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décembre 27, 2015

SÉCURITÉ/Liberté avec Pascal Salin, Alain Madelin, Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely,

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 
Sommaire:

A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"- Alain Madelin - Atlantico

B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral" - Pascal Salin - Atlantico

C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche - Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely - Atlantico


A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"
 
Le tournant sécuritaire du gouvernement laisse la droite désemparée sur ces questions qui lui étaient jusque-là historiquement favorables. Renchérir sur les mesures prises par la gauche pour se tourner vers un État ultra-sécuritaire pourrait mener à des dérives. L'arsenal législatif étant déjà très complet, il convient d'appliquer les peines et de mettre fin aux dysfonctionnements de la justice pour prévenir de nouveaux attentats sur le sol français.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris asphyxie idéologiquement la droite traditionnelle. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?

 

Alain Madelin : La surenchère sécuritaire et l’instrumentalisation par le gouvernement du 11 janvier et des derniers attentats de Paris fait avant tout le miel du Front National en banalisant des mesures ou des propos qui pouvaient apparaître hier comme extrémistes. Au point même que l’on a vu les parlementaires du Front National refuser de voter les mesures de surveillance généralisées proposées par le gouvernement au nom de la défense des libertés publiques et se faire vertement tancer tant par la gauche que par la droite !

La droite n’a rien à gagner à ce jeu du « plus sécuritaire que moi… » et à mes yeux, elle s’honorerait même à être plus attentive dans la défense des libertés publiques. Car l’enjeu réel, ce n’est pas de renforcer toujours plus l’arsenal répressif et les postures guerrières avantageuses surtout lorsque qu’elles cherchent à masquer des réalités moins reluisantes mais d’assurer le respect tranquille et persévérant de l’autorité. Au-delà du sérieux, de la fermeté et de la compétence des autorités en charge, ceci suppose aussi que l’on répare au plus vite le maillon faible de la chaîne police-justice, à savoir l’exécution des peines que l’on adapte tant bien que mal au nombre de places disponibles dans des prisons surpeuplées et à la quasi inexistence d’institutions spécialisées pour les mineurs délinquants. Au risque de décourager la police, de donner aux citoyens le sentiment d’impunité et d’impuissance publique.


À ce retour de l’État régalien, la droite bien sûr doit ajouter le combat contre l’État envahissant ; réinventer l’État, ses missions publiques et ses fonctions sociales.

Ce que nous vivons, ce n’est pas une crise dont nous aurions à préparer la sortie mais une grande mutation de nos sociétés industrielles et de leurs superstructures politiques vers une civilisation de la connaissance. Une mutation sans doute plus importante et plus rapide plus destructrice aussi que celle qui nous a conduit de la civilisation agricole à la civilisation industrielle.

C’est dire que dans tous les domaines, il va nous falloir faire preuve de créativité et d’innovation. C’est dire aussi que nous avons besoin de liberté et de souplesse d’adaptation. Si le changement se libère d’en haut, il se mène d’en bas. Une telle mutation ne peut pas être conduite dans le clivage permanent.

Pour se donner de nouvelles règles du jeu durables, il faut savoir rassembler au-delà de son camp, surmonter les vieilles frontières politiques. Pour être concret, je me suis livré à écrire au début de cette année le programme de ce que pourrait être une telle alternance en 2017 sous la forme d’une brochure «UNIR POUR AGIR » .

Je me suis aperçu, au fil des propositions, que moi qui ai eu hier le libéralisme précoce et quelque peu provocateur, à quel point aujourd’hui ces réformes à mes yeux nécessaires peuvent apparaître pour peu qu’on en gomme quelques aspérités comme évidentes et rassembleuses.

Ce recul de l'Etat pourrait-il être consenti par la droite ? Que faîtes-vous de sa particule "bonapartiste" ?

Il est vrai que la droite a une nostalgie bonapartiste qui se marie très bien avec votre héritage jacobin et les vestiges de notre socialisme marxiste. On a vu il n’y a pas si longtemps la droite proclamer le « retour de l’État » dans tous les domaines à contre-courant d’un monde où l’exigence profonde est le retour du « laissez-nous faire ».

Il y a aussi dans cette nostalgie, pour certains, la fascination « esthétique » pour la vie politique plus flamboyante de la belle époque de la raison d’État affranchie des modernes contraintes de la démocratie et de ce qu’elles nomment péjorativement le « droit de l’hommisme ». Ah, qu’elle est belle cette « verticale du pouvoir » qu’exalte encore Vladimir Poutine !

Je rêve d’un candidat à l’élection présidentielle qui au lieu de nous dire « faites-moi confiance », dirait 

« je veux assurer l’autorité de l’État dans ses vraies fonctions, mais pour le reste je fais avant tout confiance aux citoyens et je vais libérer l’initiative, outiller la société civile pour lui permettre de résoudre depuis le bas les problèmes qui ne peuvent plus l’être d’en haut ».

 Et ceci vaut tout autant pour la vie économique et entrepreneuriale que pour la rénovation de l’État ou le domaine social.


Comment une droite inspirée par la doctrine libérale pourrait-elle aborder des problématiques comme l'immigration, le sentiment de déclin et l'identité nationale qui créent des tensions à droite ?

J’ai bien conscience que nous ne vivons pas seulement de nourritures matérielles, mais aussi de nourritures psychiques. Et que beaucoup de nos compatriotes ont le sentiment que ces nourritures psychiques celles qui favorisent notre vivre ensemble sont aujourd’hui menacées tant par les vents de la mondialisation et le patient détricotage de minorités influentes que par une immigration trop étrangère à nos règles de vie commune et pire encore souvent porteuse d’une religion l’Islam que les islamistes rendent chaque jour plus caricaturale et menaçante. Mais là encore, la bonne réponse n’est pas dans la surenchère verbale, mais dans la fermeté tranquille accompagnant une vision optimiste de la reconstruction patiente de ce vivre ensemble.

Cette reconstruction a une dimension économique essentielle. Une société sans croissance est une société désespérante qui fait craindre le déclassement. Une société sans emploi est une société qui n’intègre pas ses immigrés ou leurs descendants et qui fabrique une triste concurrence des pauvretés.

Pour ne prendre qu’un exemple, la crise de nos écoles ou de nos collèges, qui constituent trop souvent les écoles ghettos de cités ghettos, appelle que l’on sache libérer l’initiative de tous ceux qui veulent et qui peuvent créer de meilleures écoles, à commencer par les enseignants. Sachons aussi dans le domaine de la formation professionnelle utiliser les bénéfices du numérique pour créer une grande bibliothèque numérique de la formation professionnelle accessible à tous 24 heures sur 24, gratuitement, accompagné des outils d’apprentissage individuels ou collectifs en ligne comme on commence à le faire avec les MOOC pour nos universités, à la disposition des jeunes, des chômeurs en reconversion, des organismes de formation et des entreprises.

Assurément, l’abandon des couches populaires nourrit le populisme et la colère électorale, le rejet des partis de gouvernement et l’envie d’essayer « autre chose ». Ils se sentent abandonnés par une droite qui leur présente des réformes punitives et trahies par une gauche qui mène peu ou prou la même politique avec en plus un discours étonnamment dénué d’empathie pour les plus pauvres et les plus vulnérables de nos compatriotes. Tout se passe comme si aujourd’hui il suffisait de s’affirmer être « contre les riches » pour administrer la preuve qu’on est « de gauche ».

Et si la gauche s’est révélée incapable d’apporter des réponses à cette France du chômage de longue durée de la pauvreté des précaires des travailleurs pauvres et des fins de mois difficiles je fais le vœu qu’une droite libérale place ces problème au cœur de ses préoccupations et soit convaincante dans ses solutions.


Les enquêtes d'opinion montrent que les Français sont de plus en plus réceptifs aux principes du libéralisme. Parallèlement pourtant, ils semblent apprécier pouvoir trouver en l'Etat un interlocuteur qui peut les aider... L'application d'un tel programme pourrait-il être réellement porteur politiquement ?
En réalité cette adhésion libérale n’est pas si nouvelle. Chaque fois que l’on propose une réforme libérale comme une nouvelle liberté d’agir ou de choisir, on trouve au moins deux français sur trois favorables. Ceci montre là encore que les solutions libérales sont aujourd’hui des solutions de rassemblement.

Juste un autre exemple : la retraite. Pourquoi la droite rivalise-t-elle avec le patronat pour proposer de porter toujours plus tard l’âge de la retraite ? Alors que Sarkozy en avait ouvert la voie dans sa réforme nous pourrions instaurer un système de retraite à la carte plus juste et plus efficace. Autour de trois principes : on ne distribue pas chaque année plus d’argent qu’il n’y en a dans les caisses ; les retraites sont calculées en point c’est-à-dire à cotisation égale retraite égale ; chacun est libre de choisir l’âge de sa retraite. Vous pourriez alors décider de travailler plus longtemps pour augmenter votre retraite, ou moins longtemps pour partir plutôt ! Et vous pourriez compléter ce système par une incitation à une épargne retraite par capitalisation. C’est là réforme nécessaire qui a des soutiens à droite mais aussi à gauche et même chez certains partenaires sociaux comme la CFDT.

Et en matière de sécurité, comment faire la synthèse entre libertés et efficacité ?

L’efficacité en matière de sécurité n’a guère besoin de lois d’exception. On voit bien que ce qui est à l’origine des attentats est davantage une succession de dysfonctionnements de notre système judiciaire ou de renseignement plutôt qu’un déficit législatif. Il n’est pas acceptable, et au surplus il n’est pas efficace comme le disent aujourd’hui les américains dans leur critique du Patriot Act de permettre l’instauration d’un état d’espionnage généralisé ou d’un état d’urgence élargi affranchie du contrôle judiciaire des libertés publiques.

Je rappelle souvent y compris hier à quelques responsables de droite tentés par des lois liberticides cette sagesse d’un publiciste du 19e : 

« ne me dites pas ce que vous voulez faire des lois que vous allez voter, demandez-vous plutôt ce qu’à d’autres que vous, ces mêmes lois donneraient le pouvoir de faire ».
Alain Madelin

Source Atlantico



B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral"

La gauche a pris un tournant sécuritaire et quelques mesures libérales qui rendent difficile le positionnement politique de la droite. La réponse se trouve dans le libéralisme, pas assez exploité par la droite depuis Valérie Giscard d'Estaing. Ce courant de pensée adopté dans les pays anglo-saxons réduit le rôle de l'Etat pour une plus grande prospérité économique.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant d'inspiration libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine dorénavant à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Pascal Salin : Il me semble d'abord excessif de dire que François Hollande a pris, à un moment quelconque de son quinquennat, un tournant libéral. Il n'a fait qu'accroître l'interventionnisme étatique, la fiscalité, les réglementations.
Il continue constamment dans cette voie, comme le montre, par exemple, son obstination à faire voter la désastreuse loi de Marisol Touraine qui condamne à terme la médecine libérale. Et ce ne sont pas les quelques petites mesures de libéralisation adoptées sous l'inspiration d'Emmanuel Macron qui changent fondamentalement la situation. Quant au tournant "sécuritaire", il est pour le moment dans les discours, mais il reste à voir s'il sera effectivement pris (le maintien à son poste de Christiane Taubira permet d'en douter). La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral. Malheureusement, depuis Giscard d'Estaing nous n'avons eu que des gouvernants socialistes, de droite ou de gauche. Ceci conduit d'ailleurs à souligner le caractère ambigu du terme "droite". Il me paraît utile, de ce point de vue, de se référer aux distinctions proposées par Friedrich Hayek. Selon lui, il faut distinguer les constructivistes ceux qui veulent construire la société selon leurs propres objectifs et préjugés et les libéraux, qui font confiance aux décisions individuelles. Il y a des constructivistes conservateurs, qui veulent conserver la société telle qu'elle est et des constructivistes réformateurs. Or on peut dire que la droite et la gauche françaises doivent être classées parmi les constructivistes conservateurs, en ce sens qu'elles veulent conserver le modèle socialiste dominant. Certes, on peut penser que la droite française est idéologiquement un peu plus libérale que la gauche, mais les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy n'ont fait que renforcer la nature socialiste du régime. Normalement la droite française, si elle avait réellement un ADN libéral, ne devrait avoir aucun mal à se démarquer du gouvernement actuel et elle ne devrait pas se sentir prise en étau.

Dans quelle mesure la droite actuelle gagnerait à s'inspirer davantage du libéralisme ? 

Il est évident que la droite française n'a qu'une seule issue : devenir enfin libérale. Cela serait habile politiquement puisqu'elle pourrait ainsi mieux se démarquer de la gauche. Mais ce serait surtout efficace car ce serait le seul moyen pour elle de redonner de l'espoir  à la population, de permettre un retour à la prospérité et à une France pacifiée (et donc de rester au pouvoir longtemps). Cela serait d'autant plus facile qu'il y a, semble-t-il, une prise de conscience dans l'opinion : nombreux sont ceux qui ont compris que le système actuel est à bout de souffle et que des réformes libérales importantes doivent être entreprises. Cette nouvelle orientation de la droite française aurait en même temps le mérite de la démarquer clairement du Front National. Il y a en effet, de ce point de vue, une ambiguïté supplémentaire : le Front National a un programme économique de gauche qui le rend proche d'un Mélenchon. En l'intitulant "extrême-droite" on crée de dangereuses confusions. On peut par ailleurs ajouter qu'en affirmant clairement une orientation libérale, la droite française (qui porte actuellement le nom, dépourvu de sens, de "Les républicains") pourrait facilement accueillir en son sein des "conservateurs", c'est-à-dire en l'occurrence non pas des gens qui voudraient conserver le système existant, mais des gens qui sont attachés aux valeurs traditionnelles (parmi lesquelles on peut, précisément, trouver le respect de la liberté individuelle aussi bien que "l'amour de la patrie").


Les récentes élections régionales risquent d'accroître les ambiguïtés de la vie politique française. En effet, le désir de "faire barrage au FN" devient une des priorités de la droite française et pour cela certains seraient prêts à accepter des alliances, plus ou moins explicites, avec le parti socialiste afin de constituer un "front républicain", notion totalement dépourvue de sens, d'autant plus que la République n'est pas en danger… On constituerait donc une alliance gauchisante pour lutter contre un parti dont le programme économique est d'extrême-gauche ! On invoque pour cela les "valeurs républicaines", ce qui constitue une autre notion dépourvue de sens, et on oublie tout simplement d'évoquer les "valeurs de la liberté", les seules qui mériteraient un combat politique, les seules qui permettraient par ailleurs à la droite de se démarquer à la fois des partis de gauche et du FN !


Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Sur quelles positions traditionnelles devrait-elle faire une croix ?

Concrètement cela devrait se traduire par une rupture considérable pratiquement avec tout ce qui existe. Il n'est pas possible, dans le cadre du présent texte, d'exposer en détail tout ce qu'il conviendrait de faire, mais il s'agirait, bien sûr, de rendre aux Français la liberté de décider pour eux-mêmes et le sens de la responsabilité. Cela implique une diminution considérable des dépenses publiques et de la fiscalité (en particulier en supprimant la progressivité des impôts et la sur-taxation du capital), de privatiser l'assurance-maladie, d'adopter la retraite par capitalisation, de s'engager dans un vaste programme de dérèglementation, etc.. Mais cela impliquerait aussi de renoncer à construire une Europe politique et centralisée et d'admettre que l'intégration européenne signifie seulement la liberté dans tous les domaines.

Pascal Salin



C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche

Après le tournant de la politique de l'offre début 2014, le gouvernement n'a pas hésité à piocher dans les propositions de l'opposition en réaction aux attentats de Paris. Un aggiornamento qui empêche la droite de se différencier efficacement, et de proposer une alternative forte.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant néo-libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Gil Mihaely : Même s’il est vrai qu’avec Emmanuel Macron – que je ne qualifierai toutefois pas d’ultra-libéral mais plutôt d’opportuniste-pragmatique - d’un côté et Manuel Valls de l’autre, le gouvernement propose une « offre » potentiellement intéressante pour certains électeurs du centre droit. Seul petit problème :  les résultats ne suivent pas… ni l’emploi ni la croissance ne sont pas au rendez-vous et pour ce qui concerne la sécurité, plus le temps passe plus on s’interroge sur les dix mois de « drôle de guerre » entre le 11 janvier et le 13 novembre.

Quant à la popularité de François Hollande, il faut plutôt parler d’une popularité du président de la République en temps de crise. Pas sûr que cela dure, et encore moins que cela profite à la "gauche".

Pour ce qui concerne la droite, le FN se débrouille très bien dans la situation actuelle, la question se pose donc par rapport aux Républicains. Sauf que leur problème n’est pas la troika Hollande-Macron-Valls mais plutôt celle composée de Marine-Marion-Philippot ! La seule carte à jouer pour eux me semble être celle d’engager le débat avec le FN sujet par sujet, pour tenter de se positionner comme « les adultes responsables ». Et bien sûr, puisqu’en France on ne gagne pas des élections, on les perd, il faut être bien organisé, et profiter des erreurs des autres.

Aurélien Véron : Le Gouvernement s’est enfin décidé à lancer une réponse après plusieurs tragédies qui ont émaillé 2015, du massacre de Charlie Hebdo le 6 janvier à celui du Bataclan le 13 novembre. Personne ne peut prétendre qu’un autre gouvernement aurait pu totalement éviter ces carnages. Mais notre trop grande vulnérabilité révèle qu’à la faillite de l’Etat providence, nous pouvons ajouter celle de l’Etat régalien. Il est temps de tailler dans le gras du premier pour muscler le second. L’Etat doit revenir à ses fondamentaux.

« Sécuritaire » ne signifie pas sécurité. Des lois LOPPSI 2 à la loi Renseignement, toute une série de textes ont permis l’intrusion illimitée de l’administration dans nos vies privées sans passer par un juge, prétendument pour lutter contre le terrorisme. L’échec de ces mesures – qui serviront surtout à chasser le fraudeur fiscal, bien plus dangereux aux yeux des administrations - est patent. Leur inefficacité ne pallie pas l’affaissement des services régaliens depuis une quinzaine d’années : réduction du budget de la Défense, du nombre de policiers, en plus d’un budget de la Justice trop longtemps inférieur à celui de la Culture, ce qui laisse imaginer les priorités des gouvernements successifs.

La pensée sécuritaire estime que la première des libertés, c’est la sécurité. En Corée du Nord, il n’y a ni attentats, ni cambriolages. La droite éclairée doit penser l’inverse : la première des sécurités, c’est la liberté. Elle doit penser « sécurité » et non « sécuritaire », premier palier vers les régimes totalitaires propres aux idéologies socialistes ou nationalistes. Nous ne devons pas offrir de nouvelles victoires à ceux qui veulent nous terroriser en reniant nos valeurs, à commencer par notre liberté chèrement acquise et déjà bien amochée. Plus que jamais, la droite libérale doit aider notre démocratie à chasser ses démons autoritaires et renouer avec l’état de droit. Pour limiter les dérives, chaque décision d’intrusion dans la vie privée des Français ou de privation des libertés doit être prise et assumée par des juges. Ils savent décider vite et avec sévérité lorsque c’est nécessaire, à condition que les moyens de sanction existent et soient suffisants.

Nous n’avons pas besoin d’arbitraire policier et administratif, encore moins d’un Etat d’urgence qui s’installe dans la durée et autorise tous les abus. Il nous faut une justice antiterroriste efficace – cessons les rotations forcées tous les 10 ans de juges talentueux comme Marc Trévidic – et des services de renseignement intérieur performants. La plupart des auteurs des attentats étaient fichés (voire auraient dû être incarcérés au vu de leurs antécédents judiciaires) mais, faute de moyens, n’étaient pas suivis. Les services de renseignement ont évidemment besoin de ressources bien plus importantes pour affronter cette menace intérieure.

Alexis Théas : Je pense que la droite dispose en réalité d'un boulevard devant elle qu'elle ne veut pas voir aujourd'hui. Toute la politique du gouvernement est dans une sorte de dédoublement de la personnalité. Il y a d'une part le discours, en effet tourné vers le libéralisme, la liberté d'entreprendre, et aussi désormais la sécurité, l'ordre public, l'autorité de l'Etat. Et puis il y a la réalité, les faits. L'économie française depuis 2012 a été écrasé d'impôts et de contraintes supplémentaires. Les chiffres de la sécurité et de l'immigration ont disparu, comme effacés tellement ils sont désastreux. Les dégâts sont effroyables. Il suffit de voir par exemple la Jungle dans le Pas de Calais. Comment un gouvernement peut-il avoir laisser s'accumuler des milliers de migrants clandestins, se former une zone de non droit, quasiment officialisée, reconnue par le Conseil d'Etat, dans des conditions sanitaires épouvantables, sous la coupes de passeurs criminels, et se prétendre aujourd'hui favorable à l'autorité de la loi ? La politique française est marquée depuis 2012 par un grand écart entre le discours et la réalité. Nous avons d'un côté les coups de menton, les polémiques, les postures. Et de l'autre un laisser-faire à peu près complet, en particulier sur l'immigration. Il est de la responsabilité de l'opposition de dénoncer cette divergence croissante entre la parole et le réel. La vérité devrait être le maître mot d'une alternance réussie en 2017.



David Mascré : Le drame de la droite française est que depuis de Gaulle, elle ne pense pas. Conséquence : elle tombe année après année et épisodes après épisodes dans tous les pièges tendus par la gauche socialiste. Mitterrand s’en délectait déjà  en appuyant systématiquement sur les touches qui, en divisant la droite, allaient permettre à son système de perdurer. Tout cela a déjà été parfaitement dit par Le Luron dans son spectacle de 1985 Le Luron en liberté – interdit à l’époque je le rappelle et qui depuis lors n’a jamais été diffusé à la télévision. Personne n’a osé depuis lors aller si loin dans la critique pourtant bien légitime d’un pouvoir dès cette époque adepte de la fuite en avant. Et personne à l’époque ne s’était élevé pour le défendre quand, son passage dans l'émission de Patrick Sabatier le soir du 31 décembre fut coupé au montage, au motif que l'émission était trop longue. Ulcéré et victime d'un nouveau contrôle fiscal, l'imitateur écrit une lettre ouverte au président de la République : "Cette séquence a été censurée ! [...] Il paraît cependant que ce mot ne fait pas partie de votre vocabulaire. [...] J'espère que pour le Nouvel An, vous avez donné ses étrennes à Hervé Bourges [le président de TF1], ça se fait pour les domestiques".

Dès 1981 Mitterrand savait qu’il pouvait jouer sur l’inculture de ses adversaires pour lui servir sur un plateau ce type de politique.

Ne disait-il pas en 1986 : "lorsque Chirac vient me rend visite à l’Elysée, il y monte le perron avec ses idées et en redescend avec les miennes." Le trait peut paraître humoristique mais il résume à lui seul 40 années d’impuissance et de piégeage de la droite parlementaire.

C’est d’autant plus surprenant qu’il existe à droite un très large vivier de personnes intelligentes, cultivées, profondes, lucides et créatives. Face à l’idéologie en bout de course des apparatchiks du parti socialiste, les penseurs attachés à la patrie et fidèles à l’idée d’honneur et de dévouement sont nombreux dans ce pays. Elles ne demandent qu’à servir. Encore faut-il qu’on les écoute. Et qu’on leur confie quelque responsabilité.

Dans quelle mesure cela pourrait-il être politiquement porteur ?

Gil Mihaely : L’opinion publique cherche à la fois des propositions nouvelles et de nouveaux visages. Les gens se disent « nous avons tout essayé, pourquoi pas le FN ? ». Dans le même temps, les gens aimeraient être rassurés, ils cherchent la sécurité. Le nouveau, le radicalement différent, la rupture est donc à double tranchant et les Républicains peuvent proposer une alternative à la fois séduisante et rassurante, du neuf qui ne fait pas peur au dernier moment, quand on est derrière l’isoloir et que l’on pense à ce que l’on peut encore perdre si l’on prend des risques trop importants..  

Aurélien Véron : La droite va devoir trancher entre la tentation du repli identitaire derrière des frontières érigées par un Etat dirigiste et la vision d’une société qui reprend le pouvoir sur le politique.

Outre-Manche, la « Big Society » de David Cameron s’inscrit dans cette ligne. Ce succès populaire est difficile à envisager pour les apparatchiks de la droite française, biberonnés d’étatisme à l’ENA ou dans ses sphères connexes. Ils n’ont jamais connu d’autre univers que celui de la tambouille politicienne. Les Français n’acceptent plus ce formatage déconnecté de leur réalité. La droite libérale doit s’oxygéner de talents issus du monde libre – l’entreprise – pour travailler autrement à l’élaboration d’un projet pour le pays.


Si la sécurité des Français doit revenir au cœur des missions de l’Etat, elle ne répond pas pour autant à la soif de liberté que les Français sont de plus en plus nombreux à exprimer. La droite doit se remettre très rapidement en question car la ligne d’Emmanuel Macron menace de lui voler cet idéal libéral. Pour le moment, ses idées n’ont été suivies ni par le gouvernement, ni par sa majorité. Mais il a compris que la France doit à nouveau faire rêver, donner envie de se projeter et d’investir pour l’avenir. Si deux tiers des jeunes souhaitent s’expatrier, c’est que notre modèle de plus en plus collectiviste et infantilisant plombe tous leurs espoirs. Seule une politique libérale de choc peut aujourd’hui libérer les talents et les énergies, relancer l’ascenseur social et faire à nouveau rêver à travers l’esprit d’entreprise, l’autonomie individuelle et la confiance sans laquelle il n’y a pas de fraternité possible.

Au Parti Libéral Démocrate, nous attirons majoritairement des jeunes parce qu’ils adhèrent aux notions qui nous sont chères d’autonomie, de solidarité participative, de culture collaborative, de reprise en main de notre destin, de bonheur et de responsabilité individuelle. Ce sont les fondamentaux d’un monde ouvert et confiant pour l’avenir. Ce sont les bases d’une droite qui se réinvente sur les décombres de ses échecs passés, échecs électoraux mais surtout échecs lorsqu’elle était au pouvoir.


Alexis Théas : Pour l'opposition, le retour aux fondamentaux consiste à se mettre à l'écoute de la population. On ne peut pas continuer avec le sentiment d'un clivage croissant entre les élites politiques et pe peuple. Le sondage CEVIPOF de janvier 2015 constate par exemple que 87% des Français considèrent "que les politiques ne tiennent pas compte de ce que pensent les gens comme eux". Ce constat est le signe d'une crise profonde de la démocratie. Combler ce fossé devrait être l'objectif fondamental d'un gouvernement d'alternance, son guide et sa boussole. L'idée n'est pas de faire du "populisme", comme le disent avec mépris les milieux dirigeants ou influents, mais d'accepter l'idée que les citoyens ont leur mot à dire dans un système fondé en principe sur "le pouvoir du peuple". En matière de respect des frontières, de sécurité, de maîtrise de l'immigration, d'intégration des populations d'origine étrangère, il faudra tout simplement sortir de l'incantation pour prendre les mesures concrètes qui s'imposent, par exemple, appliquer réellement les mesures de reconduites à la frontière prises envers les migrants en situation illégale et aussi reprendre la politique de négociation d'accords d'immigration avec les pays d'origine, mise en oeuvre de 2007 à 2012 pour faciliter la circulation et l'aide au développement. En matière de politique économique, il faudra mettre en place une politique de réduction massive des charges et des contraintes qui pèsent sur l'entreprise, assortie d'un calendrier précis de réalisation du 5 ans.

David Mascré : Pour qu’il y ait renouvellement encore faut il qu’il y ait retournement. Sans quoi on est dans l’éternelle application du principe du comte de Salina : "il faut que tout change pour que rien ne change."

Il y a ici similitude entre l’ordre du politique et l’ordre du théologique. Pour qu’il y ait conversion sincère, il faut d’abord qu’il y ait repentir sincère et résolution de ne plus tomber dans les mêmes errances. En l’occurrence, toutes celles qui ont contribué à précipiter la France dans l’abîme. Que je sache à droite, personne n’a jamais voulu revenir sur les erreurs ayant conduit aux défaites – désastre serait plus juste - de 1988, 1997 ou 2012 – et à la très équivoque victoire de Chirac en 2002. En politique, le retournement peut se faire de deux manières : soit par le maintien des mêmes hommes mais au service d’une politique radicalement différente (cela s’appelle faire son chemin de Damas). Soit par le changement complet des hommes et l’arrivée aux manettes d’une nouvelle génération de leaders.

Quelle que soit l’option choisie, il faudra bien définir autour de quels principes, de quels programmes, et de quelles modalités d’action rassembler les hommes composant cette majorité de droite.

Le problème est que définir l’essence de la droite est une mission quasi impossible. D’autant qu’il existe historiquement plusieurs droites. J’ai consacré plusieurs pages à cette question dans mon livre De la France. 

Disons qu’on peut sommairement résumer l’opposition droite/gauche à l’opposition Antigone/Créon. Ce sont là deux figures qui n’ont fait pour l’instant que jeter quelques pousses mais qui selon toute vraisemblance seront amenées demain à jouer un rôle absolument déterminant dans la constitution des nouveaux positionnements politiques et l’appréhension des problèmes globaux qui assaillent aujourd’hui l’humanité.

Or, ce que nous apprend sur un mode laïc le mythe d’Antigone et Créon - et cette laïcité est l’un des autres avantages de ce récit qui n’a pas besoin pour être admis d’invoquer l’appartenance préalable à l’une quelconque des religions révélées et par là, selon un schéma qu’avaient parfaitement compris les jésuites du 17ième siècle, peut servir de point de départ au rassemblement le plus large des diverses composantes du peuple français - c’est précisément de ne pas vouloir réduire l’homme à la nature (refus du naturalisme et, corrélativement, intériorisation de cette idée si chère à Blaise Pascal selon laquelle "l’homme passe infiniment l’homme"), la politique à un rite, le droit aux seules lois de la Cité. Ce que nous apprend par là même le mythe d’Antigone et Créon, c’est à ne pas confondre et identifier par principe le politique et le religieux sous peine de tomber effectivement dans une forme d’enfermement millénariste, c’est à dire dans une volonté prométhéenne d’identifier purement et simplement la cité des hommes au royaume de Dieu, dans cette forme de tentation monstrueuse qui consiste à vouloir ériger la Cité des hommes contre la Cité de Dieu ("vouloir être Dieu sans Dieu, malgré Dieu, voire contre Dieu", selon une formule qu’en leur temps saint Augustin et saint Maxime le Confesseur avaient parfaitement su employer pour caractériser en son sens le plus fort le péché originel).

La figure d’Antigone apparaît de ce point de vue comme l’une des figures clés du débat contemporain parce qu’elle se présente à nous comme une figure de la transcendance. En invoquant l’existence de lois non écrites, Antigone plaide non seulement pour le primat de l’invisible sur le visible, de l’éternel sur le temporel, mais elle se fait par là-même le témoin d’une réalité stratifiée et complexe – celle qui, par delà toutes les tentatives de récupération, de dénégation ou d’occultation, permet de protéger le plus faible et attester de l’éminente dignité du plus petit. En ce sens Antigone se présente à nous comme un témoin par excellence de la transcendance. Or, fondamentalement, pour nous, être de droite, c'est être un partisan de la transcendance.


Droite/gauche ou transcendance contre immanence
Les grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’Europe furent des figures de la transcendance, c’est-à-dire des indissolublement des figures de la résistance et de la persévérance. Ce furent toutes des personnes qui surent s’indigner et s’insurger. Ce furent des personnes qui surent à un moment donné dire : Non ! Il existe des lois non écrites ! Des lois non écrites qui justifient le sacrifice de sa carrière, de son confort et parfois même, de sa vie. Des lois non écrites qui justifient que l’on choisisse de s'engager ou de résister. C'est là, nous semble-t-il, un point capital. Car il conduit à définir la droite non par la réaction (réaction à une gauche qui serait par essence et depuis toujours moteur de l'action et rectrice du progrès) mais par la résistance. La droite, c'est le parti de la résistance. Voilà ce qu'il faut dire, et redire, répéter à temps et à contretemps, ressasser inlassablement. Plutôt que de réaction, il faut parler de résistance : l’homme de droite c’est l’homme de la résistance : de l'acte de résistance. Nous rejoignons là une figure fondamentale qui est celle de l'intemporel. Certes une telle définition ne conviendra nullement à tous ceux, hélas aujourd'hui nombreux, qui n'ont de la politique qu'une vision à la petite semaine, qui n'y voient qu'une forme de gestion de la société. Mais une telle définition sierra à tous ceux qui voient dans la politique un moyen d’agir et de penser, en anticipant sur les menaces à venir, protégeant les plus faibles et répondant aux tragédies et aux malheurs qui s’abattent sur l’humanité.

Ceci dit, il y a une attente très forte des populations pour un vrai sursaut patriotique. Le parti socialiste, avant les attentats, ne représentait plus que 18% des votants soit 9% du corps électoral. On voit bien qu’il ne pèse plus que de manière marginale.

Après avoir été plumés, obligés d’accueillir des populations hallogènes, après avoir vu les systèmes de corruption se généraliser à tous les étages de la société française, après avoir vu dans toutes les strates de la société la fraternité se rétrécir comme peau de chagrin, après avoir vu la vraie égalité  – celle du sang versé sur le champ de bataille ; condition qui, je le rappelle est la raison pour laquelle les femmes se voyaient interdites de droit de vote jusqu’en 1945 – vidée de toute signification au profit d’un égalitarisme qui promeut les cancres et les parasites au détriment des travailleurs et des créatifs, les Français se voient retirer progressivement leur dernier bien – le plus précieux sans doute : la liberté.

Grâce à l’Europe passoire, et par ricochet à François Hollande, son fidèle séide, ils ne peuvent plus désormais ni circuler, ni se rassembler, ni s’exprimer, ni s’associer, ni communiquer librement.

Un tel état de fait ne saurait en France durer sans susciter à un moment ou à un autre une vive réaction.

On a souvent dit des Français qu’on pouvait tout leur retirer – sous–entendu le confort, la propreté, les congés payés, la retraite à 60 ans - sauf une chose : la liberté. Or cette spoliation de la liberté, c’est précisément ce qui est en train de se produire sous nos yeux depuis le Congrès de Versailles. Celui-ci a des airs de déjà vu : c’est l’attitude du Parlement le 3 juillet 1940 au lendemain de l’effrayante débâcle de juin 1940. A l’époque, on avait accepté de donner les pleins pouvoirs à un homme qui, à l’évidence, était dix coudées en dessous de la tâche historique qui lui était confiée.

La suite on s’en souvient, de Monthoire à Siegmaringen, n’a été qu’une série de gesticulations et de rodomontades. Comme aujourd’hui.

Je ne suis pas sûr que les Français l’acceptent longtemps. Et je ne crois pas qu’ils accepteront de se voir privés de ce bien plus cher à leurs yeux que la prunelle de leurs yeux : la liberté.

Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Quelles seraient les propositions fortes d'un tel programme ?

 

Gil Mihaely : Les Républicains font face à deux rivaux. Côté PS, l’échec est patent et pour le moment il suffit d’évoquer leur bilan, et rappeler les bonnes idées de Nicolas Sarkozy qui avait été rejetée par François Hollande en 2012, avant d’être reprises ensuite sous un autre nom. Face au FN il faut chercher les défauts de leurs qualités. Puisque le FN représente le neuf, la rupture et la « virginité » de ceux qui n’ont pas de bilan à défendre, il faut souligner le manque d’expérience, pointer du doigt les propositions qui relèvent de la logique « y’a qu’à », et la peur que suscite toujours une politique de rupture radicale avec le passé.

Beaucoup d’électeurs en France ont plus de 50 ans et le programme économique du FN pourrait leur faire peur. Ils ont de l’ épargne et des enfants à soutenir. Ils peuvent s’énerver mais ils ne sont pas du genre à prendre des risques. Autrement dit, face à la radicalité du FN, les Républicains pourraient jouer la carte du conservatisme prudent et pragmatique.



Aurélien Véron : La droite doit refonder notre modèle social autour d’un triptyque formation (initiale mais aussi tout au long de la vie), entreprise et assurances sociales, avec un Etat beaucoup moins dépensier et vorace fiscalement. La grande réforme structurelle de l’enseignement signera la fin les micro-changements centralisés au profit d’une autonomie réelle des établissements scolaires, notamment dans les choix pédagogiques, l’embauche et l’évaluation des enseignants. Elle sera complétée d’un chèque éducation destiné aux familles choisissant de nouvelles écoles libres et innovantes. Des initiatives comme Espérance Banlieues - écoles hors contrat financées par des mécènes dans les quartiers difficiles - devront être traitées loyalement par l’Etat au lieu de l’uniformisation et du nivellement par le bas de l’enseignement.

Libérer le marché de l’emploi passe aussi par l’inversion de la hiérarchie des normes en privilégiant les accords d’entreprise à un Code du travail qui reste néanmoins à réécrire pour le rendre minimaliste, rappel des principes essentiels régissant les rapports entre employeurs et employés. La concurrence doit s’étendre à tous les secteurs. La concurrence vivifiante créé des emplois et stimule l’innovation au service du consommateur. Elle doit s’étendre des transports à la santé en abattant toutes les cloisons des monopoles, professions protégées et corporations fermées. Il est tout de même incroyable de se satisfaire d’un modèle social qui nous amène aujourd’hui à 10,6 % de chômage.

Enfin, le monopole ruineux des assurances sociales a vécu. La droite doit proposer de substituer la retraite par capitalisation à un système de retraite par répartition, injuste et approchant la faillite. Si la capitalisation est bien plus rentable pour les assurés, elle contribue également à l’activité économique contrairement à la répartition stérile. De même, le système étatique d’assurance-maladie est une ineptie dans un secteur de la santé bouleversé par l’innovation et les nouvelles technologies de santé. 
Son ouverture à des assurances privées au premier euro, dans un cadre légal maintenant toutefois l’universalité de la couverture santé, est indispensable. Cette distinction entre les mécanismes assurantiels et la solidarité nationale doit revenir au cœur du discours d’une droite moderne.

Enfin, avec le recul progressif du salariat au profit de l’entreprenariat, pourquoi pas un impôt sur le revenu proportionnel – flat tax - couplé à un revenu d’existence universel en remplacement de l’ensemble des aides sociales et familiales actuelles ? Ne rêvons pas, la droite traditionnelle a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se rénover et retrouver un peu de charme aux yeux des Français au lendemain d’une élection où elle n’emporte que 7 régions sur 13, dont 2 avec l’aide de la gauche.


Alexis Théas : Pour l'instant, nous ne voyons rien d'intéressant venir dans la perspective de 2017. Cette période électorale qui approche à grands pas est totalement dévoyée par l'obsession des présidentielles et les jeux des personnalités, Hollande Juppé, Sarkozy, Fillon, le Pen... Il y a là un véritable scandale antidémocratique. Nous avons le sentiment que le débat d'idées est interdit par la politique spectacle et la confiscation de la vie politique par une poignée de personnages autocentrés sur leurs intérêts personnels et une vanité qui confine parfois à la pathologie. L'espérance ne viendra pas d'eux. Il faut recentrer l'avenir de la politique française sur les idées et les projets. Dans une démocratie normale, face au blocage de la vie politique, il devrait être de la responsabilité d'un groupe de parlementaires de l'opposition de préparer l'alternance en engageant le chantier d'un programme de gouvernement et de réformes. Pour 2017, l'un des scénarios possible – sinon probable – est celui d'une réélection de M. Hollande se retrouvant avec une Assemblée de droite. En effet, le climat d'union nationale lié aux attentats terroristes pourrait se traduire par le maintien de ce dernier à l'Elysée, mais le pays ayant soif de changement, il pourrait élire une Assemblée majoritairement à droite, tout comme le Sénat. Il y aurait alors un basculement du pouvoir de l'Elysée vers le Parlement et Matignon. Compte tenu ce cas de figure éventuel, il appartient aux parlementaires de droites de travailler collectivement à un programme ambitieux en faisant abstraction de la guerre des chefs.

Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely




septembre 27, 2015

La Macronomie !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

a) L’impossibilité d’un fédéralisme européen - Jacques Sapir - sputniknews

b) Macron: la zone euro doit changer ou mourir

c) Loi Macron: une solution anti-crise controversée, un rappel :)

d) Divers liens sur la "Macronomie" notamment sur Contrepoints




a) L’impossibilité d’un fédéralisme européen

Notre ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a fait, il y a quelques jours des déclarations importantes sur l’euro dans un journal allemand, le Süddeutsche Zeitung.

Il y détaille ses propositions, établies en commun avec le Ministre allemand de l'économie, M. Sygmar Gabriel (SPD). Ceci a été largement repris dans l'hebdomadaire français Le Point (1). Cette déclaration n'est pas nouvelle. Mais, venant après la crise qu'a connue la zone euro avec la Grèce au début de l'été 2015, elle prend une signification particulière.


Ce que Macron dit
Il faut étudier les déclarations d'Emmanuel Macron. Après avoir renouvelé un appel à de nouveaux transferts de souveraineté impliquant qu'une large part de la politique économique française soit transférée à Bruxelles par le biais d'un « gouvernement économique de la zone euro», il ajoute que ce gouvernement pourrait « veiller aux transferts financiers nécessaires lorsqu'un pays est affecté par une crise» mais aussi «promouvoir les réformes souhaitables pour éviter les divergences entre nos économies» (2). Il s'agit en réalité de transférer le pouvoir décisionnel à un commissaire européen, en laissant aux gouvernements nationaux une simple capacité d'application.
Les compétences de ce commissaire économique à la zone euro seraient ainsi définies « le gouvernement de l'euro serait conduit par un commissaire aux compétences étendues », qui pourrait « attribuer des moyens d'investissement ou parler de politique du marché du travail ».
Trois choses ici sont à noter. La première est qu'il est fait référence à des « transferts financiers » mais uniquement quand un pays « est affecté par une crise ». Or, l'expérience des Etats (qu'ils soient unitaires ou fédéraux) montre que ces transferts doivent (et sont) être permanents. La deuxième chose à noter est qu'il est fait référence dans les  « compétences étendues » aux « moyens d'investissements ». Mais, rien n'est dit sur le nécessaire rééquilibrage entre le niveau d'investissement des pays ni sur le financement de ces derniers. Et pour cause: cela impliquerait de reconnaître la nature permanente (ou en tout cas de très long terme) des transferts financiers. Une troisième chose importante à noter est que Macron évoque à la fois qu'il convient de promouvoir   «promouvoir les réformes souhaitables pour éviter les divergences entre nos économies» et, dans les compétences étendues conférées au futur commissaire européen que ce dernier serait habilité à « ou parler de politique du marché du travail ». Nulle part il est fait mention d'une « Europe sociale » ou d'une harmonisation des législations sociales en Europe. La question est réduite au « marché du travail ».

Convergence et mythe
Le discours qui tend à l'instauration d'une structure fédérale au niveau de la zone euro est en réalité ancien. Il ne se limite d'ailleurs pas aux déclarations des ministres. Ce point, d'ailleurs, n'est pas nouveau. L'idée que l'euro implique la construction d'un Etat fédéral a déjà été avancée par Aglietta. Mais, l'euro est appelé à rester une monnaie incomplète non par manque d'imagination des politiques mais au contraire par desseins de ceux-ci, ou du moins de certains d'entre-eux. L'Euro est une monnaie au service d'un projet politique: la réalisation d'une grande régression sociale par rapport aux cadres sociaux et économiques construits de 1945 aux années 1980. Cette régression est nécessaire pour la consolidation du pouvoir des « 1% les plus riches » sur la large majorité de la population européenne. C'est pourquoi Emmanuel Macron, qui est un homme intelligent et lucide, ne parle que de transferts transitoires, et réduit la question sociale au simple « marché du travail ». Car, comme on le dit dans Hamlet, « il y a de la méthode dans cette folie ».

Les conditions du fédéralisme
L'existence d'institutions fédérales nécessite deux choses. Tout d'abord qu'il y ait un peuple, non au sens ethnique, religieux, ou même linguistique (que l'on pense à la Confédération Helvétique) mais au sens de la communauté politique. Autrement dit que des éléments de culture politique soient partagés, que des institutions, des règles implicites soient communes. Or, l'histoire des Nations européennes a été aussi, et peut-être même avant tout, l'histoire de la spécification de cultures politiques différentes.
Mais il y a une autre chose qui gène considérablement tous ceux qui voudraient faire du « fédéralisme » européen. C'est le coût économique de ce fédéralisme. Si l'on veut faire un fédéralisme qui fonctionne réellement il faudra dégager des moyens économiques importants, ne serait-ce que pour équilibrer les avantages acquis de compétitivité. En se limitant à quatre pays du « Sud », c'est-à-dire l'Espagne, la Grèce, l'Italie et le
Portugal, le total se monte à 257,71 milliards d'euros par an. Ce total n'est pas le total de tous les transferts (d'autres pays ont des besoins), et il n'inclut pas la contribution communautaire (qui est un coût net pour des pays comme l'Allemagne et la France), mais il couvre les besoins nécessaires pour que puisse survivre la zone euro hors les besoins financiers immédiats, qui impliquent déjà une contribution non négligeable de l'Allemagne et de la France. Si l'on y ajoute les sommes nécessaires pour permettre à ces pays de se relever de l'austérité qui leur a été imposée, et de compenser les dommages causés à leurs sociétés, on approche des 300 à 320 milliards d'euros par an. Il s'agit ici bien entendu de transferts nets sur seulement 4 pays. Environ 90% de ces sommes devraient être financées par l'Allemagne, soit entre 270 et 288 milliards d'euros. On est clairement bien au-delà de ce qui est tolérable pour ce pays (5).
La stratégie allemande
Même en tenant compte d'un possible financement partiel par la Banque centrale européenne, il n'en reste pas moins que l'on est sur des niveaux qui sont impossibles à financer pour l'Allemagne, que celle-ci en ait ou non la volonté. Dès lors, on peut comprendre la stratégie de Mme Merkel qui cherche à obtenir un droit de contrôle sur les budgets des autres pays via des propositions de « fédéralisme » qui lui donnerait le contrôle politique sur les dépenses publiques, mais qui se refuse à envisager une « union de transferts » qui serait cependant la forme logique que prendrait une structure fédérale pour la zone euro. C'est bien pour cela que l'Allemagne vient de refuser toute mesure qui permettrait en réalité à l'Union bancaire de fonctionner (6).


(1) Le plaidoyer de Macron pour un "gouvernement de la zone euro" in Le Point, le 31 août 2015, http://www.lepoint.fr/economie/le-plaidoyer-de-macron-pour-un-gouvernement-de-la-zone-euro-31-08-2015-1960710_28.php
(2) Les citations sont tirées de Le Point, le 31 août 2015, http://www.lepoint.fr/economie/le-plaidoyer-de-macron-pour-un-gouvernement-de-la-zone-euro-31-08-2015-1960710_28.php
(3) Aglietta M, Zone Euro: éclatement ou fédération, Michalon, Paris, 2012
(4) Sapir J., "Le coût du fédéralisme dans la zone Euro", billet publié sur le carnet Russeurope le 10/11/2012, URL: http://russeurope.hypotheses.org/453
(5) Artus P., « La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l'Allemagne: rester compétitive au niveau mondial? La réponse est oui », NATIXIS, Flash-Économie, n°508, 17 juillet 2012.
(6) Godin R., Pourquoi l'Allemagne refuse le dernier pilier de l'Union bancaire, La Tribune, 11 septembre 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/pourquoi-l-allemagne-refuse-le-dernier-pilier-de-l-union-bancaire-504515.html




b) Macron: la zone euro doit changer ou mourir

Emmanuel Macron a appelé à créer des mécanismes de transferts financiers entre Etats membres de la zone euro, afin d’éviter le risque d’effondrement de l'union monétaire

La crise de l'euro et la situation tendue autour du troisième paquet d'aide pour la Grèce ont montré que la zone euro doit changer de cap en la matière financière et renforcer la collaboration économique entre ses pays membres.
"Si les Etats membres ne sont pas prêts, comme ça a été le cas jusqu'à présent, à une forme ou une autre de transferts financiers à l'intérieur de l'union monétaire, on peut faire une croix sur l'euro et la zone euro", a déclaré M. Macron dans une interview accordée à Süddeutsche Zeitung.
"Une union monétaire sans égalisation financière, c'est impossible. Le fort doit aider le faible", a ajouté Emmanuel Macron.
Le ministre français a également prôné la création d'un nouveau poste de commissaire européen " doté de pouvoirs étendus" qui pourrait coordonner les politiques financières, économiques et sociales des pays de la zone euro. L'homme politique estime que ce commissaire devrait être également chargé de réaliser des prévisions sur les investissements et le développement du marché de travail.




c) Loi Macron: une solution anti-crise controversée

Comme en février dernier lors de la première lecture, le premier ministre français Manuel Valls engagera ce mardi la responsabilité du gouvernement pour permettre le passage en force en nouvelle lecture du projet de loi Macron.

Depuis le début de la crise économique en 2008, la France n'arrive toujours pas à respecter la limite des 3% de déficit du PIB exigée par la norme européenne. Le taux de chômage ne cesse de croître depuis plusieurs années, et a même atteint son plus haut niveau, soit 10,3% de la population en 2015.
Pour remédier à cette situation alarmante, le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron a rédigé une liste de mesures anti-crises. Il s'agit notamment du projet de loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dit loi Macron.
Présenté le 10 décembre dernier en Conseil des ministres et le lendemain à l'Assemblée nationale, le texte a été adopté début mai au Sénat après avoir fait l'objet d'une large contestation au sein de son parti en février dernier à l'Assemblée. Les frondeurs avaient contraint à l'époque le gouvernement à recourir à l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer «en force» ce texte de loi.
Le premier ministre compte recourir de nouveau à l'article 49-3 de la Constitution, interrompant ainsi dès le premier jour des débats.
L'objectif initial des mesures anti-crises présentées dans la loi était de libérer l'activité économique partout en France, d'accroître la concurrence et de développer plusieurs secteurs de l'économie.
Ambitieuse à l'origine, la loi Macron a suscité de nombreuses polémiques au sein du parti au pouvoir, la proposition du ministre concernant le travail dominical ayant provoqué des débats enflammés.
Le fait de toucher au jour le plus sacré dans la vie de chaque Français a suscité une levée de boucliers, s'agissant en effet du seul jour de la semaine entièrement consacré à la famille.
Il est pourtant stipulé que le travail du dimanche serait autorisé uniquement dans les zones touristiques et étendu à 12 dimanches (contre 5 aujourd'hui).
L'autre cause de cette crispation persistante concerne les métiers dit "règlementés" qui seraient encore plus surveillés.
Les concessions d'autoroute seraient contrôlées et supervisées par une entité publique chargée de vérifier les coûts des travaux et les tarifs appliqués aux usagés.
De plus, les autoécoles se retrouvent également soumises à une concurrence «déloyale» du fait de la généralisation des véhicules à double contrôle.
Enfin, notaires, avocats, médecins et chauffeurs de taxi pourraient se voir délestés de marges jusque-là très importantes.
Hormis ces pommes de discorde, les changements prévus sont plutôt de nature positive. Par exemple, la loi renforcera la lutte contre le monopole des grandes chaînes commerciales en élargissant significativement les pouvoirs de l'Autorité de la concurrence (un organisme administratif indépendant spécialisé dans l´analyse et la régulation du fonctionnement de la concurrence sur les marchés).
En outre, le projet de loi attribue à l'Autorité le pouvoir d'intervenir dans les zones à faible diversité commerciale. Lorsqu'un réseau détiendra plus de 50% du marché, l'Autorité aura le droit de le forcer à vendre une part de ses magasins aux concurrents.
Par ailleurs, la nouvelle loi créerait un service de transport interurbain routier ouvrant un nouveau marché dans ce secteur très peu développé dans les zones à faible densité démographique. Dans les faits, il s'agira de mettre en place un système de transport longue distance par autocar permettant l'accès à des TPE en zone rurale.
Quoi qu'il en soit, le destin de la loi Macron, appelée à faire sortir la France de la crise économique et à rapprocher le pays des normes européennes, sera bientôt scellé.
Le gouvernement, déjà accusé d'attentisme, promet que l'ouverture à la concurrence pourra créer au moins 10.000 emplois dans les années à venir et permettre la pérennité des TPE, dans l'objectif de redonner du pouvoir d'achat aux Français.



d) Divers liens sur la "Macronomie"

La "Macronomie" version J-Y.Naudet - A. Madelin - Jyrki Katainen ( sommaire) + infos sur Macron.





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