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Le mouvement communautarien est apparu aux Etats-Unis au début des années quatre-vingt. Plus que d'un « mouvement », il s'agit en fait d'un courant de pensée philosophique, moral et politique, accompagné de quelques cristallisations concrètes, qui a déjà provoqué outre-Atlantique d'innombrables débats, mais dont l'Europe ne semble avoir fait la découverte que récemment. Ses trois représentants les plus connus sont des sociologues et des philosophes: Alasdair MacIntyre, Michael Sandel et Robert Taylor.
« La question centrale de la philosophie politique : quels sont les principes d'association politique qu'il est juste d'établir ?, est une question morale », a écrit Charles Larmore. L'objectif du mouvement communautarien est précisément d'énoncer une nouvelle théorie combinant étroitement philosophie morale et philosophie politique. Celle-ci s'est élaborée depuis dix ou quinze ans, d'une part en référence à la situation intérieure des Etats-Unis, marquée par une certaine inflation de la politique des « droits », la désagrégation des structures sociales, la crise de l'Etat-Providence et l'émergence de la problématique « multiculturaliste », et d'autre part en réaction à la théorie politique libérale, reformulée au cours de la décennie précédente, soit par des auteurs libéraux au sens américain du terme, comme Ronald Dworkin, Bruce Ackerman et surtout John Rawls, soit par des libertariens comme Robert Nozick.
Critique du libéralisme
La théorie libérale, selon les communautariens, se présente d'abord comme une théorie des droits, fondée sur une anthropologie de type individualiste. L'individu est à la fois sa référence explicative et ce qui permet de comprendre et d'analyser des faits sociaux comme les préférences des agents. Héritier d'un nominalisme originellement hostile aux « universaux », cet individualisme ne s'en pose pas moins aussi comme un universalisme en vertu d'un postulat d'égalité reposant sur une définition abstraite des agents. Dans l'optique de l' « individualisme possessif » (Macpherson), chaque individu est considéré comme un agent moral autonome, « propriétaire absolu de ses capacités », dont il use pour satisfaire les désirs exprimés par ses choix. L'hypothèse libérale est donc celle d'un individu séparé, existant comme un tout complet par lui-même, qui cherche à maximiser ses avantages en opérant des choix libres , volontaires et rationnels. L'homme se définit ainsi comme un consommateur d'utilités aux besoins illimités.
Existant comme des touts complets par eux-mêmes, les individus tirent de leur nature
autonome des droits que la théorie libérale déclare comme tels imprescriptibles et inaliénables. Ce sont des droits « prépolitiques », à la fois antérieurs et indépendants du fait social. Aucune appartenance ne saurait donc être pleinement constitutive de l'individu, sous peine de porter atteinte à son autonomie : seules peuvent exister des associations volontaires, contractuelles, résultant de la volonté des agents de poursuivre toujours leur meilleur intérêt. Les libertariens vont jusqu'à parler de « priorité ontologique » des droits sur les préférences, indiquant par là que les droits ne sauraient être aliénés même si leurs titulaires y consentaient eux-mêmes, au prétexte qu'il en résulterait plus de bien-être, de bonheur ou de satisfaction. Il s'avère par là qu'il n'y a aucune symétrie entre les droits libéraux et les devoirs, car les droits découlent d'une nature humaine qui n'a pas besoin d'autrui pour exister : l'homme a des droits dès l'état de nature, il n'a des devoirs qu'à l'état social ; les droits sont complets en eux-mêmes, tandis que les devoirs sont par définition incomplets. On en déduit que l'obligation morale est elle-même purement contractuelle, qu'elle reste toujours placée dans le sillage de l'intérêt personnel du contractant, et que la société a toujours plus de devoirs envers les individus (à commencer par le devoir de garantir leurs droits) que ceux-ci n'en ont envers elle.
Le juste et le bon
Cette importance attribuée aux droits explique le caractère « impératif » et déontologique (au sens kantien du terme) de la morale libérale : la théorie libérale place le juste (right) avant le bien (good) et fait découler du juste un certain nombre d'obligations catégoriques liant inconditionnellement tous les agents, quels que puissent être leurs engagements, leurs appartenances ou leurs traits particuliers. Pour les Anciens au contraire, à commencer par Platon et Aristote, la morale est « attractive » et téléologique : elle ne consiste pas dans des devoirs catégoriques, mais dans l'exercice de la vertu. Elle fait partie d'un accomplissement de soi vers lesquels les hommes se sentent attirés du fait même de leur telos. Le bien (la « vie bonne ») est alors prioritaire, et l'action juste se définit comme celle qui est conforme à ce bien. Ce débat sur la priorité du juste et du bien (right vs. good) est aujourd'hui central dans le débat philosophique, politique et moral américain.
Se référant au célèbre ouvrage de Henry Sidgwick, The Methods of Ethics, qui fut l'un des premiers à entamer ce débat, Charles Larmore précise que « la valeur éthique peut être définie soit par ce qui s'impose à l'agent, quels que soient ses souhaits ou ses désirs, soit parce que l'agent voudrait effectivement s'il était suffisamment informé de ce qu'il désire. Dans le premier cas, la notion de juste est fondamentale, dans le second, c'est la notion de bien. Bien entendu, chaque théorie fait également usage de l'autre notion, mais elle l'explique relativement à la notion qu'elle tient pour principale. Si le juste est fondamental, le bien sera ce que désire ou désirerait l'agent dans la mesure où ses actes et ses désirs sont conformes aux exigences de l'obligation. Le bien est donc l'objet du désir juste. Si le bien est fondamental, le juste sera ce que l'on doit faire pour obtenir ce que l'on voudrait effectivement si l'on était correctement informé ».
Rawls et la justice
La théorie libérale moderne a repris l'idée d'une priorité du juste sur le
bien. John Rawls, par exemple, en même temps qu'il cherche à détacher le
projet kantien de son arrière-plan idéaliste, fondé sur la conception
transcendantale du sujet (d'où son recours à la fiction méthodique de la
« position originelle ») définit la justice comme « la vertu première des
institutions sociales » : le juste se constitue de lui-même, sous l'effet de la
volonté de justice, et non par conformité à une quelconque idée du bien (le bien
n'étant que la « satisfaction du désir rationnel » manifesté par la personne
morale). « Le concept de justice, ajoute-t-il, est indépendant du concept de
bien et antérieur à lui, au sens où ses principes limitent les conceptions du
bien autorisées ». On retrouve la même idée chez Robert Nozick, Bruce
Ackerman et Ronald Dworkin. Le lien entre le primat du juste et la conception
libérale des droits apparaît d'ailleurs évident. Les droits découlant de la
« nature » des agents, non de leurs mérites ou de leurs vertus, qui ne sont que
des attributs contingents de leur personnalité, ils ne peuvent relever que d'une
notion abstraite de la justice, non d'une conception préalable du bien ou de la
vie bonne.
En référence à ces droits, le juste prime le bien de deux façons : en
importance (les droits individuels ne peuvent jamais être sacrifiés au bien
commun) et d'un point de vue conceptuel (les principes de justice qui spécifient
ces droits ne peuvent être fondés sur une conception particulière du bien).
Rawls écrit ainsi que « chaque personne possède une inviolabilité fondée sur
la justice qui, même au nom du bien-être de l'ensemble de la société, ne peut
être transgressée ». De même, Robert Nozick affirme qu' « il n'existe aucune
entité sociale dont le bien soit tel qu'il justifie un sacrifice en tant que tel. Il
n'y a que des individus, des individus différents, qui mènent des vies
individuelles ». « Ce qui justifie les droits, constate Michael J. Sandel, ce
n'est pas qu'ils permettent de maximiser le bien-être général ou de
promouvoir le bien, mais qu'ils constituent un cadre équitable à l'intérieur
duquel les individus et les groupes peuvent choisir leurs propres valeurs et
leurs propres fins, aussi longtemps que ce choix reste compatible avec
l'égale liberté des autres ».
Le primat du juste sur le bien est également lié à la théorie selon
laquelle l'Etat doit rester neutre envers les fins, théorie que l'on retrouve, sous
des formes différentes, chez la plupart des auteurs libéraux. La justification de
cette théorie emprunte en général deux formes différentes. D'une part, on
affirme que nul ne sait mieux que l'individu lui-même où réside son meilleur
intérêt ; d'autre part, on souligne la fragmentation sociale existante pour en
tirer la conclusion que les sociétaires ne pourront jamais s'entendre sur une
conception particulière du bien. Le premier argument dérive de la vision
kantienne de l'autonomie comme fondatrice de la dignité humaine, c'est-à-dire
de l'égale capacité de chacun à déterminer librement ses fins : toute conception
particulière de la vie bonne, c'est-à-dire tout mode de vie concret impliquant
une structure spécifique d'activités, de significations et de fins, doit être
regardée comme purement contingente, car si elle était constitutive du moi,
l'individu ne pourrait pas faire librement ses choix en se hissant au-dessus des
circonstances empiriques. On retrouve ici la conception de l'individu comme atome séparé, dans laquelle le moi est toujours antérieur à ses fins.
L’Etat est le garant des libertés
Le second argument fait appel à la notion de pluralisme et se fonde sur l'idée qu'aucun accord rationnel ne peut s'établir qui permettrait de trancher entre les conceptions concurrentes du bien. On en déduit que, dans une société pluraliste, un Etat qui s'identifierait ou qui privilégierait une conception de la vie bonne plutôt qu'une autre discriminerait entre les citoyens qui adhèrent à cette conception et les autres, et par conséquent ne serait plus capable de traiter tous les sociétaires en égaux. Dans cette perspective, le rôle de l'Etat n'est donc pas de rendre les citoyens vertueux, ni de promouvoir des fins particulières, ni même de proposer une conception substantielle de la vie bonne, mais seulement de garantir les libertés politiques et civiles fondamentales (correspondant au premier principe de Rawls, auquel les libertariens ajoutent le droit de propriété) de façon à ce que chacun puisse poursuivre librement les fins qu'il s'est fixées en référence à la conception du bien qui est la sienne, ce qui n'est possible qu'à la condition d'adopter des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien commun. Il en résulte une vision purement instrumentale du politique : le politique n'est porteur d'aucune dimension éthique, au sens où l'on ne peut en son nom exiger ni même promouvoir aucune conception du bien commun.
Face à cette théorie, ici résumée à grands traits, le point de départ de la critique communautarienne est avant tout d'ordre sociologique et empirique. Observant les sociétés contemporaines, les communautariens constatent la dissolution du lien social, l'éradication des identités collectives, la montée des égoïsmes et la généralisation du non-sens qui en résulte. Ces phénomènes, selon eux, sont autant d'effets d'une philosophie politique qui provoque l'atomisation sociale en légitimant la recherche par chaque individu de son meilleur intérêt, lui faisant ainsi regarder l'autre comme un rival, sinon un ennemi potentiel ; qui défend une conception désincarnée du sujet, sans voir que les engagements et les appartenances des agents sont aussi constitutifs de leur personnalité ; qui provoque, en se réclamant d'un universalisme abstrait, l'oubli des traditions et l'érosion des modes de vie différenciés ; qui, sous couvert de « neutralité », généralise le scepticisme moral et qui, d'une façon plus générale, reste en fonction même de ses principes nécessairement insensible aux notions d'appartenance, de valeurs communes et de destin partagé.
Le libéralisme défait les communautés
Les reproches que les communautariens adressent au libéralisme sont tantôt limités à la seule philosophie politique, tantôt étendus à une conception plus générale de l'homme et de la société. On peut les énumérer rapidement. D'après les communautariens, le libéralisme néglige et fait disparaître les communautés, qui sont un élément fondamental et irremplaçable de l'existence humaine. Il dévalue la vie politique en considérant l'association politique comme un simple bien instrumental, sans voir que la participation des citoyens à la communauté politique est un bien intrinsèque constitutif de la vie bonne.
Le second argument fait appel à la notion de pluralisme et se fonde sur l'idée qu'aucun accord rationnel ne peut s'établir qui permettrait de trancher entre les conceptions concurrentes du bien. On en déduit que, dans une société pluraliste, un Etat qui s'identifierait ou qui privilégierait une conception de la vie bonne plutôt qu'une autre discriminerait entre les citoyens qui adhèrent à cette conception et les autres, et par conséquent ne serait plus capable de traiter tous les sociétaires en égaux. Dans cette perspective, le rôle de l'Etat n'est donc pas de rendre les citoyens vertueux, ni de promouvoir des fins particulières, ni même de proposer une conception substantielle de la vie bonne, mais seulement de garantir les libertés politiques et civiles fondamentales (correspondant au premier principe de Rawls, auquel les libertariens ajoutent le droit de propriété) de façon à ce que chacun puisse poursuivre librement les fins qu'il s'est fixées en référence à la conception du bien qui est la sienne, ce qui n'est possible qu'à la condition d'adopter des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien commun. Il en résulte une vision purement instrumentale du politique : le politique n'est porteur d'aucune dimension éthique, au sens où l'on ne peut en son nom exiger ni même promouvoir aucune conception du bien commun.
Face à cette théorie, ici résumée à grands traits, le point de départ de la critique communautarienne est avant tout d'ordre sociologique et empirique. Observant les sociétés contemporaines, les communautariens constatent la dissolution du lien social, l'éradication des identités collectives, la montée des égoïsmes et la généralisation du non-sens qui en résulte. Ces phénomènes, selon eux, sont autant d'effets d'une philosophie politique qui provoque l'atomisation sociale en légitimant la recherche par chaque individu de son meilleur intérêt, lui faisant ainsi regarder l'autre comme un rival, sinon un ennemi potentiel ; qui défend une conception désincarnée du sujet, sans voir que les engagements et les appartenances des agents sont aussi constitutifs de leur personnalité ; qui provoque, en se réclamant d'un universalisme abstrait, l'oubli des traditions et l'érosion des modes de vie différenciés ; qui, sous couvert de « neutralité », généralise le scepticisme moral et qui, d'une façon plus générale, reste en fonction même de ses principes nécessairement insensible aux notions d'appartenance, de valeurs communes et de destin partagé.
Le libéralisme défait les communautés
Les reproches que les communautariens adressent au libéralisme sont tantôt limités à la seule philosophie politique, tantôt étendus à une conception plus générale de l'homme et de la société. On peut les énumérer rapidement. D'après les communautariens, le libéralisme néglige et fait disparaître les communautés, qui sont un élément fondamental et irremplaçable de l'existence humaine. Il dévalue la vie politique en considérant l'association politique comme un simple bien instrumental, sans voir que la participation des citoyens à la communauté politique est un bien intrinsèque constitutif de la vie bonne.
Il
est incapable, quand il ne les nie pas, de rendre compte de manière
satisfaisante d'un certain nombre d'obligations et d'engagements, tels ceux qui
ne résultent pas d'un choix volontaire ou d'un engagement contractuel, comme
les obligations familiales, la nécessité de servir son pays ou de faire passer le
bien commun avant l'intérêt personnel. Il propage une conception erronée du
moi en se refusant à admettre que celui-ci est toujours « encastré »
(embedded) dans un contexte social-historique et, en partie au moins, constitué
par des valeurs et des engagements qui ne sont ni objets d'un choix ni
révocables à volonté.
Il suscite une inflation de la politique des droits, qui n'a plus grand chose à voir avec le droit lui-même (réclamer ses droits, c'est désormais seulement chercher à maximiser ses intérêts au détriment des autres), et produit un nouveau type de sociétaire, l' « individualiste dépendant » (Fred Siegel), en même qu'un nouveau type de système institutionnel, la « république procédurale » (Michael J. Sandel). Il exalte à tort la justice comme la « vertu première des institutions sociales », au lieu d'y voir un palliatif qui ne possède qu'une « vertu de remède » et s'impose surtout quand les vertus communautaires font défaut. Il méconnaît enfin, du fait de son formalisme juridique, le rôle central que jouent la langue, la culture, les moeurs, les pratiques et les valeurs partagées, comme bases d'une véritable « politique de reconnaissance » des identités et des droits collectifs.
Pour les communautariens, l'homme se définit au contraire avant tout comme un « animal politique et social ». Il s'en déduit que les droits ne sont pas des attributs universels et abstraits, produits par une « nature » distincte de l'état social et qui constitueraient par eux-mêmes un domaine autonome, mais l'expression des valeurs propres à des collectivités ou des groupes différenciés (le droit d'un individu à parler sa langue est indissociable du droit à l'existence du groupe qui la pratique), en même temps que le reflet d'une théorie plus générale de l'action morale ou de la vertu. La justice se confond avec l'adoption d'un type d'existence (la vie bonne) ordonné aux notions de solidarité, de réciprocité et de bien commun. La « neutralité » dont se prévaut l'Etat libéral est regardée soit comme désastreuse dans ses conséquences, soit plus généralement comme illusoire, car renvoyant implicitement à une conception singulière du bien qui ne s'avoue pas comme telle.
Je n'examinerai évidemment pas ici dans le détail tous ces aspects de la critique communautarienne. Je ne donnerai qu'un exemple, tiré de la théorie du moi (self), telle qu'on la trouve surtout formulée chez Michael J. Sandel.
La théorie du moi de Sandel
Le libéralisme définit l'individu comme ce qui reste du sujet une fois qu'on lui a enlevé toutes ses déterminations personnelles, culturelles, sociales et historiques, c'est-à-dire qu'on l'a extrait de sa communauté. Il postule par ailleurs l'autosuffisance des individus par rapport à la société et soutient que ces individus poursuivent leur meilleur intérêt en faisant des choix libres et rationnels sans que le contexte social-historique dans lequel ils les font pèse sur leur capacité d'exercer leurs « pouvoirs moraux », c'est-à-dire de choisir une conception particulière de la vie bonne.
Il suscite une inflation de la politique des droits, qui n'a plus grand chose à voir avec le droit lui-même (réclamer ses droits, c'est désormais seulement chercher à maximiser ses intérêts au détriment des autres), et produit un nouveau type de sociétaire, l' « individualiste dépendant » (Fred Siegel), en même qu'un nouveau type de système institutionnel, la « république procédurale » (Michael J. Sandel). Il exalte à tort la justice comme la « vertu première des institutions sociales », au lieu d'y voir un palliatif qui ne possède qu'une « vertu de remède » et s'impose surtout quand les vertus communautaires font défaut. Il méconnaît enfin, du fait de son formalisme juridique, le rôle central que jouent la langue, la culture, les moeurs, les pratiques et les valeurs partagées, comme bases d'une véritable « politique de reconnaissance » des identités et des droits collectifs.
Pour les communautariens, l'homme se définit au contraire avant tout comme un « animal politique et social ». Il s'en déduit que les droits ne sont pas des attributs universels et abstraits, produits par une « nature » distincte de l'état social et qui constitueraient par eux-mêmes un domaine autonome, mais l'expression des valeurs propres à des collectivités ou des groupes différenciés (le droit d'un individu à parler sa langue est indissociable du droit à l'existence du groupe qui la pratique), en même temps que le reflet d'une théorie plus générale de l'action morale ou de la vertu. La justice se confond avec l'adoption d'un type d'existence (la vie bonne) ordonné aux notions de solidarité, de réciprocité et de bien commun. La « neutralité » dont se prévaut l'Etat libéral est regardée soit comme désastreuse dans ses conséquences, soit plus généralement comme illusoire, car renvoyant implicitement à une conception singulière du bien qui ne s'avoue pas comme telle.
Je n'examinerai évidemment pas ici dans le détail tous ces aspects de la critique communautarienne. Je ne donnerai qu'un exemple, tiré de la théorie du moi (self), telle qu'on la trouve surtout formulée chez Michael J. Sandel.
La théorie du moi de Sandel
Le libéralisme définit l'individu comme ce qui reste du sujet une fois qu'on lui a enlevé toutes ses déterminations personnelles, culturelles, sociales et historiques, c'est-à-dire qu'on l'a extrait de sa communauté. Il postule par ailleurs l'autosuffisance des individus par rapport à la société et soutient que ces individus poursuivent leur meilleur intérêt en faisant des choix libres et rationnels sans que le contexte social-historique dans lequel ils les font pèse sur leur capacité d'exercer leurs « pouvoirs moraux », c'est-à-dire de choisir une conception particulière de la vie bonne.
Pour soutenir cette conception du sujet, les libéraux sont implicitement tenus de regarder comme contingent ou
négligeable tout ce qui est de l'ordre de l'appartenance, du rôle social, du
contexte culturel, des pratiques et des significations partagées : lorsqu'il
« entre » en société, l'individu n'engage jamais la totalité de son être, mais
seulement la part de lui-même qu'exprime sa volonté rationnelle. Pour les
communautariens, au contraire, une idée présociale du moi est tout simplement
impensable : l'individu trouve toujours la société déjà là — et c'est elle qui
ordonne ses références, constitue sa manière d'être au monde et modèle ses
visées.
Du point de vue libéral, la « décontextualisation » du sujet est le fondement de sa liberté. Les individus ayant des désirs différents, tout principe dérivé de ces désirs ne peut être que contingent. Or, la loi morale exige une fondation catégorique, et non pas contingente. Même un désir aussi universel que le bonheur ne peut servir de fondement, car l'idée qu'on s'en fait est éminemment variable. C'est pourquoi Kant fait reposer tout son système sur l'idée de liberté dans les relations entre les êtres. Le juste, dit-il, n'a rien à voir avec la fin que les hommes ont par nature ou avec les moyens qui permettent de l'atteindre. Son fondement doit donc être recherché en amont de toute fin empirique, en l'occurrence dans le sujet capable de volonté autonome. « Mais, demande Sandel, qu'est-ce qui me garantit que je suis un tel sujet, capable de faire appel à la pure raison pratique ? Strictement parlant, rien ne me le garantit : le sujet transcendantal n'est qu'une possibilité — une possibilité que je suis tenu de postuler si j'entends me considérer comme agent moral libre (...) C'est seulement si mon identité n'est jamais liée aux objectifs et aux intérêts que je peux avoir à tout moment que je peux me penser moi-même comme un agent capable de faire ses choix de manière libre et indépendante ».
Or, pour les communautariens, le problème est que cette liberté « moderne » — liberté « négative », comme le dit Isaiah Berlin —, dans la mesure même où elle se donne comme indépendante de toute détermination, a toutes chances d'être, non seulement formelle, mais vide de sens. « Une liberté complète, écrit Taylor, serait un espace vide dans lequel rien n'aurait de valeur, où rien ne vaudrait rien ». Toute volonté de subordonner la totalité des présupposés de notre situation sociale à notre pouvoir d'autodétermination rationnelle se heurte en effet au fait que l'exigence de libre détermination de soi est elle-même indéterminée. « Imaginer une personne incapable d'attachements constitutifs, conclut Sandel (...) ne revient pas à concevoir un agent idéalement libre et rationnel, mais à imaginer une personne totalement dépourvue de caractère et de profondeur morale ».
Je suis tout ce qui me constitue
A cette conception procédurale du moi, Michael J. Sandel oppose une conception constitutive dans laquelle le moi, loin d'être antérieur aux fins qu'il se donne, est lui-même constitué par des fins qui ne sont qu'en partie l'objet de ses choix. La distance entre les caractéristiques que je possède et la personne que je suis est du même coup abolie : je suis tout ce qui me constitue et je ne peux faire usage de ma raison que dans le cadre qui est le mien. Le moi, en d'autres termes, est toujours pris dans un contexte dont on ne peut l'abstraire.
Du point de vue libéral, la « décontextualisation » du sujet est le fondement de sa liberté. Les individus ayant des désirs différents, tout principe dérivé de ces désirs ne peut être que contingent. Or, la loi morale exige une fondation catégorique, et non pas contingente. Même un désir aussi universel que le bonheur ne peut servir de fondement, car l'idée qu'on s'en fait est éminemment variable. C'est pourquoi Kant fait reposer tout son système sur l'idée de liberté dans les relations entre les êtres. Le juste, dit-il, n'a rien à voir avec la fin que les hommes ont par nature ou avec les moyens qui permettent de l'atteindre. Son fondement doit donc être recherché en amont de toute fin empirique, en l'occurrence dans le sujet capable de volonté autonome. « Mais, demande Sandel, qu'est-ce qui me garantit que je suis un tel sujet, capable de faire appel à la pure raison pratique ? Strictement parlant, rien ne me le garantit : le sujet transcendantal n'est qu'une possibilité — une possibilité que je suis tenu de postuler si j'entends me considérer comme agent moral libre (...) C'est seulement si mon identité n'est jamais liée aux objectifs et aux intérêts que je peux avoir à tout moment que je peux me penser moi-même comme un agent capable de faire ses choix de manière libre et indépendante ».
Or, pour les communautariens, le problème est que cette liberté « moderne » — liberté « négative », comme le dit Isaiah Berlin —, dans la mesure même où elle se donne comme indépendante de toute détermination, a toutes chances d'être, non seulement formelle, mais vide de sens. « Une liberté complète, écrit Taylor, serait un espace vide dans lequel rien n'aurait de valeur, où rien ne vaudrait rien ». Toute volonté de subordonner la totalité des présupposés de notre situation sociale à notre pouvoir d'autodétermination rationnelle se heurte en effet au fait que l'exigence de libre détermination de soi est elle-même indéterminée. « Imaginer une personne incapable d'attachements constitutifs, conclut Sandel (...) ne revient pas à concevoir un agent idéalement libre et rationnel, mais à imaginer une personne totalement dépourvue de caractère et de profondeur morale ».
Je suis tout ce qui me constitue
A cette conception procédurale du moi, Michael J. Sandel oppose une conception constitutive dans laquelle le moi, loin d'être antérieur aux fins qu'il se donne, est lui-même constitué par des fins qui ne sont qu'en partie l'objet de ses choix. La distance entre les caractéristiques que je possède et la personne que je suis est du même coup abolie : je suis tout ce qui me constitue et je ne peux faire usage de ma raison que dans le cadre qui est le mien. Le moi, en d'autres termes, est toujours pris dans un contexte dont on ne peut l'abstraire.
l est situé et incarné. Dès lors, la communauté n'est plus un simple moyen
pour l'individu de réaliser ses fins, ou encore un simple cadre des efforts qu'il
déploie pour rechercher son meilleur avantage. Elle est au fondement des choix
qu'il effectue, dans la mesure même où elle contribue aussi à fonder son
identité. Dans cette perspective, écrit Sandel, les individus doivent moins être
considérés « comme des sujets séparés ayant certaines choses en commun
que comme des membres d'une collectivité donnée ayant tous des traits
particuliers ». Il en résulte que le mode de vie social-historique est inséparable
de l'identité, tout comme l'appartenance à une communauté est inséparable de
la connaissance de soi, ce qui signifie, non seulement que c'est à partir d'un
mode de vie donné que les individus peuvent opérer des choix (y compris des
choix opposés à ce mode de vie), mais aussi que c'est encore ce mode de vie
qui constitue en valeurs ou en non-valeurs ce que les individus considèrent ou
non comme valables.
Communautarisme « constitutif » et « sentimental »
Sandel distingue ici avec netteté le communautarisme « constitutif » du communautarisme « instrumental » ou « sentimental ». Le communautarisme instrumental se borne à souligner l'importance de l'altruisme dans les relations sociales. Le communautarisme sentimental y ajoute l'idée que ce sont les pratiques altruistes qui permettent le mieux de maximiser l'utilité moyenne. Mais ces deux attitudes ne sont pas incompatibles avec la théorie libérale. Le communautarisme « constitutif », au contraire, ne possède aucun caractère optionnel, mais repose sur l'idée qu'il est tout simplement impossible de conceptualiser l'individu en dehors de sa communauté ou des valeurs et des pratiques qui s'y expriment, car ce sont ces valeurs et ces pratiques qui le constituent en tant que personne. L'idée fondamentale est alors que le moi est découvert plus que choisi, car par définition on ne peut choisir ce qui est déjà donné.
Les communautariens affirment ainsi que tout être humain est inséré dans un réseau de circonstances naturelles et sociales qui constituent son individualité et déterminent, au moins en partie, sa conception de la vie bonne. Cette conception, ajoutent-ils, vaut pour l'individu, non en tant qu'elle résulte d'un « libre choix », mais parce qu'elle traduit des attachements et des engagements qui sont constitutifs de son être. De telles allégeances, précise Sandel, vont au-delà des obligations que je contracte volontairement et des ‘devoirs naturels’ que je dois aux êtres humains en tant que tels. Elles sont ainsi faites que je leur dois parfois plus que la justice ne le demande ou même ne l'autorise, non du fait des engagements que j'ai contractés ou des exigences de la raison, mais en vertu même de ces liens et de ces engagements plus ou moins durables qui, pris tous ensemble, constituent en partie la personne que je suis ».
Une communauté authentique n'est donc pas une simple réunion ou addition d'individus. Ses membres ont en tant que tels des fins communes, liées à des valeurs ou à des expériences partagées, et pas seulement des intérêts privés plus ou moins congruents. Ces fins sont des fins propres à la communauté elle-même, et non pas des objectifs particuliers qui se trouveraient être les mêmes chez tous ou chez la plupart de ses membres.
Communautarisme « constitutif » et « sentimental »
Sandel distingue ici avec netteté le communautarisme « constitutif » du communautarisme « instrumental » ou « sentimental ». Le communautarisme instrumental se borne à souligner l'importance de l'altruisme dans les relations sociales. Le communautarisme sentimental y ajoute l'idée que ce sont les pratiques altruistes qui permettent le mieux de maximiser l'utilité moyenne. Mais ces deux attitudes ne sont pas incompatibles avec la théorie libérale. Le communautarisme « constitutif », au contraire, ne possède aucun caractère optionnel, mais repose sur l'idée qu'il est tout simplement impossible de conceptualiser l'individu en dehors de sa communauté ou des valeurs et des pratiques qui s'y expriment, car ce sont ces valeurs et ces pratiques qui le constituent en tant que personne. L'idée fondamentale est alors que le moi est découvert plus que choisi, car par définition on ne peut choisir ce qui est déjà donné.
Les communautariens affirment ainsi que tout être humain est inséré dans un réseau de circonstances naturelles et sociales qui constituent son individualité et déterminent, au moins en partie, sa conception de la vie bonne. Cette conception, ajoutent-ils, vaut pour l'individu, non en tant qu'elle résulte d'un « libre choix », mais parce qu'elle traduit des attachements et des engagements qui sont constitutifs de son être. De telles allégeances, précise Sandel, vont au-delà des obligations que je contracte volontairement et des ‘devoirs naturels’ que je dois aux êtres humains en tant que tels. Elles sont ainsi faites que je leur dois parfois plus que la justice ne le demande ou même ne l'autorise, non du fait des engagements que j'ai contractés ou des exigences de la raison, mais en vertu même de ces liens et de ces engagements plus ou moins durables qui, pris tous ensemble, constituent en partie la personne que je suis ».
Une communauté authentique n'est donc pas une simple réunion ou addition d'individus. Ses membres ont en tant que tels des fins communes, liées à des valeurs ou à des expériences partagées, et pas seulement des intérêts privés plus ou moins congruents. Ces fins sont des fins propres à la communauté elle-même, et non pas des objectifs particuliers qui se trouveraient être les mêmes chez tous ou chez la plupart de ses membres.
Dans une simple association, les individus regardent leurs intérêts comme
indépendants et potentiellement divergents les uns des autres. Les rapports
existant entre ces intérêts ne constituent donc pas un bien en soi, mais
seulement un moyen d'obtenir les biens particuliers recherchés par chacun. La
communauté, au contraire, constitue un bien intrinsèque pour tous ceux qui en
font partie, affirmation que les communautariens présentent soit comme
généralisation psychologique descriptive (les êtres humains ont besoin
d'appartenir à une communauté), soit comme généralisation normative (la
communauté est un bien objectif pour les êtres humains).
Conclusion
Je pense que ce qui précède aura suffi à montrer ce qui sépare et
oppose libéraux et communautariens. Au-delà de cette opposition, je voudrais
néanmoins signaler, pour finir, qu'il existe aussi des points de convergence.
Presque tous les communautariens, par exemple, critiquent le centralisme et la
bureaucratie étatique, et prônent des formes variées de démocratie
participative et d'initiative locale. Le fond de leur message est que si l'on ne
peut redonner vie à des communautés organiques ordonnées à l'idée de bien
commun et de valeurs partagées, la société n'aura pas d'autre alternative que
l'autoritarisme ou la désintégration. Si certains se proposent de revitaliser les
traditions, beaucoup se réclament d'une tradition de « républicanisme
civique » qui a connu son apogée dans les républiques italiennes de la fin du
Moyen Age. Aux Etats-Unis, cette tradition emprunte autant à Machiavel et
Hannah Arendt qu'à Thomas Jefferson, Patrick Henry et John Dewey.
La notion de renouveau d'une citoyenneté active en constitue le centre,
de pair avec une redéfinition de la vie démocratique axée sur l'idée de
participation, de reconnaissance et de bien commun. « La notion centrale de
l'humanisme civique, écrit ainsi Charles Taylor, est que les hommes trouvent
leur bien dans la vie publique d'une république de citoyens». Le
communautarisme semble par là devoir déboucher sur une remise en cause de
l'Etat-nation et sur un certain renouveau de l'idée fédéraliste.
Par Alain de BENOIST,
Nouvelle droite
De Wikiberal
Définition
Au sens européen, courant politique né à la fin des années 1970 sous l'influence d'Alain de Benoist, relayé par le Figaro Magazine,
dont nombre de rédacteurs provenaient du GRECE (Groupement de Recherche
et d'Etudes pour la Civilisation Européenne). Ses membres cultivent de
fortes accointances avec le Club de l'Horloge et l'extrême-droite, de
fortes accointances aussi avec le discours de gauche (marxisme, communautarisme, altermondialisme). Ils sont profondément antilibéraux (ex: refus de la liberté individuelle et de l'égalité devant la loi),
tout particulièrement sur les sujets de société. Un autre trait les
caractérisant est leur rejet des valeurs chrétiennes de l'Occident au profit d'un néopaganisme exacerbé.
Au sens américain, synonyme de néoconservateur, regroupe les partisans du choc des civilisations et d'un État militarisé par leur idéologie, et du prosélytisme religieux puritain par calcul politique.
Idéalisme
De Wikiberal
En
philosophie, l'idéalisme est un courant de pensée qui affirme la
prééminence des représentations mentales (ou le primat de la conscience)
dans la connaissance que l'homme peut avoir de la réalité.
Du point de vue de la théorie de la connaissance, l'idéalisme est souvent opposé au réalisme, bien que cette opposition ne soit pas absolue (ainsi la philosophie kantienne
est un idéalisme transcendantal associé à un réalisme empirique). Le
seul réalisme que nient toutes les variantes de l'idéalisme est le
"réalisme naïf"[1] qui affirme la réalité absolue de l'objet (niant le conditionnement réciproque sujet/objet).
Du point de vue de la philosophie de l'esprit, l'idéalisme est opposé au matérialisme, bien qu'il ne propose pas une solution unique au problème corps-esprit.
L'idéalisme est davantage une position épistémologique issue du
primat de la conscience qu'une doctrine dogmatique figée. Il a conduit à
des développements très riches dans des domaines très variés de la
connaissance (philosophie allemande du XIXe siècle, existentialisme du
XXe siècle, physique moderne, phénoménologie, psychologie, linguistique,
etc.) ainsi qu'en métaphysique.
On doit prendre garde au fait que le terme d'idéalisme n'a pas le
même sens d'un philosophe à l'autre. Par exemple, Kant, Schopenhauer et
Nietzsche emploient tous trois ce terme dans des sens très différents :
Kant l'emploie en pensant à Berkeley et à ceux qui nient l'existence
des choses extérieures ; Schopenhauer l'emploie généralement en
référence à la philosophie kantienne ; Nietzsche l'emploie en référence à
Platon et à tous ceux qui décrivent un monde idéal et dévaluent ainsi
le "monde réel".
- 1 Principaux représentants
- 2 Rapports avec le libéralisme
- 3 Erreurs communes à propos de l'idéalisme
- 4 Idéalisme politique
- 5 Notes et références
- 6 Citations
- 7 Voir aussi
Interview D'alain De Benoist - Lectures et culture - Liberaux.org
Alain de Benoist, journaliste, écrivain et philosophe, est le principal penseur du courant connu sous le nom de Nouvelle Droite.
Alain de Benoist est né le 11 décembre 1943 à Saint-Symphorien (Indre-et-Loire). Il est marié et père de deux enfants.
Ancien élève des lycées Montaigne et Louis-le-Grand, il a fait
ses études à la faculté de droit de Paris (droit constitutionnel) et à
la Sorbonne (philosophie, sociologie, morale et sociologie, histoire des
religions).
Il a été successivement :
- 1962-66 secrétaire de rédaction des Cahiers universitaires.
- 1964-68 rédacteur en chef de la lettre d'information hebdomadaire L'Observateur européen.
- 1967-68 directeur des publications du Centre des hautes études internationales (HEI).
- 1968-69 rédacteur en chef adjoint de L'Écho de la presse et de la publicité.
- Depuis 1969 directeur de la revue Nouvelle École.
- 1969-76 collaborateur du Courrier de Paul Dehème.
- 1970-71 rédacteur en chef du magazine Midi-France.
- 1970-82 critique à Valeurs actuelles et au Spectacle du monde.
- Depuis 1973 éditorialiste de la revue Eléments.
- 1977-92 collaborateur du Figaro-magazine.
- 1980-92 collaborateur du « Panorama » de France-Culture.
- Depuis 1988 directeur de la revue Krisis.
- 1991-99 éditorialiste de La Lettre de Magazine-Hebdo.
Il utilise aussi les pseudonymes : Robert de Herte, Fabrice Laroche.
Métapolitique
Depuis plus de trente ans, Alain de Benoist poursuit méthodiquement
un travail d'analyse et de réflexion dans le domaine des idées.
Écrivain, journaliste, essayiste, conférencier, philosophe, il a publié
plus de 50 livres et plus de 3.000 articles, aujourd'hui traduits dans
une quinzaine de langues.
Ses domaines de prédilection sont la philosophie politique et
l'histoire des idées, mais il est aussi l'auteur de nombreux travaux
portant notamment sur l'archéologie, les traditions populaires,
l'histoire des religions ou les sciences de la vie.
Indifférent aux modes idéologiques, récusant toute forme
d'intolérance et d'extrémisme, Alain de Benoist ne cultive pas non plus
une quelconque nostalgie « restaurationniste ». Lorsqu'il critique la
modernité, ce n'est pas au nom d'un passé idéalisé, mais en se
préoccupant avant tout des problématiques postmodernes. Les axes
principaux de sa pensée sont au nombre de quatre :
- la critique conjointe de l'individuo-universalisme et du nationalisme (ou de l'ethnocentrisme) en tant que catégories relevant l'une et l'autre de la métaphysique de la subjectivité ;
- la déconstruction systématique de la raison marchande, de l'axiomatique de l'intérêt et des multiples emprises de la Forme-Capital, dont le déploiement planétaire constitue à ses yeux la menace principale qui pèse aujourd'hui sur le monde ;
- la lutte en faveur des autonomies locales, liée à la défense des différences et des identités collectives ;
- une nette prise de position en faveur d'un fédéralisme intégral, fondé sur le principe de subsidiarité et la généralisation à partir de la base des pratiques de la démocratie participative.
Alors que son œuvre est connue et reconnue dans un nombre grandissant
de pays, Alain de Benoist reste largement ostracisé en France, où l'on
se borne trop souvent à associer son nom à celui d'une Nouvelle droite dans laquelle il ne s'est jamais véritablement reconnu.
- Vu de droite. Anthologie critique des idées contemporaines, Copernic, 1977.
- Maiastra. Renaissance de l'Occident ? (en collab.), Plon, 1979.
- Le Guide pratique des prénoms, Publications Groupe-Média, 1979.
- L'Europe païenne (en collab.), Seghers, 1980.
- Les idées à l'endroit, Libres-Hallier, 1979.
- Comment peut-on être païen ?, Albin Michel, 1981.
- Ernest Renan, "La Réforme intellectuelle et morale" et autres extraits choisis et commentés, Albatros, 1982.
- Orientations pour les années décisives, Labyrinthe, 1982.
- Les Traditions d'Europe, Labyrinthe, 1982.
- Fêter Noël. Légendes et traditions, Atlas, 1982.
- La Mort. Traditions populaires, histoire et actualité, (en collab.), Labyrinthe, 1983.
- Démocratie : le problème, Labyrinthe, 1985.
- Europe, Tiers-Monde, même combat, Robert Laffont, 1986.
- Racismes, antiracismes, (en collab.), Méridiens-Klincksieck, 1986.
- L'éclipse du sacré. Discours et réponses, (en collab.), Table Ronde, 1986.
- Quelle religion pour l'Europe ? (en collab.), Georg, Genève, 1990.
- Critique du nationalisme et crise de la représentation, GRECE, 1994.
- Le Grain de sable. Jalons pour une fin de siècle, Labyrinthe, 1994.
- La Ligne de mire. Discours aux citoyens européens. 1 : 1972-1987, Labyrinthe, 1995.
- L'Empire intérieur, Fata-Morgana, 1995.
- Famile et société. Origines - Histoire - actualité, Labyrinthe, 1996.
- La ligne de mire. Discours aux citoyens européens. 2 : 1988-1995, Labyrinthe, 1996.
- Ernst Jünger. Une bio-bibliographie, Guy Trédaniel, 1997.
- Communisme et nazisme, 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle, Labyrinthe, 1998.
- Dieu est-il mort en Occident ?, (en collab.), Guy Trédaniel, 1998.
- Manifeste pour une renaissance européenne, (en collab.), GRECE, 1999.
- L'Écume et les galets. 1991-1999 : dix ans d'actualité vue d'ailleurs, 2000.
- Dernière année, notes pour conclure le siècle, L'Âge d'Homme, 2001.
- Critiques - Théoriques, L'Âge d'Homme, 2003.
- Au-delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés, Krisis, 2004
- Bibliographie générale des droites françaises, 4 vol., Dualpha, 2004-2005.
- Jésus et ses frères, et autres écrits sur le christianisme, le paganisme et la religion, Les Amis d'Alain de Benoist, 2006.
- C'est-à-dire. Entretiens-Témoignages-Explications, 2 vol., Les Amis d'Alain de Benoist, 2006.
- Nous et les autres - Problématique de l'identité, Krisis, 2006.
- Carl Schmitt actuel, Krisis, 2007.
- Nouvelle École (revue fondée en 1968).
- Krisis (revue fondée en 1988).
Liens externes
- Le site d'Alain de Benoist
- Entretien intégral à Radio vraiment libre (en 6 parties indiquées sur la page)