L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) Appli, adhésion sans engagement : ce que prépare Sarkozy pour attirer les militants - François Vignal - Public Sénat
B) Sarkozy confirme « Les Républicains » et accuse le PS d’être « d’abord socialiste » - Par Matthieu Goar et
Alexandre Lemarié - Le Monde
C) “Les Républicains” tièdement accueillis à droite : Nicolas Sarkozy a-t-il perdu la vista ? - Christelle Bertrand - Atlantico
D) «Les Républicains» : comment Sarkozy veut dépasser la logique de parti - Aurelie Abadie - Les Echos
E) Changement de nom de l’UMP : je suis Abel ? Alain Toullec - Contrepoints
F) République de Wikiberal
G) L’œil de Caïn - Le blog d'Eric de Beukelaer
A) Appli, adhésion sans engagement : ce que prépare Sarkozy pour attirer les militants
L’UMP va lancer une application mobile pour consulter ses militants et prendre « la température » sur des sujets de société. Les militants auront aussi le choix entre deux formules d’adhésion : l’une premium, plus classique, et une offre d’appel pour participer sans s’engager pleinement. De quoi atteindre plus facilement l’objectif de 500.000 adhérents en 2017.
l’UMP prépare une application pour smartphones et tablettes à destination de ses militants. Et c’est bien réel. « Cette application va s’appeler Direct citoyens et reposera sur le référendum », explique un proche de Nicolas Sarkozy dans le Parisien/Aujourd’hui en France. Une information confirmée à publicsenat.fr par la sénatrice UMP Sophie Primas, secrétaire générale adjointe de l’UMP, chargée des adhésions.
Un système « participatif »
« L’idée de l’application est de pouvoir solliciter les militants et
les adhérents sur des questions de société, politique, économique, de
santé, etc, afin d’obtenir un avis en direct » explique la sénatrice des
Yvelines. L’idée vient surtout de Nathalie Kosciusko-Morizet et
« Nicolas Sarkozy y est très favorable ». En revenant à la tête de
l’UMP, l’ancien Président avait promis de consulter plus les militants.
« Les gens ont envie de plus de réactivité. Ils veulent bien venir dans
une famille politique si ça sert à quelque chose. Ça fait partie des
nouvelles façons de faire de la politique », selon Sophie Primas.
« L’idée est d’interroger les militants une fois par semaine. Ils auront
un code adhérents, ce sera sécurisé ».
Ce système « un peu plus participatif » n’est pas sans rappeler la
démocratie participative défendue par Ségolène Royal lors de la
présidentielle de 2007 et à l’époque décriée par… Nicolas Sarkozy.
« C’est une bonne idée », affirme aujourd’hui Sophie Primas, « si elle
n’empêche pas d’agir. Ce que proposait Ségolène Royal pouvait être plus
compliqué ».
Gadget ou innovation ?
Par cette application, l’UMP, qui était sur le numérique plutôt à la
traîne face au PS lors de la présidentielle de 2012, va pouvoir paraitre
plus à la page. Les internautes sont habitués à donner leur avis, que
ce soit directement sur les sites d’informations ou sur les programmes
télé via Twitter. Alors pourquoi pas sur les idées qui alimenteront le
futur programme du candidat. Mais demander leur avis aux militants, un
peu comme « dans les sondages interactifs sur les sites d’info », ne
risque-t-il pas de se limiter à un gadget ? « C’est la vrai bonne
question », reconnaît la responsable de l’UMP, « mais je ne pense pas.
Nathalie Kosciusko-Morizet et Nicolas Sarkozy ont envie de mieux
ressentir les avis de l’ensemble de notre base. C’est un moyen de
remonter rapidement des informations d’une grande richesse. Après,
est-ce que tout sera utilisé ? Peut-être pas, mais ça servira. C’est une
prise de température ». La sénatrice donne une illustration : « Sur les
prestations sociales, si on imagine avoir une politique globale des
prestations et non plus un éparpillement comme aujourd’hui, ça veut dire
qu’il faut les globaliser. Si un fichier rassemble en France tout le
monde avec toutes les prestations, ça peut faire peur. Est-ce qu’on est
d’accord ou pas ? Voilà un exemple ».
Cette application sera un outil au service de l’ambition affichée par
Nicolas Sarkozy : avoir 500.000 militants en 2017. Le parti en avait
« 220.000 fin 2014 », selon la responsable des adhésions. « Après une
progression quand Nicolas Sarkozy a été élu à la tête de l’UMP, il y a
eu un petit coup de mou en début d’année, mais là, c’est bien reparti
depuis la victoire des départementales et avec la perspective du nouveau
mouvement », précise Sophie Primat.
Du marketing appliqué à la politique
Pour le lancement des Républicains, le nom très probable de la
nouvelle formation qui remplacera l’UMP lors d’un congrès le 30 mai, les
responsables du premier parti d’opposition ont imaginé la création
d’une nouvelle formule d’adhésion. Au choix : une carte d’adhérant
« normale », qui donnera la totalité des droits d’un militants. Ou bien
une offre d’appel pour appâter le chaland hésitant à s’engager. L’idée
n’est pas sans rappeler les formules « sans engagement » des opérateurs
téléphoniques. Du marketing appliqué à la politique en somme. « On
réfléchit à avoir une espèce de sas d’entrée pour les sympathisants, qui
pourraient dans un premier temps travailler au projet. L’idée est que
ce soit un peu moins engageant que pour les adhérents classiques.
Certains ont envie de réfléchir sans être sollicités pour les tractages
ou les meetings. C’est comme un gendre qui arrive dans une famille.
Avant d’être marié, il fait partie des déjeuners du dimanche ! » lance
Sophie Primas. Il n’est pas exclu que le prix varie selon la formule,
mais rien n’est encore arrêté. L’application smartphone serait adaptée
aux deux niveaux d’engagement. Elle serait plus « ouverte » pour les
adhérents et « plus bridée » pour les sympathisants.
L’application permettra aussi à la future « famille » de la droite –
le mot moins rassembleur de « parti » est proscrit à l’UMP – « de mieux
cibler notre com’ », explique Sophie Primas. Plutôt qu’une
« communication rouleau compresseur avec un communiqué de presse qu’on
envoie à tout le monde, on peut faire un ciblage de la communication.
Les militants pourront ne recevoir que ce qui les intéresse ». L’UMP n’a
cependant pas encore prévu d’adapter Angry Birds ou Candy Crush pour
arriver à toucher un maximum de personnes.
Fluicity, une application pour les collectivités
La future application de l’UMP sera-t-elle créée par Julie de Pimodan ? La jeune femme est la créatrice de l’application Fluicity.
Elle fait aussi partie des 10 lauréats du concours d’innovation de la
revue américaine MIT Technology Review du célèbre Institut de
Technologie du Massachusetts (MIT). L’application propose aux
collectivités locales d’interroger les citoyens et de recueillir leurs
avis. Un peu comme souhaite le faire l’UMP.
B) Sarkozy confirme « Les Républicains » et accuse le PS d’être « d’abord socialiste »
« Les socialistes sont d’abord socialistes et ensuite républicains. Nous, nous sommes républicains avant d’être gaullistes, libéraux et centristes », a déclaré Nicolas Sarkozy
, mercredi 22 avril, lors d’un déplacement à Nice, confirmant au passage sa volonté de rebaptiser l’UMP « Les Républicains », lors du congrès de refondation du parti, le 30 mai.
La nouvelle appellation n’est pas
encore officielle. En principe, le nom « Les Républicains » doit être
soumis le 5 mai au bureau politique de l’UMP, avant d’être approuvé par
les adhérents lors du congrès du 30 mai. Mais comme cette idée suscite
déjà des critiques dans son camp, ainsi que dans la majorité, M. Sarkozy
a ironisé sur l’attitude de ses adversaires :
« Ce mot, république, j’ai vu que ça ne plaisait pas à la gauche. (…) Va peut-être falloir qu’ils s’habituent », a-t-il déclaré, avant de lancer : « Quand ça fait mal, ils ne devraient pas crier si fort. »
« Nicolas Sarkozy ne connaît pas Jaurès », a rétorqué le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, sur Twitter, en soulignant que « le socialisme, c’est la République jusqu’au bout .
la gauche trouve qu'utiliser "Les Républicains" est un hold-up.lol
En changeant la dénomination du parti
fondé en 2002 par Jacques Chirac et Alain Juppé, l’ancien chef de l’Etat
cherche notamment à faire oublier un acronyme attaché à plusieurs
dossiers judiciaires, notamment celui de l’affaire Bygmalion. Mais ce
choix suscite de vives critiques autant à droite qu’à gauche, pour la
même raison : on reproche à M. Sarkozy de vouloir s’arroger indûment le
monopole des valeurs de la République.
La majorité dénonce « une captation d’héritage » de la part de l’UMP. « La
République est un bien commun. Il ne faut pas se l’approprier. Nicolas
Sarkozy aurait été dans l’honnêteté et dans la réalité en appelant ce
parti la Droite républicaine », a relevé Christian Paul, chef de la
motion de la gauche du PS. Le secrétaire d’Etat aux relations avec le
Parlement, Jean-Marie Le Guen, parle même d’« abus de pouvoir ».
Juppé opposé
« Vouloir s’arroger le nom de Républicains, pour un parti, c’est étrange », a abondé François Bayrou. « Il n’y aurait de républicains que dans ce parti-là ? », s’est étonné le président du MoDem, trouvant que « ça ne définit pas un parti politique ».
Au sein de l’UMP, ce choix n’est pas non plus du goût d’Alain Juppé. En déplacement à Strasbourg,
mercredi 22 avril, le principal rival de M. Sarkozy a été interrogé sur
les doutes de ses soutiens au sujet du nouveau nom prévu pour l’UMP. « Je les comprends. Ça ne va pas être facile de dire : “J’appartiens aux Républicains” », a-t-il expliqué à la presse. Pour lui, la droite n’a pas à « monopoliser » ce terme car il y a des « républicains partout ». Le candidat à la primaire de 2016 a toutefois précisé qu’il ne ferait pas de ce thème un « sujet de querelle », rappelant qu’il avait fait voter les adhérents en 2004 sur plusieurs noms en leur proposant par exemple « La Maison bleue » : « Nous étions créatifs à l’époque. »
M. Juppé préfère laisser ses lieutenants sonner la charge. « Les Républicains ? C’est un choix très curieux, et très contestable, a dénoncé le député juppéiste Edouard Philippe, mercredi dans Libération. A
l’UMP, nous sommes des républicains, sans aucun doute. Mais je ne
considère pas que nous soyons “les Républicains”. Il me semble qu’un
grand nombre d’élus et d’électeurs d’autres partis le sont tout
autant. » Espérant visiblement faire changer d’avis M. Sarkozy, M. Philippe a mis en garde : « Se nommer Républicains serait un vecteur de clivage. »
Gilles Boyer, conseiller du maire de Bordeaux, a résumé le débat en un message sur Twitter : « Nous sommes DES républicains. Nous ne sommes pas LES républicains. »
Dans une tribune publiée dans Le Monde le 15 avril, l’historien Jean-Noël Jeanneney a lui aussi dénoncé ce choix, en soulignant que « la République appartient à tous, et ne saurait être confisquée par un seul parti ».
« Se nommer soi-même, ce n’est pas agresser les autres », a répondu Nathalie Kosicusko-Morizet, numéro trois de l’UMP.
Reste
que le nom choisi par le président de l’UMP suscite de vives
résistances au sein même de son électorat : 57 % des sympathisants de
droite et 56 % de ceux de l’UMP affirment préférer la dénomination UMP,
selon un récent sondage Odoxa.
Le rejet est encore plus massif dans l’ensemble de l’opinion : 66 % des
Français n’apprécient guère le changement de nom voulu par Nicolas
Sarkozy.
C) “Les Républicains” tièdement accueillis à droite : Nicolas Sarkozy a-t-il perdu la vista ?
Très contesté à droite et raillé à gauche,
le nouveau nom de l'UMP, “Les Républicains”, pourrait coûter très cher à
Nicolas Sarkozy. Un choix politique pris en solitaire qui pose de
nombreuses questions sur la stratégie du président du parti. Le flair
politique de l'ex-président semble plus que jamais diminué.
A vouloir ressortir les vieilles recettes, Nicolas Sarkozy semble en
panne d'inspiration et en proie à un discours factice déjà tenu par la
gauche qui finira par le desservir dans la course à l'élection
présidentielle de 2017.
Atlantico : Le choix des "Républicains"
par Nicolas Sarkozy comme nouveau nom pour l'UMP est loin de faire
l'unanimité. Dans une interview accordée à Libération, le député-maire
UMP du Havre Edouard Philippe affirme : "A l'UMP, nous sommes des
républicains, sans aucun doute. Mais je ne considère pas que nous soyons
"Les Républicains". Il me semble qu'un grand nombre d'élus et
d'électeurs d'autres partis le sont tout autant". C'est en substance ce
que lui reproche également la gauche. Parmi les critiques qui lui sont
adressées, s'agit-il de l'argument le plus fort ? Si personne n'a le
monopole de la République, peut-on pour autant considérer que personne
ne peut s'en réclamer ?
Christelle Bertrand
: Le choix de ce nouveau nom est clairement le premier round de la
campagne des primaires et l’intervention d’Edouard Philippe n’est sans
doute pas faite sans arrière-pensée. En renommant l’UMP, Nicolas
Sarkozy entend en faire son outil en vue des campagnes de 2016 puis de
2017, Alain Juppé et ses proches tentent donc d’ores et déjà de lui
contester cette légitimité en critiquant le nom choisi. Rien de
plus normal dans le cadre de la bataille qui s’annonce. Sur le fond,
certes tous les partis républicains peuvent se réclamer de la
République, le Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac
l’avait fait sans que personne n’y trouve rien à redire.
Mais depuis le 7 janvier, il semble que la République
soit devenue une cause commune que personne ne peut s’approprier sans
être attaqué. Sans oublier qu’une partie de l’UMP craint aussi le
parallèle qui pourrait être fait avec le parti républicains américain et
une certaine "tea partisation" de la droite française.
Bruno Le Maire considère quant à lui que ce nom n'est pas fidèle aux valeurs de la droite, précisant que l'idée de "nation" était bien plus importante. La réflexion marketing ne l'a-t-elle emporté sur le sens politique ? En choisissant ce nom, Nicolas Sarkozy ne risque-t-il pas de brouiller l'identité de l'UMP ?
On assiste, à travers le choix de ce nouveau nom, à un étrange mouvement idéologique. En
effet, Nicolas Sarkozy a expliqué, le 7 avril dernier, lors d’une
commission exécutive de l’UMP "quand j’étais président de la République
je n’aurais pas dû parler d’identité nationale mais dire que le voulais
défendre les valeurs de la République". L’ancien président, en
choisissant le nom "les Républicains", prend clairement ses distances
avec son ancien conseiller Patrick Buisson initiateur du débat sur
l’identité nationale, quitte à déboussoler une partie de son électorat
attachée à cette notion, quitte à froisser les plus centristes qui y
voient une américanisation de la droite française. Le problème c’est que
le choix de ce nom a été assez mal expliqué. Nicolas Sarkozy ne l’a que
très peu défendu, n’a pas vraiment expliqué ce qu’il mettait derrière.
Pourquoi faire ce choix alors que personne à l'UMP ne semble y être vraiment favorable ? Nicolas Sarkozy a-t-il perdu son flair ?
C’est une idée qui ressort de très vieux cartons. En
effet, en 2004, alors qu’il est ministre de l’Economie et s’apprête à
prendre l’UMP, Nicolas Sarkozy réfléchit à un nouveau nom pour son futur
parti, une note confidentielle lui conseille… Les Républicains. Les
couleurs bleu blanc rouge devaient souligner chacune des syllabes du nom
et de petites lettres noires reproduisaient dans le fond, la devise
Liberté Egalité fraternité. Il lui avait aussi été conseillé de lancer
une campagne d’adhésion sur internet, ce qui n’est pas sans rappeler les
e-militants de demain.
L’idée du nom Les Républicains a donc 11 ans et semble avoir été
exhumée récemment, en urgence, pour en finir avec une marque UMP de
plus en plus associée aux affaires plus que pour des questions
idéologiques. Il n’est pas le fruit d’un débat à l’intérieur du parti, ni d’un nouveau positionnement idéologique.
Ce baptême ressemble
bien plus à un coup marketing qu’à la création d’un nouveau parti.
Nicolas Sarkozy ressort de vieilles recettes, concoctées lors de son
heure de gloire, comme on déterre un mantra. A l’époque, on parlait de
"Sarko l’Américain". Ces concepts, en 2004, étaient novateurs. Nicolas
Sarkozy et ses équipes sentaient ce qui pouvait marcher, ce
qu’attendaient les français. Une nouvelle façon de faire de la
politique. 11 ans plus tard, ça ne marche plus car Nicolas Sarkozy n’est plus un homme neuf. Les
Français n’attendent plus les mêmes choses de lui. Ils attendent des
preuves qu’il peut changer leur vie alors qu’il ne l’a pas réellement su
réaliser entre 2007 et 2012. Or pour inventer l’avenir il faut
être capable de prendre le pouls du pays, ce que l’ancien chef d’Etat
n’a pas fait depuis de nombreuses années. Il n’a pas repris
langue avec les Français, n’a pas fait de déplacement de terrain depuis
2007. C’est peut-être ce qui manque pour inventer un nouveau programme.
Pour se défendre, le président de l'UMP a pour seul argument l'opposition à la gauche, qui selon lui ne s'intéresse pas à la République. N'est-ce pas là le signe que lui-même ne parvient pas à mettre du fond derrière ce nom ? A-t-il failli en considérant que le nom pourrait être plus fort que le fond ? S'est-il borné au calcul politique vis-à-vis du FN ?
Grâce à ce nom, il paraît évident
que Nicolas Sarkozy entend investir un domaine préempté par Manuel Valls
depuis le 7 janvier dernier et encore plus depuis la campagne des
départementales. L’ancien chef de l’Etat entend ne pas
abandonner la défense de la République et de ses valeurs à la gauche qui
surfe, depuis les attentats, sur ce créneau. Mais n’ayant pas réussi
pour l’instant à s’imposer par un grand discours ou des idées fortes
dans ce domaine, l’opération apparaît comme un peu factice et le PS a
beau jeu d’accuser l’ancien chef de l’Etat de vouloir ainsi s’approprier
une valeur commune.
On se demande donc s’il était bien
judicieux de ressortir une si vieille idée plutôt que de plancher sur un
concept d’avenir. Le choix révèle peut-être, une fois de plus, le vide
relatif autour de Nicolas Sarkozy en termes de têtes pensantes.
Christelle Bertrand
journaliste politique, suit Nicolas
Sarkozy depuis 2002. Elle a couvert son actualité pour le quotidien
"France-Soir" jusqu'en 2011, puis pour le magazine VSD, participant à de
nombreux déplacements avec lui, avant et pendant sa présidence.
Son dernier livre, "Chronique d'une revanche annoncée" (Editions Du Moment, 2014)
D) «Les Républicains» : comment Sarkozy veut dépasser la logique de parti
En abandonnant l’acronyme UMP, Nicolas Sarkozy souhaite opérer un rassemblement large par delà les partis politiques. Une stratégie qui s’inspire plus du gaullisme que du Parti républicain outre-Atlantique.
Les critiques ? « C’est bon signe ! Lorsqu’une campagne de pub déclenche des réactions virulentes, c’est qu’elle est bonne »,
s’enthousiasme Olivier Aubert de l’agence de publicité Asap. Ce dernier
a conçu et déposé à l’Inpi les trois logos « Les Républicains », le nouveau nom que devrait adopter l’UMP au cours d’un bureau politique le 5 mai prochain, avant un vote des adhérents au congrès fondateur du 30 mai.
C’est désormais un secret de polichinelle puisque les caciques de l’UMP se sont déjà accordés sur la future appellation. « Une réunion a eu lieu mercredi et tous les ex-Premiers ministres ont approuvé l’idée, à l’exception d’Edouard Balladur », confie une source proche de l’UMP.
Pas encore adopté, le nouveau nom de la formation de droite déchaîne donc déjà les passions. « Captation d’héritage », tonne la gauche, « abus de pouvoir »
même selon le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement,
Jean-Marie Le Guen, qui dénonce le « ni-ni » (ni vote FN, ni vote PS) et
les rapports de l’UMP avec le Front national.
La République, « un bien commun » ?
L’UMP
n’a pas le monopole des valeurs républicaines, s’agacent ses
détracteurs. Connu pour ses coups d’éclat, l’avocat toulousain
Christophe Léguevaques a dénoncé vendredi la « privatisation éhontée »
du titre « Les Républicains » par l’UMP et annoncé vouloir lancer une
procédure judiciaire contre ce qu’il estime être une appropriation « d’un patrimoine commun ». Jeudi matin, François Bayrou trouvait également « étrange » de « s’arroger » le nom de Républicains. « Je trouve que ça ne définit pas un parti politique ». « La République est un bien commun, il ne faut pas se l’approprier », a encore réagi le député socialiste Christian Paul .
Ce
n’est pourtant pas la première fois qu’un parti s’octroie une telle
référence. Créé en 1977, le Parti républicain, qui fut notamment dirigé
par François Léotard, a été dissous en 1997 et remplacé par Démocratie
libérale d’Alain Madelin qui disparaîtra... absorbée par l’UMP.
La
référence à la « République » est même une constante des formations
politiques de droite sous la Ve République : « Union pour une nouvelle
République » (UNR) en 1958, « Union des démocrates pour la Ve
République » (UDR) en 1967 et « Rassemblement pour la République » (RPR)
en 1976.
Créée en 2002, l’UMP, qui
signifie d’abord « Union pour une majorité présidentielle » avant de
devenir « Union pour un mouvement populaire », est à présent « dépassée »,
analyse Olivier Aubert. Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs marqué sa
volonté d’en finir avec les acronymes pour trouver la voie d’un
rassemblement plus large.
« La force de Nicolas Sarkozy tient à son discours rassembleur, mais il n’est pas toujours perçu comme sincère », analyse Jean-Daniel Lévy, directeur de l’opinion politique chez Harris Interactive. « Le mot République parle positivement aujourd’hui à l’immense majorité des Français. La République porte une forme de rassemblement qui ne distingue pas les individus, les catégories sociales, etc. Cela permet à Nicolas Sarkozy de renouer avec un discours consensuel. »
Rassembler sur les valeurs
« Les
Républicains, cela couvre la droite et le centre. On ratisse large.
Derrière, on trouve la référence aux grands républicains comme Georges
Clémenceau et Jules Ferry », analyse Olivier Aubert. « Les Patriotes » et « Le Rassemblement », un moment envisagés, ont été écartés. Le premier était « trop marqué à droite », le deuxième ne « renvoie pas à des valeurs », explique une source proche.
C’est bien sur le terrain des valeurs que souhaite se positionner Nicolas Sarkozy, selon Olivier Aubert. « La laïcité, la méritocratie, l’autorité, c’est cela qu’évoque la République
», commente-t-il. Des thématiques sur lesquelles Marine Le Pen ou Manuel
Valls ont également su se positionner et sur lesquelles le président de
l’UMP compte reprendre la main.
Une référence aux Etats-Unis ?
Marine Le Pen pointe, elle, « un choix qui consiste à se calquer sur le modèle politique américain
». Les juppéistes et les fillonnistes sont également tentés d’y voir une
référence au parti des Bush et de Reagan. Plutôt qu’une analogie au
parti Républicain outre-Atlantique, ce choix serait motivé par la
volonté de transcender les clivages classiques et de se placer au-dessus
des partis politiques. En choisissant de rebaptiser le parti du nom
« Les Républicains », Nicolas Sarkozy « s’inscrit dans le récit du général de Gaulle », analyse Jean-Daniel Lévy. « C’est un terme qui dépasse la gauche et la droite et permet de ne pas s’interroger sur « qu’est-ce que la droite aujourd’hui » », ajoute-t-il.
« Les Républicains, c’est une famille, un mouvement, pas un parti. Aujourd’hui, les partis politiques tout comme les acronymes sont archaïques et très impopulaires», souligne Olivier Aubert. Face à la défiance généralisée envers les partis, « c’est une façon d’inventer quelque chose de neuf. Un nom, cela imprime un comportement », ajoute-t-il.
Comme
l’a souligné le secrétaire général de l’UMP, Laurent Wauquiez, se
débarrasser du sigle « UMP » permettrait également d’en finir avec le
slogan de l’« UMPS » cher à Marine Le Pen. Et tourner la page du duel
mortifère entre Jean-François Copé et François Fillon de 2012 pour le
présidence du parti et des affaires financières qui ont défrayé la
chronique.
Aurelie Abadie
E) Changement de nom de l’UMP : je suis Abel ?
Nicolas Sarkozy va changer le nom de l’UMP. Qu’est-ce que ça va changer sur le fond ?
Ainsi, les conservateurs, représentant la droite étatiste, vont
s’appeler en France « Les Républicains ». Exit, le « Rassemblement » qui
aurait pourtant été un choix judicieux et lucide, les membres pouvant
être clairement désignés : les rassemblementeurs.
Le changement de nom de l’UMP serait de bon augure si cela annonçait
un virage idéologique en référence au parti homonyme américain dont une
partie des militants ont étudié non seulement leur Constitution et les «
pères fondateurs » mais aussi Hayek, les français Bastiat et Tocqueville, ainsi que Rothbard et Mises et qui ont des élus qui admirent Ayn Rand
et qui poussent l’audace comme Ron Paul à penser la suppression de
l’impôt sur le revenu et à remettre en cause la sacro-sainte banque
centrale.
Ainsi, les conservateurs, représentant la droite étatiste, vont s’appeler en France « Les Républicains ». Exit, le « Rassemblement » qui aurait pourtant été un choix judicieux et lucide, les membres pouvant être clairement désignés : les rassemblementeurs.
Inutile d’en espérer autant des futurs cadres des « Républicains » : les projets de logo précèdent la définition d’un axe de réflexion qui s’opposerait au socialisme. Pour séduire en politique, la forme prime le fond, démagogie démocratique oblige.
Alors, droite et gauche remettent à l’honneur la République, alpha et oméga d’une politique morale proclamée.
Mais quelle République ?
République populaire ?
République démocratique ?
République islamique ?
République sociale, pour ne pas dire socialiste selon la Constitution française en vigueur ?
La République ne protège pas du totalitarisme, elle n’a jamais garanti la liberté.
« Il faut restaurer les valeurs de la République », clament-ils en chœur. En quoi la république serait-elle morale ? C’est en son nom et en celui de la nation que des têtes tombèrent, faisant gicler le sang dans la sciure, que de braves gens furent noyés, assassinés, déportés, que des guerres tout aussi inutiles qu’immorales furent entamées pour imposer des révolutions ou figer des frontières au détriment de chaque individu peuplant le territoire. C’est au nom de la République que surgit la censure dans l’espace internet pour protéger une presse écrite dépassée, subventionnée et donc subordonnée.
Le bruit des bottes résonne en cadence avec la République.
Non décidément, si j’étais croyant je ne donnerais pas à la République française le bon dieu sans confession.
Pourtant Nicolas Sarkozy, promoteur du racket routier par radar automatisé, a porté la traîtrise à son apogée en reniant l’unique démarche un peu moderne de son magistère, le statut d’auto-entrepreneur. Au lieu d’amender les structures juridiques contraignantes en les rapprochant de celle des auto-entrepreneurs, il se renie d’abord en inventant le mythe d’une concurrence déloyale. Las ! Après une attaque aussi désordonnée qu’intempestive, il semble se renier une nouvelle fois en prétendant maintenant défendre le statut. De retour aux manettes, il changera encore d’avis sous prétexte de renflouer les caisses vidées par l’État. C’est le vent qui tourne, pas la girouette disait ce fin connaisseur de la politique française, Edgar Faure.
« J’aime les entreprises… » professent des Valls ou des Sarkozy de temps à autre. Oui, ils apprécient les entreprises soumises et corvéables à merci, contrôlées d’une part par un réseau de fonctionnaires ou assimilés et surtout d’autre part mises au pas par des syndicats professionnels conformes, financés par l’impôt pour l’essentiel. Ne demandez pas au Medef ou à la CGPME de remettre en cause le monopole de la sécurité sociale, ils en vivent.
Ils aiment les entreprises mais pas les entrepreneurs
Défenseurs de la liberté lorsqu’ils sont éloignés des pôles de décision, les politiciens multiplient les contraintes à leur profit dès qu’ils s’y retrouvent. Ils s’impatientent d’être élus et de gouverner car ils veulent jouir du pouvoir. Ils veulent obtenir notre confiance pour guider nos vies et nous la refusent pour maîtriser la nôtre. Veulent-ils être vizir à la place du grand vizir ? Certes. Mais s’ils chassent les corrompus appartenant à l’autre clan c’est pour prendre leurs places. À nous le château parce qu’à nous les parts du gâteau ! Chacun son tour ! Cela s’appelle l’alternance démocratique.
À peine élus, au nom de l’égalité, ces traîtres planteront fraternellement dans le dos de la liberté individuelle le poignard de l’État.
« Les Républicains » peut-être.
Plus sûrement, voilà « Les RépubliCaïns… »
Je suis Abel.
Par Alain Toullec.
Nicolas Sarkozy, le retour, non le Rappel !!
Les socialistes de droite ont retrouvé leur leader charismatique: SarkoTax !! Quel bonheur !!
- Taxe sur les hauts revenus
- Taxe sur les loyers élevés des micro-logements
- Taxe sur les sodas et boissons sucrées
- Taxe sur les nuitées d’hôtel supérieures à 200 euros
- Taxe sur la provision pour hausse des prix du secteur pétrolier
- Taxe sur les activités privées de sécurité
- Taxe de risque systémique pour les banques
- Taxe de droit de timbre pour l’introduction d’une instance
- Taxe sur les opérateurs ferroviaires privés
- Taxe sur la capitalisation boursière
- Taxe sur les sociétés d’assurances
- Surtaxe sur les entreprises dites « de réseau »
- Taxe spéciale d’équipement au profit de la société du grand Paris.
- Taxe sur les exploitants de centrales nucléaires.
- Taxe sur les bonus des traders
- Taxe sur les complémentaires santé pour frais générés par la grippe A
- Taxe sur le produit des appels à des numéros surtaxés
- Taxe d’interjection d’appel principal
- Droit de timbre perçu en cas de renouvellement anticipé de la CNI
- Taxe sur le certificat d’immatriculation d’un véhicule neuf ou d’occasion
- Taxe écologique sur les poids lourds
- “Forfait social” pour les employeurs
- Taxe minière sur la production d’or en Guyane.
- Taxe sur les véhicules polluants
- Taxe fixe sur chaque rapport de certification des comptes
- Taxe sur les distributeurs de pharmacie
- Taxe sur les stock-options et les attributions gratuites d’actions
- Taxe sur les indemnités de mise à la retraite d’office
- Taxe additionnelle à la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules
- Hausse du forfait social sur l’intéressement et la participation
- Hausse de la taxe sur les conventions d’assurance
- Hausse de la taxe sur le tabac et l’alcool
- Hausse du barème de la taxe sur les véhicules de société.
- Hausse de l’assiette de la CSS
- Hausse du taux de la contribution sur le gain de la levée des stock-options
- Hausse de la taxe sur les retraites chapeaux
- Hausse du taux de forfait social sur l’épargne salariale
- Hausse de la taxe sur le tabac.
- Hausse du forfait journalier hospitalier et du « forfait social »
- Hausse des prélèvements sociaux sur les « retraites chapeaux »
- Hausse de la fiscalité sur les plus-values mobilières
- Hausse de la taxe sur le CA de la branche santé des assurances complémentaires
- Hausse de la taxe sur les retraites chapeaux.
- Fin de la défiscalisation totale des heures supplémentaires
- Suppression de l’abattement sur la participation et l’intéressement
- Réduction de cotisations patronales « Fillon » sur les bas salaires
- Plafonnement de la réduction d’assiette au titre des frais professionnels
- Fin de l’exonération de prélèvements sociaux sur certains contrats d’assurance-vie
- Fin des exonérations fiscales des sportifs professionnels
- Suppression de l’exonération de la taxe sur les accidents du travail et maladies professionnelles.
F) République de Wikiberal
La république est une des formes constitutionnelles de l'État,
qui se conçoit comme consubstantiel du peuple. Toute république doit
donc être comprise, définie et fondée par opposition aux conceptions monarchiques ou théocratiques de l'État et de la nation.
Définitions et différences
- Dans une monarchie
- l'État ou l'administration, le territoire, les populations sont des propriétés privées (res-privata), c'est une possession par fait naturel et le fait du plus fort. Le pouvoir et la propriété se transmettent par héritage familial. Sa pérennité et son identité sont incarnées par une seule personne, le propriétaire légal du territoire (le roi, la reine), de « droit divin » ; le gouvernement de la res-privata "royale" peut prendre diverses formes, de la monarchie pure (gouvernement d'un seul autocratiquement, ou absolutiste), jusqu'à des formes républicaines avec l'existence d'une démocratie quant à la gestion du bien privé royal (cas des monarchies parlementaires).
- Dans une théocratie
- l'État ou l'administration, le territoire, les populations sa pérennité et son identité sont propriété de Dieu lui-même (chef d'État) comme le Vatican où le pape est assimilable à un premier ministre. Le cas de l'Iran est moins théocratique, mais plus religiocratique par la présence du guide suprême (pouvoir fondamental, chef d'État) devant le pouvoir exécutif (nommé ici présidence). Dans théocratie et religiocratie il peut y avoir une république partielle, gestion du bien divin, et une chose politique et même une démocratie.
- Dans une république
- l'État ou l'administration n'a de sens que dans la propriété d'un peuple ou de population de la gestion souveraine de la res-publica (bien et chose publique). Dans cette conception, la république est le plus souvent associée à l'affirmation (constitutionnelle ou non) d'un bien commun et d'une chose publique, que son gouvernement tente de préserver. Une simple confédération d'intérêts particuliers ne suffit donc pas à fonder une république.
Sur 194 pays recensés dans le monde, 135 sont déclarés comme des républiques, contre 22 royaumes ou sultanats, 9 fédérations ou unions, 3 principautés : c'est donc la forme d'État la plus répandue.
À noter : le concept d'unité et d'indivisibilité de la République est une conception spécifiquement française. Les républiques fédérales n'ont pas nécessairement la même exigence.
La laïcité, dont le principe est très loin d'être universellement reconnu, ne peut pas davantage être associée automatiquement à la république.
Si le concept est assez large pour inclure des démocraties représentatives, une république n'implique pas forcément une démocratie. Un État de forme républicaine peut par exemple réserver certains droits à un groupe restreint : la république peut alors être dictatoriale ou même totalitaire.
Par ailleurs, si la république est associée à la poursuite du bien
commun, des régimes politiques d'inspiration libérale, comme la
monarchie constitutionnelle anglaise, qui prennent les décisions au nom
du bien individuel ou communautaire, ne peuvent pas non plus êtres
considérés des régimes républicains dans le sens strict du terme.
Il est plus ambigu de traiter le concept de république Islamique.
Cette dénomination peut sembler une contradiction dans les termes, et
c'est sans doute évident pour l'Iran qui présente, sous bien des
aspects, les caractéristiques concrètes d'une théocratie à
fonctionnement partiellement démocratique.
En revanche, le cas des Maldives est plus clair : il s'agit
effectivement d'une république, mais le terme islamique précise que le système judiciaire est régi par la charia.
République et libéralisme
Philippe Nemo, dans Les Deux républiques françaises[1] (2008) écrit que face à une gauche qui a depuis 1793 une mystique – un millénarisme – et depuis le début du XXe siècle une doctrine construite, le marxisme,
face à une droite traditionaliste qui a elle aussi une mystique, les
démocrates libéraux ont eu des difficultés à proposer un idéal.
Certes, les doctrines démocrates-libérales ont dominé au début de la Révolution, rayonné ensuite jusque tard dans le XIXe siècle. Cependant, il est de fait que la tradition libérale perd ensuite une grande part de son attractivité. La crise de 1929 paraît, aux yeux de nombreux intellectuels, sonner le glas de l’économie libérale[2].
Les intellectuels mêmes qui sont assez intelligents et informés pour
comprendre les dangers et les horreurs des régimes totalitaires, ne se
rallient pas pour autant avec netteté à l’idéal « 1789 »[3].
Les anticonformistes des années 1930 considèrent que le monde de ces
années vit une terrible régression civilisationnelle. Ils renvoient dos à
dos le capitalisme et le marxisme, qu’ils considèrent tous deux comme
des matérialismes conduisant au règne de la machine et à la
déshumanisation de la société. Ils entendent donc promouvoir une société
où la personne humaine et les valeurs spirituelles seront remises au
premier plan. Or il est évident, à leurs yeux, que la République
démocrate libérale est incapable de produire une telle société. Ils
refusent, certes, le révolutionnarisme de l’extrême gauche comme celui
de l’extrême droite ; mais ils ne reconnaissent de valeur ni spirituelle
ni morale à la République modérée qui a fait accomplir au pays tant de
progrès scientifiques, économiques et sociaux.
Sous l’effet des traitements de choc que constituent la Seconde Guerre mondiale puis la Guerre froide, l’Europe se réveille bientôt de la fascination pour les régimes antilibéraux. Toute une génération reprend alors la réflexion sur le modus operandi de l’économie de marché, sur le rôle essentiel que jouent la propriété privée et la liberté des contrats
pour permettre une coopération sociale pacifique et efficiente, sur le
caractère essentiel à cet égard du droit formel, sur le bien-fondé de la
démocratie politique pluraliste, et enfin sur le rôle des libertés
intellectuelles. Parmi beaucoup d’autres, il faut citer Michael Polanyi, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Karl Popper, Walter Eucken, Karl Boehm, Hannah Arendt, Piero Gobetti, Luigi Einaudi, Bruno Leoni, Luigi Sturzo, Alexandre Zinoviev, Ayn Rand…
On reconnaît enfin que les sociétés modernes complexes ne peuvent être
gérées que dans le cadre d’ordres sociaux polycentriques, c’est-à-dire
démocrates libéraux. Ces auteurs ont repris à la gauche la magistrature
morale. Ce qui ne rend que plus étranges, par contraste, les difficultés
que rencontre cette philosophie politique pour se faire entendre en France.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ ISBN 2130558887. Voir en ligne le dossier de Contrepoints
- ↑ Voir notamment l’analyse de Walter Lippmann dans La Cité libre (1937). Voir en ligne
- ↑ Lors du « Colloque Walter Lippmann », organisé à Paris en août 1938, un bon tiers des présents ne se dit pas « libéral ». Cf. Serge Audier, Le Colloque Lippmann, aux origines du néo-libéralisme, Le Bord de l’eau, 2008, et la critique de Copeau.
Bye bye...
G) L’œil de Caïn
Personne n’échappe à la jalousie. Et paradoxalement, plus grand est notre désir d’amour et de reconnaissance, plus puissante sera notre frustration de ne pas en être comblé. Une chronique du prêtre Eric de Beukelaer.
Mon plus vilain défaut ? Pas forcément celui qui me tenaille la conscience. Bien plutôt cette part d’ombre qui l’anesthésie. En effet, un défaut parasite nos âmes avec d’autant plus de force, qu’il y sévit sous le manteau du déni. Ainsi la jalousie. Mis à part l’amant éconduit, qui de nous reconnaît de bon cœur que ce sentiment honteux le taraude ? "Mais non, voyons - pourquoi voulez-vous que je sois jaloux de ce pauvre type, de cette pouffiasse ?" Et voilà que surgissent les regards envieux, transperçant ce voisin chanceux. Les propos acerbes, criblant de reproches ce collègue promu. Les pensées perfides, noircissant ce frère talentueux. Le venin, se déversant sur cette copine - insupportablement trop belle.
L’œil de Caïn habite nos âmes avec d’autant plus de puissance, qu’il y séjourne en passager clandestin. Aucun milieu n’est immunisé de sa brûlure. Ce sont même souvent les idéalistes qui y succombent le plus sournoisement. Ainsi, les rangs du clergé. Pourquoi est-il trop rare d’entendre un ecclésiastique en féliciter un autre pour une homélie, ou lui dire que ses paroles l’ont aidé sur le chemin de la vie spirituelle ? Pourquoi est-il si fréquent de surprendre, au détour d’une sacristie, le persiflage d’un prêtre crucifiant d’un trait assassin son confrère absent - au nom de la plus exquise charité ? Mais soyons bon compte : la jalousie sévit tout autant parmi les rangs laïques. La mise au ban des cours d’écoles; le harcèlement en milieu professionnel; la rivalité fratricide - combien de petits ou grands enfers du quotidien, ne sont-ils pas alimentés en sous-main par la jalousie, cancer de la vie en société ?
La jalousie est d’autant plus puissante, qu’elle se nourrit du meilleur de nous. Paradoxe de notre humanité : plus grand est notre désir d’amour et de reconnaissance, plus puissante sera notre frustration de ne pas en être comblé. C’est ce qui explique que l’on puisse être, tout à la fois, pourri de jalousie et rempli de bonté. Tel prêtre médisant, se révèle souvent un remarquable pasteur d’âme; tel collègue écrasant, un collaborateur efficace et consciencieux; tel frère rival, un complice sur les sentiers de la vie.
Caïn n’était pas un mauvais bougre, mais - hélas - ses légumes avaient moins de succès que le bétail de son frère. Même Dieu semblait ne pas porter l’attention espérée au fruit de son labeur. Alors, l’œil de Caïn se noircit. Et au lieu de se réjouir de la réussite d’Abel, celle-ci devint pour lui le miroir grossissant de son apparent échec. "Et l’Eternel dit à Caïn : pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua" (Genèse 4, 6-8). Tel est le fruit empoisonné de la jalousie : celui qu’elle domine se rend rarement compte du tort qu’il fait à la personne qui suscite son envie - jusqu’au moment où il est trop tard. Alors, le jaloux se réveille meurtrier, au sens propre ou figuré du terme. "Et Dieu dit : qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi." (Genèse 4, 10).
Alors, tous jaloux ? Oui, mais à des degrés divers, en fonction de notre capacité à gérer notre désir d’être aimé. Heureux celui qui comprend avec son cœur que la réussite d’Abel, n’est pas l’échec de Caïn. Car tous deux sont enfants d’un même Père : "Un membre est-il à l’honneur ? Tous les autres partagent sa joie. Or vous, vous constituez ensemble un corps qui appartient au Christ, et chacun de vous en particulier en est un membre." (1 Corinthiens 12, 26-27).