surtout avec ses chers amis de la presse écrite et
audiovisuelle ! En cas de besoin, les chroniqueurs du hollandisme,
petits et grands, peuvent toujours lui adresser un texto. "En général,
il répond et fixe un rendez-vous téléphonique. Discuter une demi-heure
avec le président avant de pondre son papier, il n’y a pas mieux",
décrypte une habituée chargée de couvrir l’Elysée :
Je préfère parler au bon Dieu qu’à ses saints."
Porteurs de micros et plumitifs
Ah, les journalistes ! Les espions de la NSA savent sans
doute que notre président de la République les adore. En pleine crise
diplomatique, il trouve le temps de les prendre au téléphone pour de
piquants décryptages du congrès socialiste. Sous le joug du protocole,
il leur donne rendez-vous pour une discrète conversation en off. Sans se
soucier du jet lag, il les débriefe dans son avion. Au plus bas dans
les sondages, il les reçoit à déjeuner à l’Elysée.
Et même quand
il les prend en flagrant délit de"Hollande bashing", il se garde bien
de leur adresser le moindre reproche. A la différence notable de Nicolas
Sarkozy qui prétendait dominer une presse dont il se méfiait, la
passion de François Hollande pour les porteurs de micros et les
plumitifs n’a jamais cessé. Et ne cessera jamais.
"C’est comme s’il s’était promis d’inverser sa courbe de
popularité dans les rédactions, explique un chroniqueur politique. Il
procède par série : il a invité à déjeuner les rédactions de BFM TV,
iTélé, LCI-TF1..." Et même récemment celle de"l’Obs". Qui n’a pas cassé la croûte avec le président depuis 2012 ? Après l’attentat contre"Charlie Hebdo",
on apprenait que Hollande avait reçu à sa table l’équipe du regretté
Charb quelques semaines avant la tragédie, pour parler des finances du
journal.
Avant de lancer son nouveau quinzomadaire branché, la
bande de"Society" a été, elle aussi, reçue à la table présidentielle. Au
dessert, le président lui a lui-même soumis l’idée d’un grand entretien
: en mars,"Hollande, la grande confession" a fait la couverture. Le
président est accessible ! Maïtena Biraben, l’a bien compris." Je lui ai écrit un texto : 'Si vous voulez voir des Français, il y en a chez moi, venez dîner'", a-t-elle raconté
à "Télé-Obs", avant de soutenir que ces agapes – François a rendu
l’invitation ! – n’avaient aucun lien avec la participation de Hollande à
son émission, en avril dernier : une interview de deux heures suivies
par 1,7 million de Français...
Vive le story telling !
Hollande sait se montrer prévenant. Il s’enquiert de la
carrière de l’un, interroge l’autre sur les audiences de son émission et
suggère à tous des idées de papiers ou de reportages. Que distille-il
entre la poire et le fromage ?"Que la prochaine présidentielle se jouera
autour du thème de l’identité. Et qu’il faudra rassembler et réunir les
Français", confie un journaliste invité. Le président est assez subtil
pour ne pas évoquer directement sa candidature. Et pourtant télés,
radios et gazettes ont largement propagé la nouvelle : François Hollande
ne pense plus qu’à 2017 et repart à la conquête des Français !
Des"éléments de langage" et un programme de déplacements communiqués aux
journalistes par les conseillers du Château... Histoire de bien montrer
que le sortant sera le candidat naturel de la gauche et n’a pas
vocation à se soumettre à une quelconque primaire. Vive le story telling
!
Même au creux de la vague, le premier journaliste de France
sait qu’il peut compter sur la presse. L’idylle remonte à ses débuts en
politique. Chef de cabinet de Max Gallo, porte-parole de l’Elysée sous
Mitterrand, il noue alors des relations avec des pros qui sont
aujourd’hui encore ses interlocuteurs. Hollande, le jeune prof à
Sciences Po, fournit même des chroniques économiques au"Matin",
quotidien de gauche repris en main par le clan mitterrandiste. Comme
porte-parole du parti socialiste puis premier secrétaire, il passe pour
un excellent client : toujours la petite phrase qui convient, l’anecdote
percutante dont raffolent les magazines, l’analyse politique qui bluffe
les"rubricards" ou l’écho qui vient alimenter les pages de
confidentiels. Un spécialiste des arcanes socialistes se souvient :
Hollande était très proche de Jospin qui ne parlait pas aux journalistes. Du coup, il est devenu la meilleure source de Paris."
Et comme François a le don de faire rire la galerie, les
reporters s’amusent tout en s’informant."François a toujours aimé
travailler avec un petit clan de journalistes", nous confirmera Ségolène Royal,
quelques années plus tard. En 2005, Hollande est si confiant, qu’il
pose aux côtés de Nicolas Sarkozy pour une couverture de"Paris Match" en
défense du traité constitutionnel européen... Une faute politique.
Traversée du désert
Après son départ du poste de premier secrétaire, en 2008,
Valérie Trierweiler, sa"journaliste préférée", l’aide à traverser le
désert. Mais les confrères reviennent vite sous l’oeil courroucé de la
dame. Strauss-Kahn est tombé, du coup, Hollande bénéficie d’une
excellente presse auprès de tous les déçus du sarkozysme et des
orphelins de DSK. Aubry, c’est bien connu, déteste les journaleux, à de
rares exceptions près...
Sur le"Hollande Tour", notre consoeur
belge Charline Vanhoenacker s’étonne ironiquement de la connivence
entretenue avec les reporters à coups de petites récompenses (quelques
minutes avec le candidat !) ou de brimades (exclusion du pool). Son
papier "Ces journalistes qui se voient déjà à l’Elysée" fait scandale
dans le bus des suiveurs. Hollande, lui, s’en amuse... Et au lendemain
de la victoire, Manuel Valls, son efficace conseiller en communication,
lui organise même un pot de l’amitié, au siège de campagne, rassemblant
ceux appelés à couvrir ses prochaines aventures élyséennes."Vous allez
me manquer", lance le nouveau président.
Le journaliste "lèche, lâche puis lynche"
Hollande sait déjà qu’il ne bénéficiera d’aucun état de grâce. A l’instar de son ami Jean-François Kahn, le président n’a pas oublié que le journaliste "lèche, lâche puis lynche". Franz-Olivier Giesbert,
le patron du"Point", qui connaît et apprécie Hollande depuis des
lustres, lui fait vite comprendre lors d’un déjeuner à l’Elysée que
l’ère du "Hollande bashing" est ouverte ! L’hebdo de centre-droit est le
premier à tirer sur le président normal, devinant qu’il ne pourra pas
tenir ses promesses... La multiplication des couacs gouvernementaux et
l’engagement"d’inverser la courbe du chômage"
ne font qu’élargir le fossé entre François Hollande, les médias et
l’opinion. Le président a beau multiplier les émissions de télé pour
expliquer ses réformes, il n’imprime pas. Trop techno et emprunté,
l’animal n’est pas à l’aise devant la caméra. Il préfère de loin les
discussions de vive voix ou les estrades des meetings.
Une présidence normale
Pour ne rien arranger, le nouvel élu se met en tête de
casser les codes."En arrivant, il a voulu imposer un style nouveau,
celui d’une présidence normale. Mais il n’occupait pas l’espace
présidentiel. Les Français ne l’ont pas compris", analyse le politologue
Stéphane Rozès. Et quel bazar dans son cabinet ! Quatre conseillers se
disputent le dossier stratégique de la communication. L’ancien
journaliste Claude Sérillon,
appelé à la rescousse pour veiller sur l’image, n’a pas d’attributions
définies. Et reçoit pour consigne absurde de ne pas parler aux
journalistes...
Profitant du maelström qu’il a lui-même créé, le
président n’en fait plus qu’à sa tête. En octobre 2013, au grand dam de
son équipe, c’est lui qui décide, tout à trac, de signifier par une
allocution télévisée à la jeune Leonarda, collégienne sans papiers
reconduite à la frontière, qu’elle peut revenir en France..."C’est mort
!", lui rétorque l’ado, en direct, sur BFM TV. Un désastre de
communication."Hollande, qui n’était pas rassuré par Ayrault, s’occupait
de tout. Et communiquait sur des affaires qui n’étaient pas de son
niveau", explique un ex du staff élyséen.
Et puis il y a cette satanée vie privée. Hollande, ce grand
cachottier, déteste mettre en scène son intimité... En janvier 2014, la
révélation par"Closer" de sa liaison avec la comédienne Julie Gayet
le tourne en ridicule devant la planète entière. Claquemuré, le
président officialise sa rupture par une conversation téléphonique avec
la journaliste Sylvie Maligorne, une vieille connaissance alors chef du
service politique de l’AFP. Du pur Hollande...
Pour sortir de la nasse, le président profite de l’arrivée à Matignon de Manuel Valls.
Son ancien conseiller en communication s’emploie – entre autres – à
recadrer la com gouvernementale désormais clairement hiérarchisée et
cadrée. En avril 2014, la démission d’Aquilino Morelle,
conseiller politique et responsable de la communication élyséenne visé
par une enquête de Mediapart sur son train de vie et ses accointances
avec un labo pharmaceutique, fournit au président l’occasion de
professionnaliser sa com.
Morelle est remplacé par Gaspard Gantzer, ancien condisciple d’Emmanuel Macron
à l’ENA et ex-conseiller de Bertrand Delanoë et de Laurent Fabius. Le
jeune homme aux allures de dandy, direct et efficace, a l’avantage de ne
pas connaître Hollande et de se voir confier une claire responsabilité :
devenir le principal interlocuteur des journalistes. Il confie :
La plupart d’entre eux ont vite compris qu’il valait mieux passer
par moi. Mais, moi, j’ai vite compris que les plus anciens ou ceux qui
le connaissent le mieux continueraient à l’appeler directement.
"Merci pour ce moment"
Le ciel médiatique ne s’éclaircit pas pour autant. En mars 2014, la sortie de"Merci pour ce moment", le best-seller de Valérie Trierweiler,
est un nouveau coup de tonnerre. Qui laisse le président, accusé de
mépriser les"sans-dents" sans voix... En vérité, il aurait pu poursuivre
sur cette trajectoire incertaine s’il n’y avait eu un événement
cathartique : l’irruption de la tragédie. En janvier, les attentats
changent tout. Et le contraignent à hausser son jeu. Face à la barbarie
qui a frappé"Charlie" puis l’Hypercacher, l’ex-président du Conseil
général de la Corrèze finit par endosser le costume.
Sa première
allocution solennelle, le 7 janvier, prononcée en direct devant 21
millions de téléspectateurs est l’acte de naissance du Hollande
régalien, ce monarque républicain qui prétend protéger et rassembler.
Ses proches n’en croient pas leurs yeux : même Angela Merkel pose la
tête contre son épaule dans un cliché qui fera date ! La séquence,
parfaitement maîtrisée jusqu’à la manifestation du 11 janvier, mettant
en scène réunions de crise et prises de parole martiales, sert de modèle
depuis six mois.
Un nouveau soin est apporté à toutes ses apparitions."Le
président est maître de sa communication. Et il a des idées très claires
sur le sujet", précise Gaspard Gantzer. Méfiant à l’égard des gourous
de la com politique, Hollande, le secret, ne s’est jamais attaché les
conseils des pros et garde une dent contre Stéphane Fouks (Havas
Worldwide), qu’il accuse d’avoir fait sombrer Jospin en 2002.Gantzer
précise :
A ses yeux, la communication est une technique comme une autre. Mais ce n’est pas une pensée magique.
"Proximité" et "présidentialité"
Info en continu, mondialisation de l’image et règne du
buzz... Hollande, tellement enclin à s’inspirer de François Mitterrand,
considère que le monde médiatique a changé depuis l’époque où Jacques
Pilhan, le"sorcier de l’Elysée", théorisait la rareté de la parole du
président jupitérien."On peut être président tout en restant proche,
honnête et accessible", répète-t-on à l’Elysée où l’on a appris à
cultiver deux vertus cardinales : la"proximité" et la"présidentialité".
C’est à cette aune que doit être analysée, par exemple,
l’introduction de la chienne Philae, charmant labrador qui présente
l’avantage d’être un attribut du souverain... Et une preuve de son
humanité ! Très présent sur les réseaux sociaux, Gantzer prône la
réactivité : il ne faut pas laisser circuler ce qui pourrait amoindrir
la légitimité du chef de l’Etat. Une équipe veille sur sa cyber
réputation.
Pour accroître ses chances en 2017, Hollande soigne aussi
ses relations avec les patrons des médias. Lui, président, n’avait-il
pas juré de ne pas se mêler des nominations dans l’audiovisuel public ?
Dont acte. Sous la houlette de son ami Olivier Schrameck, ancien dircab de Jospin, le CSA a donné des gages d’indépendance. Mathieu Gallet,
marqué à droite, a été bombardé à la tête de Radio France. Et Delphine
Ernotte, ex-dirigeante d’Orange, propulsée aux commandes de France
Télévisions.
Mais cela n’a pas empêché le président et son
premier cercle de suivre de près le processus. La nomination d’Ernotte,
en particulier, n’aurait jamais été possible sans l’appui résolu d’un
réseau très actif : le président du CSA, la ministre de la Culture Fleur
Pellerin, l’ex-conseiller du président David Kessler et le conseiller
en communication Denis Pingaud ayant tous leurs entrées à l’Elysée... Il
apparaît clairement que les nouveaux patrons des antennes publiques
doivent beaucoup au pouvoir en place. Et l’on voit mal comment ces
puissants relais pourraient lui faire défaut d’ici à la fin du
quinquennat.
Du côté du privé, le virage social libéral rassure. Les grands patrons
qui dominent le paysage médiatique n’ont désormais plus guère de raison
de se plaindre. Les relations sont au beau fixe avec Serge Dassault,
le patron du"Figaro", qui ne tarit pas d’éloge sur un gouvernement qui
lui a permis de caser 60 Rafales jusqu’alors réputés invendables. Le
courant passe avec Martin Bouygues, propriétaire de TF1,
qui rencontre souvent Hollande et cherche son appui. Idem pour Vincent
Bolloré, aux manettes de Canal+, qui semble désireux de refréner les
ardeurs persifleuses des Guignols de l’info dont la réplique de Hollande
en latex – un benêt boulimique soumis aux caprices de ses femmes –
désespère l’Elysée...
A l’affût, le groupe Lagardère,
lui, a dépêché ses meilleurs émissaires : en avril dernier, François
Hollande a été vu dans un restaurant chic parisien attablé avec
Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) et Ramzi Khiroun (porte-parole du
groupe). Avec Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse
(banque Lazard) et Pierre Bergé (Fondation Saint-Laurent), les
copropriétaires du"Monde", de"l’Obs" et de"Télérama", le président
socialiste se trouve face à des investisseurs qui ont choisi de
développer un pôle de presse de sensibilité sociale-démocrate. Quant à Patrick Drahi, patron de SFR Numéricâble et nouveau propriétaire de"l’Express" et de"Libé", il a opté pour le retour de Laurent Joffrin,
un ami assumé du président, à la tête du quotidien... Seule ombre au
tableau : la montée en puissance de Bernard Arnault. Proche de Nicolas Sarkozy, le patron de LVMH, déjà propriétaire des"Echos", vient de s’offrir "le Parisien". Un quotidien de proximité que François Hollande
a placé au coeur de sa stratégie de reconquête de l’électorat
populaire. Alors à quand un déjeuner avec Arnault ? La bataille de 2017
sera médiatique et calorique !
Episode 1
- Où l'on découvre les vraies ambitions du président Hollande pour
2017. Où l'on comprend que ses ennemis politiques et privés ne le
laisseront pas en paix...
Episode 1 - "Calme-toi, François !"
"Meeerde
!" Enfin seul dans son bureau de l'Elysée, François Hollande lança un
mot de Cambronne tonitruant que les huissiers, interloqués, entendirent
distinctement à travers la double porte capitonnée. Serrant les poings,
la tête dans les épaules, le président laissa exploser sa colère. Une
intempérance rare chez cet homme réputé placide. Comment avait-t-elle
osé ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Et quand cesserait-elle de le
poursuivre de sa vindicte ?
Cette fois, il
n'avait plus aucun doute : cette femme qu'il avait aimée était devenue
folle. "Paranoïaque au dernier degré, pensa le chef de l'Etat. Et
habitée par un désir de vengeance inextinguible." Contournant son bureau
Empire, il décrocha son téléphone.
Maryse, s'il vous plaît, pouvez-vous demander à Jean-Pierre de me rejoindre dans mon bureau ?"
Il
était déjà 4 heures de l'après-midi, ce 14 juillet 2016, il fallait que
Jouyet, son ami de 30 ans et secrétaire général de l'Elysée, traite le
cas en urgence. On ne pouvait pas laisser cette insensée mettre en péril
une candidature qu'il préparait depuis deux ans…
A mon commandement…
Ce jour de fête nationale avait d'abord roulé comme un char Leclerc sur ses chenillettes. Le président venait de signer avec Khalifa ben Zayed Al Nahyane,
le souverain des Emirats Arabes Unis, une commande historique de 32
chasseurs Rafale - qui portait son score personnel à 92 appareils
vendus ! Autant dire qu'il s'était rendu en confiance au défilé
militaire.
Bombant le torse, François
Hollande, que l'on raillait, il y a deux ans à peine, savait désormais
afficher cet air de supériorité grave qui est la marque de tous les
monarques, surtout s'ils sont républicains ! Sous le panache bleu-blanc
rouge de la patrouille de France, les hommes et les engins qui
descendaient les Champs-Elysées formaient un flot mécanique qui se
fendait en deux cohortes symétriques devant lui. Les plus hauts gradés
de l'Armée française se tenaient au garde-à-vous.
Comment
ne pas jouir de cet instant ? François Hollande se sentait enfin
pleinement président et entendait bien le rester. Sur les images de
France Télévisions, son ambition, intacte malgré des années de "Hollande
bashing", transparaissait derrière le masque figé du chef des armées.
Serez-vous candidat pour un nouveau mandat en 2017 ?"
David
Pujadas avait soupesé avec gravité les mots que, pensait-t-il, chaque
français brûlait de prononcer, lorsqu'il posa la question, une heure
après le défilé, lors de la traditionnelle interview du 14 Juillet
diffusée pour la première fois depuis la bibliothèque de l'Elysée. Là où
François Mitterrand avait posé pour son portrait officiel.
Monsieur
Pujadas, croyez-vous que nos concitoyens apprécieraient que je songe
déjà à une candidature, 9 mois avant l'élection ?", lui répondit
François Hollande.
"En ce jour, je veux
d'abord penser à nos soldats engagés dans la guerre contre le
terrorisme, en Syrie et, depuis peu mais de manière résolue, en Libye.
Avec nos alliés américains et nos partenaires arabes, la tâche consiste
d'abord à vaincre la tyrannie et le fanatisme qui asservissent les
peuples et menacent nos démocraties…"
La
tirade martiale, accompagnée d'un regard face caméra, avait eu raison du
journaliste vedette. Comme convenu lors de la réunion de communication
tenue deux jours plus tôt dans le salon vert attenant au bureau
présidentiel, elle ne laissait planer aucun doute sur la "rôle
protecteur" et la "dimension sacrificielle" du chef de l'Etat.
La
guerre contre le terrorisme sera longue. A l'intérieur comme à
l'extérieur de nos frontières, mais nous vaincrons", ajouta Hollande.
Avec
la précision d'un chef d'Etat-major, il énuméra ensuite les raids
aériens, les missions d'appui à l'armée kurde et les dégâts causés à
l'ennemi. Il semblait connaître la topographie du désert comme un vieux
chamelier. Les commentateurs politiques, briefés par les communicants du
Château, y virent une stratégie : en se posant en défenseur de la
nation, le président s'employait à "enjamber" symboliquement la
prochaine élection présidentielle et renvoyait ses concurrents de droite
comme de gauche à leur médiocrité de civils.
Ne me tweete pas !
Quand
Jean-Pierre Jouyet fit son entrée dans le bureau présidentiel, vers
16h15, ce ne fut pas pour assister à un conseil restreint de défense.
Non, l'affaire qui tourmentait le chef de l'Etat concernait, une fois
encore, sa vie privée.
Au défilé du 14 Juillet, parmi les invités officiels de la République, le président avait cru bon d'autoriser la présence de sa compagne, la comédienne et productrice Julie Gayet. Une première
depuis la révélation de leur idylle par le magazine "Closer" en janvier
2014. Sous la protection de deux membres du Groupe de sécurité de la
présidence de la République (GSPR), la belle Julie, en robe noire et
capeline blanche, s'était faufilée au huitième rang de la tribune VIP,
quelques minutes seulement avant le début de la parade.
Bien
peu des officiels présents avaient remarqué son arrivée. Mais les
caméras de télévisions, elles, l'avaient immédiatement repérée.
Surprise ! Julie Gayet, l'amie du président assiste au défilé."
Marie
Drucker, la journaliste préposée aux commentaires de la parade
militaire, fit dans la sobriété, ne se risquant pas à commenter la vie
privée du président un jour de fête nationale.
Mais
aussitôt les réseaux sociaux s'étaient enflammés. Que faisait la
compagne à l'arrière-plan du défilé du 14 Juillet ? S'agissait-il
d'officialiser une liaison de notoriété publique ? A neuf mois de la
présidentielle, l'insaisissable François Hollande avait-il choisi de
faire paraître Julie Gayet comme une nouvelle première dame ? Les
plaisanteries les plus grasses et les plus loufoques s'échangeaient sans
la moindre censure.
Et ce qui devait arriver arriva. Dans le 15ème arrondissement de Paris, une célèbre twitteuse fut piquée au vif.
"Le salaud !", s'exclama Valérie Trierweiler devant son écran de
télévision. Malgré les efforts qu'elle avait consentis pour tourner la
page depuis la parution de "Merci pour ce moment", son récit controversé
d'une rupture avec l'hôte de l'Elysée, la journaliste fit une brutale
rechute à la vue de sa rivale en représentation officielle.
Combien
de fois, François lui avait-il promis que jamais elle ne serait
remplacée ? "Il n'y aura pas d'autre première dame. C'est une mission
impossible qui ne peut que faire le malheur d'une femme", répétait le
président lors de leurs rencontres secrètes avant la parution du
best-seller en forme de règlement de compte. Yvonne de Gaulle,
Anne-Aymone Giscard d'Estaing, Danielle Mitterrand, Cecilia Sarkozy et
même Carla Bruni… Prisonnières des appartements privés ou des réceptions
officielles, aucune des moitiés présidentielles n'avait trouvé sa place
dans l'asphyxiant protocole de l'Elysée.
Non, décidément, il valait mieux demeurer un président célibataire.
Première dame, cela n'existait pas en République. Chacun retrouvait sa
liberté et c'était mieux ainsi…
Valérie en
avait conclu que François ne s'embarrasserait plus jamais d'une compagne
pour faire de la politique. Et voilà que cette comédienne dont elle
avait si passionnément combattu la concurrence, s'installait à la
tribune du 14 Juillet. C'en était trop !
Cédant
à son péché mignon, @valtrier s'empara de son téléphone qui traînait
sur la table basse, celle sur laquelle François aimait poser ses jambes
pour se détendre devant un bon film, et se mit à tweeter son courroux.
Plus
jamais de première dame, m'avait juré @françoishollande. Encore un
mensonge. Comme l'inversion de la courbe du chômage ? #jaitouslesSMS"
Il était 13h15. Ce nouveau tweet passionnel se répandit à la vitesse de la lumière…
Trois heures plus tard, un silence de mort régnait sur le palais présidentiel. "Ce n'est plus possible, dit Hollande à Jouyet. Il faut qu'elle arrête de me salir en permanence."
Jean-Pierre, je te demande de la neutraliser, au moins pendant la campagne…"
Le
secrétaire général, qui n'avait pas été mis au courant de la présence
de Julie Gayet parmi les VIP du 14 Juillet, marqua un bref silence, puis
risqua un reproche :
-Calme-toi, François ! Ce n'était pas très prudent de laisser Julie s'afficher place de la Concorde aujourd'hui…
-Mais c'est elle qui me l'a demandé. Son grand-père était compagnon de la Libération.
-Je le sais. Mais tu devais bien te douter que cela allait faire du bruit.
-Oui.
Et alors ? Il faut bien que Julie puisse exister. Elle étouffe. Elle
doit se cacher en permanence. Ce n'est pas une vie… Et puis la
présidentielle sera un calvaire si nous ne pouvons pas nous voir.
Toujours
ému par les rares confidences de son condisciple de l'ENA, Jean-Pierre
Jouyet, le bon camarade qui avait bénéficié du désistement de Hollande
pour intégrer l'inspection des finances, fit mine de réfléchir. Puis il
reprit :
-Comme tu le sais, nous ne voyons plus du tout Valérie. Ni moi, ni Brigitte [épouse de Jean-Pierre Jouyet et ex-amie de Valérie Trierweiler, ndlr].
Mais je sais qu'elle s'ennuie ferme. Il faudrait lui trouver une
occupation qui la valorise. Et qui l'éloigne de Paris. A vrai dire, j'y
avais déjà pensé avant ce regrettable incident. Il y a trois semaines,
j'ai demandé à Arnaud Lagardère si "Paris-Match" ne pourrait pas lui
confier une série d'entretiens avec des grands écrivains dans le monde
entier. Elle est si fière de sa chronique littéraire…
-Formidable !
C'est une très bonne idée. Tu peux aussi demander à Vincent Bolloré
s'il ne serait pas envisageable de réactiver ce projet d'émission de
grand reportage humanitaire sur Canal +. Elle a besoin de
reconnaissance, tu as raison… Essaie de les convaincre. C'est dans leur
intérêt. Valérie est très célèbre maintenant !
-Je
vais essayer. Mais c'est délicat. Il faudrait surtout qu'elle accepte.
Si elle sait que ça vient de nous, elle est capable de refuser…
-Inch Allah !, sourit le président qui n'en ratait pas une.
Le coup de la courbe
Dès
que Jouyet eut tourné les talons, le président alluma la télévision. Il
put constater avec satisfaction que la petite phrase qui tournait en
boucle sur les chaînes d'info en continu avait été prononcée par lui !
Elle concernait – ô joie ! – la baisse du nombre de chômeurs.
A la question rituelle de David Pujadas "Êtes-vous en
mesure, Monsieur le Président, de nous dire quand le chômage va vraiment
régresser ?", Hollande avait répliqué :
Le chômage a
déjà baissé, il baisse et il baissera ! Notre politique de soutien aux
entreprises porte ses fruits. Nous devons la poursuivre et l'amplifier."
Enfin un scoop…
L'annonce avait, elle aussi, été préparée lors de la réunion de
préparation de l'interview du 14 Juillet, dans le salon vert attenant au
bureau présidentiel. En prenant la parole, le conseiller aux affaires
sociales avait affiché, ce jour-là, la mine satisfaite de celui qui est
sûr de faire son effet dans une réunion de technocrates. "L'Insee nous a
transmis les résultats d'une étude confidentielle qui indique que
l'amélioration constatée au printemps se poursuit. Avec les radiations
du mois de juin et à l'augmentation du nombre des chômeurs de catégorie B
qui ont partiellement travaillé, on constate une baisse des demandeurs
d'emploi de catégorie A. C'est à vous, Monsieur le président, d'annoncer
la bonne nouvelle."
Ce qui fut fait. Mais
le président évita de descendre dans l'arène où il s'était si souvent
fourvoyé. Pas question de reprendre le rôle du petit plombier de
l'économie de son début de quinquennat. Hollande la joua à la
Mitterrand. Relancé par Chazal et Pujadas, il botta en touche : "Le
ministre du Travail François Rebsamen apportera toutes les précisions
chiffrées dans un communiqué publié cet après-midi."
Depuis
de longs mois, la "phase de stabilisation" puis la "baisse
tendancielle" du chômage faisaient l'objet de calculs aussi savants
qu'abscons. Les économistes s'empaillaient sur les plateaux des
talk-shows. Et le ministère du Travail pondait des synthèses de
plusieurs pages justifiant "l'amélioration en cours"…
A
la fin du mois de juin, une note d'une fondation allemande d'obédience
libérale avait fait grand bruit : elle établissait que le taux
d'activité avait progressé en France depuis le deuxième semestre de
2015. Un bon point venu d'Allemagne ? Certains commentateurs y avaient surtout vu une opération de propagande organisée par la chancelière Angela Merkel
désormais en excellents terme avec François Hollande dont la politique
de compromis avec Berlin était un gage de stabilité dans une Europe
chahutée par la sortie de la Grèce de la zone euro et la victoire de la
gauche radicale espagnole aux élections législatives de novembre 2015.
Du point de vue de la chancelière, François Hollande apparaissait comme
une valeur refuge. Il fallait éviter, à tout prix, que la France ne
bascule, elle aussi, dans le camp de la sédition gauchiste…
Les ténors de la droite française,
eux aussi, ne juraient que par le "couple franco-allemand". Mais ils
fustigèrent, comme il se doit, l'annonce présidentielle. "La baisse du
chômage selon @françoishollande ? Un lamentable calcul d'apothicaire",
tweeta Bruno Le Maire. Suivi par Nicolas Sarkozy,
sur Europe 1 : "François Hollande doit cesser de mentir et reconnaître
que le chômage a augmenté de 700.000 demandeurs d'emplois depuis le
début de son quinquennat". Et Alain Juppé, dans "Sud-Ouest", le lendemain matin : "la baisse du chômage n'est pas le résultat d'une formule mathématique. Elle procédera des investissements de nos entreprises."
A
trois mois de la primaire de la droite, les trois prétendants les plus
sérieux à l'investiture rivalisaient d'agressivité pour apparaître comme
le vrai leader de l'opposition…
Fais ton devoir, Arnaud !
Ce 14 juillet, Arnaud Montebourg s'ennuyait ferme à Amnéville-les-Thermes.
Cet ancien bassin sidérurgique mosellan reconverti en station thermale
où il passait le weekend était le fief électoral de sa compagne Aurélie Filippetti,
députée de la première circonscription de la Moselle. Mais hormis
l'aquagym et les massages sous affusion, il n'y avait rien à faire.
En père attentif, l'ancien ministre du Redressement productif s'occupait de ses jumeaux, Alexis et Pablo, âgés de 8 mois.
Tandis qu'Aurélie animait quelques réunions à sa permanence : elle
devait veiller sur sa circonscription où le Parti socialiste risquait de
lui opposer un candidat hollandiste aux prochaines législatives pour
lui faire payer sa dissidence de frondeuse.
L'œil
rivé sur la ligne bleue des Vosges, Arnaud interrogeait son destin. Sa
réussite dans les affaires n'était pas encore flagrante. Membres de
quelques conseils d'administration, l'ancien héraut de la
démondialisation coachait une poignée d'entrepreneurs qui avaient prêté
serment de défendre le "made in France". Et ses engagements de mannequin
ne laissaient guère augurer une carrière internationale…
Malgré
sa promesse maintes fois réitérées d'oublier la politique, Arnaud le
magnifique replongeait dans le débat public comme un drogué incapable de
décrocher, signant des tribunes enflammées contre l'austérité imposée
par Bruxelles ou tweetant contre Hollande qui menait le pays à sa perte.
Dans les études d'opinion, son nom revenait parmi les possibles
refondateurs de la gauche et les candidats rêvés à l'élection
présidentielle.
Mais comment faire pour
convertir cette vague cote d'amour en suffrages ? Comment contraindre
Hollande de se soumettre à une primaire à gauche dont il avait été le
plus fervent avocat et qui est inscrite dans les statuts du PS ?
Montebourg n'avait jamais été un homme d'appareil. Il ne disposait plus
des appuis indispensables dans le petit monde de la politique qu'il
avait copieusement agoni depuis sa sortie ratée du gouvernement. Ah,
maudite cuvée du redressement !
Horripilé par les images de "mou président" supervisant
le défilé du 14 Juillet et accablé par la chaleur, l'ancien espoir de
la primaire de 2011, rêvait plus que jamais de vengeance. Hollande avait
l'outrecuidance de prétendre que sa politique économique portait ses
fruits. Un comble ! "On ne va quand même pas le laisser rempiler pour
second mandat sans réagir ?", lança-t-il, de sa voix de stentor aux
rugueuses inflexions bourguignonnes.
La jeune maman lui répondit sans quitter des yeux une demande de subvention présentée par une association culturelle locale :
Tu sais ce que j'en pense. Il faut que tu y ailles. Fais ton devoir, Arnaud !"
Arnaud
sourit. Il ne pouvait pas décevoir Aurélie. Et que penseraient de lui
Alexis et Pablo s'il n'avait pas le courage de se rebeller ? Il fallait
penser à l'avenir de ces chers enfants qui méritaient mieux que François Hollande et
ses finasseries de congrès socialistes. L'heure était venue de relever
le drapeau, celui des soldats de l'An II, ces sans-culottes qui mirent
en déroute les armées prussiennes à Valmy !
En Grèce, un an après la renégociation d'un plan d'aide européen, Tsipras faisait de la résistance. Les réformes exigées par les créanciers se faisaient toujours attendre. L'économie
touristique était en plein rebond et les regards des intellectuels de
la gauche alternative restaient tournés vers ce laboratoire d'une
nouvelle démocratie bâtie par le peuple et pour le peuple. En Espagne, les députés de Podemos
alliés aux sociaux-démocrates du PSOE les moins corrompus exigeaient un
plan de relance et négociaient, depuis six mois, avec Bruxelles…
Pourtant, rien ne bougeait en France. Leader acrimonieux, Jean-Luc Mélenchon
ne parvenait pas à fédérer la gauche de la gauche. Les écolos n'avaient
jamais supporté d'avoir un chef. Tandis que les frondeurs anonymes,
menaient une guérilla sans issue à l'intérieur du Parti socialiste.
Du
coup, la critique de l'Europe austéritaire, la défense des frontières
économiques, les valeurs de la République étaient plus que jamais
récupérées par le Front national. "Voilà la réussite de Hollande",
enrageait Montebourg qui rêvait de rassembler les patriotes et les
entrepreneurs de tous horizons pour un grand sursaut tricolore. Le
moment était venu d'agir. Vautré sur le canapé, il expédia un SMS à
l'une des assistantes de l'émission "Des paroles et des actes" :
"J'accepte votre invitation. Je serai votre homme, le 6 septembre.
Reparlons des thèmes et du déroulement de cette émission qui marquera
mon (grand) retour sur la scène politique. Bien cordialement. Arnaud Montebourg".
A suivre...chaque semaine, un épisode de la future course à l'Elysée imaginée par
Sylvain Courage et Renaud Dely. Fiction
politique
D) Bide de l’Interview du 14 juillet : l’audience du « King of Tulle » chute de 10% sur un an !
Visiblement l’audacieux Président auto-proclamé ne convainc plus les foules !
Il faut dire qu’un mec qui se sent obligé d’annoncer lui-même ce
qu’il pense être, à la base, pour moi c’est louche ! S’il se sent obligé
de le prouver c’est qu’à nos yeux il est bien loin d’apparaître comme
tel.
Voilà pourquoi je n’accorde aucun crédit à la gauche ; cette gauche
qui se sent constamment le besoin de prouver qui elle est et ce qu’elle
fait… Pourtant si c’était aussi évident que ça, elle n’aurait nullement
besoin de le préciser… Voilà ce qui arrive quand on a un lourd problème
avec sa conscience…
TF1 et France 2 ont respectivement enregistré hier des audiences
particulièrement significatives (en PDM) lors de la retransmission du
défilé du 14 juillet.
J’ai pris le temps hier, quelques minutes tout au plus, d’écouter The
King of Tulle mais c’était tellement inintéressant, que j’ai préféré
passer à autre chose ; la presse étant de toutes façons là pour se faire
le relais de la divine parole socialo-présidentielle…
E) Pour François Hollande, le saut de 2017 approche; La réinvention tranquille de François Hollande
Au sortir du sommet sur la Grèce, l’intervention présidentielle était
très attendue.
Le chef de l’Etat a affiché une posture résolue. Il a redit qu’il ne se
présenterait pas pour un nouveau mandat s’il n’y avait pas de baisse du
chômage. Mais dans le cas contraire…
Il manquait à ce symbolique 14 juillet un signe pour
conforter les arguments de François Hollande sur le fait que la France
et l’Allemagne ont bien été ensemble, face à la crise grecque, «au
rendez-vous de l’Europe». Celui-ci est venu dans l’après-midi, sous la
forme d’un communiqué de l’Elysée annonçant que le président français et
la chancelière allemande s’étaient entretenus au téléphone avec le
président du parlement ukrainien pour réaffirmer leur soutien au
«processus de Minsk».
Retour à la normale, donc, entre
Paris et Berlin, après les orages du sommet bruxellois de dimanche
durant lequel Angela Merkel avait «des raisons d’être méfiante» mais a
été «au rendez-vous de l’Europe» face à un Alexis Tsipras que le
locataire de l’Elysée a confirmé avoir pris sous son aile: «Je lui ai
dit: «Maintenant tu es plus fort dans ton pays, c’est sûr, avec ce
référendum, mais tu es plus faible en Europe. […]» Je lui ai dit:
«Aide-moi à t’aider, aide la France à aider la Grèce.»
Le
ton présidentiel, à la fois familier, posé et déterminé, aura
d’ailleurs été, hier, l’élément clé de cette journée conçue pour
rassurer. Une descente inédite des Champs-Elysées par les forces
d’intervention de la police et de la gendarmerie (Raid, GIGN, BRI) en
première ligne face à la menace terroriste de l’islamisme radical qui a
marqué de son empreinte sanglante en ce début d’année 2015. Un saut
spectaculaire de parachutistes pile devant la tribune présidentielle, où
François Hollande avait convié le chef de l’Etat mexicain, Enrique Peña
Nieto. Une longue accolade filmée, en fin de cortège, avec les jeunes
volontaires du «service civil», que François Hollande veut rendre
«universel» et étendre à 150 000 jeunes par an.
Sécurité
d’un côté, cohésion sociale et volontarisme international de l’autre,
avec la présence du détachement médical Ebola et de plusieurs unités
précédemment déployées en Centrafrique et dans la bande sahélienne.
«Nous sommes face à des groupes qui veulent mettre en cause les
civilisations, toutes les civilisations», a déclaré le président. En
ajoutant, à propos de la menace terroriste: «Ils cherchent à nous
diviser, faire qu’il y ait une guerre de religion, faire que nous
puissions entre Français nous soupçonner en faisant l’amalgame entre
musulmans et islamistes. Moi, je ne dois pas avoir peur. Les Français ne
doivent pas avoir peur, ne jamais montrer» leurs angoisses, «parce que
montrer, c’est céder».
C’est un autre saut, politique
celui-là, qui a toutefois dominé l’intervention télévisée
présidentielle: celui de 2017 et de sa candidature pour un second
quinquennat. La réponse, sans surprise, n’est pas venue. Mais à
l’évidence François Hollande y pense, se préparant à l’échéance avec des
mots ciselés qui pourraient bien se retrouver dans un programme d’ici à
un an et demi. L’affirmation, d’abord, de la stabilité gouvernementale
avec «un bon premier ministre qui a pris des engagements» et «doit
terminer le quinquennat avec moi». Le couplet sur la transparence d’un
président «blessé par les manquements à la morale», allusion aux
manquements des anciens ministres Cahuzac et Thévenoud. La volonté de
continuer les réformes, de baisser les impôts, mettant l’accent sur
l’égalité «qui ne doit pas entraver la liberté de créer». Le tout conclu
par une habile sortie sur Nicolas Sarkozy, dont la possible candidature
n’est pas un sujet «sur sa table de travail».
Alors
2017? «J’ai une obligation de résultat. S’il n’y a pas de baisse du
chômage, je l’ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat», a répété
François Hollande. En prenant les sceptiques à témoin: «Personne ne m’a
demandé de venir à la place où je suis. Je l’ai voulu. Je dois assumer
cette tâche. C’est un principe de responsabilité.» Les circonstances
peuvent donc l’amener à renoncer. Mais hier, la volonté de tenter ce
second saut présidentiel se résumait clairement dans sa boutade lâchée
aux journalistes en début d’entretien: «Vous en connaissez, vous, des
présidents aussi audacieux que moi?»
La réinvention tranquille de François Hollande
L’allocution télévisée du 14 juillet était, comme toujours, un moment de
théâtre politique français. Mais la mue présidentielle de François
Hollande paraît cette fois se dessiner
On se souvient du slogan de François Mitterrand en 1981.
Le député de la Nièvre et futur président avait alors choisi d’incarner
«La force tranquille», sur fond de paysage du Morvan. Mardi,
la prestation télévisée de François Hollande – qui débuta à l’Elysée
sous Mitterrand – aurait pu s’intituler «la réinvention tranquille».
Lui, le président à l’impopularité record et au style si éloigné de la
rupture nécessaire pour relancer la France, en train de parler
«d’audace», «d’innovation», de «liberté de créer», d’une «Europe qui a
gagné» à propos de la Grèce et de son refus «qu’un peuple soit humilié».
Avec, bien sûr, une candidature en vue pour 2017.
Le
vainqueur de 2012, qui mit si longtemps à endosser le «costume» de chef
d’Etat, semble avoir trouvé sa voie: celle d’un accoucheur de
compromis, d’un «protecteur» soucieux du destin de ce pays que son
rugueux premier ministre, Manuel Valls, a la charge d’essayer de
réformer. Théâtre? Bien sûr. L’asphyxie de l’économie et les fractures
de la société française disent une urgence que ce discours rassurant et
volontariste ne peut pas dissiper. N’empêche: la mue présidentielle du
candidat Hollande, sous la pression des événements, commence à se
dessiner. Ses détracteurs et adversaires, plus que jamais, auraient bien
tort de le sous-estimer.
F) François Hollande, les petites manigances d’un obsédé fiscal
Des débuts de sa carrière de haut fonctionnaire à la fin de son
quinquennat, François Hollande aura fait des impôts une arme politique
Les faits - Député PS, il était
considéré comme l'expert de la fiscalité à gauche. Président, il
s'intéresse aux taxes sur les appareils de musculation dans les salles
de sport. Aucun autre homme politique français n'aura autant joué avec
la fiscalité. Elle a fait son succès à un moment donné, elle pourrait
bien causer sa perte au final.
Hiver 2011. La primaire du parti socialiste en est à ses
balbutiements. Crédité de 3% d'opinions favorables, François Hollande
est très loin derrière DSK - pas encore disqualifié par ses déboires
new-yorkais - et Martine Aubry, candidate non déclarée. C'est l'époque
où Jean-Pierre Jouyet, son ami de toujours qui deviendra secrétaire
général de l'Elysée, confie le plan secret de «François» : «Il peut
compter sur quelques fédérations PS pour s'imposer comme le troisième
homme de la primaire. Cela lui permettra de négocier son ralliement au
futur vainqueur en échange d'un gros ministère des Finances. C’est son
rêve. Il fera parfaitement l'affaire ! »
Chez François Hollande,
la fiscalité est plus qu'une passion, c'est une obsession. Il a échoué
durant la première partie de son quinquennat en augmentant trop les
impôts ? Peu importe : il compte repasser par la fenêtre en proposant
une réforme structurelle durant la seconde partie du quinquennat, avec
le prélèvement à la source. Son objectif: pouvoir jouer avec les impôts.
Les
anecdotes fleurissent sur ses premiers mois à l'Elysée. Emmanuel
Macron, secrétaire général adjoint durant les deux premières années, le
reconnaissait volontiers : beaucoup de notes détaillées sont préparées
sur le sujet, bien plus que sur tous les autres, et le Président les lit
toutes. «Il envoie des textos aux ministres, confie un député.
Pierre-Alain Muet en a reçu des tas lors de la préparation du projet du
CICE.» «C’est même lui qui a eu l’idée de ce CICE», rappelle Gilles
Finchelstein, un proche du chef de l'Etat (1). La légende raconte
d'ailleurs qu'il a dessiné la tuyauterie complexe de ce crédit d'impôt
sur un coin de table devant Emmanuel Macron en lançant: «Voilà ce qu'il
faut faire !» Et quand le président ne sait plus à quel impôt se vouer,
il demande à son conseiller fiscal une note sur la taxation des
appareils de musculation dans les salles de sport...
L'impôt, ce
conseiller d'Etat est tombé dedans très jeune. «Il a découvert la
lumière fiscale lors de son grand oral à l’ENA», s’amuse Thomas Piketty.
Dans les années 1980, on le retrouve enseignant à Sciences Po.
Directeur de cabinet de Max Gallo, il forme alors un duo avec Pierre
Moscovici, le secrétaire du «groupe des experts» de Claude Allègre. Les
deux hommes publieront leurs cours en 1991 chez Odile Jacob, sous le
titre L’Heure des choix. Dans ce pavé de 360 pages, on trouve déjà un
chapitre sur la fiscalité. «L’impôt est toujours un biais par rapport à
un optimum de premier rang ; et la variation de son taux et de son
assiette peut toujours être contrariée par les réactions des ménages ou
des entreprises, écrivent-ils. C’est par rapport aux enjeux de la
compétition internationale que la performance d’un système fiscal doit
être appréciée. Pèse-t-il excessivement sur les entreprises,
défavorise-t-il exagérément l’épargne, nuit-il à la motivation et donc
au travail des agents ? »
François Hollande et Pierre Moscovici
n’ont pas dû relire leur ouvrage... Peu importe. Hollande a vite compris
que la fiscalité était le plus politique de tous les sujets. Son coup
de maître date de 1989, lorsque le jeune socialiste est secrétaire de la
commission des finances à l’Assemblée nationale. Au sein de cette
instance, on s’émeut de l’OPA lancée par Suez sur le groupe d’assurance
Victoire qui fait gagner beaucoup d'argent aux actionnaires du groupe
sans que ces derniers aient d'importantes plus values à régler. Le
député Hollande décide alors de diriger une mission d’information sur la
fiscalité du patrimoine. Belle intuition. Son rapport est publié en
juin 1990, quelques jours après que François Mitterrand a prononcé son
célèbre discours d’Auxerre, dans lequel il a regretté qu’on puisse
«s’enrichir en dormant» et critiqué les «plus-values spéculatives». Ces
déclarations donnent au travail de François Hollande un retentissement
particulier. Et le classent définitivement comme un expert du sujet même
si son rapport n’a rien de révolutionnaire.
L'arme politique de
la fiscalité ? Il en use pour plomber la campagne présidentielle de sa
compagne, Ségolène Royal, en annonçant l'intention de la gauche de
relever les impôts pour les «riches» au-delà de 4000 euros de revenus
mensuels si elle arrive au pouvoir. La fiscalité sera aussi au coeur de
sa propre campagne. «Dis-moi quels sont tes impôts, je te dirai dans
quel pays tu vis», lance-t-il le 17 octobre 2010 lors d'un discours à
Périgueux. Pour mieux attaquer son adversaire, il lâche: «La
sanctuarisation des gros patrimoines, c’est la seule constante de la
politique fiscale de Nicolas Sarkozy».
Lors de l’université d’été
du PS à La Rochelle, en 2008, il s’amusait du nombre de nouvelles taxes
créées depuis un an par le «Président des riches» : franchise médicale,
cotisation retraite, taxe sur les opérateurs de téléphonie, sur les
fournisseurs d’accès à Internet, sur la participation, sur la vente du
poisson... «Ce sera bientôt la gabelle, la taille, et pourquoi pas la
taxe sur les portes et fenêtres?», raillait le futur candidat. Et de
conclure sur une pique savoureuse comme il les affectionne : «La taxe
qui rapporterait le plus serait celle sur les mouvements de Nicolas
Sarkozy!». Et c'est finalement en promettant de taxer à 75% les revenus
supérieurs à 1 million d'euro qu'il tuera le match de la présidentielle
en 2012. Depuis, malgré les dégâts sur l'économie, rien n'a vraiment
changé. Ce qui fait dire à un député PS «hollandais»: «Ce type était
fait pour être ministre des Finances...»
Par Cyrille Lachèvre, Irène Inchauspé et Nathalie Segaunes - L'Opinion
(1) «L'Horreur fiscale», Sylvie Hattemer et Irène Inchauspé, Fayard, 2014
François Hollande est victime d'une incapacité à
voir le réel et à s'y adapter comme en témoignent les errements de son
intervention du 14 juillet.
Il rêve. Il ne change pas, il rêve. Un rêveur éveillé. Il rêve la
réussite du plan que Tsipras et l'Europe viennent de conclure au prix de
difficultés inouïes. Il rêve une Europe réunie et renforcée, un budget
de la zone euro, un gouvernement économique et, pourquoi pas, politique
de l'Europe. Il rêve la convergence entre l'Allemagne et la France : "il
y a un lien" entre Angela Merkel et lui-même. Il rêve les bonnes
intentions iraniennes. Il rêve la paix universelle : "Décidément, le
monde avance." Il rêve la France, dont il se fait une "certaine idée",
il rêve la patrie et son âme. Il rêve la croissance : "Elle est là." Il
rêve les moyens qu'il met en œuvre pour la renforcer : l'allègement des
charges, la baisse des impôts, les économies, la liberté, l'égalité, la
morale. Il rêve le rassemblement : "Ceux qui veulent venir sont les
bienvenus." Il rêve sa propre autorité : "Vous connaissez des présidents
aussi audacieux que moi ?"
Ce pourrait être un système, une méthode, une stratégie. Mais à ce
point on ne peut pas le croire. C'est de nature. Un mélange de naïveté
et d'orgueil. Une extraordinaire confiance en soi et en son destin. Et
surtout de l'inconscience, une incapacité schizophrénique à voir le réel
et à s'y adapter. Et d'ailleurs, si le peuple ne le suit pas, si le
peuple résiste à cette parole enchantée, il y a bien une raison. Le
peuple, lui, a compris que la question grecque n'est pas résolue, que
l'Europe traverse une crise profonde, que les divergences entre la
France et l'Allemagne sont graves, que la paix et la sécurité mondiales
sont menacées, que la reprise économique est loin d'être assurée, faute
que les décisions prises à cet effet par le gouvernement Valls ne soient
pas à la mesure des intentions. Le peuple a compris que l'unité
nationale est précaire, la majorité branlante et l'âme de la France
molle.
Un manque de lucidité et de fermeté
Il rêve, aveugle et sourd devant ces évidences, prenant pour de
l'audace sa vision pacifique, satisfaite et iréniste du monde. Mais
qu'importent les bonnes intentions et la bonne volonté lorsque manquent
la lucidité et la fermeté ? Il y a du fataliste chez lui. S'il est vrai
qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession si le chômage reste à
son niveau, que n'a-t-il consacré ses plus ardents efforts à en inverser
la courbe ? On dirait que la parole, dans laquelle il excelle, le tient
quitte du reste. Comme le pape. Mais le pape ne dispose que du pouvoir
de l'esprit et ne répond que devant Dieu. François Hollande, lui, a tous
les pouvoirs, et c'est devant le peuple français qu'il répondra de ses
rêves inaboutis.
H) «L'audace» vantée par Hollande provoque les moqueries de la droite
En se présentant comme l'un des présidents les plus «audacieux» de la Ve
République lors de son interview du 14 juillet, François Hollande a
déchaîné les critiques à droite.
«Vous en connaîtrez, j'espère, des présidents aussi audacieux que
moi», a lancé mardi François Hollande, à l'occasion de la traditionnelle interview du président de la République du 14 juillet.
Une autosatisfaction régulièrement martelée par le chef de l'État et
qu'il a justifiée notamment par la mise en place de la loi Macron ou
encore du pacte de responsabilité. Mais à droite, l'optimisme affiché
par le président de la République dans un contexte économique et
sécuritaire très difficile en France suscite l'agacement et les
moqueries.
«Grâce à moi, depuis que je suis Président, la France compte 1,3 million de chômeurs de plus»,
a par exemple ironisé ce mercredi sur Twitter l'ancienne ministre
Nadine Morano, reprenant à son compte pour l'occasion le hashtag
#hollandelaudacieux. Des railleries rapidement partagées par le
secrétaire général des Républicains Laurent Wauquiez.
«En France, depuis hier, on compte au moins un homme content, c'est
François Hollande», a relevé le député sur le réseau social. «Pour le
moment, la plus grande audace de François Hollande a été de juger qu'il
est un président audacieux», a renchéri le chef de file des sénateurs LR
Bruneau Retailleau.
Réaction également amusée du côté du juppéiste Gilles Boyer: «C'est vrai que François Hollande est audacieux. D'envisager de se représenter».
«'Des présidents aussi audacieux que moi', dit Hollande en parlant de
lui. Bon il tutoie Tsipras. Mais de là à se prendre pour un dieu de
l'Olympe…», n'a pas manqué d'asséné le sénateur républicain Roger Karoutchi.
Du côté de l'ancien ministre Bruno le Maire
la colère suscité par le satisfecit de François Hollande l'emporte sur
l'humour ce mercredi matin. «J'ai tout vu hier sauf un Président
audacieux. J'ai vu un François Hollande
indifférent aux français. Hier, François Hollande n'a eu aucun mot sur
les chômeurs, les agriculteurs, les entreprises», a asséné le député de
l'Eure sur RTL.
L'«audace», le credo de Hollande
«L'audace»
est une constante des discours du chef de l'État depuis la dernière
campagne pour l'élection présidentielle. Mardi, elle lui a notamment
permis de placer son parcours dans les pas de Charles de Gaulle. Dès février 2012 dans son livre «Changer de destin» François Hollande,
alors candidat, évoquait le général comme «un président qui rêvait
d'une nation réconciliée autour de la fierté, de l'audace». François
Hollande a également appelé les Français à faire preuve d'audace pour
soutenir le redressement de la France à l'occasion de ses voeux à la
nation le 31 décembre 2014.
I) Quand François Hollande confond l'audace et l'autosatisfaction
André Bercoff a regardé Hollande à la télévision ce 14 juillet. Il a été
sidéré par le décalage entre la réalité quotidienne des Français et les
visions lointaines du président de la République.
Hollande est audacieux. Hollande a le calme de l'homme d'Etat sûr de
lui et pacificateur. Hollande maîtrise son sujet et le destin de son
pays. Puisqu'il a sauvé la Grèce, comment peut-il ne pas, en 2017,
sauver la France? Ne l'accablons pas: il a fait ce qu'il a pu dans le
marathon du mentir-vrai qui a vu l'Europe du Nord et celle du Sud
s'affronter dans un combat qui ne fait que commencer. La fable de la
cigale et de la fourmi sur fond de poker menteur, n'est pas terminée eu
égard à l'étroitesse de la marge de manœuvre des uns et des autres. Ce
qui est sûr, en attendant, c'est que, comme d'habitude, de toute façon,
et de toutes manières, le contribuable et pas seulement l'Allemagne,
paiera.
Ainsi parlait, hier, le président. L'Iran, la bombe
atomique, accords désaccords, il est toujours bon de rappeler aux
Français qu'ils sont gouvernés par un monarque qui sait garder son
calme, son sang-froid et sa lucidité jusque dans l'œil du cyclone. Et
pourtant, pas un mot sur les grains de sable dans la machine, et dans la
chaussure, les petits cailloux qui risquent de devenir grands:
explosion à l'étang de Berre, commissariats de police entourés et
caillassés, pompiers appelés au secours et accueillis à coups de
pierres, incivilités quotidiennes et une ébauche, n'employons pas les
gros mots, de guérilla urbaine encore tiède, mais dont plusieurs
épisodes donnent à penser que la température pourrait monter.
Certes, notre chef bien-aimé nous l'a rappelé: 30 000 policiers sont
mobilisés et le resteront, Vigipirate règne, mais l'inquiétude est là
car Hollande et les 65 millions de Français le savent bien: on ne peut
pas mettre un gendarme devant chaque établissement public, religieux,
scolaire, touristique, que compte le pays. Et tous de sentir confusément
qu'il y a là le ferment d'une insécurité que nulle homélie ne peut
apaiser.
Il est bon de s'appesantir sur le gouffre hellène, les
tensions au Moyen-Orient, la réintégration de l'Iran chiite contre Daesh
sunnite, mais où est l'atterrissage en France et la volonté de prendre
le chômage, la dette, les charges, la retraite, les migrants, et tout le
reste à bras le corps? De dire enfin les mots qui fâchent sur les
choses qui rongent? L'autosatisfaction a du bon, quand elle ne donne pas
l'impression de se situer sur Pluton. Hollande, encore un effort si
vous voulez vraiment défendre la République.
14 juillet. Après le traditionnel défilé militaire, François Hollande recevait à l'Élysée David Pujadas et Claire Chazal pour une interview télévisée. En parallèle, admirateurs et détracteurs du chef de l'État se sont affrontés sur la Toile.
"Audacieux" et protecteur, tel s'est présenté aux Français, François Hollande, mardi 14 juillet. "Vous en connaîtrez, j'espère, des présidents aussi audacieux que moi", a lancé le chef de l'État aux deux journalistes qui l'interrogeaient sur son manque d'"audace" sur la scène nationale. Il n'en fallait pas plus pour déchaîner les internautes. Côté politiques, son Premier ministre, Manuel Valls, a aussitôt pris sa défense : "'Nous devons porter l'idée de la France'. Depuis 2012, le Président le fait avec force, volontarisme et constance", a-t-il lancé sur Twitter. À droite Nadine Morano, parmi d'autres, a été beaucoup plus critique : "Moi président tout va bien en France, dormez, le chômage va continuer à exploser. Hollande en mode autosatisfaction déconnectée des réalités", a lâché la députée européenne.
D'autres internautes ont pris le parti de l'attaque, n'hésitant pas à poster des photomontages pas vraiment flatteurs pour François Hollande. C'est le cas de "Monsieur Pignon" qui a publié sur Twitter la couverture du livre "Le courage de M. Peureux" - de la série "Monsieur Madame" - accompagné du message suivant : "Je suis un président audacieux". Ou encore un certain "Docteur masqué" qui a posé la question suivante : "Comment je me vois/comment les Français me voient, Audacieux", accompagnée d'une photo du Président déguisé en super-héros. "Hollande : audacieux, NON ; Gonflé, OUI" a écrit un autre internaute.
Plein d'humour, un Twitto dénommé "ediSering", partisan de Nicolas Sarkozy, a pour sa part posté une photo de François Hollande sous la pluie, visage trempé et lunettes embuées. Un cliché pris lors du premier 14 juillet du chef de l'État, en 2012. Sous la photo on peut lire : "L'audace c'est d'avoir été le seul président à sortir sans parapluie. Audacieux du mauvais temps".
K) "La seule audace de Hollande, c’est de se dire audacieux"
Hervé
Gattegno est revenu ce mercredi sur le discours du 14-juillet de
François Hollande. Au cours de cet entretien, le chef de l'Etat a
notamment vanté son audace ce qui pour notre éditorialiste est "une
erreur".
Vous revenez sur l’interview du président de la République
pour le 14 juillet. François Hollande a beaucoup invoqué "la patrie" et
vanté sa propre audace – ça ne vous a pas convaincu. Votre parti pris :
la seule audace de Hollande, c’est de se dire audacieux ! Vous êtes
sévère…
On peut dire bien des choses de François Hollande, y
compris positives : qu’il est habile, tenace, qu’il a pris la mesure de
sa fonction, gagné en gravité – tout cela est vrai. Mais s’il y a un
terme qui ne le caractérise pas, c’est l’audace. Sur ce plan-là, le
pouvoir ne l’a pas changé. De fait, son interview était tout sauf
audacieuse : il n’a rien annoncé de nouveau (même pas la loi sur le
numérique, en chantier depuis… 2013) ; et la forme de cet entretien
télévisé est toujours aussi archaïque. La seule surprise, c’est bien
l’utilisation de ce mot : "audace", qui, pour le coup, était si
audacieuse qu’elle a pris tout le monde à contre-pied… y compris
Hollande lui-même !
Vous voulez dire que François Hollande a
commis une faute en s’attribuant cette qualité ? Ce ne serait pas le
premier président pris en flagrant délit de vanité…
Une faute,
non – les présidents sont rarement modestes ; plutôt une erreur, un
bug. Parce que François Hollande avait prévu d’axer toute son
intervention sur une qualité totalement différente de l’audace : la
capacité à rassurer, à protéger – c’est cette image qu’il travaille
depuis les attentats de janvier. Il voulait profiter de la crise grecque
et de l’accord sur le nucléaire iranien pour souligner cette
impression. Sauf que la question de David Pujadas sur son manque
d’audace l’a vexé, il a repris le mot à son compte et c’est cette
incongruité que tout le monde a retenu. Résultat : Hollande comptait se
régaler avec le régalien ; et c’est l’audace qui a fait de l’audience…
L’autre moment qu’on a retenu, c’est quand il a redit qu’il ne serait
pas candidat en 2017 si le chômage n’a pas diminué. Vous y croyez ?
Pas une seconde – c’est-à-dire pas plus qu’aucun Français. Même les
proches de François Hollande disent qu’il est candidat et d’une certaine
façon, cette proclamation réitérée est déjà un argument de campagne :
c’est censé peaufiner le profil du président désintéressé, qui se soucie
du pays avant tout et n’a pas d’ambition pour lui-même. Pour François
Hollande, c’est à peu près aussi vrai que lorsqu’il dit que la Grèce n’a
pas été humiliée, que la loi Macron a libéré l’économie française ; ou
qu’un bon exemple de l’audace de sa politique est le plafonnement de
l’indemnité de licenciement – là, ce n’est plus audacieux, c’est presque
indécent.
Donc en définitive, il n’y a vraiment rien à retenir de ces trois quarts d’heure d’interview présidentielle ?
Rien de plus que les années précédentes. Un signe politique, peut-être
: Manuel Valls a vocation à rester à Matignon jusqu’en 2017. C’est la
meilleure façon de museler celui qui pourrait être son principal rival à
gauche – une preuve de plus que François Hollande est candidat. A part
ça, il est toujours aussi étrange que notre fête républicaine soit
l’occasion d’un rituel quasi monarchique avec cette interview en majesté
– d’ailleurs, est-ce que François Hollande n’avait pas juré qu’il ne
ferait plus venir les journalistes à l’Elysée parce que c’était une
pratique d’un autre temps ? Je veux bien lui pardonner ce parjure s’il
prend une décision vraiment audacieuse : 14 juillet ou pas, plus
d’interview quand il n’a rien à dire.