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Le risque d’amalgame entre l’islam et le fascisme inscrit dans le slogan politique « islamo-
fascisme » et utilisé par le Premier ministre français le 16 février sur RTL, a été largement
critiqué. A juste titre. « Les mots ont un sens, (...). Moi je choisis ceux que j’emploie »,
expliquait-t-il en 2013 à l’Obs à propos du mot islamophobie auquel il préférait l’expression «
anti musulman ». On suppose donc qu’il a analysé précautionneusement cette expression
avant de la mentionner dans le débat public à partir de sa position institutionnelle centrale de
Premier ministre du gouvernement de la République française. L’expression trainait depuis
quelques années dans les milieux néo conservateurs, Noël Mamère l‘avait revendiquée dans
un article publié le 15 janvier dans Rue 89 et Alain Badiou avait parlé d’attentats fascistes à
propos de Charlie Hebdo dans une tribune du Monde du 27 janvier ; le Premier ministre ne
prenait donc pas trop de risques politiques en récupérant cette formule. Au contraire, en
inscrivant la lutte contre le terrorisme dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, il en
renforçait la légitimation politique. On peut comprendre que dans le champ politique, un
slogan concis et dense serve à marquer l’opinion. La référence à la mémoire collective est
toujours porteuse de sens. En contre point de l’islamo-fascisme, la référence de Manuel Valls
à l’apartheid prononcée le 20 janvier lors des vœux à la presse pour décrire la situation dans
les banlieues françaises avait le même objectif : donner du sens à l’action politique. Encore
faut-il que ces slogans, nécessairement réducteurs, s’appuient sur des analyses solides et
documentées. Ce n’est manifestement pas le cas ici ; au contraire, cette formule non
seulement vitrifie toute analyse sérieuse de la situation mais aussi l’aggrave. Alain Badiou
dans son article du Monde ne faisait pas le lien entre l’islam et le fascisme, il montrait d’abord
que le mode opératoire des criminels était de type fasciste : choix des cibles, visibilité,
implacabilité. Des historiens ont comparé l’idéologie fasciste et l’idéologie islamiste, et y ont
trouvé des points de convergence troublants : culte du chef, d’un livre, militarisation de la
société, propagande exaltant la violence et le courage, mystique romantique du passé. Le
politologue Jean Yves Camus, spécialiste des mouvements d’extrême droite et chercheur associé à l’IRIS, montre de son côté que l’on ne retrouve pas les fondamentaux du fascisme
dans l’idéologie islamiste : économie d’État, hostilité à l’économie de marché, vision de
l’État, renaissance nationale sur une base ethnique (1), même si la discrimination des
minorités religieuses et des femmes est centrale dans l’idéologie islamiste. L’antisémitisme
commun à ces deux idéologies n’a pas les mêmes fondements. Pour les fascistes, et plus
spécifiquement les Nazis, le Juif déicide, cosmopolite, capitaliste, appartenait à une race qu’il
fallait éliminer. Pour Daech, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Boko Haram ou Al-Qaïda, Israël et le Juif, qu’il faut éliminer, sont l’Occident corrompu implanté au cœur de la
terre de l’islam sur un territoire qui contrôle la troisième ville sainte de l’islam. Curieusement,
la haine du Juif dans ces deux idéologies se base sur des arguments opposés : d’un côté le Juif
ne peut s’intégrer à la civilisation occidentale, de l’autre il la représente. Le slogan islamo-
fascisme gomme ces importantes nuances historiques. Paul Ricœur (2) montrait que le travail
d’historien était justement d’aider à la construction d’une mémoire collective basée sur la
vérité de l’histoire et non pas sur un récit collectif construit pour justifier le présent. En
l’espèce, Manuel Valls propose le contraire, mais il n’est pas historien. On peut se demander
d’ailleurs, pourquoi l’expression islamo-nazisme n’a pas été choisie, tant les images
terrifiantes et les discours criminels qui nous viennent du Moyen Orient, d’Afrique du Nord
ou sub-saharienne, nous font plus penser aux exactions allemandes de la Seconde guerre
mondiale que la pompeuse propagande mussolinienne. Le corpus idéologique nazi était bien
plus construit que celui du fascisme italien. En définitive, le slogan propose une litote
politiquement correcte : le fascisme appartient encore au vocabulaire politique. Le
rapprochement nazi et islam aurait surchargé contre productivement la barque sémantique.
Par ailleurs, les critères caractérisant les totalitarismes du XXe siècle, proposés par Hannah
Arendt (3) mériteraient d’être rapprochés de l’islamisme criminel de Daech : un mouvement
totalitaire est « international dans son organisation, universel dans sa visée idéologique,
planétaire dans ses aspirations politiques ». Ce dernier critère n’est pas immédiat. On pourra
estimer que ces subtilités n’ont aucun poids face à la question urgente de la réaction et donc
de la répression légitime contre cette barbarie contemporaine qui, jusqu’à présent, a fait plus
de victimes musulmanes que non musulmanes. Peut-être, mais ce qui est dramatique dans
cette expression, c’est qu’en désignant la racine du mal, l’islam, elle empêche de se demander
si elle n’est pas ailleurs. En indexant ainsi l’islam, le slogan apporte sa touche à la
radicalisation de ces Français qui ne connaissent ou ne se reconnaissent pas dans la mémoire
collective dominante. Il porte un jugement qui annonce les actions à venir, sans avoir au
préalable regardé la réalité. Quelle est cette réalité ? Sur un plan historique, les régimes
totalitaires du XXe siècle ont construit leurs discours en s’appuyant sur les récits idéologiques
(littéraires, historiques, politiques) disponibles à ce moment pour fonder leur vision de leur
société. La vision raciale du nazisme s’est appuyée sur une lecture régressive de la culture et
de l’histoire allemande. Le culte de l’autorité fasciste s’est appuyé sur une lecture biaisée de
l’histoire romaine. Aujourd’hui, nous viendrait-il sérieusement à l’idée de demander aux
Allemands de se justifier sur le nazisme à partir de la bible de Luther, Nietzsche, Hegel ou
Frédéric de Prusse ? Oserait-on demander aux Italiens de s’expliquer sur le fascisme à partir
de la Guerre des Gaules ? Aux Russes, à partir de Guerre et Paix ou du Capital (4) ? C’est
pourtant ce que l’on fait avec les Musulmans en les sommant de s’expliquer sur le Coran. Le
Coran est mis au même niveau que Mein Kampf. Mais Daech, AQMI, Al-Qaïda, Boko Haram
se revendiquent bien de l’islam et du Coran. Le racialisme nazi, l’autoritarisme fasciste et
l’antihumanisme soviétique étaient les véritables sources des visées idéologiques de ces trois
régimes politiques qui avaient leurs singularités mais qui avaient en commun leur refus de la
démocratie représentative et de l’État libéral. De la même manière aujourd’hui, l’une des
sources de la singulière folie meurtrière et expansionniste qui nous vient du Moyen-Orient ou
d’Afrique n’est pas l’islam mais la haine de ce qu’ils désignent comme l’Occident. Une autre
singularité est l’utilisation efficace des nouvelles technologies de l’information que ce même
Occident construit. Leur Occident est déterritorialisé, il correspond maintenant à toute forme
de modernité non écrite dans le Coran ou les Hadith à partir de leur lecture littérale. L’islam,
dans une lecture régressive du Coran, est le dernier récit idéologique disponible dans cette
région du monde pour habiller cette haine meurtrière. Si les penseurs de l’islam ont un travail
à faire, c’est celui à l’intérieur de l’islam de se demander pourquoi, comment et où, ces
criminels vont chercher leurs références et ainsi de déconstruire leur discours pour les
combattre par le verbe. L’autre combat à mener, encore à l’intérieur de l’islam, est celui, dans
notre monde sécularisé, de développer les sources d’une spiritualité éclairée que le Coran
propose (5). Ce travail interne à l’islam a largement commencé mais il est étouffé par
l’idéologie wahhabite qui contrôle le pétrole et les lieux saints de l’islam. Les sources de
l’antisémitisme chrétien et de l’inégalité des sexes chez Saint Paul sont connues, mais elles
n’amènent plus depuis longtemps à faire peser sur nos concitoyens de confession chrétienne,
la responsabilité des profanations de tombes juives ou les inégalités sociales dues au sexe. De
la même manière, un observateur un peu attentif en Afrique sub-saharienne non musulmane
observera le même phénomène de défiance contre l’Occident mais qui n’a pas encore pris
cette dimension meurtrière : les récits idéalisés des luttes contre la colonisation et pour les
indépendances, le panafricanisme, l’authenticité culturelle, la longue histoire de la traite
négrière servent de support idéologique pour habiller une radicalité qui monte au sein de la
jeunesse urbanisée. Pourquoi cette haine ? Paul Ricœur, dans son livre d’entretien « La
critique et la conviction », estimait en 1995 (6) : « Nous avons trop tendance à n’envisager les
musulmans que sous l’angle de la menace intégriste et nous oublions la menace inverse qui
pèse sur eux, c’est à dire la désintégration. (...) Ils jugent nos sociétés sur la voie de la
désintégration et ils refusent d’en être également victime (...) L’islamisme, c’est aussi cela :
une sorte de protection, à certains égards panique, face à une menace de décomposition ».
Comprendre l’autre n’est pas justifier ses actes mais tenter d’y répondre à partir de leurs
logiques internes. Le repli communautaire pacifiste dans nos banlieues ou l’hubris djihadiste
montrent ce désir de protection vis-à-vis de valeurs que cet Occident porte ou est supposé
porter à leurs yeux : athéisme, consumérisme, anti-traditionalisme, arrogance universaliste,
matérialisme, corruption morale. A la même époque que Ricœur, Bourdieu (7) écrivait à
propos des penseurs réactionnaires du XIXe siècle qui ont alimenté plus tard le fascisme : « Et
l’on comprend mieux la mystique révolutionnaire de la nation dans ce qu’elle a de plus
antipathique pour la conviction universaliste (...) si l’on sait y voir une riposte distordue à
l’agression ambiguë que représente l’impérialisme de l’universel (riposte dont l’homologue
pourrait être aujourd’hui un certain intégrisme islamiste) ». Aujourd’hui, l’islamisme
criminel a comme point commun avec les totalitarismes du XXe siècle le refus de la
démocratie représentative et de l’État libéral. C’est bien au nom de ces principes là que nous
devons riposter vigoureusement. Mais c’est surtout au nom de ces principes là que nous
devons aussi nous interroger sur le type de société humaine que nous construisons. Après la
barbarie nazie et face au danger soviétique, les démocraties représentatives avaient su réagir
en promouvant les droits de l’homme, l’État providence et les dispositifs de solidarité
nationale. Vingt ans après la fin de la guerre, la décolonisation était presque achevée. Ces
fondements de nos sociétés européennes sont partout remis en cause au nom de l’efficacité
économique. Un nouveau pacte colonial se dessine autour des richesses et des terres
africaines. La politique israélienne de peuplement sur les territoires occupés après 1967 mine
tout espoir de solution politique au Proche-Orient. Les droits de l’homme, la bonne
gouvernance, la lutte contre la pauvreté sont brandis comme des oriflammes religieux sur le
terrain de bataille économique et géostratégique. Ce que nous montrent Daech, Al-Qaïda et
leurs épigones, c’est que la réaction face à leurs projets délirants, si elle doit être bien sûr
militaire à court terme, ne doit pas nous exonérer d’être intelligent et de repenser la mise en
pratique de nos fameuses valeurs universelles pour qu’elles ne soient pas perçues comme une
nouvelle « domination de l’homme, hétérosexuel, euro-américain, blanc, bourgeois au nom
des exigences formelles d’un universalisme abstrait (démocratie, droits de l’homme), dissocié
des conditions économiques et sociales de sa réalisation historique (...) » (8), à la nuance que
la défense des droits des minorités sexuelles est un des épicentres de cette fracture au nom des
droits universels. En sommant les musulmans de s’expliquer sur le Coran, comme le
demandent Noël Mamère ou Patrice Pelloux qui ont déjà été mieux inspirés, en faisant
grossièrement le lien entre islam et fascisme, en restant dans nos représentations auto-référencées, comme la navrante auto-célébration humaniste des Césars pour un film binaire,
esthétisant et ambigu, nous renforçons cette défiance que notre arrogance transforme en haine.
Hélas, il est à craindre que la force de ces arguments ne fasse pas le poids contre les
arguments de force néo-conservateurs que Manuel Valls nous assène.
(1)Interview, Le Point, 16 février 2015 (2) Paul Ricœur. La mémoire, l’histoire, l’oubli. Editions du Seuil, collection Essais. Paris, 2000.
(3) Hannah Arendt, Le Système totalitaire, Le Seuil (collection « Points / Essais », no 307), 2005 (4) D’ailleurs écrit par un Allemand : Karl Marx.
(5) Lire à ce sujet le bel article d’Abdennour Bidar, philosophe musulman, normalien qui enseigne à
Montréal, publié en novembre 2014 : http://blog.oratoiredulouvre.fr/2014/10/tres-profonde-lettre-
ouverte-au-monde-musulman-du-philosophe-musulman-abdennour-bidar/ (6) Paul Ricœur, La critique et la conviction, Calman Lévy, 1995, collection Pluriel, librairie Arthème
Fayard, 2013, p. 202. Ce livre est la meilleure entrée dans la pensée de Paul Ricœur. (7) Pierre Bourdieu, Les méditations pascaliennes, Editions du Seuil, 1997, p. 113.
(8) Pierre Bourdieu, Les méditations pascaliennes, Edition du Seuil 1997, p. 105.
GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE : l’islamo-fascisme : une grave erreur d’analyse et de jugement
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Oui Philippe a Lacoudée franche,
Trop d'impôt. Le symptôme !
En France, un cadre
payé 200 000 francs par an en coûte 300 000 à son entreprise et ne
reçoit que 116 000 francs après cotisations et prélèvements.
Une idée pour en sortir
Et si on appliquait un taux unique de 15 %...
Depuis
quelques mois, les Américains ne parlent plus que d'elle : la flat tax,
si elle était adoptée, serait un véritable big-bang fiscal. Il
s'agirait de remplacer l'actuel impôt sur le revenu progressif par un
impôt à taux unique (à 17 %, selon les parlementaires républicains qui
sont à l'origine de la proposition). Une idée totalement iconoclaste en
France, où la progressivité de l'impôt est un dogme intangible. Elle a
pourtant certains avantages. D'abord celui de la simplicité : la
déclaration de revenus tiendrait sur une carte postale, puisque le
projet est de supprimer les tranches et toutes les déductions et
abattements. Surtout, les économistes qui ont développé ce concept
assurent que cela doperait fortement la croissance, l'allègement de la
pression favorisant les revenus et l'épargne.
Philippe Lacoude a
bâti une simulation pour la France à partir d'un taux unique de 15 %,
avec suppression de tous les avantages fiscaux et un abattement de 6 000
francs par foyer fiscal (variant avec le quotient familial). Selon ses
calculs, cette réforme, si elle avait été appliquée en 1990, aurait
permis d'accroître les recettes fiscales de 390 milliards de francs au
bout de cinq ans, grâce à la hausse de l'activité. La flat tax pose
néanmoins un problème d'équité sociale. Il est indéniable qu'un impôt
proportionnel est par nature plus injuste puisqu'une partie des classes
moyennes serait sans doute plus lourdement taxée qu'aujourd'hui. Mais
dans sa forme actuelle, l'impôt français n'est pas vraiment un modèle de
justice, compte tenu des niches fiscales qui bénéficient aux plus
aisés.
Par Véronique Le Billon
"Les préjugés tenaces" dans Français, n’ayez pas peur du libéralismepar Pascal Salin Ce livre démontre que l'impôt élevé détruit l'activité économique, or
une amélioration de la situation économique ne peut justement venir que
d'une réforme fiscale de grande ampleur.
Depuis plus de vingt ans, les hommes politiques nouspromettent le grand soir fiscal lorsque des marges de manoeuvre auront été dégagées. Pourtant, une amélioration durable de la situation économique ne peut justement venir que d'une réforme fiscale de grande ampleur. Ce livre démontre que le discours de ceux qui nous gouvernent relève d'une mystification électoraliste à courte vue plus que d'une gestion responsable de l'Etat. A l'étranger comme en France, en théorie comme en pratique, les hausses de l'impôt tuent l'impôt. A contrario, dans le passé, toutes les baisses d'impôt ont conduit à un accroissement des revenus et donc des recettes fiscales : l'impôt élevé détruit l'activité économique. Nos institutions conduisent à la manipulation de l'information et de l'idéologie ambiante. Antidote, ce livre est conçu comme un ensemble de munitions intellectuelles à l'usage de ceux qui produisent encore malgré le fantastique racket dont ils sont victimes.
Les thèses dites de la “croissance endogène” mettent fort justement en
avant le rôle clef d’un certain nombre de secteurs économiques dans le
phénomène de croissance des revenus. Cependant, la modélisation qui s’y
rattache conduit parallèlement à émettre un certain nombre de jugements
normatifs erronés quant au rôle légitime de la puissance publique.En
particulier, la structure même des modèles de croissance endogène
interdit de rendre compte du caractère subjectif de la valeur et néglige
les aspects profondément individuels de l’accumulation de capital. Par
conséquent, elle ne s’intéresse qu’aux aspects matériels de cette
dernière.Loin de justifier l’intervention publique en vue d’augmenter
statistiquement le PIB (ou le PNB), les connaissances apportées par la
théorie autrichienne conduisent à préférer la propriété naturelle et la
liberté de contracter qui en découle comme véritable moyen de faire
croître, à un rythme soutenu, les capitaux matériels et immatériels des
individus.
Journal des Économistes et des Études Humaines
Editor-in-Chief: Garello, Pierre
Ed. by Gentier, Antoine
Philippe Lacoude
De Wikiberal
Philippe Lacoude est un économiste libéral français. Il a obtenu un doctorat en économie à l'université de Paris IX Dauphine en 1998,
avec une thèse intitulée "Incidence de l'évolution des prélèvements
obligatoires sur les recettes fiscales en France", sous la direction de Pascal Salin et Jean-Pierre Aubin. Il y montre en particulier une vérification de l'effet Laffer, une hausse des recettes fiscales en cas de baisse des impôts.
Il est installé aux États-Unis. Il est actuellement vice-president du cabinet de conseil Algonkian Technologies Inc.
Voici ses posts au sein de la rédaction Contrepoints
et ci-dessous ceux concernant spécifiquement le financier ou tout ce qui y touche:
Une interview de 1996 de Gary Becker, Prix Nobel d’Économie décédé samedi, brulante d’actualité. Il
y parle de l’euro, des 35 heures, et des hausses d’impôts avant que ces
malheurs économiques ne frappent l’économie de la France et ses
citoyens. La lucidité de Gary Becker avec 20 ans de recul est
impressionnante.Vu aussi ici: http://www.lasyntheseonline.fr/macro/civilisations_et_culture/l_interview_choc_de_gary_becker_prix_nobel_d_economie,31,3618.html
À la fin mars 2014, l’INSEE vient de nous apprendre que la
dette publique s’établissait officiellement à 1985,9 milliards d’euros.
Depuis août, nous sommes au moins à 2000 milliards d’euros.
Grégoire Canlorbe se définit comme un libéral classique, avec des sympathies libertariennes il est auteur au sein du Québécois Libre mais aussi auprès de l'institut Coppet, voici un de ses derniers post sur ce dernier, une interview avec Philippe Lacoude.
Installé aux États-Unis,
Philippe Lacoude est mathématicien et économiste, ancien enseignant à
l’Université de Paris (Dauphine), où ses travaux ont notamment consisté à
mesurer l’effet Laffer.
Il a travaillé comme Senior
Policy Analyst à la Heritage Foundation où il était en charge des
modèles de micro-simulation du budget fédéral et des retraites
publiques. Pendant dix ans, il a participé chaque année
à l’élaboration de l’Index of Economic Freedom (publié par la Heritage
Foundation et le Wall Street Journal).
Depuis 2000, comme consultant
indépendant, il aide au développement de modèles mathématiques et
informatiques pour divers organismes financiers, publics et privés.
Grégoire Canlorbe :
Vous avez écrit dans votre livre de 1996 à propos du déficit budgétaire
que « si la France vit une telle situation de faillites élevées, de
déficits considérables et de chômage persistant, cela ne peut
s’expliquer que par un phénomène de grande ampleur, à savoir la hausse
des prélèvements obligatoires. Ces derniers sont en augmentation
(presque) perpétuelle depuis maintenant des années et il faut toute la
mauvaise foi de notre élite politique pour ne pas reconnaître le lien
entre l’atonie de l’économie et la resplendissante dépense étatique. Il
ne sert à rien d’attendre la baisse des taux d’intérêt si l’on s’obstine
à augmenter la pression fiscale. La reprise ne peut provenir que d’un
retour du droit de produire, c’est-à-dire du retour à une fiscalité plus
basse. » Que diriez-vous 18 ans plus tard ?
Philippe Lacoude : A peu près la même chose, hélas !
Ce livre a été écrit à la suite des
débâcles économiques de 1993 et de 1995. A l’époque, comme les recettes
fiscales ne rentraient pas, les gouvernements Balladur et Juppé
augmentaient les impôts. En parallèle, ils expliquaient la « crise » par
les taux d’intérêt élevés : la Banque de France menait la politique du
« franc fort » pour éviter une nième dévaluation face au mark allemand.
Si les choses allaient si mal, c’était la « faute aux taux » et la faute
au « franc fort ».
Deux aspects sont à retenir à propos de la situation de l’époque.
Le premier est que les taux des emprunts
d’Etat à 10 ans étaient alors à environ 7,5 % pour 1995, une valeur
très proche de la moyenne historique de 7,8 % des 40 dernières années en
France. Les taux en question étaient donc loin d’être une anomalie
alors que ce sont les taux actuels qui en sont une. Rétrospectivement,
l’explication officielle par les politiques à l’époque ne peut donc pas
être prise au sérieux. D’autre part, puisqu’il aurait suffi d’une baisse
des taux pour « relancer » la croissance, nous devrions être en plein
boum économique puisque nous sommes à un minimum historique, tant sur
les taux courts que sur les taux longs. Enfin, il est intéressant de se
demander ce qui va arriver lorsque les taux d’intérêt de la dette
nationale vont revenir à leur niveau moyen historique de 7,8 % ? Comment
l’Etat va-t-il payer les intérêts de sa dette colossale qui atteint
maintenant plus de 2040 milliards d’euros ? Où va-t-il donc trouver plus
de 155 milliards d’euros par an ? Le coût de financement de la dette
n’a jamais été aussi bas mais la dette n’a jamais été aussi mal gérée :
le Trésor ne profite pas vraiment des taux bas pour emprunter à très
long terme. La maturité moyenne de la dette française est de seulement 7
ans : ceci signifie que chaque année, un septième des 2040 milliards de
dette française arrive à maturité et doit être réemprunté sur les
marchés ! Pour le moment, tout va bien dans un contexte de taux bas mais
cette bévue aux proportions épiques va se retourner contre l’Etat quand
les taux reviendront à leurs niveaux moyens historiques. A 7,8 %, il
faudrait alors emprunter les 24 milliards de déficit primaire, 155
milliards pour les intérêts et un septième de 2040 milliards pour le
refinancement, soit 470 milliards d’euro à lever sur les marchés, chaque
année.
Le deuxième aspect à retenir est la
continuité politique : pour combler des déficits qui se creusent, les
énarques socialistes de tous les partis continuent d’assommer le
contribuable. Cette recette éculée ne fonctionnait déjà plus en 1996.
Elle fonctionne encore moins en 2014 parce qu’elle porte en elle les
fruits de sa propre inefficacité. Il est futile d’augmenter un taux
d’imposition déjà élevé : à chaque augmentation, la base fiscale se
réduit par fraude, par réduction de l’activité concernée ou par
évitement. Une augmentation d’impôt supposée rapporter une quantité 10
finit par rapporter 9, puis 8, puis 5, puis presque zéro. Au-delà, on
augmente l’impôt et l’assiette fiscale se réduit tellement que la hausse
de taux entraîne une baisse de recette. C’est l’effet Laffer du nom de
l’économiste américain qui a popularisé ce concept connu depuis fort
longtemps.
Grégoire Canlorbe : Existe-t-il un effet Laffer en France ?
Philippe Lacoude : En
France, certains revenus constituent la base fiscale de plusieurs impôt
ou taxes. En particulier, le travail sert d’assiette fiscale à l’impôt
sur le revenu, indirectement à la TVA, aux cotisations de l’assurance
maladie et de l’assurance vieillesse. Depuis 40 ans, lorsqu’un
gouvernement a un besoin de fonds pour l’assurance maladie, il augmente
le taux de cotisation. Lorsqu’il manque de l’argent dans les caisses de
l’Etat, il augmente la TVA. Ce faisant, il réduit l’assiette fiscale.
Les individus travaillent moins. Comme le travail constitue l’assiette
de nombreux impôts, ceci entraîne un amoindrissement des recettes des
autres taxes, qui sont alors augmentées à leur tour, perpétuant le
cercle vicieux. A aucun moment, les membres de la brillante oligarchie
administrative qui dirige le pays ne semblent comprendre ce phénomène.
Econométriquement, il est pourtant relativement aisé de montrer qu’une
hausse des recettes de l’Etat entraîne une baisse des recettes de la
Sécurité Sociale et vice-versa : en 1998, j’avais déjà consacré un
chapitre complet de ma thèse à ce phénomène pour la période 1970-1995.
J’ai tout lieu de croire que ce syndrome s’est amplifié puisque la
pression fiscale globale a augmenté. En 2013, l’Etat a accru presque
tous les impôts sauf la TVA et s’est retrouvé avec « un manque à
gagner » – selon l’expression consacrée – sur la TVA.
Les finances publiques sont arrivées à un point où leurs trois
composantes principales – recettes, dépenses et dettes – jouent toutes à
plein contre la croissance économique. En France, les recettes, les
dépenses et les dettes sont devenues le boulet de l’impôt, le boulet de
la dépense et le boulet de la dette.
Le boulet des impôts est de plus en plus
lourd à traîner. Prenons l’exemple américain de la hausse de 1993 du
taux supérieur d’imposition sur les revenus de 31 % à 36,9 % : dans une
étude à ce propos, Martin Feldstein de l’Université de Harvard a calculé
que la perte sèche de cette taxe s’élevait à la marge à près de deux
dollars par dollar prélevé. En d’autres termes, pour chaque dollar pris
aux contribuables, l’économie subit une perte de bien-être économique
imposée par la taxe supérieure à deux dollars. Cette perte se répartit –
un peu au hasard de ce que les économistes appellent les élasticités –
entre les contribuables et les consommateurs de leurs services
potentiels. Pour les contribuables les plus riches, Martin Feldstein a
calculé qu’une suppression de cette hausse aurait conduit à une hausse
des recettes de 2 milliards de dollars en même temps qu’à une baisse de
23 milliards de dollars de la perte sèche associée à la taxe. Pour la
tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, l’Etat n’a donc reçu aucune
recette supplémentaire grâce à cette hausse des taux d’imposition et
aurait même vu une réduction de ses revenus. Il y a vingt ans, il
fallait donc détruire à peu près 12 dollars de valeur économique pour
lever 1 dollar d’impôt sur le revenu aux taux marginaux américains de
l’époque, en gros la moitié du taux marginal français maximal de 75 % !
Martin Feldstein nous dit qu’aux États-Unis, avant l’Internet, avant les
délocalisations, à seulement la moitié du taux français, trop d’impôt
tuait déjà l’impôt et que les effets étaient massifs.
Ceci n’est pas vraiment une surprise :
la baisse de 77 à 24 % du taux marginal d’imposition initiée par Andrew
Mellon dans les années 1920 aux Etats-Unis s’est traduite, en seulement
quatre ans, par une augmentation des recettes fiscales de 134 %. La
division des taux par trois doubla les recettes fiscales ! Sur sept
années, l’assiette fiscale sur les hauts revenus progressa de 512 %. La
division des taux par trois sextupla les recettes fiscales sur les
« riches » ! En conséquence, le déficit budgétaire abyssal de 1921 se
transforma en un excédent record de plus de 43 % des dépenses
budgétaires.
Lorsque les taux d’imposition sont
élevés, ce phénomène se répète pour de nombreuses époques – baisse des
impôts sous John Kennedy et Ronald Reagan ou hausse sous George Bush
Sr., Bill Clinton et Barack Obama – et de nombreux pays – Etats-Unis,
Royaume Uni, Autriche, ou Nouvelle Zélande. En France, il y a peu de
données à part une « Etude empirique de l’effet Laffer en France au
cours des années 1980 » que j’ai faite en 1994. A la suite de la
réduction du taux marginal de 65 % à 56,8 % en 1987, nous constatons que
les 1 % de foyers fiscaux aux revenus les plus élevés ont augmenté – et
non pas baissé – leur contribution fiscale. Entre 1984 et 1988, la part
des hauts revenus dans le total de l’impôt payé est passée de 25,05 % à
28,55 % des recettes de l’impôt sur le revenu malgré une décroissance
du taux supérieur du barème. Ceci ne peut s’expliquer que par une hausse
des revenus concomitante à la baisse de l’impôt.
L’alternance de 1986 avait causé les
suppressions du taux marginal de 65%, de la majoration exceptionnelle et
de l’impôt sur les grandes fortunes. Or ce dernier était précisément
payé par un effectif voisin de celui de l’échantillon des 0,5 % de
français les plus riches en termes d’impôt par part. Il est donc
probable que, sur les 125000 foyers que nous avions étudiés, une grande
partie ait cumulé ces deux impôts. Bien sûr, un impôt sur le capital ne
joue pas – à court terme – sur le partage entre travail et loisir. En
revanche, il joue clairement dans le partage que les individus font
entre la consommation et l’épargne. De plus, il existait une disposition
du code général des impôts – l’article 885 V bis du Code Général des
Impôts – qui limitait la somme de l’impôt sur le revenu et de l’impôt de
solidarité sur la fortune à 85 % du revenu imposable. Aujourd’hui,
après 30 ans de novlangue, on appellerait ceci du doux nom de « bouclier
fiscal ». De ce fait, si le montant d’impôts à acquitter au titre de
l’impôt sur les grandes fortunes était important et excédait le revenu
imposable, tout nouveau revenu était réellement taxé au taux de 85 % !
Il n’y a décidément rien de plus déraisonnable qu’un « bouclier fiscal »
mis en place par un politicien de gauche à part, sûrement, un
« bouclier fiscal » mis en place par un politicien de droite. La
suppression de l’impôt sur les grandes fortunes et la baisse de près de
10 % du taux marginal de l’impôt sur le revenu ont donc entraîné une
baisse réelle du taux marginal de 85 % à 56,8 % pour de nombreux
contribuables « aisés ».
Le boulet des dépenses tient au fait
qu’au-delà d’une certaine taille de l’Etat, l’activité étatique réduit
l’activité économique de la sphère privée. La dépense publique siphonne
les talents. Elle détruit l’initiative. Elle tue la prise de risque,
mère de la croissance économique. En fait, à partir de données
américaines, Robert Barro et Charles Redlick de l’université de Harvard
ont montré qu’un dollar de dépenses du gouvernement fédéral – s’il est
financé par le déficit public – produit beaucoup moins d’un dollar de
croissance économique – entre 60 et 70 cents selon les périodes. Si ce
même dollar de dépenses du gouvernement fédéral est financé par l’impôt,
l’économie se contracte alors de 1,10 dollar ! La dette et la dépense
publiques américaines, si elles sont très préoccupantes, sont tout de
même plus faibles qu’en France où le même effet ne peut donc être
qu’amplifié.
Le boulet de la dette résulte du poids
qu’il faut consacrer à financer cette dernière. A près de 100 % de dette
publique en pourcentage du PIB, à 2 ou 3 %, les intérêts de la dette
absorbent toute la croissance si elle est aussi de 2 ou 3 %. Dans cette
zone, si le déficit primaire est nul, le taux d’intérêt de la dette doit
rester inférieur (ou égal) au taux de croissance économique pour
diminuer (ou maintenir) constant le ratio dette sur PIB. Dans le cas
français de 2014, le déficit primaire est d’au moins 25 milliards, les
taux d’intérêt sont bas mais très supérieurs au taux de croissance et la
dette s’accroît donc exponentiellement. Ceci n’est pas sans
conséquence. Selon les recherches empiriques de Christiane Nickel et
Isabel Vansteenkiste publiées par la Banque centrale européenne en 2008,
lorsque le niveau de la dette d’un pays se situe entre 44 et 90 pour
cent du PIB, un euro supplémentaire de dépense publique conduit à moins
d’un euro de croissance économique. Lorsque la dette dépasse 90 % du
PIB, les multiplicateurs budgétaires tendent vers zéro ; aucune
croissance n’émerge de la dépense. Dans ces situations, une augmentation
des déficits aujourd’hui réduit les dépenses privées demain, d’au moins
le même montant. Dans une série de publications de 2010 et 2011, les
économistes Carmen Reinhart et Ken Rogoff de l’université de Harvard et
Thomas Herndon, Michael Ash et Robert Pollin de l’Université du
Massachussetts, ont montré que les pays dont le ratio de dettes
publiques rapportées au PIB était compris entre 0 % et 30 % croissaient à
4,1 % en moyenne et ceux entre 30 % et 90 % croissaient à 2,8 % en
moyenne. Les pays comme la France dont le ratio de dettes publiques
rapportées au PIB était au-delà de 90 % croissaient à peine à 2,2 % par
an en moyenne. À cause d’une erreur initiale dans les résultats et du
caractère controversé de la conclusion de Carmen Reinhart et Ken Rogoff,
un nombre considérable d’études similaires ont été faites et refaites,
entre autres par la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire
International et la Réserve Fédérale. Toutes arrivent aux mêmes chiffres
à quelques décimales près. Plus la dette publique est élevée, moins
l’économie croît.
Pour ces trois causes, – le boulet de
l’impôt, le boulet de la dépense et le boulet de la dette –, la
croissance annuelle moyenne du PIB per capita, à prix constants, en
dollars, à parité de pouvoir d’achat, est passée en France de 4,6 % dans
les années 1960 à 3,1 % dans les années 1970, à 1,8 % dans les années
1980, à 1,5 % dans les années 1990, à 0,5 % dans les années 2000, pour
finir aujourd’hui à 0 % pour cette décade déjà à moitié écoulée…
Les Français vivent ainsi dans une
économie à somme nulle où les gains monétaires d’un individu sont les
pertes d’un autre. Une majorité d’électeurs est paralysée par l’idée
même de réformes parce qu’elle est devenue complètement incapable de
raisonner dans le cadre d’une économie en croissance permanente à 4,6 %
par an. Cette majorité faite de tous les détenteurs de minuscules
privilèges étatiques bloque le changement, toute arc-boutée qu’elle est
sur ses minces « acquis sociaux ».
Grégoire Canlorbe : On
entend souvent dire que la crise financière de 2008 constitue la preuve
indéniable de l’instabilité intrinsèque des marchés. La plupart des
commentateurs s’accordent à reconnaître qu’une déréglementation
systématique de la finance a été instaurée dans les années 1980 et 1990,
dont nous paierions le prix aujourd’hui. Dans quelle mesure
souscrivez-vous à cette vision des choses ?
Philippe Lacoude : Si seulement nous avions eu une déréglementation dans une quelconque industrie que ce soit ! Ce n’est pourtant pas le cas.
Premièrement, entre le moment où Bush a
pris ses fonctions en 2001 et le moment où il les a quittées en 2008, il
y a eu une augmentation de 13 pourcent du nombre annuel de nouvelles
règles. Selon une étude de Véronique de Rugy, le nombre de règlements
administratifs – l’équivalent américain des décrets d’application
français – a donc non seulement continué à croître mais à un rythme plus
élevé que sous Clinton, lui-même un recordman en la matière. Une autre
façon de mesurer les choses est de regarder le volume de ces décrets
d’application sous forme de papier : sous l’administration républicaine,
une augmentation significative de l’activité de réglementation a
conduit à une augmentation du « Federal Register », – l’équivalent
américain du Journal Officiel français – de 64438 pages en 2001 à de
78090 pages en 2007. L’infortuné président américain n’était hélas pas
conseillé par Michel Sapin, un socialiste à la trempe d’airain dont
Homère faisait ses héros, ancien Ministre du Chômage devenu Ministre de
la Parcimonie, qui avait proclamé dans un instant de génie fulgurant
qu’« il suffit d’écrire [les codes] plus petits pour qu’ils soient moins
gros » !
Deuxièmement, tout ce papier
supplémentaire pourrait consister à dire « Laissez faire les
entrepreneurs ! Laissez passer les biens ! ». Surprise ! Il n’en est
rien. Comme chaque département américain est obligé de faire une étude
d’impact, nous pouvons additionner les coûts de ces nouvelles
réglementations : en 2007, ils étaient bien plus élevés que ce qu’ils
étaient avant 2001. Parmi toutes ces nouvelles règles, 159 étaient
« économiquement significatives », ce qui signifie qu’elles coûtent au
moins 100 millions de dollars par an. C’était une augmentation de 10 %
du nombre de règles coûteuses par rapport à 2006, ou 70 % d’augmentation
depuis 2001. A la fin de 2007, 3882 réglementations étaient déjà à
différents stades de leur mise en œuvre, dont 757 ciblaient les petites
entreprises. Bush a donc été un super-réglementateur. Il a continué à
créer des réglementations, à un rythme supérieur à celui de ses
prédécesseurs.
Troisièmement, le secteur financier n’a
évidemment pas échappé à ce phénomène. Le nombre de réglementations y a
augmenté, à un rythme supérieur aux autres secteurs et à un rythme
supérieur à la décennie précédente. Comme l’a également montré Véronique
de Rugy, le nombre de fonctionnaires affecté au contrôle des
institutions financières s’est accru dans toutes les administrations :
la Federal Reserve, le Federal Deposit Insurance Corporation,
l’ex-Office of Thrift Supervision et l’Office of the Comptroller of the
Currency.
Quatrièmement, la complexification des
réglementations est, à mon sens, une cause majeure de la crise. Je vais
prendre un exemple simple, les accords de Bâle. J’ai eu la chance de
travailler brièvement pour une grande banque à Singapour lors de
l’implémentation de la première mouture, en 1991. La version finale des
accords de juillet 1988 tenait en quelques 30 pages. Les accords étaient
simples mais incomplets. Les réglementateurs se sont donc réunis pour
pondre une seconde version. Je travaillais à ce moment-là comme
consultant pour l’une des quatre agences fédérales citées ci-dessus. La
version finale des accords Bâle II de juin 2006 tenait en quelques 347
pages. Le calcul des différentes mesures de risque et des ratios
financiers était devenu franchement ardu. Qu’à cela ne tienne ! Les
accords de Bâle III rajoutent 53 et 77 pages pour le seul calcul des
règles sur le capital et sur le calcul des liquidités, respectivement.
Le réglementateur moyen a un manuel de plus de 1000 pages. La moitié des
concepts le dépasse totalement. C’est la porte ouverte à des surprises
financières retentissantes. C’est aussi la porte ouverte à l’arbitraire
gouvernemental et aux petits arrangements entre amis dans le dos du
grand public.
A ce sujet, j’ai une anecdote amusante
que je ne raconte généralement qu’en privé mais je vais faire une
exception sans donner trop de noms. Avec un ami, nous avons implémenté
un modèle économétrique basé sur le calcul d’une vingtaine de ratios
financiers généralement considérés comme reflétant la santé d’une
banque. A l’aide d’un modèle relativement simple, notre client
gouvernemental pouvait dire quel ratio sortait de l’ordinaire. Les
auditeurs gouvernementaux étaient envoyés en priorité dans les banques à
problèmes. Les institutions financières en pleine santé voyaient moins
souvent leur réglementateur. Ceci faisait une économie évidente. Dès
2003, quatre ans avant la crise, il apparaissait qu’une des plus grandes
banques mondiales violait un certain nombre de seuils. Elle opérait de
façon, disons, dangereuse. Elle n’était pas la seule mais elle était la
pire. Nous avions décidé de faire apparaître un petit drapeau rouge à
côté des « mauvais » chiffres sur tous les rapports. Notre client
gouvernemental nous a fait enlever les petits drapeaux rouges pour
toutes les banques au-dessus d’une certaine taille de bilan. Sans doute,
la banque en question n’avait-elle pas pris nos petits drapeaux rouges
avec sympathie ? La décision a été rationalisée en considérant que les
très grandes banques étaient si amplement diversifiées qu’elles ne
risquaient point d’avoir d’ennui même avec des bilans chancelants. Cette
banque a depuis puisé massivement dans les lignes de crédit ouvertes
par la Federal Reserve à l’occasion du Troubled Asset Relief Program… La
banque aurait dû mourir. Elle n’a été sauvée que par ses connections
politiques.
En résumé, nous pouvons donc établir
avec certitude que, premièrement, le nombre de règles n’a cessé de
croître, que, deuxièmement, ces règles sont devenues de plus en plus
coûteuses, que, troisièmement, l’Etat a embauché une armée de
fonctionnaires pour les faire respecter, que, quatrièmement, les règles
sont devenues ingérables par les intéressés et que, cinquièmement, les
fonctionnaires n’avaient pas trop envie de secouer le cocotier qui les
nourris.
Ces cinq faits pré-datent la venue de la crise.
Ce mythe de la déréglementation enterré, nous devons chercher d’autres causes à la crise.
Si on regarde les taux directeurs – je
parle du « federal funds rate » – de la Federal Reserve de 1990 à 2014,
on voit une rapide décrue à partir de la récession correspondant à la
première guerre du Golfe Persique. Au début de l’ère Clinton, les taux
sont à 3 %. On emprunte à pas cher et on crée une première bulle
financière : la bulle Internet ou bulle technologique. Au moment même où
Alan Greenspan parlait de « l’exubérance irrationnelle » des marchés,
il était en train de financer cette dernière. Après avoir eu des taux
trop bas à 3 % pendant un an, ils ont été relevés à 6,5 %, exactement au moment où le NASDAQ atteignait son apogée.
A ce taux, de nombreux projets économiques n’étaient plus rentables ;
on s’est retrouvé avec un crash. Qu’à cela ne tienne, la Federal Reserve
a redescendu brutalement son taux directeur à la valeur historiquement
basse de 1 %, en juillet 2003. A cette valeur, les prêts immobiliers à
taux variable, sans remboursement du principal et sans apport personnel,
permettent d’acheter une maison de un million de dollars avec des
traites hypothécaires mensuelles de seulement 833 dollars, hors impôt
foncier, hors assurance. C’est le début de l’envolée des subprimes, ces
prêts pour clients à problèmes. C’est aussi l’inflexion exponentielle de
la courbe des prix de l’immobilier. En juillet 2004, dans sa grande
sagesse, la Federal Reserve commence à remonter le taux directeur qui
passe lentement de 1 % à 5,25 % en août 2006, date approximative où les prix de l’immobilier culminent.
Les prêts à taux variables sont devenus impayables pour tous les
individus qui avaient misé sur une hausse continuelle du prix de
l’immobilier accompagnée de taux toujours plus bas. On connaît très bien
le reste de l’histoire. Toute l’histoire de la Grande Récession est
d’origine monétaire, c’est-à-dire d’origine étatique.
A ce sujet, je voudrais en partie
disculper Fannie Mae et Freddie Mac. Pour être tout-à-fait honnête, je
dois mentionner que j’ai travaillé comme consultant pour l’une d’entre
elles au sein du groupe en charge de ses modèles financiers pendant près
de cinq ans durant la crise. Contrairement à l’idée répandue, les deux
entreprises sponsorisées par l’Etat – Government Sponsored Enterprises
(GSE) en anglais – ont perdu moins d’argent sur leur portefeuille de
garanties de prêts immobiliers que les institutions financières privées.
L’agence gouvernementale qui les supervise, la Federal Housing Finance
Agency, a montré que c’était vrai aussi bien sur les 37 ans, de 1971 à
2007, qui ont précédé la crise que sur les années de crise, de 2008 à
2011. De même, sur les fameux prêts subprimes, les deux agences
gouvernementales ont eu de meilleurs résultats financiers et ont perdu
des parts de marché juste avant la crise. Ceci signifie qu’elles
émettaient moins de prêts pourris que leurs compétitrices privées. En
revanche, elles faisaient tout ceci avec des fonds propres qui n’étaient
statutairement que de 2 % : avec 2 dollars, elles pouvaient en prêter
ou en garantir 100. D’autre part, bien que cotées en bourse, elles
n’étaient pas supervisées par la Securities and Exchange Commission – la
SEC, autorité de marché – et elles faisaient leurs petites affaires à
l’abri des regards indiscrets. C’était une bonne chose car la loi
obligeait Fannie Mae et Freddie Mac à acheter des prêts pourris –
soi-disant pour « aider » les indigents – à la fin de chaque année.
Quand on obtient le droit de prêter 100 dollars avec seulement 2 dollars
de fonds propres, on est certain de faire faillite si seulement 2 % des
prêts ne sont pas remboursés. Cette sous-capitalisation de Fannie Mae
et Freddie Mac, mais aussi de Lehman, Goldman Sachs, Merrill Lynch et
autres géants financiers américains a contribué à exacerber la crise
d’origine monétaire. Non seulement la réglementation a augmenté sur
cette période mais certains de ses aspects étaient parfaitement idiots,
hélas, probablement par dessein.
La structure de l’actionnariat des
banques a probablement également joué. Prenez Microsoft ou Oracle. Tout
le monde connaît le nom des principaux actionnaires. Ils sont clairement
identifiés et ont mis leur propre argent dans leurs entreprises. Au
contraire, les banques systémiques ont un actionnariat entièrement
atomistique. Le contrôle interne s’en trouve fortement affaibli. Il est
plus difficile d’aligner les intérêts de court terme des dirigeants et
les intérêts de long terme des institutions qu’ils gèrent. Ceci est
apparent dans tous les scandales qui ont eu lieu dans cette industrie au
cours de la dernière crise. Les plus grosses banques sont trop grosses
au regard de la taille des économies qu’elles servent : leurs autorités
de régulation seraient bien inspirées de revoir leurs règles
prudentielles qui sont grandes contributrices de ce phénomène
relativement nouveau.
Grégoire Canlorbe : Il
est généralement reconnu que le principal problème avec le système des
soins de santé américains est que les prix sont continuellement à la
hausse, rendant ainsi les soins de santé inabordables à une fraction
toujours plus grande de la population. La Loi sur la Protection du
Patient et de l’Accessibilité aux Soins, communément appelée la Loi sur
les Soins abordables, ou encore « Obamacare », est souvent décrite et
révérée comme un moyen d’améliorer cette situation. En tant que Français
établi aux Etats-Unis, que pensez-vous d’Obamacare ?
Philippe Lacoude : Je vais vous choquer. J’aimerais que dès demain la France adopte « Obamacare » et que les Etats-Unis y renoncent.
Pourquoi ?
Contrairement à l’opinion du Français
moyen, abreuvé d’idées fausses par ses médias gavés de subventions
publiques, Obamacare repose sur des assurances santé privées. Très
schématiquement, Obamacare est un système semi-étatique semi-privé qui
repose sur 1) une subvention à l’achat d’assurance privée, 2) un faux
« marché » dans chaque Etat, 3) une obligation de s’assurer sous peine
d’amende, le fameux « individual mandate » qui a été reconnu
constitutionnel parce qu’analogue à une taxe, 4) une foultitude de
règlements contraignant ces assureurs privés, 5) le surdéveloppement de
Medicare et 6) l’interdiction d’acheter son assurance dans l’Etat voisin
même si elle est moins chère.
Ce dernier point, complètement absurde,
existait déjà avant Obamacare et empêchait les habitants du New Jersey
d’acheter leur assurance maladie dans le Nevada où les prix étaient
pourtant environ trois fois moindres. Il réduit la concurrence entre
assureurs qui remercient vivement la puissance publique en déversant des
tombereaux de dollars malodorants sur les politiciens véreux de tous
les partis, ceci à chaque élection. Dans certains Etats, où le marché
est étroit parce que la population y est faible, il n’y a qu’un
assureur. Par exemple, PreferredOne qui était l’assureur le moins cher
dans le Minnesota et qui avait réussi à gagner 59 pourcent de part de
marché « Obamacare » en 2013 a décidé de jeter l’éponge, laissant 30000
foyers sans assurance santé. Avec un seul assureur, il est vain
d’espérer un abaissement de prix par les effets bénéfiques de la
concurrence !
La subvention à l’achat d’assurance est
nouvelle : plus les revenus d’un individu sont faibles, plus la
subvention est forte. Les riches paient pleinement leurs primes. Les
pauvres sont aidés. En dehors du fait que l’argent doit bien être pris à
une victime du fisc, ce système est pervers car il faut savoir quel est
le revenu des individus. Dans un pays avec 50 systèmes d’aides
sociales, plus un régime fédéral, des retraites privées ou publiques,
des pans entiers d’assurés déjà couverts en tant que vétérans,
fonctionnaires, ou employés, déterminer les « faux droits » de chacun
relève de l’exploit. Il faut donner à la puissance publique un droit de
regard sur la vie privée intime des individus.
Et là intervient le second volet, le
faux « marché » dans chaque Etat de l’Union : Obamacare a mis en place
50 sites web, fournis soit par l’Etat fédéral, soit par les Etats
eux-mêmes selon leur vœu, pour calculer ces subventions. Les sites en
question puisent leurs données dans de multiples bases de données
gouvernementales, le fisc, la Social Security (retraites publiques), les
aides sociales, pour déterminer le « juste prix ». Le tout est
surveillé par 16000 nouveaux employés du fisc qui vérifient si les
« consommateurs » ont honnêtement rempli leurs déclarations. Bien sûr,
en plus de l’atteinte à la vie privée de chacun, les catastrophes,
aisément prévisibles, n’ont pas tardé : les sites ont connu tous les
déboires propres aux projets informatiques gouvernementaux bien connus
des Français. Ils ont coûté des fortunes en informatique et certains
comme dans l’Oregon ou le Maryland n’ont jamais fonctionné malgré des
dépenses respectives de 305 et 171 millions de dollars ! A Hawaii, le
site a coûté 23899 dollars par contrat d’assurance souscrit. Certains
ont failli lamentablement pendant près de six mois et ont,
inévitablement, été piratés comme le site HealthCare.Gov en juillet
2014. Pendant des semaines, le président faisait conférence de presse
après conférence de presse pour assurer à ses électeurs qu’ils allaient
enfin pouvoir acheter un contrat, ou que les contrats perdus par le
système informatique allaient être honorés, ou que les dates limites de
paiements allaient être repoussées. Au même moment, HealthCare.Gov
plantait comme une vieille version de Windows 95 et se trouvait être la
risée de la Silicon Valley. Impossible de créer un compte. Impossible de
se loguer. Impossible de trouver les prix. Impossible de payer.
L’histoire retiendra le « rollout » d’Obamacare comme le moment où le
président techno-cool super-chébran a perdu toute sa superbe. Il a
décroché dans les sondages et ne s’en est jamais remis.
Le troisième volet est l’obligation de
s’assurer sous peine d’amende, le fameux « individual mandate ». A
priori, une obligation légale d’acheter un produit est interdite par la
constitution américaine. Toutefois, cette obligation a pris la forme
d’une taxe à payer par ceux qui ne sont pas assurés. Le président Obama
n’en voulait pas et avait juré pendant sa campagne des primaires qu’il
n’en serait pas question. Malheureusement, si on interdit aux assureurs
de varier leurs prix en fonction de l’état de santé des assurés, il
suffirait que ces derniers attendent d’être malades pour souscrire une
assurance. Les compagnies d’assurance fermeraient toutes leurs portes.
Il faut donc punir les récalcitrants. Il faut les obliger à s’assurer.
Ce fait micro-économique simple a forcé
l’adoption d’un quatrième volet, la réglementation à outrance du marché
médical. La loi fait 2300 pages. Personne ne l’a lue. Elle s’accompagne
de 11500 pages de décrets d’application. Personne ne les a lus. En
particulier, la présidente de la Chambre des Représentants des
États-Unis, Nancy Pelosi, architecte de la loi, a eu ce moment de
candeur rare chez ceux de sa classe lorsqu’elle a dit : « nous devons
adopter [Obamacare] pour que vous puissiez découvrir ce que cette loi
contient ». La loi garantit que tous les malades seront assurés au même
tarif que les biens portants. Elle garantit que les enfants seront
assurés par l’assurance de leurs parents jusqu’à 26 ans. Elle oblige les
entreprises à assurer tous les employés s’ils travaillent plus de 30
heures par semaine. Elle oblige les entreprises de plus de 10 personnes à
assurer leurs salariés. Elle force la couverture d’un large nombre de
conditions qui ne sont pas des impératifs médicaux.
Les effets sont assurément prévisibles.
Selon John Goodman, économiste de la santé, qui a compilé des études des
Réserves Fédérales de Philadelphie, de New York et d’Atlanta, environ
une entreprise sur cinq a diminué le nombre de ses salariés. Plus
embêtant pour ces derniers, il y a de plus en plus d’emplois à temps
partiel, les employeurs ayant recours à ces derniers pour passer sous la
barre des 30 heures hebdomadaires. Une entreprise sur dix a développé
le recours à la sous-traitance. Les petites entreprises tentent de
rester sous la barre des 10 employés à temps plein.
Si plusieurs millions de personnes sont
maintenant couvertes par Obamacare, il n’en reste pas moins que
plusieurs millions de personnes ont perdu les assurances santé qu’elles
avaient dans le passé. Le bilan final est un faible accroissement du
nombre net des assurés, le tout à un coût additionnel considérable aussi
bien pour ces derniers que pour le contribuable. Selon un rapport
officiel intitulé « National Health Interview Survey » mené par
« National Center for Health Statistics » (du « Centers for Disease
Control »), le nombre de personnes se déclarant sans assurance est passé
de 14,4 à 13,1 pourcent de la population, soit environ 3,8 millions
d’individus. Cependant, ce chiffre est à prendre avec précaution : une
partie de ces derniers ne sont pas assurés tant qu’ils n’ont pas
documenté leurs « droits » et tant qu’ils n’ont pas payé. Or, il y avait
au moins 115000 personnes sans preuve de citoyenneté et entre 1,2 et
1,4 million de personnes dont les revenus déclarés étaient incompatibles
avec les subventions reçues. Au final, une bonne partie de ces gens
sortiront des 3,8 millions de nouveaux assurés.
Le système devait régler le sort des 40
millions d’Américains qui auparavant n’achetaient pas d’assurance
maladie. Obamacare a donc atteint un peu moins de 10 % de son objectif.
Si rater 90 % de son objectif peut sembler franchement exécrable, il
faut se rappeler que nous parlons d’un programme gouvernemental. Ceci
est donc extraordinairement satisfaisant.
Je plaisante.
L’avenir d’Obamacare est sérieusement obéré.
Premièrement, les professionnels de la
santé n’en veulent pas. Une étude portant sur 20000 médecins a montré
que 46 pourcent d’entre eux donnent une note de D ou de F à ce
programme. Seul un petit quart lui donne un A ou un B.
Deuxièmement, de plus en plus de gens
détestent Obamacare. On leur a vendu un système sous le prétexte que les
prix baisseraient. Ils montent. Et malgré cette hausse, les assureurs
ne peuvent plus assurer même à des prix élevés tant il y a de conditions
médicales à couvrir. Près de 14000 personnes vont perdre leur
couverture au début 2015 dans le Kentucky. Environ 800 en Alaska selon
certaines projections. Selon l’Albuquerque Journal, les plans de 30000
personnes seront annulés dans le Nouveau Mexique. Ceci fait suite aux
annulations massives d’octobre 2013 où 800000 Californiens, pour ne
citer qu’eux, ont perdu leur assurance santé.
Troisièmement, il va falloir trouver des
sous pour payer toutes ces subventions. Il manque environ 1000
milliards à l’appel pour les années futures malgré – ou à cause ? –
d’une avalanche de nouvelles contributions fiscales. Comme 71 pourcent
des nouveaux assurés sont soit vieux soit malades, un taux de 11
pourcent supérieur aux prévisions roses du gouvernement, les plans
d’assurance fonctionnent à perte. Ce n’est pas la Sécurité Sociale
française. Nous parlons d’assurances privées. Soit les prix augmentent.
Soit elles font faillite. Soit elles arrêtent de vendre. Moody’s a
d’ailleurs baissé ses perspectives sur le marché boursier pour
l’industrie de la santé à « négatif ». Il faudra peut-être renflouer les
assureurs. Après tout, on renfloue bien les banques. Le conte de fées
loufoque du Président Obama selon lequel son beau système serait en
équilibre ressemble de plus en plus à celui du Président Johnson qui
avait dit dans les années 1960 que l’assurance maladie publique pour les
personnes âgées (Medicare) ou indigentes (Medicaid) coûterait quelques
milliards. Ce système est aujourd’hui en déficits cumulés de plusieurs
dizaines de milliers de milliards de dollars. Quid d’Obamacare ? Il
faudra faire des coupes drastiques des taux de subvention d’Obamacare et
des taux de remboursement de Medicare et Medicaid.
Il existe des solutions reposant sur le
marché libre. A un moment donné, il faudra laisser les individus libres
d’acheter une assurance dans l’Etat de leur choix et donc laisser la
concurrence baisser les prix. Il faudra revenir à un système où les
assureurs ne sont tenus d’assurer que les risques graves. Le numerus
clausus et les assurances en responsabilité des médecins devront
probablement être libéralisés.
Tout ceci dit, un système subventionné
et ultra-réglementé d’assurances privées payant pour des frais
d’hôpitaux privés, – même s’il est une catastrophe pour les Etats-Unis
–, est toujours meilleur qu’un système de pseudo-assurance publique
payant pour des frais d’hôpitaux publics. La France devrait adopter
Obamacare comme première étape vers la privatisation totale du marché de
la santé.
Grégoire Canlorbe: Les
politiques démocrates ou même républicaines insistent généralement sur
le besoin de recourir à toutes sortes d’interventions gouvernementales
dans l’économie. Quelle est votre conception du rôle propre du
gouvernement ?
Philippe Lacoude : Le rôle que l’on accorde à l’Etat découle de la morale que l’on adopte.
Si l’on considère que ceux que l’on
désigne par le vocable de « riches » doivent subventionner avec les
fruits de leur travail ceux que l’on aura désigné comme « pauvres »,
alors, l’Etat aura une taille considérable. Il devra s’intéresser à la
vie de tout un chacun pour ranger les individus dans des catégories
d’ayant droit et d’ayant devoir, il devra lever une armée pour le
recouvrement de l’impôt et une autre armée pour protéger la première.
Une troisième armée sera en charge de désarmer les citoyens : après tout
l’histoire a montré que la plèbe, toute ingrate qu’elle est, peut se
révolter pour de simples raisons de subsistance. Même s’il fournit une
éducation à peine passable au vulgum pecus, l’Etat devra quand même
s’assurer de recruter l’élite à son service de façon à s’assurer son
allégeance. Les « intellectuels » et les « journalistes » qui en
usurpent les titres seront bichonnés. Enfin, il devra créer toutes
sortes de mécanismes économiques complexes pour corriger les effets
désincitatifs de l’impôt et les effets pervers de la subvention
lorsqu’elle conduit à l’oisiveté.
Si au contraire, on pense que les droits
de propriété sont inaliénables, l’Etat n’a pas de « rôle » puisqu’on ne
peut pas trouver une définition du vol qui ne s’applique pas aussi à
l’impôt. Dans ce cadre moral, il ne devrait simplement pas exister.
Le « rôle » de l’Etat ou son absence de
rôle découle donc pour ma part de l’adoption des droits de propriété
comme fondement du Droit. Le droit de propriété diffère des
pseudo-droits gauchistes, les « droits à ». Le « droit à un logement ».
Aux dépens de qui ? Le « droit à l’éducation ». Qui paie ? Le « droit
aux transports ». Qui s’en acquitte ? Le droit de propriété n’est pas le
« droit à » un objet. C’est le droit d’agir en vue de produire ou de
gagner un objet. C’est le droit de faire usage de cet objet. C’est le
devoir de faire face aux conséquences de cet usage sur autrui s’il y a
lieu. Il n’est pas une garantie qu’un homme gagnera une propriété mais
seulement une garantie qu’il en sera bien le propriétaire s’il la gagne.
C’est le droit d’acquérir, de conserver, d’utiliser et de disposer des
valeurs matérielles. A 100 pourcent. Sans interférence fiscale dans les
processus de production et d’acquisition.
En fait, je ne suis pas un absolutiste du droit de propriété. Comme
Ayn Rand, je pense que le droit à la vie est la source de tous les
droits — et le droit de propriété est leur seule implémentation. Étant
donné que l’homme doit maintenir sa vie par ses propres efforts, l’homme
qui n’a pas droit au produit de son effort n’a aucun moyen de soutenir
sa vie. L’homme qui produit tandis que d’autres disposent de son produit
est un esclave. L’absolu est « life, liberty and the pursuit of
happiness » comme disait Thomas Jefferson. De là viennent le droit de
propriété comme moyen et les autres droits naturels subordonnés comme
conséquence pratique. Je suis pour le droit d’expression parce que je
crois que l’on devrait avoir le droit d’imprimer et de diffuser ce que
l’on veut sur le papier que l’on possède. Je suis en faveur de la
liberté de rassemblement parce qu’elle découle simplement de l’usufruit
de la propriété foncière. Sans les droits de propriété, aucun autre
droit n’est possible.
L’Etat, son mode de fonctionnement et sa
taille sont donc le reflet du code moral de l’électeur médian.
Parle-moi de ton Etat et je te dirai avec quel genre de dépravés tu
vis ! Si l’Etat est centralisateur et important, l’électeur médian a une
morale de voleur. Si l’Etat s’immisce rarement dans la vie intime du
citoyen moyen, l’électeur médian se lève probablement tôt tous les jours
et s’occupe productivement.
Ceci est d’autant plus vrai que la
démocratie est plus aboutie. Dans une république, où la majorité n’a
rien à dire sur les goûts des multiples minorités – surtout la plus
petite d’entre-elles, l’individu –, il peut y avoir un décalage entre
les vues morales de l’électeur médian et le rôle de l’Etat, au moins
temporairement. L’électeur médian ne peut pas élire un politicien qui
violerait certains droits de certaines minorités. Par exemple,
l’électeur médian peut être contre la pornographie et les fusils
semi-automatiques – et c’est probablement le cas de l’électeur médian
américain – mais il ne peut pas changer le rôle de l’Etat sur ces
questions. La Constitution l’en empêche. Elle protège, respectivement,
la liberté d’expression et la liberté de posséder des armes. Dans une
démocratie pure – heureusement, elles ne le sont presque jamais –
l’électeur médian peut décider de tout et, notamment, de n’importe quoi.
Murray Rothbard disait que « ce serait
un exercice instructif pour un sceptique de formuler une définition de
l’impôt qui ne s’applique pas aussi au vol ».
Même si on est en faveur
d’un Etat minimal, il est impossible d’échapper au fait qu’il sera
nécessairement fondé sur un crime originel, le vol. Même si on décide
que le jeu en vaut la chandelle, c’est un fait philosophique qu’il est
bon de garder à l’esprit. Si tous les politiciens traitaient les deniers
« publics » en gardant constamment cette idée à l’esprit, on ne serait
pas dans la situation actuelle. « Dois-je utiliser cet euro d’argent
‘public’ à telle ou telle fin sachant que j’ai dû faire usage du
monopole étatique de la violence et commis un vol pour l’obtenir ? »
Toutes les institutions devraient être construites pour forcer à cette
constante évaluation.
Lorsque plus de la moitié de l’économie
est accaparée par l’Etat – comme en France avec une dépense publique à
57 ou 58 pourcent du total de l’économie – l’électeur médian vit en
partie de l’Etat, c’est-à-dire de la minorité que ce dernier spolie :
plus la démocratie est pure et plus le résultat est pitoyable. A défaut
de mieux, je suis donc contre la démocratie et en faveur de la
république avec des droits civils et économiques inaliénables, une
solide séparation des pouvoirs et la plus grande décentralisation
publique possible. La république ne moralise pas l’action de l’Etat mais
elle a le bon goût de limiter les élucubrations potentielles de
l’électeur médian. Je pense que toutes les constitutions devraient être
revues à l’aune des connaissances en sciences sociales que nous
possédons aujourd’hui et qui faisaient partiellement défaut à
Charles-Louis de Montesquieu, Thomas Jefferson, Emmanuel Joseph Sieyès,
Nicolas de Condorcet, ou James Madison. Une vraie république serait
fondée sur les idées qu’a développées Friedrich Hayek dans « Droit,
Législation et Liberté ». La constitution inciterait le législateur à
réduire plutôt qu’à augmenter la taille et donc le rôle de l’Etat. Le
droit constitutionnel est beaucoup trop sérieux pour être laissé aux
seuls juristes, surtout quand ils sont aussi inaptes que les faux
érudits qui ont rédigé la constitution française actuelle, à contre-sens
complet des enseignements de ceux que je viens de mentionner.
En matière d’Etat, je pense donc qu’il
faut transposer en droit l’ordre spontané du marché. Il est à mon avis
stérile de passer du temps à une discussion entre minarchistes et
anarchistes sur le périmètre de l’Etat. Pour deux raisons. D’une part
parce que, dans nos sociétés ultra-socialistes, si vous êtes anarchiste,
les minarchistes sont vos meilleurs alliés politiques et vice-versa :
les uns et les autres ont intérêt à cheminer ensemble vers plus de
liberté. D’autre part, parce que définir le périmètre constitutionnel de
l’Etat en matière régalienne est une approche fallacieuse. Si je suis
d’accord pour dire qu’il n’existe aucune définition du vol qui ne
s’applique pas à l’impôt, je ne suis pas sûr que nous soyons à même
d’imaginer les formes juridiques pour nous amener à zéro dans le calme
alors même que nous sommes incapables d’imaginer celles qui nous
ramèneront de 57 % à 55 % de l’économie sans conflits sociaux graves.
Prenons trois domaines souvent
considérés comme régaliens pour lesquels la privatisation fait sortir
les minarchistes de leurs gonds : la justice, la police et l’armée.
Peut-on privatiser la justice ? Que
nenni s’écrient les minarchistes ! Il vaudrait mieux garder la justice
monopolistique d’Etat inféodée aux syndicats, avec ses biais
idéologiques, ses lenteurs et ses jugements parfois dépourvus de sens.
C’est aller un peu vite en besogne. Idéalement, nous souhaiterions au
contraire pouvoir tirer parti des mécanismes de marché : il faudrait
instaurer une forme de concurrence entre institutions judiciaires, pour
faire en sorte que les plus mauvaises disparaissent au profit des
meilleures. L’indépendance des juges vis-à-vis de l’arbitraire politique
isole ces derniers et les protège vis-à-vis du consommateur de
justice : l’élection des juges au scrutin universel n’est sûrement pas
la panacée mais peut-on imaginer qu’un procureur mou, qu’un juge laxiste
ou qu’un juge d’application des peines permissif puissent relâcher des
multirécidivistes comme ils le font parfois aujourd’hui sans subir les
foudres de leur électorat ? N’en déplaise aux minarchistes, il est
pourtant évident que la justice a été en partie privatisée. Même
aujourd’hui, en pleine France socialiste, les sociétés d’arbitrage sont
autant de remplaçants de Saint Louis rendant la justice. On entend le
peuple se plaindre constamment de la justice étatique mais presque
jamais de la justice privée des tribunaux d’arbitrage. Communément, un
mauvais arbitre disparaît faute de client, sans même l’intervention
incompétente d’une ex-Ministre des Finances reconvertie dans
l’affairisme bancaire international. Sans complètement privatiser la
justice au premier jour, nous pourrions donc intégrer systématiquement
ce qui marche ailleurs : plus de choix des électeurs, plus de choix des
clients, plus de variété de recrutement, etc… Moins de monopole de
l’emploi des juges, moins de monopole géographique, moins de monopole
étatique. Moins de syndicalisme. On pourrait probablement réduire la
fonction publique judiciaire à une peau de chagrin tout en améliorant
grandement la qualité du produit.
Peut-on privatiser la police ? Là
encore, la question est mal posée. Pourquoi a-t-on besoin de la police ?
Pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens a priori
(dissuasion) et a posteriori (élucidation des délits et des crimes).
L’efficacité de la police n’est pas mesurée à l’aune du nombre
d’arrestations mais à celle de l’absence de crime. Là aussi, nous
pourrions imaginer de faire systématiquement appel au privé pour tendre
vers l’absence de crime. La France est victime d’une déferlante
criminelle semblable à celle qui a frappé les Etats-Unis dans les années
1970 et 1980 : le parallèle, avec un décalage de trente ans, est
saisissant quand on s’intéresse à la criminologie. Les Etats-Unis ont
connu une hausse du crime de plus de trois décennies suivie d’une décrue
rapide sur les vingt années récentes. La réponse à cette vague de crime
a consisté à augmenter les forces policières et pénitentielles : c’est
un fait connu et reconnu. Moins notoire est la réponse privée à ce
problème : les services de sécurité ont fleuri, la technologie a évolué
et les citoyens se sont protégés. D’après l’ouvrage de Bruce Benson, The
Enterprise of Law – Justice Without the State –, les sociétés de
gardiennage représentent aux Etats-Unis un plus grand nombre de
travailleurs que les polices locales, d’Etat et fédérales réunies. Le
législateur facilite leur rôle ; moyennant formations et certifications,
les employés, en uniforme, peuvent être armés. Il suffit de se rendre
dans n’importe quel grand bâtiment public ou privé pour être confronté à
leur présence. La réponse technologique a surtout pris forme de
systèmes vidéo et d’alarme : là aussi le législateur aide le particulier
et un individu peut relier son alarme à la police sur simple
déclaration écrite. Les ménages ainsi protégés sont passés de 5 à 25
pourcent entre 1990 et 2010. Enfin, les citoyens se sont défendus : 1993
a concomitamment marqué le début d’une énorme vague d’acquisition
d’armes à feu et le début de la rapide chute du taux de meurtres. Les
citoyens et les policiers commettent environ 280 et 390 homicides
justifiés chaque année. L’usage est parcimonieux puisque les 10 millions
de porteurs d’arme ont un taux de criminalité plus faible que celui des
forces de police. Pour détourner la célèbre formule de Sir Robert Peel,
je dirais que « la police est le public et le public est la police ».
Même sans complètement privatiser la police, on pourrait imaginer d’en
réduire drastiquement le budget en faisant appel au privé.
Peut-on privatiser l’armée ? Apparemment
François Hollande et Manuel Valls considèrent que la réponse est
affirmative puisqu’ils ont décidé de louer une partie de son matériel à
des entreprises privées. Là encore, il y a d’autres moyens de remplir la
fonction tout en réduisant les coûts. Nous pourrions bien sûr commencer
par ne plus se mêler des affaires intérieures des autres pays mais
pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Une société libre penserait tout
son programme de défense comme elle pense le droit individuel à
l’auto-défense : Israël, la Suisse et les Etats-Unis sont de bons
exemples de pays qu’il serait malsain d’envahir.
« Je ne peux pas
envahir les Etats-Unis : il y aurait un fusil derrière chaque brin
d’herbe » pour reprendre la citation vraisemblablement apocryphe de
l’amiral Yamamoto.
Dans chacun de mes trois exemples, j’ai
parlé de processus évolutifs. Pas de grande révolution. Les changements à
la marge sont un élément clef. Plutôt que de fixer légalement ce que
l’Etat devrait faire, il faut créer les conditions de la substitution de
ses tâches vers le privé. Le débat « minarchistes » versus
« anarchistes » n’a pas de sens dans ce contexte…
Une constitution ne doit donc pas être
une transcription écrite de 482 pages de bouillie mentale d’un énarque
polytechnicien devenu ex-Président de la République. Qui peut
sérieusement penser que l’article 70 d’une constitution européenne
idéale devrait prévoir :
« qu’en cas de perturbation du rail, les
autorités doivent se concerter pour maintenir la fluidité du trafic en
accordant la priorité aux charges sensibles tels que les aliments
périssables » ?
Il faut sortir de ce qu’Albert Venn Dicey appelait la
« rigidité des constitutions françaises », il y a déjà plus de cent ans.
La constitution doit être un bref
ensemble de méta-règles simples destinées à faire émerger un nombre
toujours plus succin de lois efficaces. Une constitution optimale est
celle qui protège les citoyens de la soif de pouvoir des politiciens
tout en maintenant les vertus civiques des citoyens.
Il y a heureusement tout un corpus
récent sur le sujet. Les chercheurs qui travaillent sur cette question
ont même leur revue « Constitutional Political Economy » dans laquelle
ils posent la question « Is There an Optimal Constitution? ». Dans le
Journal of Public Economics, on peut lire des articles intitulés :
« Optimal Taxation and Fiscal Constitution ». Le prestigieux éditeur
Elgar a récemment publié un livre au titre évocateur de « The Optimal
Decentralisation of Government Activity: Normative Recommendations for
the European Constitution ». Toute l’« école des choix publics » est
tournée vers la recherche d’institutions politiques optimales ainsi que
l’étude des institutions politiques sous optimales.
La clef du succès libéral est de
transposer au droit ce que nous avons appris en sciences économiques à
propos de l’ordre spontané du marché. Le terme ordre spontané désigne un
ordre qui naît spontanément de l’apparent chaos des comportements
individuels sans qu’il soit nécessaire de l’imposer par la puissance
publique. Le système des prix, qui permet à l’offre de produits de
rencontrer sa demande, est l’expression économique d’un ordre spontané.
Le respect des droits de propriété et le respect des contrats sont les
deux métarègles qui permettent l’émergence de cet ordre, le Spontane
Ordnung cher à Friedrich Hayek.
Aucune règle ne spécifie les prix.
Aucune règle ne fixe l’innovation. Aucune règle ne spécifie « qu’en cas
de perturbation du rail, [...] la priorité [ira] aux charges sensibles
tels que les aliments périssables ». Les prix émergent. L’iPhone 6
remplace l’iPhone 5. Les denrées périssables atteignent les étals sans
périr. Les énarques polytechniciens reconvertis dans le charabia
pseudo-constitutionnel sont inutiles.
Appliqué à la politique, il faut établir
un Spontane Ordnungspolitik : un ensemble de métarègles politiques
minimalistes qui permettent de faire évoluer les lois dans la « bonne »
direction quant au rôle de l’Etat. Des « règles simples pour un monde
complexe », pour reprendre le titre d’un bel ouvrage de Richard Epstein.
On ne veut pas vraiment que le budget soit en déficit de 3 % du PIB,
que le taux maximal d’imposition soit de 30 %, et que le budget de
l’armée soit à un maximum de 3 % du PIB. On veut que le budget soit de
plus en plus en équilibre, que le taux maximal d’imposition soit en
baisse régulière, et que le budget de l’armée soit le plus faible
possible.
Friedrich Hayek nous en a donné les
pistes dans ses travaux précurseurs du troisième tome de « Law,
Legislation and Liberty » : nous souhaiterions que ceux qui votent les
recettes ne soient pas ceux qui votent les dépenses, que leurs mandats
soient limités, qu’ils ne soient pas politiciens à vie, etc… Le rôle de
l’Etat, avec les bonnes métarègles, émergerait spontanément. Il faut
réécrire la déclaration universelle des droits de l’homme en repartant
du modèle du Comte de Mirabeau et de George Mason, à l’aune des progrès
philosophiques du vingtième siècle, épurée du galimatias
socialo-marxiste. En établissant la « présomption de liberté » à la
Randy Barnett, la Constitution protégerait les droits sans avoir à les
énumérer. Il suffit de rendre la croissance étatique pénible et sa
métastase actuelle absolument insupportable pour le législateur.
Grégoire Canlorbe :
Etes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à l’avenir économique et
géopolitique des Etats-Unis ? Etes-vous davantage optimiste pour les
Etats-Unis que vous ne l’êtes pour la France ?
Philippe Lacoude : Je
suis extrêmement pessimiste à propos de la France. Elle n’a pas d’avenir
ni économique, ni démographique. La crise économique – qui provient
d’une subvention étatique de la paresse et d’une imposition toujours
plus forte du talent – engendre des flux migratoires de calamité
sociétale vers l’intérieur et d’aptitude entrepreneuriale vers
l’extérieur. Ceux qui se plaignent de l’immigration, sans aucunement se
plaindre de cette émigration encore plus grave, n’ont généralement rien
compris. Ils s’attaquent à un symptôme de l’Etat providence en faillite.
Le pire est qu’ils sont usuellement ultra-socialistes de tous les bords
extrêmes et favorisent donc de fait ce même Etat providence. Aucun pays
ne peut supporter le poids de 30 à 40 pourcent d’oisifs, surtout quand
le nombre des créateurs féconds s’amenuise. Les sémillants ministres en
charge d’une agitation toujours plus volcanique n’y changeront rien.
Pour reprendre la désormais célèbre
formule de HSeize Hashtable,
« ce pays est f…u » !
La formule est bien
sûr un raccourci facile : le pays n’a pas d’existence propre. Seuls les
êtres humains existent. La « France » est un territoire où vit une
culture bimillénaire qui peut d’ailleurs fort bien être exportée. La
« France » survivra. En revanche, son Etat est « f…u » et sa chute
entraînera de profonds conflits, sûrement internes, peut-être externes,
vraisemblablement violents et probablement armés.
Pour ce qui est des Etats-Unis, je suis
également pessimiste. Je pense qu’ils vont suivre une trajectoire
sous-optimale pendant au moins trois ou quatre décennies : la direction
sera la bonne mais le mouvement sera nonchalant. La crise fiscale est
profonde : comme ailleurs, en Europe et au Japon, les retraites
publiques par répartition et les soins médicaux étatiques sont en
faillite complète. Cette faillite est masquée par l’emprunt, par la
création de monnaie surnuméraire et par la tricherie comptable d’un Etat
qui refuse obstinément de provisionner les dépenses futures comme une
entreprise devrait le faire. Comme dirait François Hollande, « ça ne
coûte rien, c’est l’Etat qui paie » mais, comme l’aurait ajouté Lady
Thatcher, « l’ennui avec le socialisme, c’est que vous finissez par
manquer de l’argent des autres ». Le remplacement de ces systèmes
putréfiés va diminuer la croissance pour au moins une génération.
Contrairement à l’Italie et au Japon, la démographie est moins délétère
aux Etats-Unis et les modèles montrent que le trou budgétaire total
représente environ 4 % de tous les revenus nationaux futurs actualisés.
Ce chiffre est de près de 15 % dans le cas français selon mes calculs.
Trois évolutions géopolitiques majeures attendent les Etats-Unis.
Premièrement, le pays va devenir
auto-suffisant énergétiquement : après des années de distribution
généreuse de permis de forage sous George Bush, les nouveaux puits de
pétrole produisent enfin, créant un désintérêt des élites pour les
problèmes du Moyen-Orient. Les intérêts de l’oligarchie qui dirige les
Etats-Unis vont donc se réaligner sur celle du peuple. C’est la fin de
la doctrine Monroe étendue au Moyen-Orient.
La Chine a remplacé les Etats-Unis comme le plus gros client de
l’Arabie Saoudite. Elle ne sera probablement pas aussi patiente que le
Département d’Etat avec les financiers du wahhabisme. L’économie de
l’Arabie Saoudite souffre de la révolution du gaz de schiste et de la
fracturation hydraulique en Amérique du Nord : alors que les PIB
américain et saoudien per capita étaient pratiquement les mêmes en 1974,
le premier a plus que doublé pendant que le second baissait de plus de
12 %, en termes réels. Peu à peu, les saoudiens retournent sous la
tente. Les attentats du 11 septembre 2001 – qui ont impliqué plus de
Saoudiens que de citoyens de tout autre pays – correspondent à un point
bas de la courbe du revenu par tête de ce pays. Le PIB par habitant des
Emirats Arabes Unis suit un chemin encore plus dramatique, avec une
division par trois et demi entre le second choc pétrolier et 2013. Les
Américains n’auront plus autant besoin de leur présence militaire
actuelle. Les Européens risquent de le découvrir à leurs dépens.
La deuxième évolution géopolitique
majeure concerne l’épicentre de population. Entre la naissance du Christ
et l’an mille, le barycentre de la population mondiale est resté à peu
près au même endroit en Asie Mineure, avant de se déplacer très
lentement vers l’Europe de l’Est au cours des 8 siècles suivants. Il n’a
pas vraiment bougé jusqu’à 30 ans en arrière. Aujourd’hui, il est
retourné en Asie Mineure et se déplace vers l’Est à la plus grande
vitesse jamais enregistrée dans l’histoire de l’humanité. L’Europe n’est
plus le centre démographique du monde.
Cette oscillation de la fertilité des
peuples s’accompagne de notre troisième évolution géopolitique majeure :
l’avènement de la révolution industrielle en Inde et en Chine. Alors
que ces deux pays représentaient environ la moitié du PIB mondial de
l’an 1 à 1820, ils ont peu à peu perdu du terrain sur l’occident (au
sens large). En fait, leurs économies ont stagné pendant que
l’Angleterre, l’Allemagne, la France, les Etats-Unis et le Japon se
développaient. Cette ascension relative de l’Occident de 1820 à 1970 va
faire place à un déclin relatif de l’Occident de 1970 à 2070. Ce déclin
est inéluctable. Je pense qu’il précédera un déclin relatif combiné de
l’Asie et de l’Occident au profit de l’Afrique d’ici la fin de ce
siècle. Nous vivons au cœur du quart de millénaire le plus intéressant
de l’histoire de l’humanité.
Les révolutions industrielles en Chine,
puis en Inde, puis au Vietnam, un jour en Afrique présentent tous les
travers de celles de l’Angleterre de Dickens et de la France de Zola. Un
développement excessivement inégal des villes et des campagnes. Une
corruption rampante généralisée, aussi importante chez les élites que
chez les petits chefs locaux. Peu de considération pour la vie humaine
et encore moins pour l’environnement. La qualité des produits chinois
est à peu près la même que celles des fameux premiers câbles reçus par
John A. Roebling pour la construction du Brooklyn Bridge : si ça passe
un vague test visuel, le client serait bien inspiré de ne rien trouver à
redire. Mais ne nous y trompons pas : un jour viendra rapidement où les
produits « made in China » seront synonymes de qualité comme le sont
devenus le « made in Japan » et le « made in Korea » de notre temps.
Les Etats-Unis vivent donc la fin de
l’âge d’or de l’Occident. Chaque petite inflexion du graphique ci-dessus
raconte un petit morceau de l’histoire du monde, du moins de l’histoire
qui compte en monnaie sonnante et trébuchante. Mis à part durant la
grande dépression, les Etats-Unis ont continuellement pris de l’ampleur
dans le PIB mondial. La seconde guerre mondiale – avec le flot d’or
massif vers les Etats-Unis – a placé ces derniers dans une situation de
complète précellence. L’effondrement de l’ex-URSS, facilement notable, a
renforcé cette hégémonie. Le graphique ci-dessus montre d’ailleurs fort
bien les effets des deux guerres mondiales. Il n’y a pas besoin de lire
les 970 pages d’élucubrations de Thomas Piketty où une théorie
néo-marxiste de sous-préfecture de province est à la recherche de
mesures d’inégalités de revenus plus ou moins fantaisistes. Tout est là
en une image : les réserves mondiales d’épargne sont finalement
pratiquement reconstituées après cent ans d’anomalies dues aux dizaines
de millions de morts et de la destruction totale du capital physique à
un point du globe.
L’Afrique sera le dernier continent à
vivre sa révolution industrielle : selon mes estimations ci-dessus,
utilisant un mélange de chiffres de la Banque Mondiale et de
PricewaterhouseCoopers, le PIB du Nigéria surpassera celui de la France
dans quelques décennies.
Nous sommes sur la fin d’un lent retour à
la normale plurimillénaire où les hommes des différents points
géographiques ont une structure du capital et des revenus moins
disparates qu’en août 1945. Un impact géopolitique probable est que les
Etats-Unis vont peu à peu perdre l’intérêt et surtout la capacité
d’intervenir à tout va. Même si certains Américains confondent encore
isolationnisme et non-interventionnisme en politique étrangère, ces deux
philosophies gagnent du terrain politique.
Enfin, même si ce n’est pas tout-à-fait
le sujet de votre question, j’attire l’attention sur le prix
incommensurable du communisme : alors que les pays de l’ex-URSS voyaient
leurs économies prendre une part croissante du PIB mondial entre 1820
et 1917 – la Russie tsariste rattrapait son retard technique –, la
révolution d’Octobre y a mis fin. Un siècle et 30 millions d’assassinats
étatiques plus tard, de l’Oural au Kamchatka, la reprise se fait
vainement attendre.
Grégoire Canlorbe :
Au-delà de la seule science économique, vous avez étudié les
mathématiques et la logique formelle. Une position récurrente parmi les
économistes Autrichiens consiste à définir la science économique comme
une démarche exclusivement aprioriste à l’instar des mathématiques ou de
la logique formelle. Selon cette méthodologie le raisonnement
économique doit s’efforcer de tirer les implications directes et
indirectes de la proposition jugée incontestable : « L’homme agit, i.e.
mobilise certains moyens en vue de certaines fins ». Il n’est pas
nécessaire de confronter à la réalité les propositions ainsi obtenues:
si le raisonnement déductif est rigoureux, alors ses conclusions sont
vraies a priori, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de les
confronter à la réalité pour établir qu’elles sont vraies.
Dans quelle mesure souscrivez-vous à l’apriorisme méthodologique de la plupart des Autrichiens ?
Philippe Lacoude : Pour
Ludwig von Mises, l’essentiel de la théorie économique se compose des
concepts a priori, un ensemble de propositions – comme vous, je ne vais
pas utiliser le mot axiome qui m’a toujours dérangé chez Murray Rothbard
– auxquelles on aboutit par contemplation ou par simple introspection. A
partir de la proposition que l’action humaine a une fin, on peut
déduire que la valeur subjective guide les choix humains, que l’utilité
doit être marginalement décroissante, etc. Je ne vais pas refaire le
raisonnement qui prend 20 pages dans « Human Action » de Ludwig von
Mises ou dans « Praxeology » de Murray Rothbard. Le fait est qu’à partir
d’un tout petit nombre de propositions, on peut logiquement déduire le
reste de la science économique.
Je pense qu’on peut arriver aux mêmes
conclusions par le biais de recherches empiriques. Il ne devrait pas y
avoir de dichotomie épistémologique en la matière. Certains économistes
expérimentalistes, je pense en particulier à Edward Chamberlin et à
Vernon Smith, ont reconstruit empiriquement certaines des conclusions de
Ludwig von Mises et je ne pense pas qu’ils soient arrivés à une
quelconque conclusion contraire. Que d’efforts ! C’est un peu comme
essayer toutes les formes possibles et conclure qu’effectivement, la
roue, bien ronde, remplit au mieux l’office qu’on lui avait assigné.
Au moins deux ensembles de propositions
couvrent deux domaines qui me semblent encore complètement échapper à
l’« économie empirique » : la théorie de l’entrepreneur kirznérien et la
théorie économique du cycle. Pour la seconde, je vois un certain nombre
de travaux empiriques encourageants. Pour la première, j’ai bien peur
qu’il ne sorte jamais rien d’approchant de l’école de Chicago.
Grégoire Canlorbe :
Etant à la fois un mathématicien et un économiste, comment concevez-vous
l’utilisation propre des mathématiques dans la science économique ?
Philippe Lacoude :
Comme je viens de le souligner la logique s’applique automatiquement à
la science économique comme l’un de ses fondements épistémologiques. Or
la logique est une branche des mathématiques, probablement la plus
importante. N’importe quel thésard en mathématiques fait au moins
quelques pas en logique formelle.
Pour ce qui est du reste des
mathématiques, je pense que les équations différentielles et les
statistiques peuvent être utiles à la modélisation et à l’économie
appliquée, respectivement. Les premières sont des métaphores qui
permettent d’exprimer une idée en quelques caractères. Les secondes
permettent de mesurer quantitativement une idée particulière. Je n’ai
pas cette allergie qu’ont certains économistes autrichiens pour les
mathématiques.
Ceci dit, je pense qu’il y a un certain nombre de réserves de circonstance.
La première est que lorsque l’on peut
illustrer une idée simplement à l’aide de quelques données brutes, il
n’y a pas lieu de construire un « modèle » à 25 équations. Prenons
l’exemple des indices de liberté économique dans le monde, celui de la
Heritage Foundation / Wall Street Journal ou celui du Cato Institute /
Fraser Institute, peu importe. On peut tracer la courbe reliant les taux
de croissance économique et les degrés de liberté économique. C’est un
modèle. Plus la liberté économique est limitée, moins l’économie croît.
Soit, on peut toujours faire une régression, trouver les coefficients.
Ce n’est pas terriblement opératoire. En pratique, le modèle nous dit
que la France – qui est à peu près 70ème dans le classement
de la Heritage Foundation / Wall Street Journal – serait bien inspirée
de libéraliser son économie. On voit aussi qu’elle était environ 35ème
avant l’élection de Nicolas Sarkozy. Peut-être cette chute vertigineuse
est une des causes des maux récents du pays ? Lorsqu’une idée est
utile, le « modèle » est généralement simple : beaucoup d’universitaires
obscurcissent volontairement leurs idées simples à l’aide de modèles
complexes. Ceci me semble justement l’opposé de ce qu’il faudrait faire.
La deuxième remarque est que les bonnes
analyses sont en général celles qui nous parlent des dérivées. Les
phénomènes économiques et démographiques sont dynamiques. En pratique,
toutes les belles histoires économiques sont celles qui nous parlent de
la seconde dérivée : l’accélération ou la décélération des phénomènes.
Les journalistes parlent des niveaux ; ils adorent les comparaisons
internationales.
Exemple : le pays X a 2741 crimes avec violence par
millions d’habitants alors que le pays Y en a 1562. L’histoire utile est
souvent que le taux de crimes avec violence a baissé de moitié en 20
ans au pays X – justement après la libéralisation du port d’armes –
alors qu’il a doublé au pays Y – dans les années qui ont suivi son
interdiction absolue. Première dérivée. Encore plus intéressant, la
décroissance s’accélère au pays X alors que la croissance du taux de
crimes avec violence s’accélère au pays Y. Deuxième dérivée. Ça s’est
des sciences sociales ! Je vous laisse deviner quels sont les deux pays
en question…
Le troisième écueil lié à l’usage des
mathématiques est que, bien souvent, en France en particulier, les
« économistes » apprennent les mathématiques avant d’apprendre la
praxéologie. Au lieu d’avoir des données à la recherche de la bonne
explication théorique, on obtient quelques centaines de pages de
« théories » à la recherche de données, quitte à inventer ou fausser ces
dernières. Je ne vise bien sûr personne…
Le quatrième et dernier péril lié à
l’usage des mathématiques est qu’un mauvais modèle utilisé par la
puissance publique est une catastrophe nationale. Prenons le modèle 2003
de la commission européenne, créé par Frank Smets et Rafael Wouters.
C’est un modèle d’équilibre général dynamique stochastique,
d’inspiration néo-keynésien (où les prix s’équilibrent avec retard), qui
utilise les dernières techniques statistiques, en l’occurrence un
modèle vectoriel à correction d’erreurs. D’un pur point de vue
mathématique, ce modèle est un achèvement intellectuel majeur. Le bât
blesse parce que représenter les choix de 500 millions d’humains avec 12
équations n’est bien évidemment que très approximatif et que si une
décision était prise par la Banque Centrale Européenne avec un tel
outil, il en résulterait au mieux une catastrophe de plusieurs milliards
d’euros et au pire de plusieurs centaines de milliards d’euros.
Mes amis autrichiens s’arrêtent là. Les
mathématiques sont clairement répudiées, non ? En fait, je ne pense pas
du tout que ce soit une répudiation de l’usage des mathématiques en
sciences sociales. Au contraire, je suis assez admiratif des travaux de
Frank Smets et Rafael Wouters. Même approximatifs, les résultats sont
impressionnants pour un si petit nombre de variables.
En revanche, ceci est une claire
répudiation de l’usage des mathématiques par la puissance publique. Si
un de mes clients me demande de faire des simulations à partir d’un tel
modèle, il prend le risque que son concurrent prenne une meilleure
décision à partir d’une autre représentation nécessairement approchante
et arbitraire du monde.
Je note au passage que les « bons »
modèles donnent tous une prévision sous forme de distribution
statistique du futur. A un moment donné, quelqu’un doit prendre une
décision « pointwise » (comme disent les anglo-saxons) à partir d’une
densité. Cette décision humaine est à la modélisation économique ce que
la décohérence est à la physique quantique : on choisit un état
particulier, on fait un pari sur l’avenir. L’acteur qui fait ce pari
doit en subir les conséquences financières pratiques, éventuellement la
faillite. Le fonctionnaire de la banque centrale ne peut pas le faire de
façon socialement satisfaisante.
La solution à ce problème est fort
simple : au lieu de jeter les modèles mathématiques avec les
fonctionnaires qui les ont créés, il suffit de les utiliser dans le
cadre de la concurrence. Ceci est pratique courante en finance depuis au
moins 30 ans et dans le marketing de masse sur l’Internet depuis
quelques années. Si un modèle est mauvais, il existera une niche, un pur
profit kirznérien à saisir. Toutes les critiques sur la modélisation
– la critique autrichienne sur l’usage des mathématiques, la critique
sur les problèmes liés à la linéarité de la majorité d’entre eux, les
problèmes d’asymétrie ou de kurtosis – sont intéressantes mais
n’invalident pas l’utilité des modèles.
Je suis en revanche d’accord sur l’idée
que la théorie ne supplante pas la pratique. L’économie théorique
devrait être apprise avant l’économie appliquée. Science mathématique
sans conscience économique n’est que ruine de l’âme.
Grégoire Canlorbe : Notre entretien touche à sa fin. Aimeriez-vous ajouter quelques mots ?
Philippe Lacoude : Nous sommes à un tournant historique.
Il a fallu deux siècles pour que les
idées de John Locke permettent de libérer l’individu d’autorités
religieuses étatiques. Les révolutions américaine et française ont
marqué le début de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Nous vivons
régulièrement quelques soubresauts réactionnaires à ce qui est devenu un
état de fait mais nous avons gagné ce combat.
Il a fallu deux siècles pour que le
plaidoyer d’Adam Smith, de Frédéric Bastiat et de Richard Cobden en
faveur de la liberté commerciale gagne presque tous les points du globe.
Certes, il existe quelques protectionnistes ici et là qui mènent un
combat d’arrière-garde mais ils ont perdu la bataille des idées.
Il n’a fallu que soixante-dix ans pour
détruire l’idée que l’on puisse allouer les ressources à l’échelle d’un
pays de façon centralisée. Notons que le brillant Henri Guaino,
sous-conseiller un peu spécial de Nicolas Sarkozy à des tâches
indéfinies, est le dernier « Commissaire Général au Plan » de la
planète, voire de notre galaxie, depuis la dissolution du Gosplan
soviétique en avril 1991. Certains pensent que le débat entre Ludwig von
Mises et Oskar Lange sur la possibilité du calcul économique en système
socialiste a été adjugé en faveur du premier le jour où le mur de
Berlin est tombé. C’est bien sûr complètement faux : Ludwig von Mises a
gagné ce débat lorsque la première pierre du mur de la honte a été
posée.
Le clou suivant planté dans le cercueil
du statocratisme sous toutes ses formes va venir de l’effondrement de
l’Etat-providence. La démographie, le niveau des dettes et la
technologie interdisent que ce système perdure beaucoup plus longtemps.
Ludwig von Mises, Milton Friedman et Friedrich Hayek ont détruit ses
fondements économiques. Leurs disciples en ont détruit les thèses
empiriques. Ayn Rand a démontré et brillamment popularisé son caractère
immoral. Un peu partout, nous pouvons observer la radicalisation de ceux
qui ont compris ceci. Ils ne rencontrent plus aucun argument sérieux de
la part de leurs détracteurs. Ces derniers recourent aux images
d’Epinal : le système est bon car le « monde entier nous l’envie ».
C’est exactement la même défense rhétorique qui était utilisée par les
maîtres de l’URSS. Avec les succès que l’on connaît.
Les derniers défenseurs de
l’Etat-providence utilisent des mots destinés à culpabiliser leurs
ennemis. Les socialistes français parlent du « vivre ensemble ». Ils
prônent la « société multiculturelle ». Barack Obama nous explique que
la « gentillesse nous unit ». François Hollande « rend hommage » à la
« culture communiste ». Il n’y a rien derrière ces clichés. Ils sont
complètement incapables d’expliquer comment leur système en faillite va
produire les services médiocres qu’ils font payer à prix d’or. Ils ne se
rendent pas du tout compte que l’on « vit ensemble dans une société
multiculturelle » de façon bien plus satisfaisante dans une civilisation
libérale que dans le machin qu’ils défendent. Les statocrates ne
réalisent jamais que les libéraux sont justement motivés par la
recherche de la vraie justice sociale. Le fait que les statocrates
n’aient aucune idée de ce que pensent les libéraux est un signe
encourageant. Je ne rencontre plus un seul gauchiste qui ait lu John
Rawls et ils sont tout autant d’incompétents marxistes. Ils passent leur
temps à reformuler les mêmes idées éculées sous une forme obscurément
différente et sont tout surpris de perdre débat intellectuel après débat
intellectuel : comme disent les Américains,
« you put lipstick on a
pig, it’s still a pig ».
La faillite économique d’un système
lorsqu’elle s’accompagne de la faillite intellectuelle de ses
thuriféraires est généralement le prélude à sa disparition.
Vive la liberté !
Je vous remercie pour cet entretien.
Philippe Lacoude interviewé par Grégoire Canlorbe
Diffusé aussi sur l'Institut Coppet, ...
Aussi au sein du livre:
Leçons de politique budgétaire
Par Bernard Landais
en rapport avec son étude empirique de l'effet Laffer en France année 80, ref: RFE de 1995
Référence de ses livres:
003833917
:
Action ou taxation : le défi fiscal
français / Philippe Lacoude, Frédéric Sautet ; avec la collab. de
Henri Lepage, Philippe Nataf, Véronique de Rugy... [et al.] ; préf. de
Jacques Raiman / Paris : Ed. Slatkine , 1996
053651359
:
INCIDENCE DE L'EVOLUTION DES
PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES SUR LES RECETTES FISCALES EN FRANCE [Texte
imprimé] / PHILIPPE LACOUDE / [S.l.] : [s.n.] , 1998
L’arbitraire fiscal au sein du livre
L'Homme libre
Mélanges en l'honneur de Pascal Salin
Lacoude, Philippe, Engagements pour la réforme fiscale
Laffer de mon hôte Philippe LACOUDE
Mieux qu'un renflouement
Mieux qu'un renflouement
Quatre étapes décideurs pourraient prendre pour aider les marchés financiers
Que devrait faire le gouvernement fédéral aurait fait à la place du
plan de sauvetage $ 700000000000 signé dans la loi par le président
George W. Bush? Voici quatre étapes de bon sens qui ne comportent pas la nationalisation partielle de l'industrie de la finance:
1) Augmenter le ratio de fonds propres pour government sponsored
enterprises et d'autres banques d'investissement au moins le niveau
imposé sur les banques commerciales, un solde de trésorerie de
généralement 8 pour cent de la valeur de marché des actifs négociables
de chaque entreprise pesé le risque de chaque actif.
Dans un système de banque libre, il n'y a pas besoin d'artificiels,
one-size-fits-all règles Securities and Exchange Commission.
Dans un tel système, le montant de capital en main devrait être laissée
aux banques elles-mêmes plutôt que les organismes de réglementation
gouvernementaux. Malheureusement, nous ne sommes pas dans un système de banque libre.
Nous avons une banque centrale, un prêteur de dernier ressort, et non
seulement elle ne garantit implicitement les pertes de certaines
banques, mais il ne les laisserons pas passer sous quand ils font des
erreurs, ce qui crée certaines mauvaises pratiques de prêt.
Dans ce contexte, l'élévation du niveau de réserve obligerait les
institutions à avoir suffisamment de capital pour faire face à une
augmentation soudaine de leurs taux de défaut au cours de resserrement
du crédit. La loi de sauvetage ne fait rien pour répondre à cette question.
2) accroître les gains en capital et les dividendes réduction d'impôt
après 2010, quand il arrive à échéance en vertu du droit actuel.
Cela porterait le taux de rendement des actifs financiers à peu de
frais pour le Trésor et donner une forte incitation pour les
contribuables de rester ou de revenir sur le marché.
3) Lever toutes les cotisations et d'admissibilité limites Roth IRA
pour le reste de 2008. Parce que les contributions Roth IRA ne sont pas
déductibles d'impôt, cette mesure n'a pas de coût immédiat pour le
Trésor, mais il serait probablement injecter des milliards de dollars
dans un marché tendu.
Ces mesures simples auraient permis au marché de poursuivre la
réorganisation de son secteur financier à absolument aucun coût pour les
contribuables.
Cela étant dit, si le président et le Congrès ont été Dead Set sur
l'injection directe de liquidités dans le système bancaire, ils
pourraient même avoir fait d'une manière qui aurait exposé les
contribuables à beaucoup moins d'incertitude:
4) Si le Congrès est absolument déterminé à passer de $ 700 000 000 000
le plan de sauvetage, il doit envoyer des chèques d'une valeur de $
3600 pour les 191 millions de contribuables américains à la place.
Ces contrôles devraient alors être déposés dans un certain type de
compte de retraite immobilisé ou être soumis à des règles de
distribution de l'IRA prématurés de l'Internal Revenue Service.
Les personnes les plus averses au risque pourraient investir cette
manne dans des fonds du marché monétaire relativement sûrs, empêchant
ainsi la crise du crédit prévu par les experts. Certains acheter des instruments tels que les fonds communs de placement, lesquels pourraient être fondées sur le marché.
Investisseurs avertis, ou du moins ceux avec un seuil élevé de risque,
profiteraient de la faiblesse des prix sur Wall Street pour acheter des
actions dans les banques en difficulté.
Une telle mesure aurait un grand succès auprès d'un électorat qui ne
font pas confiance aux politiciens et technocrates mêmes qui pendant des
années ignoré les signes avant-coureurs d'une crise du logement
imminente.
Et il l'aurait fait sans socialiser un gros morceau de Wall Street, une
intervention risquée et sans précédent sur les marchés dont les effets
complets ne seront pas clair pour de nombreuses années à venir. Philippe Lacoude est le président de la société de conseil Algokian.Collaborateur à la rédaction Véronique de Rugy est un chercheur principal au Centre Mercatus à l'université George Mason. Cette colonne est apparu au Reason.com.
- See more at:
http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=en&u=http://reason.org/news/show/better-than-a-bailout&usg=ALkJrhj0kr8U-bJU3V-RGcF-xvLFpSn9dg#sthash.0vNY4slR.dpuf
Mieux qu'un renflouement
Quatre étapes décideurs pourraient prendre pour aider les marchés financiers
Que devrait faire le gouvernement fédéral aurait fait à la place du
plan de sauvetage $ 700000000000 signé dans la loi par le président
George W. Bush? Voici quatre étapes de bon sens qui ne comportent pas la nationalisation partielle de l'industrie de la finance:
1) Augmenter le ratio de fonds propres pour government sponsored
enterprises et d'autres banques d'investissement au moins le niveau
imposé sur les banques commerciales, un solde de trésorerie de
généralement 8 pour cent de la valeur de marché des actifs négociables
de chaque entreprise pesé le risque de chaque actif.
Dans un système de banque libre, il n'y a pas besoin d'artificiels,
one-size-fits-all règles Securities and Exchange Commission.
Dans un tel système, le montant de capital en main devrait être laissée
aux banques elles-mêmes plutôt que les organismes de réglementation
gouvernementaux. Malheureusement, nous ne sommes pas dans un système de banque libre.
Nous avons une banque centrale, un prêteur de dernier ressort, et non
seulement elle ne garantit implicitement les pertes de certaines
banques, mais il ne les laisserons pas passer sous quand ils font des
erreurs, ce qui crée certaines mauvaises pratiques de prêt.
Dans ce contexte, l'élévation du niveau de réserve obligerait les
institutions à avoir suffisamment de capital pour faire face à une
augmentation soudaine de leurs taux de défaut au cours de resserrement
du crédit. La loi de sauvetage ne fait rien pour répondre à cette question.
2) accroître les gains en capital et les dividendes réduction d'impôt
après 2010, quand il arrive à échéance en vertu du droit actuel.
Cela porterait le taux de rendement des actifs financiers à peu de
frais pour le Trésor et donner une forte incitation pour les
contribuables de rester ou de revenir sur le marché.
3) Lever toutes les cotisations et d'admissibilité limites Roth IRA
pour le reste de 2008. Parce que les contributions Roth IRA ne sont pas
déductibles d'impôt, cette mesure n'a pas de coût immédiat pour le
Trésor, mais il serait probablement injecter des milliards de dollars
dans un marché tendu.
Ces mesures simples auraient permis au marché de poursuivre la
réorganisation de son secteur financier à absolument aucun coût pour les
contribuables.
Cela étant dit, si le président et le Congrès ont été Dead Set sur
l'injection directe de liquidités dans le système bancaire, ils
pourraient même avoir fait d'une manière qui aurait exposé les
contribuables à beaucoup moins d'incertitude:
4) Si le Congrès est absolument déterminé à passer de $ 700 000 000 000
le plan de sauvetage, il doit envoyer des chèques d'une valeur de $
3600 pour les 191 millions de contribuables américains à la place.
Ces contrôles devraient alors être déposés dans un certain type de
compte de retraite immobilisé ou être soumis à des règles de
distribution de l'IRA prématurés de l'Internal Revenue Service.
Les personnes les plus averses au risque pourraient investir cette
manne dans des fonds du marché monétaire relativement sûrs, empêchant
ainsi la crise du crédit prévu par les experts. Certains acheter des instruments tels que les fonds communs de placement, lesquels pourraient être fondées sur le marché.
Investisseurs avertis, ou du moins ceux avec un seuil élevé de risque,
profiteraient de la faiblesse des prix sur Wall Street pour acheter des
actions dans les banques en difficulté.
Une telle mesure aurait un grand succès auprès d'un électorat qui ne
font pas confiance aux politiciens et technocrates mêmes qui pendant des
années ignoré les signes avant-coureurs d'une crise du logement
imminente.
Et il l'aurait fait sans socialiser un gros morceau de Wall Street, une
intervention risquée et sans précédent sur les marchés dont les effets
complets ne seront pas clair pour de nombreuses années à venir. Philippe Lacoude est le président de la société de conseil Algokian.Collaborateur à la rédaction Véronique de Rugy est un chercheur principal au Centre Mercatus à l'université George Mason. Cette colonne est apparu au Reason.com.
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Mieux qu'un renflouement
Quatre étapes décideurs pourraient prendre pour aider les marchés financiers
Que devrait faire le gouvernement fédéral aurait fait à la place du
plan de sauvetage $ 700000000000 signé dans la loi par le président
George W. Bush? Voici quatre étapes de bon sens qui ne comportent pas la nationalisation partielle de l'industrie de la finance:
1) Augmenter le ratio de fonds propres pour government sponsored
enterprises et d'autres banques d'investissement au moins le niveau
imposé sur les banques commerciales, un solde de trésorerie de
généralement 8 pour cent de la valeur de marché des actifs négociables
de chaque entreprise pesé le risque de chaque actif.
Dans un système de banque libre, il n'y a pas besoin d'artificiels,
one-size-fits-all règles Securities and Exchange Commission.
Dans un tel système, le montant de capital en main devrait être laissée
aux banques elles-mêmes plutôt que les organismes de réglementation
gouvernementaux. Malheureusement, nous ne sommes pas dans un système de banque libre.
Nous avons une banque centrale, un prêteur de dernier ressort, et non
seulement elle ne garantit implicitement les pertes de certaines
banques, mais il ne les laisserons pas passer sous quand ils font des
erreurs, ce qui crée certaines mauvaises pratiques de prêt.
Dans ce contexte, l'élévation du niveau de réserve obligerait les
institutions à avoir suffisamment de capital pour faire face à une
augmentation soudaine de leurs taux de défaut au cours de resserrement
du crédit. La loi de sauvetage ne fait rien pour répondre à cette question.
2) accroître les gains en capital et les dividendes réduction d'impôt
après 2010, quand il arrive à échéance en vertu du droit actuel.
Cela porterait le taux de rendement des actifs financiers à peu de
frais pour le Trésor et donner une forte incitation pour les
contribuables de rester ou de revenir sur le marché.
3) Lever toutes les cotisations et d'admissibilité limites Roth IRA
pour le reste de 2008. Parce que les contributions Roth IRA ne sont pas
déductibles d'impôt, cette mesure n'a pas de coût immédiat pour le
Trésor, mais il serait probablement injecter des milliards de dollars
dans un marché tendu.
Ces mesures simples auraient permis au marché de poursuivre la
réorganisation de son secteur financier à absolument aucun coût pour les
contribuables.
Cela étant dit, si le président et le Congrès ont été Dead Set sur
l'injection directe de liquidités dans le système bancaire, ils
pourraient même avoir fait d'une manière qui aurait exposé les
contribuables à beaucoup moins d'incertitude:
4) Si le Congrès est absolument déterminé à passer de $ 700 000 000 000
le plan de sauvetage, il doit envoyer des chèques d'une valeur de $
3600 pour les 191 millions de contribuables américains à la place.
Ces contrôles devraient alors être déposés dans un certain type de
compte de retraite immobilisé ou être soumis à des règles de
distribution de l'IRA prématurés de l'Internal Revenue Service.
Les personnes les plus averses au risque pourraient investir cette
manne dans des fonds du marché monétaire relativement sûrs, empêchant
ainsi la crise du crédit prévu par les experts. Certains acheter des instruments tels que les fonds communs de placement, lesquels pourraient être fondées sur le marché.
Investisseurs avertis, ou du moins ceux avec un seuil élevé de risque,
profiteraient de la faiblesse des prix sur Wall Street pour acheter des
actions dans les banques en difficulté.
Une telle mesure aurait un grand succès auprès d'un électorat qui ne
font pas confiance aux politiciens et technocrates mêmes qui pendant des
années ignoré les signes avant-coureurs d'une crise du logement
imminente.
Et il l'aurait fait sans socialiser un gros morceau de Wall Street, une
intervention risquée et sans précédent sur les marchés dont les effets
complets ne seront pas clair pour de nombreuses années à venir. Philippe Lacoude est le président de la société de conseil Algokian.Collaborateur à la rédaction Véronique de Rugy est un chercheur principal au Centre Mercatus à l'université George Mason. Cette colonne est apparu au Reason.com.
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