Affichage des articles dont le libellé est Prospective. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Prospective. Afficher tous les articles

juin 16, 2015

Penser autrement pendant qu'il est encore temps; libéraux réveillez-vous !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) Les carottes digitales sont-elles cuites ? Jean-Alain Jutteau - Le Nouvel Economiste

B) Comment l’intelligence artificielle va remplacer des millions d’emplois - Ariane Beky - Silicon

C) Penser autrement est-il encore autorisé ? - le Comité Orwell* - Marianne

D) - Croissance américaine : on sous-estime l’apport de l’innovation technologique - La Tribune


E) La France cultive sa compétitivité dans l’aéronautique - La Tribune


F) L’Europe en 2020 : toujours plus d’abandons de souveraineté ? - Régis Soubrouillard - Marianne






A) Les carottes digitales sont-elles cuites ?

Sans une mutation rapide des modes de pensée et des principes d’organisation, la viabilité économique de bien des entreprises est compromise à un horizon qui ne saurait excéder une génération. 




Les GAFA, premiers maîtres du continent digital
L’entrée dans le nouveau millénaire coïncide avec la fin de quelque chose, d’un système, d’un âge d’or, d’une grande illusion selon les commentateurs. La répétition des crises, financières, énergétiques et sociales a dissuadé les plus optimistes d’entre eux de d’envisager des scénarios positifs. Le discrédit généralisé dont souffrent les élites politiques et économiques exprime le désarroi des habitants du vieux monde. L’émergence du continent digital est accueillie avec des sentiments mêlés, pour ne pas dire contradictoires. Cataclysme fatal qui précipite la chute pour les uns, qui logiquement font tout pour en retarder l’irruption dans un vieux système branlant certes, mais familier ; terre promise qui accueillera les survivants, pour les autres, prêts à renier la civilisation qui les a portés. L’avenir sera entre ces deux extrêmes, dont le côté caricatural révèle la perplexité des élites intellectuelles de l’ancien monde. Le plus inquiétant dans la situation actuelle, c’est que nous ne savons plus la penser efficacement ; alors on bavarde, on anecdotise à longueur de colonne ou de grilles de programmes, pour donner le change, tant le doute est scandaleux pour les pouvoirs en place. Le porteur de la moindre parcelle de lumière est accueilli comme un messie providentiel, avant de sombrer dans les oubliettes déjà bien occupées des illusions perdues. 
“Cataclysme fatal qui précipite la chute pour les uns, qui logiquement font tout pour en retarder l’irruption dans un vieux système branlant certes, mais familier ; terre promise qui accueillera les survivants, pour les autres, prêts à renier la civilisation qui les a portés.” 

Le futur des vieilles sociétés se jouera sur le continent digital, c’est une évidence à laquelle les plus passéistes finissent par se résigner. La question qui hante les esprits est : Comment vivre sur cette « terra incognita » ? Se multiplient les appels à un changement de paradigme, par les pédants, à une nouvelle conscience individuelle et collective, plus ou moins explicitement formulée par beaucoup. Ce n’est pas hasard si les comparaisons se multiplient avec l’empire romain finissant, entre le second et le quatrième siècle de notre ère ; et l’on redécouvre que s’y enracinent la culture et l’idéologie des sociétés européennes et américaines. Ses empereurs divinisés, son patriarcat despotique, l’esclavage et la corruption généralisés trouvent des échos troublants dans nos sociétés actuelles. Les barbares ont fini par saccager Rome... et Constantinople a fini par tomber aux mains des Turcs. Une semblable appréhension sourd de bien des voix qui font autorité dans les médias du vieux monde. Premiers maîtres du continent digital, les GAFA déstabilisent plus les modèles intellectuels que les modèles économiques, et ce de deux façons différentes: La première est de créer de la valeur selon des principes différents de celles de l’économie classique. Ils ont ainsi découvert et exploité avec le succès que l’on connait les relations particulières qui se nouent entre les gens sur le continent digital. Pour capturer d’une seule expression cette première différence, GAFA pense horizontal, là où l’économie classique, idéologie des féodalités agricoles et industrielles, pense vertical. La rétention basée sur la dépendance subie laisse place à la relation durable avec des acteurs libres. La verticalité qui aliène les personnes dans nos sociétés est d’abord culturelle. C’est hélas dans ce registre que les inerties et les résistances à l’évolution sont les plus lourdes. Le passage chaotique d’une génération à une autre est souvent nécessaire pour qu’elle s’accomplisse. Sous nos yeux, des fractures culturelles apparaissent entre les « boomers », les « X » et les « milleniums », qui ne trouvent aucun équivalent dans l’histoire récente. Pourra-t- on attendre que ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui partent en retraite pour qu’enfin ceux qui sont nés avec internet puissent réaliser les mutations sociales et économiques nécessaires ? Rien n’est moins sur, tant les choses vont vite sur le continent digital, car c’est maintenant que les meilleures places se prennent. On risque non seulement de faire perdre un temps précieux aux générations futures, mais surtout d’aggraver leur handicap dans la compétition mondiale, tant les décideurs actuels persistent à penser le digital dans vieux système de pensée. Un avatar de la pensée verticale est le nationalisme, version modernisée par la Révolution Française de l’allégeance féodale. Il a été un fléau idéologique du XXème siècle, à l’origine de la plupart de ses épisodes les plus dramatiques ; il est inquiétant de le voir ressurgir en arrière plan de plusieurs commentaires dans la presse : la situation quasi hégémonique de Google dans la plupart des marchés occidentaux conduit les Cassandre à agiter le spectre d’une dépendance définitive de la vieille Europe inerte par une Amérique impérialiste...et de pronostiquer la catastrophe quand les leaders chinois envahiront à leur tour nos écrans. 

“La situation quasi hégémonique de Google dans la plupart des marchés occidentaux conduit les Cassandre à agiter le spectre d’une dépendance définitive de la vieille Europe inerte par une Amérique impérialiste...et de pronostiquer la catastrophe quand les leaders chinois envahiront à leur tour nos écrans” 

Cette vision exprime la grande peur de l’an deux mille selon des modes de pensée proches de ceux qui ont prêché la grande peur de l’an mille. Ce biais induit une compréhension faussée des enjeux de la situation actuelle, et nous détourne des initiatives appropriées. On le retrouve dans un grand quotidien du soir, qui titre « les Etats-Unis de hyper puissance à cyber puissance » ; cette formule transpose directement du vieux monde sur le continent digital le pouvoir impérialiste que les Etats-Unis ont exercé sur le monde au lendemain de la seconde guerre mondiale ; elle méconnaît gravement les spécificités du monde digital. Les rapports de GAFA avec l’administration américaine sont au moins aussi complexes et conflictuelles que ceux qu’ils ont, ou qu’ils pourraient avoir s’ils y trouvaient un interlocuteur, avec les autorités européennes. Inquiéter l’opinion en brandissant des fantômes d’un autre âge n’est pas la meilleure façon de la préparer à l’inéluctable. La seconde particularité de GAFA réside dans leur découverte sur le continent digital de gisements inépuisables d’un nouveau pétrole, l’enregistrement automatique des relations que les gens établissent avec leur environnement, autrement dit le « Big Data ». Ils ont été les premiers à l’extraire et à le raffiner à l’échelle industrielle pour en tirer une nouvelle matière première, l’intelligence relationnelle. Leur domination de cette nouvelle filière de création de valeur peut légitimement inquiéter les acteurs de l’ancien monde à deux titres : Le premier, le plus visible à travers leurs parts de marché, n’est pas le plus préoccupant : en d’autres temps, d’autres sociétés nord américaines ont occupé pendant quelques décennies des positions mondiales quasi hégémoniques, IBM dans les pros ordinateurs, et Microsoft dans les systèmes d’exploitation des ordinateurs personnels ; le progrès des techniques et la vigilance des régulateurs ont gardé les marchés ouverts. Il est probable que l’intelligence relationnelle deviendra une « commodity » mondiale, comme les autres matières premières à l’origine des filières industrielles, et que sa part dans les coûts des services devienne marginale. Ses premiers producteurs, Google et Facebook et leurs émules, doivent leur santé financière à la vente de l’intelligence relationnelle qu’ils accumulent sur leurs plateformes. Beaucoup plus lourd de conséquence à terme est le second ; piégées dans leur hiérarchies et leur « penser vertical », la plupart des institutions publiques et privées de l’ancien monde ne savent pas, ne peuvent pas utiliser l’intelligence relationnelle dans le lacis de leurs jeux de pouvoir. Elles multiplient les initiatives de toute nature, car la menace ou l’opportunité ne leur ont pas échappé, mais les résultats restent décevants, partiels et parcellaires, étouffés par le milieu qui les a fait naître. Faites pour contraindre, pour détenir et retenir l’information qui les traverse, elles diffèrent radicalement du milieu « flat, transparent and free » du continent numérique. 

“Piégées dans leur hiérarchies et leur « penser vertical », la plupart des institutions publiques et privées de l’ancien monde ne savent pas, ne peuvent pas utiliser l’intelligence relationnelle dans le lacis de leurs jeux de pouvoir” 

L’intelligence relationnelle qui y apparait, ou qui réussit à y pénétrer, se trouve rapidement détruit par les anticorps du système. Il n’est pas rare de rencontrer sur le vieux continent de grandes banques, disposant de gisements considérables de données sur leurs clients, et qui achètent fort cher à Google les services d’intelligence relationnelle utiles à leurs stratégies commerciales. La situation des entreprises traditionnelles devient périlleuse quand les barrières techniques ou règlementaires qui protègent leurs rentes de situation tombent les unes après les autres sur le continent digital. Leurs nouveaux concurrents passent alors sous les lignes de leurs comptes d’exploitation, mettent durablement à mal leur modèle économique et capturent à leur profit des parts croissantes de leurs marchés traditionnels. Ils n’offrent rien de nouveau et se contentent d’exploiter leur inertie intellectuelle et organisationnelle. Les « succes stories » se multiplient à la mesure de l’accueil favorable des publics qui migrent massivement sur le continent digital. 


 Jean-Alain Jutteau



B) Comment l’intelligence artificielle va remplacer des millions d’emplois 

L’intelligence artificielle permet aux machines de réaliser des tâches multiples, physiques ou à caractère intellectuel. Demain, des millions d’emplois seront remplacés par des robots ou agents virtuels. L’édition 2015 de Futur en Seine a été l’occasion de débattre de ce (futur) sujet de société. Le cycle de conférences « humain et technologie »de Futur en Seine 2015, festival du numérique à Paris et dans sa région, a été l’occasion d’éclairer l’impact des avancées de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi. L’intelligence artificielle permet aux robots et machines connectées d’assurer des tâches multiples. Et les capteurs donnent aux smart machines les moyens de « percevoir » le monde physique et de travailler de manière autonome. Mais à quel prix ? Selon Gartner, un tiers des emplois dans le monde seront remplacés par des algorithmes et applications d’intelligence artificielle d’ici 2025. Mais ils ne détruiront pas forcément plus d’emplois qu’ils n’en créent. 

Un continent virtuel dominé par les Gafa
Représenté lors de la conférence « robots et intelligence artificielle » du 12 juin 2015 au Cnam par Anne Dujin, de Roland Berger Strategy Consultants, Charles-Edouard Bouée, Pdg du cabinet de conseil, estime que le monde du travail de demain sera celui des continents virtuels. Internet ayant créé un 7e continent dominé par les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les Bat (Baidu, Alibaba et Tencent) chinois. Dans ce monde, les grands groupes du numérique auraient l’avantage sur les États... et sur les individus. Selon le cabinet de conseil en stratégie, 3 millions d’emplois pourraient être détruits en France d’ici 2025 par la numérisation de l’économie. Les bas salaires, associés aux faibles niveaux de qualification, sont les plus exposés, dans l’industrie notamment. Mais des emplois qualifiés, « intellectuels », sont également menacés, essentiellement les emplois intermédiaires, des fonctions administratives aux métiers juridiques.Bernard Stiegler, philosophe, fondateur d’Ars Industrialis et directeur de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) du centre Georges- Pompidou rappelant que « l’automatisation n’est pas que le robot, c’est aussi la data économie. » 

Vers une intelligence « augmentée »
Nous ne devons pas être « stupidement pessimistes », explique toutefois Anne Dujin, « des emplois vont disparaître, certes, mais d’autres vont se créer».À ce jeu là, les mathématiciens, data scientists et statisticiens sont les mieux armés pour s’imposer. Pour d’autres profils, les tâches « qui requièrent de la créativité, du sens artistique, ou de l’intelligence sociale et du contact humain, qu’elles se rapportent à un métier manuel ou intellectuel, peu ou bien qualifiés » seront préservées, indique Roland Berger Strategy Consultants dans un rapport publié à l’automne 2014. Difficile toutefois d’imaginer que ces profils pointus fourniront 3 millions d’emplois à la France d’ici à 10 ans, compensant ainsi les postes détruits par l’automatisation... L’optimisme est de rigueur du côté de l’équipe d’Evernote, un éditeur de logiciel d’espace de travail. Cristina Riesen, directrice générale pour la région EMEA, préfère parler « d’intelligence augmentée » plutôt que « d’intelligence artificielle ». « La technologie ne va pas penser pour nous, a-t-elle expliqué, mais va proposer, enrichir notre expérience, faciliter le futur. Nous ne serons pas dans une opposition de type humains contre machines... Nous devons travailler ensemble pour inventer le futur du travail, il existe des opportunités. » On pense notamment aux sociétés coopératives dans lesquelles les associés détenant la majorité du capital sont les salariés. 

Propriété universelle, plutôt que salaire universel
Pour Elso Kilpi, spécialiste du management et directeur du cabinet de conseil portant son nom,« la clé d’un nouveau modèle économique » dans lequel l’intelligence artificielle prendra de plus en plus de place « n’est pas le salaire universel, mais la propriété universelle. »

Pour Stefana Broadbent, anthropologue numérique et directrice de recherche sur l’intelligence collective au sein de l’agence de l’innovation britannique Nesta (National Endowment for Science, Technology and the Arts), la gouvernance et les choix politiques détermineront les conditions du travail futur. « La créativité nous sauvera, l’éducation et les compétences aussi. Mais le côté Disney – ‘allons tous chercher la force en nous, et nous trouverons tous du boulot’ – ne se vérifie pas sur le terrain. La précarité est grandissante, y compris dans des nations qui semblaient l’ignorer », remarque-t-elle. 


Ariane Beky  



C) Penser autrement est-il encore autorisé ?

Dix ans après le rejet du Traité constitutionnel européen par le peuple français, ces journalistes ont décidé de créer le comité Orwell qui a pour "ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme". Car, écrivent-ils, "le monde qu'on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d'Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes. Et des Etats croupions qui ne servent plus qu'à encadrer la vie quotidienne d'un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre. » Le 29 mai 2005, la constitution européenne, plébiscitée par les élites, est rejetée par les Français au référendum. On se souvient du déferlement de mépris contre ce peuple « malvotant » et « malcomprenant », si peu sensible aux vertus de la pédagogie. Le sommet fut atteint par l'édito de Libération. Intitulé « Chef-d'œuvre masochiste », il constitue un classique de la bien- pensance européiste, dénonçant pêle-mêle le « populisme », la « xénophobie », le « gauchisme infantile » de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne votent pas comme ils le souhaitent. Nous étions en 2005, mais on songeait à 1984, le célèbre roman d'anticipation de George Orwell. Il ne s'agit pas de refaire à l'infini la critique de la « pensée unique », qui fit les beaux jours de la presse des années 90. Mais de tirer enfin les enseignements d'un débat qui mérite que l'on s'interroge sur notre propre pratique journalistique. Dix ans ont passé, et le « politiquement correct » a volé en éclats, sous l'action conjointe des réseaux sociaux et de la montée du Front national. Si l'antienne de l'antifascisme ne passe plus, le « cercle de la raison » est toujours une réalité. Pourtant, la crise a démontré que les critiques des eurosceptiques n'avaient rien à voir avec un quelconque tropisme rouge-brun. lls s'interrogent tout simplement sur une perte de souveraineté bien réelle, qui, malgré le traité de Lisbonne, n'a pas été véritablement remplacée par un fédéralisme européen. Toujours moins de souveraineté. Pas de fédéralisme. Où donc est passé le pouvoir du peuple ? Interrogation légitime, pour le moins escamotée dans le débat médiatique. Dans sa célèbre dystopie, 1984, l'écrivain et journaliste décrit un monde totalitaire gouverné par un « Big Brother » qui s'insinue jusque dans les consciences. Le « crime de penser » est passible de mort et la réalité est dictée par la novlangue d'un parti unique et son ministère de la Vérité. Dans le monde d'Orwell, les nations ont été abolies, seuls restent trois blocs uniformes qui font mine de s'affronter en permanence : l'Océania, l'Eurasia et l'Estasia. La mise en scène de conflits imaginaires, voués à canaliser la violence née de l'oppression, a définitivement remplacé le débat fondé sur le common decency, pour reprendre l'expression du célèbre écrivain britannique. Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire, ou de se livrer à des comparaisons hasardeuses. Mais les choix de ces vingt dernières années sont loin d'être anodins. Le monde qu'on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d'Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes qui imposent leurs règles, tissent leurs réseaux et règnent sur la vie de l'Homo economicus. Et des Etats croupions qui ne servent plus qu'à encadrer la vie quotidienne d'un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre sur les grands sujets. Le tout avec la complicité d'un système médiatique où l'injure, la provocation, l'excommunication, le spectacle l'emportent sur la recherche patiente des faits. Où la recherche de coupables, érigés comme autant de boucs émissaires à une opinion déboussolée, s'est substituée à l'analyse des causes profondes de la crise que nous traversons. Où les « minutes de la haine » décrites par Orwell s'enchaînent, au rythme effrayant de l'information continue. Pour sortir de cette impasse, nous avons décidé de créer le comité Orwell. Il a comme ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. Plus encore que les autres citoyens, nous avons, en tant que journalistes, la responsabilité de défendre la liberté d'expression et le pluralisme des idées. 

Face à une idéologie dominante qui fait du primat de l'individu sur tout projet commun la condition de l'émancipation, l'association entend également défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire. « En ces temps d'imposture universelle, prophétisait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire... »

*Le comité Orwell a été cofondé par Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint.



D) - Croissance américaine : on sous-estime l’apport de l’innovation technologique

Les chiffres de croissance économique aux Etats-Unis ont été décevants au premier trimestre. Nombreux sont les experts à y déceler les signes avant-coureurs d'une croissance à long terme plus faible que par le passé. Pourtant, la révolution numérique continue de prospérer. Les startups du High Tech fleurissent à la Silicon Valley et assurent un potentiel de croissance sous-estimé dans les modèles de prévisions. Par Stéphanie Villers, économiste, Humanis Les success story de startups du secteur du High Tech se ramassent à la pelle. Un des derniers exemples en date vient d'un français installé à San Francisco, Renaud Laplanche, fondateur de Lending Club. Cette plateforme de prêts entre particuliers créée en 2006, vient de faire son entrée au New York Stock Exchange et pèse aujourd'hui plus de 6 milliards de dollars. 

Un potentiel de croissance sous estimé
Reste que dans le domaine de l'innovation technologique, les Etats-Unis mènent la danse. L'avance considérable prise par les américains en matière de technologie leur assure un potentiel de croissance bien plus élevé que la zone euro et surtout plus important qu'il n'est actuellement estimé. Si les capacités de production de l'ère industrielle n'ont pas réussi à retrouver leurs niveaux d'antan, en revanche, les progrès technologiques issus de cette révolution numérique permettent d'envisager une dynamique économique soutenue à long terme. Des grappes d'innovation, que ce soit dans la chimie, les services financiers, la santé, la technologie, etc., assurent la poursuite de la phase de reprise américaine enclenchée en 2010. La Silicon Valley, ce terreau bouillonnant au service de l'innovation, permet notamment d'entrevoir un accroissement de la croissance potentielle américaine. Or, ce plus à gagner technologique est resté ignoré dans les modèles de prévisions ou minimisé dans le calcul de la croissance. 

Des modèles économiques à la traîne du progrès
Pourtant, le progrès technologique demeure un des principaux moteurs de croissance économique. Mais les modèles statistiques restent, pour la plupart, sur des références passées. La comptabilité nationale traditionnelle n'est pas en mesure d'évaluer la création de richesse de ces jeunes pousses du High Tech. Il semble, en effet, aujourd'hui compliqué d'évaluer l'apport en création de richesse de ce secteur. La nouvelle économie qui se concentre sur l'information et la communication génère des applications qui facilitent notre quotidien et nous rendent indirectement, plus productifs. Or, ces effets positifs indirects sont difficilement quantifiables dans les modèles macro-économiques. Un retour sur investissement qui ne se trouve pas dans les statistiques, mais devient palpable dans notre quotidien Pour autant, si le retour sur investissement n'est pas retranscrit dans les chiffres, il est, a contrario, palpable dans notre quotidien. Ainsi, utiliser une application qui permet d'éviter les embouteillages et utiliser le chemin le plus direct pour arriver au travail, a de toute évidence un impact sur notre bien-être, puisqu'il génère moins de stress et nous permet un gain de temps ainsi que d'éventuelles économies en carburant. Si ces effets restent difficilement mesurables, intuitivement, on peut admettre que ces services peuvent améliorer notre qualité de vie, et par effet ricochet, notre productivité au travail. Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, rappelle néanmoins que toute innovation n'est pas bonne à prendre. Ainsi, la vague d'innovations financières qui a précédé la crise économique mondiale, a fait naître des produits financiers ultra sophistiqués aux effets dévastateurs pour l'économie. La prudence reste donc de mise. L'innovation technologique doit rester à la recherche d'un meilleur équilibre et de développement. Et c'est sans doute le chemin emprunté par la grande majorité des entreprises du secteur. Les projets actuels qui émergent des jeunes pousses de la Silicon Valley semblent davantage portés par un idéal de bien-être, d'amélioration de la qualité de vie et d'un allongement de l'espérance de vie. 

Generation Y : « Yes we can »
En effet, la génération Y, celle, qui est née entre le début des années 1980 et le début des années 2000, qui représente aujourd'hui près de 50% de la population active, semble portée par de nouvelles valeurs qui prennent davantage en considération l'épanouissement personnel. Les jeunes issus de cette génération ont grandi avec les nouvelles technologies et en ont acquis une maîtrise intuitive. Ils ont développé de nouveaux besoins et ont établi de nouveaux rapports au sein de l'entreprise. Cette génération est beaucoup plus créative et plus innovante que la précédente. A la recherche de bien-être et d'une meilleure qualité de vie, ces jeunes explorent des champs jusqu'à présent inexploités visant à faciliter leur quotidien et améliorer leur qualité de vie. Cette recherche du bien-être explique en partie le développement exponentiel d'applications sur smartphones. Enfin, cette génération trouve son plein épanouissement aux Etats-Unis, qui offrent la flexibilité, l'autonomie et surtout les financements nécessaires au développement de leurs projets. Le moteur de la croissance mondiale Cette génération créative est la source de la révolution numérique américaine et est à l'origine de l'accroissement du potentiel de croissance aux Etats-Unis. Pour l'instant, les curseurs des modèles économiques n'ont pas variés. Les effets de l'innovation technologique n'ont pas encore eu le temps de se diffuser dans les courbes de croissance. Au final, il faudra attendre pour que le progrès soit accessible à l'ensemble de la population pour avoir un impact global et palpable sur les chiffres macro-économiques. En dépit de cette lenteur, force est de constater que l'économie américaine recèle d'un potentiel de croissance qui lui permettra de rester, grâce à cette génération Y, le moteur de la croissance mondiale.





E) La France cultive sa compétitivité dans l’aéronautique

Les entreprises françaises du secteur aéronautique engagent des investissements colossaux, puisqu'ils s'élèvent à 7 milliards d'euros par an. C'est l'équivalent de 14% de leur chiffre d'affaires total - soit la proportion la plus élevée de toutes les industries françaises. Mieux que le vin ! L'aéronautique est en effet le premier secteur exportateur de l'Hexagone. Si les industriels, grandes entreprises comme PME, consentent des investissements colossaux pour soutenir l'innovation et la compétitivité, ils s'inquiètent du frein que représente le manque de main-d’œuvre de base. La France se désindustrialise ? C'est vrai, à une exception près : le secteur de l'aéronautique - "C'est le village gaulois!", s'exclame à ce propos Pierre-André Buigues, professeur de stratégie à la Toulouse Business School. De fait, il existe, au même titre que le vin, une vraie tradition française en matière d'aéronautique. Et, mieux que le vin, le secteur se classe premier en termes d'exportations. « Nous sommes le seul pays avec les Etats-Unis à savoir fabriquer un avion de A à Z », s'enorgueillit d'ailleurs Bertrand Lucereau, président du comité aéro-PME du Gifas, groupement d'industriels du secteur, à la table ronde intitulée « Y-a-t-il une 'French compétitivité' aéronautique ? », du Paris Air Forum, organisé par La Tribune en amont du salon du Bourget. D'ailleurs, l'américain Boeing reconnaît les compétences des entreprises françaises... en les faisant travailler! Le chiffre d'affaires de cette activité, baptisée la "French Team", s'élève ainsi à quelque 6 milliards de dollars par an. 

Investir pour tenir la cadence
Pas question cependant de se reposer sur ses lauriers. Les entreprises françaises du secteur aéronautique investissent pour « tenir la cadence », comme l'indique Bertrand Lucereau. Des investissements colossaux, puisqu'ils s'élèvent à 7 milliards d'euros par an (l'équivalent de 14% de leur chiffre d'affaires total - ce qui constitue la proportion la plus élevée de toutes les industries françaises). Et ils sont même supérieurs à ceux réalisés par l'industrie aéronautique en Allemagne, pays de référence en matière de volontarisme dans ce domaine... Toutefois, préviennent les professionnels, l'Allemagne commence à remonter la pente. « Cela devient même préoccupant, remarque le professeur Pierre André Buigues, certains, en Allemagne, ont clairement le sentiment que les industriels français ont levé le pied »... Et "le crédit d'impôt recherche est indispensable, précise à cet égard Bertrand Lucereau, le représentant de l'industrie aéronautique. Il faut le sanctuariser pour nos PME, sinon certaines transféreront leur R&D dans des pays à bas coût, voire toutes leurs activités...", prévient-il. Le casse-tête de la formation Reste que les investissements, aussi essentiels soient-ils, ne peuvent pas tout. « Ce qui manque, ce ne sont pas les ingénieurs, qui constituent près de la moitié de nos salariés, ce sont les spécialistes des tâches de base, comme la chaudronnerie », se lamente Bertrand Lucereau. On le sait, les jeunes boudent les métiers manuels, tandis que les parents valorisent le diplôme universitaire... Résultat, alors que le secteur de l'aéronautique recrute - et offre des salaires compétitifs - les postes de chaudronniers et autres ont du mal à trouver preneur. Les professionnels n'ont pas de recette miracle : la réhabilitation des métiers manuels et l'apprentissage, stratégie initiée il y a plus de 20 ans par les pouvoirs publics, n'a toujours pas porté ses fruits.... Ils tirent en revanche la sonnette d'alarme : une telle désaffection de la part de la main-d’œuvre pourrait finir par émousser la compétitivité de l'un des plus beaux fleurons de l'économie française...





 F) L’Europe en 2020 : toujours plus d’abandons de souveraineté ? 

L'info est passée totalement inaperçu mais le quotidien "Le Monde" a révélé le contenu de la "lettre des quatre présidents", un rapport qui annonce ce que nous réserve la zone euro à l'horizon 2020. Toujours plus d'abandons de souveraineté, de la sueur, mais aussi un projet de réassurance pour les organismes nationaux de sécurité sociale qui connaitraient des difficultés. Globalement, la philosophie de Berlin continue d'inspirer largement les cerveaux des dirigeants de l'Union européenne. Le projet sera présenté fin juin aux dirigeants des Etats européens. A moins qu'un Grexit... Le document ne circule en ce moment qu’entre Bruxelles et Francfort et, accessoirement, dans les rédactions de quelques grands journaux européens qui en distillent des bribes qui passent inaperçues. Pourtant la « lettre des quatre présidents » annonce bel et bien ce que nous réserve la zone euro à horizon 2020. Ce projet de rapport rédigé par Mario Draghi pour la Banque centrale européenne, Donald Tusk pour le Conseil européen, Jean-Claude Juncker pour la Commission et Jeroen Dijsselbloem pour l’Eurogroupe, a très partiellement été dévoilé par Le Monde le 12 juin dernier. Et son contenu doit être présenté aux présidents des Etats européens les 25 et 26 juin prochains. Selon le quotidien, cette « lettre des quatre présidents » fait le constat que l’Union économique et monétaire (UEM), serait « comme une maison qui a été construite il y a des années mais qui n’est pas encore terminée. Quand la tempête est venue, ses murs et son toit ont dû être renforcés dans l’urgence. Mais il est aujourd’hui grand temps de consolider ses fondations ». D'autant que les présidents doivent faire face à des demandes très contradictoires : de la rigidité germanique aux menaces de plus en plus pressantes de Grexit, jusqu’aux demandes britanniques d’assouplissements de certaines règlements de l’Union européenne auxquels il faut également ajouter les revendications des jeunes entrants. "Entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2019, l’Eurozone pousserait plus loin l’intégration, avec à la clé, s’il le faut, la nécessité de changer les traités"Globalement, l’approche générale de ce que le journal Le Monde révèle semble plus répondre à la « philosophie de Berlin » du serrage de boulons qu’à la souplesse londonienne. Aucune surprise en l’espèce. L’Union européenne est maintenant depuis des années du côté du manche de Merkel et la chancelière entend tout faire pour qu’elle le reste. C’est donc de la sueur et des larmes, toujours et encore, qui attend demain les Européens. L’argumentaire est sans surprises. Le cerveau de nos leaders européens est une mécanique parfaite qu’aucune crise d’ampleur ne viendra jamais enrayer. Le document rappelle que l’Union économique et monétaire « fondée sur un donnant-donnant : l’abandon partiel de souveraineté qu’implique l’adoption de l’euro, doit permettre, en retour, l’utilisation d’une monnaie stable, dans un marché unique puissant et compétitif ». Les abandons de souveraineté politique ont été effectivement consentis partout en Europe au fil des années, parfois contre la volonté des peuples, mais contrairement, au « donnant-donnant » formulé, jamais l’Union européenne n’a réussi à s’imposer comme un marché unique puissant et compétitif capable de garantir aux membres de l’Union une croissance durable et de protéger les Etats contre les crises internationales. D’ailleurs, ce serait là un des objectifs de ce nouveau renforcement de la zone euro que de se montrer capable de répondre aux chocs économiques. L’ébauche du rapport propose ainsi une démarche en deux temps avec, pour commencer, une entrée en douceur qui sonne comme un apaisement après des années pénibles durant lesquels les peuples européens ont globalement rejeté l’UE : « D’abord, entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2017, il s’agirait de tirer mieux parti des textes européens existants, pour davantage coordonner les politiques économiques et renforcer la compétitivité dans la zone euro ». Un fois passées ces deux années pleines de romantisme, nouveau tour de vis, l’Europe repart en campagne : « Ensuite, entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2019, l’Eurozone pousserait plus loin l’intégration, avec à la clé, s’il le faut, la nécessité de changer les traités ». Comme un air de déjà-vu... Sur le modèle des si joyeux critères de Maastricht, les présidents envisagent alors la mise en place de nouveaux critères de convergence, qui sonne comme un embryon de budget européen, « dans le domaine de la compétitivité des marchés des biens, de l’environnement des affaires et de la cohésion sociale » et dont le respect serait la condition pour profiter des mécanismes de redistribution européens. On anticipe déjà l’usine à gaz. Mais selon le pré-rapport, ces mécanismes seraient destinés à « faciliter l’absorption des chocs de croissance pour les pays mais pas, cependant, à pallier leur absence de réformes structurelles ». Sur le plan social, de nouvelles mesures sont également évoquées face au constat de la multiplication des crises et de l’incapacité de l’Union à les enrayer. Le journal allemand Die Presse, qui a eu également la primeur du document, évoque de son côté un mécanisme de réassurance européen pour les institutions de sécurité sociale « nationales ». Des Etats européens pourraient se tourner vers cette institution en cas de hausse brutale du chômage qui menacerait la solvabilité d’une caisse de sécurité sociale. De nombreux critères de convergence sont également prévus avant toute mise en place pour éviter notamment que « l’Allemagne ne vienne à financer sur le long terme le système de sécurité sociale d’un autre pays » écrit le journal. 

L'UE envisage la création d'une autorité de surveillance de la compétitivité pour veiller à une évolution comparable de la productivité et des salaires dans tous les Etats 

Une autorité de surveillance de la compétitivité nouvellement créée devrait aussi veiller à une évolution comparable de la productivité et des salaires dans tous les Etats de l’Union. Un effort que l’on pourrait trouver louable mais notre expérience historique et sociale de l'Union européenne ne nous pousse guère à l'optimisme quant au « progressisme » de cette autorité de surveillance. Par ailleurs, la lettre évoque l’idée d’une présidence renforcée de l’Eurogroupe, et souhaite également donner une plus grande légitimité démocratique aux institutions de l’Union européenne. Noble ambition. Reste à savoir comment. Pas téméraires, les présidents ne donnent apparemment aucune précision quant aux moyens d’adoption de ces traités à horizon 2019. Plusieurs raisons à cela. Outre le risque référendaire que l’on a pu maintes fois apprécier, les Etats militent de moins en moins pour pousser plus avant les mécanismes d’intégration, après sept ans de crises éprouvantes politiquement et économiquement pour l’Union et ses populations, dont nous sommes loin d’être sûrs d’avoir trouvé la sortie malgré les affirmations très optimistes de nos politiques. Le plus dur reste désormais à faire, les « quatre présidents » devront trouver un accord final avant de présenter la dernière mouture du texte aux dirigeants européens. A moins que d’ici là, la Grèce, ne fasse défaut à ses créanciers. La question du Grexit se poserait alors véritablement pour la zone euro. Le coût économique en serait important, mais surtout les conséquences politiques considérables. Ce serait la fin de l’irréversibilité de l’euro et il y aurait, pour nos élites, de quoi s’interroger très sérieusement sur les vertus présumées de la monnaie unique. La « lettre des quatre des présidents » aura alors fait long feu. Ce sera la question de l’Union qu’il faudra poser... 


Régis Soubrouillard 



décembre 03, 2014

L'espace l'enjeu !!

L'Université Liberté, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Les débuts de la conquête spatiale furent largement marqués par les préoccupations stratégiques liées à la guerre froide. Avec le développement des satellites, les utilisations de l’espace, d’abord militaires, s’orientèrent ensuite vers des usages civils. De nos jours, la conquête et l’utilisation civile comme militaire de l’espace extra-atmosphérique restent plus que jamais un enjeu primordial des relations internationales.


Que recouvrent les termes d’exploration spatiale et de missions spatiales ?

Le terme générique de mission spatiale englobe toutes les missions à destination de l’espace extra-atmosphérique. La plupart d’entre elles sont désormais considérées comme banales, à l’instar de la mise en orbite géostationnaire de satellites commerciaux. L’exploration spatiale recouvre quant à elle deux domaines. D’une part, l’exploration du système solaire ou planétaire. D’autre part, les missions d’exploration humaine, hier sur la Lune, demain sur Mars, dans lesquelles les objectifs scientifiques sont pour les États moins importants que la démonstration de puissance. Dans cette catégorie, le projet le plus ambitieux à l’heure actuelle est celui que la Maison- Blanche a fixé à la NASA d’envoyer un homme sur un astéroïde en 2025. L’objectif de cette mission est de préparer aux vols habités de très longue durée, notamment vers Mars. Pourtant, le contexte budgétaire actuel aux États-Unis n’est pas favorable à un voyage habité vers Mars, qui durerait dix mois à l’aller et dix mois au retour et coûterait au minimum 200 milliards de dollars.

On connaît la prépondérance américaine dans les activités spatiales. Peut-on coopérer de façon équilibrée avec la NASA ?

Du fait de la puissance budgétaire dont elle dispose et de l’avance scientifique qui est la sienne en de nombreux domaines, la NASA bénéficie d’une indépendance absolue. À ce titre, elle n’a sur le principe aucun besoin impératif de coopérer. Elle trouve cependant un intérêt financier à le faire ponctuellement afin de faire baisser la facture de certains projets. La majeure partie des coopérations actuelles concerne la délivrance d’instruments scientifiques. C’est ainsi que le rover Curiosity actuellement sur Mars est équipé d’un laser français et d’un capteur météo espagnol.

La mission Cassini-Huygens, qui est la première mission spatiale consacrée exclusivement à l’exploration de Saturne, est un exemple de coopération entre l’Europe et les États-Unis souvent mis en avant. Lancée en 1997, elle est menée par la NASA, qui a réalisé le module orbital Cassini, et l’Agence spatiale européenne (ESA) qui a fourni la sonde Huygens. Après un périple de sept ans, la sonde et le module se sont insérés en orbite de Saturne le 1er juillet 2004. Le 14 janvier 2005, la sonde Huygens a plongé dans l’atmosphère du principal satellite de Saturne, Titan, et s’est posée à sa surface. Grâce à la coopération américano-européenne, Titan est ainsi devenu le cinquième astre et le plus lointain sur lequel l’homme a réussi à faire atterrir un engin spatial, après la Lune, Vénus, Mars et l’astéroïde Éros. L'orbiteur doit collecter jusqu'en 2017 des données sur la structure et l’environnement de Saturne et de ses satellites.

En termes de collaborations et de coopérations spatiales, les États-Unis demeurent néanmoins très prudents. Ils redoutent en effet de voir leurs technologies leur échapper ou, pire, se retourner contre eux. Même si l’administration américaine a récemment dressé une liste de partenaires fiables, qui facilite les relations entre Américains et Européens, un cadre bureaucratique très contraignant continue d’alourdir et de ralentir les échanges pourtant généralement fructueux qui existent entre les responsables de projet et les chercheurs.

La Station spatiale internationale (ISS) ne représente-t-elle pas un grand succès en matière de coopération spatiale internationale ?

Ce programme, lancé en 1998 et piloté par la NASA et développé conjointement avec l'agence spatiale fédérale russe (Roscosmos) avec la participation des agences spatiales européenne, canadienne et japonaise, peut en effet être considéré comme un succès en termes de coopération spatiale. Si l’ISS est incontestablement une réussite technologique, le bilan apparaît toutefois plus nuancé en matière scientifique, la Station permettant surtout d’acquérir l’expérience des longs séjours habités en orbite.

L’actuelle crise en Ukraine met en avant la manière dont les enjeux géopolitiques pèsent sur la Station. Depuis l’arrêt des vols de la navette américaine en 2011, les Russes sont en effet les seuls à pouvoir envoyer des astronautes vers la Station. Une dégradation des relations diplomatiques entre Washington et Moscou pourrait remettre en cause l’accès des Américains à la Station.

Qu’en est-il des nouvelles puissances spatiales que sont la Chine et l’Inde ? Ces pays ont-ils des velléités de coopération avec les puissances spatiales traditionnelles ou se posent-ils ouvertement en compétiteurs ?

Les deux grandes puissances émergentes que sont la Chine et l’Inde ont en commun de mener chacune un programme spatial ambitieux et multiplient la mise en orbite de satellites. En termes de missions scientifiques, deux récents succès sont à noter. L’agence spatiale indienne (Indian Space Research Organisation, ISRO) a réussi le 5 novembre 2013 le lancement d’une sonde, Mangalyaan, conçue et produite en un temps record avec un budget réduit. Le succès de la mission – la sonde mettra près d’une année pour atteindre Mars – pourrait contribuer à affermir la réputation technologique de l'Inde. Quant au programme spatial chinois, il a effectué une grande avancée en réussissant à poser un rover, baptisé Yutu (« lapin de jade »), sur la Lune le 14 décembre 2013. Les autorités chinoises envisagent aussi le développement à court terme d'une station spatiale en orbite basse. L’impressionnante couverture médiatique de ces deux événements dans chacun des deux pays montre, s’il en était encore besoin, l’importance que représente la conquête de l’espace pour la perception de la puissance d’un État.

Pour l’heure, Pékin ne mise pas sur les coopérations internationales pour son programme spatial. Ce pays a la volonté de développer ses propres technologies, de réaliser avec ses propres ingénieurs ses propres expériences, mêmes si celles-ci ont déjà été effectuées par d’autres États. De son côté, Delhi a manifesté plus d’ouverture avec notamment la réalisation de deux missions conjointes entre le CNES et l’ISRO. À la différence de la NASA ou de l’ESA, les agences indienne et chinoise ne communiquent que très peu sur les résultats de leurs programmes et de leurs missions spatiales.

Francis Rocard est planétologue au Centre national d’études spatiales (CNES).
 
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le numéro 67 de Questions internationales, "L’espace – un enjeu terrestre", mai-juin 2014, La Documentation française.



Si l'homme observe les astres depuis des dizaines de milliers d'années, c’est seulement depuis un demi-siècle qu’il a les moyens technologiques d’aller à leur rencontre. La conquête spatiale remonte aux années 1960 et s’est développée autour de quatre enjeux principaux : le vol spatial habité, le secteur de la défense, les missions scientifiques et, plus récemment, les applications liées à l’usage des satellites.

Nouvelles découvertes, nouvelles conquêtes

L'idée de voyager dans l'espace, d'atteindre une autre planète ou la Lune est en fait très ancienne. Dans un texte consacré à « Des nouvelles de la planète Vermeer » ("La différence". Espace(s). Le cahier de laboratoire de l’observatoire de l’espace du CNES, mars 2013), Christine Lapostolle s’interroge  sur deux toiles peintes par Johannes Vermeer, L’Astronome (1668) et Le Géographe (1669). Le sujet commun des deux toiles, un savant dans son cabinet d'étude, renvoie à la soif de découverte des mondes nouveaux, qu'ils soient terrestres ou célestes, à la mesure scientifique et à la représentation graphique de ces espaces :

« Qui a posé ? Vermeer lui-même ? Un de ses fils ? Un ami ? On a pensé à Anthonie van Leeuwenhoek, naturaliste, géomètre, qui habitait à quelques rues de chez les Vermeer. (…) Que fait cet homme exactement ? Pourquoi est-il immortalisé dans deux instants ? (…) Qui a prêté les instruments, les livres, les cartes ? C’est un homme qui étudie, disposant d’un matériel moderne mais sans plus. (…) En 1668, l’année où est peint le premier des deux tableaux, l’astronome Christiaan Huygens publie sa découverte de Titan, le plus gros satellite de la planète saturne. La même année commencent les travaux de l’Observatoire de Paris. A Dantzig, Johannes Hevelius publie sa Cometographie (…) Il me reste à prouver qu’il y a des Mondes infinis dans un Monde infini (…). Ainsi parle le Philosophe dans L’Autre Monde de Cyrano de Bergerac, un des premiers romans de science-fiction, qui s’écrivait à l’époque où Vermeer peignait ses tableaux. »

Trois siècles après, entre 1961 et 1981, l’homme se lance dans une nouvelle conquête, la plus grande jamais entreprise, celle de l’espace.

Le vol habité, marqueur de la puissance d’un État

Dans un article consacré à "Quelques pistes d’avenir pour l’activité spatiale", Gilles Ragain explique que « l’histoire du vol habité est dominée par les premiers succès soviétiques, la contre-attaque américaine avec le programme Apollo et les premiers pas de l’homme sur la Lune. (…) Moins d’une décennie sépare [en effet] le discours de John F. Kennedy (25 mai 1961) du premier pas sur la Lune (21 juillet 1969). Ces huit années ont permis de passer de la page blanche à la réussite la plus complète. Le budget du programme est à la hauteur du défi. En 1966, plus de 5 % du budget fédéral américain était consacré à l’espace, et le budget total [de la mission Apollo] [entre] 1959 et 1970, ramené en équivalent du budget fédéral américain actuel, serait supérieur à mille milliards de dollars. Tel était le prix pour démontrer la suprématie du système américain sur le communisme autrement que par un conflit armé. Qu’importe si le programme a été sans lendemain du point de vue scientifique et technique. Là n’était pas son objectif. (…)

Après la Lune, les États-Unis se focalisent sur la construction d’une Navette spatiale. Les Soviétiques se concentraient quant à eux sur les stations spatiales. La Navette devait (…) enclencher un cercle vertueux avec des coûts de lancement drastiquement réduits puisqu’elle était réutilisable. Les opportunités de lancement devaient augmenter ainsi que la fiabilité et la sécurité des vols. Or, les coûts n’ont cessé de croître tandis que le nombre de lancements stagnait. Il a fallu près de quarante ans et deux accidents terribles – Challenger en 1986 et Columbia en 2003 – pour que les Américains décident finalement d’arrêter ce qui fut l’un des engins les plus complexes jamais construits par l’homme.

Depuis les années 1990, le programme spatial américain de vol habité apparaît plus hésitant. Les présidents américains successifs ont certes fait des annonces –Mars ou les astéroïdes –, mais celles-ci sont à ce jour toutes restées sans lendemain.

Dans les faits, une révolution a récemment eu lieu aux États-Unis. La NASA (National Aeronautics and Space Administration) décide de confier à des opérateurs privés la desserte de la Station spatiale internationale (ISS), et ceci est un succès. Pour moins d’un milliard de dollars et en cinq ans, deux nouveaux entrants – les sociétés SpaceX (Space Exploration Technologies Corporation) et Orbital Sciences Corporation – ont réussi à développer deux systèmes de desserte de l’ISS. SpaceX s’impose désormais dans le domaine du service de lancement [de satellites]. Ces nouveaux types de partenariats entre la NASA et des investisseurs privés semblent donc promis à un bel avenir (…). »


Les usages civils en constant développement

« Parallèlement à la conquête de la Lune s’est mis en place un autre type d’activité spatiale, le lancement et l’exploitation des satellites. En moins de douze ans, les évolutions ont été majeures, de l’envoi des premiers satellites de météorologie en 1959 à ceux de télécommunication en 1960 en passant par la mise en orbite des premiers satellites de télécommunication géosynchrone (1972) ou d’observation de la Terre (1960). La création des organismes consacrés à l’usage civil des satellites a suivi : Intelsat (1964), Eutelsat (1977), Landsat (1972), Spot Image. Dans ce domaine, l’Europe s’est distinguée avec la création d’Arianespace en 1980 (privatisation du service de lancement), puis celle, en 1985, de la Société européenne des satellites (SES), l’un des premiers opérateurs privés.

La télédiffusion par satellite a depuis envahi la planète et tout le monde peut, enfin, regarder les mêmes feuilletons. Le système de géopositionnement GPS (Global Positioning System) devient un outil quotidien. Les services de météorologie s’appuient sur une flotte internationale de satellites. Google Earth® rend accessible à tous l’image satellite. (…) Une industrie privée s’est mise en place, allant de la construction des satellites jusqu’aux opérateurs et aux utilisateurs finaux. Cette émergence de l’industrie des télécommunications spatiales a entraîné la croissance des services de lancement auxquels l’Europe prend une large part. Près de 50 % des satellites placés à ce jour en orbite géostationnaire l’ont été par un lanceur de la famille Ariane. »


Une "puissance spatiale" est un État qui a prouvé sa capacité à placer des satellites en orbite à l'aide de ses propres lanceurs et qui peut conduire en toute autonomie l'activité spatiale de son choix. 

Dans un article consacré à "Un nouveau ‘club’ des puissances spatiales"  Isabelle Sourbès-Verger dresse un panorama des puissances spatiales reconnues :

Les États-Unis occupent une place hégémonique en termes d’activités spatiales, tant d’un point de vue civil que militaire. Ils « dépensent à eux seuls dans l’espace plus du double du total des autres budgets spatiaux réunis. Cette disparité est d’autant plus écrasante qu’elle se maintient globalement depuis plus de cinquante ans. La place des financements privés est tout aussi disproportionnée, les États-Unis bénéficiant d’une place unique dans le domaine des satellites de télécommunications, le secteur le plus rentable de l’activité spatiale.

Depuis le milieu des années 2000, le nombre de lancements américains augmente régulièrement sans pour autant atteindre celui des lancements russes mais en se situant, depuis 2010, au niveau des lancements chinois. (…)

L’Europe est la deuxième puissance spatiale en termes de budget, mais avec moins du cinquième de celui des États-Unis. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation et, en premier lieu, l’absence d’activité spatiale militaire significative. (…) Nul doute que l’absence de programme autonome européen de vols habités ne participe aussi à cet écart. » Concernant les satellites, « les lancements depuis Kourou et l’installation d’un deuxième pas de tir pour le lanceur Soyouz à côté d’Ariane sont symboliques d’une position tournée vers le marché international et la mise en orbite de satellites de pays tiers. »

 La Russie est un cas particulier. « Les vols habités sont une composante forte du secteur, et les programmes militaires reprennent progressivement de l’importance, alors que  le budget, en croissance depuis 2010, ne se situe désormais plus très loin du budget européen avec près de 6 milliards d’euros. (…) Le secteur des lancements figure dans les priorités. (…) En 2014, les vaisseaux Soyouz sont les seuls à assurer la desserte de la Station spatiale internationale depuis le dernier vol de navette américaine en 2011. »

 

Le Japon présente une situation qui « ressemble assez à celle de l’Europe. On retrouve une place quasi exclusive des activités civiles traduisant (…) une volonté d’autonomie et [de] présence dans les recherches sur l’environnement et l’exploration scientifique. (…) Le nombre de tirs annuels reste limité et le budget spatial stagne (…). »

« La Chine est souvent présentée comme le nouveau compétiteur des États-Unis. » Son budget spatial est estimé entre 4 et 5 milliards d’euros par an. « Les réalisations dans le domaine des vols habités et les récentes missions lunaires s’inscrivent dans une volonté de démonstration de compétences [technologiques] nationales » et de puissance. Les programmes satellitaires sont également de plus en plus développés, comme dans les télécommunications ou l’observation de la Terre.

« Dès le début de son programme spatial, l’Inde a posé comme priorité fondamentale l’usage des satellites pour son développement national en s’imposant un principe strict d’économie, d’où un budget qui atteint seulement, en 2012, un milliard de dollars. Dans ce cadre, l’Inde a privilégié les satellites d’application, utilisant sa position de pays non aligné pour multiplier les coopérations aussi bien avec l’Europe et les États-Unis qu’avec l’Union soviétique, puis  la Russie. (…) Ses ambitions dans le domaine de l’exploration et des vols habités sont récentes.

L’Iran possède depuis très longtemps un programme de fusées-sondes, entamé sous le régime du Shah dans le cadre d’une coopération avec les États-Unis.  (…) [Le pays] possède plusieurs satellites lancés par la Russie et dispose d’une expérience scientifique et ponctuellement industrielle non négligeable. »

Concernant la Corée du Nord, « les besoins spatiaux portent davantage sur l’observation à des fins de renseignement que sur la volonté de mise en valeur d’un territoire (…). En revanche, la signification symbolique du lancement d’un satellite doit davantage être perçue comme à finalité nationale qu’internationale. »

Quant à la Corée du Sud, son ambition « de démonstration d’excellence technologique est à vocation régionale et vise à conférer au pays une position reconnue entre le Japon et la Chine. Propriétaire de satellites à la construction desquels elle participe, [la Corée du Sud] fait également appel à des coopérations variées. »


Si l’utilisation militaire de l’espace commence en 1960, la mondialisation de l’espace militaire est elle en marche depuis les années 1990. L’espace devient une composante indissociable des activités militaires, notamment en matière de renseignement.

L’indispensable satellite

Dans un article consacré à "La militarisation de l’espace", Jacques Villain affirme que depuis la guerre froide, « les satellites deviennent progressivement les outils indispensables des activités militaires » (…) répondant à deux principaux besoins :

« - tout d’abord le renseignement. Il s’agit d’obtenir des images de sites ou d’objectifs, (…) de localiser avec précision des objectifs et de réaliser la cartographie de régions présentant un intérêt stratégique. Sont aussi concernées  l’interception et l’écoute des liaisons radioélectriques (….) », tout comme « la surveillance des océans et de l’espace aérien, la détection des explosions nucléaires dans l’espace ou sur Terre ;
- les opérations militaires proprement dites avec l’alerte avancée pour détecter les lancements de missiles balistiques, voire le décollage des avions adverses, la météorologie, les communications, la navigation des moyens mobiles terrestres, aériens et maritimes, la géodésie pour connaître de façon précise le géoïde terrestre et améliorer ainsi la navigation des sous-marins et le guidage des missiles mais aussi le calibrage des radars installés au sol. »


Quels nouveaux défis ?

Jacques Villain souligne que « si une vingtaine de pays (….) ont investi l’espace en y envoyant des satellites à vocation militaire, essentiellement à des fins de renseignement, seuls trois pays sont actuellement capables d’y mener des opérations armées : les États-Unis, la Russie et la Chine. (…)

Pour l’heure, les enjeux militaires et sécuritaires liés à l’espace tournent autour de la question de la protection des satellites de télécommunication et de navigation militaires et civils, en cas de conflit ou même face au terrorisme. Il s’agit, en effet, d’envisager de protéger ces satellites contre :

– leur destruction ou leur neutralisation à partir du sol à l’aide de faisceaux lasers ou électromagnétiques de grande puissance ;
– le brouillage des liaisons montantes ou descendantes entre un satellite et le sol. Cette menace figure parmi les plus sérieuses du fait de la facilité de sa mise en œuvre. De nombreux exemples de brouillage volontaire et involontaire ont en effet déjà été rencontrés dans le cadre de l’exploitation des satellites civils de télécommunication et lors d’opérations militaires récentes ;
– les actions de destruction au sol des stations de contrôle et de réception des satellites ;
 l’utilisation et/ou la prise de contrôle frauduleuse d’un satellite à l’insu de son exploitant par un groupe terroriste ou un pays hostile. Cette menace vise essentiellement des satellites de télécommunication et de transmission de données. Al-Qaïda a ainsi échoué dans plusieurs tentatives de prise de contrôle frauduleuse d’un satellite depuis l’Afghanistan ces dernières années ;
– la neutralisation ou la destruction d’un satellite par l’action d’un satellite hostile s’approchant à faible distance.

Comme l’ont souligné les récents conflits en Irak ou en Libye, il est désormais acquis que toute opération militaire de grande envergure ne peut être lancée et se dérouler sans l’apport des satellites. Les satellites militaires permettent aussi en temps de paix d’identifier les menaces potentielles. Alors qu’hier les satellites à capacités militaires n’étaient pas exportés par les deux superpuissances, n’importe quel État peut dorénavant en acheter et les faire lancer par un autre pays disposant de capacités de lancement. C’est ainsi que Israël ou l’Égypte utilisent les services de lancement de la Russie.

Si une telle opération commerciale est pour le moment possible pour les satellites de renseignement, elle est toutefois peu probable pour ce qui concernerait le déploiement d’armes dans l’espace. Seuls des États capables de maîtriser l’ensemble de la chaîne spatiale, de la réalisation du satellite et du lanceur au lancement et au contrôle des opérations tout au long de la vie opérationnelle du système pourraient y parvenir. Et ils ne sont pas prêts de partager cette prérogative. »

 

1957
4 octobre : la première mise en orbite d’un satellite artificiel par l’URSS, Spoutnik 1, marque le début de l'histoire du vol spatial et attise, en pleine guerre froide, la compétition entre les États-Unis et l’URSS.
1958
1er février : les États-Unis mettent en orbite le premier satellite à vocation scientifique, Explorer et, en décembre, le premier satellite de télécommunications, Score.
1959
2 janvier : le lancement de la sonde soviétique Luna 1 inaugure les voyages interplanétaires.
1961
12 avril : le Soviétique Youri Gagarine devient le premier homme à effectuer un vol dans l’espace.
1962
12 septembre : le président américain John F. Kennedy prononce un célèbre discours dans lequel il confirme le lancement d’un programme spatial – baptisé par la suite programme Apollo – dont l’objectif est d’envoyer un Américain sur la Lune avant la fin de la décennie.
1965
18 mars : le cosmonaute soviétique Alexeï Leonov est le premier homme à réaliser une sortie extravéhiculaire dans l’espace.
1967
27 janvier : signature du Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes (dit Traité de l’espace) qui entre en vigueur le 10 octobre 1967.
1969
21 juillet : alunissage réussi d’Apollo 11. Les Américains Neil Armstrong et Edwin Aldrin sont les premiers hommes à poser le pied sur la Lune.
1970
La sonde spatiale soviétique Venera 7 réussit à atterrir avec succès sur Vénus et à transmettre des informations jusqu’à la Terre.
1971
19 avril : les Soviétiques mettent sur orbite la première station spatiale, Saliout.
1975-1976
Au terme d'un voyage de moins d'un an, les sondes américaines Viking se posent sur Mars.
1977
Lancement des deux sondes spatiales américaines du programme Voyager qui vont survoler les planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ainsi que 48 de leurs lunes.
1979
24 décembre : premier lancement depuis le centre spatial guyanais de Kourou d’une fusée Ariane, conçue conjointement par le Centre national d’études spatiales (CNES) français et l’Agence spatiale européenne (ESA).
1986
28 janvier : la navette spatiale américaine Challenger se désintègre au moment de son décollage entraînant la mort des 7 membres d’équipage présents à son bord.
1986-2001
La station spatiale russe Mir, occupée par une série d'équipages effectuant des séjours de longue durée, devient la première station spatiale permettant le vol spatial habité à long terme.
1990
25 avril : mise en orbite du télescope spatial Hubble, développé par la NASA avec la participation de l’ESA, qui permet des découvertes de grande portée dans le domaine de l'astrophysique.
1998
Début de l’assemblage en orbite de l’International Space Station (ISS, Station spatiale internationale), une station orbitale issue de la collaboration des États-Unis, de la Russie, du Canada, du Japon et de l’Europe – dont dix États de l’ESA.
2003
1er février : après onze jours passés en orbite, la navette spatiale américaine Columbia se désintègre lors de son entrée dans l’atmosphère, entraînant la mort des 7 astronautes présents à son bord.
15-16 octobre : en envoyant pour la première fois un taïkonaute dans l’espace, la Chine rejoint la Russie et les États-Unis dans le club très fermé des pays ayant effectué des vols habités.
2005
La sonde européenne Huygens se pose sur Titan, satellite de Saturne. Titan est le premier corps du système solaire lointain (au-delà de la ceinture d’astéroïdes) et le premier satellite d’une autre planète que la Terre sur lequel un objet terrestre s’est posé.
2013
5 novembre : lancement de Mangalyaan, la première sonde interplanétaire de l’Inde à destination de Mars.
14 décembre : alunissage de l’astromobile chinois Yutu (« lapin de jade »).
2014
La NASA annonce la découverte de 715 nouvelles planètes situées hors du système solaire (exoplanètes) grâce au télescope spatial Kepler – ce qui porte à près de 1 700 le nombre des exoplanètes confirmées.

 

2014
Comme chaque année depuis 2003, le présent rapport d'information a pour objet d'analyser les conditions de l'exécution des crédits du budget de la Défense. L'année 2013 a été marquée d'une part par la publication, le 29 avril, d'un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale définissant les principes, les priorités, les cadres d'action et les moyens qui assureront dans la durée la sécurité de la France, d'autre part par la promulgation de la loi n° 2013-1168 du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense et la sécurité nationale, destinée à mettre en oeuvre les orientations de la politique de défense française pour les six prochaines années. Les rapporteurs ne se limitent pas à l'examen de la seule exécution des crédits, abordant des thématiques plus spécifiques : dissuasion nucléaire ; cyberdéfense ; recettes exceptionnelles liées aux cessions de bandes de fréquence et de biens immobiliers, dont l'importance est accrue dans la nouvelle loi de programmation militaire ; niveau jugé insuffisant de crédits prévus pour faire face aux besoins en titre 2, en dépit de la poursuite de la baisse des effectifs ; modalités spécifiques de budgétisation et financement du surcoût des opérations extérieures (OPEX).

Auteur(s) :
GOSSELIN-FLEURY Geneviève, VITEL Philippe
FRANCE. Assemblée nationale. Commission de la défense nationale et des forces armées 
_____________________
2014
La Cour des comptes rend public un rapport sur le maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels militaires. Dans un précédent rapport, en 2004, la Cour avait constaté que la crise de disponibilité des matériels observée au début de la décennie 2000 s'expliquait par la baisse des crédits de MCO à la fin des années 1990, et par des causes structurelles liées notamment à l'organisation du ministère de la défense. Si les crédits ont progressé depuis lors, et si le ministère de la défense a réorganisé le MCO en profondeur, des difficultés persistent néanmoins, caractérisées par une disponibilité insuffisante et un coût croissant. Dans un contexte de mobilisation des armées françaises, un MCO efficace, à même de garantir une disponibilité optimale des matériels militaires, est une exigence légitime, estime la Cour.
 
Auteur(s) :
FRANCE. Cour des comptes
Télécharger
Powered By Blogger