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octobre 27, 2014

Que veut l'Europe, entre vérité et mensonge ?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.







L'Europe ne sait plus où elle va. 
Le Britannique David Cameron accuse la Commission européenne de tricherie et de mensonge. Plus que de la caricature, c'est du délire politique inquiétant pour l'Europe. « Que veut l'Europe ?» Oui, cette interrogation devenue slogan et titre générique d'essais et livres politiques pour exprimer l'impasse dans laquelle se trouve un pays qui vit une transition politique, comme d'ailleurs l'autre interrogation synonyme «Où va l'Europe ?» résonne plus que jamais dans la tête des citoyens européens jusqu'à l'étourdissement. A raison, puisque les dirigeants européens s'échinent à répéter qu'il n'y a pas d'autre solution à la crise économique que celle de la rigueur et de l'austérité. Entendez la réduction de la dépense publique et l'absolue nécessité de l'équilibre des comptes publics des Etats. 
 David Cameron rend hommage à Margaret Thatcher, décédée ce 8 avril 2013
"Elle n'a pas seulement mené le pays, elle a sauvé la Grande Bretagne. Elle peut être considérée comme le plus grand premier ministre britannique en temps de paix..."

Margaret Thatcher sur le web le 8 avril 2013 :
http://leparisienliberal.blogspot.fr/...


Jusque-là, rien d'exceptionnel, sauf que les gouvernants expliquent que c'est la seule condition pour relancer la «croissance économique» et, du coup, faire baisser le taux de chômage. Or, pour que les entreprises prospèrent, il faut qu'elles vendent leurs produits. Dilemme : la consommation est en berne pour cause de stagnation des revenus des ménages et de la courbe du chômage qui ne cesse de grimper. En gros, les gouvernants européens disent aux citoyens qu'il leur faut consommer plus en gelant les salaires et aux entreprises de produire plus avec moins de crédits et plus de charges fiscales. Equation économique insoluble qui donne dans les cénacles politiques européens des scènes cocasses de théâtre de rue :

 «Je ne paierai pas les 2,3 milliards d'euros que me réclame la Commission européenne ! Et si certains croient que je vais payer, ils verront bien !», a crié le Premier ministre David Cameron

 vendredi soir à la clôture du Sommet européen. Accusée de ne pas s'être acquittée totalement de sa contribution au budget européen, la Grande-Bretagne dénonce un mauvais calcul des comptes fait par la Commission européenne. Le président français, François Hollande, lui, réclame un énième délai supplémentaire pour présenter un budget tenable pour son pays. Ayant déjà bénéficié d'un délai en 2012 pour assainir ses comptes publics, la France stagne dans la récession et reste largement au-dessus de la barre des 3% de déficit public exigés par le Pacte de stabilité (Traité de Lisbonne) avec 4,3% de déficit. Quand on se rappelle que c'est la France qui présidait l'UE en 2008 (juilletdécembre 2008) qui a forcé l'Europe à hâter la signature de ce fameux Traité contraignant et duquel elle se plaint aujourd'hui, c'est forcément loufoque. Tout comme l'est d'ailleurs l'idée ancrée dans la tête des Européens qu'un enfant naît aujourd'hui avec une dette de 30.000 euros. Les médias ont tellement mis en scène les experts économiques et gourous visionnaires politiques expliquant que les générations futures des Européens sont déjà endettées que les jeunes d'aujourd'hui hésitent à se marier et à avoir des enfants. 

«Déjà que j'ai des difficultés à joindre les deux bouts, je ne veux pas participer à mettre au monde un bébé endetté. Comment lui expliquer sa dette lorsqu'il sera grand ?» 

Ce genre de débat est courant dans les chaumières et rues européennes. Ainsi, l'autre courbe- paramètre de projection économique, celle de la démographie, se trouve brouillée, hypothéquée. A ce rythme d'annonces pour le moins inquiétantes et contradictoires, les gouvernements européens plongent les citoyens dans une sorte de schizophrénie existentielle : ils leur décrivent un présent explosif et un avenir incertain tout en leur demandant une chose et son contraire : consommer plus tout en économisant plus. 

Un exemple ? 
Partout en Europe on fait tout pour encourager la mobilité collective (bus, métros) et pour réduire le nombre de voitures privées (gaz à effet de serre etc.) et on ouvre des salons de l'automobile attractifs pour pousser les gens à acheter des voitures. Les citoyens européens ne savent plus qui croire, comment faire et de quoi demain est fait. Sentant les inquiétudes citoyennes, les dirigeants politiques se sont emparés du langage de la rue dans l'espoir de gagner plus en popularité et c'est ainsi qu'on a entendu le Premier ministre britannique hurler devant les journalistes du monde : «Je ne paierai pas ma dette et advienne que pourra !» Le citoyen, lui, pour quelques euros d'impayés, pour un retard d'échéance voit pointer chez lui un huissier accompagné de policiers. Et si jamais il crie publiquement «Je ne paierai pas cette dette», il est embarqué vers un tribunal et jugé. La question est donc légitime : 

«Que veut l'Europe ?

Où va-t-elle ?»

par M’hammedi Bouzina Med
Le Quotidien d’Oran




Dette publique
 
De Wikiberal
La dette publique est constituée du montant total de tous les emprunts de l'État et des autres administrations publiques (collectivités territoriales et protection sociale). La dette intérieure est contractée auprès des agents économiques intérieurs (ménages, entreprises, institutions financières) tandis que la dette extérieure est financée par des intervenants étrangers.
Elle sert à financer (et est accrue par) le déficit budgétaire

Origine de la dette publique en démocratie

La dette publique semble être une fatalité de la démocratie. En effet, en démocratie, les hommes politiques cherchent à satisfaire d'abord l'électeur médian, et ce par la redistribution, car il faut que cet électeur, dont le revenu est inférieur au revenu moyen[1], obtienne des avantages qui lui coûtent moins que les impôts qu'il paie[2]. Comme il est impossible de prendre à la classe moyenne plus que ce qu'on lui redonne, et comme la spoliation des classes aisées atteint vite ses limites, l'octroi de ces avantages n'est possible que par l'emprunt étatique, ce qui explique l'accroissement ininterrompu de la dette publique dans les démocraties. Les avantages obtenus sont soit pécuniaires (allocations diverses, assistanat, subventions d'associations ou d'entreprises) soit en nature : "gratuité" de la santé, des études, des infrastructures publiques, et autres prétendus "acquis sociaux".
Tout politicien qui refuserait cette pratique perdrait les élections en étant supplanté par des politiciens plus démagogiques que lui sur le marché politique. L'État-providence a ainsi vocation à s'étendre indéfiniment en même temps que la dette publique grossit en contrepartie.
La tâche du politicien consistera à s'attribuer les mérites de la redistribution étatique tout en cachant ou minimisant la réalité de la dette, en entretenant le plus grand flou à son sujet (ainsi ne sont pas compris dans la dette certains engagements de l'État : retraites futures des fonctionnaires, cautions de droit ou de fait, endettement des sociétés détenues par l'État, etc.). Le politicien étant par définition irresponsable, il désignera à la vindicte populaire, lorsque la dette ne sera plus supportable, de nombreux boucs émissaires : le marché, les banques, certains pays étrangers, certaines institutions internationales, etc. Ses boucs émissaires préférés seront évidemment ses créanciers : par un curieux retournement de situation, il les mettra en accusation et dénoncera leur emprise, comme s'il était lui-même totalement hors de cause dans ses problèmes de finances, et comme si l'endettement excessif était une fatalité extérieure dont il n'était pas responsable.
Un des paradoxes de la dette publique en démocratie est précisément son aspect antidémocratique :
« Chacun sait que la dette n’est que de l’impôt différé et que la marque d’une démocratie est que l’impôt est voté par ceux qui vont devoir le payer. Nous collons cependant des impôts énormes (par l’intermédiaire de la dette que nous allons leur laisser) sur nos enfants ou nos petits enfants sans qu’ils aient pu les voter, ce qui est la marque, non pas d’une démocratie, mais d’une démagogie dont le seul but est que la génération actuelle, celle qui vote, ne souffre en aucun cas de ses incontinences. »
    — Charles Gave

Rôle capital de la banque centrale

Même quand elle ne finance pas directement les déficits de l’État (par la création monétaire ex nihilo), la banque centrale joue un rôle clé entre l’État et les banques commerciales pour "diffuser" la dette publique et en assurer une croissance ininterrompue. En effet, les banques commerciales, en raison du système dit "de réserves fractionnaires", font appel à la banque centrale pour couvrir leurs besoins de liquidité et augmenter les bases de leur expansion de crédit ; elles sont ainsi incitées à acheter en continu de la dette publique comme collatéral à des opérations de refinancement.
Aux États-Unis, mais également au Japon, au Royaume-Uni et dans une moindre mesure en Europe, par une pratique non conventionnelle d'assouplissement quantitatif (quantitative easing), la banque centrale peut se mettre à acheter directement la dette (les bons du trésor). La dette est donc monétisée, au risque de créer de l'inflation ou des bulles spéculatives. Dans un contexte de sur-endettement général des États, les hommes politiques et les banquiers centraux jugent que la déflation est une menace bien plus grave que l'inflation.
La dette publique peut en fait être présentée comme la seule justification de l'existence de la banque centrale, institution inutile par ailleurs :
« Sans l'existence du monopole monétaire, les politiciens seraient dans l'incapacité d'emprunter de grosses sommes d'argent créatrices de déficits budgétaires. Sans ces déficits, sans la mise en place de lois instituant le monopole monétaire, les subventions en faveur d'intérêts particuliers ne pourraient être financées que par un surcroît d'impôts. Les contribuables seraient hostiles au financement des groupes de pression et à celui des gaspillages publics si leur feuille d'impôt en révélait le coût réel. »
    — Mary J. Ruwart
En raison du fonctionnement de la banque centrale, il y a une corrélation entre la quantité de monnaie en circulation et la dette publique : la banque centrale crée de la monnaie ex nihilo pour acheter la dette (directement ou indirectement) ou inversement, si elle juge la masse monétaire trop importante, détruit de la monnaie en vendant la dette qu'elle détient.
Pour l’École autrichienne d'économie, c'est cette création monétaire ex nihilo qui permet un accroissement apparemment indéfini de la dette publique, qui serait impossible dans un régime d'étalon-or strict. Ce mécanisme de cavalerie, qui permet de rembourser la dette par de l'argent créé à partir de rien, ne cesse que lorsqu'il devient évident que la dette ne pourra jamais être remboursée, ou lorsque la monnaie perd toute sa valeur. Il y a toujours une corrélation forte entre l'ampleur de la dette publique et la faiblesse de la monnaie concernée, car il devient impossible de résister à la tentation de "faire marcher la planche à billets" à mesure que la dette grossit et devient incontrôlable.
Le monopole d'émission de la banque centrale permet donc l'accroissement de la dette publique (que la banque centrale soit publique ou privée n'a à cet égard aucune importance) ; la liberté monétaire que préconisent les libéraux via des monnaies privées en concurrence entre elles serait une menace à la capacité d'endettement de l’État.

La faute au libéralisme ?

Curieusement, certains accusent le libéralisme de conduire les États à la faillite au bénéfice d'intérêts privés.
Or le libéralisme se caractérise par un non-interventionnisme en économie (en-dehors évidemment de ce qui concerne le droit commun : vol, escroquerie, fraude, etc., qui relève des fonctions régaliennes de l’État) :
  • refus de l'argument "too big to fail" pour renflouer les banques ; empêcher la banqueroute ou la faillite revient à répartir sur tout le monde, à la façon collectiviste, les conséquences des erreurs de quelques-uns (céder à la menace douteuse du "risque systémique" revient pour l’État à acquiescer par avance à toutes les exigences des banquiers) ;
  • refus du monopole monétaire de la banque centrale, monopole d'origine étatique, source de tous les dérèglements monétaires ;
  • refus des politiques keynésiennes, qui n'aboutissent qu'à un accroissement de la dette sous le prétexte de soutenir la croissance ;
  • refus des politiques inflationnistes, qui ne profitent qu'à une oligarchie.
L’État, par le privilège "exorbitant du droit commun" qui lui permet de prélever l'impôt et d'en user sans le consentement du contribuable, devrait se mêler le moins possible d'intérêts privés, y compris dans les domaines monétaires ou bancaires. Son action aboutit toujours à privilégier certains intérêts privés aux dépens d'autres intérêts privés.
C'est précisément en raison de l'extension indue de l’État dans des domaines où il n'a rien à faire (assistanat, subventions, renflouements…) que la dette publique, en démocratie, a tendance à s'accroître indéfiniment sous la pression de divers groupes d'intérêt (banques, grandes entreprises, lobbies, syndicats, etc.).
Les pays les plus libéraux, conscients de la nocivité d'un endettement excessif, ont fait en sorte d'entraver la tendance naturelle de l’État à s'endetter indéfiniment. Par exemple, la Suisse dispose dans sa Constitution d'un frein à l'endettement destiné à "enrayer les déficits budgétaires chroniques et la croissance de la dette"[3]. Très longtemps les États-Unis n'ont pas eu de dette, et n'ont jamais eu besoin (jusque autour des années 1970) d'imposer un debt ceiling pour limiter les dépenses ; comme l'indique Peter Schiff[4], c'est l'instauration de la FED qui a permis d'accroître l'endettement de l’État. Le plafond d'endettement a été relevé à de nombreuses occasions sous prétexte de "prouver aux créanciers que les États-Unis peuvent payer leur dette" (alors que l'argent ainsi emprunté sert précisément à payer la dette).

Effets pervers économiques

Searchtool-80%.png Articles détaillés : effet d'éviction et épargne.
L'appel à l'épargne présente des effets pervers, en particulier l'effet d'éviction : l'épargne consacrée à financer le déficit budgétaire ne peut plus servir à financer l'activité privée et notamment l'investissement productif: les dépenses privées sont en quelque sorte « évincées » par le financement des dépenses publiques.
En ce sens, contrairement aux vues keynésiennes, un déficit budgétaire peut conduire à la stagnation en privant les entreprises d'un moyen essentiel de financement. C’est sans doute la raison pour laquelle l’union Européenne a retenu parmi les critères d’entrée dans le « club Euro », une dette publique inférieure à 60% du PIB. La dette est nuisible parce que son remboursement (service de la dette) devient un poids très lourd dans le budget (il augmente plus vite que toutes les autres dépenses publiques). La dette publique et ses intérêts bloquent la croissance économique issue de l'épargne et de l'investissement.
Comme pour la dette extérieure, on notera que la dette intérieure, lorsqu'elle est excessive, handicape durablement l'économie nationale, en raison des remboursements annuels.
Le recours massif à l'endettement — intérieur et extérieur — marque, en fait, le refus des réalités économiques d'aujourd'hui et le report des problèmes sur le lendemain, hypothéquant ainsi la situation économique future. On peut parler, comme le fait l'économiste Tim Harford) de « taxe sur les adolescents », d'un transfert de richesse des futurs contribuables vers les adultes du jour.
Selon le théorème d'équivalence de Ricardo-Barro (ou "effet Ricardo"), l'augmentation de la dette publique se traduit généralement plus tard par une augmentation des impôts (l'emprunt d'aujourd'hui est un impôt futur). Une politique de relance financée par la dette publique est donc absurde, puisque les agents économiques seront portés à économiser plutôt qu'à consommer.
Il y a une différence essentielle entre la dette publique et la dette privée : les personnes qui décident d’emprunter ne sont pas celles qui vont payer les intérêts ni rembourser le capital emprunté, ni non plus celles qui vont bénéficier de l’emprunt :
C'est la nature même des actions menées par les hommes de l’État que de faire en sorte que le coût des actions des individus ne soit pas supporté par eux mais par d'autres, et que les gains de ces actions soient appropriés par d'autres que ceux qui ont à en supporter les coûts. C'est parce qu'il y a cette séparation, ou externalisation, entre ceux qui paient et ceux qui bénéficient que règne une irresponsabilité générale des actions étatiques. On peut reprocher aux économistes d'hier et d'aujourd'hui d'être silencieux sur ce fait essentiel qui distingue une dette privée d'une dette publique. (Bertrand Lemennicier)
La fiction étatiste selon laquelle "la dette publique sert l’intérêt public" est réfutée quand on examine la part du budget annuel de l’État qui est allouée aux investissements. La réalité est que la dette publique sert à acheter le vote et à complaire à la clientèle électorale des politiciens.

Effet pervers politique

L'accroissement de la dette publique favorise le capitalisme de connivence entre pouvoir et finance, ce qui oblige le pouvoir à intervenir pour secourir des banques dont il est en réalité étroitement dépendant pour placer ses emprunts. Le concept de "too big to fail" encourage la finance à pratiquer des prises de risque inconsidérées et fait des grandes banques un facteur de risque systémique. La course à l'endettement s'accompagne d'une course à la prise de risques et d'une course à l'accroissement continu des masses monétaires, en même temps que s'accroissent tant l'appauvrissement du pays que l'emprise de l'Etat-providence et de la fiscalité redistributrice sur la population.

Les conséquences inéluctables

L'endettement excessif rend un pays presque entièrement dépendant de ses créanciers : dès que ceux-ci ont des doutes sur la solvabilité de leur débiteur et cessent de lui prêter (ou ne veulent lui prêter qu'à des taux très élevés), ce dernier se trouve brutalement confronté à une crise insoluble autrement que par le défaut ou par une réduction drastique du train de vie de l'État.
Le retour à la réalité est douloureux. L'État, à la différence de ce qui se passe pour un particulier surendetté, peut décider unilatéralement de suspendre les remboursements de la dette, mais ce faisant il ne trouve plus de créanciers disposés à souscrire à ses nouveaux emprunts (car il peut difficilement réduire ses dépenses dans le même temps). La seule différence entre le cas du particulier et celui de l'État tient à l'irresponsabilité de ce dernier : ceux qui ont choisi, par démagogie, la voie de l'endettement, ne sont pas les mêmes que ceux qui en paieront plus tard les conséquences. La rhétorique étatique et politicienne pourra toujours s'efforcer, le moment venu, de cacher la réalité au contribuable-citoyen et de présenter la sanction des marchés comme une fatalité liée au libéralisme économique et au libre-échange.

Comment liquider la dette publique

L'Histoire permet de dresser la liste des façons dont les États ont liquidé leur dette publique :
  • la répudiation ou le défaut de paiement : la dette est "rééchelonnée" ou n'est plus remboursée (cas des emprunts russes, répudiés en 1918 par les Bolchéviques ; en France, en 1797, le Directoire annule autoritairement les 2/3 de la dette : "banqueroute des deux tiers") ; une "doctrine" ad hoc existe à ce propos, celle de la "dette odieuse" ;
  • la dévaluation de la monnaie et l'inflation monétaire permettent de rembourser la dette en dessous de sa valeur d'origine (cas de l'Empire romain sur le déclin, Allemagne de Weimar, dévaluation du peso en Argentine en 2002, quantitative easing pratiqué par les banques centrales, monétisation de la dette, etc.) ; l'inflation est une redistribution qui s'opère entre emprunteurs et prêteurs ;
  • l'augmentation des impôts permet de faire face aux remboursements, mais c'est la mesure la plus impopulaire, et qui ne règle pas le problème pour autant ;
  • le désendettement par diminution du périmètre de l'État (par privatisation, suppression de subventions et de prestations, plan d'austérité, réduction drastique du traitement des fonctionnaires, etc.), impopulaire également (cas de la Grèce en 2010) ; cette solution de bon sens se heurte aux mauvaises habitudes qui perdurent entre l'État redistributeur ou gaspilleur et sa « clientèle » privilégiée ;
  • le transfert des dettes à une entité qui a une meilleure réputation aux yeux des créanciers (solution des "eurobonds" pour remédier à l'endettement des pays européens) : cela permet de gagner un peu de temps, sans régler aucun des problèmes d'endettement excessif ;
  • la recherche de nouvelles ressources à l'intérieur du pays par l'emprunt forcé, l'expropriation, ou à l'extérieur par la guerre (cas de la Révolution française et du Premier Empire) ;
  • la "remise à zéro" (big reset), annulation générale des dettes, comme le faisaient les Hébreux avec la pratique du jubilé : tous les cinquante ans, les compteurs étaient remis à zéro et les dettes remises ; cette pratique n'a évidemment rien de juste, elle favorise les riches endettés au détriment des créanciers pauvres ;
  • la liquidation physique des créanciers (par exemple Philippe le Bel avec les Templiers).
Toutes ces options étant plus ou moins douloureuses et obligeant l'État à sortir de la consensuelle "tyrannie du statu quo", les États se contentent de naviguer à vue et de cacher la réalité autant que possible. La plupart des analystes prédisent que l'inflation (voire l'hyperinflation) en sera le résultat :
« Tous les États-providence occidentaux seront dans l’incapacité de rembourser leurs dettes, et ne pourront pas faire face à leurs obligations vis-à-vis des personnes accédant à la retraite. Le seul moyen qu’il leur reste pour assumer leurs engagements est de s’engager dans une inflation démesurée, c’est-à-dire émettre de la monnaie afin de donner l’impression qu’ils peuvent honorer leurs paiements, avec comme conséquence inévitable, la perte de pouvoir d'achat de leurs devises qui sera suivie de l’expropriation de l’individu productif (nationalisations). »
    — Hans-Hermann Hoppe
À noter que la dette cesse de croître à partir du moment où le solde budgétaire est positif. Il ne suffit pas de se conformer à un déficit budgétaire limité à 3% (critères de Maastricht). Contrairement à une erreur commune, un solde primaire (solde budgétaire moins charge de la dette) excédentaire ne signifie pas baisse de la dette, mais c'est le solde budgétaire qui importe. Avec la financiarisation de l'économie, tous les prêteurs d'obligations se couvrent par la souscription de credit default swaps (CDS), ce qui rend en théorie possible de faire payer la dette suite à un éventuel défaut de paiement par les vendeurs de ces contrats (en réalité, étant donnés les montants en jeu, la solvabilité de ces vendeurs est elle-même très douteuse).

L'analyse libertarienne

Pour les libertariens (voir par exemple Murray Rothbard, Repudiating the National Debt), l'État ne peut être mis sur le même pied qu'un débiteur privé. Son engagement n'a pas de valeur, puisqu'il ne crée pas de richesse, mais vit de l'argent volé aux contribuables ou de cet impôt caché qu'est l'inflation. Les créditeurs de l'État sont eux-mêmes éthiquement répréhensibles, puisqu'en tant que « receleurs d'impôt » ils seront remboursés grâce à la coercition fiscale. La dette publique ne peut être considérée à l'égale d'un contrat entre propriétaires légitimes, car il n'y a pas de responsabilité contractuelle en ce domaine :
C'est la nature même des actions menées par les hommes de l’État que de faire en sorte que le coût des actions des individus ne soit pas supporté par eux mais par d'autres, et que les gains de ces actions soient appropriés par d'autres que ceux qui ont à en supporter les coûts. C'est parce qu'il y a cette séparation, ou externalisation, entre ceux qui paient et ceux qui bénéficient que règne une irresponsabilité générale des actions étatiques. On peut reprocher aux économistes d'hier et d'aujourd'hui d'être silencieux sur ce fait essentiel qui distingue une dette privée d'une dette publique. (Bertrand Lemennicier)
Plutôt que l'augmentation des impôts ou l'inflation, Rothbard propose une solution révolutionnaire : la répudiation de la dette publique. Il n'y a pas de raison que la population paie pour les dettes contractées par les classes dirigeantes ; de plus, cela empêchera les gouvernements, faute de créanciers, de continuer à détourner des ressources privées pour les gaspiller dans les projets étatiques. La répudiation de la dette est donc un moyen radical de diminuer l'emprise de l'État sur la société civile, en lui "coupant les vivres". Rothbard propose aussi de traiter l'État comme une entreprise en faillite et de vendre tous ses biens.

La répudiation de la dette, une solution "de gauche" ?

Les "solutions" habituellement proposées par les hommes politiques sont celles qui sont indiquées plus haut dans la section "Comment liquider la dette publique".
Les solutions nationalistes consistent à se refermer sur le pré carré national et à agir sur la monnaie (en Europe, sortir de l'euro pour revenir à une monnaie nationale qui permettra un plus grand laxisme budgétaire).
Une partie de l'intelligentsia de gauche pratique le déni, estimant qu'il se trouvera toujours des créanciers pour acheter la dette, ou que la création monétaire illimitée permettra de régler tous les problèmes (illusion monétaire).
D'autres solutions "de gauche" (par exemple celles d'Attac dans Le Piège de la dette publique, 2011) proposent un "mix" variable de répudiation d'une partie de la dette et de monétisation d'une autre partie par la banque centrale.
Ces "solutions" étatistes, qui admettent implicitement que la dépense publique est toujours justifiée et ne saurait être remise en question, ne s'attaquent évidemment pas à la racine du problème, qui n'est pas la "toute puissance des marchés financiers", mais bien le surendettement des États (ce sont bien eux qui se sont mis sous la coupe des marchés financiers).
Alors que ces "solutions" ne font que prolonger le problème, la solution de répudiation libertarienne est la plus radicale ; elle a le mérite de montrer la réalité de l’État, voleur et irresponsable par nature. L'endettement est supprimé, en même temps que la capacité d'emprunt, ce qui contraint les hommes de l’État à restreindre drastiquement son périmètre et à mieux le gérer : 

« Le principal problème de la dette est de permettre une expansion de l'État qui semble sans douleur — jusqu'à ce que la douleur devienne insupportable et menace l'ensemble de l'économie. Mais le problème porte peut-être en lui sa propre solution, la crise actuelle des dettes souveraines offrant une chance inespérée : enchaîner Léviathan. Presque partout, l'État est fauché, et devra réduire fortement ses dépenses ou faire défaut sur sa dette. En vérité, un défaut l'obligerait également à réduire ses dépenses en bloquant son accès aux marchés financiers. »
    — Pierre Lemieux, Les Dettes Souveraines, Libres ! 100 idées, 100 auteurs


Déficit budgétaire

De Wikiberal
Le déficit est constitué du solde négatif de l'opération : Recettes - Dépenses. On parle de déficit public ou déficit budgétaire lorsque les recettes de l'État sont inférieures à ses dépenses. Ce déficit peut être soit volontaire (déficit structurel) soit dû à la mauvaise conjoncture (déficit conjoncturel). L'accumulation de déficits budgétaires entraîne l'augmentation de la dette publique à long terme qui, elle-même, par l'accroissement des charges financières de l'emprunt, grève le budget et contribue au déficit.
La politique de déficit systématique a été prônée par les Keynésiens sous couvert d'effet « multiplicateur » des dépenses publiques.
Il existe, sommairement, deux façons d'éliminer les déficits :
  • au moyen de réductions de dépenses
  • par des augmentations d'impôts

     L'austérité budgétaire désigne les politiques d’assainissement budgétaire qui consiste dans une plus grande rigueur dans la tenue des comptes publics. Selon le mainstream l'austérité empêcherait la relance économique et la croissance. Cette idée suppose, bien sûr, que le niveau de dépenses publiques reste insuffisant pour garantir un « minimum vital » de croissance.
    Selon les détracteurs des dits « plans de rigueur » la baisse des dépenses publiques a un impact négatif sur le croissance et le PIB, entraînant par là une précipitation dans une récession

    Multiplicateur keynésien

    De Wikiberal
    Le multiplicateur keynésien ou multiplicateur d'investissement est une théorie développée par John Maynard Keynes s'inspirant du "multiplicateur de l'emploi" de l'économiste anglais Richard Kahn dans un article intitulé « La relation entre l'Investissement Intérieur et le Chômage ». L'idée est la suivante : “si la propension à consommer dans les diverses circonstances imaginables (ainsi que quelques autres conditions) est prise comme donnée et si l'on suppose que l'autorité monétaire ou une autre autorité publique prenne des mesures en vue de favoriser ou de contrarier l'investissement, la variation du volume de l'emploi sera une fonction de la variation nette du montant de l'investissement”.
    Les keynésiens le définissent comme le rapport entre une variation des dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global. C'est l'un des soubassements idéologiques des politiques de relance financées par l'emprunt.

    Un concept faux

    La théorie du "multiplicateur d'investissement" peut se présenter comme suit [1] :
    Revenu de la société = Consommation + Investissement
    La consommation est une fonction stable du revenu, comme le montrent des corrélations statistiques, etc. Disons, pour simplifier, que la variable "Consommation" est toujours égale à 0,8 fois le "Revenu (de la société)". Dans ce cas on obtient à partir de l'équation précédente :
    Revenu = 0,8 Revenu + Investissement ; donc 0,2 Revenu = Investissement ;
    ou encore
    Revenu = 5 Investissement
    Ce "5"-là est le "multiplicateur d'investissement". Il est alors évident qu'il suffit, pour augmenter le revenu monétaire de la société d'un montant donné, d'augmenter l'investissement du cinquième de ce montant ; la magie du multiplicateur fera le reste.
    Il a été démontré qu'il s'agit d'un sophisme mathématique, en effet, peu importe d'où vient l'argent, par voie d'emprunt, de la fiscalité ou de la planche à billets, les dépenses du gouvernement préemptent toujours les dépenses qui se feraient, tôt ou tard, dans l'économie, puisqu'il s'agit d'un transfert. Voir aussi la loi de Bitur-Camember.
    Si l'investissement a en effet un multiplicateur, apparent, il est erroné de croire qu'encourager l'investissement public permettra d'avoir des effets positifs.

    Effet d'éviction

    Searchtool-80%.png Article connexe : Effet d'éviction.
    Dans un article de 1974, "Ricardian Equivalence Hypothesis", le macro-économiste Robert Barro a montré que le multiplicateur keynésien ne pouvait pas avoir les vertus que lui prêtent les tenants de Keynes. Financer un plan de relance par de la dette ou des impôts publics ne change rien : la dette est un impôt futur et les ménages épargnent davantage pour se prémunir de ces hausses d'impôts futures, au détriment de la consommation. Le multiplicateur est, au mieux, unitaire.
    La question a suscité de nombreux débats et études depuis 1974. Une étude de Matthew Shapiro et Joel Slemrod a montré qu'en 2001, les baisses d'impôts temporaires du gouvernement américain avaient été très largement utilisées pour épargner en prévision de la hausse des impôts future[2].
    Il serait cependant faux de dire que personne ne gagne dans ces cas-là : la dette n'étant remboursée que plus tard, ceux qui meurent avant ce remboursement ont eu les bénéfices sans les coûts. C'est ce qui fait dire à l'économiste Tim Harford qu'un plan de relance n'est rien d'autre qu'une « taxe sur les adolescents »[2].

    Importations

    Dans les économies ouvertes, ce mécanisme est rendu encore plus inefficace par les importations : bien souvent les politiques de relance ne servent qu'à financer l'achat de biens importés et donc à soutenir les économies étrangères tout en creusant la dette publique. Ce fut par exemple ce qu'il advint avec la politique de relance socialiste en France au début des années 1980, pendant que les autres pays développés se réformaient.

    Stabilité

    Enfin, Milton Friedman et David Meiselman ont montré, dans leur article The Relative Stability of Monetary Velocity and the Investment Multiplier in the United States, 1897-1958, que si ce multiplicateur existait réellement, sa valeur serait beaucoup plus instable et sujette à variations que celle de la vitesse de la circulation de la monnaie, ruinant ainsi tout espoir de bâtir des plans de relance sur autre chose que des chiffres arbitraires. 


octobre 25, 2014

Sur la page pour une démocratie libérale 19/21 (les ONG)

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Le rôle des Organisations non gouvernementales

Dans une démocratie, de simples citoyens peuvent former des groupes indépendants qui répondent aux besoins de leur collectivité ou de leur pays et qui appuient, complètent ou même critiquent le travail du gouvernement. On appelle souvent ces organismes des « Organisations non gouvernementales », ou ONG, car elle ne sont pas une extension des fonctions de l'État.

Les ONG permettent aux individus d'améliorer leur société en se faisant les défenseurs d'une cause, en donnant des informations, en attirant l'attention sur d'importantes questions touchant le public et en surveillant la conduite du gouvernement et des entreprises privées.

Les ONG permettent à des personnes de milieux différents d'apprendre à travailler ensemble et à élaborer les compétences, les liens et la confiance nécessaires à une bonne gouvernance.

Les ONG servent un vaste éventail d'intérêts publics. Elles peuvent être des fournisseurs de services sociaux, des défenseurs de l'environnement, des promoteurs d'un certain niveau de vie ou de certaines normes du travail, ou bien être le catalyseur de changements démocratiques.

Les ONG représentent souvent les intérêts de gens qui, sans leur aide, pourraient être exclus des débats politiques nationaux. Elles ouvrent le discours public à des gens issus de toutes les classes économiques et sociales ainsi qu'aux femmes et aux minorités.

Le financement des ONG peut provenir de dons de personnes privées, de fonds fiduciaires privés, d'organismes philanthropiques, de sociétés, d'associations religieuses, d'institutions internationales, d'autres ONG, de la vente de marchandises et de services et même de gouvernements.

Bien souvent, les gouvernements et les ONG sont partenaires. Les ONG peuvent fournir les compétences locales et régionales et le personnel sur le terrain afin de mettre en œuvre des projets financés par le gouvernement.

Les ONG peuvent n'être affiliées à aucun parti politique, ou reposer sur les idéaux d'un parti en particulier et chercher à faire avancer une cause spécifique ou plusieurs causes d'intérêt public. Quel que soit le modèle, l'important est que l'État ne doit exercer qu'un contrôle politique minimum sur le fonctionnement d'une ONG.

Les ONG mettent au point des programmes à l'échelon local et international dans pratiquement tous les domaines qui contribuent à la promotion des principes de la démocratie, notamment :

les droits de l'homme, en encourageant l'adoption de normes internationales et en vérifiant que des violations et des abus ne sont pas commis ;
la primauté du droit, par le truchement d'une aide juridique abordable ou gratuite et de la fourniture à tous d'informations concernant leurs droits, et en encourageant la réforme judiciaire ;
la participation des femmes, en les préparant à la participation politique et en les protégeant de la discrimination socio-économique ;
l'instruction civique, par le biais de projets éducatifs portant sur le rôle du citoyen dans une société démocratique et diverse ;
la liberté de la presse, en encourageant l'indépendance des médias, la formation des journalistes et en fixant des normes en matière de déontologie journalistique ;
le développement des partis politiques, en faisant surveiller les élections par des observateurs locaux bien formés et en organisant des campagnes apolitiques d'inscription sur les listes électorales ;
la responsabilisation du gouvernement, grâce à l'analyse critique de sa ligne d'action et à la surveillance de ses activités.



Organisation non gouvernementale

 Par Wikipedia

Une organisation non gouvernementale (ONG) est une organisation d'intérêts publics qui ne relève ni de l'état ni d'institutions internationales1. Les ONG n'ont pas le statut de sujet de droit international. Une ONG est une association à but non lucratif.
L'habitude est de réserver le terme aux personnes morales à but non lucratif financées par des fonds privés. Grâce à l'apport de la sociologie des organisations, les principaux critères définissant une ONG sont les suivants1 :
  • l'origine privée de sa constitution ;
  • le but non lucratif de son action ;
  • l'indépendance financière ;
  • l'indépendance politique ;
  • la notion d'intérêt public.
Une ONG est une personne morale[réf. nécessaire] qui, bien que n'étant pas un gouvernement, intervient dans le champ national ou international. Les relations juridiques internationales sont traditionnellement des relations uniquement entre États (ou entre Gouvernements). On considère parfois le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) comme l'ancêtre des ONG, bien qu'ayant un statut hybride spécifique vis-à-vis des États.
Dans le cas d'organisations internationales, on parle également d'Associations de Solidarité Internationale (ASI) ou d'organisations non gouvernementales internationales.
Les organisations internationales non gouvernementales ont une histoire qui remonte au moins à 18392.
L'Institut de droit international est créé en 1873, à Gand et reçoit le prix Nobel de la paix en 1904 ; l'Union interparlementaire est créée en 1889 ; le Bureau international de la paix (prix Nobel de la paix en 1910) est créé à Berne en 18923. Rotary, futur Rotary International, est fondé en 1917. Il a été estimé qu'en 1978 il y avait 1083 ONG4.
Les ONG internationales ont été importantes dans le mouvement antiesclavagiste et le mouvement pour le vote des femmes, et ont atteint leur apogée au moment de la Conférence mondiale pour le désarmement5.
Cependant, l'expression organisation non gouvernementale n'est entrée dans le langage courant qu'avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945 avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies6 qui donne un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni les États membres.
La définition de l'« ONG internationale » (OING) est d'abord donnée dans la résolution 288 (X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme « toute organisation internationale qui n'est pas fondée par un traité international ».
Le rôle vital des ONG et d'autres « grands groupes » dans le développement durable a été reconnu dans le chapitre 27 d'Action 217, conduisant à l'intensification des relations consultatives entre l'ONU et les ONG8.
En l'absence de critères objectifs de la nature d'une ONG, la plupart des organisations intergouvernementales internationales (ONU, Union européenne, etc.) ont dressé une liste des ONG qu'elles reconnaissent comme des interlocuteurs valables. L'entrée, et éventuellement la sortie, d'une organisation de ces listes est soumise à un processus complexe. Le Conseil économique et social (ECOSOC) à l'ONU possède un comité permanent, le comité chargé des ONG qui est chargé de valider le statut des ONG en vue de leur collaboration avec cette instance. Le statut consultatif est divisé en plusieurs catégories : générale, spéciale et roster.
Actuellement, 2 727 ONG ont le statut consultatif dit ECOSOC et 400 sont accréditées auprès de la Commission du développement durable9.
Suivant les contextes du terrain, d’autres organes des Nations unies peuvent aussi coordonner les différentes actions : Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et accréditer des ONG : OMS, FAO9

Les différentes ONG et leurs domaines d'intervention

Ces associations concernent les Droits de l’Homme (Amnesty International, ACAT, ATD Quart Monde ou Human Rights Watch), la lutte contre la faim (Action contre la faim), la lutte contre les maladies (AMREF Flying Doctors), la protection des enfants (Plan France, Fondation Terre des hommes, Vision Mondiale), la scolarité (Aide et Action, Passe Moi Le Relais), l’économie mondiale (Mouvements altermondialistes comme ATTAC), l’écologie (Les Amis de la Terre) ou alors la protection de la nature (Greenpeace, Sea Shepherd Conservation Society ou WWF). Ces organisations sont en si grand nombre qu’elles couvrent tout le spectre politique, social et philosophique et anthropologique, y compris parfois pour la défense d’intérêts très restreints, voire parfois très peu altruistes.
Les ONG ont différents domaines d'intervention, ce qui conduit à les classer dans au moins deux grandes catégories :
  • Les ONG de plaidoyer, comme RENAF ou Human Rights Watch. Parmi celles-ci, un groupe non négligeable d’ONG n’a pas de but la défense de l'intérêt public, mais des ambitions idéologiques ou commerciales. On y trouve des lobbys de toute nature, en particulier des lobbys économiques et patronaux[réf. nécessaire] ;
  • Les ONG humanitaires. Elles mettent en place des programmes d’aides, éducatives ou caritatives par exemple. Les ONG de ce dernier type se regroupent parfois en collectifs, en plateformes ou en réseaux suivant leur domaine d’intervention ou particularités (Coordination Sud, ASAH, CRID, etc.).
Les ONG humanitaires peuvent elles-mêmes se subdiviser en deux grands domaines d'intervention :
Certaines ONG internationales ont une approche dite « globale », intervenant à la fois sur des urgences humanitaires, des programmes de développement et des activités de plaidoyer (Oxfam international, CARE…). De même, la distinction entre les Organisations de Solidarité Internationale (OSI) et les Organisations de Solidarité Internationale des Migrants (OSIM) a permis de rendre visibles les actions initiées par les organisations créées ou animées par des personnes vivant hors des pays d'origine, mais qui agissent pour promouvoir des initiatives de développement en lien avec leurs pays d'origine.

Relations entre ONG et autres institutions

La Banque mondiale constate non seulement que « les ONG prennent de plus en plus part aux processus de développement économique et social, et que les lois et règlements des États concernant les ONG sont très divers et parfois susceptibles d’étouffer leurs activités et leur croissance ». Afin d’encourager le développement des ONG et de leurs « activités de coopération, facteurs d’amélioration et d’élargissement de l’aide au développement », La Banque mondiale propose « une série de recommandations générales aux États en matière juridique, destinées à garantir aux ONG une existence et un fonctionnement sans entrave, indépendamment de l’État et de manière transparente et responsable »10.

Des actions récompensées

L’action des ONG reste cependant globalement bénéfique pour les populations auxquelles elles s’adressent.
En 1974, le président d'Amnesty international reçoit le prix Nobel de la paix. En 1977, c'est l'organisation elle-même qui reçoit ce prix Nobel.
En 1997, la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, cofondée par 6 ONG dont Handicap International se voit décerner le prix Nobel de la paix avec sa coordinatrice Jody Williams.
En 1999, également, l’ONG Médecins sans frontières reçoit le prix Nobel de la paix.
En 2008, l'année de son 30ème anniversaire, Human Rights Watch a reçu le Prix 2008 des Droits de l'Homme des Nations unies.

Professionnalisation des ONG

Depuis la fin des années 1990, on a assisté à une montée en puissance des ONG : médiatisation des besoins, recours à l’humanitaire après des opérations armées…
Les ONG disposent de plus en plus de compétences techniques, qui les rendent crédibles et leur permettent d’être consultées et écoutées lors des grandes réunions internationales.
Depuis les années 2000, de grandes entreprises privées signent des partenariats avec des ONG de façon à acquérir une vision plus globale de l’environnement mondialisé, et afin de disposer de compétences les aidant à mieux percevoir les attentes des consommateurs et des marchés. Ceci est plus perceptible dans le monde britannique et japonais.
Les ONG doivent répondre encore plus professionnellement que par le passé. Certaines organisations françaises se sont un peu rapprochées du système anglais (emploi salarié alors qu’avant le volontariat était la règle), et se tournent vers des candidats qui présentent des connaissances professionnelles dans différents secteurs. Il est devenu impératif, au moins pour des ONG de taille moyenne à grande, de présenter une expérience professionnelle avant de postuler.
Parmi les profils recherchés, se trouvent des médecins et autres professionnels de la santé, des agronomes, des ingénieurs et techniciens en traitement de l’eau (ingénieurs Watsan), des professionnels du BTP (routes, constructions), des logisticiens, des techniciens radio dans le milieu de catastrophe, des administrateurs et comptables…
Afin de répondre à ce besoin de professionnalisation des ONG, de plus en plus d’universités et écoles mettent en place des formations spécifiques aux ONG, en plus des formations existantes (cursus d’une ou plusieurs années dans des écoles dédiées, telles que Bioforce à Lyon11 ou encore l'IFAID (Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de Développement), à Bordeaux, ou encore la Licence professionnelle mention conduite de projets internationaux de codéveloppement à Besançon).
Cependant, compte tenu des évolutions en cours et de certaines remises en question concernant les liens officiels et/ou officieux entre ONG, Banque Mondiale et FMI (voir François Charles : L'Afrique des ONG in CADTM) apparaissent également des formations spécialisées dans l'observation des ONG, telle celle proposée à Bac+3 par l'ESCA-INFORS de Montpellier (ONG : Audit et contrôle de gestion).

Évaluation des ONG

Les ONG peuvent être évaluées :
Il existe aujourd'hui le Label IDEAS, vecteur de confiance pour les philanthropes et délivré par un Comité Label indépendant. Ce Label atteste d'un bon niveau de conformité de l'organisme au Guide des Bonnes Pratiques qui couvre les trois champs : gouvernance, gestion financière et efficacité de l'action. Objectif : optimisation des bonnes pratiques.

Relations antagonistes et dérives possibles

Les relations entre le monde des affaires, les gouvernements et les ONG sont souvent compliquées, antagonistes, et peuvent créer une dépendance des ONG vis-à-vis des États donateurs. En effet, les ONG de développement implémentent des projets à la suite d'un appel d'offre des donateurs. La concurrence des Organisations « Non Gouvernementales » les unes avec les autres peut réduire leur rôle à l'application des décisions des États12. Quelques-unes peuvent être utilisées à des fins partisanes telle que le secours catholique ou l'ordre de Malte.
Considérant la multitude d’ONG, des dérives peuvent être déplorées, aussi bien dans leurs pays d’origine que dans leurs pays d’intervention. Des critiques peuvent porter sur l’appropriation de ressources rares, comme l’eau ou l’énergie, pour les besoins du fonctionnement propre de l’organisation. Ces critiques s’apparentent aux critiques faites à une entreprise privée classique installée dans un pays du tiers-monde.
Un autre point est l’éventuel écart de salaires, de revenus ou d’indemnités : dans certains cas les expatriés salariés (à l'exclusion des bénévoles) peuvent percevoir un salaire supérieur aux revenus habituels du pays. Mais dans d'autres cas, c'est la situation inverse qui prévaut : le personnel des organisations humanitaires est moins bien rémunéré que dans l'administration ou le secteur privé marchand.
Certaines critiques sont apparues au moment de la professionnalisation de l'action humanitaire, à la fin des années 1990 et au début des années 200013.


Greenpeace, une ONG trop puissante

 Les méthodes de Greenpeace et l’étendue de son influence sont inacceptables. 

Par Jacques Henry


octobre 16, 2014

Question de sophisme...!

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Un sophisme c’est une argumentation qui n’est pas valide. Soit que l’une des prémisses n’est pas acceptable ou bien qu’elle n’est pas suffisante pour conclure la thèse. Nous commettons couramment des sophismes. Il importe de les reconnaître, même si la tâche n’est pas aisée. Certains sophismes sont faciles à reconnaître, d’autres non. Aristote (384-323 av. J.-C.) fut le premier philosophe a dressé la liste des sophismes. Voici une liste abrégée des sophismes les plus courants.

 
 
Petit rappel, traduction française sous-titrée
 POUR ACTIVER LES SOUS-TITRES, cliquer sur "CC" en bas à droite de la vidéo.



1.Généralisation hâtive
Forme reconnaissable: Généraliser à partir d'un échantillonnage trop restreint.
Exemple: « Je suis allé deux fois à votre bureau cette semaine sans vous y trouver. Vous n'êtes jamais là ! » « J’ai tiré trois bonbons noirs dans le sac. Les autres bonbons doivent forcément être noirs. »

2. L'attaque contre la personne
Forme reconnaissable: Critiquer la personne qui argumente au lieu de critiquer ses arguments; cette personne ayant un défaut ou un vice quelconque.
Exemple: « Les opinions du ministre de la Santé sont inacceptables car, tout le monde le sait, le ministre se fait soigner dans une clinique privée. »

3. L'appel à la majorité ou au grand nombre
Forme reconnaissable: Faire croire que quelque chose est bon parce que beaucoup de gens le pensent.
Exemple: « La critique a louangé le film Séraphin. C’est donc forcément un bon film!»

4. L'appel à l'autorité
Forme reconnaissable: Invoquer le prestige ou la renommée d'une personne au lieu de s’en remettre à ses arguments.
Exemple: « La guerre en Irak est une bonne chose parce que le prix Nobel de la biologie de cette année, Madame X, est en faveur de cette guerre. »

5. L'appel au sentiment
Forme reconnaissable: Susciter une émotion chez son interlocuteur au lieu de présenter un argument. ‘Prendre’, comme on dit, ‘son interlocuteur par les sentiments’.
Exemple: « Monsieur le professeur, j'ai travaillé si fort dans votre cours que j'en ai été malade! J'ai besoin de réussir ce cours pour avoir un prêt et avoir de quoi manger, moi et mes enfants. Donc, vous devez hausser ma note! Allez, ne soyez pas sans-coeur ! »

6. L'appel à l'ignorance
Forme reconnaissable: Une opinion est vraie (ou fausse) simplement parce qu'on a pas jusqu'ici prouvé sa fausseté.
Exemple: « Il n’y a aucune preuve que les OGM sont néfastes pour la santé; donc, les OGM sont bons pour la santé.»

7. Lien causal douteux
Forme reconnaissable: On invoque un lien inexistant de cause à effet entre un ou plusieurs phénomènes.
Exemple: « Le dossard 1313 n’a pas porté chance à la Canadienne Perdita Felicien aux derniers jeux Olympiques d’Athènes, car elle est tombée à la première haie pendant la finale du 100 mètres haies. »

8. Pétition de principe ou du cercle vicieux
Forme reconnaissable: Inclure la conclusion d'une argumentation dans les prémisses.
Exemple:  «Tout ce qui dit la Bible est vrai, car c’est la Parole de Dieu. Or Dieu existe car il est écrit dans la Bible (Ex, 3, 14) que Dieu existe.»

9. Faux dilemme
Forme reconnaissable: Un faux dilemme est une alternative dont les deux possibilités présentées ne s’imposent pas.
Exemple: « Ou bien tu me quittes ou bien je me tue. »
« Ou bien vous votez pour le parti libéral; ou bien vous votez pour la séparation du Québec.» (Jean Charest)

10. Pente fatale ou glissante
Forme reconnaissable: Accepter telle action entraînera telle réaaction ou situation qui est totalement aberrante. Donc, on ne doit pas accepter de poser l’action initiale.
Exemple: « Il ne faut pas que le Québec se sépare du Canada, car les autochtones voudront se séparer à leur tour du Québec. Le gouvernement refusera et emploiera la force pour les retenir. Il y aura alors des blessés et des morts. Le tout conduira à la guerre civile. »

11. Fausse analogie
Forme reconnaissable: On fait une comparaison entre deux états de choses, mais cette comparaison est boiteuse.
Exemple: « Il n’y a pas de scandale concernant les subventions versées par le ministère de la Santé. Ça arrive souvent dans un couple que les dépenses dépassent de quelques dollars de trop dans un mois. » (Le ministre de la Santé)

12. Complot
Forme reconnaissable: Ce sophisme consiste à imputer une action, une situation à une personne ou un groupe de personnes, simplement parce que cette personne ou ce groupe profite de l’action ou de la situation en question.
Exemple: « Le président a débloqué 200 millions de dollars pour que la FBI fasse enquête sur les responsables des attaques informatiques dont est victime Internet. On voit bien que c’est le FBI qui est à l’origine de toutes ses attaques, car c’est de cette façon que l’organisme secret se finance.!»

13. Caricature
Forme reconnaissable:  Il s’agit de simplifier et de ridiculiser une position pour la rendre plus facile à attaquer et à rejeter.
Exemple: « Les femmes ne sont pas égales aux hommes, voyons! Avez-vous déjà vu une femme avec de la barbe, du poil et un sexe mâle? »

14. Toi aussi
Forme reconnaissable: Consiste à tenter de justifier un comportement en soulignant que d’autres font la même chose, voire pire encore.
Exemple: « On devrait laisser les gens fumer en paix où ils veulent. Après tout, on laisse bien les gens conduire leur automobile et polluer l’atmosphère. »

15. L’incohérence des paroles et des actes
Forme reconnaissable: Consiste à discréditer un adversaire en alléguant que la personne qui la soutient agit de façon incompatible avec elle.
Exemple: « Si tu croyais vraiment que l’automobile est polluante, tu n’aurais pas d’automobile. Mais t’en as une. Donc, tu ne crois pas vraiment que l’automobile soit polluante. »

16. Naturaliste
Forme reconnaissable: Consiste à passer directement d’un ou de plusieurs jugements de fait à un jugement de valeur (loi de Hume)
Exemple: « Une femme peut avoir des enfants à tous les ans. Ma femme devrait donc avoir un enfant chaque année. »

17. Composition
Forme reconnaissable: Attribuer une caractéristique d’un ensemble à partir d’une caractéristique de ses parties.
Exemple: « Les joueurs du club d’Étoiles sont tous de bons joueurs. J’en déduis que le club d’Étoiles est un excellent club de hockey. »

18. Division
Forme reconnaissable: Attribuer une caractéristique des parties à partir de la caractéristique de cet ensemble.
Exemple:  « La police de Montréal est efficace. Donc, le policier Gontran de la ville de Montréal est efficace. »

19. Appel à la tradition
Forme reconnaissable: Faire croire qu’une affirmation est vraie parce qu’acceptée depuis longtemps.
Exemple: « Il faut être fidèle en amour car nos parents étaient fidèles en amour, et ils étaient heureux ainsi. »

20. La culpabilité de la victime
Forme reconnaissable: On blâme la victime d'être elle-même responsable du crime commis contre elle.
Exemple: « Le fait que la victime du viol portait une jupe courte explique qu'elle fut agressée sexuellement. »
 

Sophisme

De Wikiberal
Un sophisme est un argument, raisonnement qui apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité est faux, malgré une apparence de vérité.
Exemple :
  • Théorème : un chat a neuf queues.
  • Preuve : Aucun chat n'a huit queues. Un chat a une queue de plus qu'aucun chat. Donc un chat a neuf queues.
Comme on le voit ci-dessus, il peut prendre la forme d'un syllogisme. 

Concepts proches

  • le paralogisme, raisonnement faux malgré une apparence rigoureuse. Exemple : "1. Tout ce qui est rare est cher. 2. Or un cheval bon marché est rare. 3. Donc un cheval bon marché est cher". Autre exemple (paradoxe de l'emmental) : "1. Plus il y a de fromage, plus il y a de trous. 2. Or plus il y a de trous, moins il y a de fromage. 3. Donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage". La différence avec le sophisme est qu'il n'y a pas volonté de tromper.
  • l'amphibologie, proposition ambiguë qui a plusieurs sens (exemple : "il est allé voir un ami avec sa voiture" : la voiture de qui ? ; "shampooing pour les pellicules" ; "ce cochon de Paul" ; "achetez chez nous, n'allez pas vous faire escroquer ailleurs", etc.)
  • le paradoxe, proposition qui contient ou semble contenir une contradiction, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité. Certains sont proches du sophisme, alors que d'autres sont plus profonds (paradoxes de Zénon).
  • l'aporie (du grec απορíα, absence de passage) : un raisonnement conduisant à un problème insoluble et inévitable ; en rhétorique : un doute, souvent feint (dubitatio)
  • le dilemme (du grec δί-λημμα "double proposition") : une situation qui offre une alternative, menant à des résultats différents, dont les deux partis sont d'égal intérêt (ex. : l'âne de Buridan ; le dilemme du prisonnier)
  • l'antinomie : une contradiction réelle ou apparente entre deux lois, deux principes, deux idées, la raison trouvant deux preuves de sens contraires (ex. : antinomies de la raison pure de Kant ; en physique : antinomie continu/discontinu, onde/particule)
  • l'anti-concept (concept issu du réalisme aristotélicien et de l'objectivisme) est un terme inutilisable dans un discours rationnel car non fondé sur une quelconque expérience ou réalité, et dont le seul but est d'empêcher de penser (par exemple le concept d'ultralibéralisme)
  • le mot-virus véhicule subrepticement un sous-entendu dans un but politique et idéologique : par exemple, l'accusation de "pensée unique" sous-entend que l'adversaire cède à un conformisme général dont on serait soi-même complètement exempt ; le terme de cadeau fiscal sous-entend que ponctionner un peu moins le contribuable revient à lui faire un cadeau, etc.
Un sophisme donne souvent lieu à une illusion du côté de ceux qu'il trompe ; du côté des trompeurs, il est souvent mis en œuvre dans le cadre d'un "stratagème". Dans son célèbre "Art de toujours avoir raison", Arthur Schopenhauer énonce 38 stratagèmes différents, par exemple la généralisation abusive, la diversion, la pétition de principe, l'insulte, etc.

Sophismes anti-libéraux

Les critiques contre le libéralisme - entendons, celles qui sont malhonnêtes intellectuellement - reposent souvent sur une série de sophismes (voir le lien vers Bertrand Lemennicier qui en donne une liste assez complète). En voici quelques exemples.
  • sophisme de l'homme de paille ("straw man") : "le libéralisme en économie, ça ne marche pas, puisqu'il n'existe pas de marché de concurrence pure et parfaite" ; "la liberté qu'invoque le libéralisme n'existe pas, puisque l'homme ne peut satisfaire tous ses désirs" (on tente de réfuter un raisonnement en s'attaquant à une version affaiblie ou sensiblement différente de ce raisonnement, en faisant croire que c'est ce raisonnement lui-même qui est invalidé)
  • non sequitur : "les riches s'enrichissent, par conséquent les pauvres s'appauvrissent" ; ou bien : "le capitalisme génère la pauvreté" ; ou bien : "le marché est imparfait, donc l’État doit intervenir", "à défaut de financement privé pour un projet, l'État doit investir", "la société a besoin de règles, donc l’État doit imposer une régulation", "l’État est indispensable car l’homme est un être social", etc. (on affirme sans justifier le lien)
  • variante du précédent : l'amalgame. Par exemple, on invoque les déclarations libérales de Mussolini dans sa jeunesse pour déclarer que le libéralisme et le fascisme sont identiques. On invoque l'affirmation de Ludwig von Mises selon laquelle il préférait le fascisme au communisme[1] pour le ranger parmi les fascistes.
  • post hoc non est propter hoc : "grâce à la politique volontariste du gouvernement, la situation économique s'est améliorée" (le fait que deux événements se succèdent n'implique pas que le premier soit la cause du second. La réalité est : malgré la politique volontariste du gouvernement, la situation économique s'est améliorée)
  • pétition de principe : "l'État est la seule façon de faire respecter le Droit" (un étatiste ne peut admettre qu'une société libre puisse faire respecter le Droit mieux qu'une société étatisée)
  • généralisation abusive (ou « déduction hâtive ») : "les libéraux sont contre la 'solidarité' obligatoire, ce sont donc des égoïstes qui s'opposent à toute entraide entre les personnes" ; "les libéraux critiquent la démocratie, ils sont donc en faveur de la dictature" ; "les libéraux sont individualistes, ils sont donc opposés à toute action collective" ; "les libéraux sont en faveur du libre marché et de la croissance, ce sont donc des matérialistes" ; "le capitalisme appauvrit tout le monde, voyez Enron" ; "le libéralisme est un totalitarisme, comme le communisme" ;
  • fausse alternative : "alors, êtes-vous pour le capitalisme, ou bien pour la justice sociale ?"
  • question complexe (posée de telle façon qu'on ne puisse répondre ni par oui ni par non) : "Oui ou non, êtes-vous pour le socialisme et la prospérité ?"
  • ex falso sequitur quodlibet : "la justice est du domaine exclusif de l'État, on ne peut donc se faire justice soi-même" (à partir de prémisses fausses, on peut montrer ce qu'on veut)
  • vol de concept : "la propriété, c'est le vol", "il est interdit d'interdire" (on emploie un concept dans un cadre qui le nie, ce qui aboutit à une contradiction interne : le vol présuppose le concept de propriété, il y a donc contradiction dans l'énoncé - le vol de concept permet de produire des énoncés courts et frappants, erronés mais idéaux pour la propagande, voir 1984)
  • contradiction performative, ou populairement : "faites ce que je dis, pas ce que je fais". Par exemple, condamner la propriété privée, mais, à titre personnel, protéger soigneusement ses propres biens ; réclamer une intervention de l’État dans tel ou tel domaine, tout en trouvant que les impôts sont trop élevés ; vanter les services publics mais leur préférer les services privés ; vouloir supprimer les racistes pour supprimer le racisme, etc.[2]
  • deux poids, deux mesures : "Mais, sans état, il risque d'y avoir la guerre!" (comme si avec l'Etat, il n'y avait pas de guerre : on invente un problème dans un cadre donné en feignant de ne pas voir que le problème existe déjà dans un autre cadre - ce sophisme est très pratiqué par les collectivistes, par exemple : "le capitalisme n'élimine pas la pauvreté" - comme si le socialisme l'éliminait ! ; "le libre-échange ne garantit pas la prospérité" - comme si le protectionnisme la garantissait !)
  • double contrainte : deux contraintes qui s'opposent rendent la situation a priori insoluble (« soyez spontané ! » ; « ignorez ce panneau » ; « vous serez punis si vous faites ceci, et vous êtes punis si vous ne le faites pas »). Dans un contexte étatique, il s'agit de nier la responsabilité des individus en les soumettant à une double contrainte : « vous devez cotiser obligatoirement à la Sécurité sociale, mais vous ne devez pas trop lui coûter » (on nie la responsabilité tout en faisant appel à elle).
  • argument par les intentions : "le libéralisme, idéologie des possédants, est uniquement destiné à justifier moralement la richesse de ces derniers" (on prête une intention cachée à l'adversaire)
  • polylogisme : vous raisonnez comme ça parce que vous êtes bourgeois / riche / juif / etc.
  • argument d'autorité : "Marx et Lénine ont prédit la disparition du capitalisme" (on espère que l'autorité invoquée suffise à dissuader l'adversaire de répliquer)
  • argumentum ad antiquitam : "l'État existe depuis toujours, il est donc absolument impossible de s'en passer" (la force de l'habitude ne prouve pas que l'habitude soit toujours bonne)
  • argumentum ad populum : "un grand nombre de gens croient l'État indispensable et d'ailleurs n'importe quel endroit de cette Terre est sous l'emprise d'un État" (qu'une opinion soit partagée par un nombre important de personnes ne prouve pas qu'elle soit vraie)
  • argument du violeur : "tel méfait est justifié, car la victime l'avait bien cherché"
  • argument d'Eichmann : "je ne suis pas responsable, je n'ai fait qu'obéir aux ordres (ou à la loi)"
  • argumentum ad ignorantiam : "personne n'a jamais prouvé que le libéralisme soit le meilleur des régimes, c'est donc faux" ; "vous ne pouvez pas me démontrer que le communisme ça ne marche pas (les exemples historiques n'étant pas suffisants pour généraliser), donc ça marche" (on prétend que quelque chose est vrai parce qu'il n'a pas été démontré que c'était faux, ou que c'est faux parce qu'il n'a pas été démontré que c'était vrai)
  • argument ad hominem : on attaque la personne plutôt que ses idées : "vous êtes de dangereux extrémistes" ; "les libertariens sont des poujadistes" ; "vos idées sont nauséabondes" ;
  • reductio ad Hitlerum : variante d'argument ad hominem : "vous êtes des fascistes, des réactionnaires, des Nazis" (disqualifie l'adversaire en le comparant à des personnages honnis, Hitler ou les Nazis)
  • sophisme de Corax : consiste à dire qu’une chose est invraisemblable justement parce qu'elle est trop vraisemblable. "Croyez-vous que je ferais de la politique si j'y voyais seulement un moyen de m'enrichir aux dépens de mes concitoyens ?" En est dérivée une technique de manipulation classique, appelée « se cacher dans la lumière » : on ne cache pas des faits dérangeants, mais on minimise leur importance, on les discrédite ou on leur enlève habilement tout ce qui pourrait se retourner contre nous.
  • argument circulaire : par exemple, "L’État c'est bien, parce que sans État on ne pourrait pas se défendre contre les gangs qui prendraient le pouvoir et finiraient par former... un État !"

Sophismes étatistes

Il s'agit de sophismes très courants, du type "pétition de principe", "non sequitur" ou "deux poids, deux mesures", destinés à justifier l'interventionnisme de l’État dans les cas de figure où il est le plus contestable :
  • sophisme paternaliste : si on laisse les gens libres, ils agiront contre leur propre intérêt (il faut protéger les gens contre eux-mêmes) ;
  • sophisme de l'alibi de la pauvreté : si l'État ne prend pas en charge cette activité (la santé, l'éducation...), les pauvres en pâtiront ;
  • sophisme pseudo-élitiste : l'État, en charge de l'"intérêt général", sait mieux faire que le privé ; cet argument est souvent implicite dans certains pays, comme la France, où l'État a eu un rôle historique prépondérant dans la fondation de la nation. C'est une "croyance dans le chapeau magique" des étatistes.
  • sophisme comptable : si on dépense autant, c'est bien que ça en vaut la peine (la dépense est d'autant plus justifiée qu'elle est importante - en réalité les sommes dépensées sont arbitraires, les résultats effectifs de ces dépenses ne sont jamais évalués) ;
  • sophisme de l'économie d'échelle : la centralisation étatique permet de diminuer les coûts des services rendus au public (contredit par la loi de Savas ou la loi de Friedman) ;
  • sophisme collectiviste : l'État exprime une "volonté générale", et à ce titre tout ce qu'il fait est forcément légitime (contredit par le théorème d'Arrow et le théorème de l'électeur médian) ;
  • sophisme légitimiste (variante du précédent) : c'est vous qui nous avez élus, donc tout ce qu'on fait est forcément bien ;
  • sophisme de la justice sociale : l’État est l'instrument de la justice sociale (le pillage des faibles par les puissants et des producteurs au profit des parasites est juste dès lors qu'il est pratiqué par l'État) ;
  • sophisme de l'illusion fiscale : l'impôt est nécessaire et utile, puisqu'il permet à l’État de distribuer ses bienfaits aux citoyens (on ne s'interroge pas sur le coût de ces "bienfaits", résultant du vol fiscal, ni s'ils pourraient être produits par la société civile elle-même) ;
  • sophisme de l'illusion mathématique : les calculs montrent que telle décision politique est la meilleure (illusion scientiste qui ignore l'incertitude et les rétroactions inhérentes à l'action humaine) ;
  • sophisme matérialiste : la matière a une valeur intrinsèque, la valeur existe à l'état brut sous la forme de "ressources naturelles", dans un monde aux ressources finies la croissance est forcément finie, etc.
  • sophisme sacrificiel : si des gens sont morts pour ça (le droit de vote, l'égalité...), c'est que ça en valait la peine (comme si l'action fanatique justifie la cause dont elle se réclame) ;
  • double contrainte (pour mettre la victime dans une situation impossible). Ayn Rand l'illustre dans La Grève (p.190) par la réflexion d'un étatiste devant une invention révolutionnaire : « Si le Rearden Metal ne vaut rien, c'est un danger public. S'il est bon... c'est un danger social. »

Exercice d'application

Trouver de quel genre de sophisme ou de quelle illusion relèvent les affirmations politiques suivantes :
  • Notre pays dépense 30% de son PIB pour financer la protection sociale, ce qui en fait l'un des plus avancés au monde (Martin Hirsch, "Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse")
  • L'État est le garant de l'intérêt général. C'est à lui qu'il appartient de décider en dernier ressort. (Raymond Barre, discours du 5 octobre 1976)
  • Seules la vigilance et l'action de la puissance publique peuvent préserver les solidarités collectives qui fondent notre société. (Michel Rocard, Entretien avec la Revue française d'économie, 1986)
  • L'analyse économique sérieuse conduit à constater que le protectionnisme et la dévaluation ramènent à la notion de solidarité nationale. (Emmanuel Todd, Marianne2, 24/03/2011)
  • Cela peut paraître dur, mais je crois que, dans l'intérêt de la collectivité, chaque citoyen doit supporter de pouvoir être suspecté de temps en temps à sa juste mesure. (Eva Joly, Où vont les juges, 2002)
  • Il est impossible qu'il y ait moins d'État-providence, car ça heurterait la souveraineté du peuple ! (Benoît Hamon, août 2011)
  • La culture fait partie du domaine régalien de l'État. (Aurélie Filippetti, juillet 2012)
  • Les banquiers français sont plus honnêtes que les banquiers anglo-saxons car la plupart viennent du service public. (Jérôme Cahuzac, juillet 2012)
  • Il y a un coût écologique pour la planète des produits non écologiques ; il nous faut donc réfléchir à une taxe carbone. (Jérôme Cahusac, juillet 2012)
  • La nature a créé des inégalités, et la loi est là pour les résorber. (Najat Vallaud-Belkacem, décembre 2013)

Sophismes économiques

Le terme de sophisme reste irrémédiablement attaché à la personne de Frédéric Bastiat, qui, dans ses Sophismes économiques, a détruit l'argumentation des anti-libéraux.
Déjà classique outre-Atlantique, l’œuvre capitale de Frédéric Bastiat suscite enfin en France l’intérêt qu’elle mérite. Réédités, dès 1964 en langue anglaise, les Sophismes économiques de Frédéric Bastiat n’étaient plus disponibles en langue française dans leur texte intégral depuis l’édition Paillottet des œuvres complètes publiée chez Gilbert Guillaumin (1854-1855).
Alors que, de nos jours, trop d’économistes se complaisent à produire des ouvrages dont l’obscurité dissimule l’étatisme, Frédéric Bastiat nous rappelle que l’économiste a d’abord pour fonction de mettre en lumière ces rhétoriques irrationnelles qui invalident les politiques économiques. S’inscrivant dans la lignée de la littérature libérale née sous la censure impériale et royale avec les chansons de Béranger et les apologues de Paul-Louis Courier, c’est donc sous une forme littéraire – dialogique autant que logique – que Frédéric Bastiat choisit de présenter les vérités fondamentales de l’économie politique.
Alors que François Guizot s’en était tenu à des considérations naïves sur le gouvernement représentatif avant d’en empêcher l’épanouissement sous la monarchie de Juillet, le futur député républicain Frédéric Bastiat, en stigmatisant la privatisation rampante de l’État par les groupes de pression industriels et agricoles, esquisse une véritable théorie libérale de la justice.
Démystifiant le "sisyphisme" des politiques de l’emploi et la spoliation légale qu’elles induisent, Bastiat démontre que ce sont les pays et les catégories sociales les moins favorisés qui gagnent le plus à la liberté des échanges. Aussi, le lecteur d’aujourd’hui ne trouvera pas d’argumentaire plus essentiel contre le dernier avatar du protectionnisme, “ l’altermondialisme ”, que les Sophismes économiques de Frédéric Bastiat.
L'interventionnisme étatique en matière économique illustre la permanence des sophismes économiques colportés par certains économistes eux-mêmes (voir par exemple plan de relance, multiplicateur keynésien, courbe de Phillips). 


http://www.institutcoppet.org/2011/08/05/le-sophisme-de-la-vitre-cassee/
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