mai 03, 2015

SE PASSER DE L’ETAT - Pédagogie !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Comment relayer l’action de l’Etat dans un domaine aussi sensible que la protection sociale ? La semaine dernière cette rubrique a montré la nécessité d’un système réellement garanti et d’un système transparent. Serait-ce un luxe ?

De nouvelles sécurités sociales (1ère partie) 



Assurances mutuelles

Mettre en cause la Sécurité Sociale ne signifie pas priver les Français de toute protection contre les aléas de la maladie ou de la vieillesse. Bien au contraire : alors que la couverture sociale offerte par la Sécu est de plus en plus coûteuse (hausse incessante des cotisations et compensation croissante des déficits) et de moins en moins efficace (un système de santé en déclin, des files d’attente et une pénurie de médecins, des retraites rognées dès aujourd’hui et incertaines pour demain), il existe des formules éprouvées bien plus économiques et de qualité très supérieure.

Les Français en sont déjà conscients, et prennent leurs précautions : la protection « individuelle » renaît face aux lacunes et incertitudes de la protection « sociale ». Ils épargnent et cherchent à préserver ce patrimoine, voire à le rentabiliser. Les uns investissent dans la pierre (mais sont de plus en plus pénalisés par la fiscalité), les autres souscrivent à des contrats d’assurance-vie, ou à des plans d’épargne, d’autres achètent de l’or ou empilent des billets de la Banque Centrale Européenne (imprudents !).

Il ne fait aucun doute que, quelle que soit la vertu de la fourmi, elle a imaginé depuis longtemps de travailler en communauté avec d’autres. L’idée de la solidarité et de la mutualisation est fort ancienne, et s’est développée considérablement au XIXème siècle. Chacun s’engageant par ses cotisations à aider ceux qui seront victimes du chômage, ou de la maladie, cela permet d’avoir une couverture moins coûteuse.

On franchit un pas nouveau en dépassant la cotisation versée à une mutuelle pour confier l’épargne à des assureurs qui, à la différence des mutualistes, investiront cette épargne dans des placements fructueux : les compagnies achèteront des immeubles, ou prendront des participations dans des entreprises, ou souscriront à des obligations émises par des institutions dignes de foi. Les assurances mutualisent les épargnes et divisent les risques sur un grand nombre de personnes.

Une fable aussi bien connue que celle de la cigale et de la fourmi fait croire aux Français que la protection sociale offerte par les compagnies d’assurances a fait faillite entre les deux guerres mondiales, notamment parce que l’inflation aurait ruiné ces compagnies. Il n’en est rien, et c’est pour des raisons purement idéologiques que le gouvernement de Vichy inventera ladite Sécurité Sociale, que le programme économique de la Résistance s’empressera de reprendre et de généraliser, puisque un pas important était ainsi fait vers le collectivisme. Au demeurant, rien n’oblige l’Etat à dévaluer la monnaie !


De nouvelles sécurités sociales (2ème partie) 



Sécurité Sociale avec une majuscule, c’est un organisme administratif, un système public, tandis que sécurité sociale, avec une minuscule c’est le fait d’être protégé contre un certain nombre d’aléas de la vie personnelle, familiale ou professionnelle ; c’est un objectif légitime. 

Les risques seront couverts

Tous les réformateurs de Sécurité Sociale devraient, avant toute chose, rappeler les garanties qu’il s’agit de conserver, parfois même de retrouver (puisqu’elles sont en train de s’envoler aujourd’hui avec les déficits et bientôt l’explosion de la Sécurité Sociale).

La première garantie c’est d’offrir à tout Français des soins de qualité, quels que soient son âge, son état de santé, son revenu.

La deuxième c’est de pouvoir toucher aujourd’hui, mais aussi dans dix, vingt ou trente ans, les pensions de retraites pour lesquelles ils ont cotisé toute leur vie, et qu’ils sont en droit d’attendre.

La troisième est une couverture des accidents du travail. La quatrième est la prise en charge des handicapés.

Ces garanties doivent être réelles. Il ne faut pas, comme c’est le cas actuellement, invoquer à tout propos une excuse pour ne pas tenir les promesses : aujourd’hui on ne cesse de demander des « sacrifices » toujours justifiés par la conjoncture, la crise, la concurrence, le chômage, etc. Voilà trente ans que, chaque année, on « sauve la Sécurité Sociale » de la même manière : on découvre avec surprise un déficit, puis on relève les recettes et on diminue les remboursements, et en fin de compte on retourne à l’équilibre…jusqu’à la prochaine. Cela s’appelle pudiquement les ajustements « paramétriques » : variations du taux des cotisations ou de leur assiette, déremboursements, recul de l’âge de la retraite, allongement de la durée de cotisations, changement dans le calcul des pensions, etc. C’est le triomphe de l’insécurité sociale.

Donc le premier principe à respecter quand on veut modifier le système est la stabilité du contrat entre assureur et assuré. L’engagement doit être durable, et sur une base simple.

Le contrat sera lisible : séparation des régimes

La base est simple quand on rend le contrat transparent. Or, aujourd’hui la Sécurité Sociale est une administration opaque, se livrant à des opérations complexes, dont les données financières ne peuvent même pas être connues ni contrôlées par la Cour des Comptes.

La première mesure à prendre est d’en finir avec le mélange des régimes, symbolisé par l’existence de l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS). Sont financièrement confondues les régimes de vieillesse, maladie, accidents du travail, chacun se divisant entre salariés et non salariés : de plus, au régime général se surajoutent des régimes spéciaux, obéissant à des règles diverses en fonction des activités ou des personnes, notamment en ce qui concerne les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques. Au sein du régime général, des transferts permanents s’opèrent, les caisses de retraites compensant les déficits de la maladie, ou inversement ; aujourd’hui ces transferts demeurent incontrôlés, mais sans grande utilité globale puisque tous les régimes généraux sont en déficit.

Demain, la centrale d’achat des prestations sociales devra disparaître. Alors, les contrats d’assurance maladie seront nettement séparés des contrats de retraites, ou des contrats pour d’autres risques, de façon à faire apparaître les vrais coûts et prix des diverses prestations. Dans une perspective de privatisations, la diversité s’instaurera entre caisses ou compagnies concurrentes, pour le plus grand bénéfice des Français, qui cesseront d’être des assujettis pour être des assurés consommateurs de sécurité sociale. Mais où ces consommateurs trouveront-ils l’argent nécessaire ? Cette question est résolue par la disposition du salaire complet.

De nouvelles sécurités sociales (3ème partie)

Comment le salarié qui gagne 2.400 euros n’en touche que 1.300 

Pour passer à de nouvelles sécurités sociales, les Français ont besoin de savoir où ils en sont avec leur couverture actuelle, et s’ils ont les moyens financiers de changer de système. Ces deux problèmes sont résolus dès qu’ils savent calculer leur « salaire complet ».

En effet, ils sont habitués à voir le bas de leur feuille de paye, et ils retiennent deux chiffres :

-         celui de leur salaire net : c’est ce qu’ils vont réellement toucher de leur employeur, c’est la mesure de leur véritable pouvoir d’achat (avant impôts) ;

-         celui de leur salaire brut, qui est supérieur au salaire net, puisqu’il comprend la part dite « salariale » des cotisations sociales, ainsi qu’une partie de la CSG. Actuellement, sur un salaire brut mensuel de 1.600 euros on retient environ 270 euros, le salaire net est donc de 1.330 euros. La retenue est plus forte s’il s’agit de salariés cadres.

Ce salaire, net ou brut, représente-t-il la valeur de la contrepartie du travail fourni par le salarié ? Absolument pas : la vraie valeur est celle qui a été reconnue et acceptée par le client, puisqu’en fin de compte c’est bien le client qui paie la « valeur ajoutée » par les travailleurs (salaires), les prêteurs (intérêts) et les entrepreneurs eux-mêmes (profits).

Présentons les choses autrement : sans les prélèvements sociaux et fiscaux, notre salarié aurait dû toucher environ 2.400 euros. C’est ce qui s’appelle le salaire complet. Il n’en verra pas la couleur, on lui en remettra à peine plus de la moitié (salaire net).  

La différence est le prix payé pour la protection sociale 

Si l’on disposait d’une « feuille de paye vérité », elle indiquerait clairement où est passée la différence. En raisonnant sur le même salarié, il aura payé mensuellement, entre autres :

300 euros pour sa couverture santé ;
400 euros pour sa retraite ;
120 euros pour son assurance chômage ;
20 euros pour son assurance accidents du travail ;
90 euros pour les allocations familiales (un impôt, car indépendant de la situation de famille) ;
15 euros pour le logement (idem) ;
80 euros pour le transport (idem). ;

Peut-être ces chiffres sont-ils plus parlants encore si on les ramène à l’année : chaque année ce salarié doit payer une facture de 4.800 euros pour sa retraite (soit pratiquement deux mois complets de salaire net !) et 3.600 euros pour la maladie. 

Des prix exorbitants imposés par le monopole 

Or, dans des pays européens voisins, le salarié peut être couvert (à conditions égales) pratiquement à moitié prix. Non seulement le salarié aurait les moyens de bénéficier d’autres sécurités sociales, mais il mettrait dans sa poche l’équivalent de 2 à 3.000 euros par an !

Pourquoi ces différences ?

1° la première tient à ce qu’un régime d’assurance classique est personnalisé, et l’assuré n’a pas intérêt à sur-dépenser pour sa santé par exemple. La Sécurité Sociale française relève au contraire d’une logique de « droits sociaux » : puisque j’ai droit, je consomme.

2° La deuxième tient à ce que la gestion par la Sécurité Sociale est fondée sur le principe de la répartition : les bien portants paient pour les malades, les jeunes actifs paient pour les vieux retraités. Solidarité forcée mais sympathique, mais également ruineuse ; par contraste, les assureurs capitalisent les primes, et font fructifier l’argent collecté : les primes sont moindres ;

3° la troisième, c’est que le système français actuel ne fait aucune place à la concurrence, alors qu’il existe nombre de caisses de maladie et de retraites dans la plupart des pays, où le choix de l’assuré crée une compétition entre assureurs, et évite le coût d’une bureaucratie publique, centralisée, et incontrôlée.   
 
Reprise de mon blog Humanitas sur 20'
Source: Aleps - Réflexion démontrée sur l'utilité de l'Etat



 

mai 01, 2015

Recasés comme privilégiés de la République

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) "Les recasés de la République" : ces politiciens devenus "inspecteurs généraux" et qui se cachent dans des placards dorés - Roger Lenglet et Jean-Luc Touly - Atlantico

B) BMW, duplex, salaires de PDG : les folies dépensières des académies - Par et   - Le Point

C) Sciences Po : Agnès Chauveau, remerciée pour plagiat, nommée à l’INA - Par valeurs actuelles.com

D) Enquête sur ces hauts fonctionnaires trop gâtés "Une nouvelle noblesse d'Etat"- Yvan Stefanovitch - L'internaute




 A) "Les recasés de la République" : ces politiciens devenus "inspecteurs généraux" et qui se cachent dans des placards dorés

Leurs "placards" dorés font rêver ! 
Nichés au sein des institutions, des fondations, ou à des postes enviables du secteur privé, ils jouissent de revenus très confortables et échappent souvent à tout contrôle. Le réseau des recasés de la République, qui abrite de nombreuses célébrités et une armée d'inconnus qui valent le détour, est un continent obscur, avec ses règles, ses lois et ses jeux d'influence feutrés. Extrait de "Les recasés de la République", de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, publié aux éditions First (1/2). 
Pour ces deux nominations au Budget qui ont attiré l’attention, beaucoup d’autres restent discrètes bien qu’elles soient aussi étonnantes. Et l’on peut faire la même constatation chez les contrôleurs et inspecteurs généraux des autres corps, de l’Agriculture à l’Éducation nationale, où nombre de recasés se font surtout remarquer par leur absence et leurs activités réelles très éloignées de la fonction qui leur vaut une rente confortable. Voire par leur ignorance.

La Cour des comptes a déjà signalé ce phénomène.
Par exemple, dans un référé à l’intention du Premier ministre François Fillon, à l’automne 2010, signé par le premier président de la Cour des comptes. Ce document confirme que la réalité dépasse la fiction dans ce domaine. Le magistrat de la rue de Cambon y relate « l’inaptitude à exercer » d’une grande partie des inspecteurs recasés par les ministres. Il cite même la note d’un doyen qui signale « l’impossibilité d’adaptation de cinq des douze inspecteurs généraux de l’Éducation nationale nommés au tour extérieur entre septembre 2002 et août 2008 », précisant que « ces inspecteurs font preuve d’insuffisances professionnelles telles qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir les compétences nécessaires au bon accomplissement des tâches techniques confiées aux inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ». Le référé rappelle à François Fillon qu’il faut s’assurer que les personnes nommées par les ministres « soient en mesure de travailler de manière effective ». Selon le journaliste Augustin Scalbert, qui a fait état de ce courrier dès son envoi au Premier ministre, ce dernier n’a pas répondu.

Toutefois, certains inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ont pris soin de demander à bénéficier de leurs droits à la retraite dans les semaines qui ont entouré le passage de la Cour des comptes. C’est le cas notamment de Jean Germain et Léon Bertrand nommés au tour extérieur, comme nous allons le voir. L’enquête des magistrats note à leur propos : « De l’ensemble des éléments recueillis lors de l’instruction, il ressort qu’il n’a été possible de retrouver que des traces matérielles minimes attestant de leur activité effective. » Soit, pour le premier, nommé par François Mitterrand en 1993, « dix courtes notes manuscrites » et un rapport en dix-huit années d’exercice pour lesquelles il a perçu une rémunération d’environ un million d’euros et engrangé de précieux points de retraite.


Maire (PS) de Tours jusqu’en 2014, Jean Germain a été réélu trois fois depuis 1995 sans jamais demander sa mise en position de détachement de l’Inspection générale, ni même des décharges horaires. Il a fait valoir ses droits à la retraite de l’Inspection dans le mois précédant l’envoi du référé de la Cour des comptes, tout en conservant ses mandats de maire et de président de la communauté d’agglomérations de Tours, auquel il a ajouté en 2011 celui de sénateur d’Indre-et-Loire, cumulant une douzaine de mandats et de fonctions.

Pour le second recasé, Léon Bertrand, ancien député UMP de Guyane et ex-ministre du Tourisme de Jacques Chirac, nommé inspecteur général par Nicolas Sarkozy en 2008, le référé de la Cour des comptes ne relève qu’« une dizaine de réunions » pour toute trace de son activité d’Inspecteur général. On le comprend mieux quand on sait que Léon Bertrand est également maire de Saint-Laurent-du- Maroni depuis 1983, une ville située à 7 000 kilomètres de Paris. Il a négligé, lui aussi, de demander une mise en disponibilité de son poste d’inspecteur général de l’Éducation nationale ou, au moins, un temps partiel. Peut-être justement par manque de temps ?
Certains parlementaires français, sénateurs et députés, s'enrichissent personnellement grâce à leur IRFM (indemnité représentative de frais de mandat) en achetant leur permanence pour leur propre compte avec de l'argent public destiné à d'autres usages. Hervé Lebreton (association "Pour une démocratie directe") dénonce cette pratique digne d'une république bananière et ces élus qui s'en mettent plein les fouilles aux frais du contribuable.
Il aurait tout de même demandé, à l’instar de Jean Germain en 2010, à faire valoir son droit à la retraite au taux prévu par l’Inspection générale. Le passage de la Cour des comptes n’a sans doute pas été complètement inutile. Mais on ne peut qu’être déconcerté devant l’aplomb des deux bénéficiaires qui n’ont pas hésité à faire comme s’ils avaient réellement exercé leur fonction, malgré les constatations officielles. Il faut aussi songer que, parallèlement à sa nomination, il était aussi conseiller régional depuis 2004, tout en tenant à assurer les multiples fonctions liées à ses mandats, comme celle par exemple de président de la communauté de communes de l’Ouest guyanais (CCOG). L’élu n’aime pas affronter les questions qu’on a envie de lui poser depuis sa mise en cause par le référé de la Cour des comptes. Il se targue volontiers de sa popularité face aux accusations qui pourraient égratigner son image.


À 64 ans, Léon Bertrand risque toutefois de devoir prendre sa retraite plus vite qu’il ne le voulait. En octobre 2014, il a été condamné en appel dans une affaire de « favoritisme et de corruption » : vingt mois de prison dont seize ferme, et deux ans de privation de ses droits civiques, auxquels s’ajoutent 80 000 euros d’amende. Le procès concerne des « dessous-de-table » et une douzaine de marchés publics attribués à des entreprises retenues par la communauté de communes qu’il préside. Son avocat a annoncé qu’il se pourvoirait en cassation. Si la Cour devait confirmer la sentence, moyennant les lenteurs habituelles de la justice, l’élu ne retrouvera le droit de faire campagne en quête d’un mandat politique qu’après avoir perdu sa mairie et la région, au profit de successeurs qui seront devenus assez puissants pour les garder. Il aura alors largement atteint l’âge de profiter lui aussi de sa pension de retraite de l’Éducation nationale.

La Cour des comptes peut donc mettre son nez dans certaines nominations très complaisantes en regard des compétences et des disponibilités réelles des bénéficiaires. Il arrive même qu’elle intervienne pour signifier tout simplement que leur âge est vraiment trop avancé ou que les obligations sur l’âge de la retraite sont transgressées ! On en trouve une illustration dans le rapport que la Cour a rendu sur le Consortium de réalisation (CDR), la structure qui a joué un rôle clé dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais, en octobre 2010110. Elle y a pointé le fait que Bernard Scemama, le haut fonctionnaire désigné par la ministre de l’Économie Christine Lagarde au sein du CDR, qui devait se prononcer sur le recours à une procédure d’arbitrage, aurait dû en être éjecté aussitôt. 

« Il avait atteint la limite d’âge de 65 ans trois mois après sa nomination. Il ne pouvait donc être maintenu en fonction au-delà de cette date qu’à titre intérimaire et pour une durée limitée », relève la Cour des comptes. 

Or, note-t-elle, « il a finalement été prolongé jusqu’en février 2009, soit une durée de quinze mois qui excède manifestement la durée de désignation »… Peut-être l’intéressé le regrettet- il aujourd’hui : le 18 novembre 2014, Bernard Scemama a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » dans l’enquête sur cet arbitrage très favorable à Bernard Tapie.

Par Roger Lenglet et Jean-Luc Touly

Extrait de "Les recasés de la République", de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, publié aux éditions First, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Roger Lenglet est philosophe et journaliste d'investigation. Il est l'auteur, avec Jean-Luc Touly, de Les recasés de la République (First, 2015) Europe Ecologie: miracle ou mirage? (First, 2010), L'Eau des multinationales - Les vérités inavouables (Fayard, 2006) et L'Argent noir des syndicats (Fayard, 2008).
Jean-Luc Touly est juge prud'homal et Conseiller Régional Ile de France. Il est notamment l'auteur, avec Roger Lenglet, de Les recasés de la République (First, 2015), de Europe Ecologie : miracle ou mirage? (First, 2010), L'Eau des multinationales - Les vérités inavouables (Fayard, 2006), L'Argent noir des syndicats (Fayard, 2008) et Syndicats, corruption, dérives, trahisons (First, 2013).



B) BMW, duplex, salaires de PDG : les folies dépensières des académies

Le rapport de la Cour des comptes épingle la gestion de l'Institut de France, ses dépenses importantes et sa mauvaise gestion chronique de son trésor. 

Agnès Saal et Mathieu Gallet ont trouvé leurs maîtres : certains fonctionnaires et certains académiciens de l'Institut de France. La Cour des comptes vient de publier un rapport assassin sur la gestion de cette institution qui regroupe cinq académies : 


l'Académie française, 
l'Académie des inscriptions et belles lettres, 
l'Académie des sciences, 
l'Académie des beaux-arts 
et l'Académie des sciences morales et politiques. 



Les 40 000 euros de taxi de feue la directrice de l'Ina : une broutille à côté de la voiture de fonction de Hugues Gall, directeur depuis 2008 de la Fondation Claude Monet, abritée par l'Académie des beaux-arts, dont il est membre.
Une berline made in France ? Non, bien sûr, cet ancien directeur de l'Opéra de Paris pilote une rutilante BMW 125i (pouvant grimper jusqu'à 245 km/h), achetée 40 461 euros TTC par la fondation en 2013. Et son indemnité mensuelle, qui comprend des "frais de garage", a triplé entre 2009 et 2013, passant de 1 300 à 4 000 euros. 

Autre amateur d'automobiles, l'ex-chef de cabinet de la secrétaire perpétuelle de l'Académie française Hélène Carrère d'Encausse. Ce dernier a commis, selon l'académie elle-même, "un abus de fonction pour bénéficier d'avantages" en louant à de multiples reprises des véhicules pour ses escapades personnelles, en 2004. Mais, pour ne pas faire de vagues, aucune plainte n'a été déposée. Et ce ne sont là que quelques-uns des innombrables avantages que s'octroient les immortels.

110 009 euros d'indemnités par an

Il faut dire que, contrairement à d'autres établissements, l'Institut de France est assis sur un trésor estimé à plus de 1,5 milliard d'euros, dont un parc immobilier locatif de 400 millions d'euros. Mais il n'est pas un très bon gestionnaire. 

"L'absence de véritable stratégie s'est traduite par des pertes de plusieurs millions d'euros"

 dénonce la Cour des comptes dans son rapport. Exemple : 
4,56 millions d'euros sur des actions France Télécom, Nokia et Ericsson, en 2012. Ses services financiers semblent avoir mis sous le tapis "un montant de dépréciations cumulées de plus de 41 millions d'euros" après la crise financière de 2008. Un audit comptable réalisé en 2012 a montré que des pertes avaient été oubliées, "aboutissant à une surévaluation (...) estimée alors à 53,9 millions d'euros pour l'institut et à 69,3 millions d'euros pour les académies". Plus de 120 millions auraient donc disparu des caisses. 

Qu'importe ! 

Cette mauvaise gestion n'empêche pas les académiciens de vivre en grands seigneurs. Montant de l'indemnité annuelle de Gabriel de Broglie, chancelier de l'institut et donc patron des cinq académies : 110 009 euros. Lui aussi aime les berlines, mais françaises. Il circule à l'arrière d'une Citroën C6, le même modèle que François Hollande. Hélène Carrère d'Encausse n'a pas de quoi rougir avec ses 104 768 euros par an. Les secrétaires perpétuels des autres académies touchent en moyenne 60 000 euros.

Cinq logements de fonction pour un même homme

Malgré ces indemnités substantielles, ce beau monde est bien entendu logé aux frais de la princesse. L'Institut de France ne manque pas d'espace : 56 000 mètres carrés à Paris, plus 11 600 hectares de terrain un peu partout en France. Cerise sur le gâteau : deux golfs implantés au coeur du domaine de Chantilly, propriété de l'Académie des beaux-arts. Là encore, la Cour des comptes a relevé quelques pépites. La veuve de Maurice Druon, prédécesseur d'Hélène Carrère d'Encausse et auteur des Rois maudits, bénéficie de 3 000 euros par mois versés par l'Académie française pour l'aider à payer son loyer. En 2009, à la mort de son mari, elle avait dû quitter un superbe duplex de sept pièces, situé à deux pas de Saint-Germain-des-Prés, que la Coupole avait gracieusement mis à la disposition du couple.
Un record a même été établi : celui du nombre de logements de fonction pour un seul agent, Laurent Personne, qui fut pendant plus de vingt ans chef de cabinet des secrétaires perpétuels Maurice Druon et Hélène Carrère d'Encausse. La Cour des comptes résume au mieux cette incroyable situation : "En outre, alors que la réglementation actuellement en vigueur sur les logements de fonction n'envisage pas le cas où un agent pourrait bénéficier d'une pluralité de logements utilisés par lui à des titres divers, une telle situation a pourtant été rencontrée à l'Académie française : l'ancien chef de cabinet de l'académie, licencié en 2008, a disposé pendant plusieurs années de cinq logements : deux appartements qu'il avait réunis en un duplex dans le quartier de la Muette, deux encore réunis dans un autre duplex au Quartier latin et un dernier dans le château de Berzée, en Belgique, propriété de l'académie." 

Un dernier dossier explosif a retenu l'attention de la Cour des comptes. La vente, en 2009, d'un immeuble de prestige à deux pas des Champs-Élysées. Montant de la transaction : 60 millions d'euros. Mais cette opération immobilière "a été marquée par de nombreuses anomalies", souligne la Rue Cambon. Pour l'institut, le bien a été acheté par Pierre Cardin, le célèbre couturier et académicien des beaux-arts. En réalité, c'est un marchand de biens qui a mis la main dessus en réalisant une culbute de plusieurs millions d'euros. Enquête à suivre.

Par et




C) Sciences Po : Agnès Chauveau, remerciée pour plagiat, nommée à l’INA

Nomination. Agnès Chauveau, qui avait été remerciée de la direction de l’Ecole de journalisme de Science Po pour suspicion de plagiat en janvier dernier, vient d’être nommée conseillère à l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

Remerciée pour plagiat
En novembre dernier, Agnès Chauveau, alors directrice de l’Ecole de journalisme de Science Po, avait été mise en congé prolongé puis remerciée en janvier après des suspicions de plagiat.

Elle s’était défendue en affirmant : «J'oublie de citer certains papiers mais ce n'est jamais volontaire et je rectifierai chaque fois que ça pose problème (…) je n’ai pas le temps de citer à l’antenne toutes mes sources». Pourtant, à leur entrée dans l’école, tous les élèves signent une charte : «  tout étudiant ne commet aucun plagiat, ne fait pas passer la pensée d’autrui pour la sienne, et cite explicitement les confrères dont il reproduit un texte ou même un fragment de texte de quelques mots »

Ce mardi, elle a été nommée conseillère à l’Institution national de l’audiovisuel (INA) et «aura pour mission de superviser et de piloter le développement d’une politique éditoriale et éducative innovante».



D) Enquête sur ces hauts fonctionnaires trop gâtés "Une nouvelle noblesse d'Etat"
Le journaliste d'investigation Yvan Stefanovitch, auteur de "Aux frais de la princesse", a enquêté sur les "nobles de la République", ces hauts fonctionnaires qui vivent aux frais de l'Etat. Il a répondu à vos questions.

Qui sont pour vous les privilégiés de la République ?
Les privilégiés de la République forment une noblesse d'Etat, plus précisément les 15 000 hauts fonctionnaires diplômés en quasi totalité de l'ENA, polytechnique ou Normale Sup'. C'est à dire la crème de la crème de la fonction publique. 


Ce sont les mieux payés des fonctionnaires (de 6 000 à 45 000 euros par mois) et ont droit à une kyrielle d'avantages : voiture et appartement de fonction, et à toute une série de primes.

Un salaire exorbitant, des privilèges à la limite de la décence... Qu'est-ce qui justifie une telle différence de traitement entre ces "privilégiés" et le commun des mortels ?
L'Histoire de France ! Prenons l'exemple de l'Inspection des Finances, c'est-à-dire l'élite de l'élite, constituée de 400 hauts fonctionnaires qui trustent des postes à l'Elysée, à Matignon et en disponibilité (jusqu'à 12 ans de suite dans le privé) à BNP-Paribas, un groupe bancaire, où ils sont la bagatelle de douze à occuper les postes les plus importants.


Ce mélange de l'élite public-privé a commencé au début du XIXe siècle, lors de la création des grands corps administratifs sous la monarchie constitutionnelle. Un corps qui trustait déjà les hauts postes dans l'administration et la banque. Rien n'a changé, nous vivons toujours en monarchie, mais républicaine, où la méritocratie (sélection par les diplômes de l'élite) n'est pas une garantie de compétence... 



Sénateurs et ambassadeurs : les "super-privilégiés" - "Le Sénat nous coûte 300 millions d'euros par an"

Avez-vous un exemple d'un privilégié de l'Etat ?
Les 350 hauts fonctionnaires et 870 petits fonctionnaires du Sénat. Au nom de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif (le président de la République et le Premier ministre) et le Parlement (Sénat et Assemblée nationale), personne ne peut mettre son nez dans les comptes du Sénat qui nous coûtent, à nous contribuables, 300 millions d'euros par an. 


Résultat : le Sénat est une bonne maison, où l'Etat jette l'argent par les fenêtres avec frénésie. Ici vous pouvez consommer le whisky le moins cher de France (50 centimes d'euros), travailler pas plus de 32 heures par semaines, être payé au minimum à votre embauche 2 300 euros par mois sans aucun diplôme. Et les primes de nuit doublent votre salaire à 19h, le doublent à minuit et le triplent à quatre heures du matin alors que vous dormez. Et sur les 350 hauts fonctionnaires, 28 bénéficient d'appartements de fonction (de 120 à 290 m2) qui donnent sur le jardin du Luxembourg. Ils payent un loyer immuable et imbattable de 600 euros par mois avec parking et charges comprises !


Vous écrivez : "ambassadeur, le pactole sans obligation de résultat". Pourquoi ?
Parce qu'arrivés dans leur ambassade avec pour tout bagage une brosse à dents, 43 ambassadeurs de France sur 157 au total touchent un minimum de 22 500 euros par mois. A l'époque d'Internet, de la télévision, des agences de presse, la politique étrangère se construit à l'Elysée et de moins en moins dans nos ambassades. Or, il y a toujours autant d'ambassadeurs et de moyens mis à leur disposition.

Les autres privilégiés ont-ils vraiment des obligations de résultat ?
Les autres hauts fonctionnaires ont un semblant d'obligation de résultat comme les proviseurs des grands lycées parisiens (qui ont des appartements de fonction gratuits allant jusqu'à 390 m2), les préfets qui doivent gérer les manifestations de toutes sortes, les conseillers d'Etat qui disent le droit, les conseillers à la Cour des comptes qui traquent l'utilisation anormale de l'argent de l'Etat.

Impossible réforme ? - "Un mal purement gaulois !"

Est-ce un mal franco-français ?
C'est un mal purement gaulois. Le principal de ces privilèges, qui n'existe dans aucun autre pays du monde, est le suivant : ces hauts fonctionnaires ont le droit d'aller travailler jusqu'à 12 ans dans le privé (où ils multiplient par 10 ou 15 leur salaire) avant de revenir pantoufler tranquillement dans le public.


Un mal franco- français aussi, car en France, ces hauts fonctionnaires ne démissionnent pas de la fonction publique lorsqu'ils ne sont plus députés ou sénateur. Aux Etats-Unis et dans la plupart des démocraties, un haut fonctionnaire élu doit immédiatement démissionner de la fonction publique. C'est pourquoi l'Assemblée nationale compte beaucoup de députés hauts fonctionnaires qui, s'ils sont battus à une élection, peuvent tranquillement revêtir à nouveau leur habit de fonctionnaire.


Toutes les professions ou presque ont leurs privilèges : enseignants, employés EDF, journalistes, etc. Faudrait-il tous les supprimer ?
Certes, il n'est pas question de supprimer tous les privilégiés, mais simplement si on s'attaque aux fonctionnaires dans leur ensemble, il semble complètement illogique de laisser les hauts fonctionnaires de côté. C'est une question d'exemplarité. Ainsi, M. Schweitzer touche sa retraite d'ex-PDG de Renault, d'ancien inspecteur des Finances (4500 euros par mois), mais aussi une indemnité d'environ 7000 euros mensuels en tant que directeur de la Halde (Haute Autorité gouvernementale de lutte contre les discriminations). Les hauts fonctionnaires touchent ainsi des retraites déguisées à des hauts postes qui leurs sont rétribués sous forme d'indemnité. Ca me choque profondément. La loi doit être la même pour tous et l'Etat doit être impartial comme le dit le président Sarkozy.


Est-il possible de changer les choses, si ceux qui en ont les moyens sont aussi ceux qui n'ont aucun intérêt à la suppression des privilèges ?
Vous avez déjà vu des privilégiés accepter d'abandonner leurs privilèges sans faire d'histoire ? Nous avons, nous Français et c'est unique au monde, un double discours sur les privilèges. Nous les critiquons vertement, comme l'affaire Gaymard l'a montré et nous rêvons aussi d'en faire profiter nos enfants... Et nous Français sommes à peu près incapables de faire des réformes, seulement des révolutions.

L'enquête - "Les inégalités entre petits et hauts fonctionnaires"

Qu'est ce qui vous a amené à entreprendre cette enquête ?
Aujourd'hui, tous les gouvernements de gauche ou de droite demandent aux Français de se serrer la ceinture pour essayer de faire baisser la terrible dette de l'Etat : plus de mille milliards d'euros. Plus précisément, les hauts fonctionnaires, qui pilotent la réforme de l'Etat depuis cinq ans, ont imposé un alignement des retraites des 6,5 millions de fonctionnaires sur celles des salariés du privé. Résultat : les petits fonctionnaires vont cotiser plus pour leur retraite, vont travailler plus longtemps, et percevront des retraites moins importantes. Mais, pour les hauts fonctionnaires, qui colonisent le pouvoir politique en France depuis Louis XIV, il n'y aura rien de changé. C'est "fais ce que je dis, mais pas ce que je fais" !

Est-ce que vos enquêtes ont toujours abouti et n'avez-vous jamais subi de pressions ?
J'ai subi des pressions, mais toujours à caractère économique. Il semble difficile pour moi de faire paraître une enquête sur Veolia, Vinci, Suez, Carrefour, Bouygues, Total , LVMH ou Eiffage, dans un quotidien qui chaque semaine publierait plusieurs pleines pages de publicité pour ce groupe... Les pressions personnelles sont, elles, quasi-inexistantes. C'est tout juste de l'intimidation : on vous envoie, de manière quasi officielle, quelques détectives privés qui stationnent devant chez vous de manière ostentatoire. Le relevé des plaques d'immatriculation suffit à s'en rendre compte. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. C'est classique... 


Sur l'ouvrage : "Aux frais de la princesse"

Deux siècles se sont écoulés depuis la nuit du 4 août 1789, lorsque nobles et ecclésiastiques ont renoncé aux privilèges liés à leur ordre pour devenir des citoyens comme les autres. 

Mais la République a fait naître sa propre noblesse, 15 000 hauts-fonctionnaires super privilégiés, issus des grands corps de l'administration. Pourquoi et comment cette noblesse d'Etat s'est-elle arrogé ces privilèges ? Comment expliquer les salaires astronomiques des ambassadeurs ? Qu'est-ce que le "pantouflage" dans le privé ? 

Yvan Stefanovitch a mené une enquête minutieuse sur ce sujet tabou, complètant l'étude de documents et de rapports administratifs par de nombreux entretiens avec les intéressés eux-mêmes.



Yvan Stefanovitch, des enquêtes qui dérangent
Journaliste d'investigation, Yvan Stefanovitch collabore à l'Agence France Presse, au "Nouvel Observateur", à VSD et au "Canard enchaîné". Il a publié "Un assassin au dessus de tout soupçon" (1984, Balland), après avoir enquêté sur l'affaire Alain Lamare, un gendarme de l'Oise devenu tueur en série. En 1989, il signe avec Jacques-Marie Bourget "Affaires très spéciales" (1989, Plon). Dans "L'empire de l'eau" (2004, Ramsay), Yvan Stefanovitch enquête sur les relations entre les grands groupes privés de l'eau (Bouygues, Veolia et Suez-Lyonnaise des eaux) et le pouvoir politique, cherchant à prouver que payer sa facture d'eau revient à financer les grands partis politiques. Il est également co-auteur avec Jean-François Probst, éminence grise de la droite française, de "Chirac et dépendances".

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Les politiques surpayés ou sous-payés ? de 2005

Combien coûte un Président ?  

Rhôoooo voilà que Marine prêche la Liberté lol


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