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mai 03, 2015

Une gestion du risque pour une socièté qui vire aux risques!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Nous allons vers une socièté du risque...; Mais ne l' a t-elle jamais été?

Pour tenter d’y voir un peu plus clair, on ne saurait trop conseiller la lecture de La société du risque, l’ouvrage majeur du sociologue allemand Ulrich Beck, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Aubier. Rédigé en l986, juste après la catastrophe de Tchernobyl, il a déjà conquis un large public au Canada, aux Etats-Unis et en Europe du Nord.

Voici sa thèse centrale : après une « première modernité », qui prit son essor aux XVIIIe siècle, domina le XIXe et s’achève aujourd’hui, nos sociétés occidentales seraient entrées dans une deuxième phase, marquée par une prise de conscience des risques engendrés en son propre sein par le développement, puis la mondialisation des sciences et des techniques. C’est tout à la fois l’opposition frontale, mais aussi les liens secrets qu’entretiennent ces « deux modernités » qu’il faudrait d’abord comprendre pour saisir la situation radicalement nouvelle dans laquelle est plongée l’Occident le plus avancé. Arrêtons-nous un instant à ce diagnostic. Il en vaut la peine.


Une première modernité, encore « tronquée » et « dogmatique » .

Elle se caractérisait par quatre traits fondamentaux, indissociables les uns des autres.

D’abord une conception encore autoritaire et dogmatique de la science : sûre d’elle-même et dominatrice à l’égard de son principal objet, la nature, elle prétendait, sans le moindre doute ni esprit d’autocritique, rimer avec émancipation et bonheur des hommes. Elle leur faisait promesse de les affranchir de l’obscurantisme religieux des siècles passés, et de leur assurer d’un même mouvement les moyens de se rendre, selon la fameuse formule cartésienne, « comme maîtres et possesseurs » d’un univers utilisable et corvéable à merci pour réaliser leur bien-être matériel.

Solidement ancrée dans cet optimisme de la science, l’idée de progrès, définie en termes de liberté et de bonheur, s’inscrivait très logiquement dans les cadres de la démocratie parlementaire et de l’Etat-nation . Science et démocraties nationales allaient de pair : ne va-t-il pas de soi que les vérités dévoilées par la première sont, à l’image des principes qui fondent la seconde, par essence destinés à tous ? Comme les droits de l’homme, les lois scientifiques possèdent une prétention à l’universalité : elles doivent, du moins en principe, être valables pour tous les être humains, sans distinction de race, de classe ni de sexe.

Dès lors, l’affaire majeure des nouveaux Etats-Nations scientifico-démocratiques était la production et le partage des richesses. En quoi leur dynamique était bien, comme l’avait dit Tocqueville, celle de l’égalité ou, si l’on préfère les formulations marxiennes, de la lutte contre les inégalités. Et dans ce combat difficile mais résolu, la confiance en l’avenir était de rigueur de sorte que la question des risques s’y trouvait très largement reléguée au second plan.

Enfin, les rôles sociaux et familiaux étaient encore figés, voire naturalisés : les distinctions de classe et de sexe, pour ne rien dire des différences ethniques, bien que fragilisées en droit et problématiques en principe, n’en demeuraient pas moins de facto perçues comme intangibles. On parlait alors de La civilisation au singulier, comme s’il allait de soi qu’elle était d’abord européenne, blanche et masculine.

Sur ces quatre points, la seconde modernité va entrer en rupture avec la première. Mais elle va le faire, non par l’effet d’une critique externe, en s’appuyant sur un modèle social et politique nouveau, mais au contraire par l’approfondissement de ses propres principes.


Une seconde modernité, qui accomplit la première en se retournant contre elle : la naissance de « l’auto-réflexion » ou l’avènement de la « société du risque »
.

Du côté de la science tout d’abord, et de ses rapports avec la nature, le XXe siècle finissant est le lieu d’une véritable révolution : ce n’est plus aujourd’hui la nature qui engendre les risques majeurs, mais la recherche scientifique, ce n’est donc plus la première qu’il faut dominer, mais bien la seconde, car pour la première fois dans son histoire, elle fournit à l’espèce humaine les moyens de sa propre destruction. Et cela, bien entendu, ne vaut pas seulement pour les risques engendrés, à l’intérieur des sociétés modernes, par l’usage industriel des nouvelles technologies, mais tout autant pour ceux qui tiennent à la possibilité qu’elles soient employées, sur le plan politique, par d’autres que nous. Si le terrorisme inquiète davantage aujourd’hui qu’hier, c’est aussi, sinon exclusivement, parce que nous avons pris conscience du fait qu’il peut désormais – ou pourra bientôt – se doter d’armes chimiques, voire nucléaires redoutables. Le contrôle des usages et des effets de la science moderne nous échappe et sa puissance débridée inquiète.

Du coup, face à ce « procès sans sujet » d’une mondialisation qu’aucune « gouvernance mondiale » ne parvient à maîtriser, le cadre de l’Etat-nation, et, avec lui, des formes traditionnelles de la démocratie parlementaire, paraît étrangement étriqué, pour ne pas dire dérisoire. Le nuage de Tchernobyl ne s’arrête pas, par quelque miracle républicain, aux frontières de la France. De leur côté, les processus qui commandent la croissance économique ou les marchés financiers n’obéissent plus au dictat de représentants du peuple désormais bien incapables de tenir les promesses qu’ils voudraient lui faire. De là, bien sûr, le succès résiduel de ceux qui entendent nous convaincre, à l’image de nos néo-républicains, qu’un retour en arrière est possible, que la vieille alliance de la science, de la nation et du progrès n’est qu’affaire de civisme et de « volonté politique » : on aimerait tant y croire qu’un coefficient non négligeable de sympathie s’attache inévitablement à leurs propos nostalgiques…

Face à cette évolution des pays les plus développés, la question du partage des richesse tend à passer au second plan. Non qu’elle disparaisse, bien sûr, mais elle s’estompe devant les nécessités nouvelles d’une solidarité devant des risques d’autant plus menaçants qu’étant mondialisés, ils échappent pour une large part aux compétences des Etats-Nations comme à l’emprise réelle des procédures démocratiques ordinaires.

Enfin, sous les effets d’une auto-critique (auto-réflexion) désormais généralisée, les anciens rôles sociaux sont remis en question. Déstabilisés, ils cessent d’apparaître comme inscrits dans une éternelle nature, ainsi qu’en témoignent de manière exemplaire les multiples facettes du mouvement de libération des femmes.



On pourrait bien sûr compléter et discuter longuement ce tableau. Il mériterait sans nul doute plus de détails et de couleurs. Son intérêt n’en est pas moins considérable si l’on veut bien admettre qu’il tend à montrer de façon convaincante comment la « seconde modernité », malgré les contrastes et les oppositions qu’on vient d’évoquer, n’est rien d’autre en vérité que l’inéluctable prolongement de la première : si les visages traditionnels de la science et de la démocratie républicaines sont aujourd’hui fragilisés, ce n’est pas simplement par « irrationalisme », ni seulement par manque de civisme, mais paradoxalement, par fidélité aux principes des Lumières. Rien ne le montre mieux que l’évolution actuelle des mouvements écologistes dans les pays qui, contrairement au nôtre, possèdent déjà une longue tradition en la matière – au Canada et en Europe du nord par exemple : les débats sur le principe de précaution ou le développement durable y recourent sans cesse davantage à des arguments scientifiques ainsi qu’à une volonté démocratique affichée. Dès lors qu’on distingue deux modernités, il nous faut aussi apprendre à ne plus confondre deux figures bien différentes de l’anti-modernisme : la première, apparue avec le romantisme en réaction aux Lumières, s’appuyait sur la nostalgie des paradis perdus pour dénoncer les artifices de l’univers démocratique, elle soulignait la richesse des sentiments et des passions de l’âme, contre la sécheresse de la science. Un bonne part de l’écologie contemporaine y puise sans doute encore ses racines. Mais une autre s’en est émancipée : si elle remet en question la science et la démocratie d’Etat-Nation, c’est au nom d’une scientificité et d’un idéal démocratique élargis aux dimensions du monde et soucieux de pratiquer l’introspection. Autrement dit, c’est désormais à l’hyper-modernisme et non à l’esprit de réaction, que les principales critiques du monde moderne s’alimentent. Ce constat, s’il est juste, emporte une conséquence décisive : la société du risque, fondée sur la peur et l’auto-réflexion, n’est pas derrière nous, mais bel et bien devant, elle n’est pas un archaïsme, une survivance des anciennes figures de la résistance au progrès, mais son dernier avatar.

Voici le paradoxe auquel nous confrontent ces deux analyses : d’une part, il nous faut plus que jamais peut-être, envisager sérieusement de donner un contenu concret à l’idée de développement durable. D’un autre côté, cependant, ses conditions de possibilités semblent bien problématiques au sein d’un univers mondialisé où le contrôle exercé par les êtres humains sur leur propre destin tend à se réduire comme une peau de chagrin. Voilà, il me semble, la contradiction cruciale qu’il nous faudra apprendre à résoudre au cours du siècle que nous venons d’inaugurer.
 
Ulrich Beck




  

 Source: provient de mes blogs Lumières et Liberté et Humanitas via

Une gestion du risque pour une socièté qui vire aux risques!

 

Hommage:

Le sociologue allemand Ulrich Beck, à qui l'on doit notamment le concept de la « société du risque », est décédé le 1er janvier d'un infarctus, à l'âge de 70 ans. Né le 15 mai 1944 à Stolp, aujourd'hui Słupsk en Pologne, Ulrich Beck a grandi à Hanovre, mais a fait ses études supérieures à Munich, où il a étudié la sociologie, la psychologie et les sciences politiques.

L'année même de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986, il publie son ouvrage majeur : La Société du risque (Aubier, 2001), qui connaîtra un succès mondial, mais ne sera traduit en français que quinze ans plus tard.

Pour lui, « la production sociale des richesses » est désormais inséparable de « la production sociale de risques ». L'ancienne politique de distribution des « biens » de la société industrielle doit donc être relayée par une politique de distribution des « maux » engendrés par cette société.

Comme le note le sociologue belge Frédéric Vandenberghe dans une Introduction à la sociologie cosmopolitique du risque d'Ulrich Beck, « confrontée aux conséquences de la politique d'industrialisation, la société industrielle devient “réflexive”, ce qui veut dire qu'elle devient un thème et un problème pour elle-même ». Une théorie qui a eu un impact important sur le mouvement écologiste allemand, qui a pris son essor dans les années 1980 et a été notamment influencé par la « seconde modernité » décrite par Ulrich Beck.

Lorsqu'Angela Merkel a annoncé en mars 2011, après la catastrophe de Fukushima, vouloir renoncer au nucléaire civil à l'horizon 2022, Ulrich Beck avait accepté de faire partie de la commission éthique chargée de réfléchir à la faisabilité d'un tel projet pour l'Allemagne.

« NON À L'EUROPE ALLEMANDE »
Ses réflexions sur le risque ont amené Ulrich Beck à remettre très tôt en question les Etats-nations, une notion qu'il qualifiait de « catégorie-zombie ». Il était en faveur d'un Parlement mondial, tout en soulignant les risques que cette mondialisation entraînait pour l'individu, de moins en moins protégé par des structures collectives et de plus en plus dépendant d'une réussite individuelle reposant notamment sur l'éducation et le savoir.

Pour Ulrich Beck, la construction européenne était une étape importante vers la voie de la mondialisation maîtrisée qu'il appelait de ses vœux. En 2010, avec notamment les députés européens Daniel Cohn-Bendit et Sylvie Goulard et l'ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, il faisait partie du groupe Spinelli, qui plaidait pour une Europe fédérale.

Avec le philosophe Jürgen Habermas, dont il était proche, Ulrich Beck était l'un des intellectuels allemands les plus engagés ces dernières années dans le combat européen. Les titres de deux de ses derniers ouvrages, Pour un empire européen et Non à l'Europe allemande, en témoignent.

Ulrich Beck aimait mettre en avant les cours qu'il avait donnés à la London School of Economics et à la Maison des sciences de l'homme à Paris. Ne détestant pas la polémique, Ulrich Beck s'en était violemment pris ces dernières années à Angela Merkel, fustigeant l'attentisme de la chancelière. Il avait créé le néologisme Merkiavel, qui allait faire florès dans toute l'Europe.

Frédéric Lemaître  du Monde

avril 19, 2015

L'esclavage une autre vérité !! Hommage RIP - Quand l'histoire rattrape un racisme occidental ! Réactualisé cliquez chapitre Iet + 11/17

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.








Qu'en penserait Me la Ministre d'Etat, la Ministre des Sceaux TAUBIRA
"Taubira pas hein ton histoire anti -française, anti coloniale, effectuée par le socialisme de l'époque !!"

 Sommaire:

A) L'histoire oubliée des Blancs réduits en esclavage. Les Blancs ont oublié ce dont les Noirs se souviennent. Par MM. Robert C. Davis, Christian Slaves


B) L’autre esclavage : un aperçu de la traite arabo-musulmane - Entretien avec Tidiane N’Diaye  par Philippe Triay

C) Hommage - Abolition de l'esclavage par Alain Genestine sur un autre de mes sites: Humanitas

D) Esclavage de Wikiberal

E) Racisme de Wikiberal

F) 622 au XXe siècle - L'esclavage en terre d'islam - Alban Dignat via hérodote

G) Sainte Bathilde : une esclave qui devint reine - envie d'histoire

H) http://www.lisapoyakama.org/les-noirs-ont-vendu-les-noirs/

I) L'invasion islamique de l'Inde: le plus grand génocide de l'histoire 



 A) L'histoire oubliée des Blancs réduits en esclavage. Les Blancs ont oublié ce dont les Noirs se souviennent.

Les historiens américains ont étudié tous les aspects de l'esclavage des Africains par les Blancs, mais ont largement ignoré l'esclavage des Blancs par les Nord-Africains. Christian Slaves, Muslim Masters [ Esclaves chrétiens, maîtres musulmans ] est un récit soigneusement documenté et clairement écrit de ce que le Prof Davis nomme « l'autre esclavage », qui s'épanouit durant approximativement la même période que le trafic transatlantique, et qui dévasta des centaines de communautés côtières européennes. Dans la pensée des Blancs d'aujourd'hui, l'esclavage ne joue pas du tout le rôle central qu'il joue chez les Noirs, mais pas parce qu'il fut un problème de courte durée ou sans importance. L'histoire de l'esclavage méditerranéen est, en fait, aussi sombre que les descriptions les plus tendancieuses de l'esclavage américain.

Au XVIe siècle, les esclaves blancs razziés par les musulmans furent plus nombreux que les Africains déportés aux Amériques.


Un commerce en gros
La côte barbaresque, qui s'étend du Maroc à la Libye moderne, fut le foyer d'une industrie florissante de rapt d'êtres humains depuis 1500 jusqu'à 1800 environs. Les grandes capitales esclavagistes étaient Salé au Maroc, Tunis, Alger et Tripoli, et pendant la plus grande partie de cette période les marines européennes étaient trop faibles pour opposer plus qu'une résistance symbolique.

Le trafic transatlantique des Noirs était strictement commercial, mais pour les Arabes, les souvenirs des Croisades et la fureur d'avoir été expulsés d'Espagne en 1492 semblent avoir motivé une campagne de rapt de chrétiens, ressemblant presque à un djihad.

 « Ce fut peut-être cet aiguillon de la vengeance, opposé aux marchandages affables de la place du marché, qui rendit les esclavagistes islamiques tellement plus agressifs et initialement (pourrait-on dire) plus prospères dans leur travail que leurs homologues chrétiens »
, écrit le Prof. Davis.

Pendant les XVIe et XVIIe siècles, plus d'esclaves furent emmenés vers le sud à travers la Méditerranée que vers l'ouest à travers l'Atlantique. Certains furent rendus à leurs familles contre une rançon, certains furent utilisés pour le travail forcé en Afrique du Nord, et les moins chanceux moururent à la tâche comme esclaves sur les galères.

Ce qui est le plus frappant concernant les raids esclavagistes barbaresques est leur ampleur et leur portée. Les pirates kidnappaient la plupart de leurs esclaves en interceptant des bateaux, mais ils organisaient aussi d'énormes assauts amphibies qui dépeuplèrent pratiquement des parties de la côte italienne. L'Italie était la cible la plus appréciée, en partie parce que la Sicile n'est qu'à 200 km de Tunis, mais aussi parce qu'elle n'avait pas de gouvernement central fort qui aurait pu résister à l'invasion.

De grands raids ne rencontraient souvent aucune résistance.
Quand les pirates mirent à sac Vieste dans le sud de l'Italie en 1554, par exemple, ils enlevèrent un total stupéfiant de 6.000 captifs. Les Algériens enlevèrent 7.000 esclaves dans la baie de Naples en 1544, un raid qui fit tellement chuter le prix des esclaves qu'on disait pouvoir « troquer un chrétien pour un oignon ».

L'Espagne aussi subit des attaques de grande ampleur. Après un raid sur Grenade en 1556 qui rapporta 4.000 hommes, femmes et enfants, on disait qu'il « pleuvait des chrétiens sur Alger ». Pour chaque grand raid de ce genre, il a dû y en avoir des douzaines de plus petits. 

L'apparition d'une grande flotte pouvait faire fuir toute la population à l'intérieur des terres, vidant les régions côtières. 

En 1566, un groupe de 6.000 Turcs et corsaires traversa l'Adriatique et débarqua à Fracaville. Les autorités ne purent rien faire, et recommandèrent l'évacuation complète, laissant aux Turcs le contrôle de plus de 1300 kilomètres carrés de villages abandonnés jusqu'à Serracapriola.

Quand les pirates apparaissaient, les gens fuyaient souvent la côte pour aller dans la ville la plus proche, mais le Prof. Davis explique que ce n'était pas toujours une bonne stratégie: « Plus d'une ville de taille moyenne, bondée de réfugiés, fut incapable de soutenir un assaut frontal par plusieurs centaines de corsaires, et le reis [ capitaine des corsaires ] qui aurait dû autrement chercher les esclaves par quelques douzaines à la fois le long des plages et dans les collines, pouvait trouver un millier ou plus de captifs opportunément rassemblés en un seul endroit pour être pris. »

Les pirates revenaient encore et encore pour piller le même territoire. En plus d'un bien plus grand nombre de petits raids, la côte calabraise subit les déprédations suivantes, de plus en plus graves, en moins de dix ans : 700 personnes capturées en un seul raid en 1636, un millier en 1639 et 4.000 en 1644. 

Durant les XVIe et XVIIe siècles, les pirates installèrent des bases semi-permanentes sur les îles d'Ischia et de Procida, presque dans l'embouchure de la baie de Naples, d'où ils faisaient leur choix de trafic commercial.

Quand ils débarquaient sur le rivage, les corsaires musulmans ne manquaient pas de profaner les églises. Ils dérobaient souvent les cloches, pas seulement parce que le métal avait de la valeur, mais aussi pour réduire au silence la voix distinctive du christianisme.

Dans les petits raids plus fréquents, un petit nombre de bateaux opéraient furtivement, tombant sur les établissements côtiers au milieu de la nuit de manière à attraper les gens « paisibles et encore nus dans leur lit ». Cette pratique donna naissance à l'expression sicilienne moderne, pigliato dai turchi, « pris par les Turcs », ce qui veut dire être attrapé par surprise en étant endormi ou affolé.

La prédation constante faisait un nombre terrible de victimes.
Les femmes étaient plus faciles à attraper que les hommes, et les régions côtières pouvaient rapidement perdre toutes leurs femmes en âge d'avoir des enfants. Les pêcheurs avaient peur de sortir, où ne prenaient la mer qu'en convois. Finalement, les Italiens abandonnèrent une grande partie de leurs côtes. Comme l'explique le Prof. Davis, à la fin du XVIIe siècle « la péninsule italienne avait alors été la proie des corsaires barbaresques depuis deux siècles ou plus, et ses populations côtières s'étaient alors en grande partie retirées dans des villages fortifiés sur des collines ou dans des villes plus grandes comme Rimini, abandonnant des kilomètres de rivages autrefois peuplés aux vagabonds et aux flibustiers ».

C'est seulement vers 1700 que les Italiens purent empêcher les raids terrestres spectaculaires, bien que la piraterie sur les mers continua sans obstacle. 

La piraterie conduisit l'Espagne et surtout l'Italie à se détourner de la mer et à perdre leurs traditions de commerce et de navigation, avec des effets dévastateurs : « Du moins pour l'Ibérie et l'Italie, le XVIIe siècle représenta une période sombre dont les sociétés espagnole et italienne émergèrent comme de simples ombres de ce qu'elles avaient été durant les époques dorées antérieures »

Certains pirates arabes étaient d'habiles navigateurs de haute mer, et terrorisèrent les chrétiens jusqu'à une distance de 1600 km. Un raid spectaculaire jusqu'en Islande en 1627 rapporta près de 400 captifs.

Nous pensons que l'Angleterre était une redoutable puissance maritime dès l'époque de Francis Drake, mais pendant tout le XVIIe siècle, les pirates arabes opérèrent librement dans les eaux britanniques, pénétrant même dans l'estuaire de la Tamise pour faire des prises et des raids sur les villes côtières. En seulement trois ans, de 1606 à 1609, la marine britannique reconnut avoir perdu pas moins de 466 navires marchands britanniques et écossais du fait des corsaires algériens. Au milieu des années 1600, les Britanniques se livraient à un actif trafic trans-atlantique de Noirs, mais beaucoup des équipages britanniques eux-mêmes devenaient la propriété des pirates arabes.

La vie sous le fouet.
Les attaques terrestres pouvaient être très fructueuses, mais elles étaient plus risquées que les prises en mer. Les navires étaient par conséquent la principale source d'esclaves blancs. À la différence de leurs victimes, les navires-corsaires avaient deux moyens de propulsion : les esclaves des galères en plus des voiles. Cela signifiait qu'ils pouvaient avancer à la rame vers un bateau encalminé et l'attaquer quand ils le voulaient. Ils portaient de nombreux drapeaux différents, donc quand ils naviguaient ils pouvaient arborer le pavillon qui avait le plus de chances de tromper une proie.

Un navire marchand de bonne taille pouvait porter environ 20 marins en assez bonne santé pour durer quelques années dans les galères, et les passagers étaient habituellement bons pour en tirer une rançon. Les nobles et les riches marchands étaient des prises attractives, de même que les Juifs, qui pouvaient généralement rapporter une forte rançon de la part de leurs coreligionnaires. Les hauts dignitaires du clergé étaient aussi précieux parce que le Vatican payait habituellement n'importe quel prix pour les tirer des mains des infidèles.

À l'approche des pirates, les passagers enlevaient souvent leurs beaux vêtements et tentaient de s'habiller aussi pauvrement que possible, dans l'espoir que leurs ravisseurs les rendraient à leur famille contre une rançon modeste. Cet effort était inutile si les pirates torturaient le capitaine pour avoir des informations sur les passagers. Il était aussi courant de faire déshabiller les hommes, à la fois pour rechercher des objets de valeur cousus dans leurs vêtements et pour voir si des Juifs circoncis ne s'étaient pas déguisés en chrétiens.

Si les pirates étaient à court d'esclaves pour les galères, ils pouvaient mettre certains de leurs captifs au travail immédiatement, mais les prisonniers étaient généralement mis dans la cale pour le voyage de retour. Ils étaient entassés, pouvant à peine bouger dans la saleté, la puanteur et la vermine, et beaucoup mouraient avant d'atteindre le port.

Dès l'arrivée en Afrique du Nord, c'était la tradition de faire défiler les chrétiens récemment capturés dans les rues, pour que les gens puissent se moquer d'eux et que les enfants puissent les couvrir d'ordures.

Au marché aux esclaves, les hommes étaient obligés de sautiller pour prouver qu'ils n'étaient pas boiteux, et les acheteurs voulaient souvent les faire mettre nus pour voir s'ils étaient en bonne santé. Cela permettait aussi d'évaluer la valeur sexuelle des hommes comme des femmes; les concubines blanches avaient une valeur élevée, et toutes les capitales esclavagistes avaient un réseau homosexuel florissant. Les acheteurs qui espéraient faire un profit rapide avec une forte rançon examinaient les lobes d'oreilles pour repérer des marques de piercing, ce qui était une indication de richesse. Il était aussi habituel de regarder les dents d'un captif pour voir s'il pourrait survivre à un dur régime d'esclave.

Le pacha ou souverain de la région recevait un certain pourcentage d'esclaves comme une forme d'impôt sur le revenu. Ceux-ci étaient presque toujours des hommes, et devenaient propriété du gouvernement plutôt que propriété privée. À la différence des esclaves privés, qui embarquaient habituellement avec leur maître, ils vivaient dans les bagnos ou « bains », ainsi que les magasins d'esclaves du pacha étaient appelés. Il était habituel de raser la tête et la barbe des esclaves publics comme une humiliation supplémentaire, dans une période où la tête et la pilosité faciale étaient une part importante de l'identité masculine.

La plupart de ces esclaves publics passaient le reste de leur vie comme esclaves sur les galères, et il est difficile d'imaginer une existence plus misérable. Les hommes étaient enchaînés trois, quatre ou cinq par aviron, leurs chevilles enchaînées ensemble aussi. Les rameurs ne quittaient jamais leur rame, et quand on les laissait dormir, ils dormaient sur leur banc. Les esclaves pouvaient se pousser les uns les autres pour se soulager dans une ouverture de la coque, mais ils étaient souvent trop épuisés ou découragés pour bouger, et se souillaient là où ils étaient assis. Ils n'avaient aucune protection contre le brûlant soleil méditerranéen, et leur maître écorchait leur dos déjà à vif avec l'instrument d'encouragement favori du conducteur d'esclaves, un pénis de bœuf allongé ou « nerf de bœuf ». Il n'y avait presque aucun espoir d'évasion ou de secours; le travail d'un esclave de galère était de se tuer à la tâche -- principalement dans des raids pour capturer encore plus de malheureux comme lui -- et son maître le jetait par-dessus bord au premier signe de maladie grave.

Quand la flotte pirate était au port, les esclaves de galères vivaient dans le bagno et faisaient tout le travail sale, dangereux ou épuisant que le pacha leur ordonnait de faire. C'était habituellement tailler et traîner des pierres, draguer le port, ou les ouvrages pénibles. Les esclaves se trouvant dans la flotte du Sultan turc n'avaient même pas ce choix. Ils étaient souvent en mer pendant des mois d'affilée, et restaient enchaînés à leurs rames même au port. Leurs bateaux étaient des prisons à vie.

D'autres esclaves sur la côte barbaresque avaient des travaux plus variés. Souvent ils faisaient du travail de propriétaire ou agricole du genre que nous associons à l'esclavage en Amérique, mais ceux qui avaient des compétences étaient souvent loués par leurs propriétaires. Certains maîtres relâchaient simplement leurs esclaves pendant la journée avec l'ordre de revenir avec une certaine quantité d'argent le soir sous peine d'être sévèrement battus. Les maîtres semblaient attendre un bénéfice d'environ 20% sur le prix d'achat. Quoi qu'ils fissent, à Tunis et à Tripoli, les esclaves portaient habituellement un anneau de fer autour d'une cheville, et étaient chargés d'une chaîne pesant 11 ou 14 kg.

Certains maîtres mettaient leurs esclaves blancs au travail dans des fermes loin à l'intérieur des terres, où ils affrontaient encore un autre péril : la capture et un nouvel esclavage par des raids de Berbères. Ces infortunés ne verraient probablement plus jamais un autre Européen pendant le reste de leur courte vie.

Le Prof. Davis remarque qu'il n'y avait aucun obstacle à la cruauté :

 « Il n'y avait pas de force équivalente pour protéger l'esclave de la violence de son maître : pas de lois locales contre la cruauté, pas d'opinion publique bienveillante, et rarement de pression efficace de la part des États étrangers ».

 Les esclaves blancs n'étaient pas seulement des marchandises, ils étaient des infidèles, et méritaient toutes les souffrances qu'un maître leur infligeait.

Le Prof. Davis note que « tous les esclaves qui vécurent dans les bagnos et qui survécurent pour écrire leurs expériences soulignèrent la cruauté et la violence endémiques pratiquées ici ». La punition favorite était la bastonnade, par laquelle un homme était mis sur le dos et ses chevilles attachées et suspendu par la taille pour être battu longuement sur la plante des pieds. Un esclave pouvait recevoir jusqu'à 150 ou 200 coups, qui pouvaient le laisser estropié. La violence systématique transformait beaucoup d'hommes en automates.

Les esclaves chrétiens étaient souvent si abondants et si bon marché qu'il n'y avait aucun intérêt à s'en occuper; beaucoup de propriétaires les faisaient travailler jusqu'à la mort et achetaient des remplaçants.

Les esclaves publics contribuaient aussi à un fonds pour entretenir les prêtres du bagno. C'était une époque très religieuse, et même dans les plus horribles conditions, les hommes voulaient avoir une chance de se confesser et, plus important, de recevoir l'extrême-onction. Il y avait presque toujours un prêtre captif ou deux dans le bagno, mais pour qu'il reste disponible pour ses devoirs religieux, les autres esclaves devaient contribuer et racheter son temps au pacha. Certains esclaves de galères n'avaient donc plus rien pour acheter de la nourriture ou des vêtements, bien que durant certaines périodes des Européens libres vivant dans les villes barbaresques contribuaient aux frais d'entretien des prêtres des bagnos.

Pour quelques-uns, l'esclavage devenait plus que supportable. Certains métiers, en particulier celui de constructeur de navire, étaient si recherchés qu'un propriétaire pouvait récompenser son esclave avec une villa privée et des maîtresses. Même quelques résidents du bagno réussirent à exploiter l'hypocrisie de la société islamique et à améliorer leur condition. La loi interdisait strictement aux musulmans de faire le commerce de l'alcool, mais était plus indulgente avec les musulmans qui le consommaient seulement. Des esclaves entreprenants établirent des tavernes dans les bagnos et certains eurent la belle vie en servant les buveurs musulmans.

Une manière d'alléger le poids de l'esclavage était de « prendre le turban » et de se convertir à l'islam. Cela exemptait un homme du service dans les galères, des ouvrages pénibles, et de quelques autres brimades indignes d'un fils du Prophète, mais ne le faisait pas sortir de la condition d'esclave. L'un des travaux des prêtres des bagnos était d'empêcher les hommes désespérés de se convertir, mais la plupart des esclaves semblent ne pas avoir eu besoin de conseil religieux. Les chrétiens pensaient que la conversion mettrait leur âme en danger, et elle signifiait aussi le déplaisant rituel de la circoncision adulte. Beaucoup d'esclaves semblent avoir enduré les horreurs de l'esclavage en les considérant comme une punition pour leurs péchés et comme une épreuve pour leur foi. Les maîtres décourageaient les conversions parce qu'elles limitaient le recours aux mauvais traitements et abaissaient la valeur de revente d'un esclave.



Rançon et rachat des esclaves blanc
Pour les esclaves, l'évasion était impossible. Ils étaient trop loin de chez eux, étaient souvent enchaînés, et pouvaient être immédiatement identifiés par leurs traits européens. Le seul espoir était la rançon.

Parfois, la chance venait rapidement. Si un groupe de pirates avait déjà capturé tant d'hommes qu'il n'avait plus assez d'espace sous le pont, il pouvait faire un raid sur une ville et ensuite revenir quelques jours plus tard pour revendre les captifs à leurs familles. C'était généralement à un prix bien plus faible que celui du rançonnement de quelqu'un à partir de l'Afrique du Nord, mais c'était encore bien plus que des paysans pouvaient se le permettre. Les fermiers n'avaient généralement pas d'argent liquide, et pas de biens à part la maison et la terre. Un marchand était généralement prêt à les acquérir pour un prix modique, mais cela signifiait qu'un captif revenait dans une famille qui était complètement ruinée.

La plupart des esclaves ne rachetaient leur retour qu'après être passés par l'épreuve du passage en pays barbaresque et de la vente à un spéculateur. Les riches captifs pouvaient généralement trouver une rançon suffisante, mais la plupart des esclaves ne le pouvaient pas. Les paysans illettrés ne pouvaient pas écrire à la maison et même s'ils le faisaient, il n'y avait pas d'argent pour une rançon.

La majorité des esclaves dépendait donc de l'œuvre charitable des Trinitaires (fondé en Italie en 1193) et de celle des Mercedariens (fondé en Espagne en 1203). Ceux-ci étaient des ordres religieux établis pour libérer les Croisés détenus par les musulmans, mais ils transférèrent bientôt leur œuvre au rachat des esclaves détenus par les Barbaresques, collectant de l'argent spécifiquement dans ce but. Souvent ils plaçaient des boîtes à serrure devant les églises avec l'inscription « Pour la récupération des pauvres esclaves », et le clergé appelait les riches chrétiens à laisser de l'argent dans leurs vœux de rédemption. Les deux ordres devinrent des négociateurs habiles, et réussissaient habituellement à racheter les esclaves à des meilleurs prix que ceux obtenus par des libérateurs inexpérimentés. Cependant, il n'y avait jamais assez d'argent pour libérer beaucoup de captifs, et le Prof. Davis estime que pas plus de 3 ou 4% des esclaves étaient rançonnés en une seule année. Cela signifie que la plupart laissèrent leurs os dans les tombes chrétiennes sans marque en dehors des murs des villes.

Les ordres religieux conservaient des comptes précis de leurs succès. Les Trinitaires espagnols, par exemple, menèrent 72 expéditions de rachats dans les années 1600, comptant en moyenne 220 libérations chacune. Il était habituel de ramener les esclaves libérés chez eux et de les faire marcher dans les rues des villes dans de grandes célébrations. Ces défilés devinrent l'un des spectacles urbains les plus caractéristiques de l'époque, et avaient une forte orientation religieuse. Parfois les esclaves marchaient dans leurs vieux haillons d'esclaves pour souligner les tourments qu'ils avaient subis; parfois ils portaient des costumes blancs spéciaux pour symboliser la renaissance. D'après les archives de l'époque, beaucoup d'esclaves libérés ne se rétablissaient jamais complètement après leurs épreuves, particulièrement s'ils avaient passé beaucoup d'années en captivité. 

Combien d'esclaves ?
Le Prof. Davis remarque que des recherches énormes ont été faites pour évaluer aussi exactement que possible le nombre de Noirs emmenés à travers l'Atlantique, mais qu'il n'y a pas eu d'effort semblable pour connaître l'ampleur de l'esclavage en Méditerranée. Il n'est pas facile d'obtenir un compte fiable. les Arabes eux-mêmes ne conservaient généralement pas d'archives. Mais au cours de dix années de recherches le Prof Davis a développé une méthode d'estimation.

Par exemple, les archives suggèrent que de 1580 à 1680 il y a eu une moyenne de quelque 35.000 esclaves en pays barbaresque. Il y avait une perte régulière du fait des morts et des rachats, donc si la population restait constante, le taux de capture de nouveaux esclaves par les pirates devait égaler le taux d'usure. Il y a de bonnes bases pour estimer les taux de décès. Par exemple, on sait que sur les près de 400 Islandais capturés en 1627, il ne restait que 70 survivants huit ans plus tard. En plus de la malnutrition, de la surpopulation, de l'excès de travail et des punitions brutales, les esclaves subissaient des épidémies de peste, qui éliminaient généralement 20 ou 30% des esclaves blancs.

Par un certain nombre de sources, le Prof Davis estime donc que le taux de décès était d'environ 20% par an. Les esclaves n'avaient pas accès aux femmes, donc le remplacement se faisait exclusivement par des captures.

Sa conclusion : Entre 1530 et 1780, il y eut presque certainement un million et peut-être bien jusqu'à un million et un quart de chrétiens européens blancs asservis par les musulmans de la côte barbaresque.

Cela dépasse considérablement le chiffre généralement accepté de 800.000 Africains transportés dans les colonies d'Amérique du Nord et, plus tard, dans les États-Unis.

Les puissances européennes furent incapables de mettre fin à ce trafic. 
Le Prof. Davis explique qu'à la fin des années 1700, elles contrôlaient mieux ce commerce, mais qu'il y eut une reprise de l'esclavage des Blancs pendant le chaos des guerres napoléoniennes.

La navigation américaine ne fut pas exempte non plus de la prédation. C'est seulement en 1815, après deux guerres contre eux, que les marins américains furent débarrassés des pirates barbaresques. Ces guerres furent des opérations importantes pour la jeune république; une campagne est rappelée par les paroles « vers les rivages de Tripoli » dans l'hymne de la marine. 

Quand les Français prirent Alger en 1830, il y avait encore 120 esclaves blancs dans le bagno.
Pourquoi y a-t-il si peu d'intérêt pour l'esclavage en Méditerranée alors que l'érudition et la réflexion sur l'esclavage des Noirs ne finit jamais? Comme l'explique le Prof Davis, des esclaves blancs avec des maîtres non-blancs ne cadrent simplement pas avec « le récit maître de l'impérialisme européen ». Les schémas de victimisation si chers aux intellectuels requièrent de la méchanceté blanche, pas des souffrances blanches.

Le Prof Davis remarque aussi que l'expérience européenne de l'asservissement à grande échelle fait apparaître le mensonge d'un autre thème gauchiste favori : que l'esclavage des Noirs aurait été un pas crucial dans l'établissement des concepts européens de race et de hiérarchie raciale.

Ce n'est pas le cas; pendant des siècles, les Européens vécurent eux-mêmes dans la peur du fouet, et un grand nombre assista aux défilés de rachat des esclaves libérés, qui étaient tous blancs. L'esclavage était un sort plus facilement imaginable pour eux-mêmes que pour les lointains Africains.

Avec un peu d'efforts, il est possible d'imaginer les Européens se préoccupant de l'esclavage autant que les Noirs. Si les Européens nourrissaient des griefs concernant les esclaves des galères de la même manière que les Noirs font pour les travailleurs des champs, la politique européenne serait certainement différente. Il n'y aurait pas d'excuses rampantes pour les Croisades, peu d'immigration musulmane en Europe, les minarets ne pousseraient pas dans toute l'Europe, et la Turquie ne rêverait pas de rejoindre l'Union européenne. Le passé ne peut pas être changé, et les regrets peuvent être pris à l'excès, mais ceux qui oublient paient aussi un prix élevé.

Source : Robert C. Davis, Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500-1800, Palgrave Macmillan, 2003, 246 pages, 35 dollars US.




B) L’autre esclavage : un aperçu de la traite arabo-musulman

interview de l’anthropologue et économiste sénégalais Tidiane N’Diaye, auteur de "Le génocide voilé". Une étude de la traite arabo-musulmane, encore méconnue de l’histoire de l’esclavage.

La France hexagonale s’apprête à commémorer, le 10 mai, la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition". Cette date revêt une importance particulière pour les Guadeloupéens, Martiniquais, Guyanais, Mahorais et Réunionnais, qui célèbrent par ailleurs l’abolition de l’esclavage dans leurs territoires respectifs à des dates différentes (27 avril à Mayotte, 22 mai à la Martinique, 27 mai à la Guadeloupe, 10 juin en Guyane et 10 décembre à la Réunion).

Jusqu’à présent, les formes d’esclavage et de traite les plus documentées et analysées concernent la traite transatlantique. Nombre d’essais, de romans et de films, comme « 12 Years a Slave », récemment récompensé d’un prestigieux Oscar à Hollywood, ont permis à un large public de connaître les pans tragiques de cette histoire.

Mais l’Europe n’a pas eu le monopole de la traite. Il y a eu d’autres traites, au moins et sinon plus importantes, à savoir les traites orientale et transsaharienne organisées par les Arabes. Ces dernières furent tout aussi violentes et dévastatrices pour l’Afrique et leurs descendants que la traite transatlantique, et cautionnées par l’islam tout comme le christianisme a pendant longtemps justifié l’esclavage.
 
« Alors que la traite transatlantique a duré quatre siècles, c’est pendant treize siècles sans interruption que les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne », écrit l’anthropologue et économiste sénégalais Tidiane N’Diaye, dans son livre « Le génocide voilé ». « La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains et de la castration généralisée ».

De Dakar, la capitale du Sénégal, où il se trouve actuellement, Tidiane N’Diaye a accepté de bien vouloir répondre à nos questions par mail. Interview.
 

Sur un plan historique, écrivez-vous, la traite négrière est une invention du monde arabo-musulman. Comment cela ? 

Tidiane N’Diaye :
"J’ai l’habitude de rappeler que mon travail ne cherche à communautariser ni l’histoire ni les mémoires. Ce qui serait la porte ouverte à une hiérarchisation victimaire, donc une approche dénuée de tout caractère scientifique. Par conséquent pour ce qui nous intéresse ici, puisque j’ai titré cet ouvrage « Le génocide voilé », faisant allusion à la castration massive que subissaient les captifs africains, au cours de la traite arabo-musulmane, je n’ai pas oublié de rappeler d’abord, que les premières victimes de cette calamité furent les Slaves, que les Vénitiens et les Marseillais allaient razzier en Europe centrale et orientale, pour les vendre aux notables du monde arabo-musulman. Cela devait durer toute l’époque carolingienne au Xème siècle sous les monarques saxons Henri l’oiseleur et Otton Ier. Comme on sait, il fallut l’émergence d’États puissants en Europe de l’Ouest et l’arrêt de l’expansion arabe aux Pyrénées pour que cela cesse. Et c’est pour combler ce déficit en eunuques et esclaves blancs, que les Arabo-musulmans allaient massivement se tourner vers les peuples négro-africains. Ainsi on trouve traces d’hommes ou de peuples asservis, sous diverses formes à travers toutes les aires de l’histoire de l’humanité et sur tous les continents. C’est un fait universellement connu et qui n’est donc pas spécifique aux peuples noirs. Ce qui est moins connu cependant, c’est que la traite négrière arabo-musulmane, fut inaugurée par les Arabo-musulmans et a duré près de treize siècles sans interruption, avec la mutilation généralisée d’un nombre incalculable de captifs noirs. Déjà il faut dire que le plus loin qu’on puisse remonter, c’est en Égypte pharaonique qu’on trouve traces d’hommes noirs, soumis à des formes d’exploitation comparables à de l’esclavage. Après les Hébreux, les Égyptiens avaient aussi réduit en servitude de nombreux peuples voisins essentiellement originaires d’Éthiopie et des régions nubiennes comme le Darfour. Mais en fait, ces importations de populations n’avaient pas encore pris une dimension industrielle ou véritablement planifiée."

"Cette pratique devait durer jusqu’à l’invasion arabe de ce pays. Une invasion qui date du VIIème siècle de notre ère et qui correspond aussi à la première traite négrière en grand. Puisque après avoir occupé l’Égypte, les Arabes qui étaient sur le sentier du Jihad, c’est à dire de la guerre sainte, avaient décidé aussi d’envahir la Nubie. Comme le seul point commun entre tous les peuples négriers ravitaillés par les Arabes était la religion, voilà pourquoi dans cet essai, j’emploie souvent le vocable d’arabo-musulmane, pour qualifier cette première traite négrière en grand, qui fut non seulement la plus longue de l’histoire de l’humanité, puisqu’elle a duré treize siècles sans interruption, mais aura également opéré une ponction humaine largement supérieure à celle de la traite transatlantique vers les Amériques. Et le plus triste dans cette tragédie, est que la plupart des déportés n’ont jamais assuré de descendance, du fait de la castration massive que pratiquaient les Arabes."

Quelles ont été les caractéristiques de la traite arabe par rapport à la traite transatlantique ?

Tidiane N’Diaye :
"Pour la traite transatlantique, en dépit de la monstruosité des traitements, des humiliations et autres calamités, un esclave avait une valeur vénale. Le maître le voulait productif et rentable à long terme. Le but n’était donc pas l’extermination d’un peuple malgré la querelle sémantique opposant certains chercheurs à ceux qui veulent qualifier ce crime contre l’humanité de génocide. Alors que pour ce qui est de la traite arabo-musulmane, plus que le crime des occidentaux, les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant treize siècles. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés, ont presque tous disparu du fait des traitements inhumains, de l’infanticide et de la castration généralisée, pour qu’ils ne fassent pas souche dans le monde arabo-musulman. Il faut dire qu’à partir du moment où l’Afrique noire devenait leur principale source d’approvisionnement en esclaves, dans l’inconscient collectif des Arabes, l’homme noir devenait aussi symbole ou synonyme de servitude. Et sa couleur de peau sera même associée à un déni d’islam. Alors que cette religion comme toutes les autres, a hérité du joug de l’esclavage. Et si l’islam tolérait, voire recommandait l’asservissement de non convertis, il n’a jamais clairement ciblé les peuples noirs comme particulièrement prédestinés à l’asservissement. Mais des érudits respectés et très écoutés dans le monde arabe, allaient interpréter les textes sacrés, pour justifier et perpétuer la traite et l’esclavage des Noirs. Ainsi bien avant que les chercheurs européens de l’anthropologie physique n’élaborent au 19ème siècle les théories raciales fantaisistes que l’on sait, dans le monde arabe on avait déjà figé dans le temps et de manière presque irréversible l’infériorité de l’homme noir. Ce qui explique sans doute que les traitements inhumains et la mutilation généralisée des captifs noirs étaient acceptés et passaient pour un moyen commode pour empêcher que ces « animaux » ne prolifèrent sur leurs lieux de déportation. Le résultat est que de nos jours, ils ont presque tous disparu en Turquie, au Yémen, en Irak et on en trouve très peu au Maghreb ou en Arabie Saoudite."

"Pour ce qui est du bilan, j’ai dû croiser mes trouvailles dans les archives de ces pays, avec des variables que sont les témoignages directs d’explorateurs comme Cameron, Stanley, le Dr Livingstone ou Mgr Lavigerie, sans oublier les récits effrayants de marchands arabes qui opéraient dans les centres de mutilation des captifs où 70 à 80 % périssaient. Ces données confrontées ensuite aux travaux plus récents de mon confrère américain Ralph Austin, dégagent une estimation qui donne froid dans le dos. Rien que pour le Sahara, plus de 9 millions de captifs africains ont été transportés dans des conditions inhumaines dont 2 millions ont péri ou sont restés en bordure du désert. Quant à la traite orientale qui se déroulait dans les régions proches de l’océan Indien et de la mer Rouge, on évalue à plus de 8 millions le nombre de victimes. On arrive ainsi à une évaluation proche des 17 millions de morts ou de déportés dont la plupart étaient des survivants castrés par les Arabes. Force est donc de reconnaître, que cette traite arabo-musulmane fut un véritable génocide de peuples noirs par razzias sanglantes, massacres et castration massive. A titre de comparaison, si de nos jours près de 70 millions de descendants ou de métis d’Africains peuplent le continent américain, des États-Unis au Brésil passant par les Iles de la Caraïbe, seule une infime minorité de Noirs a pu survivre en terres arabo-musulmanes."

Quel a été l’impact de cette traite sur l’Afrique subsaharienne ?

Tidiane N’Diaye :
"Bien qu’il n’existe pas de degrés dans l’horreur ni de monopole de la cruauté, l’on peut soutenir sans risque de se tromper, que le commerce négrier et les expéditions guerrières provoquées par les Arabo-musulmans, furent pour l’Afrique noire et tout au long des siècles, bien plus dévastateurs que la traite transatlantique. De même que l’islamisation de nombreux peuples négro-africains et tout ce que cela a engendré, comme les jihads, n’en fut pas moins à la source d’innombrables implosions.

"Pour avoir une idée du mal, il faut savoir que les observateurs avaient constaté que pour chasser et enlever de force cinq cent mille individus, il fallait en faire périr près de deux millions d’autres (résistants ou fuyards.) Ainsi si les naissances avaient cessé à l’époque, en moins d’un demi-siècle, les régions de l’intérieur de l’Afrique ne seraient plus de nos jours, qu’une solitude désolée. Ces implosions précoloniales ont indéniablement éreinté les peuples africains, qui n’ont pas eu de répit depuis l’arrivée des Arabes. Leur conquête du continent noir, avait inauguré l’ère des ravages permanents des villages et de terribles guerres saintes menées par les convertis, pour se procurer des captifs chez des voisins qualifiés de païens. Lorsque cela ne suffisait pas, ils razziaient d’autres supposés « frères musulmans » et confisquaient leurs biens. Sous cette traite arabo-musulmane, les peuples africains étaient ponctionnés et pris en otage en permanence. Aussi, force est de reconnaître que les misères, la pauvreté, la longue stagnation démographique et les retards de développement actuels du continent noir, ne sont pas le seul fait des conséquences du commerce triangulaire, comme bien des personnes se l’imaginent, loin de là. Rien n’est comparable à l’infamie qui a ravagé les populations africaines, avec l’arrivée des Arabes et la traite négrière à grande échelle qu’ils inaugurèrent. L’Afrique en subit encore les conséquences."
 

Pourquoi la traite arabo-musulmane est-elle si peu connue et étudiée, sinon carrément occultée ?

Tidiane N’Diaye :
"En fait cette traite, qu’il est difficile de ne pas qualifier de génocide de peuples noirs par massacres, razzias sanglantes puis castration massive, chose curieuse, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient le voir recouvert à jamais du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse, voire idéologique. C’est comme un pacte virtuel scellé entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux, qui aboutit à ce déni. L’entente tacite est bien réelle. Parce que dans cette sorte de « syndrome de Stockholm à l’africaine », Arabo-musulmans et Africains convertis s’arrangent sur le dos de l’Occident. Les descendants des victimes sont devenus des obligés, amis et solidaires des descendants des bourreaux, sur qui ils décident de ne rien dire. Ce silence ou la sous-estimation du mal arabe permet de mieux braquer les projecteurs, uniquement sur la traite transatlantique. Ceci comme un ciment devant réaliser la fusion des Arabes et des populations négro-africaines, longtemps « victimes solidaires » du colonialisme occidental."

"Alors, que des lettrés et autres intellectuels arabo-musulmans, tentent de faire disparaître jusqu’au simple souvenir de cette infamie, comme si elle n’avait jamais existé, peut encore se comprendre. Ces derniers ne se décident toujours pas à regarder leur histoire en face et à en débattre avec leurs compatriotes. Ce qui explique que ce pan de l’histoire de l’humanité, reste encore profondément enfoui dans la mémoire coupable de ces peuples qui en sont responsables. En revanche, il est difficile de comprendre l’attitude de nombreux chercheurs - et même d’Africains américains qui se convertissent de plus en plus à l’Islam - qui n’est pas toujours très saine et fortement animée par une sorte d’autocensure. Comme si évoquer le passé négrier des Arabo-musulmans revenait à essayer de minimiser la traite transatlantique. C’est ainsi qu’un voile de silence a longtemps recouvert cette sombre page de notre histoire commune, parce qu’on y observe une étrange amnésie même de la part des élites noires. Elles ont du mal à passer d’une vision mémorielle affective de ce génocide, pour des raisons de solidarité religieuse, à tout simplement une approche distanciée et scientifique de l’histoire qui elle, ne traite que de faits avérés, comme c’est le cas pour la traite transatlantique. Voilà pourquoi le but de mon travail à travers cet ouvrage est tout simplement de lever le voile et sans complaisance, sur cette sombre page de notre histoire commune, pour éviter aussi que le travail de mémoire engagé sur les traites négrières et plus généralement sur le martyr des peuples noirs, ne continue que dans un sens hypocritement sélectif en braquant uniquement les projecteurs sur le crime des Occidentaux. Car à mon sens, par une telle approche, la démarche historique ne saurait en aucun cas en être éclairée."   

Par Philippe Triay

Tidiane N’Diaye, « Le génocide voilé » - éditions Gallimard, 2008, 254 pages. 


Tidiane N’Diaye a également publié aux éditions Gallimard « Le jaune et le noir » (2013), une enquête historique sur la stratégie économique et politique de la Chine en Afrique, ainsi que « Par-delà les ténèbres blanches » (2010), un ouvrage sur la résistance des Sud-Africains à l’apartheid et le parcours de Nelson Mandela.



Source : http://m.la1ere.fr


Le Génocide Voilé (aux éditions Gallimard Paris)
« Les Arabes ont razzié l'Afrique pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d'hommes qu'ils ont enlevés et déportés ont disparu du fait des traitements inhumains. Cette douloureuse page de l'histoire des peuples Africains n'est apparemment pas définitivement tournée. Le "Grand Désastre" a commencé lorsque l'émir et général arabe Abdallah Ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d'Africains ensuite esclavagisés par les Arabes. La majorité de ces femmes, hommes et enfants était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d'une énorme ponction humaine qui devait s'arrêter officiellement au début du XXe siècle. »

Ecrivain --Anthropologue- Economiste (docteur en Economie), Tidiane N'Diaye a mené une longue carrière de Chargé d'Etudes à l'I.N.S.E.E. (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), Professeur d'économie descriptive et Directeur de Recherches à Sup de Co Caraïbes. Il est l'auteur de nombreuses études économiques et sociales sur les départements français d'Amérique. Egalement Anthropologue de réputation mondiale, Tidiane N'Diaye a publié de nombreux Essais sur des thèmes liés à l'histoire des civilisations négro-africaines et leurs diasporas qu'il tente de mieux faire connaître dans leurs dimensions historique et culturelle.
Tidiane N'Diaye est le premier chercheur africain dont les travaux (Traite négrière arabo-musulmane, Le génocide voilé, à propos de la traite arabe) ont été nominés au Prix Renaudot de l'essai en 2008. Il est membre du jury du prix littéraire La Mamounia.



C) Hommage - Abolition de l'esclavage

Biensûr, les libéraux pourront à nouveau constater que sur ce thème de l'abolition, nous en sommes écartés, pour ne dire sciemment oubliés. Nos jacobins d'un temps, collectivistes d'aujourd'hui se sont appropriés dans l'histoire le terme "humanisme" sans aucunement vouloir connaitre son corollaire: Le Libéralisme.

Par ailleurs, du côté des libéraux, n'avons nous pas perdu nos valeurs originelles de 1789 à 1794 sur cette question des abolitions, tant des privilèges que celle de l'esclavage?

Amis et camarades, ne voyez pas cela comme une invective, force de constater simplement qu'à priori, que peu, voire d'aucuns think-tanks, mouvements politiques, blogs sympathisants, libéraux ne se sont montrés; nous démontre une nouvelle fois une grande omission de notre propre histoire. J'en appelle autant à ceux qui se disent des "vrais" libéraux, que ceux de mouvance d'un libéralisme humaniste, "progressiste", a prendre acte (10/5; 2/12. deux dates de militantisme); mais la vrai date n'est-elle pas le 27 avril?
Alternative Libérale est ici le lien de vos omissions. 

Lire le post d'Humanitas sur l'esclavage ici cliquez

La traite des Blanches est un trafic de femmes concernant les femmes d’origine européenne ou autres (femmes « blanches »). Il correspond à un esclavage sexuelet connaît trois acceptions. La traite des blanches dans la Rome antique n’est ainsi pas distincte de l’esclavage sous la Rome des Empereurs. La traite des esclaves blanches est essentiellement liée à la culture du harem, celle de l’ère ottomane en particulier.
 
Les esclaves européennes proviennent de rafles lors d’expéditions en Europe, essentiellement des pays bordant la Méditerranée, des territoires sous domination ottomane et des pays voisins de ces territoires, mais aussi du Royaume-Uni et parfois d’Europe du Sud. Elles étaient ensuite exposées sur des marchés, excisées, puis achetés par les trafiquants dans de lointains pays, même très loin des terres d’islam. La plupart de temps, c’étaient des sultans qui approvisionnaient leurs harems en esclaves. Sinon, les esclaves finissaient dans les mines de sel ou dans les champs de canne à sucre.


Au Xe siècle, le Perse Ibn al-Faqih (en) écrit : 

« De la mer occidentale, arrivent en Orient les esclaves hommes, Romains, Francs, Lombards et les femmes romaines et andalouses »

.Du temps de l’Empire ottoman, les femmes très blanches, principalement des Circassiennes, étaient très appréciées. Le mouvement orientaliste a repris ce thème en peinture au XIXe siècle en portraitisant des femmes Circassiennes au harem.



D) Esclavage de Wikiberal

L'esclavage désigne la condition des personnes, appelées esclaves qui sont juridiquement la propriété d'une autre personne (condition anti-libérale).

Approche étymologique

L'esclave, du latin médieval sclavus, dérivé de slavus, s'applique aux prisonniers de guerre slaves au IXe siècle.

Autres approches

La définition de l'esclavage peut également être approché selon la logique de la liberté. Si l'homme libre est ordonné pour lui-même, l'esclave est soumis comme bien personnel à un autre pour le bien de ce dernier. Ainsi, un domestique ou un ouvrier soumis à un maitre ou des chefs sont considérés comme des esclaves, et donc comme une forme d'esclavage.

Construction et théories sur l'esclavage

Introduction

L'origine de l'esclavage découle directement de la loi du plus fort : dans les sociétés antiques, une population vaincue pouvait soit être massacrée, soit être épargnée et réduite en esclavage - solution plus profitable, d'où le succès durable de l'esclavage, qui ne sera aboli qu'au XIXe siècle en Europe et en Amérique (au XXe siècle dans certains pays arabes). L'esclavage subsiste encore de nos jours dans certaines régions du monde.
Un esclave pouvait être acheté, vendu ou loué. On pouvait être réduit en esclavage pour dettes. En cas de nécessité, on pouvait se vendre soi-même comme esclave. On pouvait même se jouer soi-même à un jeu de hasard[1]
Les esclaves sont tenus d'obéir aux ordres de leur maître, privé ou public, depuis leur naissance (ou capture, ou passage à l'état d'esclave) jusqu'à leur mort (ou parfois leur libération, ou affranchissement). La relation entre le maître et l'esclave peut varier en fonction des droits qui sont reconnus aux maîtres sur la vie même ou l'intégrité physique de l'esclave. Le servage médiéval lié à la féodalité n'est pas un esclavage, le serf n'étant pas la propriété du seigneur.

Les temps Anciens

Les Anciens ont assurément justifié l'esclavage alors qu'il a été aujourd'hui pratiquement éradiqué dans le champ intellectuel. La théorie d'un Aristote sur l'esclavage ou du stoïcisme et de l'épicurisme, auteur et courants parfois identifiés comme affirmant la primauté de l’individu, qui justifie l'esclavage par nature, ne correspondent pas à la perspective moderne.

Les temps Modernes

Des auteurs comme Locke, Grotius et Samuel von Pufendorf refusant le point de vue aristotélicien (voir ci-dessus) posent la question de la justification du droit à l'esclavage sur des prisonniers de guerre en temps de guerre ou des criminels. Toutefois, des auteurs libéraux comme Montesquieu ou Kant récusent la plupart de ces considérations et ceux des Anciens qui seront vite effacés du champ intellectuel par la suite.
On trouve au XIXe siècle des auteurs conservateurs qui justifient l'esclavage en le rapprochant du salariat :
Si "esclave" signifie essentiellement "serviteur engagé à vie", ou par contrat à longue durée non aisément dissoluble, je pose la question : est-ce que, parmi toutes les affaires humaines, un "contrat à longue durée" n'est pas précisément le type de contrat que l'on recherche, une fois qu'on a trouvé les bonnes clauses ? Être un serviteur engagé à vie, si les bonnes clauses ont été spécifiées (ce que je ne prétends pas), me semble bien préférable à être un serviteur engagé pour un mois, ou engagé par un contrat qui peut être dénoncé au jour le jour. (Thomas Carlyle, Occasional Discourse on the Negro Question, 1849)

Commentaires

Position libérale et libertarienne

Les libéraux ont toujours été opposés à l'esclavage, négation de la liberté individuelle, et historiquement ont lutté pour son abolition. Cette exclusion directe de l'esclavage dans la doctrine libérale peut soulever la question de l'opposition des Anciens et des Modernes (voir ci-dessus). Toutefois, le droit romain, surtout le droit privé (propriété privée, individualisme, et source future de l'humanisme...), affirme que les individus naissent libres selon le droit naturel.
Les libertariens sont, comme les libéraux, opposés à l'esclavage, comme non conforme au droit naturel ou à la « propriété de soi-même », ainsi que le déclaraient les abolitionnistes américains :
«Le Droit de jouir de la liberté est inaliénable (...) Chaque homme a un Droit sur son propre corps, sur le produit de son travail, et d’être protégé par la loi (...) toutes ces lois en vigueur qui consacrent l’esclavage sont donc, devant Dieu, totalement nulles et sans effet (...) et par conséquent (...) il faut les abroger sur-le-champ »
    — William Lloyd Garrison, 1833, cité par Murray Rothbard dans L'Éthique de la liberté
Lysander Spooner, par exemple, fut un cas extrême de lutte contre l'esclavage : Dans The Unconstitutionality of Slavery (1845), il affirme que les esclaves ont le droit de s'armer, et d'utiliser leurs armes pour la défense de leur vie et de la liberté. Dans A Defense for Fugitive Slaves, Against the Acts of Congress of february 12, 1873 and september 18, 1850 (1850), il s'élève contre les lois interdisant d'aider les esclaves fugitifs ; il affirme qu'une telle aide est au contraire, et moralement et légalement, totalement juste et méritoire. Enfin, dans A plan for the Abolition of Slavery et To the Non-Slavesholders of the South (1858), Spooner prône l'envoi d'armes aux esclaves du Sud pour qu'ils luttent contre leurs maîtres.
Par extension, les libertariens désignent souvent par « esclavagisme » toute tendance consistant à imposer par la force ses propres vues politiques, religieuses ou morales, ou consistant à prélever sur les individus des impôts, taxes ou autres cotisations « sociales » sans leur consentement, pour soutenir la fiction des faux droits. Murray Rothbard parle spécifiquement de la conscription comme d'un esclavage imposé par l'État : en effet, outre qu'il accapare leur temps et leur travail, l'État s'arroge un droit de vie ou de mort sur ses sujets. De même, pour Rothbard, le mariage forcé relève de l'esclavage.
En revanche, toute condition librement consentie ne peut être appelée esclavage (ainsi du salariat, abusivement considéré comme un esclavage par les marxistes). Ou alors il faudrait considérer comme un « esclavage » tout ce que la nature nous impose, comme de devoir travailler pour vivre. L'esclavage est une condition imposée par une autre personne en violation des droits individuels, et non pas une condition consentie, ni une condition imposée par la nature extérieure ou par notre propre nature d'être humain.
Selon le philosophe Robert Nozick, la démocratie, qui institutionnalise la propriété collective, n'est qu'une forme de l'esclavage. Même si le maître change, le statut des citoyens-esclaves demeure le même : ils sont esclaves de la majorité. L'État démocratique viole les droits individuels parce qu'il impose aux citoyens un statut d'esclaves de la collectivité, c'est-à-dire de l'État. En outre, l'État démocratique souverain nie le droit de sécession, c'est-à-dire le droit d'un individu de demeurer sur sa propriété et de vivre en marge des décisions de la démocratie.

L'esclavage volontaire est-il libéral ?

Notons que, curieusement, certains auteurs ont défendu la thèse selon laquelle l'esclavage volontaire était conforme au Droit naturel (et une telle situation n'a rien de fictif, l'esclavage volontaire existait dans l'Antiquité, par exemple pour se libérer d'une dette). C'est le cas de Hugo Grotius ou, plus récemment, du libertarien minarchiste Robert Nozick. Ce point de vue est minoritaire chez les libéraux. Ainsi, John Locke précise :
«N'ayant aucun pouvoir sur sa propre vie, un homme ne peut par pacte ou consentement se rendre esclave de quelqu'un d'autre. »
De même, dans son article de l'Encyclopédie consacré à l'esclavage, le chevalier de Jaucourt (surnommé, ô ironie, « l'esclave de l'Encyclopédie » en raison du nombre impressionnant des articles qu'il y signa) écrit cette phrase définitive :
Non seulement on ne peut avoir de droit de propriété proprement dit sur les personnes; mais il répugne à la raison qu'un homme qui n'a point de pouvoir sur sa vie puisse donner à un autre, ni de son propre consentement ni par aucune convention, le droit qu'il n'a pas lui-même. Il n'est donc pas vrai qu'un homme libre puisse se vendre.
Pareillement, dans sa version thermidorienne (1795), la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen stipule:
«Tout homme peut engager son temps et ses services; mais il ne peut se vendre ni être vendu; sa personne ne peut pas être une propriété aliénable. »
Pour Murray Rothbard, l'esclavage volontaire est impossible en raison de l'inaliénabilité de la volonté humaine :
« Un homme peut aliéner les services de son travail, mais il ne peut pas vendre la valeur future actualisée de l’ensemble de ses services à venir. Autrement dit, la nature étant ce qu’elle est, il ne peut pas se vendre en esclavage et faire exécuter cette vente, car cela voudrait dire qu’il abandonne à l’avance le contrôle même de sa volonté sur sa propre personne.
« L’homme peut naturellement faire profiter quelqu’un d’autre de son travail actuel mais il ne peut pas, même s’il le voulait, se transformer sans retour en un bien de capital appartenant à quelqu’un d’autre. Car il ne peut pas par lui-même se débarrasser de sa propre volonté, qui pourrait bien changer d’idée dans l’avenir et désavouer son choix actuel. Le concept d'"esclavage volontaire" est bien, en effet, antinomique : le travailleur qui est complètement mais volontairement soumis à la volonté de son maître n’est pas encore un esclave puisque sa soumission est consentie ; alors que s’il changeait d’avis plus tard et que son maître lui imposât l’esclavage par la force, l’ esclavage ne serait pas volontaire. » (Éthique de la Liberté, chap. 7)
En raison de l'inaliénabilité de la volonté, serait nul tout contrat d'esclavage volontaire, d'obligation perpétuelle ou d'engagement « pour un milliard d'années » tel qu'il peut en exister dans certaines sectes religieuses.
Une autre objection que soulève Rothbard (déjà relevée par Jean-Jacques Rousseau) est que celui qui se vendrait en esclavage pourrait se voir réclamer ensuite le prix de la vente par son "maître", au nom du "contrat" d'esclavage même.
John Stuart Mill, de la même façon, juge « nul et sans valeur » un engagement d'esclavage volontaire : "ce n'est pas la liberté que d'avoir la permission d'aliéner sa liberté". (De la liberté, chap. V)
En revanche, certains libertariens ne voient aucun problème, ni moral ni juridique, dans l'esclavage volontaire. Ainsi, le libertarien de gauche Peter Vallentyne fait un parallèle avec le suicide[2]:
«Dans les deux cas un agent prend une décision qui a pour effet qu’il cesse d’avoir l’autonomie morale. Dans les deux cas la décision sera normalement une des plus importantes de la vie de l’agent. En supposant qu’il n’existe aucun engagement au contraire, la protection de l'exercice de l’autonomie prend le pas, il me semble, sur la protection de la possession continue de l’autonomie morale. On a le droit de choisir de cesser d’être autonome (en mourant ou en perdant ses droits sur soi-même). De ce point de vue, l’esclavage authentiquement volontaire n’est pas problématique. Il est simplement le cas limite de l’esclavage partiel volontaire qui résulte de promesses ou d’accords que nous passons (en s’engageant dans l’armée, par exemple). »
    — Peter Vallentyne
Walter Block défend la même position, parce qu'elle participe à la cohérence interne du libertarianisme[3] :
«Le contrat, fondé sur la propriété privée, atteint les domaines les plus extrêmes de l'interaction humaine, y compris les contrats d'esclavage volontaire. »

L'esclavage comme punition est-il possible ?

Locke admet l'esclavage comme une conséquence d'une "juste guerre", c'est-à-dire une guerre défensive, comme punition contre quelqu'un qui a menacé votre vie[4] :
«Mais il y a une autre sorte de serviteurs, que nous appelons, d'un nom particulier, esclaves, et qui ayant été faits prisonniers dans une juste guerre, sont, selon le droit de la nature, sujets à la domination absolue et au pouvoir arbitraire de leurs maîtres. Ces gens-là ayant mérité de perdre la vie, à laquelle ils n'ont plus de droit par conséquent, non plus aussi qu'à leur liberté, ni à leurs biens, et se trouvant dans l'état d'esclavage, qui est incompatible avec la jouissance d'aucun bien propre, ils ne sauraient être considérés, en cet état, comme membres de la société civile dont la fin principale est de conserver et maintenir les biens propres. »
    — John Locke, Traité du Gouvernement Civil
Dans le cadre très restreint qu'évoque Locke, l'esclavage ne saurait concerner que ceux qui, parmi l'ennemi agresseur, ont commis des crimes, alors que l'esclavage antique concernait l'ensemble d'une population vaincue (qu'elle soit à l'origine de l'agression ou non). Il se trouve que les sociétés modernes, malgré leur agressivité intrinsèque et leur bellicisme, n'ont pas admis l'esclavage comme punition contre un état agresseur - pour des raisons politiques (il est plus simple de faire payer le vaincu, voire de le détruire).
Les libertariens admettent qu'une peine puisse être rachetée par le travail ou de l'argent. Un meurtrier pourrait donc, si la victime ou ses ayant-droits le souhaitent, être condamné, plutôt qu'à la peine de mort, à des travaux forcés de très longue durée (le terme d'esclavage pour qualifier cet état est inapproprié, car il n'est pas question de pouvoir "vendre" le criminel, ni de rendre héréditaire son statut)[5] :
«Si le principe de proportionnalité établit la limite supérieure des peines, comment calcule-t-on cette limite ? Disons d’abord que le châtiment imposé à un criminel doit viser à lui faire payer sa dette non pas à “la société”, si tant est que cette expression ait un sens, mais à sa victime. Le premier stade du remboursement de cette dette consiste évidemment dans la restitution, ou réparation du dommage causé. Le cas du vol est le plus facile. Si X a volé 100 000 francs à Y, la première partie de son châtiment sera de lui rendre son argent (plus les dommages et intérêts ainsi que les dépens judiciaires et les frais de police). Qu’arrive-t-il si, comme c’est généralement le cas, le voleur a dépensé l’argent ? La première étape du châtiment libertarien consistera alors à forcer le voleur à travailler et à verser ce qu’il gagne à sa victime jusqu’à ce qu’elle ait été complètement remboursée. Idéalement, donc, le criminel devient esclave de sa victime, cette condition de juste esclavage continuant jusqu’à ce qu’il ait réparé le tort causé »
    — Murray Rothbard, L'Ethique de la Liberté

Esclavage et capitalisme

C'est le capitalisme, en remplaçant l'homme par la machine, qui a rendu l'esclavage économiquement obsolète. Si le Parlement de Londres propose l'abolition de l'esclavage en 1807, c'est aussi parce que la structure de l'économie générale a changé, et que l'énergie produite par le charbon alimente les usines, à l'exemple de la production de coton du Lancashire qui abandonne l'énergie par eau pour celle du charbon. A la fin du 20e siècle, l'énergie fossile remplace l'économie naturelle qui reposait essentiellement sur l'eau, le bois et les animaux (charrettes, trait, etc).
Matt Ridley dans Rational Optimist, explique en gros que l'empire romain reposait sur le travail de l'esclave, le Moyen-âge sur le bétail (et les animaux en général), qui sont plus productifs et se plaignent moins, puis vint l'invention de certaines techniques (comme le harnais, qui fait que la place des chevaux dans les animaux de trait passe de 20 % en 1086 à 60 % en 1574). Ensuite les animaux sont remplacés par des machines, qui achèvent de rendre l'esclave "économiquement obsolète".

E) Racisme de Wikiberal

Le racisme désigne :
  • une idéologie politique ou sociale fondée sur la race (nazisme, apartheid, ségrégation, épuration ethnique, certaines formes d'esclavagisme, société de castes, racialisme, ethnocentrisme, etc.)
  • un comportement hostile et xénophobe, pouvant aller jusqu'à la violence, envers des individus appartenant à une ethnie différente.

    Position libérale et libertarienne

    Si le racisme est assurément condamnable du point de vue de l'éthique, il ne l'est du point de vue du droit que dans la mesure où il se traduit en actes violents qui lèsent autrui dans sa personne ou dans sa propriété.
    Criminaliser l'expression du racisme revient à établir un ordre moral et à imposer la police de la pensée à l'encontre de la liberté d'expression.
    Les lois anti-racistes, tout comme les lois racistes (discrimination « positive ») imposées par l'Etat, violent les droits légitimes des personnes. Seul un comportement non conforme à l'axiome de non-agression est illégitime et donc punissable.
    Dans une société libérale, une opinion xénophobe ou raciste ne serait donc pas poursuivie judiciairement, non parce qu'il ne s'y trouverait aucun raciste (ce qui est impossible), mais parce que le délit d'opinion n'y existerait tout simplement pas. Reste que, sur le plan des principes, le racisme est profondément incompatible avec l'universalisme libéral. En effet, une telle opinion pèche par holisme et collectivisme ethnique, ce qui la situe aux antipodes de l'individualisme que défend le libéralisme.
    Au final, si les libéraux se refusent à en appeler à une condamnation pénale des idées racistes, qu'elles soient exprimées oralement ou par écrit, ils s'y opposent moralement tout en refusant leur prohibition. À la censure politique, ils préfèrent par conséquent la libre expression des opinions, fussent-elles les plus contraires à leurs principes. 

F) 622 au XXe siècle - L'esclavage en terre d'islam
Après la mort du prophète Mahomet et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans conquièrent les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils prolongent dans ces régions l'esclavage à la mode antique. Ils inaugurent aussi une longue et douloureuse traite négrière qui va saigner l'Afrique noire jusqu'à la fin du XIXe siècle.
L'esclavage en terre d'islam est hélas une réalité qui dure comme le montre l'anthropologue Malek Chebel.

Islam et esclavage

Le Coran, texte sacré de l'islam, entérine l'existence de l'esclavage (voir la sourate XVI, Les abeilles) tout comme d'ailleurs les textes bibliques. Notons que le premier muezzin désigné par le Prophète pour l'appel à la prière est un esclave noir du nom de Bilal originaire d'Éthiopie.

La loi islamique ou charia, qui s'appuie sur le Coran et les dits du prophète (hadiths), considère qu'en pays d'islam, seuls sont esclaves les enfants d'esclaves et les prisonniers de guerre. Elle autorise d'autre part la réduction en esclavage de quiconque provient d'un pays non musulman (si un esclave vient à se convertir, il n'est pas affranchi pour autant).

Très tôt, du fait de la rapidité même de leurs conquêtes, les Arabes se heurtent à une pénurie d'esclaves. Ils ne peuvent asservir les populations des pays soumis à leur loi et se voient donc dans l'obligation d'importer en nombre croissant des esclaves des pays tiers, qu'ils soient ou non en voie d'islamisation.

Comme les chrétiens du haut Moyen Âge, ils s'abstiennent de réduire en esclavage leurs coreligionnaires mais cette règle souffre de nombreuses transgressions et l'on ne rechigne pas à asservir des musulmans, notamment noirs, au prétexte que leur conversion est récente (*).

Une économie fondée sur l'esclavage

L'esclavage devient rapidement l'un des piliers de l'économie de l'empire abasside de Bagdad du fait de très nombreuses prises de guerre et de l'avènement d'une très riche bourgeoisie urbaine. Pour s'en convaincre, il n'est que de lire Les Mille et Une Nuits, un recueil de contes arabes censés se dérouler sous le règne du calife Haroun al-Rachid, contemporain de Charlemagne.


Les harems du calife et des notables de Bagdad se remplissent de Circassiennes. Il s'agit de femmes originaires du Caucase et réputées pour leur beauté ; ces belles esclaves ont continué jusqu'au XXe siècle d'alimenter les harems orientaux en concurrence avec les beautés noires originaires d'Éthiopie. Pour les tâches domestiques et les travaux des ateliers et des champs, les sujets du calife recourent à d'innombrables esclaves en provenance des pays slaves, de l'Europe méditerranéenne et surtout d'Afrique noire. Ces esclaves sont maltraités et souvent mutilés et castrés.

D'autres esclaves et eunuques sont employés comme soldats et chefs de guerre par les différentes dynasties musulmanes, du Maroc aux Indes. Ces esclaves-là accèdent parfois à des fonctions élevées et parfois au pouvoir suprême. Ainsi en est-il des fameux Mamelouks d'Égypte, que Bonaparte devra combattre en 1798.

Eunuques  et castrats
Inventée et développée à grande échelle par la Chine impériale, exportée dans les pays musulmans et jusqu'en Italie (les castrats), l'exploitation des eunuques (hommes castrés) est l'une des formes d'esclavage les plus inhumaines qui soient.

Elle poursuit deux objectifs principaux : empêcher que les esclaves étrangers ne fassent souche ; éviter les relations sexuelles entre les femmes des harems et leurs serviteurs. Les castrats sont aussi recherchés par les mélomanes pour leur voix très aigüe.

La castration consiste en l'ablation des parties génitales, soit totale, soit limitée aux testicules (pour empêcher la reproduction). Elle est le plus souvent pratiquée à la pré-adolescence et se solde par une mortalité effroyable.

Les esclaves mâles originaires d'Afrique noire sont généralement castrés en Égypte par des moines coptes pour le compte des traficants musulmans. À l'époque carolingienne, les captifs slaves destinés aux marchés orientaux sont quant à eux castrés à Verdun, principal marché d'étape de ce trafic.

Esclaves blancs en terre d'islam

Dans les premiers temps de l'islam, les notables de Bagdad s'approvisionnent en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendent des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens.

À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s'épuise du fait de la christianisation de l'Europe orientale, les musulmans se tournent vers les pirates qui écument la Méditerranée. Ces derniers effectuent des razzias sur les villages côtiers des rivages européens, y compris même dans l’océan Atlantique jusqu’aux limites du cercle polaire. En 1627, des barbaresques algérois lancent un raid sur l’Islande et en ramènent 400 captifs. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans... la tête de prisonnier maure qui sert d'emblème à la Corse.



On évalue à plus d'un million le nombre d'habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, au temps de François 1er, Louis XIV et Louis XV. Ces esclaves, surtout des hommes, sont exploités de la pire des façons dans les orangeraies, les carrières de pierres, les galères ou encore les chantiers d'Afrique du nord (*). Des organisations chrétiennes déploient beaucoup d'énergie dans le rachat de ces malheureux, tel Miguel de Cervantès ou plus tard Saint Vincent de Paul.

En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans prélèvent environ trois millions d'esclaves. 

Jusqu’au début du XIXe siècle, les princes de la côte nord-africaine tirent eux-mêmes de grands profits de la piraterie en imposant de lourds tributs aux armateurs occidentaux en échange de la garantie que leurs navires ne seraient pas attaqués par les pirates. En 1805, le président américain Thomas Jefferson lance une expédition navale contre le dey de Tripoli, en Libye, pour l’obliger à renoncer à ce rackett. Le dey d’Alger le poursuivra quant à lui jusqu’à la conquête française en 1830.

Esclaves noirs en terre d'islam

Si la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il n'en a pas été de même du trafic d'esclaves noirs en provenance du continent africain.

La traite arabe commence en 652, vingt ans après la mort de Mahomet, lorsque le général arabe Abdallah ben Sayd impose aux chrétiens de Nubie (les habitants de la vallée supérieure du Nil) la livraison de 360 esclaves par an. La convention, très formelle, se traduit par un traité (bakht) entre l'émir et le roi de Nubie Khalidurat.

La traite ne va cesser dès lors de s'amplifier. Les spécialistes évaluent de douze à dix-huit millions d'individus le nombre d'Africains victimes de la traite arabe au cours du dernier millénaire, du VIIe au XXe siècle. C'est à peu près autant que la traite européenne à travers l'océan Atlantique, du XVIe siècle au XIXe siècle.

Le trafic suit d'abord les routes transsahariennes. Des caravanes vendent, à Tombouctou par exemple, des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Elles en repartent l'année suivante avec de l'or, de l'ivoire, de l'ébène et... des esclaves pour gagner le Maroc, l'Algérie, l'Égypte et, au-delà, le Moyen-Orient. Au XIXe siècle se développe aussi la traite maritime entre le port de Zanzibar (aujourd'hui en Tanzanie) et les côtes de la mer Rouge et du Golfe persique.

Le sort de ces esclaves, razziés par les chefs noirs à la solde des marchands arabes, est dramatique. Après l'éprouvant voyage à travers le désert, les hommes et les garçons sont systématiquement castrés avant leur mise sur le marché, au prix d'une mortalité effrayante, ce qui fait dire à l'anthropologue et économiste Tidiane N'Diyae :

 «Le douloureux chapitre de la déportation des Africains en terre d'Islam est comparable à un génocide. Cette déportation ne s'est pas seulement limitée à la privation de liberté et au travail forcé. Elle fut aussi - et dans une large mesure- une véritable entreprise programmée de ce que l'on pourrait qualifier d'"extinction ethnique par castration"» (*).

Les contes des Mille et Une Nuits, écrits au temps du calife Haroun al-Rachid (et de Charlemagne), témoignent des mauvais traitements infligés aux esclaves noirs et du mépris à leur égard (bien qu'ils fussent musulmans comme leurs maîtres).

Ce mépris a perduré au fil des siècles. Ainsi peut-on lire sous la plume de l'historien arabe Ibn Khaldoun (1332-1406) : «Il est vrai que la plupart des nègres s'habituent facilement à la servitude ; mais cette disposition résulte, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, d'une infériorité d'organisation qui les rapproche des animaux brutes. D'autres hommes ont pu consentir à entrer dans un état de servitude, mais cela a été avec l'espoir d'atteindre aux honneurs, aux richesses et à la puissance» (Les Prolégomènes, IV). Ces propos précèdent de deux siècles la traite atlantique des Occidentaux.

Esclavage et décadence
Les contingents très importants de main-d'oeuvre servile ont contribué à la stagnation économique et sociale du monde musulman. Ils ont causé aussi de nombreux troubles. C'est ainsi qu'à la fin du IXe siècle, la terrible révolte des Zendj (ou Zenj, d'un mot arabe qui désigne les esclaves noirs), dans les marais du sud de l'Irak, a entraîné l'empire de Bagdad sur la voie de la ruine et de la décadence.

«Comparé à la traite des Noirs organisée par les Européens, le trafic d'esclaves du monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus important, a touché un plus grand nombre d'esclaves», écrit en résumé l'économiste Paul Bairoch (*). Cet auteur, ainsi que Tidiane N'Diaye, rappelle qu'il ne reste plus guère de trace des esclaves noirs en terre d'islam en raison de la généralisation de la castration, des mauvais traitements et d'une très forte mortalité, alors que leurs descendants sont au nombre d'environ 70 millions sur le continent américain.

Notons le parallèle avec les États arabes du Golfe Persique qui recourent massivement à des travailleurs étrangers tout en empêchant ceux-ci de faire souche sur place.

Alban Dignat

Voir vidéo: 
Esclaves blancs - maîtres musulmans - 






G) Sainte Bathilde : une esclave qui devint reine - envie d'histoire

Née vers 626, Bathilde est la fille de Sisoigne prince d’Ascainie, seigneur de Saxe. Elle n’est encore qu’une enfant lorsque est capturée par des corsaires anglais au service d’un roi anglo-saxon que son père a attaqué. Bathilde est réduite à l’esclavage et vendue à Erchinoalde en 642. Ce dernier est le maire du palais du roi Clovis II. De retour en Gaule, Erchinoalde met Bathilde au service de son épouse. Lorsque celle-ci meurt, le maire du palais envisage de se remarier avec Bathilde qui est d’un caractère doux et aimable. La jeune femme n’a aucune envie de devenir l’épouse de son maître et s’en va se plaindre à Clovis II alors âgé de 12 ans. Tout en écoutant les supplications de Bathilde, le roi est séduit par sa beauté et sa douceur. Il décide donc de l’affranchir et de l’épouser lui-même. L’union a lieu en 649. Si certains seigneurs du royaume sont choqués de voir Clovis II épouser une esclave plus âgée que lui (Clovis II est né vers 635), l’Eglise accepte le choix du roi à une époque où Elle se désole de voir des grands seigneurs tromper leur épouse légitime qu’on leur a imposé. Au moins dans ce cas, Clovis a pris pour reine qui il souhaitait. Bathilde donnera trois fils à son époux qui seront tous rois : Clotaire III, Thierry III et Childéric III. Clovis II meurt jeune le 31 octobre 657 vers 22 ans. Bathilde devient régente au nom de ses fils. Elle va alors tenter de réunifier le royaume autour de son aîné Clotaire III au détriment des deux autres. Le peuple aime énormément Bathilde pour sa simplicité et sa droiture. 



Sainte Bathilde, reine de France.
- 680
Vendue comme esclave en Neustrie, elle fut l'épouse de Clovis II, et fut la mère de Clotaire III, Childéric II et Thierry III.
 
Durant sa régence, la reine abolit la coutume qui permet aux seigneurs d’avoir des esclaves et interdit la vente des enfants. Sans doute Bathilde a-t-elle été traumatisée par son expérience personnelle. La reine s’intéresse beaucoup au développement des abbayes et fonde celles de Corbie, de Chelles ainsi que plusieurs hôpitaux. En 659, le maire du palais Erchinoalde meurt et est remplacé par Ebroïn. Ce dernier est un homme puissant, avide et brutal. Il commence par charger d’impôts le peuple et exige la montée sur le trône du second fils de Bathilde, Thierry III. Ainsi, Clotaire conserve la Neustrie et Thierry devient obtient l’Austrasie. Bathilde voit le royaume se diviser à son grand regret. N’acceptant pas de couvrir les crimes que le maire du palais et les grands seigneurs commettent en son nom, la reine est contrainte de se retirer à l’abbaye de Chelles en 664. Elle y décède le 30 janvier 680. Le pape Nicolas Ier la canonise deux siècles plus tard et la petite esclave qui épousa un roi devint Sainte Bathilde.  
 
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