L’Individualisme : une nouvelle vision du féminisme par Wendy McElroy
Les femmes sont les égales des hommes et doivent être traitées de même.Pour la plupart des gens la déclaration ci-dessus est le principe de base du féminisme. Mais que signifie égal ? Comment définissons-nous l’égalité ? Par exemple, est-ce que cela signifie l’égalité devant les lois existantes et la parité dans les institutions existantes ? Ou est-ce que cela comprend l’égalité socio-économique – une redistribution des richesses et du pouvoir – qui, à son tour, requiert de nouvelles lois et un renversement des institutions existantes.
Cela
pourrait aussi impliquer l’égalité culturelle par laquelle on
accorderait aux femmes le même degré de respect qu’aux hommes en ce qui
concerne les lois sur le harcèlement sexuel, par exemple, en imposant ce
respect.
La manière, selon laquelle le mot "égalité" se retrouve
défini, est un test révélateur qui permet de différencier les
mouvements féministes les uns des autres.
Au cours du 19ème
siècle, le courant principal du féminisme définissait l’ « égalité »
comme un traitement et une représentation égale des deux sexes au regard
des lois et des institutions.
Les féministes les plus radicales
protestèrent que les lois et institutions existantes étaient source
d’injustices et, comme telles, ne pouvaient pas être réformées. Le
système dans son entier devait être balayé pour que les droits des
femmes puissent enfin être obtenus.
En bref, les deux traditions
les plus révolutionnaires appartenaient au féminisme socialiste, duquel
l’actuel radical féminisme s’inspire énormément, et le féminisme
individualiste, qui est quelquefois appelé féminisme libertaire. Ces
deux traditions diffèrent totalement dans leur approche de l’égalité.
Pour
le féminisme socialiste, l’égalité devenait une issue socio-économique.
Les femmes ne pouvant l’obtenir qu’à la condition que la propriété
privée et les échanges économiques qu’elle engendrait – c'est-à-dire le
capitalisme – ne disparaissent. L’égalité était aussi un objectif
culturel. Un parallèle peut être tracé entre le 19ème et le 20ème s.
dans la rébellion contre la culture masculine blanche – contre la
pornographie par exemple – que l’on trouvera au 19ème s. sous forme de
croisades puritaines pour la tempérance, modération. Ces croisades ou
campagnes tentaient d’imposer la « vertu » – c'est-à-dire, imposer un
comportement moral vertueux à la société au travers des forces légales –
de manière très similaire au politiquement correct du féminisme actuel.
Pour
le féminisme individualiste, la recherche égalitaire s’achevait quand
les droits individuels des femmes étaient pleinement reconnus par les
lois protégeant identiquement la propriété et la personne des hommes
aussi bien que des femmes. Aucune référence à l’égalité économique ou
sociale, seulement à une justice - traitant également femmes et hommes -
gouvernant la société en protégeant les personnes et la propriété.
Dans
une société idéale, le système légal ne ferait aucune distinction
reposant sur des ca- ractéristiques secondaires, tel que le sexe, mais
protègerait également les droits de chaque individu. Les femmes ne
seraient ni opprimées, ni privilégiées, au regard de la loi. Cette
société n’existe pas.
Aussi longtemps que les lois feront
une distinction entre les sexes, les femmes devront se lever et
réclamer leurs droits entiers et égaux. Rien de plus, rien de moins.
Cette revendication est le fer de lance ( ou le point crucial NDT ) du féminisme individualiste.
Ce
présent article converge sur deux formes de féminisme révolutionnaire
qui sont radicalement opposés idéologiquement et définit les deux
extrêmes du féminisme : le radical et l’individualiste.
Aujourd’hui,
comment définissent-ils l’égalité ? Pour le Féminisme radical,
l’égalité est socio-économique et culturelle . Ce qui veut dire que les
distinctions de positions entre les genres doivent être éliminées afin
qu’hommes et femmes puissent jouir d’une parité sociale, économique,
politique et sexuelle. Obtenir cela signifie qu’il est nécessaire de
balayer le patriarcat qui est une combinaison de la culture blanche
masculine et du capitalisme.
Pour le Féminisme individualiste,
l’égalité signifie aussi même traitement des deux sexes au regard des
lois qui protègent individus et propriétés. Mais, Le Féminisme
individualiste, ne dit rien au sujet de la richesse engrangée et de sa
répartition égale entre les sexes. Ce genre de partage ne peut être
achevé qu’à travers les lois, par intervention de l’Etat dans la vie des
personnes et de leurs biens. C’est précisément le point d’opposition du
Féminisme individualiste : le recours à l’Autorité dans la société.
Laissez-moi
vous donner un exemple de pourquoi cet argument est aussi
révolutionnaire. Considérons le mariage. Le courant principal du
Féminisme dit : « Réformez les lois sur le divorce pour les rendre plus
justes ». Le Féminisme individualiste dit : « la simple existence des
lois sur le mariage/divorce est une injustice parce que l’Etat n’a pas
autorité naturelle pour intervenir dans ce qui doit rester un contrat
privé entre individus. »
Le mot "juste" entre en lice.
Brièvement, je voudrais considérer comment ces deux formes de féminismes
entendent le concept de justice.
Le Féminisme radical comprend
la justice comme un but ; j’entends par là, qu’il apporte une image
particulière de comment serait une société juste. Une société juste
serait celle qui n’a ni patriarcat ou capitalisme, dans laquelle
l’égalité socio-économique et culturelle des femmes s’exprimerait
pleinement. En d’autres mots, la justice devient un objectif en soi dans
lequel la société incarne une économie, une politique et des
aménagements culturels, tous spécifiques. Cela signifie que les
employeurs devront payer hommes et femmes à égalité, personne ne devra
éditer de la pornographie et les commentaires sexistes seront interdits
sur les lieux de travail.
Au contraire, l’approche de la justice
par le Féminisme individualiste s’oriente sur les moyens : c'est-à-dire
qu’il se réfère en premier à la méthodologie. Cette méthodologie est
« quoique ce soit qui soit pacifique ». Le seul objectif envisagé par le
Féminisme individualiste est la protections des personnes et des
propriétés : ce qui signifie l’éradication de la contrainte et de la
fraude dans la société.
Autrement dit, le concept de justice ne
s’incarne pas dans un objectif particulier : quoique devienne la
société, puisqu’elle est le choix de la volonté libre et paisible des
individus qui la composent, elle sera, politiquement parlant, une
société juste. Les aspects de cette société ne seront peut-être pas
moraux et, les Féministes individualistes pourraient avoir à utiliser
l’éducation, la revendication, le boycott et la conscientisation –
l’éventail entier des stratégies convaincantes – pour tenter de modifier
cela. Mais ce qu’elles ne feront pas, c’est utiliser la coercition
légale afin de restreindre les choix sereins.
Les opinions
contradictoires sur la justice entre Féminisme radical et Féminisme
individualiste mettent en lumière une des majeures différences dans
leurs approches des problèmes sociaux : à savoir, la volonté du
Féminisme socialiste ou radical d’en appeler à l’Etat. Cette différence
n’est pas surprenante quand vous réalisez que l’idéal de justice du
Féminisme radical * peut * être établi par la contrainte de l’Etat. Vous
pouvez, par exemple, imposer un arrangement économique spécial à la
société. Vous pouvez sanctionnez des personnes pour dépassement de
tarifs ou pour une infraction à l’embauche. Mais vous ne pourrez pas
contraindre une société à naître authentiquement libre de ses options :
ce serait contradictoire dans les termes.
*
Quittant la théorie, je désire apporter un aperçu de l’histoire unique du Féminisme individualiste en Amérique.
En
tant que force organisée, le féminisme remonte au mouvement
abolitionniste qui vit le jour au début de l’année 1830. Et les deux
influences idéologiques dominantes sur le Féminisme qui débutait étaient
le Quakerisme et l’individualisme. Bien des femmes courageuses
améliorèrent le statut des femmes avant cette date. Citons, au 17ème s.,
Anne Hutchinson qui conduisit la première attaque organisée contre les
Puritains orthodoxes du Massachussetts Bay Colony. Mais ces femmes-ci se
faisaient entendre personnellement plutôt que comme militantes d’un
mouvement qui serait consciemment voué à la défense des droits des
femmes.
L’abolitionnisme était le mouvement radical
anti-esclavage qui réclamait l’arrêt immédiat de l’esclavage arguant que
chaque être humain s’appartenait à lui-même : chaque humain ayant la
compétence morale sur sa personne.
Progressivement, les femmes
abolitionnistes commencèrent à appliquer le principe de propriété de sa
personne à elles-mêmes. Abbie Kelley, féministe abolitionniste
remarquât : « Soyons reconnaissantes à l’esclave dont nous avons
embrassé la juste cause pour les bénéfices obtenus par nous-mêmes, en
travaillant pour lui. En luttant pour lui ôter les chaînes, nous avons
découvert que nous étions également menottées. »
Dans le milieu
abolitionniste, les droits des femmes activaient de brûlants débats. Il
se peut que l’avocat des droits des femmes le plus déterminé fut le
libertaire William Lloyd Garrison, éditeur du Liberator, insistant sur
le fait que l’abolition de l’esclavage était une bataille pour les
droits humains, pas seulement les droits masculins.
C’est alors
que se produisit un évènement décisif : la Conférence mondiale de 1840
sur l’anti- esclavage à Londres en Angleterre. La féministe
abolitionniste Elizabeth Cady Stanton, qui participait à cette
Conférence, fut mortifiée par le rejet hautain que les femmes durent
essuyer de la part d’hommes Anglais moins progressistes. Garrison,
présent lui aussi, fut si courroucé qu’il quittât la salle principale
pour l’alcôve fermée de rideaux où l’on avait reléguée les femmes.
Plus
tard, avec la Quaker Lucretia Mott, Stanton conçut la Convention Seneca
Falls de 1848 débattant des droits des femmes. C’est là que la question
pour le vote des femmes fut introduite : « Considérant, qu’il est du
devoir des femmes de ce pays d’obtenir pour elles-mêmes le droit
inviolable et exclusif d’accéder aux urnes ». La proposition rencontrat
une sévère résistance de la part de Mott et autres membres de la vieille
garde des féministes abolitionnistes qui étaient profondément opposées à
ce que l’on fasse usage du gouvernement pour résoudre des
problématiques sociales. Mais la résolution passât.
Malheureusement
pour la tradition individualiste américaine – dans toutes ces
manifestations – la Guerre Civile surgit. Si « la guerre est la richesse
de l’état » comme le clamait Randolph Bourne, il n’en reste pas moins
que c’est la mort de l’individualisme. Il y a plusieurs raisons à cela ;
l’une d’elles étant que l’individualisme est, par ses racines, une
idéologie anti-étatique, et que la guerre implique, elle,
l’accroissement du pouvoir de l’Etat, lequel pouvoir ne semble jamais
revenir à son niveau d’avant-guerre lorsque la paix est déclarée.
Après
la guerre, le point clé du féminisme devint la Constitution ; les
femmes souhaitaient prendre part dans la formulation des 14ème et 15ème
amendements ayant pour but d’assurer la liberté des Noirs. Le 14ème
amendement introduisait le mot "mâle" dans la Constitution des
Etats-Unis. Le 15ème amendement certifiait que le droit de vote ne
pourrait être abrogé pour des raisons de « race, couleur, ou la
précédente condition de servage ». Il ne faisait aucune référence au
sexe. Les femmes abolitionnistes se sentir trahies. Susan B. Antony
écrivit, « Nous bannissons la consultation masculine à jamais ». Cette
occasion devint le pivot à partir duquel le courant principal du
féminisme se détachât définitivement des hommes.
A ce point
critique, le mouvement féministe se diversifiât, le principal courant
concentrant ses efforts sur le droit de vote. Les autres féministes
restant sceptiques sur les solutions politiques applicables aux
problèmes sociaux.
Le Féminisme individualiste trouvât son
expression dans une variété de mouvements sociaux, particulièrement
l’amour libre, la libre pensée, et l’anarchie. Là, les féministes
fonctionnaient comme segment radical où elles représentaient et
poursuivaient les intérêts des femmes.
Le vecteur le plus
important était le mouvement de l’Amour Libre qui cherchait à séparer
l’Etat des questions sexuelles comme le mariage, l’adultère, le divorce
et le contrôle des naissances. L’amour Libre réclamait que ces affaires
soient laissées à la responsabilité des concernées. Considérons l’amour
libre, très brièvement…
En 1889, une femme qui venait de risquer
sa vie dans une fausse-couche qu’elle avait provoquée écrivît au
périodique libertaire, Lucifer le Porteur de Lumière, s’excusant : « Je
sais que je suis terriblement perverse, mais je suis certaine d’avoir
été obligée de risquer ma vie pour être libre, et je ne peux le
supporter. Connaissez-vous n’importe quel dispositif qui m’évitera de
concevoir à nouveau ? S’il existe une telle chose fiable, vous sauverez
ma vie en me le disant. »
Cette femme écrivit à Lucifer – publié
et édité par Moses Harman – car, à la fin de l’année 1800, c’était l’un
des peu nombreux forums qui encourageaient ouvertement le contrôle des
naissances. Moses Harman affirmait qu’une femme s’appartenant à
elle-même le faisait en totale connaissance de cause et dans toutes les
mesures sexuelles.
Coup du sort, Harman vînt à se heurter à la
loi Comstock (1873), qui interdisait les courriers contenant des
questions jugées obscènes, mais sans définir en quoi consistait
l’obscénité. Quoique ce fût, cela incluait précisément l’information sur
les contraceptifs et le contrôle des naissances. Une chasse aux
sorcières commençât.
C’est sur cet arrière-plan, qu’Harman
commençât sa politique de la « parole libre » par laquelle il se
refusait à ne pas publier les courriers qui contenaient un langage
explicite. Harman soutenait : « Les mots ne sont pas les faits, et ce
n’est pas du ressort de la loi civile d’entreprendre des mesures
préventives contre de lointaines ou possibles conséquences de ces
écrits, quelque soit leur violence ou leur subversivité ». Et continuât à
débattre ouvertement de la contraception.
En 1887, l’équipe du
Lucifer fut arrêtée pour la publication de trois lettres et inculpée sur
la base de 270 chefs d’obscénité. Une des lettres décrivait la
condition d’une femme dont le mari l’obligeait à avoir des rapports
malgré le déchirement des coutures suite d’une récente opération. C’est
un des tout premiers cas de sexe par contrainte reconnu comme un viol.
Les
combats légaux d’Harman contre les lois Comstock se poursuivirent de
1887 à 1906. Lors de son dernier emprisonnement, pendant lequel il
passât un an aux travaux forcés, cassant souvent des pierres huit heures
par jour dans la neige de l’Illinois, il était âgé de 75 ans.
Curieusement,
quand les autorités vinrent arrêter Harman en 1887, sa fille de 16 ans
n’était pas présente. Elle était elle-même en prison, ayant été
interpellée parce que s'étant mariée clandestinement, c'est-à-dire un
mariage privé où ni l’Eglise, ni l’Etat n’avait de rôle à jouer. A cette
même cérémonie, Moses avait refusé l’usage commun de donner sa fille en
mariage, précisant qu’elle était la propriétaire de sa propre personne.
L’épisode
Harman n’est pas devenu un récit du F individualiste parce qu’il
s’était fait l’avocat du contrôle des naissances. Nombre de traditions
l’ont fait. Harman était un F individualiste à cause de l’idéologie et
de la méthodologie qu’il utilisait. Ses arguments étaient basés sur
l’appropriation par les femmes de leurs corps et de ses fonctions,
sexuelles et économiques. Il refusait toute ingérence de l’Etat dans les
relations personnelles parce qu’il considérait cela comme
l’institutionnalisation de la contrainte légale dans la société.
Moses
Harman – tout comme Voltairine de Cleyre – sont les figures
proéminentes du 19ème s. Dans leur propre époque, des personnes comme
Harman étaient accrédités par leurs radicaux contemporains. Emma
Goldman, dans son autobiographie « Vivre ma vie » le reconnaissait comme
un pionnier qui lui permit de réaliser librement son travail sur le
contrôle des naissances.
En 1907, quand on demandât à Georges
Bernard Shaw pourquoi il ne visitait pas l’ Amérique, répliquât que si
les « brigands » pouvaient emprisonner Moses Harman pour l’expression de
ce qui était après tout la même vision qu’il portait sur scène, dans sa
pièce, « Man et Superman » il ne ressentait aucun enthousiasme à y
aller tester sa chance. C’est peut-être la raison pour laquelle il est
oublié aujourd’hui. (cette dernière phrase est très approximative dans sa traduc. NDT )
Maintenant, après ce petit intermède historique, retournons à la théorie.
Indubitablement,
le plus important des concepts du féminisme d’aujourd’hui est la
position sociétale. Il y a des hommes, il y a des femmes, ils sont dans
des positions différentes…c’est ainsi que la théorie l’établit.
Ce
dernier point de vue est différent de la traditionnelle « guerre des
sexes ». Cette guerre se réfère au fait que, dans les mêmes
circonstances, les hommes et les femmes désirent des choses différentes
et, ainsi, entrent en conflit. Par exemple, lors d’un rendez-vous, il
est couramment admis que les hommes sont branchés sexe alors que les
femmes recherchent plutôt une relation plus complice, dialectique. Ce
n’est pas à ce différend que je me réfère. Je parle de la guerre des
genres.
Une position sociétale n’est rien de plus que le
groupement arbitraire d’entités qui partagent les mêmes
caractéristiques, comme déterminé d’un point de vue épistémologique soit
disant infaillible. En clair, ce qui constitue une position ou classe
de gens est défini par les intentions, les objectifs du dit définisseur.
Par exemple, un chercheur qui étudie l’accoutumance aux drogues
pourrait classer la société en utilisateurs et non-utilisateurs des
drogues. Les positions peuvent être ainsi définis par n’importe quel
facteur prépondérant au yeux du définisseur.
Pour les féministes
radicales, le genre est le facteur prépondérant. Bien des tentatives
d’investigation se servent de la biologie comme d’une ligne séparatrice.
Par exemple, la médecine sépare souvent les sexes en vue de leur
trouver des traitements et techniques différentes. Chez les femmes on
recherche le cancer du sein et chez les hommes les problèmes de
prostate. La différence est que la médecine ne proclame pas que les
intérêts de base des deux sexes sont en conflit ou même divergent. Les
deux sexes partagent une base biologique qui requiert la même approche
en ce qui concerne la nutrition, les pratiques, et les choix de vie
raisonnables. En résumé, bien que la biologie des sexes ne soit pas
identique, ils partagent les mêmes objectifs de bonne santé, qui peuvent
être envisagés et pratiqués approximativement de la même manière.
Par
contre, le Féminisme radical défend la théorie de conflits fondamentaux
de classes reposant sur le genre. Elle proclame que les hommes ne
partagent pas seulement l’identité biologique, mais aussi l’identité
politique et sociale. Les intérêts politiques des hommes sont donc
nécessairement en conflit avec ceux des femmes.
La conception du
conflit des classes est largement associée avec Karl Marx, qui la
popularisat comme outil de prévision des comportements sociaux et des
intérêts politiques des individus. Une fois que l’on connaissait la
classe à laquelle l’individu appartenait, son comportement devenait
prévisible. Pour Marx, le point prépondérant pour définir l’appartenance
d’un individu à une classe était l’interaction qu’elle entretenait avec
les moyens de production : était-ce un capitaliste ou un ouvrier ?
Voici une forme d’analyse de la relation de classes en termes
d’inter-activité avec l’institution.
Le F radical a adapté cette théorie. Catherine MacKinnon
se réfère à cette adaptation comme « post-Marxist ». Elle entend par
cela que le F radical comprend beaucoup d’aspects du Marxisme mais
rejette son insistance à ce que le statut économique, et non le genre,
soit le facteur politique prédominant qui détermine une classe. Ainsi,
le Féminisme radical se constitue avec des idées Marxiste/socialiste
comme le « travail excédentaire » au travers duquel une classe est
sous-entendue utiliser la mondialisation pour commettre un vol
économique sur une autre. (Un exemple de travail excédentaire en
Féminisme radical est le travail ménager non rétribué). La
classification « homme » devient si signifiante qu’elle prédit et
détermine comment les individus de cette classe se comporteront. C'est
pourquoi, les Féministes radicales se permettent de traiter des hommes
non-violents de « violeurs » car ils bénéficient de la « culture du
viol » établit par le patriarcat.
Afin de prévenir l’oppression
des femmes, il se révèle nécessaire de déconstruire les institutions qui
contrôlent les femmes au travers des hommes – des institutions comme
l’ouverture des marchés ( mondialisation sous réserve, NDT ).
Cette
analyse de la relation de classes n’a pas de signification dans le
cadre du Féminisme individualiste qui proclame lui que tous les humains
ont des intérêts politiques communs.
L’individualisme a une
longue et divergente tradition d’analyse des relations de classes à son
actif. Le facteur prédominant par lequel elle catégorise les personnes
est l’usage qui est fait ou non de l’exploitation sur les individus
vivant en société. Obtiennent-ils leurs ressources ou pouvoir grâce au
mérite et à leur propre productivité ou utilisent-ils l’agression, sous
forme légale, pour s’approprier les ressources et le pouvoir des
autres ? Exprimer simplement, le Féminisme individualiste demande :
« faites-vous partie des dirigeants ou des dirigés » ? Ceci est
également une forme d’analyse des relations de classe parce que la
question qui se pose est : « Quel est votre interaction, votre relation à
l’Etat » ?
L’analyse des relations de classe du Féminisme
individualiste n’a pas pour objectif de prévoir les comportements des
individus. Les femmes comme les hommes peuvent utiliser les voies
politiques. Un individu peut changer de classe à volonté, rejetant
l’exploitation de ses semblables pour utiliser d’autres formes de
rentabilité. En bref, les positions de classe dans le Féminisme
individualiste sont mouvantes. Ce n’est pas le cas dans l’analyse du
Féminisme radical qui est fondée sur la biologie. Dans le féminisme
radical, les classes sont figées.
Cette différence suppose
plusieurs conséquences. L’une d’entre elles est que l’analyse de classe
du Féminisme individualiste n’offre aucune valeur de prévision. Le fait
qu’un individu aura été membre d’une classe politique dans le passé
n’offre aucune garantie de ce qu’il ou elle continuera à y adhérer dans
le futur.
Cette malléabilité possède une autre conséquence. A
savoir : il n’y a pas nécessairement de conflit de genres. Le fait que
les hommes aient opprimé les femmes dans le passé ne veut pas dire
qu’ils le feront obligatoirement dans le futur. Savoir si un individu
masculin est oppresseur ou ami dépend de savoir comment il se situe lui
politiquement, choix dont il a la responsabilité consciente. Les hommes
ne sont pas l’ennemi.
Conclusion
Les féminismes
radical et individualiste sont les deux extrêmes du mouvement
féministe. L’un défend le contrôle par l’Etat ; l’autre, le contrôle par
soi-même. L’un considère les hommes comme l’ennemi, l’autre les
considère comme des partenaires estimables.
Mais la marque la
plus importante de l’idéologie divergente est l’insistance du Féminisme
individualiste qui applique le principe personnel fondamental « corps de
femme, droit de femme » contre vents et marées, dans toutes les
circonstances.
Wendy McElroy
http://zetetics.com/mac/articles/ihsif.html
Wendy McElroy, née en 1951, est une disciple canadienne de Murray Rothbard. Elle est reconnue pour avoir fait avancer la cause des femmes dans le cadre de la pensée libertarienne. Elle a puisé dans les auteurs de l'anarcho-individualiste comme Benjamin Tucker, les réflexions nécessaires pour comprendre la position des femmes dans un contexte anarcho-féministe. Elle affirme que l'anarcho-capitalisme est le digne et unique héritier de l'anarcho-individualisme du XIXe siècle. Les femmes n'ont donc pas à souffrir du progrès du capitalisme pour faire avancer leurs causes. Elle a écrit et édité plusieurs ouvrages concernant le féminisme dont une biographie sur la féministe et anarchiste d'extrême-gauche, Queen Silver. Les deux femmes avec leurs grandes différences politiques ont su tout de même marquer leur respect mutuel avec une grande intelligence. Wendy McElroy est également intégrée au réseau de la faculté FEE (Foundation for Economic Education) où elle fait profiter les étudiants de sa grande culture libertarienne.
L'histoire du féminisme remonte aux racines de l'anarchisme individualiste
Dès l'âge de cinq ans, Wendy McElroy a commencé à prendre un stylo et à écrire ses pensées sur son cahier du jour. Sa précocité philosophique a tout de fois attendu le début des années 1980 pour être exposée au grand public. Elle s'est d'abord intéressée au mouvement de l'anarchisme individualiste du XIXe siècle sur le sujet de la propriété intellectuelle. Elle a continué ses recherches sur Benjamin Tucker et a rassemblé les différents numéros de sa revue Liberty dans un ouvrage d'index utile pour les chercheurs en histoire des idées politiques de l'anarchisme individualiste. Puis elle s'est penchée sérieusement sur le sujet du féminisme dont les activistes d'extrême gauche avaient monopolisé la revendication.
Le livre que Wendy McElroy dirige en 1982, Liberté, féminisme et l'État : un aperçu du féminisme individualiste, retrace le féminisme individualiste depuis ses premières racines jusqu'à nos jours. Il reprend certains textes d'autrices féministes et libertariennes défuntes (dont celui d'Angelina Grimké, de Voltairine de Cleyre, Rose Wilder Lane ou de Sarah Grimké). Et le reste du groupe de contributeurs et de contributrices (dont Lynn Kinsky, Sharon Presley) lance un appel retentissant aux femmes pour qu'elles retrouvent leur héritage individualiste. Il démontre que l'État est le véritable obstacle empêchant les femmes d'accéder à la liberté personnelle et à l'égalité des droits pour quasiment toutes les questions quotidiennes et vitales qui vont de l'activité sexuelle, du contrôle des naissances, de l'entrepreneuriat et jusqu'à la science. Le socialisme, déclame Wendy McElroy, a envahi les idées du féminisme dans les médias au point de faire oublier le rôle des femmes dans la liberté économique. De nombreuses féministes croient que l'État est l'allié naturel du mouvement des femmes. Cependant, ce livre démontre le contraire. L'État a longtemps été un oppresseur majeur des femmes et de leurs droits. Par conséquent, tel qu'il est présenté sur les plateaux télé, le féminisme n'est pas une nouvelle force politique. Ses origines remontent au mouvement abolitionniste avant la guerre civile américaine. En luttant pour mettre fin à l'esclavage, les femmes ont pris conscience de leurs propres handicaps juridiques. À partir de ces racines anti-étatistes, le mouvement des femmes s'est finalement divisé sur des questions telles que le sexe, la famille et la guerre.
Citations
- « Le vote n'est pas un acte de liberté politique. C'est un acte de conformité politique. Ceux qui refusent de voter n'expriment pas leur silence, mais crient dans l'oreille des politiciens : "vous ne me représentez pas ! Ma voix n'est pas prise en compte dans ce système. Je ne vous fais pas confiance !" »
Informations complémentaires
Publications
- Pour une liste détaillée des œuvres de Wendy McElroy, voir Wendy McElroy (bibliographie)
Littérature secondaire
- 2018, Walter Block, "Voting: Rejoinder to Casey, McElroy, Ward, Pugsley, Konkin and Barnett", Political Dialogues, n°24, pp23-38
Liens externes
- "American Anarchism" texte de Wendy McElroy diffusé sur le site du Mises Daily, le 28 décembre 2000 (Cette conférence a été prononcée à la bibliothèque du Ludwig von Mises Institute, le 20 novembre 2000).
- (en)Banning Pornography endangers Women, pamphlet publié originellement en décembre 1997 par Wendy McElroy
- The Sad Evolution of Sexual Harassment, article de Wendy McElroy, le 27 octobre 2004 sur le site ifeminist.com
- "The Enclosure Acts and the Industrial Revolution", texte écrit par Wendy McElroy sur le site de la Foundation for Freedom, diffusé le 8 mars 2012
- "Obama Wants to Close the Oceans. Privatize Instead!", texte de Wendy McElroy déposé sur le site de la Future of Freedom Foundation, publié le 17 juillet 2014
- "Neither ballots nor bullets; Introduction", texte de Wendy McElroy publié sur le site du voluntaryist.com
- (en)Page personnelle
- (en)Wendy McElroy sur Wikipedia
- (fr)L’Individualisme : une nouvelle vision du féminisme
- (en)ifeminists.net
- (en)Demystifying the State
- (en)"Affirmative action: What Does It Affirm?", texte de Wendy McElroy déposé sur le site de l'ISIL



