L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) Alors être de gauche ou de droite, pourquoi faire ? - Xavier Alberti - http://xavieralberti.org
B) Être de droite a-t-il encore un sens ? - Eléonore de Vulpillières avec Marc Crapez - FIGARO VOX
Vox Politique
C) Droite de Wikiberal
D) Gauche de Wikiberal
E) Les libertariens sont-ils à droite? - Plusieurs auteurs au sein de QL
F) Gauche/Droite : vraie ou fausse dichotomie politique ? - Nathalie Elgrably-Lévy - Contrepoints
G) Naît-on ou devient-on libéral, socialiste ou conservateur ? - Le Minarchiste - Contrepoints
H) où se niche le clivage droite gauche? réaction de M. Hirch - Nl-Obs avec Alain Genestine et Lumières et Liberté
A) Alors être de gauche ou de droite, pourquoi faire ?
Dans un monde qui vit une révolution digne de celle de Gutenberg
et dans un pays qui suffoque chaque jour un peu plus sous le poids des
conservatismes, il faudrait forcément être d’une catégorie, d’un parti
ou d’un clan pour être légitime. Ce décalage historique et cette
hémiplégie intellectuelle et politique voudraient nous ramener à une
France qui n’existe plus et à des catégories qui ont démontré leur
incapacité à agir efficacement. Pour transformer la France, il faut
d’abord transformer notre façon de penser.
En France, il faut être de gauche ou de droite, socialiste ou
libéral, patriote ou mondialiste. C’est ainsi, il n’y a pas
d’échappatoire. En tout cas, c’est le choix auquel il faudrait se
soumettre à chaque fois que l’on ose un avis, un projet, ou pire, que
l’on nourrit une ambition pour ce pays.
Il y a derrière ce réflexe conditionné la marque d’un modèle organisé
pour se reproduire sans cesse et chasser ainsi les gêneurs qui
voudraient le renouveler. Il y a également au creux de cette taxinomie
filandreuse la marque d’une division profonde de la communauté
nationale, qui année après année, mois après mois, n’en finit plus de se
disloquer, se diviser pour se retrouver dans les chapelles dont on ne
sort plus que pour empêcher les autres d’entrer.
Pire encore, c’est au nom de postures idéologiques sur lesquelles se
sont fondés 40 ans de désastres économiques et sociaux, qu’il faudrait
continuer à se positionner. De quoi la droite et la gauche sont elles
les glorieuses solutions pour qu’on les vénère au point de vouloir finir
nos vies, enfermés dans leurs certitudes et finalement leurs éclatantes
faillites.
Par ailleurs, que reste-t-il de la gauche et de la droite quand la
première a abandonné la classe ouvrière pendant que la seconde
abandonnait la nation ? Que reste-t-il de la gauche et la droite quand
il ne reste de leurs convictions que celle de suivre le dernier sondage
publié ? Que reste-t-il de la gauche et la droite quand l’alternance
ressemble au scenario d’ « Un jour sans fin », où les mêmes causes
produisent invariablement les mêmes politiques qui conduisent aux même
désastreux effets. Que reste-t-il de la gauche et de la droite quand les
deux se soumettent aux lobbies en oubliant systématiquement de servir
le seul qui les élit et au nom duquel ils devraient gouverner, le
peuple.
La vérité c’est que la gauche et la droite se sont fondues dans une
seule et unique caste pour protéger leurs précieux acquis, gagnés à la
force du réseau, de la naissance ou de la reproduction endogamique d’une
élite qui n’en a plus que le nom.
Loin de la gauche et de la droite, voilà le nouveau clivage qui
divise finalement la France et nous entraine vers les rivages de la
violence sociale :
– d’un côté « les Protégés », du chômage, de la pauvreté et des
crises, ceux pour qui il existe toujours une fonction, un mandat, un
siège d’administrateur, une fondation, un observatoire, une mission,
ceux qui ne risquent jamais rien, à commencer par l’argent qu’ils
gagnent pour se contenter de vivre grassement de l’argent des
contribuables et quand il ne suffit plus, de celui de notre colossale
dette publique ;
– De l’autre, « Les Exposés » au chômage, à la pauvreté, à la
précarité, à toutes les crises surtout quand elles se jouent dans les
hautes sphères d’une vertigineuse finance que plus personne ne comprend,
les ouvriers, les petits commerçants, les artisans, les entrepreneurs,
ceux qui loin de rester le cul vissé à un siège, gagnent quotidiennement
le salaire que seul le travail leur mérite, ceux qui loin des tours de
passe-passe algorithmiques de la bourse ont investi dans leur four à
pain, la rénovation de leurs chambres d’hôtels, leur camion de
livraison, la terrasse de leur café, leur modeste T2 en ville « pour
qu’un jour les enfants puissent y faire des études », ceux qui cumulent
trois emplois de 15 heures pour boucler leur fin de mois en serrant les
dents, bref ceux qui se donnent du mal et ceux qui ont mal, c’est à dire
tous ceux qui s’exposent en permanence pendant que d’autres se
protègent de tout, du risque, de la crise et même parfois des lois.
Alors être de gauche ou de droite, pourquoi faire ? La France
a-t-elle encore besoin de cette grille de lecture-là si ce n’est pour
lire l’acte de décès d’une République qui n’assume plus sa laïcité, qui
n’est plus sociale et qui d’Ajaccio à Calais, semble de moins en moins
indivisible.
Le fait est que c’est bien de l’inverse dont la France a un besoin
urgent, d’écoute, d’empathie, d’ouverture et surtout, surtout, de
renouvellement, aussi bien des hommes que des cases dans lesquelles ils
finissent par croupir.
Il y a des moments où il est facile de se rassembler sur un ennemi
commun et d’autres où il faut savoir se rassembler sur une espérance
commune. Cette espérance d’un avenir meilleur se nourrit de ce qui
comble bon nombre de fossés idéologiques, de divisions partisanes ou de
divergences politiques, et qui se niche au creux des bonnes volontés.
Transgresser les clivages pour réfléchir ensemble, agir ensemble,
imaginer ensemble un avenir pour la France et finalement gouverner
ensemble, c’est que nous avons voulu en fondant La Transition
(www.la-transition.fr), parce que nous savons qu’en des temps
exceptionnels, ce qui nous réunit est plus important, plus profond et
finalement plus puissant que ce qui nous divise.
La France est à ce croisement de son Histoire où elle doit
transcender ses vieux clivages pour poser les bases d’un nouveau partage
et d’un nouveau contrat social et républicain sans quoi, elle
continuera de glisser vers la division et la communautarisation qui
mènent à l’explosion.
Tout ce qui est concevable est réalisable. Il reste au peuple français de concevoir ce qu’il peut réaliser.
Xavier Alberti
http://xavieralberti.org
B) Être de droite a-t-il encore un sens ?
A huit mois de la primaire de la droite et du centre, le chercheur Marc
Crapez s'interroge sur ce que signifie le fait d'être de droite. Il
estime que la «droitisation» des débats est une escroquerie
intellectuelle.
Quelle fracture idéologique persiste-t-elle entre la droite et la gauche?
Le
rassemblement de la gauche s'effectue sous le mot de ralliement:
«battre la droite et l'extrême-droite»! Dès lors, érigé en impératif
catégorique, cet anathème alimente une fracture idéologique, pour
reprendre votre expression. En fait, la violence politique physique a
considérablement régressé. Mais la virulence verbale demeure importante.
Droite et gauche se distinguent par leur rapport à l'histoire, la
droite jugeant prudent de tenir compte de la nature humaine ; par une
conception différente du calendrier, la droite évitant de précipiter les
choses ; et par une vision différente du pouvoir, la droite estimant
qu'il faut le voir à l'œuvre.
Comme je l'écrivais ici même, en octobre 2014, propos que le journal L'Humanité a reproduit in extenso :
«On peut énumérer cinq grands tabous de gauche: la fonction publique, l'immigration, le couple dirigisme-redistribution (pour corriger les maux sociaux sous la dictée de grands principes), le “pas d'ennemis à gauche” et le mythe de la gauche. La gauche française, l'une des plus à gauche au monde, n'a pas encore procédé à un aggiornamento qui l'affranchirait de son dogmatisme».
Le coeur des débats s'est-il droitisé? Vous semblez le réfuter dans votre livre Eloge de la pensée de droite…
Oui,
c'est vrai. Je consacre un chapitre à réfuter l'idée que le centre de
gravité des débats se serait droitisé. Le terme de droitisation est issu
du langage du Politburo sous Staline, destiné à stigmatiser le
déviationnisme de Boukharine. Il sous-entend, au fond, une glissade vers
l'extrême-droite. Il s'agit d'une escroquerie intellectuelle pour six
raisons: elle ne correspond pas aux tendances observables dans la vie
politique française, elle est inférée par des sondeurs à partir de
questions biaisées, elle est certifiée sans qu'il soit jamais question
de la gauchisation son contraire, elle traduit en fait l'épuisement du
processus de gauchisation structurelle qui nourrit chez les élites une
impression subjective de droitisation conjoncturelle, c'est une arme
idéologique destinée à relancer le moteur de la gauchisation en
culpabilisant l'adversaire, c'est enfin une stratégie qui déplace
subrepticement les pions sur l'échiquier afin de dissimuler une
droitisation circonstancielle du parti socialiste.
Les tendances
observables dans la vie politique française indiquent depuis quarante
ans un processus continu de gauchisation. Primo, il n'existe plus de
personnalités aussi à droite que Poniatowski ou Pasqua. Secundo, ce sont
des personnalités comme Chirac ou Juppé qui ont effectué des glissades
de gauchisation (le premier était surnommé «facho-Chirac» et le second
prônait le «retour au pays» des immigrés). Tertio, en dépit des
accusations et procès d'intention, la question des alliances électorales
avec le Front national n'a jamais été aussi peu à l'ordre du jour (même
pour des personnalités considérées comme droitières, tels Xavier
Bertrand et Christian Estrosi). Quarto, si la droite n'a pas bougé, le
FN suit un processus de «dés-extrême-droitisation» depuis deux
décennies.
Il s'agit de faire croire à une dérive vers la droite
afin de mieux la contrecarrer, tout comme l'idée de montée du FN est
chargée de mobiliser en sa défaveur pour le faire baisser. Et beaucoup
relaient cette idée de droitisation, se faisant ainsi les «idiots
utiles» de ceux qui l'utilisent pour empêcher tout correctif vers la
droite.
Existe-t-il un complexe de l'homme de droite qui trancherait avec une éventuelle fierté de l'homme de gauche?
Oui,
puisque la personne de gauche se déclare plus facilement à son
entourage, ou aux sondeurs, tandis que la personne de droite use
volontiers de divers périphrases. Pour échapper à la stigmatisation, on
prétexte souvent, à droite, que l'on n'est «pas de gauche», ou «ni de
droite, ni de gauche», ou «au centre», ou «à l'écart» du clivage gauche
droite.
En second lieu, au sein des professions intellectuelles, la gauche
s'assume comme telle, alors que la personne de droite, de peur de se
retrouver isolée sinon «blacklistée», affiche souvent un souci
d'ouverture afin de donner des gages. Concrètement, un éditeur peut se
permettre d'avoir un catalogue d'auteurs exclusivement de gauche, mais
la réciproque n'est plus possible. Autre exemple, un politologue de
gauche -qui propage les idées jumelles de droitisation, de mort de la
gauche et de silence des intellectuels-, va être interviewé dans des
médias de droite, alors qu'il ne viendrait pas à l'idée d'un média de
gauche d'interviewer un politologue de droite.
Cette question des
professions intellectuelles est importante puisque celles-ci
contribuent à «faire l'opinion» et qu'elles penchent nettement à gauche.
Dans ces milieux, l'expression «marqué à droite» n'a pas son équivalent
pour la gauche. Il est, en effet, considéré comme légitime d'être très à
gauche et l'expression «extrême-gauche» est prohibée, on doit dire la
«gauche de la gauche». À l'inverse, les intellectuels sont prompts à
«extrême-droitiser» tout ce qui déborde «à droite du centre-droit»,
selon la formule de l'un d'eux.
Tous les sujets sont-ils abordés ou certains sont-ils occultés pour éviter de «faire le jeu du FN»?
Poser la question n'est-il pas déjà une façon d'y répondre? Jean-François Revel évoquaient jadis «la masse des interprétations stupides que suscite l'existence du FN».
En fait, c'est encore plus grave que cela. Si le personnel politique
est incapable de réformer la France depuis trente ans, ce n'est pas dû à
une sorte de médiocrité d'ensemble. Hormis la génération façonnée par
la Résistance, le personnel politique fut fort médiocre à certaines
périodes de la troisième République ou de la Quatrième (de Charles Dupuy
à Maurice Bourgès-Maunoury).
L'incapacité à réformer est dû à une série de causes telles que
l'emballement européiste (à distinguer de l'enthousiasme pro-européen),
l'obsession du Front national, la phobie du populisme, la propagande
anti-libérale, la paresse démagogique, l'éclipse des grandes figures de
droite (mort de Raymond Aron puis d'Annie Kriegel). Au total, le facteur
FN prédomine. Il obnubile et obscurcit le jugement. Son impact est
comparable à celui du traumatisme du «2 décembre». La fixation des
républicains sur leur hantise de la reproduction d'un coup d'Etat à la
Napoléon III empêcha durant un siècle la stabilisation de l'exécutif
(jusqu'à la cinquième République).
Le «gaullisme social» dont se revendique tout le monde à droite existe-t-il encore dans les faits?
Le
gaullisme social est devenu un mythe. C'est une sorte de sobriquet que
la gauche médiatique emploie pour ne pas appeler son chouchou «mon
chouchou». Hier, c'était François Fillon contre Jean-François Copé ;
aujourd'hui, c'est Alain Juppé contre Nicolas Sarkozy. Bref, le
gaulliste social se voit décerné par la gauche un label de
fréquentabilité ou brevet de dé-droitisation.
Qui paraît
être en mesure de gagner la guerre que les droites vont se livrer lors
de la campagne de la primaire de novembre prochain?
Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire me paraissent les mieux placés. La hauteur de l'enjeu laminera, je crois, les «petits» candidats, y compris Hervé Mariton et Nadine Morano, qui occupent plus ou moins le segment «droitier» jadis incarné par Christine Boutin ou Nicolas Dupont-Aignan.
Quant à François Fillon et Alain Juppé, leurs chances me paraissent
obérées par le fait qu'ils se sont mis dans des postures quelque peu
ridicules, incompatibles avec l'esprit français. Juppé bénéficie
néanmoins d'un puissant appui des élites, sans compter ce que j'appelle
le syndrome de Mac-Mahon, une propension française à s'en remettre à un
vieillard, ce qu'il sera, au cours d'un éventuel second mandat, en
devenant octogénaire.
Quelle part jouera la communication? Quel sera la part laissée aux convictions politiques?
La
question se pose effectivement. On a l'impression que des spin-doctors à
l'américaine sont à la manœuvre. Avec des stratégies à géométrie
variable, selon que l'on s'adresse à telle ou telle clientèle. Alain
Juppé ne se prononce-t-il pas, dans son dernier livre, en faveur d'une
déchéance de nationalité qu'il a plutôt dénigrée depuis? Et je
m'empresse de préciser que les autres candidats ne sont pas exempts de
ce travers. En revanche, il faut se garder de jugements trop sévères
brodant autour du cliché «rien de bien nouveau»! C'est souvent vite dit.
Les idées ne courent pas les rues. Les idées nouvelles ne sont pas
légion. Les brides d'idées nouvelles ou les réagencements d'idées
anciennes peuvent devenir novateurs.
Il est trop facile
d'intenter le procès des hommes politiques par rapport aux hommes de
plume, qui souvent deviennent eux aussi des hommes de micros. Au story-telling
des hommes politiques correspond la «people-isation» du débat d'idées.
Ce sont les élites en général qui sont en roue libre. En décembre 2015,
un journal classa Hollande parmi les personnalités les mieux habillées
au monde. En avril 2015, Malek Boutih, Benoît Hamon, Alain Juppé
figuraient dans un top 20 d'hommes politiques les plus sexy!
Selon vous, quelle est la vision de la droite qui sortira de cette primaire de la droite et du centre?
Je
n'en sais rien mais je voudrais répondre un peu à côté, au sujet de
votre formule sur la droite et le centre. Bruno le Maire déclarait le 14
mai 2012, sur LCP: «Est-ce que la droite républicaine et du centre défend la nation?».
Cette formule, répétée à deux reprises est, à proprement parler, un
janotisme, une tournure absurde («la droite du centre», autant dire le
football du rugby, ou le Canada de la France). Or, on comprend bien
qu'il ne s'agit pas d'un lapsus, mais d'un souci de désamorcer le fait
de parler de «nation» en montrant qu'on n'est pas d'extrême droite.
On touche du doigt la grande inhibition sémantique dictée par la
gauche. Pour échapper à la stigmatisation du mot d'ordre de gauche
contre «la droite et l'extrême droite», les notables LR se réclament du
centre-droit. Dans mon livre Naissance de la gauche, j'avais
souligné ce problème d'équation sémantique qui handicape la droite:
difficile de convaincre que l'on est meilleur que la gauche dès lors que
l'extrême-droite, qui contient le mot droite, incarne l'erreur absolue.
Peu après, Patrick Devedjian, dans son livre Penser la droite, m'avait cité longuement sur ce point.
J'ajoute une anecdote. Valéry Giscard d'Estaing m'avait remercié de l'envoi de mon livre Naissance de la gauche par une formule probablement dictée à un secrétaire: «Toutes
mes félicitations pour cette recherche historique précise et
enrichissante et, dans les dernières pages, pour votre analyse
pertinente des malheurs de la droite». Et le signataire avait fait
un ajout manuscrit à cette phrase en écrivant «et du centre». Où l'on
voit que, dans un deuxième temps, il s'était repris pour ne pas déroger
aux codes en vigueur.
Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Il est l'auteur de Un besoin de certitude et Je suis un contrariant (Michalon). Son Eloge de la pensée de droite est paru en février 2016 aux éditions Jean-Cyrille Godefroy. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur sa page ou son site.
Eléonore de Vulpillières
FIGARO VOX Vox Politique
C) Droite de Wikiberal
La droite s'est toujours définie par opposition à la gauche (et
inversement). Originellement, la droite rassemblait autour de la haine
du progrès, plutôt qu'autour d'un projet véritablement assumé. Les gens
de droite sont donc le plus souvent des conservateurs. Les libéraux en ont été généralement les principaux opposants.
Le libéralisme est-il de droite ?
En toute rigueur, le libéralisme ne peut être classé ni à droite ni à gauche.
En déduire qu'il est "centriste" serait aussi une erreur, sauf à dire
qu'il est éloigné tant des tendances redistributives de la gauche (et
aussi de la droite) que des tendances autoritaires de la droite (et
aussi de la gauche), ces deux types de tendances reposant sur l'étatisme et l'interventionnisme, réprouvés par les libéraux :
- « Les conservateurs veulent tous être votre papa, qui vous dit ce qu'il faut faire et ne pas faire. Les sociaux-démocrates veulent tous être votre maman, qui vous nourrit, borde vos draps et vous mouche. » (David Boaz, Libertarianism: A Primer)
- Les libéraux sont « ailleurs » et il est erroné de les situer à droite ou à gauche. Ils sont favorables à la liberté individuelle dans tous les domaines, précisément parce que la vie des hommes ne peut pas se découper en tranches, avec une partie économique, une partie sociale ou une partie familiale. (Pascal Salin)
Si on tient à tout prix à coller des étiquettes politiques sur les libéraux, on aura :
- plutôt à droite, les libéraux conservateurs ;
- plutôt à gauche, les libéraux de gauche ;
- plutôt centristes (dans le bon sens du terme), les libéraux classiques, qui historiquement s'opposent tant aux conservateurs de droite qu'aux socialistes ;
- inclassables, les libertariens, qui tendent vers l'anarchisme ou l'État minimal.
La confusion est à son comble quand on voit des étatistes forcenés
qui se proclament libéraux (c'est parfois le cas de l'extrême-droite nationaliste), ou sont considérés (à tort) comme des libéraux (alors que ce sont des conservateurs ou des néoconservateurs), et des anti-libéraux dont l'antilibéralisme
repose sur une idée fausse du libéralisme, alors qu'ils seraient en
fait très proches des libéraux s'ils pouvaient écarter leurs idées
reçues ! Le libéralisme sert souvent de repoussoir, tant chez les gens
de droite, qui refusent le laissez-faire, la liberté d'expression ou la liberté des moeurs, que chez les gens de gauche, qui refusent le marché, l'entreprise et la liberté économique : droite et gauche se retrouvent souvent pour flétrir ce qu'ils appellent « l'ultra-libéralisme », alors qu'il s'agit en fait du libéralisme le plus classique qui combat l'étatisme et l'interventionnisme.
En réalité, l'épouvantail du libéralisme (ou de l'ultralibéralisme) est une aubaine pour tous les politiciens, de droite comme de gauche, car le véritable ennemi de la politique est bien le libéralisme, qui, en minimisant le rôle de l'État, tend à arracher leur pouvoir aux politiciens pour le redonner à la société civile.
Histoire
En France, historiquement, à partir de 1789, les libéraux constituent un mouvement de gauche jusqu’à la fin du XIXe siècle. Benjamin Constant est le chef de la gauche libérale. Alexis de Tocqueville siège au centre gauche et il en sera de même plus tard de Léon Say, le petit-fils « libéral conservateur » de Jean-Baptiste, ou encore d’Yves Guyot[1].
Selon les pays et les circonstances, les libéraux se retrouvent à « gauche » (lorsque le libéralisme économique est retenu et que le conservatisme s'exerce sur les mœurs : cas des USA, ou de la France
du XIXe siècle), à « droite » (inversement quand l'interventionnisme
économique et les services publics sont retenus mais les mœurs
relativement libres : cas de la France) ou « nulle part » (cas du Royaume-Uni où le parti libéral de Lloyd George n'a pas survécu à la deuxième guerre mondiale).
- « S'il fallait désigner une catégorie de Français qui détestent le libéralisme plus encore que les autres, alors ce seraient les politiques. Presque tous consacrent une partie de leur activité à dénoncer ses prétendus méfaits. Aucun grand ténor ne le tient en estime (...) et depuis la Libération - en fait depuis les années vingt - personne, à droite ni à gauche, ne s'est jamais tenu à une politique libérale.
- A gauche comme à droite cette allergie au libéralisme est d'autant plus curieuse que les deux camps pourraient y retrouver des racines et y nourrir un projet : la gauche, revendiquant l'héritage des grands mouvements de lutte contre la tyrannie, devrait aimer le mot même de « libéralisme », la promesse de progrès qu'il porte en lui, son culte de la différence. La droite, plus soucieuse, elle, d'ordre et d'épanouissement personnel, devrait chérir cette doctrine fondée sur un droit à la réussite garantissant la stabilité sociale. L'une et l'autre devraient y trouver, surtout, comme le montrent les expériences étrangères, les moyens et les instruments pour enfin lutter efficacement contre le chômage qu'elles dénoncent justement comme le fléau de notre temps, le cancer de notre pays.
- Pourquoi cet aveuglement collectif de la gent politique, qui entretient celui du pays ? Parce que les hommes politiques français sont comme leurs compatriotes : ils tiennent à leur emploi ! »
- Extrait de L'Aveuglement français, de Philippe Manière, 1988.
Notes et références
Citations
- « Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche, on est toujours hémiplégique. » (Raymond Aron)
- « Les libéraux ne sont pas à droite, ils sont « ailleurs » et on ne peut pas leur appliquer des étiquettes - droite ou gauche - dont seuls les constructivistes peuvent être affublés. » (Pascal Salin)
- « Le libéralisme est à l’opposé de la droite conservatrice ou réactionnaire. Je m’en sens très éloigné. Je suis beaucoup plus proche de ceux qui défendent les droits de l’homme, fussent-ils anarchisants. Il n’est pas question de défendre les privilèges ni les rentes de situation. Dans ses Soirées de la rue Saint-Lazare (ouvrage publié en 1849), Gustave de Molinari met en présence un socialiste, un conservateur et un économiste (mot alors synonyme de « libéral »). Les deux premiers sont généralement d’accord parce qu’ils veulent construire la société à leur guise, tandis que le troisième est presque toujours en désaccord avec eux. Ce n’est pas pour rien que l’auteur a été qualifié d’anarcho-capitaliste : le libéral est un anarchiste qui défend la propriété ! » (Pascal Salin)
- « Il est (...) intéressant (...) de se demander pourquoi la droite refuse l’idée même de se dire libérale. La raison de ce paradoxe profond réside dans le fait qu’un système reposant sur la poursuite de l’intérêt personnel, qui explique que c’est parce que chacun pratique le self-love que tous s’enrichissent, est difficile à comprendre pour beaucoup et heurte la morale commune de presque tous. » (Serge Schweitzer, Libres ! 100 idées, 100 auteurs)
- « Le libéralisme n'est ni de droite ni de gauche. Le libéralisme est une théorie du droit qui délégitimise la politique. Droite et gauche sont des étiquettes d'affiliation tribale dans les conflits politiques. Si une personne est « de gauche » ou « de droite », elle n'en est pas pour autant libérale. Si l'on est libéral, on n'en est pas pour autant « de gauche » ou « de droite ». » (Faré, 12/02/2014)
- « La prochaine fois que des professeurs d’université vous expliquent combien la diversité est importante, demandez-leur combien d’intellectuels de droite travaillent dans leur faculté de sciences sociales. » (Thomas Sowell)
- 5 Voir aussi
- 6 Liens externes
D) Gauche de Wikiberal
Le terme gauche désigne généralement les partis ou doctrines défendant des thèses socialistes, communistes, social-démocrates ou assimilées, en économie, et des thèses libérales sur les sujets de société ou les questions de mœurs.
Point de vue libéral
Les libertariens contestent l'opposition droite/gauche ; pour eux, ce
dualisme simpliste est dépassé si l'on pose comme point de départ à la
politique l'impérieuse nécessité de respecter d'abord les libertés
individuelles. Extrait du Manifeste libertarien de Murray Rothbard :
- « Si personne n’a le droit d’agresser quelqu’un d’autre, en bref, si chacun a le droit absolu d’être « libre » de toute agression, il s’ensuit immédiatement que le libertarien approuve pleinement ce qu’on appelle généralement les « libertés civiles » : liberté d’expression, de publication, d’association, liberté de « commettre » des délits sans victimes tels que la pornographie, les « déviations » sexuelles, la prostitution, la drogue, toutes choses que le libertarien ne considère pas du tout comme des délits, puisqu’il ne s’agit pas d’agression à l’encontre d’une autre personne ou de sa propriété. En outre, il considère la conscription comme un esclavage à grande échelle. Et puisque la guerre, et plus particulièrement la guerre moderne, entraîne l’exécution massive de civils, le libertarien considère de tels conflits comme du meurtre de masse, et donc comme quelque chose d’absolument illégitime.
- « Tous ces points de vue sont considérés comme « de gauche » sur l’échelle idéologique contemporaine. D’autre part, le libertarien s’opposant à l’agression contre le droit de propriété privée, il s’oppose tout aussi vigoureusement à l’intrusion du gouvernement dans les droits de propriété et dans l’économie de marché au travers de contrôles, règlementations, subventions ou interdictions. Car si chaque individu a le droit de posséder et de ne pas être agressé et volé, alors il a aussi le droit de se défaire de sa propriété (par la transmission ou l’héritage) et de l’échanger contre la propriété d’autres personnes (liberté de contrat et économie de marché libre) sans subir d’intrusion. Le libertarien est donc en faveur d’un droit de propriété sans restriction et du libre-échange, c’est-à-dire d’un système capitalistique de laissez-faire.
- « Le libertarien ne voit aucune incohérence à être « de gauche » dans certains domaines et « de droite » dans d’autres. Au contraire, il considère que sa position est quasiment la seule qui soit cohérente du point de vue de la liberté individuelle. »
Un grande partie des libéraux refusent la distinction simpliste entre
« gauche » et « droite » et préfère par exemple une classification sur
deux axes telle que le diagramme de Nolan :
- Les libéraux sont « ailleurs » et il est erroné de les situer à droite ou à gauche. Ils sont favorables à la liberté individuelle dans tous les domaines, précisément parce que la vie des hommes ne peut pas se découper en tranches, avec une partie économique, une partie sociale ou une partie familiale. (Pascal Salin)
Les libéraux jugent incohérents ceux qui soutiennent les libertés individuelles mais refusent la liberté économique. Certains se définissent comme libéraux de gauche et rappellent que le terme de « gauche » n'a pas toujours été associé au collectivisme ou à l'étatisme.
La gauche en France
Analysant la « gauche » et ses mythes dans L'Opium des intellectuels, le philosophe français Raymond Aron en propose une typologie en trois catégories :
- la gauche organisatrice, autoritaire, nationale sinon nationaliste, parfois impérialiste (en faveur de la colonisation au XIXe siècle) ;
- la gauche libérale qui se dresse contre le socialisme et qui est internationaliste ;
- la gauche égalitaire, qui semble condamnée à une constante opposition contre les riches et puissants.
Pour Philippe Nemo, la caractéristique de la gauche, en France, est d'être "antilibérale, anticapitaliste,
de prôner toujours plus d’État : la solution aux problèmes est que
l'État s'en occupe, et il ne peut s'en occuper qu'en prenant plus
d'impôts"[1].
Une explication à l'antilibéralisme
d'une partie des gens de gauche peut être simplement économique : la
plupart d’entre eux auraient un niveau de vie bien moins important s’ils
étaient confrontés aux lois du marché, plutôt que dépendants de l’État
ou des privilèges que celui-ci leur octroie.
On peut aussi caractériser la gauche française par sa prétention à représenter le camp du bien, ou le camp de la morale, ce qui l'amène à soutenir des positions antilibérales (par exemple des restrictions à la liberté d'expression, le soutien à certains dictateurs, l'apologie d'un étatisme
forcené, etc.) sans référence ni aux faits ni aux droits individuels
("mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aron"). Cela lui
permet d'exercer un terrorisme intellectuel tel qu'il oblige très souvent la droite
à adopter les mêmes points de vue qu'elle sous peine de diabolisation.
En détournant l'attention sur les turpitudes de l'adversaire, elle
parvient même à faire oublier ses propres turpitudes (soutien à la
collaboration avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale ; soutien aux dictateurs communistes ; apologie de la pédophilie, du négationnisme ; antisémitisme[2] ; etc.) :
- Alors que la droite incarnait les valeurs morales, et la gauche au contraire une certaine exigence historique et politique contradictoire, aujourd’hui, celle-ci, dépouillée de toute énergie politique, est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai, juridiction qui peut demander des comptes à tout le monde sans avoir à en rendre à personne. (Jean Baudrillard, article de Libération, 1997)
- Il y a beaucoup plus de mensonges de gauche que de droite. (...) L’évocation des crimes de gauche n’est possible de façon suivie que dans quelques revues spécialisées, dans quelques colloques dont les participants se voient aussitôt classés à l’ultra-droite. (Jean-François Revel, La connaissance inutile)
- Comme Tartuffe, les socialistes se servent de la morale, qui est utilisée par eux comme un instrument de domination sur les autres et non comme quelque chose qui doit être vécu intérieurement. Cette hypocrisie qui autorise une captation illégitime des biens [des autres aboutit] toujours et partout à un appauvrissement général. (Charles Gave)
Citations
- A gauche comme à droite cette allergie au libéralisme est d'autant plus curieuse que les deux camps pourraient y retrouver des racines et y nourrir un projet : la gauche, revendiquant l'héritage des grands mouvements de lutte contre la tyrannie, devrait aimer le mot même de "libéralisme", la promesse de progrès qu'il porte en lui, son culte de la différence. La droite, plus soucieuse, elle, d'ordre et d'épanouissement personnel, devrait chérir cette doctrine fondée sur un droit à la réussite garantissant la stabilité sociale. L'une et l'autre devraient y trouver, surtout, comme le montrent les expériences étrangères, les moyens et les instruments pour enfin lutter efficacement contre le chômage qu'elles dénoncent justement comme le fléau de notre temps, le cancer de notre pays. (Philippe Manière, L'Aveuglement français[3])
- Si l'histoire est un guide de quelque valeur, s'il est vrai que la droite incarne l'ordre et la conservation, alors le libéralisme, incontestablement est de gauche. (Philippe Manière, L'Aveuglement français[4])
- Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche, on est toujours hémiplégique. (Raymond Aron)
- Je n'ai jamais cessé de me considérer comme étant de gauche. A l'origine, être de gauche, c'est lutter pour la vérité et la liberté, et pour le maximum de justice sociale. Mais une justice sociale établie selon des méthodes qui marchent, pas selon des méthodes qui échouent, comme la redistribution à tout-va qui ne fait qu'affaiblir l'économie. (...) Ce qu'on appelle la gauche n'est plus aujourd'hui qu'un clan, une espèce de tribu, un ensemble de spécialistes de l'escroquerie dans les relations publiques, de manipulateurs habiles, qui ont l'art de présenter des idées et des théories qui ont amené les plus grandes catastrophes dans l'histoire de l'humanité comme étant des choses progressistes. (Jean-François Revel, Entretien dans Lire, février 1997[5])
- Être de gauche, c’est accepter de laisser la logique être submergée par le sentimentalisme et renoncer à utiliser notre boîte à outils pour comprendre pourquoi ce qui devait arriver arrive toujours. (Serge Schweitzer, La droite française est-elle libérale ?, Libres ! 100 idées, 100 auteurs)
- La gauche, c'est une salle d'attente pour le fascisme. (Léo Ferré)
- Être de gauche en France, comme dans nombre de pays, est une forme de brevet de confort moral. Se dire de gauche, c’est, bien sûr, être du côté du beau, du bien, du progrès, de la vérité, etc. (Guy Millière)
- C'est pas grave d'être de gauche... en général ça passe au premier relevé d'ISF. (Gaspard Proust) (humour)
- Pour moi, les gens de gauche ça n'existe pas. Vous en connaissez des gens de gauche qui, lors de la chute du mur de Berlin, se soient enfuis à l'est ? (Gaspard Proust) (humour)
- J’adorerais être de gauche. C’est un souhait, mais je trouve que c’est tellement élevé comme vertu que j’y ai renoncé. C’est un gros boulot, un dépassement de soi, c’est une attitude, une présence à l’autre… Il faut être "exceptionnel" quand tu es de gauche. Quand tu n’es pas de gauche, tu peux être moyen. Quand tu es de gauche, c’est l’excellence, le génie moral, le génie de l’entraide. C'est trop de boulot ! (Fabrice Luchini, France 2, 17/10/2013) (humour)
- L’homme de gauche, le marchand du temple global, le kleptocrate, le médiacrate, le ponctionnaire aux ordres, le politicien, tous ces gens occupent la place et le rang qui sont les leurs par la destruction. Ils pillent un capital, un passé, un héritage, un stock et, ce faisant, ils chevauchent les forces de chaos qu’ils déclenchent. (Bruno Bertez, 14/01/2016)
Notes et références
- ↑ Entretien avec Claude Reichman sur Reichmantv le 9 mars 2012.
- ↑ Voir Les Antisémitismes Français de l'historien David Shapira (2011, p.54) à propos de l'antisémitisme de gauche de la 2ème moitié du XIXe siècle : Marx, Fourier, Jaurès, Proudhon, etc.
- ↑ Philippe Manière, L'aveuglement français, 1998, p.178-179
- ↑ Manière, ibid, p.129
- ↑ Jean-François Revel, Entretien avec Olivier Todd dans le magazine Lire, février 1997, [lire en ligne]
Pour aller plus loin
Bibliographie
- 1955, Raymond Aron, L'Opium des intellectuels, ISBN 2012790615
- 2000, Thierry Leterre, La gauche et la peur libérale, Presses de Science-Po, ISBN 2724608038
- 2007, Alberto Alesina et Francesco Giavazzi, Il liberismo è di sinistra (Le libéralisme économique est de gauche)
- 2012, Jean Robin, Le livre noir de la gauche
Articles connexes
Liens externes
- (fr)Le libéralisme est-il de gauche ?, Alberto Alesina
- (fr)Le libéralisme peut-il être de gauche ? sur Contrepoints
E) Les libertariens sont-ils à droite?
Un lecteur, Philippe Texier, nous écrit:
Les libertariens sont-ils ou
ne sont-ils pas à droite? Si l’on utilise les définitions proposées par
Marc Simard, auteur du récent essai Les éteignoirs, la gauche est un
«mouvement rassemblant les partisans d'un certain égalitarisme
socio-économique et de l'intervention de l'État dans la plupart des
domaines de l'activité humaine et se déclarant réfractaire à la logique
de l'économie de marché». La droite est un «mouvement rassemblant les
partisans de la liberté individuelle et de l'économie de marché qui
cherchent à limiter les interventions de l'État aux domaines où
l'entreprise privée est incompétente ou inefficace, et qui soutiennent
que le développement économique est une condition sine qua non à une
répartition équitable de la richesse.» Il me semble que les libertariens
sont clairement à droite non?
Le QL a déjà traité à plusieurs reprises de cette question. Voir par exemple:
Les
libertariens ont été et sont encore souvent identifiés à la droite
parce que dans la dynamique politique de l'après-guerre et jusqu'à
l'effondrement de l'URSS, ce sont les communistes qui constituaient la
principale menace à la paix mondiale et à la liberté. Ils ont en grande
majorité préféré s'associer à une mouvance de droite qui acceptait la
démocratie libérale et se disait en principe favorable à l'économie de
marché qu'à une mouvance de gauche qui sympathisait avec les communistes
et qui souhaitait une croissance rapide du poids de l'État.
-Martin Masse
Comme
libertarien, je ne suis ni de gauche, ni de droite. Les deux
représentent une vision collectiviste et étatiste du monde à laquelle je
m'oppose. La gauche défend une étatisation abusive de la société sur le
plan social et économique. Il s'agit de promouvoir cet État obèse et
tentaculaire qui s'ingère dans la vie des citoyens par toutes sortes de
réglementations abusives et protectionnistes. Le maternage et la
déresponsabilisation des individus sont à l'honneur, et ce, au détriment
de la responsabilisation et des initiatives volontaires.
De
son côté, un gouvernement de droite peut être tout aussi
interventionniste. Prenons le cas du républicain George W. Bush qui
depuis son arrivée au pouvoir a multiplié les interventions de l'État
fédéral. Après les événements du 11 septembre, il fit adopter en
catastrophe toute une série de mesures dont le Patriot Act qui a fait
reculer considérablement les libertés individuelles des citoyens. Sur le
plan intérieur, il n'hésite pas à utiliser le bras de l'État pour
tenter d'imposer une définition traditionnelle du mariage, empêcher
l'avortement, le suicide assisté ou encore imposer la prière dans les
écoles. Au niveau international, il utilise la force de l'État pour
multiplier les interventions militaires attisant la haine et la
violence. Il faut également souligner que malgré les beaux discours
d'ouverture du marché du président Bush, son pays est extrêmement
protectionniste, incapable d'accepter la libre concurrence en provenance
du Canada (bois d'oeuvre), de la Chine (textile) ou encore de l'Afrique
(coton). En bout de ligne, cette fameuse constitution américaine
pourtant très libertarienne ressemble à un vieux chiffon.
-Mathieu Bréard
Gauche
et droite sont des concepts politiques arbitraires, qui évoluent dans
le temps et varient d'une société à l'autre et selon la perspective de
chacun. On peut bien par convention ou pour simplifier le discours
politique mettre à droite tous ceux qui ne sont pas clairement à gauche,
y compris les libéraux et les libertariens. Mais si l'on veut être
cohérent, il faut plutôt voir la droite comme une position étatiste, ce
qui exclut ces derniers.
La
gauche et la droite se rejoignent de fait dans leur acceptation du
politique. Alors que les libertariens souhaitent diminuer le plus
possible la sphère du politique et, en bout de ligne, l'abolir
complètement par une privatisation complète de toutes les fonctions de
l'État, la gauche comme la droite veulent imposer leurs valeurs à tous
au moyen de la coercition étatique. Les valeurs et les fins diffèrent,
mais le moyen utilisé est le même.
Au
contraire, la philosophie libertarienne est fondée sur le rejet de
l'utilisation de la coercition dans les rapports sociaux. Dans une
société libertarienne, chacun pourrait s'associer librement avec qui il
souhaite et vivre selon le modèle et les valeurs qu'il souhaite, dans la
mesure où il ne tenterait de forcer personne à s'y conformer. La
philosophie libertarienne prescrit simplement que les droits de
propriété de chacun sur son propre corps et ses biens soient respectés.
Il
faut bien distinguer les valeurs des moyens qu'on utilise pour les
défendre. Il existe des libertariens fondamentalistes religieux et des
libertariens athées, des libertariens individualistes et d'autres qui
préfèrent vivre dans des communautés fortes, des libertariens qui
défendent des valeurs culturelles traditionnelles et d'autres qui font
la promotion d'un «transhumanisme» qui permettrait à l'être humain de se
transformer grâce aux nouvelles technologies. Les valeurs défendues par
les libertariens pris individuellement peuvent rejoindre celles de la
gauche «progressiste» ou celles de la droite «conservatrice». La seule
perspective fondamentale qui unit les libertariens est qu'ils refusent
d'imposer leur propre vision du monde aux autres au moyen d'une
institution fondée sur la coercition, en l'occurrence l'État.
-Martin Masse
F) Gauche/Droite : vraie ou fausse dichotomie politique ?
Bien malin celui qui pourrait proposer une définition rigoureuse des termes gauche/droite tant ils ont été galvaudés.
Suite aux manifestations étudiantes et
aux événements inqualifiables survenus à l’UQAM, la traditionnelle
dichotomie gauche/droite est de nouveau au cœur de l’actualité et sert à
identifier deux camps théoriquement antagonistes.
Les étudiants qui ont promis une crise sociale pour lutter contre l’austérité
sont associés à la gauche. Et face à leurs momeries et à leurs
tentatives infructueuses de créer un élan, il peut être tentant de
conclure à un « recul de la gauche », et donc à une montée de la droite,
sinon de l’extrême-droite au sens le plus péjoratif du terme.
Bien malin, toutefois, celui qui pourrait proposer une définition
rigoureuse des termes gauche/droite tant ils ont été galvaudés. Tout
clivage que ces termes pourrait inspirer ne peut être, au mieux, que
dangereusement imparfait et agir comme agent de régression sociale. Cela
dit, la gauche est souvent associée à la défense des libertés
individuelles, mais se veut accusatrice des libertés économiques
à travers ses diatribes contre l’entreprise et le profit. La droite, au
contraire, est perçue comme l’avocate des libertés économiques, mais
aussi comme la condamnatrice des libertés individuelles avec pour preuve
son opposition au mariage gay et à l’avortement.
Or, ce genre de définitions ne repose sur aucun cadre d’analyse ou
principe fondamental. Il relève plutôt d’une dissonance intellectuelle à
la limite de la pathologie, car on ne peut, au gré des circonstances ou
selon l’intérêt à défendre, être à la fois pour et contre la liberté.
Soit on croit en la liberté comme concept philosophique indivisible
respectant la formule proverbiale « la liberté des uns s’arrête là où
commence celle des autres », soit on n’y croit pas.
Pourtant, alors que la gauche milite pour que deux personnes soient
libres de signer un contrat de mariage quel que soit leur sexe, elle
refuse de les laisser libres de parapher d’autres formes de contrats,
particulièrement ceux à saveur économique. Et tandis que la droite
respecte la liberté de chacun de disposer de son corps quand il s’agit
de choisir son lieu de travail et les conditions, elle veut faire
interdire le droit à l’avortement. Ainsi, la gauche comme la droite sont
opposées à la liberté et sont fondamentalement étatistes. Elles
s’affrontent uniquement sur les domaines et l’étendue de l’intervention
de l’État.
Toute segmentation de la société, s’il en faut une, doit donc
transcender le pseudo schisme gauche-droite pour reposer sur une
opposition cohérente et rigoureuse entre deux philosophies. À cet égard,
le seul véritable clivage est celui qui oppose ceux qui prônent la
liberté et la responsabilité individuelle à ceux qui réclament
l’intervention de l’État.
Dans ce contexte, qu’il soit de gauche ou de droite, l’étatisme se
porte à merveille. Il progresse depuis des décennies et il semble
aujourd’hui naturel que l’État influence nos comportements et nos
mentalités, qu’il taxe, subventionne, réglemente et légifère
pratiquement tous les aspects du quotidien. L’Érosion de nos libertés,
voilà le seul véritable recul qui afflige notre société !
A lire aussi :
G) Naît-on ou devient-on libéral, socialiste ou conservateur ?
Dans « Our Political Nature »,
l’anthropologue Avi Tuschman explore les dimensions innées et acquises
de l’orientation politique. Passionnant.
Pour cet essai, nous allons définir le « conservatisme » comme étant la droite et le « progressisme
» comme étant la gauche, sans égard au niveau d’autoritarisme étatique
(nous y reviendrons). Les conservateurs pensent que la pauvreté résulte
en quelque sorte d’un manque d’effort et d’initiative de la part des
pauvres, alors que les progressistes l’attribuent à la présence
d’injustices sociales. Les conservateurs perçoivent la nature humaine
comme étant plus compétitive, alors que les progressistes la voient
comme étant plus coopérative. Les conservateurs perçoivent le monde
comme étant plus dangereux et en dégradation, mais juste, alors que les
progressistes pensent que le monde est injuste. Les conservateurs
valorisent la responsabilité individuelle, les progressistes la
solidarité collective.
Selon l’anthropologue Avi Tuschman, les trois principaux facteurs différentiateurs entre la gauche et la droite sont :
- La tolérance des inégalités.
- Le tribalisme (ethnocentrisme).
- La perception de la nature humaine (compétitive vs coopérative).
Dans cette perspective, les libertariens sont quelque part au centre,
étant très à droite sur le point 1), très à gauche quant au point 2),
et partagés au niveau du point 3).
L’orientation politique est-elle innée ou acquise ?
Tout d’abord, l’orientation politique est significativement
héréditaire. Des études de long terme entamées en 1969 et publiées en
2006 (Block & Block) ont démontré qu’à l’âge de 3 et 4 ans, les
enfants qui allaient devenir des ‘conservateurs’ à l’âge adulte
affichaient déjà des traits de personnalité distinctifs par rapport à
ceux qui allaient devenir ‘progressistes’. La conclusion est qu’une
bonne part de l’orientation politique est innée. D’autres études
(Alford) ont démontré en comparant des jumeaux que 40% à 60% de
l’orientation politique est innée, le reste est influencé par des
facteurs externes.
D’un point de vue physiologique, les ‘conservateurs’ auraient une amygdale droite
plus volumineuse, laquelle joue le rôle d’un système d’alerte régissant
la peur, l’anxiété, la méfiance, le dégoût et la reconnaissance des
visages, alors que les ‘progressistes’ auraient un cortex cingulaire antérieur plus
gros, qui occupe des fonctions cognitives, telles que l’anticipation de
récompense, la prise de décision, l’empathie et l’émotion.
Il est intéressant de noter que le niveau de revenu n’est pas du tout
corrélé à l’orientation politique, ce qui pourrait sembler irrationnel
car les pauvres auraient économiquement avantage à être à gauche de
manière à vouloir faire adopter davantage de politiques
redistributrices. Ce sont plutôt les dilemmes moraux plutôt que les
questions de politique économique qui affectent le clivage
gauche/droite. En revanche, le niveau de revenu est corrélé avec
l’autoritarisme et l’extrémisme.
Au Pérou par exemple, lors d’une élection survenue il y a quelques
années, le candidat de gauche (Humala) et le candidat de droite
(Fujimori) étaient supportés par les mêmes classes sociales (les plus
pauvres), alors que les candidats centristes avaient le support des
classes plus riches. Il n’est pas surprenant que les plus pauvres
souhaitent un changement plus extrême pour tenter d’améliorer leur
position dans la société alors que les plus riches soient plus modérés
question de garder le statu quo.
On observe aussi que plus un pays a un PIB par habitant élevé, plus
ses politiciens sont modérés et moins son gouvernement est autoritaire,
et vice-versa. Un bon exemple de cette dynamique est la Grande
Dépression qui débuta vers 1929. En Allemagne, dont l’économie se
désintégrait durant cette période, le nombre de vote pour le Parti Nazi
est passé de 800,000 à 17 millions. Aux États-Unis, c’est la gauche qui
s’est soulevée, menée par Franklin D. Roosevelt, qui a introduit des
réformes passablement extrêmes à travers le New Deal.
En psychologie, la référence en matière de traits de personnalité se nomme les facteurs “Big Five”.
Ils ont été élaborés dans les 1930s par un psychologue du nom de Gordon
Allport, qui s’est basé sur de vieilles théories de Sir Francis Galton.
Ces 5 facteurs sont l’extraversion, l’agréabilité, la neurasthénie,
l’ouverture et la « conscienciosité » (ce nom commun n’existe pas en
français, on devrait plutôt utiliser le terme « caractère consciencieux
», que je trouve trop long, donc j’ai inventé un terme plus approprié). À
cet égard, les progressistes ont un score élevé en ce qui a trait à
l’ouverture, alors que les conservateurs ont une conscienciosité élevée.
Cependant, le meilleur prédicteur de l’orientation politique est le score RWA (pour « right-wing authoritarism »),
développé par le Canadien Bob Altemeyer dans les années 1980s. Notez
ici que le score RWA est structuré de manière à mesurer à la fois le
conservatisme anglo-saxon et l’autoritarisme. Ceci dit, le comportement
autoritaire est aussi observable du côté de l’extrême gauche.
Le tribalisme et la religiosité
En moyenne, les conservateurs déploient beaucoup plus de ferveur
religieuse que les progressistes. En 2009, un sondage Gallup effectué
dans 114 pays a révélé que 84% des adultes considèrent que la religion
représente une part importante de leur vie quotidienne. Une autre étude
montre que 77% des gens croient en un Dieu. Les deux facteurs qui
tendent à expliquer la ferveur religieuse sont la pauvreté et la peur de
la mort. Plus ces deux facteurs augmentent, plus la religion gagne du
terrain dans la population ainsi que le conservatisme. La croyance en
Dieu et la pratique de la religion aident à réduire l’anxiété reliée à
la détresse socio-économique ainsi qu’à la mort. Présentement, la
religiosité est en augmentation dans le monde car la différence de taux
de fertilité entre les populations séculaires et les populations
religieuses est très élevée, donc les théistes se reproduisent plus vite
et leur proportion augmente dans la population mondiale.
L’ethnocentrisme, la tolérance sexuelle et les droits des femmes
Les conservateurs poursuivent trois objectifs reliés à la sexualité :
un mariage hâtif, l’endogamie (mariage au sein de la même communauté),
et un taux de fertilité élevé. En fait, les trois sont reliés puisqu’un
mariage à un plus jeune âge de la femme augmente les chances qu’elle se
soumette à la volonté de ses parents quant au choix de son époux, lequel
sera plus probablement issu de la même communauté, et le mariage hâtif
permettra de maximiser le taux de fertilité du couple. Ces trois
objectifs se matérialisent grâce à l’emprise de l’homme sur la femme.
C’est pourquoi les sociétés plus conservatrices et ethnocentriques
favorisent une plus grande inégalité entre les hommes et les femmes ;
c’est-à-dire que l’homme y possède un pouvoir dominant sur la femme.
Notez aussi que l’homosexualité n’est pas compatible avec un taux de
fertilité élevé, ce qui explique pourquoi les conservateurs sont
antipathiques face à ces gens.
Évidemment, les mœurs sexuelles des conservateurs sont liées à leur
ferveur religieuse. En fait, la plupart des religions proscrivent les
relations sexuelles prémaritales, l’utilisation de la contraception
ainsi que l’homosexualité, tout en considérant les femmes comme
inférieures quant à leurs droits.
Tel que démontré par des études menées sur des populations de bonobos
et de chimpanzés, les environnements qui demandent un niveau plus élevé
d’interdépendance entre les individus et/ou au sein desquels les
membres du groupe peuvent facilement le quitter, génèrent des structures
sociales plus égalitaires et moins hiérarchiques, tant entre les
membres du groupe qu’entre les sexes. Dans ces sociétés plus
égalitaires, les femmes ont moins d’enfants. Même dans le monde
occidental actuel, une femme battue ou mal traitée sera plus encline à
quitter son mari si elle est indépendante financièrement que si elle en
est dépendante.
Cela nous amène au sujet de l’ethnocentrisme.
Il existe un niveau biologiquement optimal d’ethnocentrisme. Si une
population est sexuellement trop centrée sur elle-même, son pool
génétique deviendra trop homogène et manquera de diversité, diminuant sa
capacité à s’adapter à des changements environnementaux. Si une
population est trop xénophile, les enfants pourraient en venir à perdre
des séquences génétiques primordiales les ayant adaptés à leur habitat ;
la reproduction avec des individus incompatibles immunologiquement
diminuerait les chances de survie de leur progéniture. Par exemple,
l’une des causes majeures d’avortement est l’incompatibilité entre le
groupe sanguin de la mère et celui du fœtus.
Les époux consanguins ont davantage d’enfants que les autres. Par
exemple, une étude concernant 23.358 grossesses dans un hôpital d’Ankara
en Turquie a démontré que les 17% de femmes mariées à leur premier ou
second cousin ont connu une incidence de 60% inférieure de préclampsie
et d’éclampsie que les autres femmes non-consanguines. Une autre étude
comparant des couples selon 19 mesures (incluant la longueur des
oreilles, la circonférence du cou, la circonférence des lèvres, etc) a
démontré que plus l’homme et la femmes avaient des mesures similaires
(donc génétiquement rapprochés), plus ils avaient d’enfants.
Les sociologues ont découvert une corrélation entre la xénophobie et
la perception de vulnérabilité aux maladies infectieuses. En fait, les
conservateurs affichent des scores beaucoup plus élevés en ce qui a
trait aux mesures de dédain et de dégoût. Il semble donc que
l’ethnocentrisme soit en partie une forme de protection contre les
maladies externes à la « tribu ». Un chercheur du nom de Labouriau a
comparé le nombre d’enfants de couples et la distance entre le lieu de
naissance de l’homme et de la femme. Même en contrôlant pour le niveau
d’éducation, le revenu familial, la résidence en milieu rural ou urbain,
et l’âge de la mère à son premier accouchement, il a observé que la
distance optimale qui maximise la fertilité (i.e. le « rayon marital »)
est d’environ 75 kilomètres. Ceci dit, les villes modernes permettent
une quantité très élevée de mixage génétique (« outbreeding »), surtout
grâce à l’augmentation des flux migratoires vers les pays développés.
Génocide ou politicide ?
Des 37 génocides survenus entre 1955 et 2001, tuant entre 12 et 22
millions de civils, un tiers furent des « politicides » purs,
c’est-à-dire que la population visée ne l’était pas en raison de son
ethnicité, mais bien en raison de son orientation politique (comme en
Argentine ou au Chili). Seulement 14% d’entre eux furent des génocides
purs, comme celui du Rwanda. Le reste fût une combinaison de génocides
ethniques et politiques. Ainsi, l’orientation politique a été impliquée
dans 86% des génocides de cette période. Pourquoi? Parce que le
politicide permet le transfert de ressource d’une classe sociale à une
autre. Les 6 facteurs qui sont capables de prévoir 90% des génocides
sont :
- Une minorité ethnique au pouvoir.
- Un régime autocratique.
- L’occurrence de génocide dans le passé.
- De l’agitation politique excessive.
- Une faible ouverture au commerce international.
- La présence d’idéologies politiques extrémistes.
Lors des élections présidentielles équatoriennes de 2012 (ici),
le premier-né de la famille Corea, Fabricio, s’est présenté contre son
propre frère, Rafel Corea. Fabricio, comme la moyenne des premiers-nés,
était significativement plus conservateur que son frère cadet : il le
critiquait en l’accusant de s’entourer de communistes et d’homosexuels,
il promettait d’être plus dur envers la criminalité, il désirait renforcer les relations avec les États-Unis et l’Europe.
Avoir un frère ou une sœur qui partage notre ADN augmente nos chances
de reproduire cet ADN. Cependant, les frères/sœurs sont en conflit
durant les premières années de leur vie puisqu’ils entrent en
concurrence pour les ressources parentales nécessaires à leur survie.
Ainsi, la naissance d’un frère/sœur durant les cinq premières années de
vie réduit énormément les chances de survie d’un enfant.
Au fil de leur enfance, les enfants aînés sont souvent appelés à
aider leurs parents auprès de leurs frères/sœurs (le « alloparenting »).
Ce faisant, les aînés augmentent leur valeur sélective,
tout comme celle des parents, mais cela les rend plus responsables et
autoritaires, et donc plus conservateurs. En fait, les premiers-nés ont
des scores « Big Five » plus élevés en ce qui a trait à la
conscienciosité. Dans le même ordre d’idées, les gens deviennent plus
conservateurs lorsqu’ils deviennent parents.
Le conservatisme et l’âge
Une citation (faussement) attribuée à Winston Churchill stipule que : «
Si vous n’êtes pas un progressiste à 25 ans, vous n’avez pas de cœur.
Si vous n’êtes pas un conservateur à 35 ans, vous n’avez pas de cerveau ».
Des études montrent que durant la vingtaine, le trait de personnalité
de l’ouverture diminue significativement et la conscienciosité augmente.
Les changements les plus marqués de personnalité se produisent avant
trente ans, après quoi la personnalité se stabilise. La logique veut que
l’ouverture soit favorisée durant la jeunesse de façon à augmenter les
chances de trouver un partenaire reproductif, après quoi la
conscienciosité aide à élever les enfants.
Cela concorde avec les changements biologiques qui se produisent
durant le développement du cerveau : le développement du système
limbique (relié à l’ouverture) se produit dès le début de l’adolescence,
alors que le développement du cortex préfrontal (associés au caractère
consciencieux) se produit plus tard durant la vingtaine.
L’extrémisme et l’autoritarisme
Selon le philosophe français Jean-Pierre Faye, l’axe politique gauche/droite n’est pas linéaire, il est en forme de fer à cheval.
Les extrêmes sont bien plus près les uns des autres qu’on ne pourrait
le penser (prenez par exemple Staline et Hitler, qui en sont même venus à
conclure une alliance, ou encore Ahmadinejad et Chavez, qui ne cessent
de coopérer, ou encore la Chine et le Soudan qui échangent pétrole
contre armes).
Dans les deux cas, les extrémistes de gauche et droite entretiennent
des utopies et entendent bien les imposer par la force. Par ailleurs,
les gouvernements communistes d’extrême gauche, malgré les fondements
idéologiques de cette orientation politique, en viennent quand même à
persécuter des groupes minoritaires et à traiter les femmes de manière
inégalitaire, et leur solidarité est vite remplacée par des
comportements très égoïstes et répressifs.
Par exemple, durant sa quatrième sentence de prison, le Chinois Liu Xiaobo a
reçu le prix Nobel de la paix de 2010. Évidemment, le gouvernement de
Beijing n’a pas participé à la cérémonie, tout comme 18 autres pays,
dont plusieurs sont menés par des gouvernements de gauche, comme Cuba et
le Venezuela. Qu’avaient ces 18 pays en commun si ce n’est leur
position sur l’axe gauche-droite? Comme le veut la théorie du fer à
cheval, ces gouvernements de droite (comme l’Arabie Saoudite et l’Iran)
et de gauche (comme le Venezuela) sont très autoritaires et la
démocratie y est faible, alors que 15 d’entre eux se classent en bas de
la moyenne selon le Economist’s 2010 Democracy Index. Ainsi, il n’est
pas surprenant que l’extrémisme des deux côtés de l’axe mène à des
résultats socio-économiques similaires.
Conclusion
La principale leçon de cet excellent livre est qu’il est inutile
d’argumenter avec une personne résolument à gauche ou à droite. Même si
vous lui présentez des faits probants lui démontrant qu’elle a tort,
cette personne ne changera pas son opinion (d’ailleurs, son cerveau
altèrera sa perception de la réalité pour ne pas déstabiliser sa
structure cognitive, voir ceci).
Pourquoi? Parce que son orientation politique est inscrite dans ses
gènes ! Par ailleurs, cette orientation politique changera selon l’âge
de la personne, si elle a des enfants et si elle est l’aînée de sa
famille.
Ceci dit, la portion plus modérée du spectre politique – dont fait
partie la majorité de la population – est généralement moins intéressée à
la politique et démontre une cohérence idéologique moindre. C’est ce
segment de la population que les politiciens tentent de séduire parce
qu’il s’agit d’une catégorie de gens susceptibles de basculer d’un côté
ou de l’autre du centre. Cela explique aussi pourquoi la plupart des
partis politiques les plus populaires sont si près du centre dans les
pays développés.
Finalement, le paysage politique est influencé par les tendances du
pool génétique de la population. Par exemple, plus la population
s’urbanise, plus elle tend vers le progressisme. Par contre, comme il y a
de plus en plus de premiers-nés et d’enfants uniques en pourcentage de
la population vieillissante, cela tend à rendre la population plus
conservatrice. Finalement, comme les conservateurs (plus religieux) ont
une plus grande fertilité, la population tend à devenir plus religieuse
et conservatrice.
Je recommande fortement cet excellent ouvrage d’Avi Tuschman,
auquel je suis loin de rendre justice dans ce court article. C’est
sérieusement une lecture incontournable.
Pour un petit test politique libertarien, voir ceci.
H) où se niche le clivage droite gauche?
La
question du clivage droite gauche fait couler beaucoup d’encre
paradoxale. La question retrouve une nouvelle jeunesse avec le « ni
droite, ni gauche » revendiqué par François Bayrou. Son actualité liée à
la progression des sondages du candidat du centre, masque peut-être
d’autres enjeux.
Partons de l’expérience d’Emmaüs. Nous sommes régulièrement confrontés à cette nécessité d’être classé quelque part… et il ne nous déplait pas que l’exercice ne soit pas si facile. Qu’observe-t-on ? Nous avons déjà eu l’occasion de remarquer que, dans nos actions et nos interpellations, chaque camp prend ou relève ce qui l’arrange. Quand nous expliquons le rôle de la société civile, quand nous indiquons qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat ou que les compagnons d’Emmaüs s’efforcent de vivre de leur travail, quitte à renoncer au bénéfice de certaines allocations, comme le RMI, nous sommes entendus de l’oreille droite. Quand nous nous insurgeons contre le non respect des obligations qui pèsent sur les communes en matière de logement social (loi SRU), quand nous dénonçons l’inégale répartition des richesses, quand nous promouvons l’économie solidaire ou quand nous défendons l’accueil inconditionnel dans nos communautés, nous sommes écoutés de l’oreille gauche. Mais nous somme rarement entendus en stéréo… En particulier, ni la gauche ni la droite ne savent nous dire comment il voient l’articulation entre une solidarité obligatoire, dont l’Etat doit être garant, et des mécanismes de solidarité facultatifs qui reposent sur la responsabilité d’autres acteurs, qu’il s’agisse des associations ou de la société civile au sens large. Ceci peut conduire à livrer quelques remarques sur les vraies-fausses réalités du clivage droite gauche… en s’aventurant sur ce terrain miné et risqué, puisqu’il est toujours délicat de s’exprimer sur cette question sans être taxé, justement, de prendre position pour un camp, l’autre ou le troisième. Espérons que nous échapperons à cet étiquetage dans cet exercice controversé. 1) Sur la possibilité de faire gouverner ensemble la gauche et la droite. Le débat sur le gouvernement d’union nationale, sur la vraisemblance de faire travailler ensemble responsables politiques de droite et de gauche, occulte les singularités de notre vie politique depuis 25 ans. Première remarque : depuis 26 ans, nous avons eu 5 ans de gauche, deux ans de droite, cinq ans de gauche, quatre ans de droite, cinq ans de gauche, cinq ans de droite, dont 9 ans de cohabitation. Finalement, nous avons eu une sorte d’union nationale par alternances successives. Or compte- tenu du temps que prend une politique pour produire ses effets, on peut considérer que ces alternances si rapides rendent difficiles d’imputer clairement à une majorité les conséquences de ses propres choix sur l’ensemble de cette période. Ainsi, lorsque la pauvreté se remet à augmenter à partir de 2003 ou que les déficits sociaux se creusent à nouveau, il y a certainement une part imputable à la fin d’une législature et au début de la suivante. Deuxième remarque : notre pays se caractérise par une intrication étroite entre les différents échelons : Européen, national, régional, départemental, communal. Quand un gouvernement est de droite, quand la plupart des régions sont de gauche, quand les départements et les grandes villes sont répartis entre la droite et la gauche, quand des pans entiers de la politique économique et sociale dépendent de négociations avec des partenaires européens qui ont choisi des options politiques différentes, n’y-a-t-il pas déjà, qu’on ne le veuille ou non une sorte d’union nationale mal assumée, qui ne dit pas son nom, mais qui, de fait, brouille également les clivages ? 2) Sur les mesures qui symbolisent le clivage entre la droite et la gauche. Quelles sont les mesures citées le plus souvent comme emblématiques du clivage droite gauche dans le débat actuel ? les 35 heures ; une politique de subvention publique de certains emplois pour lutter contre le chômage ; l’évolution du SMIC. Or, même sur ces mesures emblématiques, le clivage est moins évident qu’il n’y paraît. Les 35 heures ? On a oublié que c’est sous le Gouvernement de M. Juppé qu’avait été votée une loi dite de « de Robien » qui permettait de réduire jusqu’à 35 heures la durée hebdomadaire du travail dans des entreprises, afin de permettre le partage du travail, soit dans des conditions « défensives » pour éviter le licenciement, soit dans des conditions « offensives » pour créer des emplois. Les emplois subventionnés ? Ils ont changé de nom à chaque majorité, mais il y a une assez grande continuité entre les TUC, les CES, les CEC, les emplois jeunes, les contrats d’avenir, les contrats d’accompagnement dans l’emploi et autres contrats aidés, y compris dans leurs insuffisances. Cette continuité aurait été mieux assumée qu’elle aurait évité ces interruptions et ces changements incessants qui induisent de terribles effets pervers dans l’efficacité de la politique d’insertion. L’évolution du SMIC ? Quand la gauche propose le SMIC à 1 500 euros, elle essuie trois types de critiques : c’est trop ; c’est moins que ce qui a été fait entre 2002 et 2007 ; ce n’est de toute manière pas plus que l’évolution naturelle du SMIC sur une période de 5 ans, même sans coup de pouce. Et la gauche hésite elle-même à dire s’il s’agit de 1500 euros nets ou bruts et à quelles échéances, ce qui ne permet pas de dire si le rythme d’évolution du SMIC serait significativement différent avec la droite ou la gauche. Voilà pour le volet social. Sur l’environnement, la situation est encore moins marquée. Les candidats ayant accepté les règles du jeu de M. Hulot, ils se retrouvent désormais tous liés par le même pacte, comme si les défis que posent la protection de l’environnement pouvaient s’envisager indépendamment des grandes questions économiques et sociales et ne donnaient plus lieux à des choix ou à des arbitrages entre des options incompatibles entre elles. 3) Sur les grands objectifs : On pourrait s’attendre à ce que la différence entre la gauche et la droite, si elle ne s’illustre pas mesure par mesure, s’éclairerait par de grands objectifs. En matière d’inégalités pour commencer, que la gauche affiche un objectif de réduction des inégalités différent de celui de la droite. Sur le modèle social ensuite : que la gauche et la droite nous explique quelles sont les protections qui doivent être assurées par la collectivité – et jusqu’à quel niveau – et quelles sont seules qui doivent être désormais facultatives, qu’il s’agisse de santé, de retraite, d’éducation par exemple. Sur une nouvelle conception des pouvoirs publics également : existe-t-il une différence entre une décentralisation de droite et de gauche ? De quoi l’Etat sera-t-il garant dans l’un et l’autre cas ? Là encore, les candidats et les partis semblent réticents à se prononcer sur des objectifs qui traduisent de véritables choix de société et préfèrent proclamer des intentions si générales qu’elles ne définissent pas, à terme, deux projets de société aisés à distinguer. 4) Sur les cibles électorales de droite et de gauche : « Dis moi à qui tu t’adresses, je te dirais qui tu es ». Lorsque la nature des propositions n’est pas en elle-même suffisante pour définir un clivage entre la gauche et la droite, c’est souvent la manière dont on s’adresse à une clientèle supposée de droite ou de gauche qui fait les véritables différences. La droite aura naturellement davantage tendance à s’adresser aux médecins, aux agriculteurs, aux entrepreneurs. La gauche aux enseignants, aux ouvriers, aux titulaires des plus faibles revenus. La droite aura tendance à évoquer la question de l’immigration comme une preuve de sa fermeté, la droite comme une marque de sa générosité. Ceci reste en partie vrai. Il n’y a qu’à voir les intentions de vote des médecins et des agriculteurs pour voir que certaines accroches traditionnelles restent valables. Mais d’autres clivages se sont estompés. C’est ce que montre la tentative maladroite de définir un seuil permettant de distinguer les riches des pauvres, à propos des questions fiscales. Ou le débat sur la « réhabilitation du travail » : quand la droite s’adresse à la « France qui se lève tôt », s’agit-il d’une population différente de « cette France des travailleurs précaires » à laquelle fait référence la gauche ? Bref, qu’il s’agisse des mesures emblématiques que l’on oppose, de la vision de la société que l’on défend, des électorats que l’on cultive, des thèmes que l’on développe, du modèle social qu’on promeut, les différences entre la gauche et la droite sont moins simples qu’avant et surtout moins nettes qu’on veut nous le faire croire. Et il est assez naturel que cela ait un impact favorable sur ceux qui refusent de s’inscrire dans ce clivage traditionnel, en le contournant par le centre, par les extrêmes ou par la radicalité. Est-ce que cela signifie que le clivage entre la droite et la gauche a disparu ? Non, cela signifie qu’il s’est déplacé. Le clivage entre la droite et la gauche définit moins aujourd’hui deux conceptions très différentes de la société que deux tactiques différentes, ou plus exactement trois, pour conquérir le pouvoir et pour le garder : la première consiste à dire que l’on est de gauche, la deuxième que l’on est de droite ou la troisième que l’on n’est ni de droite, ni de gauche. Si cette analyse est juste, faut-il s’en féliciter ou faut-il s’en inquiéter ? J’aurais tendance à dire les deux. Il faut se méfier aussi bien des faux consensus que des fausses querelles. Il faut craindre que faute de d’être en mesure de définir des projets de société différents, la gauche et la droite cherchent à se distinguer l’une de l’autre par des réflexes identitaires qui les conduisent à stigmatiser des cibles symboliques ou à défendre des protections illusoires. C’est ce qui peut conduire la droite et la gauche à cultiver chacune leur démagogie : le discours sur les immigrés et les assistés du côté droit ; l’engagement sur des droits virtuels qui se retournent parfois contre ceux qui sont censés en bénéficier du côté gauche. Que peut-on suggérer ? Trois pistes. La première – quitte à me répéter – c’est que chacun s’engage sur quelques objectifs précis, mesurables, réfutables et cohérents. Quelques exemples dans le domaine social: la proportion d’enfants sous le seuil de pauvreté à l’issue d’un quinquennat ; l’évolution d’inégalités de revenus et de patrimoines ; la part de la protection collective dans les dépenses de retraite, de santé, d’éducation, de logement. Si droite, gauche et centre divergent sur ces engagements, on saura mieux à quoi s’en tenir sur le positionnement des uns et des autres… La deuxième est d’avoir une conception différente du rôle de la majorité et de la minorité. Dans les associations où il existe une vie démocratique, il peut y avoir des lignes distinctes représentées par des courants différents. Cela n’empêche pas d’avoir des majorités d’idées ou des consensus sur certains projets et d’utiliser les temps de démocratie que sont les assemblées générales pour faire trancher de grandes options. Dans les conseils généraux des programmes expérimentaux sur le retour à l’emploi et l’insertion, la décision de s’engager dans un tel programme est fréquemment prise à l’unanimité. Cela ne veut pas dire qu’il doit y avoir toujours consensus, qu’il ne peut plus y avoir de majorité ou d’opposition, mais cela signifie qu’il peut y avoir des mesures qui reflètent un équilibre atteint entre deux positions. Pourquoi demanderait-on aux partenaires sociaux, qui représentent des intérêts divergents de négocier et pas aux forces politiques de pouvoir, sur certains points faire de même ? Pourquoi les referendums consistent toujours à demander au peuple français de répondre par oui ou par non et non pas de trancher entre une option A et une option B ? La troisième est de proposer une vision claire de l’équilibre des pouvoirs entre les différents échelons de décision européens, nationaux et locaux. C’est l’une des choses qui manque cruellement dans la campagne actuelle. La gauche semble davantage mettre l’accent sur une conception de la décentralisation qui donne davantage de responsabilités aux collectivités territoriales – en matière d’emploi par exemple – alors que la droite semblerait leur accorder plus de liberté – en matière de logement , si l’on s’appuie sur les débats concernant le logement. De quoi l’Etat doit-il être garant ? Quelles sont les différences de politiques qui peuvent être admises d’un territoire à l’autre ? Comment doivent être réduites les inégalités entre territoires ? Clarifier ces questions, c’est peut-être contribuer à rendre plus lisibles les différences entre la droite et la gauche. C’est peut-être aussi cesser de contourner un problème lancinant : dans l’enchevêtrement actuel des responsabilités entre les différents échelons de décision, quel est le risque que la gauche comme la droite se trouvent aussi incapables l’une que l’autre de mettre efficacement en œuvre leurs programmes ? |
Commentaires
Le clivage droite/gauche en France varie avec le temps. Ce
qui était uniquement de gauche autrefois est devenu patrimoine commun
ensuite. La droite l'accepte sans en tirer des conclusions sur le moment
présent. La gauche prétend défendre une option transhistorique. Qui a
le plus tort?
Sur le fond, la gauche a majoritairement (car dominé par le PCF, les maoistes et les trotskystes) adoré des dictatures terrifiantes (Staline et Mao, les plus grands massacreurs de l'histoire humaine) qui étaient fort justement critiquées à droite.
Mais, sur le plan des réformes sociales internes, la gauche a porté des revendications que la droite a combattues farouchement en matière de justice, d'éducation ou de santé. Les pragmatiques de gauche se sont souvent retrouvés avec les pragmatiques de droite contre les discoureurs des deux paroisses.
La gauche pense s'identifier à l'État alors que celui ci favorise le plus souvent les inégalités dans l'économie, la justice et les médias, par exemple. Les inégalités sont issues de la société et résoudre les problèmes qu'elles engendrent est autant une affaire de fonctionnaires que de comportement personnel.
Aujourd'hui, le problème majeur est le logement en France. C'est facile à résoudre, pourtant. Un plan de construction et de rénovation est possible. Mais cela heurterait de multiples groupes sociaux qui prospèrent sur la pénurie. Le logement est en France (pas seulement bien sûr) le lieu essentiel du clivage gauche-droite.
Or, sur cette question, il y a une atonie complète de la gauche et de la droite. Cette dernière pense que tout va se résoudre par le marché sans rien faire pour stimuler ledit marché. La gauche dénonce la droite sans rien faire non plus afin de capitaliser le mécontentement sur le plan électoral. Droite-gauche, même combat! Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il y a un partage des responsabilités. Le seul qui se démène est Borloo, de gauche venu à droite pour faire un travail moqué de tous.
Sur 20 ans, la France a été gouvernée par l'UMP et le PS avec ce partage des pouvoirs qui a ouvert en 2002 la voie à Le Pen. En 2007, cette orientation existe toujours. Mais les Français semblent aussi vouloir officialiser cette cogérance droite-gauche avec Bayrou en pensant peut-être que cela coûterait moins cher à la France et nous éviterait des discours sans intérêt.
C'est normal.
Mais le problème, tel qu'évoqué au début, n'est pas là. Il est lié à une gauche qui n'a plus d'idées. Elle ne peut plus jouer son rôle de locomotive de la société toute entière. Elle finasse parfois dans le caviar. Et dans le cas qui nous préoccupe, elle avance essentiellement le fait qu'une femme va prendre le pouvoir en France. Ce qui est effectivement une novation. Mais en Angleterre ou en Allemagne, c'est aussi une novation, mais de droite.
En France, il reste à démontrer que Ségolène Royal ouvre de nouvelles portes à la société française. La démonstration n'est pas faite pleinement. Par contre, il semble qu'on y va. Mais le discours du premier secrétaire Hollande ou de Chevènement n'indique rien de neuf. Et la candidate présidente ne peut se contenter d'osciller entre ce vieux discours du PS et l'écoute participatif de notre peuple. Il faut de nouvelles idées.
Sur le fond, la gauche a majoritairement (car dominé par le PCF, les maoistes et les trotskystes) adoré des dictatures terrifiantes (Staline et Mao, les plus grands massacreurs de l'histoire humaine) qui étaient fort justement critiquées à droite.
Mais, sur le plan des réformes sociales internes, la gauche a porté des revendications que la droite a combattues farouchement en matière de justice, d'éducation ou de santé. Les pragmatiques de gauche se sont souvent retrouvés avec les pragmatiques de droite contre les discoureurs des deux paroisses.
La gauche pense s'identifier à l'État alors que celui ci favorise le plus souvent les inégalités dans l'économie, la justice et les médias, par exemple. Les inégalités sont issues de la société et résoudre les problèmes qu'elles engendrent est autant une affaire de fonctionnaires que de comportement personnel.
Aujourd'hui, le problème majeur est le logement en France. C'est facile à résoudre, pourtant. Un plan de construction et de rénovation est possible. Mais cela heurterait de multiples groupes sociaux qui prospèrent sur la pénurie. Le logement est en France (pas seulement bien sûr) le lieu essentiel du clivage gauche-droite.
Or, sur cette question, il y a une atonie complète de la gauche et de la droite. Cette dernière pense que tout va se résoudre par le marché sans rien faire pour stimuler ledit marché. La gauche dénonce la droite sans rien faire non plus afin de capitaliser le mécontentement sur le plan électoral. Droite-gauche, même combat! Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il y a un partage des responsabilités. Le seul qui se démène est Borloo, de gauche venu à droite pour faire un travail moqué de tous.
Sur 20 ans, la France a été gouvernée par l'UMP et le PS avec ce partage des pouvoirs qui a ouvert en 2002 la voie à Le Pen. En 2007, cette orientation existe toujours. Mais les Français semblent aussi vouloir officialiser cette cogérance droite-gauche avec Bayrou en pensant peut-être que cela coûterait moins cher à la France et nous éviterait des discours sans intérêt.
C'est normal.
Mais le problème, tel qu'évoqué au début, n'est pas là. Il est lié à une gauche qui n'a plus d'idées. Elle ne peut plus jouer son rôle de locomotive de la société toute entière. Elle finasse parfois dans le caviar. Et dans le cas qui nous préoccupe, elle avance essentiellement le fait qu'une femme va prendre le pouvoir en France. Ce qui est effectivement une novation. Mais en Angleterre ou en Allemagne, c'est aussi une novation, mais de droite.
En France, il reste à démontrer que Ségolène Royal ouvre de nouvelles portes à la société française. La démonstration n'est pas faite pleinement. Par contre, il semble qu'on y va. Mais le discours du premier secrétaire Hollande ou de Chevènement n'indique rien de neuf. Et la candidate présidente ne peut se contenter d'osciller entre ce vieux discours du PS et l'écoute participatif de notre peuple. Il faut de nouvelles idées.
M. Hirch
Objet : Conservatisme ; Socialisme ; Libéralisme : Sens et respect des mots
Conservateur ; Socialiste ; Libéraux sont les vrais groupes
PLUS JAMAIS DROITE ; GAUCHE ; CENTRE ; faut-il donner un sens ?
Ne tombons plus dans ce piège collectiviste.
Faut-il pour les libéraux que nous sommes, donner un sens encore au clivage gauche, droite, centre? Certainement pas, et, surtout cela nous nuie terriblement dans nos démarches.
Sans vouloir jouer avec les mots, sans démagogie, il est inconcevable pour ne pas dire désespérant d’être assimilé pour beaucoup de gens, comme des ultras conservateurs ou bien encore ultras libéraux. Allez chercher l’erreur !! Pour le socialisme marxisme, c’était voulu (voir le livre de C. ROIG publié en 80 : La Grammaire Politique de Lénine).
Depuis lors le socialisme dit : réformateur, plus facilement appelé (mercatique des mots oblige) : social-démocrate,( de pars son inertie avouée, voir propos de E.Besson) profite et se nourrit de cette fiction outrancière. Dans ce cas, libéralisme est associé à une idéologie responsable de tous les maux du monde. Typiquement français !
Dommage, autant chez les libéraux anglo-saxons l’axe serait plus porté sur l’économie, le libéralisme français, son synonyme est humanisme. Imaginer débattre de cela avec nos concitoyens ! Pour eux l’humain, c’est le social, soit le socialisme, voire la démocratie Chrétienne, c’est-à-dire communément appelé la Gauche. C.Q.F.D.
Il me semble qu’il n’y a à priori que trois catégories : Conservateurs ; Socialistes ; Libéraux, qu’en leur sein respectif il y est des tendances, voire extrêmes, soient classiques.
Cependant les libéraux ne sont plus représentés en France mise à part dernièrement avec AL porteur d’un libéralisme éthique. Beaucoup le sont sans le savoir, et d’autres sont encartés et pratiquement muselés dans les différents partis auxquels ils appartiennent. L’espoir réside à ce que ça implose.
Ce mot, libéral comme libéralisme a été complètement galvaudé de siècle en siècle par la duplicité de tous ces collectivistes qui nous ont inventé deux supers concepts à faire peur que soient les fictions : ultra libéralisme et néo-libéralisme (voir P. Salin).
Et dans l’usage moderne français de tout bord, « progressiste » (eh oui parce que les socialistes ont déjà la racine sociale, mais aussi progrès) ,voire certains conservateurs réduisent le libéralisme uniquement à ses aspects économiques.
Force de constater donc que l’individu est au centre du libéralisme, et la plus haute tâche de l'Etat est d'assurer et de défendre la liberté individuelle considérée comme imprescriptible. La liberté individuelle étant aux yeux des libéraux la norme fondamentale et le fondement de la société humaine autour de laquelle l'Etat, l'ordre politique et économique doivent être structurés.
Au sens large, le libéralisme prône l'établissement d'une société caractérisée par la liberté de penser des individus, le règne du Droit naturel, le libre-échange des idées, l'économie de marché et son corollaire l'initiative privée, et un système transparent de gouvernement dans lequel les droits des minorités sont garantis.
Remontons quelque peu le temps, de J.Locke le premier philosophe essayiste qui rechercha à dissocier les différentes formes de pouvoir dans le respect de l’intégrité morale des individus. Le socle du libéralisme fut fondé, comme une doctrine politique et économique née donc dans l’Europe des Lumières aux XVII et XVIII siècles. Elle repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits naturels sur lesquels aucun pouvoir ne peut empiéter, qui sont la liberté, et le plus souvent le droit à la propriété. En conséquence, les libéraux veulent limiter les prérogatives de l’État et des autres formes de pouvoir, quels qu'en soient la forme et le mode de désignation.
Qu’il faille subodorer, que nos Français de Turgot à JB. Say s’identifie mieux de leur mot et groupe :Libéral, de nos contemporains, cela semble normal puisque ce sont les premiers qui en ont fondé le socle. Non pas que les derniers s’en soient égarés, pas du tout, ils combattent, mais seraient tombés peu à peu dans ce totalitarisme étymologique et, par ce seul fait, du soi-disant bloc de gauche vers celui de droite. Avant d’être, un clivage, la Droite eut pour nom : Ordre établi et la Gauche : Mouvement (par J.PATAUT). Depuis, nous connaissons la suite. Il est à vous de marcher à cloche-pied. Aussi, nous comprenons mieux pourquoi nous sommes végétatifs depuis des décennies au sein de nos institutions, et les mal-aimés du peuple.
L’autre sens qui originellement ait été donné, il ne concerne pas le libéralisme, ouf un peu d’air. Nous sommes plus dans un usage pérenne d’une disposition de différent groupe, ou caste. C’est ainsi qu’historiquement, Philippe IV, surnommé le Bel, réunit dans les Etats Généraux, c'est-à-dire les Assemblées de la Nation qui traitaient des affaires publiques et réunissaient les représentants de la nation entière. Il appela, pour la première fois, le tiers-état (ceux qui ne sont ni du clergé ni de la noblesse compose le tiers-état) à ces grandes assemblées (1302). Ces derniers étaient installés à la gauche du Roi, tandis que les nobles, les aristocrates et le clergé étaient installés à droite.
Les notions de droite et de gauche en politique renvoient en France à l’Assemblée nationale où, en août/septembre 1789, les députés partisans du veto royal se regroupèrent à droite du président, les opposants à ce veto se rassemblant à gauche sous l’étiquette de patriotes. On considère parfois ces notions comme un peu caricaturales, même si elles sont à l'origine de nombreux conflits politiques et d'une bipolarisation, à l’instar de ce qui s’est passé en Angleterre depuis la disparition du parti Libéral.
Alain Genestine blog ou Humanitas blog
Lire aussi sur mon ancien blog politique disparu: ici
1 commentaire:
La Gauche est la somme de toutes les putréfactions. C'est une thèse que je développe dans l'ouvrage "Philosophie politique de l'Amour. J'en profite pour faire un petit copié-collé, tiré de ce bouquin, relatif au thème de l'inversion-substitution que j'affectionne en ce moment....: L’idéologie de Droite est absente du débat, absente de la société. Elle est aux abonnés absents. Elle a longtemps souffert d’un complexe existentiel. Cette époque était marquée par la théorie du progrès. Dans la mécanique du progrès, la Droite était réactionnaire. Son attachement traditionnaliste confortait à son
propre regard sur elle-même ce statut. L’exemple précédent du colonialisme en est flagrant. La Gauche l’initie puis passe à son contraire. La Droite l’institutionnalise. Aujourd’hui encore, le militant de Droite peine à identifier son idéologie. La théorie du progrès s’appuie sur les lois de la thermodynamique. La Gauche est dans l’action, la Droite dans la réaction.
L’Etat devient régulateur de la dynamique de l’Ordre et du Mouvement selon la formule de Georges Burdeau. Il y a gestion d’un côté. Il y a lutte de l’autre côté.
Jean-Jacques Chevalier, dans la revue de Sciences Politiques, répond autant par la gestion, liée à l’ordre, que par la lutte, synonyme de « projet ». Sur un échiquier politique, l’ordre est à Droite et le mouvement est à Gauche. Seuls les
imbéciles ne changent pas d’avis, dit-on. L’erreur de Burdeau est de ne pas considérer qu’un projet, par définition, se gère. L’idée de projet serait associée à la Gauche et c’est une mystification dans laquelle la Droite est tombée. C’est une cause profonde de ses complexes. De même, toute lutte n’est pas légitime.
L’ordre n’est-il pas justement un projet ? Gérer, c’est projeter. A contrario, le rebelle sera toujours rebelle. Il n’y a finalement qu’inversion de polarité des valeurs dans l’interprétation de la formule de Burdeau.
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