L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
La
dette publique est constituée du montant total de tous les emprunts de l'
État et des autres administrations publiques (collectivités territoriales et
protection sociale).
La dette intérieure est contractée auprès des agents économiques
intérieurs (ménages, entreprises, institutions financières) tandis que
la dette extérieure est financée par des intervenants étrangers.
Origine de la dette publique en démocratie
La dette publique semble être une fatalité de la démocratie. En effet, en
démocratie, les hommes politiques cherchent à satisfaire d'abord l'
électeur médian, et ce par la redistribution, car il faut que cet électeur, dont le revenu est inférieur au revenu moyen
[1], obtienne des avantages qui lui coûtent moins que les
impôts qu'il paie
[2]. Comme il est impossible de prendre à la classe moyenne plus que ce qu'on lui redonne, et comme la
spoliation
des classes aisées atteint vite ses limites, l'octroi de ces avantages
n'est possible que par l'emprunt étatique, ce qui explique
l'accroissement ininterrompu de la dette publique dans les démocraties.
Les avantages obtenus sont soit pécuniaires (allocations diverses,
assistanat, subventions d'associations ou d'entreprises) soit en nature : "
gratuité" de la santé, des études, des infrastructures publiques, et autres prétendus "
acquis sociaux".
Tout politicien qui refuserait cette pratique perdrait les élections en étant supplanté par des politiciens plus
démagogiques que lui sur le
marché politique. L'
État-providence a ainsi vocation à s'étendre indéfiniment en même temps que la dette publique grossit en contrepartie.
La tâche du politicien consistera à s'attribuer les mérites de la
redistribution étatique tout en cachant ou minimisant la réalité de la
dette, en entretenant le plus grand flou à son sujet (ainsi ne sont pas
compris dans la dette certains engagements de l'État : retraites futures
des fonctionnaires, cautions de droit ou de fait, endettement des
sociétés détenues par l'État, etc.). Le politicien étant par définition
irresponsable, il désignera à la vindicte populaire, lorsque la dette ne
sera plus supportable, de nombreux boucs émissaires : le marché, les
banques, certains pays étrangers, certaines institutions
internationales, etc. Ses boucs émissaires préférés seront évidemment
ses créanciers : par un curieux retournement de situation, il les mettra
en accusation et dénoncera leur emprise, comme s'il était lui-même
totalement hors de cause dans ses problèmes de finances, et comme si
l'endettement excessif était une fatalité extérieure dont il n'était pas
responsable.
Un des paradoxes de la dette publique en démocratie est précisément son aspect antidémocratique :
« Chacun sait que la dette n’est que de l’impôt différé
et que la marque d’une démocratie est que l’impôt est voté par ceux qui
vont devoir le payer. Nous collons cependant des impôts énormes (par
l’intermédiaire de la dette que nous allons leur laisser) sur nos
enfants ou nos petits enfants sans qu’ils aient pu les voter, ce qui est
la marque, non pas d’une démocratie, mais d’une démagogie dont le seul
but est que la génération actuelle, celle qui vote, ne souffre en aucun
cas de ses incontinences. »
— Charles Gave
Rôle capital de la banque centrale
Même quand elle ne finance pas directement les déficits de l’
État (par la
création monétaire ex nihilo), la
banque centrale joue un rôle clé entre l’État et les
banques
commerciales pour "diffuser" la dette publique et en assurer une
croissance ininterrompue. En effet, les banques commerciales, en raison
du système dit "de
réserves fractionnaires",
font appel à la banque centrale pour couvrir leurs besoins de liquidité
et augmenter les bases de leur expansion de crédit ; elles sont ainsi
incitées à acheter en continu de la dette publique comme collatéral à
des opérations de refinancement.
Aux
États-Unis, mais également au Japon, au Royaume-Uni et dans une moindre mesure en
Europe, par une pratique non conventionnelle d'assouplissement quantitatif (
quantitative easing),
la banque centrale peut se mettre à acheter directement la dette (les
bons du trésor). La dette est donc monétisée, au risque de créer de
l'inflation ou des bulles spéculatives. Dans un contexte de
sur-endettement général des États, les hommes politiques et les
banquiers centraux jugent que la
déflation est une menace bien plus grave que l'
inflation.
La dette publique peut en fait être présentée comme la seule
justification de l'existence de la banque centrale, institution inutile
par ailleurs :
« Sans l'existence du monopole monétaire, les politiciens
seraient dans l'incapacité d'emprunter de grosses sommes d'argent
créatrices de déficits budgétaires. Sans ces déficits, sans la mise en
place de lois instituant le monopole monétaire, les subventions en
faveur d'intérêts particuliers ne pourraient être financées que par un
surcroît d'impôts. Les contribuables seraient hostiles au financement
des groupes de pression et à celui des gaspillages publics si leur
feuille d'impôt en révélait le coût réel. »
— Mary J. Ruwart
En raison du fonctionnement de la banque centrale, il y a une
corrélation entre la quantité de monnaie en circulation et la dette
publique : la banque centrale crée de la monnaie ex nihilo pour
acheter la dette (directement ou indirectement) ou inversement, si elle
juge la masse monétaire trop importante, détruit de la monnaie en
vendant la dette qu'elle détient.
Pour l’
École autrichienne d'économie, c'est cette création monétaire
ex nihilo qui permet un accroissement apparemment indéfini de la dette publique, qui serait impossible dans un régime d'
étalon-or
strict. Ce mécanisme de cavalerie, qui permet de rembourser la dette
par de l'argent créé à partir de rien, ne cesse que lorsqu'il devient
évident que la dette ne pourra jamais être remboursée, ou lorsque la
monnaie perd toute sa valeur. Il y a toujours une corrélation forte
entre l'ampleur de la dette publique et la faiblesse de la monnaie
concernée, car il devient impossible de résister à la tentation de
"faire marcher la planche à billets" à mesure que la dette grossit et
devient incontrôlable.
Le
monopole
d'émission de la banque centrale permet donc l'accroissement de la
dette publique (que la banque centrale soit publique ou privée n'a à cet
égard aucune importance) ; la liberté monétaire que préconisent les
libéraux via des
monnaies privées en
concurrence entre elles serait une menace à la capacité d'endettement de l’État.
La faute au libéralisme ?
Curieusement, certains accusent le libéralisme de conduire les États à la faillite au bénéfice d'intérêts privés.
- refus de l'argument "too big to fail" pour renflouer les banques ; empêcher la banqueroute ou la faillite revient à répartir sur tout le monde, à la façon collectiviste,
les conséquences des erreurs de quelques-uns (céder à la menace
douteuse du "risque systémique" revient pour l’État à acquiescer par
avance à toutes les exigences des banquiers) ;
- refus du monopole monétaire de la banque centrale, monopole d'origine étatique, source de tous les dérèglements monétaires ;
- refus des politiques keynésiennes, qui n'aboutissent qu'à un accroissement de la dette sous le prétexte de soutenir la croissance ;
- refus des politiques inflationnistes, qui ne profitent qu'à une oligarchie.
L’
État, par le privilège "exorbitant du droit commun" qui lui permet de prélever l'
impôt et d'en user sans le
consentement
du contribuable, devrait se mêler le moins possible d'intérêts privés, y
compris dans les domaines monétaires ou bancaires. Son action aboutit
toujours à privilégier certains intérêts privés aux dépens d'autres
intérêts privés.
C'est précisément en raison de l'extension indue de l’État dans des domaines où il n'a rien à faire (
assistanat,
subventions, renflouements…) que la dette publique, en démocratie, a
tendance à s'accroître indéfiniment sous la pression de divers groupes
d'intérêt (
banques, grandes entreprises, lobbies,
syndicats, etc.).
Les pays les plus libéraux, conscients de la nocivité d'un
endettement excessif, ont fait en sorte d'entraver la tendance naturelle
de l’État à s'endetter indéfiniment. Par exemple, la
Suisse dispose dans sa
Constitution d'un frein à l'endettement destiné à "enrayer les déficits budgétaires chroniques et la croissance de la dette"
[3]. Très longtemps les
États-Unis n'ont pas eu de dette, et n'ont jamais eu besoin (jusque autour des années 1970) d'imposer un
debt ceiling pour limiter les dépenses ; comme l'indique
Peter Schiff[4], c'est l'instauration de la
FED
qui a permis d'accroître l'endettement de l’État. Le plafond
d'endettement a été relevé à de nombreuses occasions sous prétexte de
"prouver aux créanciers que les États-Unis peuvent payer leur dette"
(alors que l'argent ainsi emprunté sert précisément à payer la dette).
Effets pervers économiques
L'appel à l'
épargne présente des effets pervers, en particulier l'
effet d'éviction :
l'épargne consacrée à financer le déficit budgétaire ne peut plus
servir à financer l'activité privée et notamment l'investissement
productif: les dépenses privées sont en quelque sorte « évincées » par
le financement des dépenses publiques.
En ce sens, contrairement aux vues
keynésiennes, un déficit budgétaire peut conduire à la stagnation en privant les
entreprises
d'un moyen essentiel de financement. C’est sans doute la raison pour
laquelle l’union Européenne a retenu parmi les critères d’entrée dans le
« club Euro », une dette publique inférieure à 60% du PIB. La dette est
nuisible parce que son remboursement (service de la dette) devient un
poids très lourd dans le budget (il augmente plus vite que toutes les
autres dépenses publiques). La dette publique et ses intérêts bloquent
la
croissance économique issue de l'
épargne et de l'
investissement.
Comme pour la dette extérieure, on notera que la dette
intérieure, lorsqu'elle est excessive, handicape durablement l'économie
nationale, en raison des remboursements annuels.
Le recours massif à l'endettement — intérieur et extérieur —
marque, en fait, le refus des réalités économiques d'aujourd'hui et le
report des problèmes sur le lendemain, hypothéquant ainsi la situation
économique future. On peut parler, comme le fait l'économiste
Tim Harford) de
« taxe sur les adolescents », d'un transfert de richesse des futurs contribuables vers les adultes du jour.
Selon le théorème d'équivalence de Ricardo-Barro (ou "effet
Ricardo"),
l'augmentation de la dette publique se traduit généralement plus tard
par une augmentation des impôts (l'emprunt d'aujourd'hui est un impôt
futur). Une politique de
relance
financée par la dette publique est donc absurde, puisque les agents
économiques seront portés à économiser plutôt qu'à consommer.
Il y a une différence essentielle entre la dette publique et la
dette privée : les personnes qui décident d’emprunter ne sont pas celles
qui vont payer les intérêts ni rembourser le capital emprunté, ni non
plus celles qui vont bénéficier de l’emprunt :
- C'est la nature même des actions menées par les hommes de l’État
que de faire en sorte que le coût des actions des individus ne soit pas
supporté par eux mais par d'autres, et que les gains de ces actions
soient appropriés par d'autres que ceux qui ont à en supporter les
coûts. C'est parce qu'il y a cette séparation, ou externalisation, entre
ceux qui paient et ceux qui bénéficient que règne une irresponsabilité
générale des actions étatiques. On peut reprocher aux économistes d'hier
et d'aujourd'hui d'être silencieux sur ce fait essentiel qui distingue
une dette privée d'une dette publique. (Bertrand Lemennicier)
La fiction étatiste selon laquelle "la dette publique sert l’intérêt
public" est réfutée quand on examine la part du budget annuel de l’État
qui est allouée aux investissements. La réalité est que la dette
publique sert à acheter le vote et à complaire à la clientèle électorale
des politiciens.
Effet pervers politique
L'accroissement de la dette publique favorise le
capitalisme de connivence
entre pouvoir et finance, ce qui oblige le pouvoir à intervenir pour
secourir des banques dont il est en réalité étroitement dépendant pour
placer ses emprunts. Le concept de "
too big to fail"
encourage la finance à pratiquer des prises de risque inconsidérées et
fait des grandes banques un facteur de risque systémique. La course à
l'endettement s'accompagne d'une course à la prise de risques et d'une
course à l'accroissement continu des masses monétaires, en même temps
que s'accroissent tant l'appauvrissement du pays que l'emprise de
l'Etat-providence et de la fiscalité redistributrice sur la population.
Les conséquences inéluctables
L'endettement excessif rend un pays presque entièrement dépendant de
ses créanciers : dès que ceux-ci ont des doutes sur la solvabilité de
leur débiteur et cessent de lui prêter (ou ne veulent lui prêter qu'à
des taux très élevés), ce dernier se trouve brutalement confronté à une
crise insoluble autrement que par le défaut ou par une réduction
drastique du train de vie de l'État.
Le retour à la réalité est douloureux. L'État, à la différence de
ce qui se passe pour un particulier surendetté, peut décider
unilatéralement de suspendre les remboursements de la dette, mais ce
faisant il ne trouve plus de créanciers disposés à souscrire à ses
nouveaux emprunts (car il peut difficilement réduire ses dépenses dans
le même temps). La seule différence entre le cas du particulier et celui
de l'État tient à l'irresponsabilité de ce dernier : ceux qui ont
choisi, par
démagogie,
la voie de l'endettement, ne sont pas les mêmes que ceux qui en
paieront plus tard les conséquences. La rhétorique étatique et
politicienne pourra toujours s'efforcer, le moment venu, de cacher la
réalité au contribuable-citoyen et de présenter la sanction des marchés
comme une fatalité liée au
libéralisme économique et au
libre-échange.
L'Histoire permet de dresser la liste des façons dont les États ont liquidé leur dette publique :
- la répudiation ou le défaut de paiement : la dette est
"rééchelonnée" ou n'est plus remboursée (cas des emprunts russes,
répudiés en 1918 par les Bolchéviques ; en France, en 1797,
le Directoire annule autoritairement les 2/3 de la dette : "banqueroute
des deux tiers") ; une "doctrine" ad hoc existe à ce propos, celle de
la "dette odieuse" ;
- la dévaluation de la monnaie et l'inflation
monétaire permettent de rembourser la dette en dessous de sa valeur
d'origine (cas de l'Empire romain sur le déclin, Allemagne de Weimar,
dévaluation du peso en Argentine en 2002, quantitative easing
pratiqué par les banques centrales, monétisation de la dette, etc.) ;
l'inflation est une redistribution qui s'opère entre emprunteurs et
prêteurs ;
- l'augmentation des impôts
permet de faire face aux remboursements, mais c'est la mesure la plus
impopulaire, et qui ne règle pas le problème pour autant ;
- le désendettement par diminution du périmètre de l'État (par privatisation,
suppression de subventions et de prestations, plan d'austérité,
réduction drastique du traitement des fonctionnaires, etc.), impopulaire
également (cas de la Grèce en 2010) ; cette solution de bon sens se
heurte aux mauvaises habitudes qui perdurent entre l'État redistributeur
ou gaspilleur et sa « clientèle » privilégiée ;
- le transfert des dettes à une entité qui a une meilleure
réputation aux yeux des créanciers (solution des "eurobonds" pour
remédier à l'endettement des pays européens) : cela permet de gagner un
peu de temps, sans régler aucun des problèmes d'endettement excessif ;
- la recherche de nouvelles ressources à l'intérieur du pays par
l'emprunt forcé, l'expropriation, ou à l'extérieur par la guerre (cas
de la Révolution française et du Premier Empire) ;
- la "remise à zéro" (big reset), annulation générale des
dettes, comme le faisaient les Hébreux avec la pratique du jubilé :
tous les cinquante ans, les compteurs étaient remis à zéro et les dettes
remises ; cette pratique n'a évidemment rien de juste, elle favorise
les riches endettés au détriment des créanciers pauvres ;
- la liquidation physique des créanciers (par exemple Philippe le Bel avec les Templiers).
Toutes ces options étant plus ou moins douloureuses et obligeant
l'État à sortir de la consensuelle "tyrannie du statu quo", les États se
contentent de naviguer à vue et de cacher la réalité autant que
possible. La plupart des analystes prédisent que l'
inflation (voire l'hyperinflation) en sera le résultat :
« Tous les États-providence occidentaux seront dans
l’incapacité de rembourser leurs dettes, et ne pourront pas faire face à
leurs obligations vis-à-vis des personnes accédant à la retraite.
Le seul moyen qu’il leur reste pour assumer leurs engagements est de
s’engager dans une inflation démesurée, c’est-à-dire émettre de la
monnaie afin de donner l’impression qu’ils peuvent honorer leurs
paiements, avec comme conséquence inévitable, la perte de pouvoir d'achat de leurs devises qui sera suivie de l’expropriation de l’individu productif (nationalisations). »
— Hans-Hermann Hoppe
À noter que la dette cesse de croître à partir du moment où le solde
budgétaire est positif. Il ne suffit pas de se conformer à un déficit
budgétaire limité à 3% (critères de Maastricht). Contrairement à une
erreur commune, un solde primaire (solde budgétaire moins charge de la
dette) excédentaire ne signifie pas baisse de la dette, mais c'est le
solde budgétaire qui importe. Avec la financiarisation de l'économie,
tous les prêteurs d'obligations se couvrent par la souscription de credit default swaps
(CDS), ce qui rend en théorie possible de faire payer la dette suite à
un éventuel défaut de paiement par les vendeurs de ces contrats (en
réalité, étant donnés les montants en jeu, la solvabilité de ces
vendeurs est elle-même très douteuse).
L'analyse libertarienne
Pour les
libertariens (voir par exemple
Murray Rothbard,
Repudiating the National Debt), l'État ne peut être mis sur le même pied qu'un débiteur privé. Son engagement n'a pas de valeur, puisqu'il ne crée pas de
richesse, mais vit de l'argent volé aux contribuables ou de cet impôt caché qu'est l'
inflation.
Les créditeurs de l'État sont eux-mêmes éthiquement répréhensibles,
puisqu'en tant que « receleurs d'impôt » ils seront remboursés grâce à
la
coercition fiscale. La dette publique ne peut être considérée à l'égale d'un
contrat entre propriétaires légitimes, car il n'y a pas de
responsabilité contractuelle en ce domaine :
- C'est la nature même des actions menées par les hommes de l’État
que de faire en sorte que le coût des actions des individus ne soit pas
supporté par eux mais par d'autres, et que les gains de ces actions
soient appropriés par d'autres que ceux qui ont à en supporter les
coûts. C'est parce qu'il y a cette séparation, ou externalisation, entre
ceux qui paient et ceux qui bénéficient que règne une irresponsabilité
générale des actions étatiques. On peut reprocher aux économistes d'hier
et d'aujourd'hui d'être silencieux sur ce fait essentiel qui distingue
une dette privée d'une dette publique. (Bertrand Lemennicier)
Plutôt que l'augmentation des
impôts
ou l'inflation, Rothbard propose une solution révolutionnaire : la
répudiation de la dette publique. Il n'y a pas de raison que la
population paie pour les dettes contractées par les classes
dirigeantes ; de plus, cela empêchera les
gouvernements,
faute de créanciers, de continuer à détourner des ressources privées
pour les gaspiller dans les projets étatiques. La répudiation de la
dette est donc un moyen radical de diminuer l'emprise de l'État sur la
société civile, en lui "coupant les vivres". Rothbard propose aussi de traiter l'État comme une
entreprise en faillite et de vendre tous ses biens.
La répudiation de la dette, une solution "de gauche" ?
Les "solutions" habituellement proposées par les hommes politiques
sont celles qui sont indiquées plus haut dans la section "Comment
liquider la dette publique".
Les solutions
nationalistes consistent à se refermer sur le pré carré national et à agir sur la
monnaie (en
Europe, sortir de l'
euro pour revenir à une monnaie nationale qui permettra un plus grand laxisme budgétaire).
Une partie de l'intelligentsia de gauche pratique le déni,
estimant qu'il se trouvera toujours des créanciers pour acheter la
dette, ou que la création monétaire illimitée permettra de régler tous
les problèmes (
illusion monétaire).
D'autres solutions "de gauche" (par exemple celles d'
Attac dans
Le Piège de la dette publique, 2011) proposent un "mix" variable de répudiation d'une partie de la dette et de monétisation d'une autre partie par la
banque centrale.
Ces "solutions" étatistes, qui admettent implicitement que la
dépense publique est toujours justifiée et ne saurait être remise en
question, ne s'attaquent évidemment pas à la racine du problème, qui
n'est pas la "toute puissance des marchés financiers", mais bien le
surendettement des États (ce sont bien eux qui se sont mis sous la coupe
des marchés financiers).
Alors que ces "solutions" ne font que prolonger le problème, la solution de répudiation
libertarienne
est la plus radicale ; elle a le mérite de montrer la réalité de
l’État, voleur et irresponsable par nature. L'endettement est supprimé,
en même temps que la capacité d'emprunt, ce qui contraint les hommes de
l’État à restreindre drastiquement son périmètre et à mieux le gérer :
«
Le principal problème de la dette est de permettre une
expansion de l'État qui semble sans douleur — jusqu'à ce que la douleur
devienne insupportable et menace l'ensemble de l'économie. Mais le
problème porte peut-être en lui sa propre solution, la crise actuelle
des dettes souveraines offrant une chance inespérée : enchaîner Léviathan.
Presque partout, l'État est fauché, et devra réduire fortement ses
dépenses ou faire défaut sur sa dette. En vérité, un défaut l'obligerait
également à réduire ses dépenses en bloquant son accès aux marchés
financiers. »
—
Pierre Lemieux,
Les Dettes Souveraines,
Libres ! 100 idées, 100 auteurs
Déficit budgétaire
De Wikiberal
Le déficit est constitué du solde négatif de l'opération : Recettes - Dépenses. On parle de
déficit public ou
déficit budgétaire lorsque les recettes de l'
État
sont inférieures à ses dépenses. Ce déficit peut être soit volontaire
(déficit structurel) soit dû à la mauvaise conjoncture (déficit
conjoncturel). L'accumulation de déficits budgétaires entraîne
l'augmentation de la
dette publique à long terme qui, elle-même, par l'accroissement des charges financières de l'
emprunt, grève le budget et contribue au déficit.
La politique de déficit systématique a été prônée par les Keynésiens sous couvert d'effet «
multiplicateur » des dépenses publiques.
Il existe, sommairement, deux façons d'éliminer les déficits :
- au moyen de réductions de dépenses
par des augmentations d'impôts
L'austérité budgétaire désigne les politiques d’assainissement budgétaire qui consiste dans une plus grande
rigueur dans la tenue des comptes publics. Selon le mainstream l'austérité empêcherait la
relance économique et la
croissance. Cette idée suppose, bien sûr, que le niveau de
dépenses publiques reste insuffisant pour garantir un « minimum vital » de croissance.
Selon les détracteurs des dits « plans de rigueur » la baisse des
dépenses publiques a un impact négatif sur le croissance et le PIB,
entraînant par là une précipitation dans une
récession.
Multiplicateur keynésien
De Wikiberal
Le
multiplicateur keynésien ou
multiplicateur d'investissement est une théorie développée par
John Maynard Keynes
s'inspirant du "multiplicateur de l'emploi" de l'économiste anglais
Richard Kahn dans un article intitulé « La relation entre
l'Investissement Intérieur et le Chômage ». L'idée est la suivante : “si
la propension à consommer dans les diverses circonstances imaginables
(ainsi que quelques autres conditions) est prise comme donnée et si l'on
suppose que l'autorité monétaire ou une autre
autorité publique prenne des mesures en vue de favoriser ou de
contrarier l'investissement, la variation du volume de l'emploi sera une
fonction de la variation nette du montant de l'investissement”.
Les keynésiens le définissent comme le rapport entre une variation des
dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global. C'est l'un des soubassements idéologiques des
politiques de relance financées par l'emprunt.
Un concept faux
La théorie du "multiplicateur d'investissement" peut se présenter comme suit
[1] :
Revenu de la société = Consommation + Investissement
La consommation est une fonction stable du revenu, comme le
montrent des corrélations statistiques, etc. Disons, pour simplifier,
que la variable "Consommation" est toujours égale à 0,8 fois le "Revenu
(de la société)". Dans ce cas on obtient à partir de l'équation
précédente :
Revenu = 0,8 Revenu + Investissement ;
donc
0,2 Revenu = Investissement ;
ou encore
Revenu = 5 Investissement
Ce "5"-là est le "multiplicateur d'investissement". Il est alors
évident qu'il suffit, pour augmenter le revenu monétaire de la société
d'un montant donné, d'augmenter l'investissement du cinquième de ce
montant ; la magie du multiplicateur fera le reste.
Il a été démontré qu'il s'agit d'un sophisme mathématique, en
effet, peu importe d'où vient l'argent, par voie d'emprunt, de la
fiscalité ou de la planche à billets, les dépenses du gouvernement
préemptent toujours les dépenses qui se feraient, tôt ou tard, dans
l'économie, puisqu'il s'agit d'un transfert. Voir aussi la loi de
Bitur-Camember.
Si l'investissement a en effet un multiplicateur, apparent, il
est erroné de croire qu'encourager l'investissement public permettra
d'avoir des effets positifs.
Effet d'éviction
Dans un article de
1974, "Ricardian Equivalence Hypothesis", le macro-économiste
Robert Barro
a montré que le multiplicateur keynésien ne pouvait pas avoir les
vertus que lui prêtent les tenants de Keynes. Financer un plan de
relance par de la dette ou des impôts publics ne change rien : la dette
est un impôt futur et les ménages épargnent davantage pour se prémunir
de ces hausses d'impôts futures, au détriment de la consommation. Le
multiplicateur est, au mieux, unitaire.
La question a suscité de nombreux débats et études depuis 1974.
Une étude de Matthew Shapiro et Joel Slemrod a montré qu'en 2001, les
baisses d'impôts temporaires du gouvernement américain avaient été très
largement utilisées pour épargner en prévision de la hausse des impôts
future
[2].
Il serait cependant faux de dire que personne ne gagne dans ces
cas-là : la dette n'étant remboursée que plus tard, ceux qui meurent
avant ce remboursement ont eu les bénéfices sans les coûts. C'est ce qui
fait dire à l'économiste
Tim Harford qu'un plan de relance n'est rien d'autre qu'une
« taxe sur les adolescents »[2].
Importations
Dans les économies ouvertes, ce mécanisme est rendu encore plus inefficace par les importations : bien souvent les
politiques de relance ne servent qu'à financer l'achat de biens importés et donc à soutenir les économies étrangères tout en creusant la
dette publique. Ce fut par exemple ce qu'il advint avec la politique de relance
socialiste en
France au début des années 1980, pendant que les autres pays développés se réformaient.
Stabilité
Enfin,
Milton Friedman et David Meiselman ont montré, dans leur article
The Relative Stability of Monetary Velocity and the Investment Multiplier in the United States, 1897-1958,
que si ce multiplicateur existait réellement, sa valeur serait beaucoup
plus instable et sujette à variations que celle de la vitesse de la
circulation de la monnaie, ruinant ainsi tout espoir de bâtir des
plans de relance sur autre chose que des chiffres arbitraires.