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février 04, 2017

Programme et visions du présidentiable "marcheur" Macron (Dossier complet)

Ce site n'est plus sur FB, alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes, comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 



Sommaire:

A) La société avec Emmanuel MACRON (Les 35 heures - Le clivage Gauche/Droite - Renouvellement du personnel politique - Le rôle du politique - La Laïcité - Une nouvelle offre politique - La lutte contre le terrorisme -  De la défiance à la confiance - Le travail le dimanche - L’identité française - La lutte contre les discriminations - Les causes sociales du terrorisme - La justice du travail ) - http://vision-macron.fr

B) L' Économie avec Emmanuel MACRON ( La stratégie industrielle - La robotisation de l’économie - L’épargne des Français - Lever les freins à l’entrepreneuriat - L’épargne des Français - L’intégration dans la mondialisation - La flexi-sécurité du marché du travail - Le financement des entreprises - L’économie circulaire - Une économie 2.0 - La lutte contre le chômage - Encourager l’innovation - Les bus Macron - L’accès aux professions réglementées -  La compétitivité française -  Libérer le pays, sortir des corporatismes - Promouvoir le risque face à la rente - La loi Macron - Les dépenses publiques - Un capitalisme de long terme - Une nouvelle politique de l’offre - L’actionnariat salarié -

C) L'État avec Emmanuel MACRON ( Assurer notre sécurité - Gouvernance et pragmatisme - L’Etat, actionnaire stratège

D) L' enseignement avec Emmanuel MACRON ( Repenser l’Ecole )

E) L' environnement avec Emmanuel MACRON ( La transition énergétique - Le nucléaire - La filière alimentaire )

F) L'international avec Emmanuel MACRON ( Le conflit Syrien - Les réfugiés en Europe )

G) L'Europe avec Emmanuel MACRON ( Le couple Franco-Allemand - La politique monétaire européenne - Le Brexit - La politique budgétaire européenne - Les institutions européennes - Une Europe à deux vitesses - Le projet européen - Le sentiment d’appartenance à l’UE -  La crise grecque)

H) La solidarité avec Emmanuel MACRON ( L’Egalité des Opportunités -  L’accès au logement - La pénibilité au travail - De la protection par le statut à la protection de l’individu)



A) La société  

Les 35 heures
« On peut défendre les 35 heures, et pour ma part je les défends, sans pour autant les mettre sur un piédestal. »

Diagnostic

Une avancée sociale non contestable

Les lois sur les 35 heures ont été adoptées par le gouvernement Jospin, pour favoriser l’emploi et lutter contre le chômage. Elles ont ainsi fait passer la durée légale du temps de travail en France de 39 à 35 heures hebdomadaires. Cette réforme qui a été prise durant une période de croissance de l’activité économique de la France, a permis aux salariés de réduire de quatre heures leur temps de travail hebdomadaire tout en conservant leur salaire.
L’activité, l’emploi et la productivité ont été stimulés par cette réforme. Les chiffres parlent d’eux même : sur la période 1998-2002 la France a connu « un rapide enrichissement de la croissance en emplois de près de 350 000 postes ». Cette mesure a été positive pour l’emploi et pour les entreprises parce qu’elle a été pensée de manière globale. Elle visait « un équilibre entre baisse de la durée du travail, allègements de charges, réorganisation des entreprises, modération salariale et gains de productivité ».
Par ailleurs, les entreprises n’ont pas connu l’augmentation du coût du travail qui aurait dû résulter d’une telle mesure. Les entreprises françaises ont même enregistré « d’importants gains de productivité », ainsi « la productivité horaire du travail a augmenté de 2 à 3 % » entre 1998 et 2002. S’il est vrai que « les 35 heures ont créé un signal négatif pour les entreprises étrangères qui veulent investir en France », il est faux de penser que les français ne veulent « plus travailler ».  Il faut rappeler la distinction entre durée légale et durée effective du temps de travail.  Les salariés français à temps complet travaillent « presque autant que dans la plupart des pays européens : chez nous (…) 39,5 heures par semaine (…) 40,4 pour l’Europe ». Les 35 heures ont permis « d’offrir plus d’emplois à temps plein à ceux qui le souhaitent plutôt que de faire travailler plus longtemps ceux qui ont déjà des emplois à plein temps ».

Un bilan contrasté de par sa mise en œuvre

Les 35 heures « ont été acceptées et bien reçues par les Français ». C’est « un progrès » qui a permis aux salariés de disposer d’« une après-midi de libre dans la semaine pour consacrer du temps à sa famille, ou à soi-même ». Pour les entreprises dans la plupart des secteurs « tout s’est bien passé, et tout continue de bien se passer ».
Les entreprises, dans une économie qui évolue beaucoup plus vite, qui se numérise, ont besoin de souplesse. Les 35 heures doivent évoluer pour permettre aux entreprises « de s’adapter à la conjoncture, de faire face à la crise, d’affronter plus facilement les aléas économiques ».
Certains secteurs économiques sont aussi moins adaptés aux 35 heures, « par exemple la fonction publique hospitalière et l’hôtellerie : (…) nous devons aux Français, et particulièrement à ceux qui travaillent dans ces secteurs, de reconnaître que nous avons commis certaines erreurs dans la mise en œuvre des 35 heures ».
Action

Adapter sans remettre en cause le principe

Selon Emmanuel Macron, il y a aujourd’hui beaucoup d’« hypocrisie » autour de la question de la suppression des 35 heures. Il faut arrêter les faux « débats idéologiques » et régler les vrais problèmes du travail qui minent la France « depuis trente ans ». Les 35 heures ne doivent pas être remises en cause dans leur principe car elles permettent « de mieux rémunérer les travailleurs après un certain nombre d’heures effectuées dans la semaine – je veux parler des majorations pour les heures supplémentaires ».
Le cadre légal des 35 heures « n’est pas suffisant, car les salariés, comme les entreprises, ont besoin de plus de souplesse ». On ne peut « refuser à quelqu’un qui le souhaite ou qui en a besoin de travailler plus que 35h par semaine (…) si c’est sa volonté réelle, s’il est mieux payé ». Il faut lui donner cette « liberté ». De même si un salarié ne souhaite « travailler (que) 32 heures, si cela correspond au projet de l’entreprise ». « Le vrai progrès, c’est de donner à chacun la possibilité de choisir, dans un cadre organisé et sécurisé par l’Etat et par les partenaires sociaux ».
Le réel enjeu des 35 heures « c’est de permettre aux entrepreneurs et aux jeunes sociétés et aux PME de ce pays de s’adapter à la conjoncture, de faire face à la crise, d’affronter plus facilement les aléas économiques ». La souplesse des 35 heures n’a pas pour but d’augmenter la « rentabilité des entreprises du CAC40 d’un ou deux points – leur développement (dépend) de leur capacité à proposer des produits innovants, à se déployer à l’international, à conquérir de nouveaux marchés ». La France ne doit pas oublier les vrais enjeux de cette réforme pour densifier son tissu économique. « L’objectif que je souhaite, c’est que les conditions qui permettent d’offrir des flexibilités aux entreprises et aux salariés soient moins restrictives ». L’aménagement des 35 heures doit permettre d’accompagner la compétitivité. Le temps de travail doit s’adapter aux exigences de chaque secteur pour donner plus de flexibilité aux entreprises et leur permettre de préserver et de développer l’emploi. C’est en suivant ce principe qu’il faut repenser les 35h au plus près des entreprises, en lien avec les partenaires sociaux et les salariés.

Une négociation au plus près des entreprises pour une meilleure efficacité

L’aménagement des 35 heures doit se faire au cas par cas. Il faut faire preuve de réalisme, la modulation doit se faire de manière fine. « La loi pour ce qui est du marché du travail, la loi dans tous les cas, ce n’est plus la bonne norme ». Il est « fini le temps où la loi pouvait prévoir tous les cas particuliers (…) aujourd’hui, il y a presque autant de situations singulières que d’entreprises ou de salariés ».
Les pouvoirs publics et les partenaires sociaux doivent prendre leur « responsabilité » pour « offrir (aux salariés) tous les outils et toutes les armes nécessaires à leur développement et à leur épanouissement ». La transformation des 35 heures s’inscrit donc dans une réflexion plus large conduite par Emmanuel Macron sur le rôle des syndicats. Les syndicats doivent prendre une place plus forte afin de faire le lien entre une loi qui fixe un cadre général et la réalité de chaque entreprise. « Cette confiance dans la société, (…) dans le dialogue social, (…) qui nous permettra d’avoir des syndicats plus forts, dans l’entreprise, dans la branche, d’avoir une vitalité de ce dialogue social, un contenu ». Le but est d’obtenir plus de flexibilité pour les entreprises, tout en préservant le droit des salariés. Les accords « de branches ou d’entreprises », sont de ce fait plus « adaptés à la négociation du temps de travail », car plus au fait des réalités. Il est important de définir le juste cadre dans lequel cette négociation pourra s’inscrire. « C’est la capacité à donner un cadre à cette négociation qui pourra donner les bons accords, c’est cela la bonne solution ». Cette flexibilité est d’autant plus nécessaire, que les entreprises doivent avoir plus de souplesse pour réagir face aux mutations rapides de l’économie.


Le clivage Gauche/Droite
« Il n’y a pas un vrai consensus de gauche, un vrai consensus de droite, aujourd'hui, face aux défis qui sont les nôtres, nous devons dépasser ce clivage. »

Diagnostic

Ce clivage ne répond plus aux défis actuels

Nous connaissons actuellement des changements profonds : transformation numérique, économique, environnementale, émergence de nouveaux problèmes sociaux. Notre façon d’innover, de consommer, de nous déplacer, de produire, se modifie. De nouveaux secteurs économiques émergent, d’autres disparaissent, et « ces circonstances exceptionnelles que nous vivons aujourd’hui appellent un souffle nouveau ». Et la clé de cet élan, c’est le rassemblement : « face à tous ces changements, il y a une solution de droite ? Il y a une solution de gauche ? » Non : « il n’y a pas un vrai consensus de gauche, un vrai consensus de droite ». Loin de s’enfermer dans le ni-ni, Emmanuel Macron estime qu’ « il y a des réponses à gauche et à droite ». « Les partis existants sont divisés sur ces questions, parce qu’ils se sont construits sur les défis d’hier » mais « aujourd’hui, face à ces défis qui sont les nôtres, nous devons dépasser ce clivage ».

Dépasser ne signifie pas se renier

Il existe encore des différences fondamentales entre la gauche et la droite : « des différences de culture politique, de sensibilité, de représentation, d’histoire, d’affinités, de repères, et il faut les respecter ». Il ne s’agit pas de renier l’existence de ces deux pôles de l’échiquier politique, ni même celle des partis, il ne s’agit pas non plus de créer un nouveau parti. Il s’agit seulement de tirer le meilleur de chacun. Quant à Emmanuel Macron, il affirme sans ambiguïté : « je suis de gauche, c’est mon histoire ».

Action

« Additionner les forces » pour pouvoir construire le monde de demain

La solution aux défis d’aujourd’hui ne se trouve ni à gauche, ni à droite. Il faut créer une nouvelle alternative, « un mouvement politique nouveau, c’est-à-dire un mouvement politique ni à droite, ni à gauche » mais qui permette de rassembler « des femmes et des hommes de gauche et pleinement de gauche, de droite et pleinement de droite, du centre, et pleinement du centre, des hommes et des femmes de la société civile » en un « rassemblement des progressistes ». Les progressistes croient « dans la liberté, dans un rapport à la justice, dans la société ouverte, dans l’Europe », « n’ont pas peur de voir la France telle qu’elle est » ni d’« essayer d’avancer ». C’est là le sens d’En Marche.

Décloisonner pour aller de l’avant

La droite et la gauche n’ont plus le monopole des valeurs qui semblaient les définir et les opposer. « On a dit : la gauche, sa mission, c’est l’égalité, donc elle va faire des normes, il y a des contraintes, ça va bien se passer, mais nous, c’est l’égalité » ; « de l’autre côté, la droite a le monopole de la liberté. Elle arrive, elle dit : on va enlever telle norme, baisser tels impôts, etc. ». Loin de ces oppositions aujourd’hui figées, il faut réconcilier égalité et liberté « parce que ça fonctionne ensemble » : « On redonne la seule véritable égalité, l’égalité d’opportunités, d’accès, la vraie égalité, celle qui existe pour les plus faibles. Non pas l’égalité qu’on corrige a posteriori, en recréant d’autres normes qui viennent compliquer. Non, la vraie égalité, celle des libertés ».


Renouvellement du personnel politique

« Nombre de personnalités politiques se persuadent qu’il nous faut de nouvelles règles, de nouvelles lois, et, pour certains, une nouvelle Constitution. Je ne nie pas que, sur certains sujets, une révision de nos institutions puisse s’avérer utile, mais je pense d’une façon générale qu’on ne doit réformer le cœur de nos institutions ou s’approcher de la loi fondamentale que la main tremblante. C’est dans la pratique, à mon avis, que réside l’essentiel des changements à opérer ».

Diagnostic

Un paysage politique qui souffre de ses clivages

« Certains nous expliquaient il y a 25 ans que l’histoire était finie, qu’on vivrait dans un monde de paix, de stabilité, qu’une nouvelle page allait s’ouvrir. Ils s’étaient trompés. » C’est ce constat d’un monde toujours en mutation qui pousse Emmanuel Macron à vouloir faire bouger les lignes. Alors que l’abstentionnisme atteint des niveaux records, signe d’un malaise et d’un mal-être latents, le système en place ne semble pas vouloir se réformer. Pis encore, il s’enlise. « Comment ne pas être frappé par la différence qui s’est accentuée entre le visage de la France et celui de ses représentants ? »
Faute d’adéquation entre le paysage politique traditionnel et les défis issus de ces transformations, « l’histoire est redevenue tragique ». La réponse à cette tragédie doit dès lors émaner de celles et ceux qui souhaitent s’engager et influer sur leur environnement puisque pour Emmanuel Macron, la solution passe par le dépassement des clivages politiques. L’ancien ministre en appelle ainsi à toutes les bonnes volontés, quels quel soit leurs positionnements sur l’échiquier politique actuel car « les progressistes ne sont réservés ni à la gauche, ni à la droite. »

Un système présidentiel dysfonctionnel

En principe, la politique ne saurait s’incarner en une personne singulière : il s’agit bien plutôt d’un projet démocratique mis en application pour répondre aux défis contemporains. Pourtant, depuis plus de 20 ans, selon Emmanuel Macron, la politique française a été personnifiée et la course à l’élection présidentielle est devenue le théâtre de promesses non tenues, avec l’élection pour seule et unique finalité. La défiance d’une part croissante de l’électorat français vient notamment de ce que le discours et l’attitude des hommes politiques diffèrent sensiblement selon qu’ils sont en campagne ou au pouvoir. Trop souvent, ils oublient dans la seconde étape ce qu’ils avaient annoncés dans la première. Cette course à l’élection ampute le processus politique d’un temps de débat et de réflexion approfondie sur l’orientation à donner au pays. On le constate une nouvelle fois avec les primaires de la droite et du centre: les candidats sont très  occupés à pointer les incohérences de leurs adversaires.
Action
« Ce que je dis à nos concitoyens avec En marche !, c’est : ‘’venez faire de la politique, venez transformer les choses, venez exprimer ce que vous voulez exprimer, engagez-vous dans l’action politique.’’ »

Principes

En finir avec la professionnalisation des hommes politiques.

« Quand la politique n’est plus une mission mais une profession, les responsables politiques ne sont plus des engagés mais des intéressés ». Ainsi, « la politique ne doit plus être un métier » pour l’ancien ministre. Pourtant, à l’heure actuelle, c’est ainsi qu’est perçue la fonction d’homme politique par les français notamment à travers le cumul des mandats. La politique exclut une partie importante de la population qui n’a pas son mot à dire et qui n’est pas entendue.
En effet, « la politique est aujourd’hui considérée, par celles et ceux qui en font, comme une profession réglementée à laquelle les autres ne devraient pas avoir accès. » explique Emmanuel Macron. L’important est dès lors de redonner à la politique son statut de « fonction » : elle est une mission confiée à quelques représentants en vue de l’intérêt général. C’est par ce biais seulement, en renouant avec l’essence du politique, missionné par le peuple, qu’on redonnera une « vitalité démocratique » à la France et qu’on échappera à une « démocratie confisquée ».

Faire de la politique autrement pour créer un projet commun

La volonté d’Emmanuel Macron est d’apporter « un souffle nouveau » dans la classe politique. Face aux défis qu’il nous appartient de relever « il y a des réponses à gauche et à droite, mais il n’y a pas un vrai consensus de gauche, ni un vrai consensus de droite ». Les partis existants sont divisés sur ces questions, parce qu’ils se sont construits sur les défis d’hier. L’idéal serait de renouveler le personnel politique en le rendant trans-partisan afin de dépasser les blocages actuels.
Pour cela, Emmanuel Macron a créé En Marche !, un mouvement dont l’objectif est de construire un projet qui rassemble quelles que soient les préférences politiques. « On ne va pas frapper aux portes comme les gens le font en campagne pour dire ‘’ votez pour nous‘’, on va frapper aux portes en disant ‘’on veut comprendre où est le problème, qu’est-ce qui ne va pas ? ‘’ » explique Emmanuel Macron. En Marche !, c’est écouter ceux qui parlent peu et aller à la rencontre de ceux qui ne parlent plus. Ecouter pour entendre, et entendre pour comprendre afin d’agir. Il s’agit là de mettre en place une « meilleure hygiène démocratique » en allant à l’encontre des pratiques habituelles des hommes politiques qui décident pour les citoyens de ce qui est important pour la France. En ayant interrogé un grand nombre de citoyens lors du porte-à-porte national de l’été dernier, Emmanuel Macron a réalisé à travers En Marche ! un diagnostic précis et a dressé un bilan clair des problèmes rencontrés par les français. Les solutions qui en découlent transcendent dès lors automatiquement le clivage habituel gauche/droite.

Propositions

Limiter le nombre et la durée des mandats pour encourager le renouvellement

« Dès 2017, la loi actuelle interdira de cumuler une fonction de député ou de sénateur et un mandat exécutif local. » « C’est une bonne chose […] mais cela ne permet pas d’encourager suffisamment le renouvellement. C’est pourquoi je suis favorable au non-cumul des mandats dans le temps ». Cette mesure encouragera les hommes politiques à prendre des décisions courageuses et non des décisions qui leur permettraient d’être réélus aux termes des mandats.
Emmanuel Macron considère aussi qu’il est nécessaire de mettre davantage en valeur de nouveaux talents, de nouvelles personnes qui ne sont « ni fonctionnaires, ni collaborateurs d’élus ou salariés d’un parti, ni professionnels libéraux ». Pour attirer plus de citoyens issus du privé, « il faut accompagner les élus qui quittent leur fonction. Des dispositifs devraient être mis en place pour les aider à se reconvertir ». La volonté d’engagement politique ne devrait pas nuire à la carrière ou à l’emploi de ceux qui ne sont pas protégés par leur statut.

Nommer des ministres compétents et exemplaires

Les élus comme les membres du gouvernement doivent être responsables car « la responsabilité est ce qui peut contribuer à restaurer la morale collective dont nous avons tant besoin ».
Cette responsabilité passe par la compétence des personnes nommées au gouvernement. Emmanuel Macron propose donc « d’examiner l’expertise ou le potentiel d’une personne nommée dans le cadre d’une audition par les commissions compétentes du Parlement ».
L’exemplarité est aussi essentielle lorsqu’il s’agit de représenter et d’agir pour les Français. C’est pourquoi « il faut subordonner l’accès aux fonctions ministérielles à l’absence d’inscription au casier judiciaire B2, comme c’est déjà le cas pour la fonction publique ». Par ailleurs, « certaines fautes devraient politiquement disqualifier pour l’exercice des hautes responsabilités comme des atteintes à l’administration publique, ou des atteintes à l’autorité de l’Etat. Dans de tels cas, il faut avoir la décence de s’effacer ».

Introduire la proportionnelle

« Introduire davantage de proportionnelle, sans nuire à l’efficacité de notre système démocratique, est d’évidence une solution. » Il n’est pas normal que des partis politiques qui représentent un nombre important de Français comme le Front National n’aient que deux députés quand d’autres, grâce à des accords d’appareils, disposent d’un groupe à l’Assemblée sans rassembler un nombre de voix très conséquent.


Le rôle du politique

« L’objectif du mouvement est simple, il est en effet de refonder l’offre politique en changeant le rapport au citoyen mais aussi en changeant la dynamique de cette offre politique, c’est-à-dire de se dire quelles sont les questions auxquelles le pays doit répondre pour réussir, pour que ça aille mieux ».

Diagnostic

La « fatigue démocratique » des Français…

Le système politique nous empêche de répondre aux défis à la fois économiques et sociaux auxquels doit faire face notre société. Les corps intermédiaires qui nous représentent, « que ce soit les partis, les syndicats ou autres », « sont moins en avance que la population ». Ils constituent des corporatismes bien souvent plus conservateurs que la population qu’ils représentent. En outre, les élites, en particulier, rédigent des rapports et « construisent des idées mais si elles ne savent pas les expliquer, créer le consensus et inclure la population dans cette volonté, ça ne sert pas à grand-chose ».
Les Français manifestent leur « fatigue démocratique » dans les urnes avec une abstention de plus en plus forte et un recours aux populistes. Par ailleurs, ils rejettent les réformes mises en œuvre dans la rue car trop souvent celles-ci n’ont pas été proposées au moment de l’élection présidentielle.

…. Face à un jeu politique faussé et un système sclérosé …

En période électorale, les principaux partis politiques organisent des primaires pour choisir leur candidat. « Les primaires à mes yeux c’est la dernière invention d’une société démocratique partitaire qui essaye de recapturer les institutions de la Ve et donc la primaire. C’est un système qui va conduire dans les mois et les années qui viennent à geler le système politique. »
Depuis plus de 20 ans, la logique est la même. Dans un premier temps « on parle des personnes, ensuite on crée des primaires où chacun va aller chercher à l’extrême de son camp » et puis « chacun vient chasser le centre puisque c’est là que se fait l’élection présidentielle ». Combattre le FN devient alors un argument politique majeur pour remporter le scrutin.
Au lendemain de l’élection présidentielle, la principale force politique veut gouverner avec les autres pour « mimer une union nationale par reconfection après le vote de tous ». C’est le principe d’ouverture, qui peut conduire à nommer des ministres d’un parti adverse dans le gouvernement.
Enfin, le bilan intervient généralement quelques mois après l’élection. La Cour des comptes est sollicitée pour dire si l’objet des débats de la campagne correspond vraiment à l’état réel du pays : comme ce n’est pas le cas, tout le programme de campagne est réajusté. Cela crée des blocages : par exemple, « la majorité politique sur laquelle a été construite l’offre politique de 2012 ne correspondait pas en totalité à la politique qui a été conduite ».

…. Témoigne d’une nécessaire recomposition de l’offre politique

« Le clivage politique le plus pertinent n’est donc pas entre gauche et droite, mais entre les progressistes de tous bords et les conservateurs incarnés par certains de ces corps intermédiaires. » A cet égard, Emmanuel Macron parle de « transformation » : il veut commencer par faire un bilan de la situation politique et économique du pays, puis construire à partir de là un projet innovant et rassembleur.
« Je l’ai souvent dit, ça fait 20 ans que j’entends les mêmes choses dans les mêmes cercles autorisés, il faut maintenant que les gens se posent la question de savoir pourquoi ils n’arrivent pas à le faire. Ils n’arrivent pas à le faire en particulier à cause de cette temporalité de la structuration de la vie politique. Je veux revenir là-dessus, c’est pour ça que moi je veux procéder autrement, je dis que la priorité aujourd’hui c’est de lancer cette offre politique nouvelle et de dire « on doit comprendre où en est le pays ».
Action

Une démarche cohérente et pédagogue

Le rôle du politique est d’être capable d’expliquer mais aussi de faire un bilan avant de formuler des propositions adéquates. C’est aussi définir des principes clairs afin de rendre son action lisible, et l’orienter. Le désir d’Emmanuel Macron d’aboutir à un ensemble de « propositions concrètes avec un calendrier, avec des engagements » va de pair avec une idéologie progressiste et des positions fermes sur trois grandes questions fondamentales.
« L’une des causes du divorce » entre le citoyen et le politique, réside dans le fait qu’il propose « des solutions mais parfois on n’est pas sûr que ça corresponde à un problème ». C’est pourquoi « le bilan ne doit plus se faire deux mois après l’élection », nous devons le faire « maintenant ». C’est ce qui a été fait lors de la Grande Marche et lors de la restitution du diagnostic à Strasbourg, au Mans et à Montpellier, en octobre. Nous sommes concrètement allés « frapper aux portes en disant « on veut comprendre où est le problème, qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qui va bien ? Où sont vos sujets ? »
Face à ces attentes et face aux défis qui se présentent à notre pays et au monde, le rôle du politique est avant tout d’expliquer la situation afin de la rendre plus intelligible. Face à la « comédie humaine » des petites phrases en politique, Emmanuel Macron plaide pour « l’explication du cours du monde ».

La politique ne doit plus être un métier

Faire de la politique doit résulter d’un choix personnel et ne doit être en aucun cas envisagé comme une carrière professionnelle. Le parcours personnel d’Emmanuel Macron est l’illustration de ce principe : en 2012, il a pris la décision d’entrer en politique et de mettre de côté sa carrière professionnelle dans le secteur privé. Cependant, il a aussi affirmé que d’ici dix ans, il ne ferait plus de politique : « Le temps de la politique n’est pas celui de toute une vie, mais le temps d’un mandat. Si l’élection représente un risque, c’est un risque à prendre ».
C’est pourquoi, « la politique doit être un choix et non un rapport patrimonial ».  Il est possible d’être engagé tout au long de sa vie sans pour autant concevoir l’engagement politique comme un « cursus honorum ». L’engagement peut aussi se traduire d’autres manières : il peut être syndical, associatif et même professionnel.
Quoi qu’il en soit « Il faut aller à une élection pour exercer des fonctions que l’on veut exercer au moment où l’on veut les exercer car ce qui fatigue le peuple, c’est de voir que l’on prend le ticket dans la file pour accéder à d’autres fonctions. »
Dans cette logique de renouvellement et d’ouverture à tous, Emmanuel Macron est opposé au cumul des mandats dans le temps. Ainsi son mouvement En Marche limitera le nombre et interdira le cumul de fonctions électives et de fonctions à responsabilité, afin d’éviter tout conflit d’intérêt.

Inclure les citoyens dans l’action politique

Le mouvement En Marche qu’a lancé Emmanuel Macron au printemps 2016 repose sur l’idée qu’on ne peut transformer efficacement le pays qu’en partant de ce que les Français ont à dire : leurs espoirs, leurs préoccupations, leurs peurs, leurs engagements quotidiens sur le terrain.
Emmanuel Macron lors de son discours de Strasbourg – le 4 octobre 2016 – s’est exprimé sur la nécessité d’associer les Français à l’action politique pendant toute la durée du mandat présidentiel et pas uniquement lors de la période électorale.  Pour ce faire, il faut accepter de rendre des comptes : « On ne peut plus dire aux gens vous avez voté un projet pendant 5 ans vous nous laissez faire. Le bon gouvernement implique un engagement plus transparent et régulier de la population, notamment dans le temps qui précède l’élection ».
Pour remédier à une démocratie qui « manque d’adhésion et qui est perçue comme inefficace », Emmanuel Macron a proposé l’introduction de la proportionnelle ainsi que l’institution d’un compte rendu de mandat annuel du président de la République devant une commission de citoyens.


La Laïcité

  « Nous devons préserver comme un trésor la conception libérale de laïcité qui a permis que dans ce pays, chacun ait le droit de croire ou de ne pas croire, l’expression se lisant d’ailleurs dans les deux sens. »
Diagnostic

La loi de 1905

La laïcité en France est régie par la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, dont l’article 1er dispose que « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. »
L’article 2 quant à lui précise que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. »
Ainsi, « La laïcité à la française, celle qui résulte de la grande loi de séparation entre les églises et l’Etat du 9 décembre 1905, est une liberté avant d’être un interdit ». « La laïcité, […] c’est la capacité donnée aux consciences d’évoluer de manière libre dans la société par rapport au religieux. C’est un élément fondamental garantissant l’autonomie de la société et de la communauté nationale face au fait religieux. »

Le contexte de l’époque

Aristide Briand, rapporteur de la loi de 1905, a porté et a su imposer, dans un contexte particulièrement tendu, une « loi d’apaisement ». « Il suffit de lire les débats parlementaires ayant conduit à la loi de 1905 et bien mesurer en quoi les conceptions équilibrées d’Aristide Briand s’éloignaient d’autres, clairement hostiles à la religion en tant que telle. »
Il s’opposait ainsi d’un côté à la forte pression du Vatican et du pape Pie X qui ne cessait de lutter contre la perte d’influence politique de l’Eglise en France depuis la Révolution et le 1er Empire, et de l’autre à la gauche radicale, tenante d’un « laïcisme » anti-clérical, menée notamment par Georges Clémenceau ou le ministre Emile Combes. Leur opposition avait par exemple conduit à l’interdiction de l’enseignement aux congrégations religieuses et à la rupture des liens diplomatiques entre le gouvernement français et la papauté.

Les nouvelles questions autour de la laïcité

Parallèlement au déclin de la pratique religieuse en France et à celui du catholicisme dans notre pays – mettant fin aux conflits du début du 20e siècle entre Républicains et catholiques – la décolonisation, l’immigration et la mondialisation ont conduit à l’émergence de l’islam en France et à l’apparition de nouvelles questions autour de la laïcité, notamment à partir de 1989 avec l’affaire des collégiennes de Creil et la question du voile islamique.
Cette émergence de l’islam et des débats autour du port du voile islamique, de la burqa ou plus récemment du burkini, du financement des lieux de cultes, de la pratique religieuse en entreprise, des menus de substitution dans les cantines ou du halal ont nourri une nouvelle approche de la laïcité répondant à une logique de contrôle.
Cela a conduit à opérer un transfert du principe de laïcité et de l’exigence de neutralité de l’Etat vers la société civile, des agents du service public vers les usagers de l’espace public, du service public vers l’espace public. Ceci alors même que la loi de 1905 n’interdit pas les pratiques, manifestations ou expressions religieuses dans cet espace public.
A cet égard, Emmanuel Macron considère que « certains défendent une vision revancharde de la laïcité. Une laïcité qui, avant tout, pose des interdits, lesquels, au passage, se manifestent surtout à l’encontre d’une religion en particulier. »
Cette conception particulière de la laïcité, qui n’est pas celle originelle entend « reconstruire l’identité de la République contre un monothéisme. » En réalité, elle conteste que la religion puisse s’intégrer dans la vie républicaine. « C’est une vision radicale et extrême de la laïcité qui fait recette sur les peurs contemporaines. C’est ce que j’appelle le laïcisme. Ce n’est pas ma conception et ce n’est pas notre histoire. »
Cette approche nouvelle vers une laïcité « de contrôle » dépasse largement les clivages, allant de l’extrême droite à la droite, et divisant profondément la gauche.
Action

Principes

Le respect de l’esprit de la loi de 1905

Emmanuel Macron se prononce pour un respect de l’esprit de la loi de 1905, c’est-à-dire l’affirmation que la laïcité est avant tout une liberté. Il considère qu’il faut « préserver comme un trésor la conception libérale de laïcité qui a permis que dans ce pays, chacun ait le droit de croire ou de ne pas croire, l’expression se lisant d’ailleurs dans les deux sens. »
Ainsi, selon cette conception libérale, « en France, aucune religion n’est un problème. »
Emmanuel Macron fait néanmoins une distinction majeure entre les religions et les comportements se plaçant sous le signe du religieux : « Ce qui est un problème […] ce sont certains comportements, placés sous le signe du religieux, quand ils sont imposés à la personne qui les pratique. […] Car si la liberté de conscience est totale, l’intransigeance quant au respect des lois de la République, elle, est absolue. […] En France, il y a des choses qui ne sont pas négociables. On ne négocie pas les principes élémentaires de la civilité. On ne négocie pas l’égalité entre les hommes et les femmes. On ne négocie pas la liberté. »

Propositions

L’expression religieuse dans l’espace public 

Emmanuel Macron se réfère à la loi de 1905 qui n’interdit pas les manifestations religieuses dans l’espace public tant qu’il n’apparait pas de trouble à l’ordre public. Il fustige à ce titre les débats autour de l’expression du religieux dans l’espace public : « l’Etat est laïc, pas la société. »
Selon lui, « le laïcisme qui se développe aujourd’hui, à gauche et à droite, est une conception étriquée et dévoyée de la laïcité qui dénote à la fois une insécurité culturelle profonde et une incompréhension historique de la France. »

La lutte contre l’islam radical

Si Emmanuel Macron refuse une « conception étriquée et dévoyée de la laïcité », il ne prétend pas cependant que toutes les situations soient simples. « Ne soyons pas naïfs : certaines tendances d’un islam particulièrement rétrograde sont à l’œuvre dans notre société pour venir en quelque sorte ‘tester’ les limites de la laïcité, pour monter en épingle des comportements isolés ou minoritaires. »
Concernant par exemple le débat sur le « burkini », il considère que « le port de ce vêtement de plage, inventé il y a quelques années par une styliste australienne, n’a absolument rien de cultuel. Il n’est ni une tradition, ni une pratique religieuse.  C’est donc bien à tort qu’on a voulu l’encadrer sous l’angle d’un principe de laïcité mal compris. En revanche, l’État impose des règles de vie en société comprenant le respect intransigeant de certaines valeurs : l’égalité entre les hommes et les femmes, la civilité, l’ordre public… »
Pour Emmanuel Macron, bien que le cœur même de la laïcité exige une neutralité de l’Etat, le devoir de permettre à chacun d’exercer dignement sa religion doit être réaffirmé : « Laissons les Français musulmans prendre leurs responsabilités en toute transparence. Aidons-les en sortant aussi de nos réflexes historiques, de nos défiances. Aidons-les en coupant les ponts à des organisations parfois occultes, à des modes de financement inacceptables, à des comportements tout autant inacceptables. »
L’organisation de l’islam en France et le combat contre une forme radicale de l’islam ne passent pas pour Emmanuel Macron par de nouveaux textes ou de nouvelles lois, mais par l’application de celles existantes : « Nous devons mener ensemble […] un combat contre l’islam radical, un islam qui veut interférer dans certains quartiers sur la chose publique, et qui se pense comme prévalant sur la République et ses lois ». « Je suis pour cette bienveillance exigeante, je suis pour la laïcité de 1905, mais, dans le même temps, nous avons, sur le terrain, des combattants de cette laïcité, des combattants des droits des femmes, des combattants des règles de la République. »
Emmanuel Macron plaide pour une mobilité accrue des jeunes habitants des quartiers populaires grâce à un meilleur accès aux transports, à la culture, aux études, à l’emploi. « Dans ces quartiers, nous avons laissé les artisans d’un islam radical faire leur œuvre, faire leur miel de la frustration de nos jeunes, de la frustration des Français. Voilà pourquoi […] nous devons réinvestir nos quartiers pour redonner aux habitants des opportunités et de la mobilité ». « Notre mission, elle sera difficile, elle prendra du temps, elle sera exigeante avec toutes et tous. Ce sera de faire que les Français de confession musulmane soient toujours plus fiers d’être Français que fiers d’être musulmans. »

La non-interdiction du voile à l’université 

Au nom de sa conception d’une laïcité de liberté plutôt que d’interdit, Emmanuel Macron se prononce contre l’interdiction du voile à l’université car, à la différence de l’école où les individus sont mineurs, « l’université est le lieu des consciences éclairées et adultes. »
Selon Emmanuel Macron, l’interdiction du voile à l’université serait contre-productive : « Ce qui trouble, c’est le risque que cette jeune femme voilée ait subi une pression maximum, qu’elle ait été contrainte. Il n’empêche : interdire le voile à l’université, c’est paradoxalement interdire à cette jeune femme d’avoir ce qui serait peut-être la seule expérience qui lui permettrait de sortir de sa communauté, d’accéder à un universel, au savoir, à des expériences qui pourraient l’émanciper. En lui refusant cet accès, on renforcerait le communautarisme puisqu’elle serait renvoyée à son quartier, à sa situation, à son confinement social. En ce sens, les laïcistes favorisent le communautarisme dans les quartiers car ils recréent du clivage. Ils favorisent une identité qui se construit contre la République au prétexte que cette république exclurait. »



Une nouvelle offre politique

« Le clivage qui est dans notre pays, c’est un clivage entre le repli et l’ouverture, entre les conservateurs et les progressistes. »
Diagnostic

Gauche contre Droite : un clivage dépassé…

La vie politique française s’est longtemps construite sur l’opposition entre la droite et la gauche. Or, les valeurs incarnées historiquement par la gauche et la droite ne correspondent plus à la réalité actuelle des partis. De plus, l’opposition idéologique de la gauche et de la droite est mise à mal par les défis du vingt-et-unième siècle : « la gauche et la droite telles qu’elles se sont construites, telles qu’elles structurent la vie politique française sont caduques ».

… qui entrave l’action politique

Le jeu des partis pousse au compromis : pour rassembler il faut flatter et ne pas contrarier. Emmanuel Macron explique ainsi qu’il a « touché du doigt les limites de notre système politique » qui « pousse à des compromis de dernière minute car le travail d’explication est rarement mené ». Les idées sont mises de côté pour ne pas déranger l’organisation partisane, parce qu’assumer ses convictions risque de froisser certains. Du coup, nous assistons, à chaque élection, au même spectacle. La gauche et la droite choisissent leur candidat, puis vont chercher des voix au centre, essayant de « compenser ce consensus inachevé dans son camp » avant de prétendre rassembler « en disant : l’ennemi, c’est le Front national ». Puis, une fois les élections gagnées, vient l’heure du bilan par quoi on aurait dû commencer, et des désillusions : « on demandera à la cour des comptes ou à quelqu’un d’autre de faire le bilan du pays » et « on dira “finalement c’était encore plus grave que ce qu’on avait pensé” et donc il faut peut-être un peu réadapter les choses ».

Le nouveau clivage pertinent : conservateurs contre progressistes

La division actuelle est entre, d’un côté, « celles et ceux qui croient au progrès, à la transformation radicale » et, de l’autre, « celles et ceux qui ne veulent pas ces changements ou prônent le repli ». Deux réactions sont possibles face aux nouveaux enjeux sociaux et économiques, le repli vers le passé ou le pari sur l’avenir : « le clivage qui est dans notre pays, c’est un clivage entre le repli et l’ouverture, entre les conservateurs et les progressistes ». Si Emmanuel Macron se revendique de gauche : « c’est mon histoire familiale, personnelle, mes filiations, mes indignations » ; il affirme aussi que les progressistes n’appartiennent ni à la droite, ni à la gauche : « le progressiste, c’est celui qui croit dans la liberté, dans un rapport à la justice, dans la société ouverte, dans l’Europe, c’est surtout ceux qui n’ont pas peur de voir la France telle qu’elle est, et qui la regardent en face ».
Action

En Marche !

En Marche a pour vocation d’enclencher une dynamique de renouvellement du paysage politique. C’est un mouvement politique ouvert à tous, qui va « au-delà des clivages politiques obsolètes ». Emmanuel Macron l’affirme : « J’ai décidé qu’on allait créer un mouvement politique nouveau. C’est-à-dire un mouvement politique ni à droite, ni à gauche. L’idée de ce mouvement politique c’est une dynamique face aux blocages de la société, c’est essayer d’avancer. Ce mouvement à un nom : En Marche ». Permettre à la France de changer et d’avancer n’est possible qu’avec les Français, à qui la décision politique n’aurait pas dû être confisquée. C’est pourquoi « la vocation de ce mouvement est de rendre à l’ensemble des Français la place qui n’aurait jamais dû cesser d’être la leur : non pas le décor de la vie politique, mais son cœur ». L’action d’En Marche est avant tout celle de ses adhérents qui apportent leurs idées et leur volonté dans les 2500 comités locaux, présents partout en France.

Prendre le meilleur de chacun

En marche ne renie pas l’héritage du passé. La force de ce mouvement est de faire appel à celles et ceux qui se retrouvent dans un ensemble de valeurs très claires : « l’attachement au travail, au progrès et au risque, une égale passion pour la liberté et la justice, un attachement européen profond et exigeant, une croyance inébranlable dans l’énergie de notre pays, pour lui redonner confiance ». Ces valeurs n’appartiennent à aucun clan politique. On entend souvent que « la gauche, sa mission, c’est l’égalité, donc elle va faire des normes, il y a des contraintes » et, de l’autre côté, que « la droite a le monopole de la liberté » et va « enlever telle norme, baisser les impôts, etc. » Emmanuel Macron refuse un tel positionnement : « On va réconcilier les deux, parce que cela fonctionne ensemble » et que comptent avant tout celles et ceux qui sont prêts à apporter des réponses concrètes.
Concrètement, il est donc possible d’adhérer à En Marche tout en étant membre d’un autre parti politique. Il y a une volonté d’accepter toutes les bonnes volontés sans les logiques d’appareils qui minent souvent les partis politiques traditionnels.

Une démarche citoyenne

En Marche part des Français, de leurs désirs, de leurs espoirs, de leurs préoccupations. Le diagnostic sur lequel se fonde Emmanuel Macron n’est pas celui d’experts. Il vient de la confrontation de plus de 25 000 témoignages recueillis pendant trois mois par des milliers de volontaires car « le bilan ça ne se fait pas deux mois après l’élection, c’est maintenant qu’on doit faire le bilan, c’est ce diagnostic que je demande à travers la Grande Marche ». Ce diagnostic a été restitué pendant le mois d’octobre lors de trois rassemblements à Strasbourg, au Mans et à Montpellier et il a permis d’établir un plan d’action. Ce n’est pas un programme politique classique, c’est « un plan d’action, c’est-à-dire des propositions concrètes avec un calendrier, avec des engagements, c’est-à-dire un plan de transformation ».



La lutte contre le terrorisme

« On peut naître en France, être Français, avoir passé toute son enfance à l’école de la République, avoir bénéficié de notre modèle social, et haïr la France, détester ce qu’elle incarne, détester les personnes qui nous entourent, au point de vouloir les détruire. » 

Diagnostic

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Des terroristes français.

Depuis 2012 et notamment les attaques perpétrées par Mohammed Merah, la France est la cible d’attaques répétées d’individus se réclamant de la pensée islamiste radicale. Ces terroristes barbares ne sont pas issus de l’étranger. En effet, pour leur majorité, ils sont nés sur le territoire français. Ils sont des « Enfants de la République ». A cet égard, « on peut naître en France, être Français, avoir passé toute son enfance à l’école de la République, avoir bénéficié de notre modèle social, et haïr la France, détester ce qu’elle incarne, détester les personnes qui nous entourent, au point de vouloir les détruire. »

Une responsabilité collective

L’idéologie n’est pas l’unique cause de la situation actuelle. Ainsi « le tiers de ceux qui partent de notre pays pour faire le djihad ne sont pas nés musulmans ». A contrario « près de 20% des engagés volontaires de l’armée de terre sont d’origine étrangère si l’on remonte une génération ».
Bien sûr, l’idéologie islamiste est la principale source du mal, mais elle n’aurait pas une emprise si grande sur les « enfants de la République » si cette dernière n’avait pas laissé tomber une partie de sa jeunesse. Pour Emmanuel Macron, « notre économie a produit de l’anomie, de l’exclusion, des destins individuels qui ont pu conduire certaines et certains à aller jusqu’à ces atrocités ».

Le défi de notre génération

Le défi lancé par le terrorisme international n’est pas qu’un défi de sécurité. C’est un défi qui est « au croisement de batailles économiques, sociales, culturelles, spirituelles aussi, parce que ces assassins ont cherché à atteindre ce que nous sommes, semer la terreur, le doute, le poison des divisions ». Ce défi ne fait que commencer et il concerne toute notre génération, il s’inscrira dans la durée.
Action

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Tenir bon ensemble

Rien ne peut être cédé aux terroristes, le rôle des Français, notre rôle, est de « continuer à nous tenir debout dans ce que nous sommes, de continuer à faire, à agir, à croire dans notre pays qui en sortira plus fort encore ». Les décideurs ont aussi leur rôle à jouer, celui d’avancer tout en ne laissant rien à la peur et aux divisions. Ils doivent garder leur sang-froid et poursuivre leur travail de longue haleine.

Réfuter les populismes

Face à la montée des extrêmes et les amalgames de certains responsables politiques, Emmanuel Macron estime qu’« être Français, ça n’est pas seulement une question de droit du sol, de droit du sang, de droit d’asile ou de papiers d’identité. » En fait, « toutes celles et ceux qui s’engagent pour la France, qui veulent la France au quotidien, tous ceux-là sont Français. »
Par ailleurs, face à la promesse d’une inflation législative comme seule arme face à la recrudescence des crimes terroristes, Emmanuel Macron considère que notre arsenal législatif est suffisamment doté pour lutter face à ce fléau. Il appelle surtout à « transformer notre approche collective de la sécurité », mais aussi à passer « de l’état d’urgence à une société de vigilance ». Une société dans laquelle chacun est amené à prêter attention à ce qui l’entoure et à être vigilant afin de faciliter le travail des forces de l’ordre et des secours.
En outre, face à la proposition « dangereuse » faite notamment par certains à droite d’interner administrativement les fichés S, Emmanuel Macron conteste la pertinence d’une réforme qu’il considère comme « inefficace et non démocratique ». Considérant que « personne ne peut identifier la dangerosité d’untel ou d’untel, ce n’est pas en faisant des propositions dangereuses que nous parviendrons à diminuer le danger. » Par ailleurs, « nos services de renseignement déconseillent de prendre de telles mesures. »

Recréer une société de l’inclusion

Pour Emmanuel Macron, la faillite des élites mais aussi celle du modèle éducatif et social ont leur part de responsabilité dans l’émergence d’un extrémisme qui a trouvé l’Islam pour véhicule et étendard. Pour ce faire, il considère que nous devons construire « la nouvelle prospérité ». « Sans progrès, où chacune et chacun trouvera sa place, on ne peut pas prétendre à la cohésion sociale, on ne peut pas prétendre à justement répondre à ces doutes, on ne peut pas prétendre à une vraie cohésion. »
Selon Emmanuel Macron, nos sociétés sont profondément menacées par des « inégalités économiques et sociales, mais aussi des inégalités de destin, puisque, de plus en plus, nos origines sociales, ethniques et géographiques déterminent notre réussite à l’école ou dans le monde du travail. »
La France est bloquée, la France est injuste. C’est cette « France qui devient insupportable pour autant de nos concitoyens, qu’ils habitent dans les territoires ruraux les plus enclavés ou dans les quartiers qui, eux aussi, pâtissent de cet enclavement social, et parfois ethnique »
Il faut pour cela croire et développer une « société du choix, c’est-à-dire libérée des blocages de tous ordres, d’une organisation datée, où nous serions plus aptes à choisir nos vies. »
Cette volonté doit être portée par « une volonté politique forte, parce que vouloir le progrès, c’est vouloir une nation entreprenante et exigeante qui assure une place à chacun. » C’est en offrant cette place que la société française parviendra à éradiquer les racines du terrorisme.



De la défiance à la confiance

« Les français ont de moins en moins confiance dans leurs responsables politiques, de moins en moins confiance dans leurs élites. Or, lorsque le cercle de la défiance s’est installé, on n’avance plus ensemble. »


Diagnostic

Restaurer la confiance économique

La dynamique vertueuse de la confiance

La nécessité de restaurer la confiance dans la sphère économique découle d’un constat : les Français sont parmi « les plus pessimistes du monde en ce qui concerne leur avenir économique ». Dès sa prise de fonction au ministère de l’économie et des finances en août 2014, Emmanuel Macron pose comme objectif de « restaurer la confiance ». En effet, « l’économie n’est pas une science exacte, elle est faite par les hommes, elle est faite de psychologie ». La confiance entre ces acteurs constitue un déterminant central du bon fonctionnement du système dans son ensemble.
Le niveau de défiance peut ainsi être observé concrètement dans l’économie, « on le mesure macro-économiquement dans le taux d’épargne des ménages et dans le faible taux d’investissement des entreprises ». Créer de la confiance, c’est donc au contraire mettre en place « une dynamique vertueuse », qui donne aux acteurs l’envie d’investir et de mobiliser leur épargne, puisqu’il existe aujourd’hui en France « de l’argent qui peut être réinvesti, qui peut être re-dépensé si les Français ont le sentiment que les choses changent et se débloquent ».

Une confiance inclusive

La confiance doit être restaurée à tous les niveaux et s’adresser à tous les acteurs de la vie économique. « Les investisseurs étrangers doivent avoir confiance dans notre pays » tout comme « les Français doivent avoir confiance en eux-mêmes ». Cette confiance doit aussi être donnée aux entrepreneurs et aux hommes et femmes de terrain, car « pour libérer l’activité, il faut faire confiance et laisser ceux qui sont sur le terrain, au plus près de la réalité, faire les choix qui les concernent ».
On observe par ailleurs aujourd’hui des effets de fermeture dans l’économie française qui entretiennent directement un esprit de défiance dans la société « Quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre ». Il s’agit donc en d’autres termes de « restaurer l’égalité des chances économiques », puisque c’est précisément ce manque de confiance et ces fermetures qui engendrent « les pertes d’opportunité, les plafonds de verre », eux-mêmes débouchant sur l’« inefficacité économique ».

Restaurer la confiance politique

La défiance envers les responsables politiques

Les volets économique et politique sont intrinsèquement liés puisque les institutions et leurs représentants ont une influence majeure dans la construction de la confiance à la fois au sein de la sphère économique et au sein de la société française.
Combattre la défiance est un projet politique répondant à l’analyse selon laquelle « les Français ont de moins en moins confiance dans leurs responsables politiques, de moins en moins confiance dans leurs élites », voire même que les responsables politiques se font eux-mêmes de moins en moins confiance. « Quand l’un bouge, on lui prête toujours de mauvaises intentions, des sous-entendus ». La défiance est aujourd’hui un déterminant incontournable de la vie politique française, comme Emmanuel Macron le reconnaît : « Ce problème de défiance, je le mesure chaque jour et nous le coproduisons chaque jour ».

Un danger pour la communauté nationale

L’innovation est bloquée par le manque de confiance dans le domaine économique comme dans le domaine politique. Pour ces raisons, le débat public ne doit pas se nourrir de la défiance, mais au contraire s’ouvrir et chercher à restaurer la confiance. « On ne doit pas caricaturer les débats difficiles. On ne doit pas les simplifier, on ne doit pas les hystériser ».
De même, les questions de sécurité doivent trouver une réponse qui ne participe pas à entretenir un contexte de méfiance envers l’autre, comme Emmanuel Macron le souligne : « Je pense qu’on peut protéger, dans le plein respect des libertés individuelles. Je crois même que la vraie sécurité se construit dans la liberté des individus, sinon vous continuez à produire de la défiance dans la communauté nationale et, ce faisant, vous l’affaiblissez progressivement ».
La base de la confiance dans la société française s’est construite autour de la notion d’égalité, un pacte entre les citoyens qui semble aujourd’hui brisé « nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité ».
Action

Les réformes économiques

C’est en octobre 2014, lors de la présentation de son projet de loi pour libérer l’activité en conférence de presse, qu’Emmanuel Macron définit la défiance comme l’une des trois grandes maladies de l’économie française. Il présente son paquet de réformes comme une première démarche vers la restauration de la confiance au sein de l’économie française se fondant sur les trois axes « libérer, investir, travailler ».
Restaurer la confiance est un objectif de long terme car « il n’y a pas une grande mesure, il n’y a pas une grande réforme, parce que ça n’existe pas ». En revanche il existe « des mesures concrètes à prendre sur tout un tas de secteurs de notre économie avec les Français et pour les Français afin de débloquer de manière très concrète, de rénover notre économie et notre société ». Il est essentiel que celles-ci répondent à des objectifs clairs et ambitieux « pour que l’économie ne soit pas une fatalité ». Les réformes portées par Emmanuel Macron lors de son exercice en tant que ministre de l’économie étaient la première étape.

La transparence

« Faire confiance, ça veut d’abord dire être transparent ». Il faut « mettre de la transparence partout » afin de restaurer la confiance économique mais aussi d’assurer au débat public ouverture et maturité.  La transparence constitue évidemment un remède à la défiance envers les responsables politiques.
En ce qui concerne les réformes économiques, « chacun des instruments qui est proposé, qui est porté, doit être transparent ». En tant que ministre de l’économie, Emmanuel Macron s’était ainsi engagé à ce que « toutes les décisions que nous décidons de porter » soient « transparentes, pour restaurer la confiance ».

L’ouverture

L’ambition globale doit être celle de « changer cette société en l’ouvrant ». Celle-ci doit d’abord s’exprimer par l’ouverture des débats, « il ne doit pas y avoir de débat interdit ».
La confiance dans la vie économique peut être restaurée en s’adressant à tous sur un plan individuel : « Nous avons besoin d’ouvrir certains secteurs, d’ouvrir certaines professions, de faciliter les accès, aux plus jeunes, aux plus démunis, à ceux qui voudraient faire plus ». C’est aussi agir en faveur de l’innovation et accepter de prendre des risques.
Enfin, l’ouverture extérieure au monde, notamment dans le cadre du projet européen, constitue un aspect central de cette vision politique.



Le travail le dimanche

« Le travail du dimanche, ça n’est (…) pas une innovation, c’est une réalité ; près de 30 % des Français, de manière régulière ou occasionnelle, travaillent le dimanche ». « Qui serions-nous pour dire à quelqu’un qui souhaite [travailler plus] que c’est impossible ? » 

Diagnostic

Le travail dominical, une réalité pour beaucoup de Français

Aujourd’hui et contrairement aux idées reçues, « près de 30 % des Français, de manière régulière ou occasionnelle, travaillent le dimanche ». « Le travail du dimanche, ça n’est (…) pas une innovation, c’est une réalité ». Et cette réalité s’accompagne d’un autre constat indissociable : l’évolution des rythmes de vie et des habitudes de consommation dans la société française. La consommation des Français ne s’arrête plus brutalement le dimanche. Affirmer le contraire c’est nier la transformation de notre société avec l’avènement d’Internet. « Ce monde de l’Internet, c’est, » entre autres, « celui d’Amazon (et) dans le monde d’Amazon, il y a un quart du chiffre d’affaires qui est fait le dimanche ». Face à ce diagnostic clair, un choix s’offre à notre pays. Décider de laisser les emplois et le chiffres d’affaire « à de grands groupes étrangers qui opèrent sur Internet et qui paient moins d’impôts en France (plutôt qu’à) des commerces français que l’on n’autorise pas à ouvrir ».

Une réglementation complexe, source d’inégalités territoriales et salariales

La question du repos hebdomadaire dominical a toujours été source de contestation. La loi de 1906 qui en fixe les principes a ainsi nécessité plus de quatre années de débats. Elle prévoit qu’ : « il est interdit d’occuper plus de six jours par semaine un même salarié. Le repos hebdomadaire doit avoir une durée minimale de vingt-quatre heures consécutives. Le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche ».
Dès le départ un principe de réalisme a imposé de prévoir des dérogations sectorielles, dont le contour a toujours été source de contestation.
En plus des dérogations sectorielles un ensemble de mesures territoriales avaient été mis en place. Jusqu’à présent, « différents systèmes de dérogation à l’interdiction de droit commun – qui est de ne pas travailler le dimanche » étaient mis en place. Ces dérogations « n’étaient pas toujours lisibles pour les Français et faisaient l’objet de controverses indébrouillables ».
La loi Mallié de 2009 a notamment défini 41 zones d’exception (PUCE) qui permettaient aux grandes surfaces commerciales d’ouvrir tous les dimanches, avec des règles de compensation généreuses pour les salariés. A l’inverse, le travail dominical au sein des commerces dans les zones touristiques n’était assorti lui d’aucune obligation sur le plan social, le dimanche étant considéré pour ces commerces comme un jour banalisé. « Aujourd’hui, dans notre pays, il y a beaucoup d’endroits où le travail du dimanche se fait sans ces compensations, sans que les salariés ne soient protégés ».
Cette distorsion entre les PUCE – zones périphériques – et les zones touristiques – centre-villes – en matière de régime social posait un vrai problème d’injustices et d’inégalités.
Action

Un zonage plus transparent pour plus de justice territoriale

Avec la loi Macron, trois catégories de zones sont instaurées dans lesquelles les employeurs peuvent faire travailler les salariés consentants le dimanche. Les PUCE et les zones touristiques sont ainsi remplacées par les zones commerciales (ZC) et les zones touristiques (ZT). Les zones de rayonnement international, particulièrement attractives pour les touristes, sont délimitées en zones touristiques internationales (ZTI).
Le décret, sans dessiner la carte des ZC, des ZT et des ZTI, fixe les critères pour les délimiter.
Une zone commerciale est ainsi définie selon des critères de superficie (supérieure à 20 000 m2), de clientèle annuelle (supérieure à 2 millions) ou d’implantation géographique (unité urbaine de plus de 100 000 habitants).
Une zone touristique est définie selon ses capacités d’accueil en matière de tourisme (nombre de villages de vacances, de chambres d’hôtes, de terrains de camping, etc.).
Les zones touristiques internationales doivent elles répondre à quatre critères : I) rayonnement international défini en matière commerciale ou culturelle ou patrimoniale ou de loisirs, II) desservies par des infrastructures de transports d’importance, III) connaître une affluence exceptionnelle de touristes hors de France, IV) bénéficier d’un flux important d’achats effectués par des touristes résidant hors de France.
C’est donc un principe de généralisation et de rationalité qui doit être appliqué, il faut répondre à une demande existante pour « créer de manière certaine des emplois ».

Plus de libertés pour les maires

La loi Macron permet également aux maires « d’autoriser l’ouverture des commerces jusqu’à 12 dimanches par an. C’est une liberté supplémentaire donnée aux élus afin de permettre, là où cela se justifie, d’autoriser les commerces de centre-ville à ouvrir ». Permet car, « dans de nombreuses villes, il n’y aura qu’un ou deux dimanches autorisés, car plus n’aurait pas de sens ! »
Elargir le travail dominical sans le généraliser, en rapprochant la décision des territoires par le biais d’acteurs locaux mieux placés pour connaître les besoins du terrain, voilà le sens de cette réforme.

Généralisation de la compensation salariale

Pour la première fois, la loi Macron pose comme grand principe que « partout où le commerce de détail ouvre le dimanche, il faudra un accord de branche, ou d’entreprise, ou de territoire ». Sans cet accord, l’autorisation d’ouverture ne peut être donnée et c’est également dans le cadre de l’accord que les règles de compensation sont définies.
De plus, le principe du volontariat doit être assuré par l’établissement par le biais d’un document écrit explicite. Le salarié est ainsi en droit de refuser et toute sanction ou mesure discriminatoire en son encontre, sur ce motif, est rendue illégale.



L’identité française

« Oui, nous avons une identité française, avec ses origines. Mais au milieu, il y a des athées, des catholiques, des protestants, des juifs, des musulmans, tous de l’identité française. C’est cela, notre identité » 

Diagnostic

L’identité française comme force et projet de ce que nous sommes

Rappeler l’identité française au-delà de sa propre histoire


« J’y crois, je suis attaché à cette identité française ».  L’identité française représente une idée de la France pour Emmanuel Macron. Il ne faut pas détacher cette idée de son origine historique, car l’identité française n’est pas, par définition, « un grand tout dans lequel tout se mélange, tout n’aurait que la même importance ». Les origines de la France sont réelles et il faut savoir les « nommer » : le christianisme et le judaïsme font intégralement partie de notre construction historique tout comme l’héritage romain qui a forgé notre conception du droit. « Mais est-ce qu’elle n’est que ça ? ». L’identité française, c’est aussi et surtout autre chose. C’est une force qui transcende l’histoire et qui se retrouve dans un projet que l’on veut écrire ensemble.

 Une identité en perpétuel mouvement

Cette identité n’est pas fixe, elle est en perpétuel mouvement, elle suit les mouvements de notre société comme elle se nourrit de ses multiples visages. Emmanuel Macron voit en la construction de l’identité française un « un projet, sans cesse recommencé ». La France a certes des origines chrétiennes mais elle est aujourd’hui multiple et présente une mosaïque aux couleurs de ses différentes migrations, religions, cultures et idées qui la compose. L’identité française n’est en rien « quelque chose qu’on veut nous enlever », bien au contraire, elle est et se doit d’être « ce qui nous fait avancer, ce que nous sommes en train d’inventer ».

La question de l’identité face à de nouveaux enjeux

La question de l’islam et la force de notre République


 Aujourd’hui, la question de l’identité se pose au centre du débat public et politique. Les récents évènements tragiques qui ont frappé la France ont conduit à stigmatiser l’islam au sein de notre société. Cependant, la notion d’identité ne peut être perçue comme un vecteur d’exclusion. Bien au contraire, la laïcité et les valeurs républicaines permettent de faire que « chacun doit pouvoir se reconnaitre dans sa religion librement ».
La laïcité constitue « un principe de liberté » mais en rien un « combat contre une religion, contre l’islam ». Prendre cette voie « serait une erreur fondamentale » pour Emmanuel Macron qui défend l’Islam, une religion qui est « compatible avec la République ». Les seuls « ennemis sont les djihadistes, Daesh, mais Daesh ce n’est pas l’islam »

 La mondialisation et le danger de la division


L’autre erreur dénoncée par Emmanuel Macron est celle d’une identité construite en réaction à la mondialisation. Le prisme de la mondialisation redéfinit nos frontières et la multiplication des échanges transforme profondément notre modèle économique et notre structure sociale. Emmanuel Macron s’attache à comprendre ce processus et décrit « deux France », l’une enthousiaste de ces mouvements et, l’autre, inquiète et sans repère face à cette mondialisation. Mais il faut agir contre cette dualité selon Emmanuel Macron, « parce que notre volonté n’est pas de cacher le monde tel qu’il va » mais bien de « réconcilier ces deux France. C’est de les remettre ensemble. Parce que avoir deux France, c’est contraire à la France ».
Action

Défendre et protéger nos valeurs républicaines

Faire valoir la laïcité face à nos propres divisions

Emmanuel Macron appelle à donner un nouveau souffle à notre définition et nos représentations de la laïcité. Pour lui, « la laïcité n’est pas un mot daté, un mot ringard comme certains voudraient le faire dire.  La laïcité protège des identités fermées, elle permet de veiller à ce que justement nul ne soit assigné à résidence par son identité ou par sa religion ». Il faut donc défendre la laïcité de la République, sans pour autant que la laïcité ne soit le prétexte à l’exclusion des communautés religieuses au sein même de notre communauté nationale. « Ne tombons pas dans une vision rétrécie de la laïcité ». Son idée de la laïcité n’est pas de produire frénétiquement « de nouveau texte pour chasser le foulard à l’université, aller traquer dans les sorties scolaires celles et ceux qui peuvent avoir des signes religieux ». Emmanuel Macron voit dans les règles de la République notre principale force de rassemblement, où la laïcité prend justement son « sens plein et entier ».

La construction de notre identité : émancipation et autonomie des individus

En affirmant les origines chrétiennes de la France mais en définissant l’identité comme mobile et multiple, Emmanuel Macron réaffirme cette volonté de construire un nouveau projet national autour d’une identité française dans laquelle chacun peut se reconnaître et de laquelle personne ne serait exclu.  L’émancipation des individus est au cœur même du fondement de notre République. En effet, notre modèle politique « a reposé sur un combat qui a été un combat pour l’émancipation, pour l’autonomie des individus, indépendamment de toute religion ou appartenance. C’est ça la République ».

L’identité française, un vecteur et une force de rassemblement

Ouvrir la voie de la réconciliation

 « La France réussira si elle parvient à réconcilier les France. Celle qui aime le cours du monde et celle qui le craint. Celle qui croit en elle et celle qui doute. Non pas une unité factice, qui nierait nos différences, mais une réconciliation qui trace un chemin qui nous est commun pour que la France continue d’embrasser son destin. ». Il s’agit ici, à travers l’identité nationale, de réunir les courants opposés qui composent la France, de former une cohésion nationale autour d’un projet pour la France, rejetant les différences de culture, de religion, de sexe, d’opinion, d’âge, etc.  L’idée d’Emmanuel Macron est celle de construire un projet par et pour tous les français.

Un projet ouvert qui s’écrit aussi en Europe

Selon Emmanuel Macron, l’identité « ce n’est pas quelque chose qui nous diviserait, ce n’est pas quelque chose qu’on veut nous enlever, parce que l’identité française, c’est un projet, c’est ce qui nous fait avancer, c’est ce que nous sommes en train d’inventer. L’identité française, ce n’est jamais étriqué ». L’Europe est, en ce sens, un enjeu majeur pour notre société. L’ouverture des frontières au sein de l’UE, notamment à travers la création de l’espace Schengen en 1985, ne doit pas être vue comme une perte d’identité mais comme une source génératrice d’opportunités. Si ces « bouleversements viennent bousculer notre pays, c’est cela qui crée encore plus qu’hier la nécessité de refonder les choses ». Car c’est bien cela le propre de notre identité, d’être un « projet ouvert, un projet fou, au fond, forgé sur une culture et recherchant l’universel. Exigeant et généreux. C’est cela notre espoir au fond. Cela n’a rien d’évident. Mais c’est nous ».



La lutte contre les discriminations

  « Si l'on est jeune et que l'on a un prénom à consonance arabe, réputé d'origine musulmane, on a quatre fois moins de chances d'avoir un entretien d'embauche, et presque trois fois moins de chances d'en obtenir un lorsqu'on a un prénom à consonance juive, que lorsqu'on a un prénom plus "classique" ».
Diagnostic

Une société de fermetures

La situation de la France au regard des discriminations n’est pas satisfaisante. En particulier concernant les discriminations à l’embauche et dans l’emploi. « Il y a dans notre pays, des barrières, des plafonds de verre » explique Emmanuel Macron. En effet, un jeune en France a une chance sur cinq d’être durablement au chômage.
« Pire, si l’on est jeune et que l’on a un prénom à consonance arabe, réputé d’origine musulmane, on a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche, et presque trois fois moins de chances d’en obtenir un lorsqu’on a un prénom à consonance juive, que lorsqu’on a un prénom plus « classique » ».
Ces données statistiques, issues de l’étude de l’Institut Montaigne d’octobre 2015, sont édifiantes. Ainsi, même avec un diplôme du supérieur, les jeunes issus des zones urbaines sensibles restent encore très discriminés à l’embauche (50% de jeunes des « quartiers » sont au chômage).

Une société en mutation

Dans notre société en mutation, qui connaît une révolution numérique sans précédent, la guerre des talents devient un enjeu majeur. Les défis sont économiques et sociaux. Nos usages, notre façon d’innover et notre façon d’entreprendre sont transformés par cette révolution économique. « Cette grande transformation du monde implique de créer partout où c’est possible le maximum d’emplois et d’attirer les talents pour pouvoir créer des emplois à forte valeur ajoutée ». Sortir du statut quo et d’un taux de chômage à 10% de la population (dont 25% de jeunes) devient alors indispensable pour faire en sorte que la France gagne dans cette mondialisation.
Or, les statistiques analysant le profil des jeunes entrepreneurs, notamment les fondateurs de start-up, soulignent que la majorité de ces derniers est issue de milieux aisés. Il reste toujours plus facile aujourd’hui de se lancer dans un projet entrepreneurial avec la part de risques souvent élevés que celui-ci implique lorsque la famille, les parents, sont là pour aider – fournissant en quelque sorte « l’assurance-risque » pour se lancer. Face à ces inégalités de naissance ou de départ, il est nécessaire de proposer une remise à plat la plus juste possible.
Afin de permettre à chacun de s’émanciper, il convient d’inventer les mécanismes de demain qui permettront de niveler l’impact des inégalités de naissance et de manière générale des inégalités qui naissent des déterminismes sociaux en ce qu’elles constituent des freins à la capacité d’entreprendre et de choisir sa vie.

Une société de la diversité pour plus d’efficacité

Les discriminations représentent un coût pour ceux qui en sont victimes mais aussi pour les entreprises. En discriminant, celles-ci se détournent d’une amélioration de leur performance et de leur compétitivité, car « elles se privent d’une part de la société française ». Ainsi, d’après un rapport de France Stratégie de septembre 2016 : « La réduction des écarts de taux d’emploi et d’accès aux postes élevés permettrait un gain de 6,9 % du produit intérieur brut (PIB), soit environ 150 milliards d’euros sur la base du PIB français de 2015 ». Il y a donc un aspect moral à la lutte contre les discriminations, car celles-ci sont illégales et contreviennent à l’égalité des chances, mais il y a aussi un aspect rationnel d’efficacité économique.

Action

Principes

Promouvoir l’égalité réelle :

L’opposition entre égalité formelle et égalité réelle exprime le fait que l’égalité en droit prévue par la Déclaration de 1789 n’a pas vraiment de sens lorsque certains individus n’ont même pas les moyens d’assurer à peu près correctement leurs conditions matérielles d’existence. Etre tous traités de la même manière par la loi (égalité formelle) cela ne signifie pas avoir tous les mêmes conditions matérielles minimales d’existence (égalité réelle).
Promouvoir l’égalité réelle passe par la simplification des normes. « Quand on simplifie, on donne un accès ». On a trop souvent « fermé les choses, en mettant des règles, en protégeant ». Les plus fragilisés socialement en souffrent car ce sont « ceux pour qui c’est le plus difficile de rentrer dans les règles, pour se déplacer, avoir le permis de conduire, se former, se repérer, trouver un stage, un emploi ». Il faut ainsi renouer avec la liberté afin de redonner une réelle égalité d’opportunités pour tous.

Intégrer davantage 

Ouvrir le processus de recrutement à des profils nouveaux et variés est dans l’intérêt des entreprises. Pour cela, il faut les inciter et les encourager à intégrer davantage, si besoin en les récompensant. Telle est d’ailleurs l’idée du Trophée du « Top Ten des recruteurs de la diversité », lancé le 05 février 2016 par Emmanuel Macron. Les meilleures pratiques en matière de recrutement se voient ainsi valorisées.

Valoriser l’expérience 

Valoriser l’expérience et les compétences davantage que le diplôme et laisser plus de place à l’initiative sont des pistes qui doivent guider l’action publique. La jeunesse inventive, qui veut créer et qui veut s’en sortir doit ainsi trouver facilement les moyens de le faire. « Quand on a envie de réussir, on doit pouvoir le faire d’où qu’on vienne, en fonction de son mérite et de son engagement ».

Propositions

Détecter les comportements discriminants

Renforcer les pratiques en matière de « testing » des entreprises est une nécessité. Cette technique vise à simuler des situations réelles pour identifier de possibles pratiques discriminatoires. La méthode consiste donc à envoyer aux entreprises des CV identiques mais en faisant varier les origines géographiques ou ethniques des candidats. « Il faut être beaucoup plus dur, ce ne l’est pas assez dans la pratique », a ainsi déjà préconisé Emmanuel Macron. Le but est d’identifier et de sanctionner les entreprises qui discriminent.

Favoriser l’entrepreneuriat 

Favoriser l’entrepreneuriat peut être une réponse pour les jeunes des quartiers sensibles qui sont deux fois plus au chômage que les autres. En effet, c’est une forme d’insertion dans l’économie et cette entrée dans la vie professionnelle peut et doit pouvoir se faire par le travail indépendant. L’autonomie individuelle et la mobilité peuvent ainsi redonner des perspectives à ces jeunes qui voient bien souvent leurs « vies bloquées ». Il faut leur donner la possibilité de réussir et, pour cela, il faut que l’Etat cesse de « tout paramétrer, de bloquer ». Lutter contre les inégalités d’accès devient alors une priorité.

Moderniser notre système de qualifications 

Redonner des chances et des accès passe par un système de qualifications plus performant. Pour cela, il faut le renforcer et le transformer. « On a besoin de plus d’écoles tournées vers des métiers spécifiques d’avenir, vers des savoir-faire qui recrutent à tous les niveaux ». Les jeunes doivent pouvoir accéder, plus aisément, aux nouveaux métiers et aux nouvelles qualifications qui se développent. De même, pour ce qui concerne ceux qui souhaitent créer leur entreprise, il faut « leur donner la bonne formation », notamment pour éviter le risque de défaillance. « Le défi est de mettre tout le monde en situation de réussir comme il veut » pour ainsi renouer avec le principe républicain d’« élever chacun au-delà de ce qu’il est ».



Les causes sociales du terrorisme
 
« C’est un défi [le terrorisme] qui est au croisement de batailles économiques, sociales, culturelles, spirituelles aussi, parce qu'au fond qu'ont cherché à atteindre ces assassins ? Ils ont cherché à atteindre ce que nous sommes. Au-delà des morts qu’ont-ils voulu ? Ils ont voulu semer la terreur, le doute, le poison des divisions. »


Diagnostic

La résurgence du terrorisme en France

Depuis quatre ans, les attaques terroristes se sont multipliées sur le territoire français. Notre pays entre dans une période tragique, ce qui « n’était pas arrivé depuis la Seconde Guerre mondiale ». Le nombre et le bilan des attaques terroristes depuis 2012 attestent l’ampleur du phénomène (pas moins de 10 attentats, 255 morts et 684 blessés). Ainsi, « oui, l’histoire est redevenue tragique, et c’est un changement profond » auquel il faut répondre car il prend naissance au cœur de notre pays : « chez nous, dans notre pays, des jeunes qui avaient grandi non pas à l’autre bout du monde, mais chez nous, avec nous, dans notre école, dans notre système, ont décidé pour des causes folles, par fanatisme, de tuer, de détruire, d’attaquer le système ».

Des causes multiples, extérieures mais aussi intérieures

Extérieures

L’action terroriste ayant visé, en janvier 2015, Charlie Hebdo a été revendiquée par Al Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). L’auteur des actions commises au même moment à Montrouge et Porte de Vincennes à Paris a prétendu agir au nom de Daech, et cette même organisation a revendiqué les attaques commises à Paris et Saint-Denis en novembre 2015, puis à Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016. Ces réseaux terroristes constituent un enjeu stratégique pour la France qui demeure une cible, comme en témoignent régulièrement les déclarations de leaders ou membres d’Al Qaïda (basés en zone afghano-pakistanaise, au Yémen, au Sahel ou au Maghreb) et de Daech.

Intérieures

Lorsque l’on examine les causes du terrorisme en France, il faut aussi avoir le courage de regarder objectivement la situation, et ne pas se focaliser uniquement sur la réponse sécuritaire car « il y a une autre réponse que nous devons aussi apporter, et qui prendra du temps ». En effet, il ne s’agit pas seulement d’une « menace extérieure », d’un « crime qui viendrait d’autres pays » : « il faut regarder en face le fait que notre société, notre économie a aussi produit de l’anomie, de l’exclusion, des destins individuels qui ont pu conduire certaines et certains à aller jusqu’à ces atrocités ». Prendre conscience des origines intérieures du terrorisme, c’est aussi prendre la mesure des responsabilités et penser plus largement la réponse au terrorisme, « parce que notre défi, il est aussi intérieur ».
Action

Principes

La folie des hommes

Dire que le terrorisme est un défi intérieur, ce n’est en aucun cas minimiser l’importance de Daesh ou d’Al Qaïda, qui sont notre premier ennemi. Ils représentent « la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns ». Cela étant posé, il faut comprendre en quoi, en France, il y a « un terreau », et en quoi « ce terreau est notre responsabilité ».

Admettre notre responsabilité

Notre responsabilité s’articule autour de deux grands axes : la défiance et l’arrêt de la mobilité sociale. « Ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s’installer dans la société » et « de cette lèpre insidieuse qui divise les esprits » et qui, si nous n’y prenons garde, « les divisera plus encore ». De plus, « nous sommes une société où nous avons construit la capacité à fermer la porte » et cela conduit à une rupture d’égalité entre les citoyens : « quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre ». Ainsi, « nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité sociale ».

Propositions

L’action sécuritaire

Au lendemain des attaques du Bataclan et des terrasses parisiennes, Emmanuel Macron revient sur le dispositif sécuritaire mis en place par le gouvernement : « en ce moment même, nos forces de police et nos forces armées sont en train d’intervenir ». Ces moments de deuil et de tristesse sont également marqués « par la gravité du défi qui est le nôtre » : « le président de la République s’est exprimé à plusieurs reprises et, à ses côtés, le gouvernement a pris des mesures d’urgence et de sécurité sur le plan intérieur comme sur le plan international, et cela durera ».
La sécurité est un « défi » essentiel, mais ce n’est pas le seul et la réponse sécuritaire connaît aussi des limites. Il est important de créer une dynamique qui permette de répondre collectivement : « la réponse, elle est aussi économique, morale, sociale face à ce qui aujourd’hui nous touche et on ne peut pas considérer que l’on traite le problème, qu’on traite le mal en l’excluant de la communauté nationale ».

L’action collective

Les solutions de fond ne peuvent émerger que d’un projet commun, d’une action collective : « si collectivement, en tant qu’acteurs économiques », « nous n’apportons pas une réponse à la hauteur de ce défi, nous aurons là aussi manqué quelque chose ». Cette action collective ne s’adresse pas seulement aux acteurs économiques, mais à tous les citoyens qui veulent que la France gagne : « elle gagnera si toutes celles et ceux qui sont en place – et nous en sommes – décident de pousser encore davantage leurs ambitions, de se dépasser, de donner une place à celles et ceux qui n’en ont pas, ou trop peu, et donnent un sens à cet engagement collectif ».


La justice du travail

« Depuis 30 ans, le chômage n’est jamais tombé en dessous des 7%, notre système n’est pas efficace : au cours de l’année écoulée, seuls quatre pays de l’Union Européenne, dont le nôtre, n’ont pas réduit leur chômage ». Il est également « injuste, puisque les jeunes et les moins qualifiés sont les premières victimes de cette situation et inadapté car construit pour ceux qui occupent un CDI dans un grand groupe » 
Diagnostic

Un marché du travail, miroir des inégalités françaises

Un accès au travail limité, injuste et précaire…

 La France est confrontée aujourd’hui à 10% de chômage. Un chômage structurel et durable, qui ne date pas d’hier. En effet, « depuis 30 ans, le chômage n’est jamais tombé en dessous des 7% » et les plus touchés sont les jeunes, dont le chômage « n’est jamais tombé en dessous de 15% ». Trouver un emploi, et a fortiori un premier emploi est donc une épreuve dans un marché du travail « fracturé en deux », où « 80% des contrats existants sont à durée indéterminée », mais « 93% des nouveaux contrats que nous signons chaque année sont des contrats courts ».
Ainsi, notre système « n’est pas efficace : au cours de l’année 2015, seuls quatre pays de l’Union Européenne, dont le nôtre, n’ont pas réduit leur chômage ». Il est également « injuste, puisque les jeunes et les moins qualifiés sont les premières victimes de cette situation », et enfin « inadapté » car « construit pour ceux qui occupent un CDI dans un grand groupe », quand cela n’est plus la règle pour tout le monde dans les faits.

Pour les plus fragiles

Parmi les catégories les plus touchées figurent en premier lieu les moins de 30 ans, surtout lorsqu’ils sont peu ou pas qualifiés. Ainsi quand on a un bac+2, le taux de chômage est de 6 %. Quand on a obtenu le bac, il est de 11%. Toutefois quand on a seulement le brevet ou le CEP, il est de 17%. Ainsi, l’injustice est d’autant brutale qu’elle est arithmétique.
Depuis de nombreuses années, le diplôme pour ceux qui ont la chance d’en avoir un, n’est plus une arme suffisante contre le chômage. C’est toute une classe d’âge qui est confrontée à des difficultés d’insertion dans le marché de l’emploi.
De plus, c’est sans compter les discriminations qui touchent un nombre important de nos concitoyens. « Si l’on est jeune et que l’on a un prénom à consonance arabe, réputé d’origine musulmane, on a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche, et presque trois fois moins de chances d’en obtenir un lorsqu’on a un prénom à consonance juive, que lorsqu’on a un prénom plus « classique » ».

Un marché du travail sous le signe de la défiance.

Un code du travail rigide, complexe et procédurier

Le travail en France est étroitement encadré. Les normes sont nombreuses et complexes. Or « lorsqu’il y a trop de normes, lorsqu’elles s’accumulent, lorsqu’elles changent en permanence, c’est mauvais pour l’économie et c’est mauvais pour les plus faibles ».
Cette complexité, « c’est surtout le problème de celui qui n’a pas encore accédé au marché du travail ». En effet, celui pour qui il a été possible d’acquérir de l’expérience, de faire ses preuves, peut prétendre à un avantage que d’autres n’ont pas. Ainsi, la difficulté d’accès au travail salarié touche majoritairement les « outsiders », ceux qui de par leur parcours de vie et de formation sont automatiquement écartés du marché du travail.
Cette résultante est notamment la conséquence d’une défiance de l’employeur à l’égard du contrat de travail et de sa faible flexibilité. Emmanuel Macron affirme notamment que « les CDI sont trop compliqués à rompre ». Paradoxalement, les employeurs préfèrent aujourd’hui embaucher « … en CDD alors que ce contrat est plus cher pour l’employeur ».
Plus encore, aujourd’hui cette défiance vis-à-vis du cadre juridique du licenciement est moins la problématique des grands groupes que des TPE/PME pour qui le risque de sanction devant le juge peut engendrer la liquidation de leur activité, faute de moyen pour payer l’indemnité.
Trop complexe, trop rigide, la justice du travail, en France, est également très procédurière. En témoigne les délais à rallonge des jugements aux Prud’hommes : « En moyenne de vingt-sept mois », et « quatre ans à Paris ». Des délais qui ne sont bons ni pour les salariés, ni pour les employeurs, « en particulier là aussi les plus petits ». Parce que pour « un patron de TPE ou PME, ce sera une obsession de chaque jour, une incertitude de chaque instant, autant d’investissements qu’il ne fera pas, d’embauches nouvelles qu’il ne fera pas » ; parce que « pour le salarié fragile qui a une formation insuffisante et qui peine précisément au chômage, ces délais sont insoutenables ».  D’autant que seul 6% des affaires se terminent par une conciliation, quand en revanche, 65% vont en appel.

Face une société en pleine mutation.

 Si le carcan français demeure rigide, dans le même temps, le monde évolue. La société change, de nouvelles limites sont dépassées, notamment à travers les nouvelles technologies et internet.
Ainsi, nous vivons aujourd’hui dans le monde d’Internet, celui d’Amazon. Et « dans le monde d’Amazon, il y a un quart du chiffre d’affaire qui est fait le dimanche. Les Français, le dimanche, ils vont sur Amazon quand ils ne vont pas dans un magasin ».
Dans cette société en mouvement, « la réalité du pays c’est qu’on travaille plus de 35 heures », c’est que « presque 30% des français, de manière régulière ou occasionnelle, travaillent le dimanche ». La réalité de notre société se heurte au code du travail. Le cadre normatif doit par conséquent consacrer le besoin d’une plus grande souplesse.
Action

Principes

Une nécessité de simplifier et d’apporter plus de flexibilité…

 Dans ce monde du travail français, trop rigide, inefficace, injuste, nous devons « simplifier des règles existantes, les rendre plus claires, plus lisibles, plus réelles et moins formelles ». Il faut rendre les choses plus concrètes, en particulier « simplifier les règles d’embauche et de licenciement ».
Au-delà de cette simplification nécessaire, la situation appelle à une plus grande flexibilité, bénéfique aux salariés comme aux entreprises, dont « le critère de compétitivité doit être pris en compte ».  En effet, dans une situation « où la santé de l’entreprise est en danger », « il est préférable de faire des licenciements économiques que de couler complètement ». D’autant plus que « cette flexibilité, elle est offerte dans quasiment tous les pays voisins ».

Pour faciliter l’embauche et l’accès au CDI …

En France, la majorité des contrats de travail restent encore aujourd’hui à durée indéterminée, « il faut préserver cela, c’est un acquis ». Tel est le projet : « Que tout le monde puisse accéder au CDI ». Cela suppose, « si l’on veut donner à tous la possibilité d’avoir un CDI », de réduire la différence par rapport au CDD au niveau de la rupture. Toujours dans l’optique de « permettre à celles et ceux qui veulent travailler et embaucher de le faire plus simplement, plus rapidement.

Et favoriser la conciliation


Enfin, la solution doit également venir de la concertation. Il faut privilégier la négociation collective, et y « donner aux syndicats une plus grande part ». Il s’agit, en favorisant la négociation collective, d’« armer les entreprises face aux brusques changements de conjoncture, en leur donnant les moyens de négocier plus facilement les accords ».
Cela vaut tout autant pour les jugements aux Prud’hommes, pour lesquels il faut favoriser la conciliation, et « réduire l’incertitude », « parce que vous avez une très grande volatilité des issues possibles pour un même cas, selon l’endroit où il est jugé ».

Propositions

Assouplir les 35 heures

Dans un pays attaché aux 35 heures, mais qui travaille en réalité déjà plus de 35 heures hebdomadaires, il faut « donner la capacité aux gens au niveau de l’entreprise de négocier davantage ». C’est en effet en interne que salariés et dirigeants devraient pouvoir négocier. Il s’agit de permettre « plus de souplesse à la réalité, dans un cadre, celui de l’accord dans l’entreprise ».

Négocier le travail le dimanche et en soirée

Nombre d’entreprises et de salariés ne peuvent ouvrir et travailler le dimanche, et le vivent comme une injustice. C’est d’autant plus vrai désormais, dans notre société de l’internet et du numérique. Ainsi, il convient de « simplifier le travail le dimanche et en soirée » pour « défendre le commerce et l’emploi en France », et ne pas les laisser « à des grands groupes étrangers qui opèrent sur internet et qui paient moins d’impôts en France que celles et ceux que parfois on n’autorise pas à ouvrir ». Pour « protéger les commerces de centre-bourg et de centre-ville, nous devons permettre à celles et ceux qui veulent travailler de pouvoir travailler le dimanche, lorsque c’est leur volonté, lorsqu’ils sont compensés comme il se doit en termes salariaux et en termes de repos ». Ces mesures ne pouvant s’envisager que « sur la base du volontariat (et) d’un accord majoritaire et avec compensation des salariés ».



B) L' Économie
 

 La stratégie industrielle

« Il faut remettre l'industrie au cœur de notre économie, et l'Homme au cœur de l'industrie. »
Diagnostic

Le mal industriel français

À partir des années 1990-2000, dans le contexte de la mondialisation des échanges commerciaux, l’industrie française a manqué le tournant de la mondialisation de son appareil productif, de la montée en gamme et de la robotisation. Emmanuel Macron considère que « l’État a commis une double erreur. La première a été de penser durant les années 90 qu’il ne devait plus y avoir de politique industrielle, dans une sorte de fascination pour le “fabless”, les services et le monde financier. La seconde a été l’idée qu’on pouvait intervenir sur des secteurs, faire du colbertisme ponctuel, sans se préoccuper des conditions macro-économiques ».
Ces erreurs ont un coût : en 25 ans, l’industrie française a perdu 30 % de ses effectifs, soit près de 1,5 millions d’emplois, et la part des entreprises du secteur industriel dans la production de richesse à l’échelle nationale a été réduite de moitié (de 24 % à 12,4 % du PIB). De plus, l’écosystème des PME (petites et moyennes entreprises) et ETI (entreprises de taille intermédiaire) a été fragilisé parce qu’« on n’a pas réussi à consolider nos PME et à les faire grandir ».

Un secteur stratégique

L’industrie joue un rôle essentiel dans l’économie : elle génère 266 milliards d’euros chaque année, soit 12,4 % du PIB. Les produits industriels représentent 96,5 % des exportations. L’industrie supporte en grande partie l’effort d’innovation : elle représente 76,6 % du total des dépenses annuelles de R&D (recherche et développement) engagées par des entreprises, soit 23,5 milliards d’euros, contre 7,2 milliards pour le reste de l’économie. Enfin, l’emploi dans l’industrie, plus qualifié que la moyenne, a un effet multiplicateur : un emploi dans l’industrie génère trois ou quatre emplois hors du secteur industriel.



Action

Principes

Un renouveau industriel

Conscient que l’industrie est indispensable à notre économie, Emmanuel Macron estime que « le choix qui est aujourd’hui le nôtre, collectivement, c’est bien d’accélérer la renaissance industrielle de notre pays ». Il plaide pour une politique industrielle intégrée, concertée et durable : « La vraie politique industrielle, c’est une réconciliation de l’ensemble des forces productives : les actionnaires, les salariés, les dirigeants, la collectivité publique ». Surtout, « il faut revenir à des logiques de long terme et de construction » et « continuer à investir, investir dans l’appareil productif français, investir dans le capital humain que sont nos jeunes et nos moins jeunes parce qu’ils feront précisément l’entreprise, l’industrie d’aujourd’hui et de demain ».

Repenser la politique de formation

Investir dans la formation est essentiel pour que les salariés aient pleinement leur « place » dans l’appareil productif. Proposer une formation tout au long de la vie « permet d’armer chacun face aux changements et d’enlever la peur ». De plus, « le modèle où on pouvait avoir le même emploi tout au long de la vie dans la même entreprise va devenir une réalité de moins en moins partagée ». Il s’agit d’accompagner les salariés dans les mutations qui affectent leurs métiers « pour que celles et ceux qui étaient justement dans des tâches parfois répétitives puissent passer à des tâches de plus grande valeur ajoutée » et « s’adapter eux-mêmes au numérique ».
Sur le dossier de la formation, Emmanuel Macron souhaite « aller beaucoup plus loin pour la penser en profondeur, parce qu’elle est l’une des conditions même de notre réussite ». Il considère qu’ « il faut de nouvelles formes de formation » et « de l’innovation » dans ce domaine. Cela passe notamment par une approche intégrée avec l’ensemble des acteurs de la formation et des entreprises.


Propositions

Moderniser

S’agissant de la modernisation de l’appareil productif, c’est-à-dire de l’investissement en technologies de pointe, Emmanuel Macron considère que « nous avons rattrapé une bonne partie de notre retard compétitivité-coût des années 2000 ». Cela a été rendu possible par les dispositifs incitatifs mis en place par le gouvernement depuis 2013 : pacte de responsabilité, crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), dispositif de sur-amortissement fiscal. Emmanuel Macron souhaite faire évoluer ces dispositifs afin d’accélérer la modernisation de l’outil de production et de gagner encore en compétitivité.

L’État au cœur de la transformation digitale

À son arrivée à la tête du ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron a donné un second souffle au projet de Nouvelle France Industrielle (NFI). Après un audit des plans de reconquête industrielle, il a paru nécessaire de « les concentrer pour se donner des priorités » : « nous avons donc repensé ces 34 plans autour de familles de neuf solutions industrielles ». « La matrice de ces neuf solutions, c’est l’Industrie du Futur » : un « programme transversal pour faire monter en gamme l’ensemble de notre tissu industriel, toutes nos entreprises ». Deux milliards d’euros d’aide publique ont déjà été engagés pour soutenir 1000 projets industriels innovants. Au total, si on prend en compte les aides fiscales, les investissements en fonds propres comme en dette portés par la Banque publique d’investissement (BPI France), ce sont dix milliards d’euros de mobilisation d’argent public au profit de la Nouvelle France Industrielle.
L’Industrie du Futur repose sur une « alliance d’industriels », qui permet « de mailler tout le territoire », et accompagne les entreprises pour « robotiser, digitaliser, revoir les organisations, les aider aussi à inventer, grâce à ces nouvelles technologies, de nouveaux business models ». Aujourd’hui, 1500 TPE et PME sont déjà engagées dans ce processus ; il y en aura 2000 d’ici la fin de l’année.

Une simplification administrative et fiscale

« Nous avons un véritable sujet d’attractivité : nous ne sommes pas assez compétitifs au plan fiscal et des pays sont plus avantageux sur le plan réglementaire ou de la gouvernance ». Emmanuel Macron considère qu’« il nous faut absolument des règles plus stables et prévisibles, une situation fiscale plus attractive et une gouvernance irréprochable ». C’est pourquoi il souhaite « aller plus loin que la loi El Khomri » en matière de droit du travail, afin de « privilégier des négociations salariales au plus proche de la situation de l’entreprise » et d’élargir « le champ de la négociation collective au niveau de l’entreprise » à d’autres domaines que celui du temps de travail.
Les entreprises disposeront d’une visibilité fiscale. C’est ce que propose Emmanuel Macron dans son livre Révolution« Une fois une réforme engagée, ne modifions pas les mesures prises et laissons-les s’appliquer avant de les évaluer ; engageons-nous à ne pas modifier plusieurs fois un même impôt au cours du quinquennat ».

Renforcer les liens entre université et entreprise

L’excellence de notre recherche n’est pas suffisamment valorisée : pour permettre l’émergence de l’industrie française du futur, il faut transformer l’excellence scientifique en innovations puis en succès commerciaux pour la France. « Sur la R&D, nous sommes compétitifs parce qu’on a une recherche académique efficace mais l’interaction entre l’écosystème académique et entrepreneurial doit encore s’améliorer, même si, ces quinze dernières années, elle a beaucoup progressé ». Emmanuel Macron pense que l’État a un rôle à jouer pour favoriser la collaboration de l’ensemble des acteurs de la chaîne de l’innovation. La création d’un écosystème plus structuré de l’innovation permettra l’émergence d’entreprises innovantes, créatrices de valeur et d’emplois, et contribuera au rayonnement international de nos universités et de nos pôles de compétitivité, de nos entreprises autant que de nos laboratoires de recherche.

Réduire le coût du travail

L’industrie souffre aussi d’un coût du travail trop élevé. Emmanuel Macron considère, dans son livre Révolution, qu’il est important d’amplifier l’effort de réduction des charges initié par le gouvernement actuel. « Je transformerai le CICE en allègements de charges et je déciderai d’autres allègements ou suppressions de cotisations sociales patronales. Des économies sur la dépense publique et une fiscalité plus incitative, notamment sur la pollution ou la consommation, seront décidées pour financer cela. »

 La robotisation de l’économie

"La France a raté la vague d'investissements qui a été celle de la robotisation, pourtant, le robot n'est pas l'ennemi de l'emploi, c'est une vieille lubie et une fausse idée."

Diagnostic

Un retard certain…

A partir des années 1990, la France a considéré « qu’il ne devait plus y avoir de politique industrielle ». Alors que la mondialisation des échanges commerciaux imposait une adaptation de son appareil productif, la France n’a pas su « moderniser son outil industriel ». La robotique incarne ce virage mal négocié. « La France a raté la vague d’investissements qui a été celle de la robotisation ». Aujourd’hui, le manque de coopération entre la recherche et l’industrie, des outils de production obsolètes et un manque de compétitivité sont les marqueurs d’un retard certain.
Ce « retard d’investissement productif » explique que la France ne fait pas partie des grands fabricants de robots. Elle ne détient que 2,4% des robots industriels utilisés dans le monde, et leurs ventes en France ont chuté de 27% en 2013. « On se retrouve aujourd’hui avec cinq fois moins de robots en France qu’en Allemagne, deux fois moins qu’en Italie », et dix fois moins qu’au Japon.

…expliqué par la peur…

Au contraire de l’Allemagne et de l’Asie, qui n’ont pas craint d’aborder ce tournant, c’est avec « peur » que la France l’a appréhendé, cédant à l’immobilisme. « Il est évident qu’un ouvrier, qui est dans une usine, qui découpe une pièce, par exemple dans l’aéronautique ou la voiture, s’il sait qu’il y a une machine ou une imprimante 3D qui va le faire beaucoup plus vite, il peut avoir peur ». S’il est clair que l’ouvrier « ne sera pas compétitif face à cette machine », il doit néanmoins être rassuré car « le robot n’est pas l’ennemi de l’emploi, c’est une vieille lubie et une fausse idée ».

…et sanctionné par les résultats.

Ce refus d’investir a-t-il été bénéfique ? « Non, parce que la première décennie des années 2000 a montré l’effondrement de l’emploi industriel en France », accompagné d’une compétitivité réduite. La stratégie de l’Allemagne, qui « s’est énormément robotisée » et qui a « investi dans l’outil productif », démontre que « la robotique préserve l’emploi, voire en crée ». Aujourd’hui, « son taux de chômage est bien plus intéressant que le nôtre. C’est aussi grâce à l’automatisation ». L’exemple coréen est aussi frappant : « un plan national fort a permis de passer en dix ans de 50 sociétés de robotique à plus de 400. Le nombre d’emplois dédiés à la robotique est passé de 3 500 à 11 500 ».

Action

Principes

Une renaissance industrielle

La priorité, « c’est d’accélérer la renaissance industrielle de notre pays ». Pour ce faire, la robotisation ne déroge pas à la règle : « la première clé pour réussir, c’est l’investissement », qui permettra de combler le retard de la France et de rester compétitif. Aujourd’hui, « ne pas avoir de robot, c’est se condamner à ne pas se battre sur certaines tâches ». A contrario, bénéficier d’un « outil industriel moderne », et d’une automatisation accrue, c’est se donner les moyens d’être plus productif, mais aussi « d’inventer de nouveaux usages », de créer de « nouveaux business models ».

Au-delà des peurs

Il est normal d’appréhender le changement, mais il ne faut pas y renoncer. « Comme tous les changements cela peut faire peur, mais on mentirait à nos concitoyens si on leur disait : “On va vous protéger de cela” ». Face à la mondialisation, l’adaptation reste la meilleure solution : « La mer peut faire peur, et donc on doit la prendre, mais on ne changera pas la mer, on doit simplement adapter l’embarcation ». D’ailleurs, les rares exemples français le prouvent. Au sein de l’usine Daher, la « robotisation massive permet d’être compétitif sur les ailes d’avion, qui seraient sinon moins chères à produire en Turquie, au Maghreb ou en Asie ». Il faut donc aborder la robotisation « non pas comme une crainte, mais comme une opportunité, comme une chance ». Et « la condition, c’est que chacune et chacun y trouve sa place ».


L’homme et le robot, un duo gagnant

Le robot reste dépendant de l’humain. L’ouvrier doit être formé pour le gérer : « si on le forme, ce qui est tout à fait faisable, et je l’ai vu faire, ça prend 2 mois, parfois 6 mois, si on lui apprend à programmer la machine, à vérifier son travail, il aura un métier, moins pénible, à plus grande valeur ajoutée, moins répétitif, et donc tout le monde peut en sortir gagnant ». Toute robotisation doit donc « se doubler d’un investissement dans l’homme ». Pour ce faire, seule une approche intégrée avec l’ensemble des acteurs de la formation et un accompagnement des chefs d’entreprise permettra de relever ce challenge.

Propositions

Entrer dans l’Industrie du futur

Nommé Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron lance le 18 avril 2015 la deuxième phase de la Nouvelle France Industrielle (NFI), qu’il baptise « Industrie du futur ». L’objectif est de « moderniser notre appareil productif et d’accompagner nos entreprises industrielles dans la transformation de leurs modèles d’affaires, de leur organisation, de leurs modes de conception et de commercialisation ». Au total, 5 milliards d’euros permettront de soutenir 1 000 projets innovants sous forme d’aides publiques et d’accompagnement personnalisé. Parmi les cinq piliers de l’Industrie du futur, on trouve le développement de l’offre technologique. Ce pilier compte parmi ses priorités d’action l’automatique et la robotique.

Investir et former pour robotiser

Des programmes d’accompagnement vont soutenir 2 000 entreprises d’ici fin 2016. « Ce projet va chercher les PME et ETI chez elles, pour robotiser, digitaliser, revoir les organisations, les aider aussi à inventer ». Ces entreprises « bénéficient de diagnostics personnalisés réalisés par des experts ». Cela permet aux chefs d’entreprise de mieux connaître les technologies disponibles, et de « réinventer leur modèle économique ».
Des prêts et des dispositifs fiscaux d’aide à l’investissement (suramortissement et amortissement accéléré) apportent le soutien nécessaire à la modernisation des outils de production. Une enveloppe de 1,2 Md€ a été mobilisée et 851 prêts ont déjà été accordés. La formation des prochaines générations aux nouveaux métiers est aussi essentielle. « Elle accompagne la présence accrue du numérique et de la robotisation dans l’industrie, indispensables pour la compétitivité des entreprises et la création d’emplois en France ».
Parmi les exemples déjà en place figure Ventana, entreprise spécialisée dans la production de pièces métalliques pour l’aéronautique qui a reçu 4,5 M€ sous forme de prêts pour ses usines de production (système d’information, numérisation, robotisation). Autre avancée concrète, le lancement du fonds public-privé « Robolution », doté de 80 M€, et destiné à soutenir la croissance des startups françaises de la robotique. Enfin, d’ici fin 2016 sera diffusé auprès des entreprises un catalogue de l’offre technologique française en matière de modernisation des sites de production.

Devenir leader dans le numérique

Les actions déployées en faveur de la robotisation doivent permettre de combler le retard qu’accuse la France, mais aussi de tirer les leçons du passé pour relever le défi d’aujourd’hui, celui du numérique. « La France a manqué le tournant de la robotisation. Elle doit prendre la première place dans la digitalisation ». C’est aussi pourquoi « le déploiement de la fibre dans l’ensemble du territoire » doit être une priorité absolue. 

 L’épargne des Français

« Nous sommes un pays qui a une épargne financière abondante mais qui l’utilise mal. Cela engendre un problème de financement de notre économie réelle ce qui fait que nous sommes l’un des pays qui a le plus de difficulté à financer son innovation, la croissance de ses entreprises, plus largement les fonds propres »

Diagnostic

L’abondante épargne des Français ne sert pas assez le financement des entreprises

La réputation de « champions de l’épargne » des Français n’est pas usurpée puisque d’après la Banque de France, cette épargne a atteint 3,9 milliards d’euros en 2015. Ce montant correspond à un taux d’épargne brut de 16%. A titre de comparaison, ce taux n’est que de 6,8% pour les Etats-Unis. Ainsi, pour Emmanuel Macron, « nous sommes un pays qui a une épargne financière abondante mais qui l’utilise mal, et qui a un problème de financement de notre économie réelle. »
Ce problème de financement des entreprises provient en partie du fait que les Français favorisent peu les placements en assurance-vie ou fonds de pension qui sont sources de financement pour les PME. A titre de comparaison, les Anglais investissent plus de 60% de leur épargne dans ces types de placement alors que ce taux atteint à peine les 40% pour la France. En favorisant l’épargne bancaire classique, « nous sommes l’un des pays qui a le plus de difficulté à financer son innovation, la croissance de ses entreprises, plus largement les fonds propres » analyse Emmanuel Macron.
Ces difficultés de financement se posent cependant moins pour les grandes entreprises françaises (notamment celles appartenant au CAC 40) puisqu’elles bénéficient d’une notoriété qui leur permet d’attirer des investisseurs étrangers (à hauteur de 65% de leur capital). Emmanuel Macron souligne néanmoins le débat qui entoure ce constat, qui est « celui de la dépendance de ces entreprises à un financement qui n’est pas national ou qui serait largement trop international. »

La croissance des entreprises freinée par une épargne mal allouée

Pour Emmanuel Macron, « la difficulté à accéder à un financement, en particulier à un financement de croissance en France, est un des freins au développement de nos entreprises. » Ce constat est vrai pour les entreprises évoluant dans les secteurs traditionnels mais également pour les start-ups qui ont pour habitude d’aller chercher des financements à l’international. La société française Talent, spécialisée dans l’intégration des données et en big data, a par exemple levé 94 millions de dollars à la bourse de New-York en 2016 au lieu de privilégier le marché financier français.


 Une économie financée par de la dette et non par les fonds propres

Selon Emmanuel Macron, le problème de notre structure de financement en France est que celle-ci reste très intermédiée (pas assez directe) et surtout « très orientée par un financement par la dette, et par tous les produits d’endettement ». L’ancien ministre de l’Economie souhaite à l’inverse faire en sorte que cette structure de financement soit de plus en plus orientée vers les fonds propres, c’est-à-dire les capitaux apportés par les investisseurs, comme c’est le cas par exemple au Royaume-Uni. Cette transition pourrait notamment passer par une meilleure allocation de l’épargne des Français.

La régulation financière freine la croissance des entreprises

Un autre frein à la croissance des entreprises est la sur-régulation qui, depuis la crise de 2008, a été un obstacle à la réorientation de la structure de financement des entreprises vers un financement par les capitaux propres. Les accords de Bâle et la réforme réglementaire Solvabilité II, en incitant les banques et assureurs à réduire leurs investissements en fonds propres, ont eu un effet défavorable sur le financement des entreprises françaises et européennes (favorisant symétriquement les entreprises américaines, dont le financement est beaucoup moins intermédié). Pour Emmanuel Macron, les conséquences de ces régulations dont certaines sont inadaptées sont lourdes puisque ces nouvelles règles ont eu pour effet la « contraction du crédit bancaire ou de la place des acteurs bancaires dans le financement en fonds propres de l’économie. »
Action

 Créer de nouveaux outils pour réorienter l’épargne vers le financement des entreprises

Pour permettre une plus grande allocation de l’épargne vers les actions d’entreprises, Emmanuel Macron a proposé de créer ou modifier certaines règles anciennement établies. L’ex-ministre a ainsi notamment œuvré pour l’augmentation du seuil du PEA (Plan d’Epargne en Actions) un dispositif qui permet d’investir de l’épargne dans des entreprises européenne tout en étant éxonéré d’impôts. Il défend aussi la création du PEA-PME et la création d’un cadre réglementaire pour le « crowdfunding » (le financement participatif des start-ups). Enfin, il prône l’adaptation du cadre fiscal destiné aux « business angels », ces investisseurs qui, en plus de leur argent, mettent à disposition des start-ups leurs compétences et leur réseau.

 Mettre les régimes de retraite au service du financement 

Emmanuel Macron souhaite également réformer certains régimes de retraite pour en faire de véritables « fonds de pension à la française ». Pour cela, l’ancien ministre souhaite assouplir les contraintes prudentielles qui pèsent sur certains régimes de retraite. « Les contrats de retraite professionnel pourront ainsi être réorientés vers les actions, à due proportion justement, de ce qui est ré-orientable et compte tenu du profil justement des assurés qui sont ainsi concernés ». Sur les 130 milliards d’euros que représentent ces régimes, Emmanuel Macron estime que 15 à 20 milliards d’euros pourraient ainsi être réorientés vers le financement de l’économie réelle, et donc vers la création d’emplois et d’activités économiques.

 L’introduction du compte Entrepreneur Investisseur

Emmanuel Macron souhaite enfin l’introduction d’un compte Entrepreneur Investisseur pour permettre la réallocation des plus-values réalisées dans les entreprises en croissance. Ce compte permettra également un traitement fiscal plus avantageux que celui qui existe aujourd’hui pour les entrepreneurs qui ont pris un risque et réussi.

 Lever les freins à l’entrepreneuriat

« Il faut lever les barrières à l'entrée, et pour cela il faut développer tout ce qui facilite la vie de l'entrepreneur lorsqu'il tente, lorsqu'il prend des risques. »
Diagnostic

La France est un pays d’entrepreneurs…

L’entrepreneuriat est un pilier indispensable au développement économique. « On ne peut pas faire une économie, on ne peut pas créer des emplois, on ne peut pas vouloir que le pays aille mieux sans employeurs, sans entrepreneurs ».
La France est un pays d’entrepreneurs et les chiffres le confirment. Elle a été, au premier semestre 2015, la championne européenne du capital-risque. Paris est la seconde ville européenne après Londres en termes de startups dans les nouvelles technologies. Grâce à « ces femmes et ces hommes qui prennent des risques à un moment donné, pour réussir et pour tirer, comme des premiers de cordée, toutes celles et ceux qui vont les accompagner », 1000 à 1500 startups sont créées dans notre pays chaque année.

…mais accumule un certain retard…

Des points de faiblesses sont aussi à déplorer. « Nos entreprises traditionnelles sont en retard, elles tardent à se moderniser : on a simplement 64% de nos entreprises qui disposent d’un site internet, contre en moyenne 76% dans l’OCDE ». Si nous disposons de quelques milliers de startups dans le numérique, « les champions mondiaux français sont encore trop rares ». Ce retard est le fait du vieillissement des grands groupes conjugué à un essor trop timoré de nouvelles entreprises. « L’un de nos problèmes en France, c’est que nos grands groupes ont une moyenne d’âge de plus de 105 ans : il est très dur d’émerger, de rentrer dans ce club fermé ».
Autre déficience, le système de financement des entreprises. « L’une des faiblesses de notre économie, c’est qu’elle a pendant très longtemps reposé sur un financement par l’endettement, et principalement par l’endettement bancaire, là où cette économie de la disruption où tout s’accélère consomme du capital, des fonds propres ».

…expliqué par des inégalités et des freins

« Créer une entreprise n’est pas le même défi selon qui on est et d’où l’on vient ». Les entrepreneurs ne partent pas de la même ligne de départ. Le réseau et l’origine sociale sont des facteurs déterminants et à l’origine d’inégalités : « Celui qui n’a pas le réseau, qui n’a pas les contacts, qui n’a pas déjà les entrées dans les banques, n’est pas dans la même situation que celui ou celle qui décide, sortant de ses études, de son quartier, de se lancer dans l’entrepreneuriat ».
De nombreux freins administratifs viennent également ralentir l’ascension de l’entrepreneur. A chaque étape importante de la vie de l’entreprise, ce sont « des contraintes réglementaires, fiscales, et sociales », des entraves qui « pèsent sur les entrepreneurs », et les empêchent de « donner pleinement cours à leur dynamisme et leur capacité d’innovation ».



Action

Principes

L’indispensable simplification

« Il faut lever les barrières à l’entrée dans le système, et pour cela il faut développer tout ce qui facilite la vie de l’entrepreneur lorsqu’il tente, lorsqu’il prend des risques ». Pour ce faire, le rôle des pouvoirs publics est aussi de donner aux entrepreneurs « un cadre plus stable, une visibilité, pour justement qu’ils puissent se démultiplier ».
Insuffler plus de vitalité à notre économie c’est d’abord la simplifier, c’est-à-dire supprimer « ces freins administratifs inutiles à la création de l’entreprise ». Gommer ce qui « crée de l’incertitude ou de la complexité », limiter « les coûts administratifs et tout ce qui vient bloquer l’entrepreneur dans sa volonté de croître », c’est donner toutes les chances à l’entrepreneur de réussir.

La puissance du collectif et de l’accompagnement

 L’entreprise n’est pas seulement une réussite individuelle, « c’est toujours une réussite collective ». Si entreprendre, c’est prendre des risques, on ne peut jamais y arriver seul. Il y a en effet parfois une solitude, et la difficulté de se retrouver face à un défi qu’on veut livrer. Alors pour réussir, il faut « toujours le faire à quelques-uns, parce qu’on accroît ses chances de réussir ». Dans les quartiers les plus difficiles, « nous ne sommes pas parfaitement égaux ». Grâce à la force du collectif, chacun disposera quelle que soit son origine et quel que soit son milieu professionnel ou social « des mêmes chances que d’autres d’y arriver, parce qu’il sera justement accompagné ».

L’entrepreneuriat, au-delà de l’économie

L’entrepreneuriat est une forme d’insertion sociale. Parce que pour beaucoup de jeunes ou de moins jeunes créer son entreprise, c’est « s’inventer son propre avenir, prendre un autre virage ». Cela permet de « créer, de transformer son environnement, de s’émanciper, et de tirer les autres vers le haut ». L’entrepreneuriat incarne également des valeurs, « la volonté de faire réussir les autres, de les accompagner à chaque moment important où ils auront des décisions à prendre, des risques à prendre, des erreurs à commettre ou à éviter ».
Au-delà de contribuer au seul redressement économique, l’entrepreneuriat participe « au redressement  moral dont nous avons besoin ». Et il est important d’insister sur cet aspect moral, « car si nous nous mobilisons toutes et tous, nous pouvons le faire, nous pouvons créer davantage, nous pouvons réussir et nous pouvons réconcilier, ce qui a été opposé, l’entrepreneur avec ses salariés, l’esprit d’entreprise avec l’esprit de justice ».


Propositions

Favoriser la liberté des entrepreneurs

En tant que ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron a œuvré pour la simplification. Un auto­-entrepreneur peut désormais continuer de bénéficier des avantages du régime pendant deux ans à condition de ne pas dépasser chaque année le double du seuil du chiffre d’affaires. Autre assouplissement, la suppression de l’obligation d’un compte bancaire qui « coûtait 200 euros en moyenne et entraînait l’exclusion de toute une catégorie d’entrepreneurs qui ont eu des difficultés bancaires ».
De la même façon, il a facilité le parcours de croissance de l’entreprise en « limitant les obligations, les coûts administratifs, tout ce qui vient, de l’embauche du premier salarié, bloquer l’entrepreneur dans sa volonté de croître, crée de l’incertitude ou de la complexité ».

Financer et soutenir

Il est capital de soutenir les entrepreneurs à chaque stade de leur développement, via la Banque publique d’investissement (BPI). D’abord lorsqu’ils démarrent, « pour réussir vite et les encourager dans cette réussite ». Puis pour « croître et grandir », en développant des programmes spécifiques, en particulier l’Accélérateur, qui travaille pour identifier les PME à fort potentiel (15 emplois créés ou maintenant en 5 ans) afin qu’elles puissent devenir beaucoup plus rapidement des ETI. Et ensuite « pour que les ETI puissent devenir des grands groupes ».
Dans ce même mouvement, Emmanuel Macron prône une continuation des baisses de charges sur les entreprises afin de redonner des marges de manoeuvre aux entrepreneurs. « Je transformerai le CICE en allègements de charges et je déciderai d’autres allègements ou suppressions de cotisations sociales patronales. Des économies sur la dépense publique et une fiscalité plus incitative, notamment sur la pollution ou la consommation, seront décidées pour financer cela. »
Les nouvelles formes alternatives de financement tel que le crowdfunding sont aussi à envisager. « Et là aussi, nous avons mis en place un cadre qu’il faut continuer à développer, parce que c’est une façon alternative d’encourager le financement en fonds propres comme en dette pour beaucoup d’entrepreneurs – et puis en aidant à croître justement tout au long de la vie de l’entreprise ».

Faciliter l’échec

Pour sortir de la vision française de l’échec perçu comme « extrêmement grave et problématique », il faut d’abord le dédramatiser. Les entrepreneurs ayant échoué, doivent pouvoir rebondir : « nous avons protégé, dans la loi que j’ai portée – la loi croissance et activité – la résidence principale des entrepreneurs parce que le salarié qui échoue avec son entreprise, a des protections sur son patrimoine, mais l’entrepreneur non. Il est maintenant protégé sur sa résidence principale ».
En « facilitant l’échec », on donne alors la possibilité de pouvoir « échouer vite et facilement parce que quelqu’un qui a échoué a plus appris que quelqu’un qui n’a pas tenté ». C’est dans cette optique qu’Emmanuel Macron alors ministre avait supprimé l’indicateur 040 de la Banque de France qui était un « stigmate mis sur tout entrepreneur », puisqu’il recensait les entrepreneurs dont la société a été liquidée au cours des trois dernières années.


 L’épargne des Français

« Nous sommes un pays qui a une épargne financière abondante mais qui l’utilise mal. Cela engendre un problème de financement de notre économie réelle ce qui fait que nous sommes l’un des pays qui a le plus de difficulté à financer son innovation, la croissance de ses entreprises, plus largement les fonds propres »

Diagnostic

L’abondante épargne des Français ne sert pas assez le financement des entreprises

La réputation de « champions de l’épargne » des Français n’est pas usurpée puisque d’après la Banque de France, cette épargne a atteint 3,9 milliards d’euros en 2015. Ce montant correspond à un taux d’épargne brut de 16%. A titre de comparaison, ce taux n’est que de 6,8% pour les Etats-Unis. Ainsi, pour Emmanuel Macron, « nous sommes un pays qui a une épargne financière abondante mais qui l’utilise mal, et qui a un problème de financement de notre économie réelle. »
Ce problème de financement des entreprises provient en partie du fait que les Français favorisent peu les placements en assurance-vie ou fonds de pension qui sont sources de financement pour les PME. A titre de comparaison, les Anglais investissent plus de 60% de leur épargne dans ces types de placement alors que ce taux atteint à peine les 40% pour la France. En favorisant l’épargne bancaire classique, « nous sommes l’un des pays qui a le plus de difficulté à financer son innovation, la croissance de ses entreprises, plus largement les fonds propres » analyse Emmanuel Macron.
Ces difficultés de financement se posent cependant moins pour les grandes entreprises françaises (notamment celles appartenant au CAC 40) puisqu’elles bénéficient d’une notoriété qui leur permet d’attirer des investisseurs étrangers (à hauteur de 65% de leur capital). Emmanuel Macron souligne néanmoins le débat qui entoure ce constat, qui est « celui de la dépendance de ces entreprises à un financement qui n’est pas national ou qui serait largement trop international. »

La croissance des entreprises freinée par une épargne mal allouée

Pour Emmanuel Macron, « la difficulté à accéder à un financement, en particulier à un financement de croissance en France, est un des freins au développement de nos entreprises. » Ce constat est vrai pour les entreprises évoluant dans les secteurs traditionnels mais également pour les start-ups qui ont pour habitude d’aller chercher des financements à l’international. La société française Talent, spécialisée dans l’intégration des données et en big data, a par exemple levé 94 millions de dollars à la bourse de New-York en 2016 au lieu de privilégier le marché financier français.


 Une économie financée par de la dette et non par les fonds propres

Selon Emmanuel Macron, le problème de notre structure de financement en France est que celle-ci reste très intermédiée (pas assez directe) et surtout « très orientée par un financement par la dette, et par tous les produits d’endettement ». L’ancien ministre de l’Economie souhaite à l’inverse faire en sorte que cette structure de financement soit de plus en plus orientée vers les fonds propres, c’est-à-dire les capitaux apportés par les investisseurs, comme c’est le cas par exemple au Royaume-Uni. Cette transition pourrait notamment passer par une meilleure allocation de l’épargne des Français.

La régulation financière freine la croissance des entreprises

Un autre frein à la croissance des entreprises est la sur-régulation qui, depuis la crise de 2008, a été un obstacle à la réorientation de la structure de financement des entreprises vers un financement par les capitaux propres. Les accords de Bâle et la réforme réglementaire Solvabilité II, en incitant les banques et assureurs à réduire leurs investissements en fonds propres, ont eu un effet défavorable sur le financement des entreprises françaises et européennes (favorisant symétriquement les entreprises américaines, dont le financement est beaucoup moins intermédié). Pour Emmanuel Macron, les conséquences de ces régulations dont certaines sont inadaptées sont lourdes puisque ces nouvelles règles ont eu pour effet la « contraction du crédit bancaire ou de la place des acteurs bancaires dans le financement en fonds propres de l’économie. »
Action

 Créer de nouveaux outils pour réorienter l’épargne vers le financement des entreprises

Pour permettre une plus grande allocation de l’épargne vers les actions d’entreprises, Emmanuel Macron a proposé de créer ou modifier certaines règles anciennement établies. L’ex-ministre a ainsi notamment œuvré pour l’augmentation du seuil du PEA (Plan d’Epargne en Actions) un dispositif qui permet d’investir de l’épargne dans des entreprises européenne tout en étant éxonéré d’impôts. Il défend aussi la création du PEA-PME et la création d’un cadre réglementaire pour le « crowdfunding » (le financement participatif des start-ups). Enfin, il prône l’adaptation du cadre fiscal destiné aux « business angels », ces investisseurs qui, en plus de leur argent, mettent à disposition des start-ups leurs compétences et leur réseau.

 Mettre les régimes de retraite au service du financement 

Emmanuel Macron souhaite également réformer certains régimes de retraite pour en faire de véritables « fonds de pension à la française ». Pour cela, l’ancien ministre souhaite assouplir les contraintes prudentielles qui pèsent sur certains régimes de retraite. « Les contrats de retraite professionnel pourront ainsi être réorientés vers les actions, à due proportion justement, de ce qui est ré-orientable et compte tenu du profil justement des assurés qui sont ainsi concernés ». Sur les 130 milliards d’euros que représentent ces régimes, Emmanuel Macron estime que 15 à 20 milliards d’euros pourraient ainsi être réorientés vers le financement de l’économie réelle, et donc vers la création d’emplois et d’activités économiques.

 L’introduction du compte Entrepreneur Investisseur

Emmanuel Macron souhaite enfin l’introduction d’un compte Entrepreneur Investisseur pour permettre la réallocation des plus-values réalisées dans les entreprises en croissance. Ce compte permettra également un traitement fiscal plus avantageux que celui qui existe aujourd’hui pour les entrepreneurs qui ont pris un risque et réussi.


 L’intégration dans la mondialisation

« Les grands succès économiques de notre pays sont tirés par la croissance du monde, nous n’avons plus le choix et c’est même notre chance ». Il est illusoire de vouloir s’opposer à la mondialisation, le repli sur soi n’est pas une solution tenable, la mondialisation comme réalité économique doit être comprise et acceptée.


Diagnostic

Qu’est-ce que la mondialisation ?

Suzanne Berger définit la mondialisation comme une « série de mutations de l’économie internationale qui tendent à créer un seul marché mondial pour les biens et les services, le travail et le capital » (Notre première mondialisation, 2003). La mondialisation est donc avant tout un processus économique d’intensification des échanges à l’échelle mondiale. Le monde tend à devenir un espace unique de production, de consommation et d’échanges. Ce mécanisme est notamment rendu possible par l’amélioration et la baisse du coût des moyens de transport et par la numérisation de l’économie.
La mondialisation, à des degrés différents, concerne l’ensemble des pays à l’échelle du globe. Les processus de fabrication d’un pays font appel à des entreprises situées dans plusieurs villes à l’étranger, afin d’exploiter au mieux les compétences de chacun. Dans le cadre de la DIPP (Division Internationale du Processus Productif), la plupart de nos produits de consommation sont fabriqués à travers le monde – par exemple, jusqu’à 15 pays pour un jean.

« La France est dans la mondialisation »

Le constat est simple : « La France est dans la mondialisation ». La France est intégrée aux circuits de la mondialisation, qu’ils soient commerciaux, productifs, ou financiers. L’économie ne repose plus sur un tissu national : les entreprises françaises sont implantées à l’étranger et la France accueille aussi de nombreuses entreprises étrangères : « deux millions de nos concitoyens travaillent pour des entreprises étrangères », rappelle Emmanuel Macron. Le développement de nouveaux produits fait appel à des savoir-faire du monde entier et les réussites de la France sont celles qui se vendent au-delà de nos frontières. « Les grands succès économiques de notre pays sont tirés par la croissance du monde, nous n’avons plus le choix et c’est même notre chance ». Il est illusoire de vouloir s’opposer à la mondialisation, le repli sur soi n’est pas une solution tenable, la mondialisation comme réalité économique doit être comprise et acceptée.

Les dangers de la mondialisation

Malheureusement, la mondialisation peut conduire à certains excès et à des dérives. Dans une économie mal préparée, les conséquences peuvent être « difficiles, parfois cruelles, (et conduisent) à des ajustements incompréhensibles souvent pour celles et ceux qui ont à les vivre ». La mondialisation « est disruptive, elle bouleverse tout, elle est en même temps beaucoup plus injuste, parce qu’elle accroît les écarts, c’est une mondialisation qui favorise les métropoles en sacrifiant les territoires, c’est une mondialisation qui fait que celui qui l’emporte gagne tout, et en sacrifie d’autres. » La mondialisation apparaît souvent comme la sanction de l’échec d’une transformation qui aurait dû être entreprise en amont. Pour certains, la mondialisation fait peur, pousse au repli identitaire. Ainsi, « le Brexit est un signal supplémentaire de la défiance des populations oubliées de la mondialisation. »
Action

Principes

Une réalité qu’il faut accepter pour ne pas la subir

« Si l’on pense qu’elle [la mondialisation] est une bonne chose, il faut en tirer les conséquences et transformer progressivement notre pays. Sinon, il faut emprunter une autre voie et fermer les frontières comme le veut le Front national. Je choisis la première option. » Le choix du réalisme doit être fait. La mondialisation existe et doit être acceptée en tant que facteur de mutation de l’économie. « Notre devoir, c’est que la France réussisse dans la mondialisation ». Dès lors, il s’agit d’en tirer parti en s’adaptant plutôt que d’essayer de s’en marginaliser. Le politique doit avoir un projet qui permette à la France d’échapper « à deux risques qui sont pour moi deux facilités : celle du conservatisme (…) celles et ceux qui se disent « le monde va ainsi, c’est une menace, refermons les frontières ». Et puis l’autre facilité qui consisterait à dire « la France est une économie qui ne s’adapte pas à la mondialisation. Il faudrait qu’elle ressemble aux économies anglo-saxonnes ». Le politique doit donc agir avec et non contre la mondialisation et ne pas jouer la carte du fatalisme ou de l’impuissance.

Réussir dans la mondialisation pour une économie efficace et une société unie

« Avoir une société et une économie efficaces, c’est d’abord réussir dans la mondialisation ». La France est héritière du modèle économique français, qui désigne un ensemble d’orientations économiques et budgétaires (État actionnaire, fiscalité importante) et de valeurs sociales (Sécurité sociale, régime de retraites par répartition). Ce modèle qui permet encore à la France d’être la cinquième puissance mondiale selon le FMI en termes de PIB, connaît des limites. Il ne s’agit donc pas de renier ce modèle, mais de le faire évoluer. « Ça ne veut pas dire perdre nos repères, ni oublier ce que nous sommes ni nos préférences collectives, mais ça veut dire que nous avons des rigidités, parfois des fermetures, qui ne nous permettent pas toujours de réussir dans le monde ». La mondialisation est une chance pour repenser le système français et pour le rendre plus performant. Il faut « qu’on libère certains secteurs, qu’on simplifie, qu’on libère des énergies pour aider précisément celles et ceux qui veulent entreprendre à gagner cette bataille, et en même temps à trouver le bon cadre. Parce que cette mondialisation ne peut pas se traduire en une jungle que nous accepterions ». Face à la mondialisation, il faut faire tomber les anciennes rigidités, « cette mobilisation économique, c’est celle dont nous avons besoin aujourd’hui parce que notre pays sera plus fort s’il est plus ouvert, s’il réussit dans cette mondialisation. »

L’Europe, une échelle pertinente pour profiter des effets positifs de la mondialisation

La mondialisation se joue à des échelles régionales. L’Europe est une chance pour la France, c’est avec une réflexion à l’échelle continentale qu’il faut vouloir s’intégrer. L’Union européenne et le marché européen sont une chance pour développer notre économie (débouchés commerciaux) et un modèle pour concevoir des échanges économiques. La réussite de la France dans la mondialisation passe par l’Union européenne.

Propositions

L’adaptation à la Mondialisation par la loi Macron

Dans le cadre de son action gouvernementale, Emmanuel Macron a déjà porté la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques « avec au fond une finalité qui est d’aider le pays à s’adapter à la mondialisation : ouvrir différemment et plus facilement les commerces le dimanche, faciliter la mobilité interurbaine, faciliter l’ouverture de certaines données, faciliter l’investissement, la responsabilisation des dirigeants ou des créateurs de start-up, ouvrir davantage certaines professions, alléger le coût de l’énergie pour les grandes entreprises, etc. »

Un protectionnisme européen intelligent

Accepter la mondialisation, ce n’est pas en accepter toutes les dérives. Les entreprises doivent respecter des règles, par exemple en termes d’imposition. Les Etats doivent aussi respecter des règles, la France ne doit pas accepter de concurrences déloyales. La réponse face aux dumpings d’autres pays, par l’exemple le dumping chinois sur l’acier, doit se faire à une échelle européenne, et non pas uniquement française. Il faut être capable de réagir plus vite et plus fort pour attaquer ceux qui ne respectent pas les règles de la mondialisation. C’est pourquoi Emmanuel Macron propose d’instaurer un protectionnisme européen sélectif pour se protéger de ceux qui pratiquent le dumping, qu’il soit social, fiscal ou étatique.

Un œil favorable sur les accords libre-échange (TAFTA, CETA)

Le commerce international conduit, sur le long-terme, à la création de nouveaux emplois et à la réussite des économies qui sont capables de s’ouvrir à la mondialisation. C’est le cas de la France, qui a « souverainement décidé de transférer au niveau de l’Europe sa politique commerciale » concernant les traités TAFTA et CETA. Le développement du libre-échange à l’échelle mondiale doit être mieux régulé, en préservant les intérêts de la France, mais il doit être poursuivi. Le TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), par exemple, est « une discussion avec les Etats-Unis sur nos préférences collectives respectives et la manière de les faire converger. » Malgré un dialogue aujourd’hui à l’arrêt, Emmanuel Macron souhaite la poursuite des négociations. « Le premier débat à avoir avec les Américains est de savoir comment on protège nos intérêts et nos préférences collectives. » Sont notamment en question l’« accès aux marchés publics et aux services financiers américains. » Pour Emmanuel Macron, « il faut se penser dans un monde ouvert, en regardant bien les équilibres mondiaux, notamment la Chine et la nécessité d’un lien fort avec les Américains. » Il en va de même pour le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) : « Ce traité améliore nos relations avec le Canada. Beaucoup d’Etats-membres ont reconnu que l’équilibre trouvé sur la relation Etat-investisseur était un bon équilibre dans ce traité ».


 La flexi-sécurité du marché du travail

« Donner plus d’adaptabilité aux entreprises, plus de visibilité et de sécurité pour que davantage de monde rentre dans le contrat à durée indéterminée, et en même temps donner plus de formation, parce que c’est ça qu’il faut articuler. »

Diagnostic

La flexi-sécurité : un compromis réussi

La concurrence mondiale, les évolutions démographiques et l’innovation technologique sont souvent évoquées pour justifier la volonté de rendre le marché du travail plus flexible. Le terme hybride de « flexi-sécurité » est né du constat selon lequel une instabilité de l’emploi est acceptable en contrepartie d’un investissement en capital humain (c’est-à-dire, en clair, en formation des individus) qui permet aux travailleurs de retrouver un emploi adapté à leurs qualifications très rapidement.
Emmanuel Macron va dans ce sens lorsqu’il énonce que « la clé » des réformes, « c’est de donner plus d’adaptabilité aux entreprises, plus de visibilité et de sécurité pour que davantage de monde rentre dans le contrat à durée indéterminée, et en même temps donner plus de formation, parce que c’est ça qu’il faut articuler. »
Ce système de compromis repose sur une confiance préalable entre les partenaires sociaux et dans les engagements mutuels permettant d’associer performances économiques et protection sociale.

Un intérêt croissant pour la flexi-sécurité

Progressivement, la notion de la flexi-sécurité s’est imposée dans les instances de discussion de la Commission Européenne. L’équilibre entre flexibilité et sécurité, toutes deux nécessaires pour s’adapter à un marché du travail en évolution, est recherché par les États membres de l’Union européenne pour atteindre leurs objectifs de croissance et d’emploi. Emmanuel Macron partage cette vision des choses. Il estime qu’ « il faut plus d’adaptabilité au niveau de l’entreprise, plus de flexibilité pour aider à s’organiser, à détruire moins d’emplois quand ça va mal, parce que c’est ça la réalité de notre économie », mais qu’il faut également plus « de droits nouveaux, de sécurités nouvelles. »
Comme le rappelle justement l’ancien ministre, l’activité économique est « un processus de destruction créatrice ». Le progrès technique et l’innovation, moteurs de l’activité productive, tendent à rendre obsolète certaines compétences. Par conséquent, il s’agit d’accepter cet état de fait et de faire en sorte que les individus puissent être géographiquement et fonctionnellement mobiles, ce qui doit permettre de retrouver un travail dans les plus brefs délais.

Un marché du travail dual qui manque de flexibilité

C’est le manque de flexibilité sur le marché du travail qui contrevient à la capacité d’adaptation des entreprises. Cette nécessité d’adaptation est d’autant plus importante lorsqu’intervient une dégradation de la conjoncture.
Emmanuel Macron résumait la chose de la manière suivante : « Vous savez, il y a un chiffre qui vous dit tout, en 2009 il y a eu une récession, en France. Cette récession elle a été deux fois moins brutale en Allemagne, nous avons détruit 7 fois plus d’emplois, 7 fois plus ! Pourquoi ? Parce qu’on ne sait pas s’adapter. »
L’ancien ministre de l’économie identifie le dualisme sur le marché du travail français comme un problème majeur, source ou illustration d’une précarité croissante : « 80 % des contrats sont des contrats à durée indéterminée, il faut préserver cela, c’est un acquis, mais à côté de cela 93 % des contrats que nous signons chaque année, ce sont des contrats courts, en grande majorité de moins d’un mois ». Il se rapproche en cela des économistes Piore et Doeringer, qui à partir du début des années 1970 (et en particulier en 1974) développent une analyse de la segmentation du marché du travail : celui-ci se diviserait en deux avec d’une part un marché primaire où les individus bénéficient d’emplois stables et relativement bien rémunérés (CDI), avec des perspectives d’évolutions professionnelles et des contrats de travail protecteurs ; et de l’autre le marché dit « secondaire » où les contrats de travail ne sont pas protecteurs et où les entreprises investissent peu en capital humain sur leurs salariés.
Pour Emmanuel Macron, le nombre de chômeurs « volontaires » relativement au marché primaire c’est-à-dire ne pouvant prétendre à de tels emplois, est préoccupant : « Il n’y a pas assez d’embauches, et en particulier en CDI. Il faut pour remédier à cela que les entrepreneurs sachent comment faire si leur situation se dégrade et les oblige à se réorganiser. Comment ? D’abord, plus de flexibilités négociées. Ce sont les accords de maintien dans l’emploi qui permettent de s’adapter en cas de coup dur. »
Il s’agit dès lors pour l’ancien ministre de l’économie de préserver la situation de ceux bénéficiant de conditions d’emploi favorables mais aussi et surtout de permettre aux plus défavorisés de prétendre à de tels contrats plus « sûrs » et inclusifs par une plus grande flexibilité : « La clé de cette réforme c’est justement de faire que le maximum de nos concitoyens puisse avoir accès au contrat à durée indéterminée. »
Cette situation pénalise le marché du travail français, dont les performances sont plus proches de celles des pays de l’Europe du Sud que de celles des pays du Nord ayant adopté ce modèle flexible et sécurisant à la fois : tandis que le chômage est de 9,6% en France, il est proche d’une situation de plein-emploi dans ces pays. Il touche essentiellement les 15-24 ans les et les 55-64 ans et concerne essentiellement les travailleurs les moins qualifiés et les zones urbaines sensibles. Le chômage de longue durée est important et en augmentation régulière depuis 2007.
Emmanuel Macron rappelle que « depuis 30 ans, le chômage n’est jamais tombé en dessous des 7 %, depuis 30 ans le chômage des jeunes n’est jamais tombé en dessous de 18 % ». Ajoutons à cela le fait que les Français éprouvent un profond mal-être au travail, qui résulte d’un manque de mobilité professionnelle et d’un sentiment d’insécurité du travail. Tout cela conduit la France à dépenser beaucoup pour la politique de l’emploi Les dépenses pour les politiques du marché du travail représentent en effet près de 2% du PIB.



Action

La loi Macron : un double objectif qui s’inscrit dans cette logique

L’entreprise doit bénéficier de plus de flexibilité dans la gestion de ses ressources humaines, afin d’absorber les chocs de la conjoncture économique. En l’absence de flexibilité, elle sera réticente à créer de l’emploi : « il faut continuer à travailler sur ce sujet : c’est trop rigide en France, quand ça va mal économiquement il faut qu’on puisse adapter plus facilement. »
Mais le contrat de travail et les procédures de licenciement doivent concilier les deux objectifs de flexibilité et de sécurité. Le salarié n’est pas responsable de l’évolution technologique ou des chocs sur la demande que subit son entreprise : « le chômeur n’a pas choisi d’être au chômage, et donc il faut d’abord se mettre en situation de recréer le maximum d’emplois dans notre économie, de faire des réformes de fond […], avant de dire “on va botter le train des chômeurs, qui sont des fainéants, et qui ne retournent pas au travail ».
Pour Emmanuel Macron, il est essentiel de « se garder des idées faciles ». Il faut assurer le salarié contre le risque que son emploi devienne obsolète ou simplement non rentable en assurant une mobilité fonctionnelle qui soit de nature à lui permettre de retrouver un emploi plus rapidement : « Cette visibilité, elle est bonne pour les entrepreneurs comme pour les salariés. Ces réformes réduiront les incertitudes liées au CDI et donc faciliteront les embauches. C’est la condition pour faire progressivement du CDI le vrai contrat unique. »

La réforme prud’homale

Le juge, quelle que soient sa compétence et son intégrité, appréhende avec difficulté l’horizon temporel dans lequel se projette le dirigeant d’entreprise. En conséquence, l’issue de la procédure de licenciement économique peut ne pas être « optimale ». Les entrepreneurs manquent donc de visibilité pour répondre aux défis stratégiques auxquels ils sont confrontés.
Les délais sont en outre bien trop longs : en cas de licenciement individuel, « une procédure durait 27 mois en moyenne et – à Paris quatre ans -, avec des peines, dommages et intérêts qui pouvaient varier d’une façon incroyable. »
La loi Croissance et Activité prend acte de ces difficultés et se donne pour objectif de raccourcir les délais et de simplifier les démarches. Enfin, pour parachever la réforme sur les Prud’hommes, hors cas de harcèlement et de pratiques discriminatoires, « il y a un plafond, et comme ça, vous salarié, vous entrepreneur, vous savez en quelque sorte de quoi il en retourne. Ça réduit l’incertitude, c’est beaucoup mieux pour tout le monde. »

Réforme du code du travail

Flexibiliser le marché du travail est une nécessité pour permettre aux entreprises de s’adapter à la variation de la conjoncture et passe par une remise en question d’un certain nombre d’aspects du code du travail en l’état actuel. « La clé de cette réforme, c’est justement de faire que le maximum de nos concitoyens puisse avoir accès au contrat à durée indéterminée. C’est donner plus d’adaptabilité aux entreprises, plus de visibilité et de sécurité pour que davantage de monde rentre dans le contrat à durée indéterminée, et en même temps donner plus de formation, parce que c’est ça qu’il faut articuler. »
Malheureusement, le code du travail français est à la fois complexe et directif.

Un code du travail complexe

Complexe d’une part : il fait déjà 3200 pages et continue de s’allonger au fil des années. Dans le même temps il n’est jamais remis en cause, parfois au détriment d’une activité économique et d’une justice sociale plus efficaces. Néanmoins, « cela ne sert à rien de réduire le Code du travail si ensuite on accroît la part de la jurisprudence et les instabilités qu’elle engendre. »
Il faut toutefois veiller à ce que sa révision ne compromette pas les acquis des travailleurs. A ceux qui, face à ce fait qui s’impose au constat, s’opposent à la remise en question de certains aspects du code du travail sous prétexte que cela risque d’introduire de la précarité sur le marché du travail, l’ancien ministre répond « vous pensez que quand vous avez deux fois plus de taux de chômage vous êtes moins précaire ? Je ne crois pas. »

Un code du travail directif

L’aspect directif du droit du travail français, en revanche, fait débat. Certes, le législateur français a prévu de l’espace pour la négociation au niveau des branches et des entreprises. Cependant, en pratique, il y a très peu de dérogations à la norme supérieure (la hiérarchie étant : 1. le code du travail, 2. l’accord de branche, 3. l’accord d’entreprise). Dès lors, « actons que notre droit du travail doit définir les grands principes avec lesquels nous ne voulons pas transiger : égalité homme-femme, le temps de travail, le salaire minimum, etc. Et revoyons à la négociation de branche, et en second ressort, à la négociation en entreprise, la responsabilité de définir les équilibres pertinents et les protections utiles. »
Loin de voir leur importance bafouée, les organisations syndicales et d’une manière générale les partenaires sociaux joueront un rôle plus que jamais prépondérant : « L’important, c’est de s’assurer que la loi précise et stabilise les règles générales nécessaires et de donner davantage de place aux accords de branche et d’entreprise, et donc aux partenaires sociaux. Cela suppose que les organisations syndicales s’adaptent à l’évolution de leurs responsabilités. »
Et pour que les syndicats puissent agir efficacement « Nous instaurerons un mécanisme clair de financement, par lequel les salariés orienteraient les ressources abondées par l’entreprise vers le syndicat de leur choix.

Encourager la formation professionnelle

Il faut pour assurer la mobilité des travailleurs, les former efficacement et surtout en fonction des besoins des entreprises. En France les filières technologiques et professionnelles souffrent d’un véritable discrédit et « si l’enseignement professionnel ne se développe pas comme il devrait, c’est que l’éducation nationale le méconnaît et que le rôle de formation est trop peu assumé par les entreprises. L’Etat doit définir les programmes et le cadre de l’enseignement professionnel, et la gestion de ces filières doit être transférée aux régions. »


 Le financement des entreprises

« Nous devons réussir collectivement à réorienter les modes de financement de notre économie, d'une économie de financement par la dette, à une économie de financement par les fonds propres. »
Diagnostic

Un problème en forme de paradoxe

La France a du mal à financer son économie réelle, alors même qu’elle dispose d’une épargne financière en quantité : « il y a 3 600 milliards d’euros d’épargne financière, et nous sommes l’un des pays qui a le plus de difficultés à financer son innovation, la croissance de ses entreprises, plus largement les fonds propres ». Le problème est que l’épargne des Français est mal orientée. Elle n’est pas assez mobilisée au service du financement de notre économie. En France, capital-investissement et fonds propres ne sont pas assez répandus, alors que « l’économie de l’innovation a besoin d’une structure de financement plus orientée vers les fonds propres ».

Des problèmes spécifiques à chaque type d’entreprise

Toutes les entreprises ne sont pas à égalité face à ce problème. Les grandes entreprises vont chercher des capitaux à l’étranger : elles se développent et se financent « avec en moyenne, et c’est stable depuis une dizaine d’années dans le CAC40, environ 65 %, une base actionnariale étrangère ». Dans l’industrie en revanche, les entreprises sont « freinées dans leur croissance » et c’est pourquoi « ce problème de financement a un coût macroéconomique ». Pour les start-up, la situation est encore plus préoccupante car le financement est pour elles « une question de vie ou de mort ». Elles sont d’ailleurs souvent contraintes de s’expatrier « à défaut de pouvoir trouver un financement en France ».

Des délais de paiement excessifs

Ils sont, aux yeux d’Emmanuel Macron, « une lèpre pour notre économie ». Le financement des entreprises est depuis longtemps mis à mal par « trop d’excès en la matière ». Les entreprises, surtout lorsqu’elles se trouvent dans des situations à risques (nouveaux marchés, investissements…), sont très dépendantes d’une trésorerie équilibrée. Or « il y a, chaque année, près de 15 000 défaillances qui sont liées précisément à ces délais de paiement excessifs ». Les TPE/PME sont les premières concernées : l’assèchement de leur trésorerie est une des causes principales de défaillance.



Action

Principes

Répondre aux défis d’aujourd’hui

L’économie numérique repose sur l’innovation, et souvent sur l’innovation disruptive. Le propre de cette économie, c’est « d’aller chercher des fonds propres, extrêmement rapidement, à un niveau parfois important ». Or « nous gardons des structures de financement qui sont celles d’une économie de rattrapage », « très intermédiée » et alimentée « par un financement par la dette, et par tous les produits d’endettement ». Si le financement par la dette est nécessaire, l’économie de l’innovation nous impose de « réussir collectivement à réorienter les modes de financement de notre économie, d’une économie, au fond, de financement par la dette, à une économie de financement par les fonds propres ».

Se méfier de l’intermédiation et de la régulation

Contrairement aux économies anglo-saxonnes, « 75 % de notre économie passe par ces intermédiaires que sont les banques et les assurances ». Trois formes de régulation pèsent également sur le financement des entreprises : la régulation budgétaire, qui contracte le crédit public ; la régulation bancaire « qui a conduit à progressivement sortir des banques la capacité à financer le private equity et à s’exposer à certains risques » ; enfin, la régulation assurantielle réorientée vers le financement obligataire « avec le dernier-né Solvabilité 2, qui est extrêmement défavorable à une allocation en fonds propres ».

Démocratiser l’actionnariat individuel

L’actionnariat individuel qui a fait la force du capitalisme français dans les années 80 s’essouffle pour trois raisons : tout d’abord, « il y a une concentration du patrimoine parmi les ménages les plus âgés » ; ensuite, « le temps de remboursement des biens immobiliers s’est allongé » et « les jeunes ménages consacrent une part croissante de leur épargne pour acquérir leur maison ou leur appartement » ; enfin, l’environnement financier est plus complexe, et « c’est une barrière à l’entrée importante ».


Propositions

Étendre les moyens de financement qui existent déjà

La loi croissance, dite aussi « loi Macron » permet aux entreprises de bénéficier de moyens de financement alternatifs. Premièrement, elle encadre la pratique du crowdfunding, qui représente une opportunité supplémentaire pour le financement des entreprises. Ce cadre « permet de sécuriser les différentes parties prenantes ». Il faut continuer de permettre le développement de cette « vraie révolution du financement ». Deuxièmement, elle rend possible le crédit inter-entreprises qui « est une véritable opportunité, en particulier pour les entreprises les plus fragiles ». Cette nouvelle forme de financement doit être pérennisée et son développement accompagné.

Développer de nouveaux moyens de financement

La réforme des bons de caisse représente une avancée majeure qui met fin à « une forme de monopole des banques » : la loi Macron rend possible l’intermédiation de cet instrument de dette, et permet « aux entreprises de pouvoir en financer d’autres, grâce au développement du bon de caisse ». La loi croissance crée également la possibilité « d’investir en capital-investissement dans le cadre fiscal de l’assurance-vie » et, ainsi, « elle aide à réorienter cette épargne française vers le financement en fonds propres ». Emmanuel Macron « espère que l’encours de ce type de produits pourra représenter quelques milliards d’euros ».

Réduire les délais de paiement

En 2013, le délai de paiement  des plus de 70 Md€ que représente chaque année la commande publique a été généralisé à 30 jours (hors hôpitaux et entreprises publiques). Le gouvernement dont Emmanuel Macron a fait partie s’est engagé à réduire encore ses délais de paiement à 20 jours d’ici 2017. En juin 2016, Emmanuel Macron, qui était encore Ministre de l’économie, a affirmé que « les entreprises qui affichent un comportement exemplaire demeurent minoritaires ». Pour lever ce « frein à la dynamique de reprise », son ministère a lancé des procédures de contrôle, des sanctions ont été prises, l’Observatoire des délais de paiement a été relancé.

Des « fonds de pension à la française »

Le projet de loi transparence et modernisation de la vie économique, en discussion au Sénat depuis juillet 2016, comprend plusieurs dispositions pour créer ce qu’Emmanuel Macron appelle « des fonds de pension à la française ». Il s’agit d’assouplir les contraintes prudentielles pesant sur certains régimes de retraite : « les contrats de retraite professionnelle pourront ainsi être réorientés vers les actions ». Cela permettra de renforcer « la participation des ménages au financement de l’économie ».

Donner de la visibilité aux entreprises

Emmanuel Macron s’engage dans Révolution à se montrer particulièrement attentif sur la question de la visibilité fiscale tout au long du quinquennat. « Une fois une réforme engagée, ne modifions pas les mesures prises et laissons-les s’appliquer avant de les évaluer ; engageons-nous à ne pas modifier plusieurs fois un même impôt au cours du quinquennat ».

Réduire le cout du travail

Les réformes engagées pour alléger les charges qui pèsent sur le travail doivent être poursuivies. C’est pourquoi Emmanuel Macron s’engage à « transformer le CICE en allègements de charges et à décider d’autres allègements ou suppressions de cotisations sociales patronales. Des économies sur la dépense publique et une fiscalité plus incitative, notamment sur la pollution ou la consommation, seront décidées pour financer cela. »


 L’économie circulaire

« L'économie circulaire est un formidable laboratoire pour montrer à nos concitoyens qu'on peut, au vingt et unième siècle, réconcilier notre pays avec l'idée de progrès ».
Diagnostic

L’économie circulaire face aux enjeux écologiques

Le modèle économique qui a soutenu la croissance du vingtième siècle (extraire, fabriquer, consommer, jeter) atteint ses limites. L’état de l’écologie mondiale est préoccupant, le réchauffement climatique n’en est qu’un des éléments les plus visibles. L’épuisement des ressources naturelles qui n’était qu’une perspective lointaine est désormais à prendre en compte dans les perspectives de croissance.
Face à ces enjeux, l’économie circulaire propose un nouveau modèle de société qui réconcilie croissance économique et considérations environnementales. Ce modèle vise à l’efficience de l’utilisation des ressources, en optimisant la gestion des stocks et les flux de matières, d’énergie et de déchets. En France, l’année 2015 a été placée sous le signe de la transition écologique avec la mise en application de la loi sur « La transition énergétique pour la croissance verte ».
Trop d’esprits sont encore marqués par une « opposition datée » entre croissance économique et écologie.  Pourtant le temps n’est plus aux idéologies, il faut réconcilier « les industrialistes et les environnementalistes ».
L’économie circulaire doit permettre de diminuer le prélèvement des ressources, de réduire la production de déchets et de restreindre la consommation d’énergie. Selon le rapport McKinsey commandé par la fondation Ellen MacArthur, l’adoption de modèles circulaires pourrait générer en Europe une économie nette de matières premières qui permettrait de « réaliser 630 milliards de dollars d’économies par an jusqu’en 2025, c’est-à-dire environ 9% du PIB européen ».
Par exemple, la collecte systématique des déchets alimentaires ménagers, leur utilisation dans la production de biogaz et le retour des nutriments aux terres agricoles représente une réelle opportunité puisqu’une tonne de déchets alimentaires peut générer pour 19,5 euros d’électricité, pour 13,5 euros de chaleur et pour 4,5 euros d’engrais. C’est aussi la possibilité de créer de nouveaux emplois en France. L’économie circulaire s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’économie de demain, permettant de « répondre au défi environnemental, au défi de compétitivité, au défi culturel ».


L’écologie circulaire une solution face aux autres défis de l’économie

L’écologie circulaire permet d’adresser le défi de la compétitivité, en jouant sur la compétitivité coût et hors coût.
La « compétitivité coût » est au cœur de la démarche avec une maîtrise du coût des intrants, « matériaux issus des chaînes de fabrication internes aux entreprises », la valorisation des déchets ou l’écoconception.
Hors coût, c’est un élément de compétitivité constituant « un élément d’innovation, de différenciation, de montée en gamme de notre industrie ». L’économie circulaire est un des éléments pour repenser « la réindustrialisation en Europe ».
Elle propose « l’innovation technologique avec le développement de nouveaux matériaux, la modernisation des outils de production ». Elle se fonde sur deux ressors une « innovation organisationnelle avec la transformation des modèles d’affaires, des processus des modes de conception » et une « innovation commerciale avec le développement de nouveaux labels qui valorisent les performances   environnementales   des   produits ».
« La nostalgie des Trente Glorieuses » n’est pas une solution réaliste pour envisager la croissance de demain. Seuls l’innovation et le progrès seront les clés du succès de demain. L’industrie française du futur doit se développer autour du numérique, en étant « plus environnementale, plus sobre (…), plus près des clients finaux ».
L’économie mondiale fait face à une transformation culturelle avec « l’évolution des besoins ». « Les comportements ne sont plus les mêmes ». Les consommateurs ne recherchent plus à « détenir des objets mais avoir des temps d’usage ». L’obsolescence programmée des objets ne représente plus aujourd’hui une réponse concrète pour une solution viable pour l’économie. L’industrie doit proposer « plus que des simples produits, (…) de vraies solutions complexes où il y a à la fois une production matérielle, des services associés, de l’intelligence – des logiciels – et de l’emploi ».

Action

L’économie circulaire comme réservoir d’emplois

L’économie circulaire doit être aujourd’hui promue, car elle propose de réconcilier croissance et développement à long terme. Elle est un vecteur de création d’emplois durables et innovants en France. Plus que de simples réponses à des enjeux environnementaux, l’économie circulaire engage une réflexion innovante, intégrant les nouvelles technologies et les besoins d’une société en transformation. L’économie circulaire est portée par le secteur conséquent des éco activités, en pleine expansion en France et en Europe. Aujourd’hui, ce secteur représente près de « 86 milliards d’euros de production dont près de la moitié pour le traitement de l’eau et des déchets », et 900 000 emplois directs et indirects en France.

Encourager les innovations existantes et promouvoir de « nouvelles techniques » 

La France est riche d’entreprises innovantes. La transition doit commencer par la « (consolidation) nos atouts parce que nous en avons ». « Nous avons des leaders mondiaux dans le recyclage, le traitement des déchets – qu’il s’agisse de SUEZ ou de VEOLIA –,   de nombreuses PME  et ETI également impliquées dans ce secteur ». Il faut poursuivre la transition de notre cadre législatif pour favoriser le développement des initiatives déjà présentes et les laisser prendre leur plein essor. Il faut faire prendre conscience à « nos concitoyens (…) que l’État (…) est là pour vous accompagner et aider cette filière et faire émerger encore plus vite ces solutions industrielles qui sont au cœur de cette économie circulaire ».
L’Etat doit s’impliquer activement dans la recherche de solutions innovantes « avec parfois l’entrée de l’Etat au capital même de ces projets ». L’Etat doit soutenir l’économie de demain, et prendre le risque de la recherche, lorsque le secteur privé fait défaut.

« Fédérer » les acteurs

L’Etat français doit jouer un rôle plus important dans la promotion et le développement de l’économie circulaire. Pour cela, il doit renforcer son rôle de coordination des différents comités de filières professionnelles. Ces derniers sont au cœur du renouvellement des industries françaises car ils permettent « de représenter l’ensemble des acteurs […] qui portent cette alliance des producteurs sans lesquels on ne peut pas construire de telles filières industrielles ». L’Etat doit de plus renforcer le rôle du CSF Eco-industries et encourager l’innovation dans ces secteurs « à travers des outils de gouvernance mobilisés ».
Le développement de l’économie circulaire en France passe par les grands instruments mis en place par le gouvernement, comme les « Green Deals », et « d’actions concrètes, d’énergie territoriale qui, précisément, construisent cette réorganisation de la chaîne de production, cette capacité à faire autrement, à produire autrement ».



 Une économie 2.0

« Avec cette Nouvelle France, plus industrielle, nous sommes engagés dans la modernisation de l'outil industriel par la transformation du modèle économique par le numérique »
Diagnostic

Un tournant à prendre

À l’heure du numérique et des nouvelles technologies, c’est d’une économie en phase avec son temps dont nous avons besoin, afin de mieux appréhender les défis de demain. De la jeune start-up aux grands groupes cotés en bourse, la richesse et les emplois sont créés par les entreprises, et indispensables à la croissance. L’économie française doit intégrer le facteur numérique pour évoluer de la façon la plus prospère possible et permettre au pays d’atteindre le « premier rang de la compétition mondiale ». C’était là le défi d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie : « avec notre Nouvelle France, plus industrielle, nous sommes engagés dans la modernisation de son outil industriel par la transformation de son modèle économique par le numérique ». En particulier, il est nécessaire de légiférer pour adapter notre économie à ce qu’on appelle l’uberisation.

Des atouts insuffisamment valorisés

Notre pays a tous les atouts pour réussir : un enseignement de qualité, d’innombrables talents dans tous les secteurs, une jeunesse prête à casser les codes. Cependant, l’action publique ne crée pas suffisamment les conditions pour les mettre en valeur et pour permettre à la créativité des Français de se déployer. Tout d’abord, il faut encourager l’innovation car « nos entreprises traditionnelles sont en retard sur les ménages, elles tardent à se moderniser », « on a simplement 64 % de nos entreprises qui disposent d’un site internet, contre en moyenne 76 % dans l’OCDE ». Il faut également faciliter la création d’entreprises et accompagner nos startups : nous avons « des milliers de startups, mais les champions mondiaux français sont encore trop rares ».



Action

Principes

« Je suis farouchement accroché à la réforme radicale et à ce qu’on avance dans le pays. »

Une opportunité

Ces évolutions ne doivent pas être source de craintes, mais bien être considérées comme de nouvelles opportunités économiques. L’économie 2.0 est une réponse possible à l’exclusion économique qui existe aujourd’hui en raison d’un climat social défavorable, d’un manque de structures liées à l’emploi, de discriminations à l’embauche. Elle favorise en effet l’entrepreneuriat individuel, vers lequel beaucoup de jeunes victimes de l’exclusion se tournent. Pour Emmanuel Macron, « notre choix est d’ouvrir notre économie et de créer davantage de mobilité sociale ».

Le client d’abord

Uber en est un exemple en région parisienne : « pour  beaucoup de jeunes aujourd’hui, c’est plus facile de trouver un client qu’un employeur ». L’utilisation intensive des smartphones et d’autres Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (NTIC) permet aux entreprises de mieux répondre à la demande, de proposer une offre plus attractive, et de créer de nouveaux emplois pour satisfaire de nouveaux clients. En 2015, on a compté en Seine-Saint-Denis plus de 2 000 créations d’entreprises de transport de personnes. En quelques années, les VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur) sont devenus le premier secteur de création d’entreprise dans la banlieue parisienne.

Propositions

Ouvrir l’accès aux données

Dans le monde de l’innovation, il est primordial de bien comprendre le comportement des clients. Pour cela, et pour pouvoir identifier de nouveaux leviers de croissance, les entreprises misent sur l’utilisation de données massives (big data). Les données sont « l’une des matières premières de cette nouvelle économie ». Facebook, Uber, Airbnb, Amazon : « toutes ces entreprises fondent leur force et leur croissance sur un actif immatériel qui est la donnée ». Ces données sont une ressource, et « notre responsabilité c’est, dans un cadre organisé, sans simplisme de savoir l’ouvrir, la faire circuler » pour « que les innovations puissent se faire, que de la valeur puisse être créée à partir de ces données ».
En tant que ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a défendu un projet de loi destiné à « ouvrir encore davantage les données publiques pour en accroître l’externalité positive ». Concernant les acteurs privés, il s’agit de « créer le cadre dans lequel secteur par secteur, de manière pragmatique, nous ouvrirons l’accès à ces données d’intérêt général », à savoir « celles qui permettent à d’autres acteurs économiques de créer de la valeur, de l’activité, de l’innovation, et là aussi des pans entiers d’activité ».

Encourager le capital risque

Le financement de notre économie ressemble à celui d’une économie de rattrapage : il repose sur la dette, et pas assez sur les fonds propres. Or, « cette économie de la disruption où tout s’accélère consomme du capital, des fonds propres ». C’est pourquoi notre défi est « de remobiliser notre épargne financière » et « de mobiliser du capital investissement encore bien davantage que nous n’en avons pour réussir ce passage à l’échelle, faire grandir nos startups et réussir à saisir ces créations d’activité ».
Emmanuel Macron a proposé deux pistes. Tout d’abord, imaginer un système boursier où les startups et les fleurons de l’industrie française pourraient rayonner ensemble. En effet, la moyenne d’âge d’une entreprise française cotée au CAC 40 est de 105 ans, alors que la moyenne d’âge des entreprises cotées au Nasdaq (USA) est de 15 ans. Ensuite, le projet de loi transparence et modernisation de la vie économique, définitivement adopté par le Parlement le 8 novembre 2016, comprend plusieurs dispositions pour créer ce qu’Emmanuel Macron appelle « des fonds de pension à la française ». Il s’agit d’assouplir les contraintes prudentielles pesant sur certains régimes de retraite : « les contrats de retraite professionnelle pourront ainsi être réorientés vers les actions ». Cela permettra de renforcer « la participation des ménages au financement de l’économie ».


 La lutte contre le chômage

« Un chômeur n’a pas choisi d’être au chômage, et donc il faut d’abord se mettre en situation de recréer le maximum d’emplois dans notre économie, de faire des réformes de fond comme celle qu’on a évoquée sur les Prud’hommes, avant de dire on va botter le train des chômeurs, qui sont des fainéants, et qui ne retournent pas au travail, il faut aussi se garder des idées faciles. »

Diagnostic

Une responsabilité collective

Aujourd’hui la France fait face à 10% de chômage, le taux le plus élevé jamais atteint ces dernières décennies. Même en période de croissance soutenue, le taux de chômage en France n’est jamais retombé sous les 7% depuis 1983. Le taux de chômage moyen ces trois dernières décennies a atteint les 9%. 600 000 chômeurs en plus depuis le début du quinquennat, « ce n’est pas un succès » affirme l’ex ministre de l’Economie Emmanuel Macron face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Mais il déclare aussi que c’est « une responsabilité collective » : les gouvernements successifs n’ont « pas assez investi dans la politique industrielle du pays » et il faut savoir s’armer de patience car « les choses fondamentales qui ont été faites depuis 2012 prennent du temps ».


Un système inadapté

La France est l’un des quatre pays qui n’a pas réduit son niveau de chômage au cours de l’année écoulée. C’est sans doute le résultat d’un système inefficace ou « inadapté ». Pour Emmanuel Macron, ce système « a été construit pour ceux qui occupent un CDI dans un grand groupe ». Or « seulement 13 % des embauches se font en CDI. Le reste, c’est une hyper précarité ». Il faudrait donc assouplir ce système si nous voulons une évolution. Emmanuel Macron veut se garder des « idées faciles ». Le pays a besoin d’une réforme, novatrice et ambitieuse, et cela passe notamment par le fait qu’il faut « s’adapter plus facilement ». « On ne peut pas dire que l’on a tout essayé contre le chômage car ce n’est pas vrai » affirmait-il avant de proposer ses projets. Il veut bousculer les barrières « mentales et réglementaires » afin d’apporter une nouvelle impulsion et de réduire le chômage.


La question des jeunes

Autre point indispensable dans la lutte contre le chômage : la question du chômage des jeunes. L’ex ministre de l’économie, lors d’une rencontre avec des jeunes diplômés de banlieue en février dernier, affirma qu’il n’était pas en faveur d’une « politique de l’assistance ». « Un jeune n’a pas envie qu’on l’assiste. Ce qui est insupportable, quand on vient d’un quartier, c’est de considérer qu’on est un public éligible à des mécanismes d’aide. Moi, je leur parle création d’entreprises ». Emmanuel Macron veut valoriser le talent de ces jeunes et estime que « l’amélioration passera plus par un changement de culture que par un texte de loi ».

Action

Principes

La défense de la valeur travail

Le travail est « ce qui permet de vivre, de s’émanciper, de nouer des liens avec les autres. Et c’est pourquoi le chômage est notre première bataille. Toutefois, le plein emploi seul ne permettra pas à notre pays de retrouver confiance : il faut donner à chacun du travail, il faut aussi donner à chacun des perspectives, une carrière, un avenir. »

Plus de flexibilité

Emmanuel Macron considère donc que le chômage ne pourra se résorber que par une flexibilisation et un assouplissement du système français. Dans sa loi éponyme, aussi appelée « Loi pour la croissance et l’activité », il propose une procédure plus rapide et plus simple de licenciement, pour faciliter l’embauche en CDI. Il estime que « les CDI sont trop compliqués à rompre », c’est-à-dire que du point de vue de l’employeur, la seule différence entre le CDD et le CDI est la condition de rupture. La situation actuelle pousse en effet les patrons à surpayer les CDD par truchement pour éviter les complications liées à la rupture d’un CDI. « Si l’on veut donner à tous la possibilité d’avoir un CDI, il faut réduire cette différence. Cela commence par les prud’hommes. C’est là où se terminent près d’un tiers des licenciements, avec des procédures qui durent souvent plusieurs années ». Emmanuel Macron affirme « je mettrai en œuvre un plancher pour les dommages et intérêts accordés dans ce cadre ».

La formation des chômeurs, oui…

« Il y a 700 000 chômeurs qui n’ont pas le niveau CAP, il y en a un million qui ont le niveau bac ou moins, donc c’est un problème, et eux, il faut les aider à se qualifier pour retrouver un emploi » a déclaré Emmanuel Macron. Celui-ci plaide pour davantage de formation pour les chômeurs peu qualifiés, alors que dans la plupart des cas « on formait les gens qui avaient déjà une formation »« Nous devrons systématiser l’apprentissage pour toutes les formations professionnelles jusqu’au baccalauréat, concentrer les ressources vers les bas niveaux de qualification et donner plus de poids aux branches professionnelles pour se former au métier choisi. » 

…mais pas uniquement

Le fondateur d’En Marche veut aller plus loin en partant du principe qu’il faudrait « lever les freins à l’entrepreneuriat individuel ». Dans certaines professions, des personnes auraient des « qualifications excessives » ou du moins n’auraient pas besoin d’une si longue formation. Emmanuel Macron prend l’exemple d’un artisan restaurateur ou d’un coiffeur qui n’auraient pas besoin de faire des années d’études pour faire marcher leur commerce. « Il faut valoriser les métiers, aider les artisans au quotidien et en même temps, considérer qu’il y a des sphères d’activités où on peut créer plus facilement son entreprise sans mettre les barrières à l’entrée. » Selon lui, on ne peut lésiner sur « tout ce qui touche la santé et la sécurité des consommateurs et des travailleurs » et qui nécessite des qualifications. « Pour le reste, il faut qu’on libère la possibilité de créer sa propre entreprise. »

Propositions

La loi Macron pour aller plus loin

Depuis le lancement de la Loi pour la Croissance et l’Activité, des emplois ont pu être créés. Face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC, Emmanuel Macron fait ce constat : « Depuis qu’on ouvre le dimanche, on me disait : “On a créé deux cent cinquante emplois”, juste au Centre Beaugrenelle. Je prends l’exemple des autocars, on a beaucoup raillé cette mesure. À elle seule, elle a déjà créé près de deux mille emplois directs ». Mais l’ancien ministre de l’économie porte avant tout la volonté d’assouplir les licenciements et de raccourcir les procédures aux prud’hommes. Il faut « armer les entreprises face aux brusques changements de conjoncture en leur donnant les moyens de négocier plus facilement des accords ». En résumé, la lutte contre le chômage repose sur « prud’hommes, négociations au niveau de l’entreprise pour le temps de travail, libération justement de l’entrepreneuriat et de la croissance de l’entreprise – fondamental pour celles et ceux qui nous écoutent », et ce sont là « des vraies choses ».

L’ouverture de l’assurance chômage

Afin de permettre plus de mobilité, il faut instaurer des filets de sécurité qui protègent ceux qui ne se sentent pas bien dans leur travail. C’est pourquoi Emmanuel Macron propose l’ouverture de l’assurance chômage.
Pour les démissionnaires « afin de les accompagner dans une démarche de formation et de requalification. À ce titre, l’« assurance chômage » changerait de nature. Il ne s’agirait plus, à strictement parler, d’une assurance, mais bien de la possibilité de se voir financer par la collectivité des périodes de transition et de formation : un droit universel à la mobilité professionnelle. » 
Mais aussi pour les « indépendants, commerçants et artisans, surtout au moment où la différence entre salariat et travailleur indépendant s’estompe dans la nouvelle économie de services. »

Le niveau des allocations chômage

Emmanuel Macron considère que le débat ne doit pas se porter sur la dégressivité des allocations chômages car ce n’est pas le sujet prioritaire et parce que beaucoup d’hommes politiques avec cette proposition « sous-entendent que la mobilité professionnelle se fera toute seule et que les chômeurs le sont plus ou moins par leur faute. »
Par contre, « le plafond des indemnités, aujourd’hui très supérieur à la moyenne de l’UE, sera revu à la baisse ». Il est aujourd’hui de 6200€ en France contre 2300€ en Allemagne et seulement 1200€ en Italie. 

Une formation renforcée

Le système de formation devra être transparent et efficace. « Nous devons offrir une large palette d’options – de la formation courte, sur quelques semaines, pour maîtriser une technique indispensable, à une formation longue, sur un ou deux ans, pour permettre de véritables reconversions. Pour ce faire, le système sera plus transparent, doté d’un vrai système d’évaluation et de publication des résultats, en termes de retour à l’emploi. Surtout, tous les actifs devront pouvoir bénéficier de ressources pour se former et pouvoir s’adresser directement aux prestataires de formation, sans intermédiaire. »
En échange des contreparties seront demandées aux bénéficiaires. « Nous renforcerons les contrôles et les exigences de recherche d’emploi et de formation pour nous assurer de la bonne utilisation de ces fonds. (…). L’équation est claire : au bout d’un certain temps, qui ne se forme pas n’est pas indemnisé. Et à l’issue de la formation, qui n’accepte pas une offre de formation raisonnable n’est plus indemnisé. »
 

 Encourager l’innovation

« Ce qui vient entraver tous ceux qui osent dans notre pays, on doit le simplifier, le supprimer, le rendre plus lisible, plus transparent pour chacun »

Diagnostic

Une révolution schumpétérienne : des destructions créatrices

La France a changé depuis la fin des Trente Glorieuses, parce que le monde lui-même a changé. Nous vivons une révolution numérique. Emmanuel Macron livre un diagnostic clair : tout a été bouleversé dans notre quotidien, « notre façon de consommer, d’innover, de produire, de se déplacer, de tout faire ». La mondialisation s’accélère, et la révolution numérique est en marche. Notre économie voit se produire, de façon simultanée, la disparition de secteurs d’activité économique et la création de nouvelles activités économiques : « Dans certains services, la moitié des emplois n’existeront plus dans dix ans » mais, en même temps, « on va recréer des opportunités pour les plus et les moins qualifiés ».

Une organisation collective obsolète

Nous sommes face à un grand défi car « il faudra s’organiser différemment pour accompagner les changements, il faudra plus d’agilité, il faudra former bien davantage ». Les modalités d’action publique, élaborées dans l’après-guerre, ne sont plus adaptées, et il convient de les repenser en profondeur, à partir des enjeux d’aujourd’hui : « ce ne sont pas des ajustements qui permettront d’accompagner cette transformation, mais une refondation radicale des choses ».

Une France fracturée

Ces bouleversements économiques et sociaux heurtent nos certitudes et notre confiance en l’avenir. L’anxiété progresse et les tensions s’accroissent. Les idées populistes gagnent du terrain et séduisent un électorat de plus en plus large. Il existe aujourd’hui deux France, de plus en plus éloignées l’une de l’autre : d’un côté, « la France qui croit dans la mondialisation, dans l’Europe, qui réussit, cette France qui est dans les métropoles », qui est « bien formée et dynamique » ; de l’autre côté, une France immobile qui n’a plus de repères, « qui a peur du déclassement, qui ne se retrouve pas dans ce monde qui va » et « qui sent qu’elle a peut-être un peu moins de droits qu’hier ». Il importe de les réconcilier en renouant avec la promesse républicaine de l’égalité d’accès aux opportunités.

Des modes de financement inadéquats

L’économie numérique repose sur l’innovation, et souvent sur l’innovation disruptive. Le propre de cette économie, c’est « d’aller chercher des fonds propres, extrêmement rapidement, à un niveau parfois important ». Or « nous gardons des structures de financement qui sont celles d’une économie de rattrapage », « très intermédiée » et alimentée « par un financement par la dette, et par tous les produits d’endettement ». Si le financement par la dette est nécessaire, l’économie de l’innovation nous impose de « réussir collectivement à réorienter les modes de financement de notre économie, d’une économie, au fond, de financement par la dette, à une économie de financement par les fonds propres ».

Action

Principes

L’entrepreneuriat accessible à tous

S’il est plus facile de créer une entreprise aujourd’hui qu’il y a 30 ans, il existe encore une injustice en la matière : « celui qui n’a pas le réseau, qui n’a pas les contacts, qui n’a pas déjà les entrées dans les banques, chez des clients, n’est pas dans la même situation que celui ou celle qui décide, sortant de ses études, de son quartier de se lancer dans l’entrepreneuriat ». Cette injustice, c’est « celle des opportunités et des accès ». Il serait absurde de vouloir que tous les entrepreneurs se ressemblent. Ce qui compte, c’est que tous ceux qui veulent entreprendre puissent « partir de la même ligne de départ » : « ceux qui veulent tenter, il faut leur permettre ».

Sortir des corporatismes

Emmanuel Macron en est convaincu, « libérer notre pays, c’est sortir des corporatismes ». Le corporatisme désigne cette propension qu’ont les membres d’un corps de métiers ou d’un groupe social à défendre leurs intérêts. Dans l’optique de préserver leur position avantageuse, ils étouffent l’innovation, la créativité et l’émergence de nouveaux talents. Ainsi, « les corporatismes nourrissent la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique ». Pourtant, les nouveaux entrants, comme l’entreprise américaine Uber, peuvent constituer des opportunités d’emplois, d’une part, et provoquer une baisse des prix, favorable aux usagers, d’autre part. Ainsi, accepter de rompre avec les habitudes et s’ouvrir aux initiatives bénéficie à tous.

Réinventer notre manière d’administrer

Notre action publique doit faire l’objet d’ « une refondation radicale ». Les initiatives des élus locaux, des présidents de région, des maires et des associations doit être encouragée par « ceux qui sont tout en haut, dans des bureaux ». Il est essentiel de donner des marges de manœuvre aux agents sur le terrain, et de favoriser l’innovation au niveau local.

Récompenser la prise de risque

Il s’agit de prôner une fiscalité qui récompense la prise de risques. « Notre fiscalité, et j’inclus ici l’actuel impôt sur la fortune, ne doit plus pénaliser ceux qui réussissent de leur vivant et investissent dans les entreprises et dans l’innovation ».

Propositions

Lever les barrières et protéger

« Ce qui vient entraver tous ceux qui osent dans notre pays, on doit le simplifier, le supprimer, le rendre plus lisible, plus transparent pour chacun », estime Emmanuel Macron. En tant que ministre de l’Économie, il a entamé ce qu’il appelle une « transformation culturelle ». Premièrement, il a supprimé l’indicateur 040 de la Banque de France (qui signale qu’un dirigeant d’entreprise a connu un dépôt de bilan au cours des trois dernières années) car « c’était un stigmate pour tout entrepreneur ». Deuxièmement, la loi croissance, dite loi Macron, permet à l’entrepreneur de rebondir après un premier échec en protégeant sa résidence principale. Troisièmenent, Emmanuel Macron a défendu au Parlement le projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique. Ce projet « vise à continuer à lever ces freins administratifs inutiles à la création de l’entreprise et à son développement » : par exemple la suppression de l’obligation pour les micro-entrepreneurs de détenir un compte bancaire dédié à leur activité professionnelle, qui coûte 200€ en moyenne, ou encore la limitation des contraintes administratives et financières qui découlent de l’embauche du premier salarié.

Favoriser le droit à l’expérimentation

Afin d’alléger les normes, Emmanuel Macron entend proposer aux entreprises ou associations porteuses d’un projet d’exprimer leurs besoins d’adaptation des normes juridiques et des procédures administratives auprès d’un interlocuteur unique : c’est le défi relevé par France expérimentation, dispositif lancé en 2016 par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Le but est d’encourager l’innovation grâce à des dérogations temporaires aux règles en vigueur.

Réorienter l’épargne des Français vers le financement de l’innovation

La France est « un pays qui a une épargne financière abondante mais qui l’utilise mal, et qui a un problème de financement de son économie réelle ». Capital-investissement et fonds propres ne sont pas assez répandus, alors que l’économie de l’innovation en a besoin. Le projet de loi transparence et modernisation de la vie économique comprend plusieurs dispositions pour créer ce qu’Emmanuel Macron appelle « des fonds de pension à la française ». Il s’agit d’assouplir les contraintes prudentielles pesant sur certains régimes de retraite : « les contrats de retraite professionnelle pourront ainsi être réorientés vers les actions ». Cela permettra de renforcer « la participation des ménages au financement de l’économie » et de stimuler l’innovation en France.

Donner de la visibilité

Il est aussi essentiel pour encourager l’innovation de permettre aux entrepreneurs et aux entreprises de ne pas subir des changements incessants de fiscalité. C’est ce qu’Emmanuel Macron appelle de ses voeux dans Révolution« Une fois une réforme engagée, ne modifions pas les mesures prises et laissons-les s’appliquer avant de les évaluer ; engageons-nous à ne pas modifier plusieurs fois un même impôt au cours du quinquennat ».

 

 Les bus Macron

« Donner plus de vitalité à notre économie, c’est également ouvrir de nouveaux secteurs, comme celui des autocars ».

Diagnostic

Une mobilité difficile

« Nous sommes un pays étrange qui est bien connu pour son maillage territorial, ses 36.000 communes ». Même si « on a moins de déserts démographiques que beaucoup de nos voisins », il y a « un vrai souci d’aménagement » et de mobilité car « dans notre pays il est impossible de faire un trajet Bordeaux – Lyon sans passer par Paris si on veut prendre les transports en commun ».
Les moyens de mobilité sont malheureusement limités : train ou voiture. « C’est un problème qu’il soit impossible de se rendre où on le souhaite sans prendre le train ou un véhicule particulier, par exemple pour rejoindre Nantes depuis Bordeaux. »

Des normes trop contraignantes

Notre pays compte un retard important sur ses voisins européens dans le domaine des transports par autobus. « L’an dernier (2014), en France, seules 110 000 personnes ont voyagé en car, alors que ce chiffre atteint 8 millions en Allemagne, ou 30 millions au Royaume-Uni. ».
Le sous-développement du transport en car est dû à la présence de normes bien trop contraignantes. En France, « il est interdit de faire un transport en autocar intra ou inter régional sauf à obtenir une autorisation express très compliquée à avoir. Pourquoi ? Parce qu’il y a trop de normes et parce qu’on a protégé, ce qui était légitime, notre secteur ferroviaire. »

Action

Les dispositions contenues dans la loi Macron de 2015 ont permis de développer une nouvelle solution aux problèmes des transports en commun français.

Une loi pour la mobilité

Au 30 juin 2016, 193 villes étaient reliées par des lignes d’autocars, dont 127 de moins de 50.000 habitants. On dénombrait alors 200 liaisons différentes dont 55 % ne pourraient pas être effectuées en train. La loi répond ainsi au problème induit par la centralisation du système ferroviaire français, car le réseau routier, sur lequel s’appuient les autocars, est nettement plus décentralisé et permet de voyager plus facilement entre les villes périphériques.
On observe « des résultats concrets avec quatre millions de Français qui ont utilisé les bus contre 110000 seulement en 2014 ». Cela nous permet de rattraper le retard pris sur nos voisins européen car « le réseau se développe à un rythme rapide qui est comparable à celui observé en Allemagne après l’ouverture de 2013 ».

Une loi pour l’égalité

Grâce à cette loi, « celles et ceux qui veulent voyager plus souvent qu’ils ne voyageaient hier, peuvent voyager plus facilement parce que l’autocar, c’est huit à dix fois moins cher. »
Cette loi permet de récréer de l’égalité entre les citoyens car les transports en commun sont aujourd’hui accessibles à ceux qui ne pouvaient prendre le train faute de moyens. Il y a désormais, « sur les territoires, des déplacements à des prix défiants toute concurrence. »
« Et lorsqu’on regarde qui voyage aujourd’hui en autocar, eh bien en effet ce sont les familles les plus modestes, ce sont les jeunes, ce sont les sans emploi ou les emplois les plus précaires et les plus fragiles. Et je pense qu’il y a là une mesure de justice ».

Une loi pour l’emploi

« Donner plus de vitalité à notre économie, c’est également ouvrir de nouveaux secteurs, comme celui des autocars ». Au-delà de la mobilité, c’est aussi un atout économique fort pour les entreprises comme pour les travailleurs.  « En 6 mois on a 1300 emplois directs qui ont été créés » plus « les emplois indirects comme ceux d’entretien, ceux dans les centres commerciaux, les points de passage ou les points d’arrêt de ces autocars ; et les emplois industriels induits »
Il faut d’ailleurs rassurer ceux qui pensent que cela signe la mort du train car « les autocars sont davantage en concurrence avec le covoiturage ou la voiture personnelle – les prix étant assez proches – qu’avec les services ferroviaires ». Par ailleurs, « La SNCF est prête (à accepter cette ouverture) parce qu’ouvrir les autocars, ça ne veut pas dire la mort du train, ça ne veut pas dire que nous allons abandonner le train, tous celles et ceux qui peuvent encore le prendre, qui le prennent aujourd’hui continueront et c’est un domaine d’excellence du pays. Mais c’est un nouveau pan de notre économie qui s’ouvre, la SNCF y participera puisqu’elle a elle-même une activité en la matière et d’autres concurrents s’y mettront aussi. C’est une mesure importante donc juste et bonne pour l’activité ».



 L’accès aux professions réglementées

« A compétence égale, à expérience égale, il n’est pas normal que certains puissent s’installer, et que d’autres ne le puissent pas ».

Diagnostic

L’idéalisation de la norme

La France a notamment construit son histoire par la norme. C’est ce qui explique que, aujourd’hui, « nous adorons les textes parce qu’on a l’impression que les choses iront mieux lorsqu’on prendra un texte de loi ». La loi permet certes de protéger les faibles mais, « lorsqu’on a trop de normes, lorsqu’elles s’accumulent, lorsqu’elles changent en permanence, c’est mauvais là aussi pour l’économie et c’est mauvais pour les plus faibles, c’est mauvais pour les plus fragiles ». En effet, il est plus facile de faire face à la complexité des règles lorsqu’on a les moyens de se payer un service juridique. Ce n’est pas le cas pour les TPE et les PME, encore moins pour pour les indépendants ou ceux qui aspirent à le devenir.

« Une injustice flagrante »

La réglementation de l’accès à certaines professions donne lieu à une double injustice. Tout d’abord, deux individus également méritants, ayant obtenu le même diplôme, n’auront pas les mêmes chances d’exercer la profession qu’ils ont choisie. Or, « à niveau de compétences égal, à expérience égale, il n’est pas normal que certains puissent s’installer, et que d’autres ne le puissent pas ». Ensuite, ces professions réglementées sont exercées par une population vieillissante : « 63 % des administrateurs judiciaires ont par exemple plus de 50 ans. La moyenne d’âge des notaires ou des huissiers de justice est de 49 ans. Celle des commissaires-priseurs judiciaires est de 53 ans ». La modernisation des « professions de notaire, d’huissier, de greffier des tribunaux de commerce, de commissaire-priseur judiciaire, d’administrateur judiciaire, de mandataire judiciaire » consiste à les ouvrir aux jeunes professionnels et à « celles et ceux qu’on appelle les outsiders, celles et ceux qui sont par définition en dehors du système ».

Un système obsolète

Le maillage territorial est une question cruciale dans le domaine des professions réglementées. Pourtant, alors que la population a augmenté, « le nombre d’implantations d’offices notariaux […] a plutôt un peu décru, ce qui n’est pas très logique ». De plus, il arrive que « des tarifs réglementés n’ont pas été revus depuis 1978 » : « On a un système de tarification qui est peu transparent pour les Français et qui crée parfois des problèmes en termes de pouvoir d’achat ». Enfin, faute d’ouverture entre elles, ces professions n’ont pas su se moderniser et mieux s’organiser « pour apporter une meilleure offre à leurs clients ».



Action

La réforme des professions réglementées est un aspect important de la loi pour la croissance et l’activité, également appelée « loi Macron ».

Principes

Dépassionner le débat

L’ouverture des professions réglementées ne consiste pas à stigmatiser ceux qui les exercent : « On ne peut pas dire qu’on va restaurer la confiance si on attaque une catégorie de Français ». Elle ne consiste pas non plus à priver ces professions de toute sécurité : « On ne peut pas expliquer aux Français qu’il faut restaurer de la confiance en les insécurisant ». Ouvrir l’accès à ces professions, introduire de la concurrence dans ces secteurs, donner la possibilité à ces professions d’ouvrir leur capital, ce n’est pas « faire entrer des capitalistes affreux ou l’idée qu’on s’en fait ». Loin des fantasmes et des peurs, il faut considérer la diversité des professions réglementées, regarder « de manière très pragmatique quelles sont les retombées pour les Français » et prendre des décisions en conséquence.

Simplifier sans bouleverser

Il s’agit de « simplifier résolument les conditions d’installation de ces professions », et non de « revenir sur l’exclusivité des tâches », par exemple le caractère authentique des actes notariaux. En effet, une telle remise en cause causerait « beaucoup d’instabilité, beaucoup d’inconfort pour nos concitoyens », pour « un résultat non démontré ».

Distinguer bonnes et mauvaises contraintes

Il arrive que les contraintes de formation et la longueur des stages requis « verrouillent les choses avec de bonnes raisons » : « Tout ce qui touche la santé et la sécurité des consommateurs et des travailleurs justifie des qualifications, des vérifications ». Pour le reste, en revanche, « il faut qu’on libère la possibilité de créer sa propre entreprise ». Il est faux de penser que cela dévalorise les métiers concernés : pas de réelle compétence, ni de qualité, pas de clients.

Propositions

Moderniser pour améliorer les services rendus

Dans le cas des pharmaciens, Emmanuel Macron, alors qu’il était ministre de l’Économie et en collaboration avec Marisol Touraine, ministre de la Santé, a fait des propositions concrètes : limiter à deux ou trois les règles d’installation, limiter les contrôles administratifs, encourager l’utilisation du numérique. C’est l’efficacité de la profession qui est en jeu : « Un pharmacien, un pharmacien je le dis bien, doit pouvoir vendre plus facilement des médicaments sur internet parce que c’est aussi un bon service ».
Les avocats sont également concernés : la révolution numérique est déjà en cours, et il y a aujourd’hui des avocats qui préfèrent abandonner l’appartenance à leur ordre plutôt que de renoncer à innover. En particulier, « l’interdiction d’afficher des activités dominantes, l’obligation faite aux avocats de rencontrer physiquement leurs clients, devra être revue surtout dans la perspective de l’arrivée des identifiants numériques ou de l’identité numérique ». Pour donner un cadre collectif et pertinent à des réalités nouvelles, il convient de réfléchir au déploiement de l’identité numérique et de la signature électronique.

Clarifier les tarifs

Tout d’abord, il s’agit de « faire évoluer les tarifs de telle sorte qu’ils reflètent mieux les coûts réels » tout en « gardant leur proportionnalité ». Par exemple, « les seuls prix de l’immobilier ancien ont augmenté de plus de 250 % depuis 1996 – le coût pour les Français des services associés a pareillement progressé, puisqu’il est parfaitement proportionnel aux prix de ces biens ». La loi Macron propose de revoir les prix « de manière régulière, sur une base transparente et objective ». Ensuite, il faut plus de transparence : « certains coûts de prothèses auditives, dentaires, sont insuffisamment explicites ».

Créer des passerelles entre professions réglementées

Il faut favoriser les échanges entre les professions d’un même secteur d’activité. L’enjeu est d’« avoir plus de professionnels sur le terrain et plus de flexibilité ». Pour les professions de l’exécution du droit, Emmanuel Macron veut « leur permettre de mieux s’organiser entre elles ». Plus généralement, il veut rendre possible l’ouverture du capital entre professions, de façon à favoriser les investissements et les regroupements. Il s’agit bien de « la défense du modèle français », par opposition aux cabinets allemands ou anglo-saxons dont le capital n’est pas détenu par des professionnels.



 La compétitivité française

« C’est enfin la libération de l’activité que je veux mettre au cœur de mon action. Libérer l’activité ça passe par toute une série de mesures très concrètes. »
Diagnostic

La compétitivité française en difficulté

La France doit faire face, depuis 2007, à une des plus grandes crises économiques et financières de son histoire. Elle doit affronter de nouveaux défis, de différents ordres. « Ce défi, ça n’est pas qu’un défi de sécurité. C’est un défi qui est au croisement de batailles économiques, sociales, culturelles, spirituelles aussi ».
Notre pays souffre de déficits publics excessifs qui freinent l’investissement et donc la compétitivité « Nous sommes aujourd’hui, sur le plan macro-économique, dans un contexte où nos déficits publics sont encore trop importants, malgré les efforts engagés, où la compétitivité de notre pays n’est pas encore en retournement. »
La compétitivité française semble en déclin face à celle de son voisin d’outre Rhin. « On parle toujours de l’Allemagne comme une référence … La force du capitalisme allemand que vous évoquiez, c’est vrai c’est qu’il y a un capitalisme familial qui a été plus favorisé qu’en France ».
Le rapport Gallois, ou rapport sur la compétitivité française, remis à Jean-Marc Ayrault, alors Premier Ministre, pointait déjà du doigt en 2012 le décrochage de l’industrie française en termes de compétitivité. Le modèle productif français connait donc des difficultés, qu’il faut aujourd’hui surmonter.



Action

Principes

Consolider les récentes avancées

Stabilité
Pour garantir les investissements, qu’ils soient français ou étrangers, il faut créer dans notre pays un climat de confiance et continuer à avancer dans le chemin que nous avons amorcé. « Il n’y a pas de long terme sans stabilité, parce que finalement l’une des maladies et nous avons été coupables aussi de cela, c’est le changement permanent. » Le pays est engagé dans une série de réformes qui doivent être continuées. Cette stabilité prend différentes formes :
  • Tout d’abord la réduction des dépenses publiques. « Le premier axe, c’est évidemment celui du sérieux budgétaire et avec lui du sérieux fiscal ; c’est la visibilité donnée aux acteurs économiques d’une réduction de nos dépenses publiques. C’est 50 milliards d’euros par rapport au tendanciel entre 2015 et 2017. »
  • La stabilité des engagements sociaux et fiscaux afin de donner de la visibilité est essentielle. « Une fois une réforme engagée, ne modifions pas les mesures prises et laissons-les s’appliquer avant de les évaluer ; engageons-nous à ne pas modifier plusieurs fois un même impôt au cours du quinquennat ».
L’Union
Pour relever le pays, il faut que nous unissions nos forces. Ainsi, nous devons combattre la morosité ambiante pour relancer la compétitivité de notre appareil productif. « Cette mobilisation économique, c’est celle dont nous avons besoin aujourd’hui. Ce pays ne se relèvera pas si les décideurs économiques ne croient pas qu’il se relèvera. ».

Propositions

Réduire le coût du travail

Il est primordial pour améliorer la compétitivité française de poursuivre, et surtout d’améliorer, le mouvement de baisse de charges engagé par le gouvernement actuel. « Je transformerai le CICE en allègements de charges et je déciderai d’autres allègements ou suppressions de cotisations sociales patronales. Des économies sur la dépense publique et une fiscalité plus incitative, notamment sur la pollution ou la consommation, seront décidées pour financer cela. »

La modernisation de l’économie

Des mesures concrètes sont proposées pour relancer la compétitivité de l’Etat français. Il faut moderniser le marché des biens et des services, mais aussi le marché du travail. Cela passe par un accroissement de la flexibilité et par la « libération de l’activité ».  « C’est enfin la libération de l’activité que je veux mettre au cœur de mon action. Libérer l’activité ça passe par toute une série de mesures très concrètes. » Ces mesures prennent la forme, par exemple, de l’assouplissement des règles sur le travail du dimanche, le travail en soirée ou encore les seuils sociaux. D’autres mesures perdurent et sont perpétuellement améliorées, à l’image des pôles de compétitivité. Ces mesures permettront de restaurer la compétitivité de l’économie française.

Financer le capital

L’amélioration de la compétitivité française passe par l’investissement, qui permet de diminuer les coûts de production ou d’améliorer la qualité des produits proposés. Pour financer l’investissement, le pays doit disposer de fonds propres, c’est-à-dire d’épargne. La France dispose d’une épargne financière abondante mais qui est massivement investie dans l’immobilier et dans les assurances-vies. L’enjeu est ici de mouvoir cette épargne vers le financement de l’économie réelle pour favoriser l’investissement, et donc la compétitivité. « Mais au-delà de ce point, nous prendrons dans les prochains mois une série de mesures très précises pour allouer plus de capital au financement des acteurs économiques dans notre pays, y compris des acteurs internationaux qui décident d’investir dans notre pays, parce que sans fonds propres, il n’y a pas de réussite économique ».

Donner de la visibilité

« Les pouvoirs publics donneront de la visibilité aux entreprises » avec la philosophie suivante : « Une fois une réforme engagée, ne modifions pas les mesures prises et laissons-les s’appliquer avant de les évaluer ; engageons-nous à ne pas modifier plusieurs fois un même impôt au cours du quinquennat ».
Cela passera aussi par une analyse rigoureuse de ce qui est fonctionnel aujourd’hui et de ce qui doit être changé. « Je veux qu’on n’ajoute plus de nouvelles règles avant d’avoir passé en revue celles qui existent. Dans nombre de secteurs comme le logement, l’agriculture, l’hôtellerie ou la restauration, nous avons trop changé les règles.  »



 Libérer le pays, sortir des corporatismes

« Des corporatistes, il y en a partout. On en a tous un peu avec nous. Moi le premier, j’ai ma part de corporatisme »

Diagnostic

Un monde en mutation

Négocier au mieux la transition numérique

La révolution numérique, caractérisée par l’essor d’Internet et plus généralement de l’informatique, a un impact sur tous les aspects de notre quotidien. « Tout est bousculé : notre façon de consommer d’innover, de produire, de se déplacer ». Afin de négocier au mieux ces transformations multiples, il est urgent de faire preuve de souplesse et de réactivité. Toute autre posture, qui consisterait par exemple à nier la nécessité de s’adapter aurait de lourdes conséquences. Car partout, le travail se transforme : « Dans certains services, la moitié des emplois n’existera plus dans 10 ans ». L’entreprise, la banque, l’assurance exigeront d’ici peu des compétences inédites. Il convient d’ores et déjà d’identifier les sources futures de valeur, et cerner des opportunités d’emplois pour tous les travailleurs, quel que soit leur niveau de qualification.

La mondialisation

Les mutations technologiques actuellement à l’œuvre agissent comme catalyseur et accélérateur de la mondialisation. Ce mot valise, est brandi maintes fois par les populistes comme l’origine des maux qui affligent notre société : chômage, pression à la baisse sur les salaires, nivellement par le bas des conditions de travail, précarité grandissante de l’emploi. Il ne désigne en fait rien d’autre que la mise en contact des territoires, par le perfectionnement des moyens de communication. Plutôt que de s’en prémunir en se repliant sur soi-même, Emmanuel Macron se fait le défenseur d’une « mondialisation heureuse » possible. Ce que d’aucuns envisagent comme un péril, lui le conçoit comme une chance, susceptible de profiter à tous, sans nier le fait qu’elle produit aussi des difficultés, et qu’elle fait des victimes, à qui il est indispensable d’apporter les sécurités nécessaires.

Une France divisée

Pour que chacun puisse tirer parti des opportunités conjuguées de la révolution technologique et de la mondialisation, il est crucial de réconcilier « les deux France ». S’éloignent en effet actuellement l’une de l’autre une France qui croit en la mondialisation, plutôt jeune, relativement qualifiée et fortement mobile, et une France qui lui est largement hostile, inquiète à l’idée de sombrer dans le déclassement. « Il est indispensable de trouver les chemins de la réconciliation des deux France : celle qui vit la mondialisation et les grandes transformations à l’œuvre comme une chance et celle qui en a peur. » Cette dernière est « tout aussi digne » et il n’est pas question de la délaisser. Bien au contraire, par un ensemble de refontes appropriées, alliées à des programmes de formation adéquats, il est possible de lui fournir les outils nécessaires à sa réussite.



Action

Principes

Libérer le pays

Libérer le pays consiste à mobiliser ses forces vives, à réunir toutes les bonnes volontés. Emmanuel Macron envisage au sens large « la liberté des entrepreneurs, des créateurs, et même des salariés, qui veulent parfois faire selon leurs propres règles ». Il propose de confier davantage de responsabilités et de capacités d’action aux acteurs locaux, en prise directe avec les réalités du terrain.
Décentraliser une partie du processus décisionnel auprès de ceux qui sont les plus susceptibles d’identifier les problèmes et de leur apporter une réponse concrète : voilà la condition pour gagner en efficacité et en célérité. L’objectif est ici de libérer les travailleurs d’une partie du poids de la hiérarchie, à bien des égards déconnectée de leurs attentes.

Sortir des corporatismes

Un constat s’impose, selon Emmanuel Macron, à propos des corporatismes : « Il y en a partout. On en a tous un peu avec nous. Moi le premier, j’ai ma part de corporatisme ». Le corporatisme désigne cette propension qu’ont les membres d’un corps de métiers ou d’un groupe social à défendre leurs intérêts. Souvent, cet entre-soi se fait au détriment du plus grand nombre, par des stratégies malthusiennes : la « loi Macron », menée lorsqu’il était encore Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, entendait justement libéraliser des secteurs comme celui des taxis, afin de stimuler la concurrence et in fine d’obtenir des prix plus bas. Les mutations annoncées dans le monde du travail, puisqu’elles vont exiger une grande capacité d’adaptation, appellent avec d’autant plus de pertinence la poursuite de ce type de mesure, car « ça ne marche que si on fait bouger tous les corporatismes ». Pour permettre le changement, et ramener la France sur le chemin de la croissance, il faut ainsi rompre avec l’inertie que suscitent les corporatismes.


Propositions

Donner leur chance aux entrepreneurs

Les résolutions d’Emmanuel Macron se nourrissent d’un paradoxe éloquent : en France, il est grave d’échouer et tout aussi problématique de réussir. C’est ce jugement ambigu qui annihile les élans créateurs, et suscite l’atonie plutôt que l’audace et l’initiative. La première ambition d’Emmanuel Macron est de « dédramatiser et faciliter l’échec : il faut pouvoir échouer facilement et rapidement ». Dans cette optique Macron œuvra, en 2013, pour la suppression de l’indicateur 040, tenu par la Banque de France, et qui répertoriait les chefs d’entreprise ayant fait l’objet d’une liquidation judiciaire au cours des trois dernières années. 144 000 dirigeants furent concernés par cette mesure. L’objectif étant ainsi de donner un coup de pouce aux entrepreneurs, de leur permettre de rebondir facilement après un échec, et d’obtenir ainsi plus facilement un crédit auprès des banques.

Faciliter la création et la croissance d’entreprise

Surtout, la création de l’entreprise n’est pas en soi un aboutissement, encore faut-il la faire croître et pérenniser son activité : « Entreprendre est formidable, mais croître et réussir est presque encore mieux ». Emmanuel Macron entend « lever les freins administratifs à la création de l’entreprise et à son développement », en supprimant, par exemple, l’obligation aujourd’hui faite aux autoentrepreneurs d’ouvrir un compte bancaire professionnel, à hauteur de 200 euros. L’idée est de simplifier le parcours de croissance de l’entreprise, de limiter ses coûts administratifs afin de réduire l’incertitude et la complexité de l’entrepreneuriat.

Avoir une vision de long terme

« Une grande entreprise n’est rien d’autre qu’une petite entreprise qui a grandi » : la condamnation moralisatrice de grands groupes prédateurs et déshumanisés perd son sens si l’on inclut la taille dans la logique de développement de l’entreprise. Afin de sécuriser l’épanouissement des entreprises et notamment par un accès facilité au financement, Emmanuel Macron encourage les nouvelles méthodes du crowdfunding, et souligne également l’influence bénéfique de collectifs, tels que le Réseau Entreprendre : les entreprises épaulées par ce réseau atteignent un taux de pérennité à 3 ans de 92% contre une moyenne nationale de 70%. Or, il est nécessaire, pour densifier et renforcer le tissu d’entreprises, d’accroitre la durée de vie de chacune d’elles.



 Promouvoir le risque face à la rente

« Rééquilibrer le couple risque-rente, c'est donner plus de place aux outsiders par rapport aux insiders. »


Diagnostic

Une « grande transformation » …

Le monde dans lequel nous évoluons n’est plus celui des Trente Glorieuses : « Notre économie, notre modèle productif, a laissé́ place à la grande transformation ». Cette grande transformation est fondamentalement porteuse de nouvelles opportunités économiques car elle repose sur une dynamique nouvelle, celle de l’innovation accélérée et dématérialisée – mais elle est aussi légitimement perçue par beaucoup de Français comme un facteur d’instabilité, voire d’insécurité. La numérisation et l’automatisation élargissent le monde des possibles et bousculent nos anciens schémas économiques en valorisant la disruption et l’innovation comme principaux relais de croissance. Une troisième révolution industrielle est en marche.

… Source d’inégalités et de peurs

« La grande transformation crée de nouvelles inégalités ». Les nouvelles formes d’activité auxquelles elle donne naissance accélèrent la métropolisation et la concentration des activités au détriment de certains territoires laissés en marge de la mondialisation. Elle renforce certaines inégalités sociales « en créant des risques de désœuvrement dans des secteurs d’activité́ ou des secteurs de qualification ». L’automatisation des emplois « routiniers » affecte l’activité de ce qui constituait la « grande classe moyenne » idéale des années 1980. Parallèlement, la digitalisation accroît la concentration de la valeur ajoutée. Cette grande transformation « alimente alors des peurs et ces peurs sont légitimes ».

La rente, un frein français à l’adaptation économique et à la justice sociale

La peur du changement ne doit pas empêcher de voir dans cette transformation une opportunité. Le contraire reviendrait à valoriser le repli sur la rente.
Le phénomène de rente se matérialise en la garantie de pouvoir tirer des revenus de la possession d’un actif rare. Ainsi, il peut s’agir de biens, comme par exemple, les matières premières ou l’immobilier. Mais aussi, il peut s’agir d’une rente dite « de situation ». C’est le cas de certains secteurs qui bénéficient de règles protectrices. Celles-ci sont autant de barrières afin de conserver des coûts d’accès à leur marché artificiellement élevés souvent au détriment du consommateurs et de l’innovation. Autre forme de rente : les brevets industriels qui valorisent excessivement un droit de propriété par rapport au risque pris initialement. Si certaines rentes temporaires récompensant un effort d’innovation sont justifiées, elles ne doivent pas empêcher le renouvellement, voire la réinvention, des produits et services.
La multiplication des réglementations publiques protégeant la rente des intérêts corporatistes en France ne trouve souvent d’explication que par l’existence même de ces ordres. Concrètement, ces rentes déforment la distribution des revenus au profit d’« insiders » sans venir rémunérer un risque pris ni un mérite propre.
Sur le plus long terme, elles freinent l’adaptation de l’économie et augmentent le chômage en bloquant l’innovation et l’accès des « outsiders » au marché « Dans les secteurs où la rente est forte, l’insider est protégé et n’est jamais incité à innover », « ces secteurs sont bloqués et ils demeurent injustement fermés : il est très difficile pour les outsiders d’y entrer ».

Action

Principes

Notre responsabilité́ aujourd’hui est de « mieux organiser les choses, mais au réel et pas au nom simplement de grands principes ». L’enjeu est de faire réussir la France dans la mondialisation, mais « en préservant nos valeurs, c’est-à-dire nos préférences collectives ».

Favoriser la prise de risque au détriment de la rente

L’innovation étant devenue le principal moteur de la croissance, il faut valoriser et récompenser la prise de risques car « nous vivons plus que jamais dans des économies corporatistes, où la part des rentes reste très forte ». Donner plus de place aux « outsiders » qu’aux « insiders » devient ainsi une nécessité. En effet, « celui à qui le risque peut profiter, c’est justement celui qui, au départ, n’a rien, ne possède rien, si ce n’est son énergie et son envie, sa volonté d’entrer dans un nouveau marché en innovant ». Au contraire, « l’insider » qui est protégé́ dans un secteur où la rente est forte n’est jamais incité à innover.

Penser une nouvelle politique de financement de l’innovation

Le modèle de financement bancaire et centralisé de la France a été́ conçu pour une économie de rattrapage planifiée et orientée vers les grands projets. Aujourd’hui, ce modèle « souffre par conséquent d’un énorme handicap par rapport à des économies étrangères », « où l’allocation de capital se fait différemment, et où la capacité à lever beaucoup de fonds propres très vite est forte ». Suite à la crise financière et aux différentes réglementations bancaires, ce modèle ne permet pas de financer adéquatement l’innovation. Le développement du capital-risque (fonds de pension à la française, business angels) est encore insuffisant, alors qu’« En France, on a des concurrents [à Uber] qui sont très crédibles – LeCab, Chauffeur-privé, etc. –, mais ils ont levé quelques dizaines de millions d’euros. » Il est donc nécessaire d’ajuster notre modèle de financement des entreprises innovantes pour une meilleure croissance économique.

Ouvrir notre système

L’accumulation de « barrières réglementaires injustifiées » créatrices de « rentes illégitimes », c’est-à-dire de « rentes qui ne sont pas des rentes d’innovation, mais des rentes de situation » « renforce la brutalité́ des mutations inévitables ». L’arrivée non anticipée d’Uber a bouleversé le marché des taxis dont la réglementation a été de fait remise en question. Lever les régulations illégitimes permettra d’ouvrir le marché du travail à ceux qui n’ont pas le capital social ou financier suffisant pour accéder à un marché trop réglementé, en dépit de leurs compétences.

Propositions

Libérer la concurrence et réguler

Emmanuel Macron adhère « à la politique de la concurrence comme un instrument de la liberté́ et de l’égalité́ ». Mais il n’y a de bonne concurrence que s’il y a une politique de la concurrence qui ne favorise pas l’émergence d’entreprises hégémoniques détentrices de rentes liées à l’effet réseau, à l’image des GAFA. Une régulation européenne commune ainsi que la création d’un marché́ unique du numérique pourront contribuer à faire émerger les entreprises numériques de demain. À cette fin, des réformes de simplification, d’ouverture des données et de financement de la croissance sont inévitables.
Concernant le financement de l’innovation, Emmanuel Macron préconise l’accès rapide et massif aux fonds propres qui pourrait être développé via « le capital-risque européen dans le cadre du plan Juncker » et l’ajustement, « lorsque cela est possible, des réglementations comme Solvabilité́ II ».

Repenser la fiscalité du capital

L’impôt sur la fortune, par exemple, pénalise ceux qui ont réussi et qui veulent investir dans des entreprises innovantes. Dès lors, « la fiscalité́ du capital est aujourd’hui inadaptée » : « la taxation sur les successions est préférable aux impôts de type ISF » dans la mesure où l’héritage ne rend pas compte du risque et du mérite, contrairement à l’accumulation du capital par le travail. De la même façon, l’exit tax, qui taxe les plus-values des contribuables qui transfèrent leur résidence fiscale hors de France pousse « les jeunes à créer leur entreprise à l’étranger dès l’origine ». Il est urgent « d’attirer et de savoir garder chez nous des talents internationaux ».

Repenser les protections de notre système

Demain, chacune et chacun sera amené(e) à changer régulièrement de statut ou d’employeur. Cela suppose, d’une part, d’assurer suffisamment de flexibilité pour adapter les métiers aux besoins de l’activité. Cela suppose, d’autre part, de garantir des sécurités individuelles afin d’assurer l’égalité des opportunités et d’inciter à la prise de risques. Le défi est de « penser les appareils de formation et d’accompagnement pour que les individus puissent progresser continûment, tout au long de leur vie, et connaitre ainsi une mobilité́ sociale et économique ».
Il s’agit aussi de « permettre aux individus de rebondir plus facilement lorsqu’ils échouent ou ont des accidents de la vie ». Encourager la prise de risque, c’est « réduire le coût de l’échec ». La loi croissance, dite « loi Macron », prévoit ainsi de supprimer l’indicateur 040 du Fichier bancaire des entreprises (FIBEN), parce qu’il stigmatisait les entrepreneurs ayant connu un dépôt de bilan. Cette loi empêche également que le logement d’un entrepreneur qui échoue soit saisi par défaut.



 La loi Macron

"Cette loi est un pari : celui de faire confiance aux Français plutôt que d'exiger leur confiance. Il y aura des points réguliers d'évaluation de cette loi et de son impact économique" mais "il faut encore attendre pour en voir tous les effets"

Diagnostic

Le monde face à la Troisième Révolution Industrielle

Le monde connaît un bouleversement profond de son économie. Ce bouleversement économique correspond à une « Troisième Révolution industrielle », selon les termes de l’économiste américain Jérémy Rifkin, qui transforme notre quotidien, de notre manière de consommer, d’innover, de produire ou jusqu’à notre façon de se déplacer.  Cette révolution, de nature essentiellement numérique, provoque une « accélération de la mondialisation » et annonce la fin de « l’âge classique du travail ».  De fait, notre modèle de société doit s’adapter afin de « recréer des opportunités pour les plus et les moins qualifiés ».

Une France à réformer pour gagner dans la mondialisation

Depuis quelques années, les pays émergents et les Etats-Unis sont principalement à l’origine du regain de croissance à l’échelle mondiale. L’Europe, quant à elle, est à la peine. En effet, « la zone euro est en situation difficile, et la France se trouve en plus grande difficulté encore ». La France affiche en moyenne une croissance inférieure de 0,4 à 0,5 point à celle des pays de la zone Euro. Il est donc urgent de restaurer le potentiel de croissance du pays en modernisant son économie : gagner en attractivité et en compétitivité, ce qui lui permettra de sortir gagnant de la mondialisation.

 Une loi pour l’égalité des chances économiques

La loi Macron entend faciliter cette mutation en guérissant les « trois maladies de la France » que sont « la défiance, la complexité et les corporatismes ». La crise que traverse le pays est avant tout une crise de confiance : une fracture réelle se dessine entre le peuple français et ses élites, qui annihile tout élan réformateur et bloque l’économie. De plus, l’accumulation des normes et des lois a rendu l’appareil législatif trop complexe, voire inopérant. Il ne permet ainsi plus de protéger les plus faibles, que ce soit en matière d’accès au logement ou au marché du travail. Enfin, la société est paralysée sous l’effet néfaste des corporatismes. Par la propension qu’ont les membres d’un corps de métiers ou d’un groupe social spécifique à défendre leurs intérêts propres, au détriment du plus grand nombre, ces corporatismes protègent des situations de rente, dissuadent la prise de risque et « empêchent l’énergie de circuler dans l’économie ».
Une vidéo pédagogique pour comprendre la loi Macron :

Action

 Principes

Simplifier

La simplification est nécessaire pour « donner plus de vitalité à notre économie ». En effet, trop de complexité administrative fragilise ceux qui sont déjà exclus du système et, pire encore, elle peut devenir « une redoutable incitation à ne rien faire, à ne rien tenter, à ne rien entreprendre ». La simplification implique moins de documents, moins de contraintes. Pour tendre vers davantage de souplesse et de réactivité, il parait nécessaire de refonder certains dispositifs de notre marché du travail et de repenser certaines règles, en les rendant plus claires et moins abstraites. La loi Macron simplifie la vie des entrepreneurs mais aussi celle des salariés, notamment grâce à la réforme des prud’hommes avec l’accélération des procédures afin que les dossiers soient traités plus rapidement.

 Libérer

La loi lève des freins à l’activité. Cela signifie qu’il faut « ouvrir de nouveaux secteurs, ouvrir certaines professions et faciliter les accès notamment pour les plus jeunes et les plus démunis ». L’ouverture du secteur des transports par autocars réalisée par la loi Macron est emblématique de ce principe de libéralisation. En effet, la mise en service des Bus Macron a eu « des résultats concrets » : plus de 4 millions de voyageurs ont ainsi bénéficié de trajets interrégionaux à des prix très attractifs, un contingent près de 40 fois supérieur à celui de 2014, où seules 110 000 personnes s’étaient déplacées en autocar. Libérer, c’est donc offrir de nouvelles mobilités mais aussi créer davantage d’emplois dans les secteurs concernés.

 Investir

Donner plus de vitalité à notre économie, c’est également investir. Les moteurs de la croissance sont en voie d’obsolescence et ne génèrent plus suffisamment de dynamisme. L’économie française a donc besoin d’investissements à la fois publics et privés, pour initier de nouveaux projets (comme celui de l’amélioration de la couverture numérique, que promeut la loi), renouveler son appareil productif et former sa main-d’œuvre à de nouvelles compétences. La modernisation de notre économie doit passer par une stimulation de l’investissement privé et par « un véritable investissement productif avec des projets rapides et concrets, et du vrai capital ». A cette fin, il convient notamment de s’appuyer sur le plan d’investissements que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a présenté en 2014 et qui prévoit de relancer l’industrie en Europe en mobilisant 315 milliards d’euros d’investissements de 2015 à 2017. Emmanuel Macron a rappelé en août 2016 que « cette loi fait partie d’un ensemble plus large » dont « le cœur de la politique économique » est « la relance sur le plan européen ». C’est lui-même, en tant que Ministre de l’Economie, qui avait proposé à l’Allemagne, en 2015, le fameux « New Deal pour l’Europe ».

Propositions

Plus de transparence pour plus de justice

Justice et transparence sont les instruments qui doivent permettre d’améliorer la vie quotidienne des Français. Ces principes sont au fondement de la loi Macron et transparaissent dans trois de ses mesures phares, que sont la réforme des règles de licenciement collectif, celle de la réforme prud’homale et celle de l’ouverture le dimanche des commerces de détail.
Concernant la réforme des règles de licenciement collectif, l’objectif est de sécuriser davantage les entreprises pour les inciter à embaucher. La loi, par l’intermédiaire de son article 98, modifie la façon dont sont choisies les personnes licenciées à l’occasion d’un plan social. Le code du travail stipule aujourd’hui que ce choix doit se faire en fonction de critères précis (charges de famille, ancienneté, qualités professionnelles…) et que ces critères doivent être appréciés à l’échelle de l’entreprise tout entière, envisagée comme une entité. Avec la loi Macron, l’entreprise pourra mener un plan social à l’échelle d’un ou plusieurs établissements spécifiques seulement. L’idée est d’accorder à l’employeur un gain de temps et une simplification des démarches, lorsque son entreprise se trouve en difficulté.
Avec la réforme des prud’hommes, l’enjeu consiste à simplifier les procédures pour en réduire les délais. Pour en finir avec ces délais qui peuvent aller jusqu’à « quatre ans à Paris », « la rénovation du système de justice prud’homale est devenue une nécessité pour les Français ». Aussi, la loi Macron prévoit la création d’un bureau de jugement restreint, tenu de statuer dans un délai maximum de 3 mois, mais aussi le renforcement de la formation initiale et des obligations déontologiques des conseillers prud’homaux, afin de conforter la solidité de leurs décisions, et enfin la fixation d’un prix plancher et d’un prix plafond d’indemnisation, en cas de licenciement sans motif sérieux avancé par l’entreprise.
Enfin, l’assouplissement du travail le dimanche offre la possibilité aux maires d’accorder non plus cinq mais douze dimanches dans l’année pour l’ouverture des commerces. Les salariés percevront une compensation salariale d’au moins 30% ainsi que d’éventuelles contreparties additionnelles selon des accords d’entreprises au cas par cas. De plus, des « zones touristiques internationales » sont créées à Paris, Nice, Cannes ou Deauville, dans lesquelles les commerces pourront ouvrir les dimanches et jusqu’à minuit « car c’est la condition pour capter de l’activité et créer plusieurs milliers d’emplois ».
Ainsi, à travers ces trois réformes, la loi Macron redonne plus de justice à la fois aux salariés mais aussi aux territoires.

Plus d’intéressement pour un meilleur financement de l’économie réelle

La loi Macron incite à l’épargne salariale ainsi qu’à l’actionnariat salarié pour « rendre plus simple l’investissement productif des salariés, quels qu’ils soient, dans l’économie ».
L’actionnariat salarié désigne un système d’intéressement des salariés aux résultats de leur entreprise. L’intérêt est ici de refonder un mécanisme jusqu’à présent trop rigide et complexe. Car les bénéfices attendus sont grands : il s’agit de renforcer l’implication des salariés dans le développement de leur entreprise et de faciliter le recrutement de collaborateurs à haut potentiel dans les start-ups et petites et moyennes entreprises. La réforme prévoit pour ce faire de simplifier le système des Bons de souscription en parts de créateur d’entreprises (BSPCE) ainsi que le recours aux Attributions Gratuites d’Action (AGA).
Concernant la réforme de l’épargne salariale, la loi permet un élargissement de cette épargne aux TPE et aux PME ainsi qu’à un plus grand nombre de salariés car, jusqu’à présent, seuls 10% d’entre eux avaient accès à ces dispositifs. Le but est de rendre les TPE et PME plus attractives fiscalement. Les fonds récoltés sont utilisés pour financer l’économie et l’innovation par le biais d’une réorientation de l’épargne vers l’économie. Par ailleurs, « c’est aussi un moyen de repenser l’entreprise, en associant plus étroitement encore les salariés aux fruits de leur labeur » et « c’est ainsi refaire de l’entreprise une vraie communauté de destins ».

Plus de droits pour les Français

L’une des mesures phares de la loi Macron est de faciliter l’installation de nouveaux arrivants au sein des professions réglementées du droit tels que les huissiers, les notaires ou les commissaires-priseurs. Le but est de favoriser la concurrence et de permettre aux titulaires des diplômes requis de « se lancer et d’accéder assez vite aux responsabilités ».
Les grilles tarifaires ont été modifiées pour les actes de la vie courante ainsi que pour la plupart des transactions immobilières afin d’en diminuer le prix.
Autre disposition conçue pour générer de nouvelles opportunités : celle réformant le permis de conduire. Il s’agit bien de permettre « aux plus jeunes de rentrer plus vite et plus facilement dans la vie professionnelle et d’avoir un égal accès aux opportunités ». Les mesures prises dans la loi Macron à ce sujet permettent de réduire les délais d’attente, de baisser le coût de passage et de moderniser l’organisation de l’examen du permis de conduire. D’ailleurs, depuis l’entrée en vigueur de la loi, « on est passé de 98 à 68 jours de délai d’attente », même si « l’objectif est de 45 jours » a rappelé Emmanuel Macron en août 2016.
Indiscutablement, « cette loi est un pari : celui de faire confiance aux Français plutôt que d’exiger leur confiance ». La loi Macron n’enlève aucun droit, n’ajoute aucune barrière et n’interdit rien à aucun Français. Au contraire, elle s’applique à recréer des droits et des accès, en particulier pour les plus jeunes et les « outsiders ».



 Les dépenses publiques

« La dépense publique qu’il faut réduire, elle est toujours chez l’autre. Ce serait trop facile, ce monde où il faudrait baisser la dépense publique et dès qu'on touche à soi ce serait l'horreur ».

Diagnostic

Une augmentation constante des dépenses publiques depuis les années 1970

Un amortisseur de conjoncture…

Les dépenses publiques sont en constante augmentation depuis 1975, elles atteignent aujourd’hui 57% du PIB. Selon Emmanuel Macron, cette « dépense publique plus forte » qu’en Allemagne a permis à la France de mieux tenir lors de la récession de 2009, parce qu’elle est un « amortisseur » de conjoncture. En effet, le financement d’un système social important par la dépense publique a permis de limiter la baisse de consommation liée à une récession et donc de limiter l’impact de celle-ci sur les entreprises.
… comme réponse facile à la crise
Pour Emmanuel Macron, l’augmentation de la dépense publique a été « la réponse facile que les gouvernements, de toutes couleurs, ont utilisée jusqu’ici ». En effet lorsque l’on regarde l’augmentation des dépenses publiques, on s’aperçoit que chaque gouvernement depuis l’administration de Valery Giscard d’Estaing a sa part de responsabilité dans cette augmentation. Les dépenses publiques atteignent aujourd’hui 57% du PIB contre 45% en 1981.
Notre niveau de dépenses publiques n’a cessé de croître pour atteindre aujourd’hui un niveau de 8 points supérieur à la moyenne des pays de la zone euro. Cet écart s’explique néanmoins pour les 2/3 par le fait que notre système de retraite est un système par répartition public.

Un problème pour les générations actuelles et futures

Un déficit public source de défiance…

L’augmentation des dépenses publiques a contribué à l’augmentation du déficit public français. Or, l’augmentation de ce déficit est source de défiance pour les investisseurs, car il peut entraîner une incertitude, notamment quant au niveau de la fiscalité des entreprises et des ménages. Réduire les dépenses publiques est donc une des « conditions pour déclencher l’investissement » et attirer les investisseurs étrangers, car cela permet de redonner confiance en un Etat-stratège gestionnaire et rigoureux, et plus globalement dans l’ensemble de l’économie française.
Dans un contexte de concurrence internationale et de faible harmonisation européenne sur les questions fiscales, la volonté des gouvernements de droite et de gauche de combler les déficits principalement par une hausse des prélèvements obligatoires pourrait constituer un handicap pour l’arrivée d’investissements et faire fuir les investisseurs vers d’autres pays de la zone euro où la fiscalité est plus attractive (Irlande ou Luxembourg).

… et qui créé une iniquité intergénérationnelle

La répétition récurrente d’un déficit public important a creusé la dette publique française qui atteint aujourd’hui 98,5% du PIB, à plus de 2 175 milliards d’euros. Dans un contexte de taux d’intérêts extrêmement bas, cette dette reste soutenable mais continuer à l’augmenter « c’est reporter le problème sur les générations à venir, c’est créer une iniquité intergénérationnelle nouvelle. C’est considérer que le traitement de nos difficultés d’aujourd’hui, les jeunes le paieront demain », soutient Emmanuel Macron.
Une dette publique excessive accroit mécaniquement le poids de son remboursement dans les dépenses publiques, ce qui peut entrainer des difficultés financières supplémentaires. Les difficultés économiques de la Grèce en sont l’exemple le plus éloquent. « Laisser filer » aujourd’hui les déficits, c’est donc mettre en péril les générations futures par la fragilisation de l’ensemble de notre système social : indemnisation des chômeurs, financement des retraites, financement de l’assurance maladie, etc.

Action

Principe

Le sérieux budgétaire

Selon Emmanuel Macron, le premier axe de réforme est celui du sérieux budgétaire, qui va de pair avec le sérieux fiscal. En effet, la stabilité budgétaire et fiscale est la condition première pour « restaurer notre crédibilité » et « déclencher l’investissement au niveau de la zone euro ».
La baisse des dépenses publiques et la maitrise du déficit public au niveau des critères de Maastricht permettraient de restaurer la confiance envers la zone euro et envers la France. En raison de son rôle central en Europe, la France ne peut pas s’exonérer de cette règle.

Fixer un objectif de dépenses publiques

Afin de réduire les dépenses publiques, il est important de poser un cadre « avec une méthode nouvelle. Le pilotage de nos comptes publics devrait passer par la fixation d’un objectif de dépenses publiques. Tous les champs et tous les acteurs publics devront être mis à contribution. » Il ne s’agit plus de raisonner en fonction du déficit mais en fonction de l’importance des dépenses publiques dans notre société.

Propositions

Des dépenses publiques vers les 50% du PIB en 2022

En sa qualité de Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron a œuvré pour la mise en place d’une baisse de 50 milliards d’euros des dépenses publiques afin de les ramener à 53,5% du PIB à l’horizon 2017. Il milite pour une réduction de ce ratio à 50% du PIB à l’horizon 2022, en combinant la baisse des dépenses publiques avec l’allégement des charges et une baisse de la fiscalité pour les entreprises.

Une réforme structurelle indispensable

Il convient de mettre en place des « réformes structurelles dans la sphère sociale » mais également de « s’interroger sur la place de l’Etat lui-même ». Cela impose un débat de fond sur le périmètre d’intervention de l’Etat, sur sa place dans l’économie mais aussi sur le statut des fonctionnaires, par exemple. Pour Emmanuel Macron, « on peut faire des économies sans licencier des gens ».

Supprimer les postes de dépenses inefficaces

La réduction des dépenses publiques doit d’abord passer par l’optimisation des moyens de l’Etat en coupant dans les postes budgétaires qui ne produisent pas les effets escomptés.
Emmanuel Macron s’interroge sur la pertinence des APL. « Est-il logique de ne pas réformer les 18 milliards d’euros d’aides personnalisées au logement (APL) alors qu’elles bénéficient moins aux attributaires qu’à leurs propriétaires et alimentent l’inflation des prix de l’immobilier ? »
Il pose aussi la question du plafonnement des indemnités chômage. « Est-il pertinent de maintenir un plafond d’indemnisation du chômage à plus de 6000 euros quand notre régime enregistre un déficit de l’ordre de 4 milliards d’euros ? »


 Un capitalisme de long terme

« Il n’y aura pas de réindustrialisation française sans transformation du capitalisme français. Il n’y aura pas de renaissance de l’industrie dans notre pays sans financement adéquat. Il n’y aura pas de rebond industriel sans stratégie de long terme.”

Diagnostic

La fin du capitalisme à la française

L’économie française a hérité d’une tradition colbertiste, qui l’a marquée jusqu’aux grandes vagues de privatisations débutées en 1986 sous l’impulsion du gouvernement Chirac. L’Etat a alors entamé un retrait progressif des fleurons nationaux « au profit de « noyaux durs » – des participations croisées de la part d’investisseurs institutionnels français ». L’ouverture au marché ne s’est pourtant pas faite selon le modèle anglo-saxon d’un actionnariat complètement dispersé et volatile (déjà décrié, à l’époque, par la crainte d’OPA contre les entreprises françaises).
Le gouvernement Balladur avait alors mis en place un système fondé sur des groupes d’actionnaires stables (noyaux durs), détenant chacun 3% du capital et limités dans leur capacité de cession de leurs participations. Les noyaux durs devaient ainsi limiter les risques d’OPA sans toutefois les rendre impossibles. Le risque d’OPA a encore été amenuisé par les dirigeants d’entreprises, qui ont mis en place un système de participations croisées (chaque entreprise détenant des parts dans le capital de l’autre). « La fin des années 1990 a eu raison de ce système », en raison d’une logique de concentration de chacun des acteurs sur son cœur de métier.
Le capitalisme français a subi un autre revers « durant les années 2000 et après la crise de 2008 : les investisseurs institutionnels qui faisaient office de pivots ont dû faire face à une régulation qui pénalise l’investissement en actions ». Les actions étant des placements par définition risqués, ces investisseurs ont dû réorienter leurs fonds vers des produits avec des profils de risque inférieurs tels de la dette.
« La part des actions cotées françaises dans le bilan des investisseurs institutionnels a, par exemple, été divisée par 2,5 depuis 2000 ». Ces investisseurs recherchaient une profitabilité de long terme, idéale pour stabiliser l’actionnariat des entreprises. Ils n’ont pas massivement été remplacés par des investisseurs particuliers, « car la réglementation française a toujours orienté l’épargne vers l’immobilier puis l’assurance-vie, et donc plutôt des placements obligataires ; ils n’ont pas été remplacés non plus par des systèmes de retraites par capitalisation qui sont structurellement moins présents en raison de la prédominance du mécanisme de répartition ».

Le risque du capitalisme purement spéculatif

L’explosion des anciennes structures actionnariales a entrainé un morcellement du capital, « la France est [alors] entrée dans une ère de capitalisme naïf ». Une partie de ces investisseurs recherchent une rentabilité de court terme. Les investisseurs étrangers notamment les fonds de pension américains « sont intervenus parce que nous étions incapables d’assurer nous-mêmes le financement de nos entreprises ». Ainsi, « la part des capitaux étrangers dans le capital des entreprises du CAC 40 est stable, à 45% (novembre 2016) ». Si les capitaux étrangers ne sont pas une mauvaise chose en soi, et sont même nécessaires, ils peuvent représenter une menace pour les intérêts français lorsqu’ils sont à but purement spéculatif. En effet, ces fonds n’ont pas d’intérêt à prendre en compte les intérêts nationaux français.
Il existe un risque de voir les entreprises françaises dirigées pour plaire au marché avec les yeux rivés sur le cours de bourse et non pas avec une vision de long terme. Pour les entreprises « c’est une folie économique, mais c’est surtout un suicide industriel : une stratégie de développement industriel se construit sur un horizon de cinq à dix ans, pas sur une échéance trimestrielle ». Il y a un réel danger pour notre économie de se voir pilotée à court terme.

Des risques pour le financement des entreprises

La croissance des entreprises requiert un capital stable, mais aussi la levée de nouveaux fonds. Les entreprises peuvent soit recourir à la dette (levée auprès des établissements de crédit), soit augmenter leur capital (auprès des actionnaires). Le capital doit apporter de la stabilité à l’entreprise et supporter le risque industriel de ses projets. Les actionnaires, propriétaires de l’entreprise, disposent d’un droit de vote aux assemblées générales et sont rémunérés en fonction de la performance de l’entreprise (distribution des bénéfices sous forme de dividendes). Un capital uniquement orienté dans une logique de spéculation à court terme perd alors tout son sens. « Dans la France désindustrialisée, les investissements industriels font défaut. En effet, ils sont pénalisés par leur caractère risqué et un rendement qui ne se perçoit qu’à long terme. Ils désintéressent les investisseurs ». Les évolutions actuelles de notre économie font que « le capital est clé parce qu’on est dans une économie de la disruption tout de suite mondialisée, où tout va très vite ; et donc si on n’est pas en capacité de financer cette innovation très vite, très fort, on se fait distancer par celles et ceux qui mettent beaucoup de capital ». Les grandes réussites actuelles ont nécessité de forts investissements capitalistiques pour soutenir leur croissance. Ces investissements, par essence, ne sont immédiatement rentables et il faut donc trouver le moyen de les financer.  « Uber (…) c’est 50 milliards de valorisation parce que c’est beaucoup d’argent qui a été brûlé les premières années pour avoir une plateforme mondiale, et c’est cette plateforme qui a de la valeur».

Action

Revenir à un capitalisme de long terme

Il est donc plus que nécessaire de redonner au capital son sens premier. Le capital de l’entreprise « accompagne (les) entreprises dans leurs investissements et dans leurs transformations ». Il est là pour prendre le risque de l’industrie, il faut donc « un capitalisme de long terme (…) qui aide les grands groupes à se développer, comme les start-up et les ETI à devenir des grands groupes ». Il relève de « l’intérêt général économique (…) de favoriser les acteurs qui portent intrinsèquement une vision de long terme ». L’Etat doit ainsi trouver les moyens d’encourager le retour de ces acteurs : « les actionnaires familiaux, les actionnaires salariés, les actionnaires publics et les fonds longs (français, européens, et internationaux) ». Il est temps de réagir pour soutenir notre effort industriel.

Réorienter l’épargne vers le financement en capital

La France dispose d’une importante réserve d’épargne qui pourrait être mobilisée pour le renforcement du capital des entreprises, mais cette épargne « est mal orientée ». Il y a toujours eu en France une « préférence collective pour l’immobilier (…) ça n’est pas le meilleur accompagnement pour cette France qui se transforme, parce qu’il faut de la mobilité géographique sur le territoire ». La fiscalité encourage également des investissements massifs en « assurance-vie ». Les assureurs ayant été récemment détournés des investissements en action, ainsi « l’épargne de nos concitoyens (a été chassée) du financement de l’économie vers le financement de la dette ». Si cette réalité est largement l’héritière d’une tradition culturelle, elle est pour une autre part la résultante des mesures politiques adoptées par les différents gouvernements.

Repenser la fiscalité pour encourager l’investissement

De manière pratique, un moyen simple d’orienter l’épargne est de créer une politique fiscale en accord avec ces objectifs. Des dispositifs de généralisation des « plans d’épargne en actions (PEA) ou l’épargne salariale » devraient être mis en place (généralisation des exonérations fiscales, etc.) Ainsi, c’est l’ensemble des entreprises et pas uniquement les sociétés du CAC40 (disposant de la plus grande visibilité) qui renforceraient leur capital grâce à des prises de participation directes de leurs salariés. Cette réforme passe, dans un premier temps, par une modification technique « pour rendre la fiscalité des actionnaires individuels plus encourageante ».
Il existe également un problème récurrent concernant la taxation du capital, ainsi « l’ISF, dans son fonctionnement actuel, détruit le capital et nécessite des adaptations tenant compte d’un environnement économique ouvert ». La loi Sapin II, suivant cette logique, s’est attelée à la création d’« une forme de fonds de pension à la française ». Elle redirige les 130 milliards des régimes additionnels de retraite « vers des financements plus diversifiés et surtout vers l’économie réelle, à hauteur de 10 à 20 milliards d’euros ». Pour soutenir cette initiative, il est aussi nécessaire de revoir la règlementation prudentielle, car « elle a rendu la détention d’actions trop coûteuse au regard de l’exigence prudentielle de niveau de fonds propres pour nos entreprises d’assurance ». Cet ensemble de mesures entraînera une réorientation progressive de l’épargne française vers l’économie réelle, pour permettre aux entreprises de trouver les fonds stables nécessaires au soutien de leur croissance et au développement de projets innovants.



 Une nouvelle politique de l’offre

« Notre devoir, c’est que la France réussisse dans la mondialisation. Si nos entreprises et notre industrie ont besoin aujourd'hui d'une priorité, c'est bien de l'investissement dans l'appareil productif. »

Diagnostic

Un appareil productif daté et inadapté aux mutations économiques

Le premier constat lorsqu’on fait l’état de notre appareil productif, c’est qu’il souffre d’un déficit de compétitivité. Cette tendance de long-terme, enclenchée dans les années 1980, se traduit en premier lieu par un retard d’équipement technologique dans nos industries : « nous avons deux fois moins de robots qu’en Italie, cinq fois moins qu’en Allemagne ». A partir des années 1990, on a considéré en France que l’Etat n’avait plus à intervenir dans ses industries pour les orienter et les inciter à innover, en somme « qu’il ne devait plus y avoir de politique industrielle ». La France n’a pas su « moderniser son outil industriel » efficacement, alors que la mondialisation des échanges commerciaux continue de nous imposer un souci permanent d’agilité dans l’adaptation de nos structures productives. Ce déficit de compétitivité découle logiquement d’un manque chronique d’investissement en France, qui n’a pas permis au pays de négocier « dans les années 90 et 2000 le virage de la modernisation de notre appareil productif ».
Cette conjugaison d’analyses industrielles erronées et d’investissements mal ciblés se trouve à l’origine du positionnement sur le milieu de gamme de la production française. Nous sommes passés d’un cycle de rattrapage enclenché après la Seconde Guerre Mondiale, fondé sur des industries lourdes et un Etat interventionniste, à une économie de rupture, d’innovation qui commande davantage de réactivité et un autre positionnement de marché.
Dans une économie mondialisée, un pays comme le nôtre ne peut pas concourir sur du milieu de gamme. Il n’y a pas de raison de rivaliser avec des pays capables de produire des biens équivalents à des coûts de production inférieurs, dans des secteurs traditionnels, alors que nous sommes capables de plus performant.
« Tant d’entreprises ont jugé bon de maintenir parfois un positionnement de milieu de gamme et de ne pas se lancer dans la bataille sur le bon positionnement de marché » regrette Emmanuel Macron. Ces entreprises pâtissent ainsi de marges très faibles et font face à des difficultés économiques fréquentes. Elles ne disposent plus des ressources nécessaires pour se projeter sereinement vers l’avenir, au détriment de l’emploi et de l’innovation.

Une économie européenne intégrée en souffrance de politique économique coordonnée

S’il est certain que le problème est au premier plan national, il s’inscrit désormais dans un cadre démocratique et économique européen. Un peu partout en Europe, à différents degrés, la crise a révélé les insuffisances de ce modèle et la reprise se fait toujours attendre dans la plupart des pays de la zone Euro. Cette Europe, notre Europe souffre de l’absence d’une politique économique guidée et approfondie. Elle fait face à « un manque d’investissements publics et privés », encouragé par « un mix politique qui n’est pas favorable à la croissance ». L’Europe a péché dans ses stratégies de réponse aux chocs économiques depuis 2008 : « On est arrivé à un sous-optimum, puisqu’on a fait effondrer la demande intérieure de l’Europe, on est sorti beaucoup plus lentement que les autres pays, que les autres zones géographiques de la crise ».
L’action des gouvernements nationaux doit composer aujourd’hui avec la réalité du marché européen. Si les solutions autrefois pouvaient être prises individuellement, les gouvernements constatent aujourd’hui l’échec de leurs politiques individuelles pour relancer la croissance : « Il ne s’agit pas de faire une politique de relance tout seul – c’est l’erreur qu’on a faite à chaque fois par le passé ».

Activer le levier de la demande pour réanimer l’économie ne marche plus de manière isolée, nos structures commerciales ont changé : en économie ouverte, les relances nationales traditionnelles conduisent à la hausse des importations et profitent donc aux pays étrangers. En dépit de cette donne, au niveau européen aucune avancée majeure n’a permis de faire émerger une politique aussi ambitieuse en matière économique.
Action

Réorienter notre économie vers une offre performante et innovante

Privilégier la compétitivité hors coût.

Pour inscrire la France dans la mondialisation, notre politique économique ne doit pas se donner pour unique objectif la compétitivité-coût. Cette lutte sur les coûts, avec des pays qui n’ont pas les mêmes droits sociaux, ni la même maturité économique, ne représente en aucune mesure une voie d’avenir pour notre économie. La relance de l’économie doit se faire, à l’échelon national, par l’orientation de notre production vers une offre de qualité reposant sur « la compétitivité hors coût, c’est-à-dire la différenciation de la production, la montée en gamme, la qualité, l’innovation ». Seule une politique basée sur la distinction et l’innovation garantira une réelle relance de l’économie, tout en permettant de maintenir et d’améliorer le niveau de vie des français. Pour encourager cette croissance, il convient d’élaborer à échelle nationale un écosystème propice à l’innovation.
Quand on parle de start-ups et d’innovation, il s’agit d’abord d’attirer des financements. Il convient de repenser les incitations systémiques dans l’économie française afin de réorienter le capital vers l’innovation, et, pour ce faire « regarder partout où la réglementation induit des rentes illégitimes, c’est-à-dire des rentes qui ne sont pas des rentes d’innovations mais des rentes de situation ». Traquer les rentes de situation et allouer le capital oisif à l’économie productive, cela permet d’une part de débloquer des fonds pour financer la Recherche et Développement, et, d’autre part, c’est assumer une fiscalité qui récompense la prise de risque, l’esprit d’entreprise, et la création de nouveaux marchés.
Comment faire ? L’assurance du développement de long terme de l’économie française tient à la détention française du capital des entreprises, « sinon la belle affaire, on pourra créer des pépites mais le capital étant ailleurs, nous aurons perdu cette bataille ». Pour ce faire, « il faut ramener le capital de nos épargnants vers le financement de l’économie réelle et beaucoup moins vers le financement de l’obligataire ». S’il faut sensibiliser les Français à ce type d’investissement, de manière concrète il convient de mettre en place des dispositifs fiscaux les y incitant : « il faut préférer par exemple la taxation sur la succession aux impôts de type ISF ». Une autre possibilité pour réorienter l’épargne est de « développer une forme de fonds de pension à la française et adapter le cadre fiscal en conséquence ».

Soutenir des projets innovants

Il convient d’« ouvrir de l’activité, où on peut laisser place à plus d’innovation ». Comment soutenir les projets innovants qui seuls assureront la croissance de demain ? Cette question était au fondement de l’action gouvernementale d’Emmanuel Macron, notamment avec « le CICE et le pacte de responsabilité » qui ont permis d’inverser « une tendance décennale qui était notre perte de compétitivité relative avec l’Allemagne ». Le résultat ne s’est pas fait attendre « nous avons reconstitué deux tiers des marges perdues avant crise ». La promotion d’une offre innovante, labellisée French Tech, a en ligne de mire 2 objectifs. Le premier, industriel, est de soutenir le vivier de start-ups françaises en leur donnant l’opportunité de se consolider au moment charnière de leur développement. Notamment par le biais de commandes publiques ciblées, pour permettre aux PME et à de jeunes entreprises balbutiantes de concrétiser leur potentiel. Nous créons beaucoup d’idées, nous lançons beaucoup de projets, nous devons désormais accompagner la maturation de nos pépites. En même temps, tirer la vitalité de notre formidable écosystème d’innovation et de nos pôles technologiques, c’est parvenir à mettre en interaction l’activité de nos entreprises, grâce notamment au formidable outil qu’est le numérique. Emmanuel Macron, prenant l’exemple de l’attractif bassin technologique normand, précise l’importance d’une offre agrégée : « Il faut maintenant réussir à croiser l’innovation, la création technologique à très haute valeur ajoutée avec les atouts historiques, en particulier le tourisme. »

Développer une cohérence économique et industrielle européenne

Le développement d’une industrie européenne nécessite « une vraie politique européenne industrielle et commerciale ». Une telle politique demande des ressources et donc « une capacité budgétaire commune, c’est-à-dire une capacité à investir ». La mise en place d’un « investissement européen », permettra de faire émerger de nouveaux leaders à l’échelle du continent. Cette donnée continentale est éminemment stratégique, en ce que la taille du marché européen, combinée à notre potentiel technologique, fera de nous les grands gagnants de l’investissement européen. L’élaboration d’une offre nationale performante doit nous permettre de tirer profit cet investissement.
Il y a un vrai choix qui doit être fait, aujourd’hui, pour sortir de l’impasse dans laquelle l’économie européenne se trouve. Celui-ci réside dans un antagonisme simple : l’impossibilité de mener une politique de la demande efficace au plan national et l’absence de moyen d’action au niveau européen.  Il faut aller vers une « vraie additionnalité d’investissements au niveau de la zone euro; sinon, il faut redonner des marges de manœuvre nationale ».
L’efficacité de l’investissement européen est un enjeu de crédibilité, un enjeu crucial pour la santé de nos finances. « Restaurer notre crédibilité, c’est la condition pour déclencher l’investissement au niveau de la zone euro et redonner une vision à celle- ci ». Cela requiert une discipline économique et budgétaire de long terme. Les Etats européens doivent « progressivement habituer notre économie à se déshabituer de la dépense publique », cesser le financement d’un modèle social et industriel non-viable. L’endettement n’est acceptable aujourd’hui que s’il créé la richesse de demain et qu’il s’inscrit dans un projet cohérent. Toujours sur le plan budgétaire, si l’Europe est aujourd’hui fragile dans l’économie mondiale, c’est « parce qu’elle est incomplète sur le plan économique et financier ». En l’absence de politique budgétaire commune, elle est ainsi à la merci des « chocs asymétriques qui fragilisent l’édifice ». Lorsqu’un choc éclate dans telle ou telle zone, en Europe, nous devons bénéficier d’une manne budgétaire pour y pallier. Face à de tels chocs, l’incapacité à répondre de manière efficace, rapide et unanime à une chute de la demande intérieure nous empêche de sortir de la tourmente. La question économique est inextricablement liée au projet politique européen : « c’est le sujet de la solidarité qui nous a été posé au moment de la crise grecque, c’est le sujet de la solidarité qui nous est posé aujourd’hui et c’est notre mission historique ».



 L’actionnariat salarié

« Faire des salariés et des épargnants français les détenteurs de notre capital productif est un défi urgent donc il faut aller plus loin pour rendre la fiscalité des actionnaires individuels plus encourageante ».

Diagnostic

L’actionnariat salarié, un outil de partage des profits

L’actionnariat salarié est un dispositif qui vise à faire entrer durablement les salariés d’une entreprise dans le capital de cette dernière. Il s’agit d’un dispositif relativement ancien de conciliation des intérêts du capital et du travail.
L’actionnariat salarié en France prend le plus souvent la forme d’un Plan Epargne Entreprise (PEE). Ce dispositif étant rendu obligatoire au sein des entreprises sous certaines conditions de taille (50 salariés), il est le plus souvent négocié au sein d’accords collectifs. Le salarié va pouvoir acquérir des actions de son entreprise à des conditions préférentielles et l’entreprise sous certaines conditions va pouvoir également lui en attribuer. En pratique, le PEE est souvent alimenté par le versement des sommes remises aux salariés dans le cadre de la participation des salariés aux résultats de l’entreprise ou de l’intéressement des salariés aux bénéfices. Si la participation aux résultats est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, l’intéressement aux bénéfices est, quant à lui, facultatif. Le principe de ces mesures repose sur une nouvelle idée du partage du profit des entreprises.
Grace à ces outils, le salarié-actionnaire devient un acteur de la vie sociale de sa propre entreprise. Le salarié actionnaire dispose ainsi de l’ensemble des droits liés au statut d’actionnaire : le droit de participer aux décisions collectives (c’est-à-dire celui d’assister aux assemblées générales et d’y voter), le droit aux bénéfices réalisés par la société pour l’essentiel. Pour rendre le droit de vote du salarié effectif, des regroupements d’épargnants sont mis en place au sein des entreprises, permettant aux salariés d’être entendus au Conseil d’Administration de sa société. Les intérêts des salariés et ceux des actionnaires viennent ainsi à se réunir. C’est une autre vision de l’entreprise qui permet de dépasser l’opposition réductrice du capital et du travail, et qui est plus en accord avec l’évolution générale de l’environnement économique, qui demande plus de flexibilité des structures.

L’actionnariat salarié, un outil de financement de l’économie réelle

L’actionnariat salarié est aussi un moyen privilégié de financement de l’économie réelle et de l’appareil productif national par les ménages. A ce sujet, E. Macron a déclaré que « l’investissement productif est au cœur de mes priorités, car c’est la condition de la rénovation de notre économie. Or, pour investir plus et mieux, notre économie doit pouvoir compter sur un spectre d’investisseurs aussi large que possible. La participation des ménages au financement de l’économie doit continuer à être encouragée ».
L’investissement salarié est complexe et trop peu avantageux. E. Macron constate que l’« on n’investit plus aujourd’hui aussi simplement qu’hier. C’est une barrière à l’entrée importante. C’est la raison pour laquelle il faut proposer aux particuliers des outils d’investissement plus accessibles et plus lisibles (…). C’est aussi le sens de l’encouragement à l’actionnariat salarié que j’ai porté dans ma loi ».
En effet, de nombreuses contraintes fiscales ou légales ont rendu l’actionnariat salarié de moins en moins attractif, par exemple des obligations de détention des parts ou des actions acquises lors d’un plan d’intéressement pendant une certaine durée, ou certaines taxations spéciales pour l’entreprise ayant recours à ces outils.

Action

Encourager le développement de l’actionnariat salarié

Macron voit l’actionnariat salarié comme une clé de développement de notre économie « l’actionnariat individuel est un élément de stabilité, comme le montre l’exemple d’Air Liquide ». C’est un dispositif efficace pour préserver de l’emploi en France lorsque des entreprises sont en situation délicate, en associant à la réflexion des considérations sociales aux considérations de profitabilité. Pour cela il faut donc encourager l’actionnariat salarié et donc il « faut aller plus loin pour rendre la fiscalité des actionnaires individuels plus encourageante ».
La loi Macron, entrée en vigueur en 2016, favorise le développement de l’actionnariat salarié. Les principales mesures en faveur de l’actionnariat salarié ont été :
  • Une réduction de la contribution patronale due en cas de distribution effective d’actions gratuites et, pour le salarié, alignement de la taxation des plus-values de cession de ces titres sur celle des actions classiques
  • L’allégement des processus de mise en place des dispositifs d’épargne salariale afin de rendre l’outil plus attractif
  • Le renforcement des possibilités d’abondement de l’entreprise qui ainsi voit ses possibilités de financement en capital amélioré.
Continuer à renforcer ces outils participera à la consolidation de l’économie française, à la levée des freins à l’entrepreneuriat et au renforcement de l’épargne des Français.

Rendre ces dispositifs accessibles aux PME et TPE

La mise en place d’outils de participation n’est obligatoire que dans les grandes entreprises (plus de 50 salariés) et difficilement accessible aux TPE et PME. Les petites entreprises se voient ainsi privées d’un moyen efficace de renforcement de leur capital. Les créateurs d’entreprises ne peuvent trouver cette épargne, ils ne peuvent se servir de cet outil pour gratifier les salariés déjà présents et recruter de nouveaux talents. Rejoindre une TPE ou PME c’est prendre plus de risque pour un salarié, hors pour E. Macron « le risque, il faut le rémunérer ». Ces dispositifs sont une juste manière de rémunérer le risque du salarié sans nuire à la profitabilité des entreprises. Les salariés en tant qu’actionnaires sont rémunérés sans ajouter de charges pour les entreprises, étant gratifiés lors de la distribution des bénéfices. C’est pour cela qu’il est essentiel d’étendre « l’épargne salariale aux petites et moyennes entreprises ».
La loi Macron prévoit déjà un élément pour favoriser l’actionnariat salarié dans les petites et moyennes entreprises : un taux dérogatoire de taxation sur les montants versés pendant six ans pour les entreprises de moins de 50 salariés mettant en place un premier accord de participation ou d’intéressement, afin d’augmenter le nombre de TPE et PME ayant recours à l’épargne salariale.



C) L'État
 
 Assurer notre sécurité

« Au-delà des 9000 embauches décidées, et qui sont encore en cours, ce sont 10 000 fonctionnaires de police et de gendarmerie qu’il faut recruter dans les trois prochaines années »

Diagnostic

L’installation structurelle d’une menace terroriste

Les origines

Depuis 2012, la France est la cible d’attaques répétées d’individus se réclamant de la pensée islamiste radicale. Ces terroristes barbares ne sont pas issus de l’étranger. En effet, pour leur majorité, ils sont nés sur le territoire français. Ils sont des « Enfants de la République ». A cet égard, « on peut naître en France, être Français, avoir passé toute son enfance à l’école de la République, avoir bénéficié de notre modèle social, et haïr la France, détester ce qu’elle incarne, détester les personnes qui nous entourent, au point de vouloir les détruire. »
« Le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence, à détourner quelques individus, c’est celui de la défiance ». Le terrorisme s’est installé en France, nourri des fractures sociales et économiques du pays, de ses divisions.

Une réponse inadaptée et inefficace

Malgré la prépondérance du sujet sécuritaire dans le discours des politiques, force est de constater que peu de mesures réelles ont été prises. « Il y a quelque chose de vain et d’inquiétant dans la foire des propositions qui ont été présentées, à des fins d’ailleurs largement électoralistes, depuis les attentats ».
En effet, « « Ils » s’intéressent aux menus des cantines scolaires, à la longueur des tenues vestimentaires, aux modalités d’acquisition ou de retrait de la nationalité française dans une débauche stérile d’inventivité ».

Des réponses policières et judiciaires insuffisantes

Face à la montée du risque terroriste, « La réponse pénale n’apparaît pas au niveau car les moyens de la justice et de l’administration pénitentiaire ne le permettent pas, surtout dans les zones les plus difficiles. La réalité est qu’on demande toujours plus à des forces de l’ordre, à des magistrats et à des services pénitentiaires qui sont aujourd’hui les fonctionnaires qui travaillent dans les conditions les plus difficiles ». 
Selon Emmanuel Macron, les choix politiques opérés notamment par la droite au pouvoir dans les années 2000 ont eu des conséquences néfastes. « Nous subissons les conséquences de décisions idéologiques prises il y a plus de dix ans pour supprimer la police de proximité ». Suite à cette suppression, les conditions de travail des forces de police se sont dégradées sur le terrain, conséquence de l’insuffisance des effectifs. Une partie importante de l’efficacité opérationnelle contre les réseaux terroristes, qui reposait notamment sur la capacité à récupérer des renseignements au niveau de la ville, voire du quartier, ont été détricotés

Un arsenal législatif pourtant suffisant

Face au populisme et aux raccourcis de certains responsables politiques consistant à proposer comme seul remède à l’insécurité une inflation de la loi pénale, Emmanuel Macron réfute une quelconque forme de démagogie. « Nous devons la vérité aux Français, l’arsenal législatif applicable au terrorisme ne nécessite pas d’être profondément changé. Il a été adapté, il y a encore des éléments techniques, face aux transformations technologiques, mais ce qui devait être fait a été fait. »
Les bases juridiques du droit commun suffisent : « Et il faut donc là-dessus, on le voit bien, penser, accompagner ce retour au droit commun tel qu’il a été renforcé par le législateur, et agir une fois encore avec les bons instruments »
Plus spécifiquement, Emmanuel Macron estime que l’Etat d’urgence ne peut plus durer : « Nous ne pouvons pas vivre en permanence dans un état d’exception. »

Action

Principes

De l’Etat d’urgence à la société de la vigilance

Emmanuel Macron prône le passage d’un Etat d’urgence à une société de la vigilance : « nous devons collectivement préparer, dès que cela sera possible, une sortie de l’état d’urgence. Celui-ci était indispensable au lendemain des attentats. Je ne prétends pas qu’il ne doive jamais plus être mis en œuvre si des circonstances dramatiques devaient à nouveau l’exiger. Mais sa prolongation sans fin, chacun le sait, pose plus de questions qu’elle ne résout de problèmes »
Il s’agit de réaffirmer une capacité collective à réagir aux troubles sécuritaires : « une capacité collective à nous tenir debout, à faire un, à être à la hauteur de nos valeurs et de notre histoire, à ne pas céder à la panique, à ne pas céder à la pression ».
« Pour être pleinement efficaces, nous devons responsabiliser la société entière », par exemple en formant plus efficacement les individus aux gestes de secours.

Le respect de l’Etat de droit

Emmanuel Macron rejette une réponse sécuritaire qui se ferait aux dépends de l’Etat de droit. Il est notamment opposé à l’incarcération des fichés S.
Par ailleurs il dénonce des mesures comme la remise en cause du droit du sol ou la déchéance de nationalités qui n’apportent pas de solutions concrètes. A propos de cette dernière, il considère « qu’on ne traite pas le mal en l’excluant de la communauté nationale ».

Une justice intransigeante

Emmanuel Macron insiste sur la nécessité de réformer la justice afin de la rendre intransigeante. « Il est impératif que les peines, quelles qu’elles soient, soient immédiatement mises à exécution telles qu’elles ont été prononcées ».
Pour avoir un effet la sanction doit être pleinement appliquée. « Aujourd’hui, un magistrat qui condamne un délinquant à une peine de prison ferme jusqu’à deux ans sait que cette peine sera d’abord examinée par un autre magistrat, qui envisagera des alternatives à la prison (…) Une peine de prison prononcée doit conduire l’individu à être placé en détention ».

Propositions

Restaurer la police de proximité

« Il faudra absolument remettre à l’ordre du jour une organisation policière au plus près de nos concitoyens, lui laisser du temps, la maintenir de façon durable, lui donner des moyens humains et financiers ». Cette police est importante tant au plan humain qu’au plan sécuritaire. Elle permet de rétablir des liens entre les citoyens et l’Etat mais aussi de reformer progressivement des réseaux de renseignement.

Reconstruire notre réseau de renseignement

La reconstruction « d’un renseignement territorial pleinement opérant » est une nécessité afin de pouvoir lutter au mieux contre la radicalisation en démantelant les réseaux djihadistes. Ce réseau a été démantelé par Nicolas Sarkozy en 2007.
Emmanuel Macron propose aussi la création « d’une cellule de traitement des données de masse de renseignement, comme les Britanniques ou les Américains ont su le faire, qui rapporterait directement au conseil de défense ».

Augmenter les effectifs

Il faut agir vite, c’est pourquoi « au-delà des 9000 embauches décidées, et qui sont encore en cours, ce sont 10 000 fonctionnaires de police et de gendarmerie qu’il faut recruter dans les trois prochaines années ». Cela permettra de soutenir ceux qui sont déjà engagés sur le terrain et de répondre aux demandes croissantes de protection des citoyens.
Enfin, il faudra conserver le format actuel de nos armées, même après Sentinelle, conjointement à la montée en régime des forces de police et de gendarmerie par les embauches car « l’opération Sentinelle était une nécessité pour protéger le territoire et rassurer la population et il n’est ni réaliste ni souhaitable de mettre fin dans les prochains mois à cette opération mais il est nécessaire, d’une part de conserver le format actuel de nos armées même après Sentinelle, d’autre part de préparer rapidement la transition pour faire monter en régime les forces de police et de gendarmerie grâce à des embauches supplémentaires ».


 Gouvernance et pragmatisme

« Ma méthode est celle de la concertation rapide, du pragmatisme, de l'écoute et de la prise de décisions. »

Diagnostic

Un pragmatisme nécessaire aujourd’hui

Nous assistons aujourd’hui, en France et en Europe, à « une grande transformation » géopolitique, numérique et écologique. « Elle bouleverse nos ordres établis, tout ce sur quoi on avait construit notre organisation ». Il faut y répondre, sans perdre de temps dans des « débats théoriques qui empêchent d’agir » ni faire la promotion d’ « idées préconçues » qui empêchent l’action collective. La compétitivité elle-même ne saurait faire l’objet d’un dogme : « ça ne se fait pas par décret, ce n’est pas un postulat » ni une « fatalité ». Au contraire, cela suppose « un travail de tous autour de la table » comme cela s’est produit dans le cas de l’usine de Sandouville (Seine-Maritime) où Renault a embauché plus de 200 employés en 2016, dont plus de la moitié en CDI.

Une action publique trop rigide

L’action publique est « très homogène », « uniforme sur le territoire » et « trop verticale », inadéquate à la société d’aujourd’hui où « l’horizontalité est croissante », où « les usages se transforment et redonnent du pouvoir aux concitoyens, aux consommateurs », où « le numérique supprime les distances », où « l’entrepreneuriat germe un peu partout dans la société » et où les solutions sont de plus en plus « personnalisées ». Alors que la vitalité de la vie associative témoigne d’une forte « volonté de faire », les normes limitent l’action des acteurs sur le terrain.

Action

Principes

Un pragmatisme progressiste

Refuser les débats théoriques stériles, ce n’est pas refuser tout principe. C’est promouvoir des principes « qui s’agrippent au réel » et qui aident à « transformer le réel ». Emmanuel Macron se revendique d’une idéologie progressiste. « Le progressiste, c’est celui qui croit dans la liberté » et « dans la société ouverte » où l’égalité est celle des libertés et des opportunités. C’est également celui qui n’a « pas peur de voir la France telle qu’elle est » car « les défis du pays aujourd’hui ne font l’objet ni de l’idéologie de gauche ni de l’idéologie de droite ».

Une « nouvelle philosophie de l’action publique»

Les Français ont à l’égard de l’État un sentiment ambivalent. D’un côté, « on entend souvent dans le débat public […] que les citoyens ont construit une défiance à l’égard des pouvoirs publics » ; de l’autre, « dès qu’il y a un problème, on en appelle à l’État ». Il faut donc d’adapter l’action publique aux attentes des Français d’aujourd’hui : accompagner certains sans bloquer les initiatives des autres, « créer de la transparence par l’expérimentation et l’évaluation ». Il faut aussi fournir « des preuves empiriques d’un changement », car la légitimité de la puissance publique n’est plus garantie a priori : elle repose sur des résultats concrets.
Plutôt que de créer des « droits formels, sans contenu », mieux vaut créer de « vrais droits », propres à créer de « vraies solidarités ». Les gens ne sont pas mieux logés parce qu’il y a un droit au logement opposable. Par contre, on peut créer des droits qui permettent aux gens de « prendre des risques, d’avancer », d’être suffisamment protégés « pour faire face aux aléas de la vie ».

Propositions

Analyser la situation sans a priori

Pour éviter de proposer des solutions qui ne correspondraient pas vraiment à un problème, il faut aller à la rencontre des gens. C’est le sens de la Grande marche : « on ne va pas frapper aux portes comme les gens le font en campagne pour dire “votez pour nous” » mais pour « comprendre où est le problème ».



Revenir aux racines d’un problème permet de le résoudre plus efficacement. La question du licenciement, par exemple, est indissociable de celle du contrat de travail. « La plupart des gens sont embauchés en CDD alors que ce contrat est plus cher pour l’employeur » : « c’est que les CDI sont trop compliqués à rompre ». Pourtant, l’accès au logement, à la formation, à la propriété suppose d’être en CDI. Si le but est de « donner à tous la possibilité d’avoir un CDI », alors il faut agir à la racine du problème et assouplir la procédure de licenciement. C’est le sens de la réforme de la justice prud’homale prévue dans la loi Macron entrée en vigueur en mai 2016.

Une action publique personnalisée, ouverte et innovante

L’accompagnement au cas par cas sera plus efficace que le principe de l’égalité de traitement. Dans un système où la financiarisation de l’économie multiplie les inégalités, il faut imaginer « des mécanismes d’accompagnement des individus, de formation, de rééquilibrage ». Il faut aussi « permettre aux acteurs de terrain de déployer l’action publique de manière différenciée, justement plus personnalisée » et « responsabiliser davantage » les citoyens qui s’engagent sur le terrain, notamment en créant des « passerelles entre la Fonction publique et l’extérieur ». Loin d’une « fabrique de la loi pour tous », mieux vaut « donner plus de leviers managériaux, plus de moyens d’action sur le terrain à la puissance publique ».

Laisser « vivre les normes »

Il s’agit de créer un cadre plus souple, pour agir de façon ciblée à l’échelle des territoires, et pour évaluer la pertinence et l’efficacité de l’action publique au cours du temps. Cela permet de corriger ce qui ne marche pas sur le terrain, et de formuler « une norme qui se crée au plus près de l’action et qui, en se généralisant, gagne sa légitimité ». C’est le sens du droit à l’expérimentation. La loi d’expérimentation territoriale visant à faire disparaître le chômage de longue durée, promulguée le 29 février 2016, est à ce titre « emblématique » : elle accompagne et prolonge efficacement une initiative de l’association ATD Quart Monde s’inscrivant « dans le même horizon que l’action publique ». Le dispositif France expérimentation, mis en place à l’été 2016, encourage ce type d’initiatives.



 L’Etat, actionnaire stratège

« J'ai la vision d'un État actionnaire fort et attaché au respect scrupuleux de la grammaire des affaires. »

Diagnostic

D’hier à aujourd’hui

Le monde dans lequel nous vivons est en pleine transformation : mutation du paysage économique, diversification des marchés, naissance de nouveaux secteurs, accélération de l’innovation. L’État, en tant qu’acteur économique, a parfois oscillé entre nationalisations et privatisations des entreprises, notamment entre 1980 et 1990, afin de mettre en adéquation l’économie française et les exigences de la mondialisation.
Cependant, la question n’est pas nécessairement celle du choix radical entre nationalisation et privatisation : la place et le rôle de l’État actionnaire sont à interroger. En effet, par ses participations dans les entreprises stratégiques de l’économie Française, l’État joue un rôle important, lui permettant d’orienter l’économie tout en la rendant plus compétitive sur la scène internationale. Emmanuel Macron, en tant que ministre de l’Économie, n’a pas manqué de rappeler les « risques financiers et opérationnels » importants pris par exemple par l’État par l’intermédiaire de Renault, « à un moment où beaucoup disaient Nissan mal en point ». Cet engagement a été une réussite.

État actionnaire : un paradoxe ?

L’État est un actionnaire particulier : d’une part, en plus d’assurer le développement des entreprises dont il est actionnaire, il poursuit et défend des missions d’intérêt général (innovation, emploi…) ; d’autre part, il doit être stratège dans sa manière d’investir et tirer profit de ses participations. Une partie des dividendes perçus est notamment affecté au désendettement de l’État. Pour Emmanuel Macron, les deux aspects sont loin d’être incompatibles : « J’ai la vision d’un État actionnaire fort et attaché au respect scrupuleux de la grammaire des affaires ». Ce qui manque encore, c’est une ligne de conduite stratégique claire et précise : l’État a « surinvesti dans certains secteurs d’activité », alors que dans d’autres, il est inexistant. Ainsi, « nous devons nous interroger sur la pertinence de nos niveaux de détention, entreprise par entreprise ».

Action

Principes

L’État, un actionnaire exemplaire

« L’État n’est pas un actionnaire naïf, de seconde catégorie » et, qu’il s’agisse de l’État ou d’un actionnaire privé, « quand on investit sur le long terme, il est normal d’avoir un retour ». L’État est, en effet, « un investisseur de long terme, exigeant ».
Selon Emmanuel Macron, l’État doit avoir les pouvoirs de l’actionnaire traditionnel, mais agir de façon exemplaire en promouvant l’actionnariat de long terme, loin de la logique « du profit à court terme et de la connivence ». Il doit également faire œuvre de transparence en définissant des règles du jeu claires et légitimes, car il ne saurait être « un actionnaire imprévisible et arbitraire, ni un actionnaire interventionniste et brutal, ni, enfin, un actionnaire complaisant dont le rôle se bornerait à nommer des copains à la tête des entreprises ».

L’État, stratège et pas manager

Fin 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, rappelait la différence entre le PDG d’une entreprise (par exemple Carlos Ghosn pour Renault-Nissan) et l’actionnaire (l’État français) : le premier s’occupe de la gestion de l’entreprise, le second des questions stratégiques de long terme, pour l’entreprise et pour le pays. Il ne s’agit donc pas pour l’État de « se substituer au management », mais d’« accompagner les changements entraînés par la dynamique de marché,  les  choix  industriels  ou  parfois  les erreurs  du  passé ».
C’est aussi pourquoi l’Etat doit être un acteur de long terme avec l’objectif de « défendre nos industries stratégiques (défense, énergie, matières premières, etc.) ».

L’État réconciliateur

« La vraie politique industrielle, c’est une réconciliation de l’ensemble des forces productives : les actionnaires, les salariés, les dirigeants, la collectivité  publique » explique Emmanuel Macron. Pour cela, la classe politique a une mission importante : « celle de la cohérence et de décider des réformes parfois difficiles ». C’est ce que l’ancien ministre de l’Économie s’est efforcé de faire lors de l’exercice de ses fonctions, « et c’est pourquoi nous sommes exigeants auprès des dirigeants d’entreprise » afin que les réformes mises en œuvre par les pouvoirs publics soient respectées et que la politique industrielle de notre pays retrouve toute sa cohérence.
Ce pouvoir réconciliateur concerne également la diversité du paysage entrepreneurial français : il faut « donner toute leur place à nos PME dans ce modèle productif et pas simplement aux grands groupes ». En effet, « quand on se bat pour les 3,1 millions d’emplois que compte l’industrie », « on se bat pour la compétitivité de toutes les entreprises qui utilisent ses produits et son énergie, pour tout ce qui permet de faire émerger justement les innovations, dans les usines, les ateliers et les laboratoires ».

Propositions

La renaissance industrielle française en jeu

Pour Emmanuel Macron, « le choix qui est aujourd’hui le nôtre, collectivement, c’est bien d’accélérer la renaissance industrielle de notre pays ». Au cœur de cette renaissance se trouvent les « industries de souveraineté » qui « nécessitent une intervention forte de l’État, comme actionnaire, comme acheteur, en les aidant à se développer, en France comme à l’international ». C’est là un principe qui a orienté l’action politique d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, dans le cadre de la Nouvelle France Industrielle.
Il a en particulier accompagné le lancement de la French Tech, en faveur des startups et entreprises numériques : le programme « Investissements d’avenir » prévoit une enveloppe de 200 M€ de financement en fonds propres par l’État via Bpifrance (Banque publique d’investissement), avec un retour identique aux actionnaires privés. Le dynamisme de l’industrie française repose à la fois sur un « socle industriel » ancien, et sur « la création des champions de demain, la French Tech, la transformation du financement de notre économie et les start-ups dont on parle tant ».

Donner plus d’agilité

Plus d’agilité, cela signifie que l’État « ne doit pas s’interdire de vendre là où il peut garder le même niveau d’influence tout en baissant son niveau de participation » : « c’est ce que nous avons fait avec Orange et Safran ». Cette stratégie permet, d’une part, « de se désendetter » mais, de plus, « cela libère des marges de manœuvre pour réinvestir dans d’autres entreprises lorsque la situation l’exige ». Ce fut le cas, notamment, pour les participations étatiques dans PSA en 2013.

Privilégier les nouvelles sources de croissance

Afin d’éviter que nos entreprises industrielles ne soient trop dépendantes de la commande publique, en particulier dans les secteurs de l’énergie et du transport, Emmanuel Macron a voulu « impulser une politique sectorielle volontariste, et une politique de compétitivité coût et hors coût », afin de réaliser « la montée en gamme du tissu industriel français ». De plus, la transition énergétique est, aux yeux d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie, « un levier de croissance rapide que nous allons stimuler, y compris en mettant de l’argent public ». Ce qui est en jeu, « c’est l’émergence de nouvelles filières, mais c’est aussi la réinvention des métiers qui existent, par exemple le bâtiment avec la rénovation thermique ».



D) L' enseignement

Repenser l’Ecole

« Le système français a réussi sur le plan éducatif, il a réussi en étant un système de masse qui a amené des classes d'âges entières à l'éducation primaire puis à l'éducation secondaire ». Cependant, « il ne sait pas lutter contre l'échec ».
Diagnostic

L’école, miroir des inégalités sociales

Le constat est sans appel : « Notre système scolaire reste très inégalitaire ». En effet, « la réussite scolaire dépend de l’endroit où on est né et de la richesse de nos parents ».
Depuis les études menées par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron dans les années 1960-1970, nous savons que l’école reproduit les inégalités sociales en exerçant une forme de violence symbolique sur les classes sociales défavorisées. Et cela perdure.
Selon une note de la Conférence des Grandes écoles de 2005, les enfants de cadres supérieurs et des professions intellectuelles représentent 60% des élèves des grandes écoles d’ingénieurs et 68% des élèves des grandes écoles de commerce alors que les enfants d’ouvriers ou d’employés (qui couvrent pourtant la moitié de la population active française) y occupent une place résiduelle de 12% (écoles d’ingénieurs) et de 8% (écoles de commerce). Le capital social et culturel joue à plein, ce qui explique le fait que ce sont les enfants d’enseignants qui réussissent le mieux à l’école (à Polytechnique un élève sur deux a un parent enseignant). Face à ce bilan, la question de la démocratisation scolaire se pose.
« En contradiction avec nos principes d’égalité », le système scolaire doit ainsi être repensé. C’est pourquoi l’école doit « permettre de corriger les premières inégalités, les plus atroces ». Rendre l’école plus juste est donc une priorité pour lutter contre les « inégalités de destins ».
Aujourd’hui, la France est le pays développé le plus inégalitaire, celui où les résultats à l’école dépendent le plus de l’origine sociale des parents.

L’école, une arme contre le chômage

L’école est « l’un des sujets centraux de notre pays » car le taux de chômage des non diplômés est 3 fois supérieur à celui des diplômés d’études supérieures. Ainsi lorsque l’on a un Bac+2, le taux de chômage est de 6% mais lorsque l’on a juste un brevet ou un CEP, le taux de chômage est de 17%. Par conséquent, le diplôme demeure une arme essentielle dans l’univers professionnel, que ce soit pour entrer sur le marché du travail ou pour progresser ensuite.
Toutefois, nous ne pouvons considérer que la situation est acceptable. L’école est devenue une machine à trier. Elle continue à exclure chaque année 150 000 jeunes.

Une école à repenser

A l’heure de la société du numérique et de « la sortie de l’âge classique du travail », il devient impératif de « former les individus à l’économie de la connaissance et de l’innovation. Or, quand on considère les problèmes de mobilité sociale et économique que nous avons, c’est un problème d’éducation ».
« L’appareil de formation » doit donc « jouer un rôle central » pour mieux s’adapter « à la transformation numérique et environnementale que nous vivons ».

Action

Principes

L’égalité réelle à l’Ecole :

« Le système français a réussi sur le plan éducatif, il a réussi en étant un système de masse qui a amené des classes d’âges entières à l’éducation primaire puis à l’éducation secondaire ». Cependant, « il ne sait pas lutter contre l’échec ». En d’autres termes, « on a démocratisé l’accès à l’école sans démocratiser la réussite dans l’école », comme le souligne l’historien Antoine Prost. Il faut donc « multiplier les occasions d’égalité en agissant très tôt dans la scolarité, au moment où les inégalités sont les moins fortes, c’est-à-dire dès l’école maternelle et l’école primaire ». Par ailleurs, l’école étant le creuset de la Nation, il devient urgent de renouer avec l’égalité réelle, seule à même de maintenir la cohésion sociale.

Une laïcité respectée et respectueuse :

La laïcité à l’école fait encore débat. De l’interdiction des signes religieux « ostensibles » à celle de l’interdiction du voile à l’université prônée par certains, la laïcité est brandie en étendard et devient même « revancharde ».  Comme le rappelle Emmanuel Macron : « La liberté de conscience est totale, l’intransigeance quant au respect des lois de la République, elle, est absolue ». L’école doit être exigeante sur l’application de la laïcité, « celle de 1905, pas celle qui exclut ».

Une vie choisie et non subie :

Le but de l’école ne devrait plus être « de classer, de trier » mais au contraire d’aider les élèves à « s’émanciper et innover ». Pour que la société du choix ne soit pas une fiction pour les enfants, l’école doit leur permettre de les « rendre libres dans le monde de demain, d’acquérir un socle de savoirs, d’apprendre des savoirs, puis de s’émanciper et d’être heureux, et d’avoir peut-être l’idée qui changera notre futur ».

Proposition

Cesser d’uniformiser

« L’investissement fondamental que nous devons faire », propose Emmanuel Macron, c’est « d’offrir un enseignement plus individualisé ». Cela passe par « identifier dès les plus petits âges les pathologies qui empêchent d’apprendre » ou encore par « évaluer les compétences pour pouvoir répondre de manière concrète et individualisée ». L’uniformisation n’est pas la réponse pour s’adapter à l’hétérogénéité des élèves. Par ailleurs, l’enseignement ne devrait plus être « aussi magistral » ni « aussi univoque ». Car l’uniformité n’est pas appropriée au monde d’aujourd’hui dans lequel « les savoirs sont de plus en plus différents, au moment où ce dont notre société a besoin c’est d’individus adaptables et de talents très différents ». N’oublions pas que « les métiers vers lesquels nos enfants iront, nous ne les connaissons pas aujourd’hui ».

Valoriser l’apprentissage

Emmanuel Macron souhaite que l’apprentissage soit placé au cœur des priorités des politiques éducatives. C’est ce qu’il a rappelé lors de son déplacement sur le Campus des métiers de l’entreprise à Bobigny le 05 septembre 2016. En effet, chaque année, des places restent vacantes pour les formations en apprentissage notamment parce que « l’apprentissage n’est pas suffisamment reconnu en France ». Or, « l’apprentissage fait partie des réponses au défi économique et social que nous vivons ». Ainsi, permettre aux jeunes d’accéder au monde du travail en créant leur propre entreprise est un exemple de réussite qu’offre l’apprentissage.

Repenser l’entrée à l’université

Concernant l’entrée dans les études supérieures, des inégalités persistent. « Nous avons réussi la massification de l’accès au baccalauréat mais nous n’avons pas pour autant réussi l’arrivée de tous ces jeunes à l’université ». En effet, aujourd’hui, plus de 86% d’une classe d’âge passe le baccalauréat. Cependant, « des inégalités d’orientation et de sélection » se jouent à l’entrée dans le supérieur. Ainsi, seulement 27% des inscrits en première année de Licence obtiennent leur diplôme trois ans plus tard. L’échec est massif notamment parce que « nous n’avons pas culturellement investi sur l’orientation ». Il apparaît donc nécessaire de « mieux informer » et de « proposer une organisation différente du premier cycle universitaire ».

Offrir davantage d’autonomie aux acteurs de l’éducation

Les situations rencontrées par les acteurs de l’éducation sont différentes selon les territoires. Or, nous savons que les inégalités scolaires sont aussi liées aux inégalités territoriales. Alors, « pour avoir une politique plus efficace, pour pouvoir répondre à la réalité du terrain, il faut donner aussi plus d’autonomie aux professionnels, plus d’autonomie aux enseignants, plus d’autonomie aux directeurs et directrices d’école, pour pouvoir là aussi décider, dans un esprit d’équité, mais (…) de manière pragmatique et sur le terrain, ce qui permet de répondre aux difficultés des enfants, et donc d’avancer ». L’offre scolaire doit être plus diversifiée pour les élèves et permettre aux acteurs de l’éducation de pouvoir « innover, à l’époque d’Internet et du téléphone portable » afin de mieux correspondre aux attentes d’un monde en mutation.

Valoriser la transmission pour bâtir une société pacifiée

Il ne peut pas y avoir innovation ni création « s’il n’y a pas d’abord eu ce temps essentiel de la transmission ». Or, pour que la transmission joue pleinement son rôle et puisse éviter que des enfants « passés par l’école de la République » ne se mettent à « haïr la France, détester ce qu’elle incarne, détester les personnes qui nous entourent, au point de vouloir les détruire », il faut notamment « restaurer le rôle et la dignité des enseignants qui ont pour mission d’apprendre, de faire grandir et d’éduquer » et redonner toute sa place à la culture, véritable arme contre la barbarie.




E) L' environnement

 La transition énergétique

Emmanuel Macron est convaincu « que la modernisation par l'écologie, c'est d'abord un levier de transformation ». Il convient d' « inventer » un « modèle productif qui intègre cette responsabilité sociale et environnementale, ce long terme ». 
 
Diagnostic

Le réchauffement climatique : une réalité

Impossible de nier le réchauffement climatique : « nous avons aujourd’hui partout sur la planète les effets de cette transformation » et nous pouvons constater que « chaque année est plus chaude que la précédente ». Pourtant, la plupart des modes de production d’énergie utilisés aujourd’hui (énergies fossiles) émettent des gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement de la planète : « on dépense encore plus d’argent à tirer les énergies du passé qu’à produire l’énergie du futur ».

Une question de société

La cause première du réchauffement climatique, c’est un système capitaliste, obsédé par les résultats à court terme, qui a « perdu son sens » et qui sacrifie deux segments de notre population. Tout d’abord, les « plus faibles » et les « plus fragiles » qui subissent ce qu’Emmanuel Macron appelle des « inégalités environnementales » : en France, ce système court-termiste « a réduit les chances, les opportunités » de cette catégorie ; « à l’autre bout de la planète », les populations les plus fragiles sont les victimes de catastrophes naturelles. Ensuite, « les générations à venir », qui n’ont pas voix au chapitre. Il ne faut pas oublier que nous avons déjà créé un « septième continent », « fait de plastique ».



Action

Principes

Avoir le courage de penser à long terme

C’est ce qu’ont essayé de faire, depuis longtemps déjà, des « missionnaires » tels Nicolas Hulot, qui ont mené des « combats difficiles ». Ils ont œuvré « dans l’ombre », « parce que c’est difficile de trouver un financement, de trouver une voie quand on vient contrarier les intérêts en place pour défendre le long terme ». C’est le devoir des politiques aujourd’hui que de reprendre à leur compte ce travail entamé par d’autres.
« Des choses ont été faites » : « la COP21 a été une formidable avancée » et « la loi de transition énergétique » est « un texte courageux ». Mais il faut aller plus loin et « ensemble, et pas simplement les pouvoirs publics ».

Un défi technologique et industriel

Emmanuel Macron est convaincu « que la modernisation par l’écologie, c’est d’abord un levier de transformation ». Il convient d’ « inventer » un « modèle productif qui intègre cette responsabilité sociale et environnementale, ce long terme ». L’enjeu est de « repenser » nos modes de consommation, mais aussi « la façon de produire » : « il ne faut plus opposer deux modèles : il y a un modèle productif, environnemental et social, et il est aussi numérique ». Pour cela, il convient de trouver la juste place de notre système productif dans l’environnement : notre industrie « doit recycler davantage, elle doit dégager moins d’émissions carbone, réduire sa propre consommation en énergie ».


Propositions

Penser la complémentarité des types d’énergie

Il est hors de question d’abandonner le nucléaire, pour des raisons économiques et même écologiques puisqu’il est « ce qui permet en France la production d’électricité décarbonée ». Cependant, nous pouvons diversifier le mix énergétique en y intégrant une part croissante d’énergies renouvelables, d’autant que « certaines commencent à avoir un prix compétitif et sont éminemment complémentaires de l’industrie nucléaire ».

Une mobilisation d’envergure

Nous avons besoin « d’une mobilisation active et collective » : « celle des États », « celle des collectivités locales ; de la société civile ; et bien entendu des acteurs économiques, des entreprises y compris le secteur assurantiel », ce dernier étant source de financements. Dans la « bataille climatique » qui s’engage, il faut bien sûr protéger, mais également voir toute « une série d’opportunités ».
La transformation environnementale repose sur le déploiement de nouvelles infrastructures. « Le besoin d’infrastructures n’a jamais été aussi élevé : pour remplacer les installations existantes ; pour en développer de nouvelles, plus écologiques, plus respectueuses de l’environnement ». Pour cela, les investissements sur le long terme sont fondamentaux.

La French Tech au cœur de la transition environnementale

Aujourd’hui, de nombreuses startups « se lancent dans le développement des solutions vertes et innovantes qui constituent une large partie de la réponse au défi climatique », mais elles « disposent rarement des garanties suffisantes pour accéder aux circuits bancaires classiques ». Il convient donc de les aider « à trouver les gros investissements qui leur permettront d’acquérir une taille internationale », surtout « dans le secteur de la transition énergétique, où parfois le temps d’accès au marché est plus long ».
Emmanuel Macron a mené sur ce plan des actions concrètes. En 2015, le concours de startups des cleantech (clean technology, c’est-à-dire toute technologie ayant une valeur ajoutée environnementale) a permis de récompenser 21 startups françaises, qui furent ambassadrices de la French Tech à la COP21. En février 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, et Ségolène Royal, ministre de l’environnement, ont lancé l’incubateur « Green Tech » pour accompagner 50 startups sur des projets de transition écologique (par exemple des compteurs électriques intelligents).
 


 Le nucléaire

« Nous croyons au nucléaire non pas parce que ce serait un héritage du passé, non pas parce qu'il faudrait continuer à faire ce qui a été fait mais parce que le nucléaire est au cœur de la stratégie industrielle, énergétique et climatique qui est la nôtre ».

Diagnostic

Une filière vivace et non pas en déclin

Contrairement à ce qui est communément admis en Europe à la vue des retards engrangés sur les chantiers EPR et de la baisse inexorable de la part du nucléaire dans la production d’électricité globale, la filière nucléaire est toujours bien vivace. C’est un marché en croissance tiré par les grands émergents que sont la Chine et l’Inde, et où l’excellence à la française est particulièrement reconnue.

Un secteur profondément transformé

La catastrophe de Fukushima en mars 2011, après celle de Tchernobyl en 1986, a remis à l’ordre du jour le problème de la sécurité et du renouvellement du parc nucléaire dans les pays développés. La filière nucléaire cherche donc à être plus sûre tout en assurant le démantèlement des centrales hors d’usage, chantiers à forts coûts. Ce sont les principales pistes de développement de la filière nucléaire.

Un choix français, et qui doit le rester

Emmanuel Macron le soulignait en 2016, la France a fait le choix du « tout-nucléaire » il y a presque 50 ans pour assurer son indépendance énergétique. Ce modèle semble dépassé aujourd’hui, mais il reste cependant un enjeu éminemment moderne en termes d’emplois : la filière emploie 220 000 personnes qualifiées. « Nous croyons au nucléaire non pas parce que ce serait un héritage du passé, non pas parce qu’il faudrait continuer à faire ce qui a été fait mais parce que le nucléaire est au cœur de la stratégie industrielle, énergétique et climatique qui est la nôtre ». C’est aussi un enjeu de climat, car l’énergie nucléaire est totalement décarbonée. Enfin, il caractérise l’excellence à la française : EDF est reconnu comme le 1er exploitant mondial de réacteurs et le système de sûreté français est reconnu comme le plus performant au monde.
Action

Favoriser la complémentarité dans la production électrique française

Même si le nucléaire doit rester la base de notre production électrique, car c’est une énergie décarbonée et à production stable, il faut favoriser sa complémentarité au sein du mix énergétique avec les énergies renouvelables. Comme Emmanuel Macron le rappelle : « [Notre] trajectoire […] n’est pas celle d’un abandon du nucléaire mais d’une réduction de la dépendance de la production électrique française au nucléaire pour justement favoriser l’accès de nouvelles sources d’électricité en particulier les énergies renouvelables ».

S’assurer que le nucléaire reste une filière d’excellence française

La France dispose de nombreux atouts dans la filière nucléaire, relevés précédemment, mais elle assiste aujourd’hui à la refonte du nucléaire avec la remise en cohérence des rôles d’Areva et d’EDF, principaux acteurs de la filière. Pour s’assurer que notre pays reste dans la course, il faut gagner en attractivité et monter en compétences. L’attractivité passe essentiellement par un passage au numérique et une exploitation des nouveaux marchés émergents, tandis que la montée en compétence est nécessaire pour saisir le nouveau marché de la sécurisation des installations et renforcer le savoir-faire technique français, clé de voûte de notre excellence. Emmanuel Macron le défend « pas le nucléaire d’hier mais le nouveau nucléaire : celui que nous sommes en train de transformer avec justement plus d’innovations, avec plus de modernisation, avec d’autres formes de production, avec une organisation repensée, avec plus de qualifications ».


 La filière alimentaire

La responsabilité des pouvoirs publics est « de défendre notre modèle agricole, en particulier dans le cadre des négociations transatlantiques, parce que ce sont des préférences collectives que nous portons, bien au-delà de simples sujets techniques ou tarifaires. »

Diagnostic

En tant que producteurs de matières premières échangées sur les marchés mondiaux, les agriculteurs sont particulièrement sensibles à « la volatilité des cours (…) qui évoluent au niveau mondial, [aux] implications géopolitiques qui [les] ont parfois fortement frappé (…), la croissance des pays en développement – bref, à tous les effets de la mondialisation. »
Derniers exemples de cette exposition en date, la crise qui a frappé la filière porcine en 2015 ou bien encore la crise du lait de 2016. La première fut la double conséquence de l’embargo russe et d’une dérégulation européenne. La crise du lait, quant à elle, a résulté d’une insuffisante anticipation de la fin des quotas ainsi que des disparités européennes entre les couts de production, liées à la surenchère réglementaire française.
Par ailleurs, la baisse des prix et des marges, ainsi que l’absence de perspectives, ont débouché sur une filière agricole insuffisamment modernisée et faiblement orientée vers la recherche « Seuls 18 % des entreprises de vos secteurs prévoient de faire de la Recherche & Développement ».

Action

Principe

Responsabilités des pouvoirs publics

Au niveau européen et international, la responsabilité des pouvoirs publics est « de défendre notre modèle, en particulier dans le cadre des négociations transatlantiques, parce que ce sont des préférences collectives que nous portons, bien au-delà de simples sujets techniques ou tarifaires ».
Au niveau national, les pouvoirs publics doivent préserver un ordre public et « s’assurer qu’une guerre mortifère au prix le plus bas ne soit plus conduite dans tous les secteurs » afin de « permettre à chacune et à chacun de se réorganiser ».

Perspectives de la filière

Il faut refuser la fatalité qui consiste à croire que les produits de la filière agroalimentaire vont rester faiblement différenciés et de ce fait soumis à des prix mondiaux dépendant des aléas géopolitiques. « Il y a dans la montée en gamme, dans la différenciation, dans les innovations biologiques et technologiques, une révolution qui est à faire ».
Cette perspective est celle qui oriente l’investissement vers les solutions industrielles de l’« Alimentation du futur » :
« Une meilleure connaissance du client sera construite dans la capacité qu’on aura à apporter non plus simplement des produits, mais des solutions, qui permettront de rassembler des informations, des données de masse et dans la capacité qu’auront vos filières à utiliser au mieux ces données pour innover, pour progresser, pour apporter un meilleur service ou une innovation de rupture – c’est un élément décisif dans la compétition ».
Cette montée en gamme passe par une politique d’intégration de la filière agroalimentaire : « S’organiser en filière, c’est accepter d’avoir des ambitions communes, se livrer parfois à des guerres légitimes, mais se retrouver derrière des intérêts communs sur des prix, des investissements, des objectifs d’ensemble » et par l’émergence de champion français à dimension mondiale : « Il est bon d’avoir des champions, de les aider à réussir, de les aider à investir, à grandir, à conquérir de nouveaux marchés, parce qu’ils tireront tous les autres derrière eux dans la réussite, et c’est le cœur d’une politique industrielle ».

Propositions

Dans les faits, la loi Macron a permis d’accompagner les agriculteurs dans la modernisation de leurs exploitations via une mesure de suramortissement (art. 142) et la facilitation de la construction d’annexes ou l’extension des habitations sur les terres agricoles (art. 104).
La protection de la résidence principale des exploitants agricoles a été améliorée (art. 206) afin de sécuriser leurs parcours. Dans le même temps, le ministère de l’Economie a accru les contrôles sur le respect des délais de paiement et a rendu publique la liste des contrevenants, dans le but de diminuer le besoin de fonds de roulement des entreprises du secteur agricole notamment.




F) L'international
 
 Le conflit Syrien

« Nous devons avoir une priorité : la lutte contre l’islamisme radical et terroriste dans la région »

Diagnostic

Un drame humanitaire

Une guerre civile meurtrière.

Depuis que le conflit a éclaté, en mars 2011, plus de 400 000 personnes ont été tuées en Syrie. La crise ne fait qu’empirer, affectant aujourd’hui plus de 13,5 millions de personnes, dont 6,1 millions déplacées à l’intérieur de leur territoire, qui ont besoin d’une aide d’urgence.

La crise des réfugiés.

Avec 4,8 millions de personnes, les Syriens représentent le plus important contingent de réfugiés au monde. La répression du régime, la destruction du pays par cinq ans d’intenses combats, les exactions de l’Etat islamique, l’appauvrissement généralisé et la conscription forcée ont poussé des millions de personnes à quitter leur domicile. En 2015, 13,5 millions de Syriens, 50 % de la population du pays, ont été affectés par le conflit, selon l’ONU.
Les réfugiés sont principalement répartis entre les pays voisins de la Syrie : la Turquie, la Jordanie (où se trouve le camp de réfugiés de Zaatari, le second au monde par sa taille) et le Liban (dont un quart de la population sont des réfugiés syriens). Depuis 2015, les routes migratoires vers l’Europe sont également saturées. En octobre 2014, 23 000 personnes ont traversé la Méditerranée clandestinement ; en octobre 2015, ce chiffre a été multiplié par près de dix : 220 000 personnes.

Une région profondément déséquilibrée.

Le Proche et le Moyen-Orient est une région où les anciens équilibres géopolitiques semblent être devenus obsolètes et dépassés. « Nous ne sommes plus dans cette région dans les mêmes équilibres que ceux dans lesquelles nous vivions il y a des décennies ».   Aujourd’hui, la Russie de Vladimir Poutine et l’Iran se sont imposés comme des acteurs majeurs au Moyen-Orient, bouleversant ainsi les équilibres passés.

Action

Principe

Réorganiser nos priorités en ce qui concerne le terrorisme international.

« Nous ne pouvons pas faire de l’extermination du régime de Bachar el-Assad un préalable à toute décision, même si c’est bien évidement un objectif ». Face à un problème aussi épineux que la crise syrienne, il faut adopter une attitude responsable. L’ennemi principal, c’est bel et bien l’islamisme radical qui se développe sur les ruines de la Syrie. C’est cet islamisme radical qui cherche à attaquer la France et ses valeurs humanistes.  Or aujourd’hui, les organisations terroristes que sont Al Nosra, filière d’ Al Quaïda, et l’Etat Islamique, sont celles qui profitent le plus de ce drame.

Ne pas sombrer dans la complaisance envers Bachar el-Assad.

« Je ne suis pas naïf sur Bachar el-Assad » Le régime syrien est un régime meurtrier, responsable d’actes inqualifiables et inhumains. A cet égard, il ne faut avoir aucune empathie ni complaisance envers ce régime, « un régime sanguinaire et extrêmement coupable de la situation dans laquelle nous sommes ».  Il ne s’agit donc pas de maintenir Bachar el-Assad au pouvoir ad vitam eternæm, mais de trouver une solution politique transitoire pour sortir de cette impasse politique.

Propositions

Maintenir une coopération internationale.

La résolution du conflit syrien passe par « une discussion exigeante et réaliste avec l’ensemble des puissances qui sont impliquées dans cette situation ».  La guerre civile en Syrie est le théâtre d’un affrontement entre plusieurs puissances, en particulier la Russie et les Etats-Unis. Mais il ne faut pas abandonner ce problème à ces deux puissances mondiales qui sont par ailleurs opposées, nous rappelant les heures les plus sombres de la Guerre froide. La France ne doit donc pas tourner le dos aux grandes puissances, ni à Vladimir Poutine, ni à Donald Trump. « C’est en arrivant à un juste équilibre entre toutes les parties que la paix là aussi pourra être rétablie. En la matière, la position allemande de dialogue devrait nous inspirer et nous gagnerions à agir plus clairement de concert. »

S’affirmer à l’échelle mondiale en tant que puissance européenne.

La France est une puissance militaire et diplomatique de premier rang. Son alliance avec les Etats-Unis est le fruit d’une histoire commune, fondée sur différents succès démocratiques. L’élection de Donald Trump ne doit en tout état de cause venir altérer cette alliance stratégique. C’est pour cela que « la France doit inscrire sa politique internationale dans l’Europe qui la rend plus forte et doit savoir discuter avec des puissances, même quand elles ne sont pas amies ». Discuter efficacement  avec la Russie et consolider les relations d’amitié avec les Etats-Unis, passe par une politique étrangère européenne efficace qui permet aux démocraties européennes de peser à l’échelle diplomatique.
  


 Les réfugiés en Europe

« Il faut avant tout que la France fasse sa part sur notre premier devoir universel, celui des réfugiés. C’est notre devoir. A quoi pourrions-nous prétendre, alors que notre pays, aujourd’hui, se divise dans la peur de l’autre et que certains nous poussent à ne pas jouer notre premier devoir moral ? »
Diagnostic

Une crise migratoire sans précédent

La crise migratoire que connait l’Europe est la conséquence d’un afflux soudain depuis 2010 de réfugiés venant principalement du Moyen-Orient ou d’Afrique de l’Ouest. Cette recrudescence a engendré des divisions importantes entre les pays d’Europe. Ainsi ces derniers n’ont pas su se mettre d’accord sur l’attitude à adopter. Alors même que la Commission européenne a cherché à imposer des quotas à chaque pays de l’Union, et qu’Angela Merkel et François Hollande ont poussé dans cette direction, des pays d’Europe de l’Est s’y sont opposés fermement. En septembre 2016, Angela Merkel a finalement été contrainte de reconnaître l’échec et l’abandon du mécanisme de répartition obligatoire.

Une nécessaire distinction entre migrant économique et réfugié

Face à l’instrumentalisation politique, Emmanuel Macron a rappelé qu’il était nécessaire de “faire la distinction”. En effet, là où parfois les flux migratoires sont motivés par la pauvreté économique d’une région, d’un pays, la crise de 2010 est en revanche principalement la conséquence de conflits armés qui poussent des populations entières à fuir leurs pays. “Il s’agit principalement de réfugiés, c’est à dire de femmes et d’hommes qui, pour des raisons politiques, fuient leur pays. Pas de migrants économiques”. Les réfugiés proviennent majoritairement de trois pays déchirés par des conflits armés : la Syrie (27,9%), l’Érythrée (12,2%) et l’Afghanistan (7,8%).

Une réalité de l’accueil en France relativement faible

L’Allemagne est de loin le pays ayant validé le plus de demandes d’asile (148 215 statuts de réfugiés accordés) et représente à elle seule 41 % des décisions positives. Viennent ensuite les autres grands pays européens. La France a seulement accueilli 26 015 réfugiés et se situe donc en 14ème place des pays ayant accueilli le plus de demandeurs d’asile par habitant en 2015.
« Les gens disent ‘c’est terrible’ quand on voit un petit garçon mort sur une plage, et ‘ce sont des salopards’ quand on les confond avec des terroristes. Mais les réfugiés, ce sont des gens avec une force de caractère exceptionnelle. Vous et moi, on ferait des milliers de kilomètres à pied pour fuir la violence politique ? Nos civilisations ont oublié ce que c’était, c’est pour cela que la chancelière Merkel a eu raison de poser ce geste, sur le plan moral et politique. »

L’arrivée de réfugiés, une opportunité économique

Contrairement aux idées reçues, les réfugiés qui fuient leur pays sont souvent issus des classes moyennes et supérieures. A cet égard, leur accueil constitue “une opportunité économique, parce qu’il s’agit de femmes et d’hommes qui ont aussi des qualifications remarquables.” Face à cette situation, Emmanuel Macron regrette que les réfugiés aillent « moins en France parce qu’il y a du chômage. »
« Je le regrette pour mon pays car les réfugiés sont une force. […] Les réfugiés qui risquent leur vie pour des raisons politiques, sont des héros. » L’afflux de population provoque une hausse de la population active qui est, avec la hausse de la productivité, une de deux grandes sources de croissance potentielle. Certains économistes considèrent que les migrants qui ont eu « le courage et la volonté d’entreprendre « le grand voyage » » sont plus enclin à travailler dur que le reste de la population contrairement à beaucoup de préjugés.

Action

« On ne doit pas gouverner aux sondages »

Face à un sujet polémique utilisé de manière anxiogène par une partie de la classe politique, Emmanuel Macron a déclaré que l’accueil des réfugiés « n’est pas un sujet sur lequel on doit gouverner aux sondages. »
« L’histoire a montré que quand on suit parfois la volonté des peuples, surtout dans des moments difficiles, on se trompe. Je crois que c’est la dignité de l’ensemble de nos pays, notamment de la France, d’être à la hauteur des évènements », insiste Emmanuel Macron.

Accueillir des réfugiés, une responsabilité historique

« Notre premier devoir universel est d’accueillir les réfugiés. » Emmanuel Macron a insisté à de nombreuses reprises publiquement sur la nécessité d’être à la hauteur de « l’enjeu historique ». Ainsi, face à la peur de l’autre, l’ancien ministre de l’économie oppose un devoir moral considérant que la voix de la France à travers le monde serait « inaudible » si cette dernière ne faisait pas « face à ses responsabilités ».
Opposé à une vision restrictive de l’identité française, Emmanuel Macron rappelle que beaucoup de Français « sont venus d’Espagne, d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, d’Italie, de Sicile. On les a toujours accueillis lorsqu’ils étaient réfugiés. C’est notre devoir. »

Une procédure plus courte et plus efficace

Face aux demandes croissantes d’asile, Emmanuel Macron préconise de « nous organiser pour réformer les conditions d’examen. » Ainsi, les délais d’examen des demandes devront « être considérablement abrégées pour que les personnes qui ont droit à la protection de la France puissent être accueillies, formées, prises en charge rapidement, parce qu’ils y ont droit. »
« Au terme de cette procédure plus courte, plus efficace, toutes les personnes qui n’ont pas vocation à rester en France, parce qu’elles n’ont pas le droit d’asile, doivent être reconduites à la frontière. »

Un nécessaire accueil digne

Refusant les faux semblants, Emmanuel Macron estime que « l’humanité dans le traitement des réfugiés, ce n’est pas laisser croire que nous accueillerons tout le monde. »
« L’humanité, ce n’est pas accorder des titres au compte-gouttes et laisser tous les demandeurs sur le territoire dans une situation de non-droit. L’humanité, c’est assumer notre rôle, examiner rapidement les demandes et en tirer les conséquences pour les principaux intéressés. »




G) L'Europe
 
 Le couple Franco-Allemand

« Le couple franco-allemand a une responsabilité historique sur les problématiques de sécurité et d’intégration »
Diagnostic

La coopération franco-allemande

C’est dans le but de tourner la page de nombreuses années de guerre que le Traité de l’Elysée a été conjointement adopté par la France et l’Allemagne, en 1963. Cette coopération franco-allemande, nous en voyons les effets au quotidien : jumelage de nombreuses villes, écoles, régions, universités ; participation de nombreux jeunes à des échanges entre nos deux pays. La coopération franco-allemande concerne des domaines aussi variés que la culture (création de la chaîne de télévision Arte en 1991), les télécommunications ou l’aérospatial (création d’EADS en 2000).

Un partenariat commercial en déclin

L’Allemagne reste le premier partenaire commercial de la France. En revanche, pour la première fois depuis 40 ans, la France n’est plus le premier partenaire commercial de l’Allemagne : elle a été détrônée par les États-Unis. La faiblesse du dollar américain par rapport à l’euro et la crise économique qui persiste en France en sont les causes.

Action

L’avant-garde de la politique budgétaire européenne

Aujourd’hui, l’Union européenne regorge de règles budgétaires, qui répondent certes à une logique d’harmonisation entre pays européens et « visent à assurer la discipline budgétaire » de la zone euro. Cependant, « rien ne garantit que la somme des politiques budgétaires conduise à une situation optimale pour la zone euro tout entière, dans les moments de crise comme dans les périodes de croissance ».
Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, et son homologue allemand Sigmar Gabriel, faisant le constat d’un niveau de chômage élevé et d’une situation économique fragile, ont appelé de leurs vœux la création d’un budget commun à l’échelle de la zone euro. Celle-ci doit être dotée d’une compétence budgétaire propre, en plus des compétences budgétaires nationales, afin « d’améliorer notre capacité à faire jouer les stabilisateurs économiques et à adapter notre politique budgétaire au cycle économique ».

Penser ensemble la sécurité

Les récents attentats visent à nous fragiliser. Lutter contre ces menaces n’est pas seulement un défi français, c’est un défi européen auquel la France et l’Allemagne ont le devoir de faire face ensemble : « Le couple franco-allemand a une responsabilité historique sur les problématiques de sécurité et d’intégration ». Face à de nouvelles menaces auxquelles notre pays (et plus largement le monde) est exposé, nous devons accentuer nos efforts sur la surveillance policière et frontalière. Sigmar Gabriel, venu se recueillir place de la République en compagnie de son homologue Emmanuel Macron, après les attentats du 13 novembre, a déclaré : « il faut renforcer notre coopération policière, il nous faut mieux contrôler nos frontières en Allemagne, c’est une demande justifiée de la France ».

Prendre l’initiative en matière de solidarité

La solidarité est une des grandes valeurs françaises et européennes. En ces temps troubles, l’histoire nous impose de ne pas l’oublier. Sur les questions des réfugiés et de la sécurité, « le risque que nous voyons poindre c’est que nos peuples, nos partis politiques, nos gouvernements décident de traiter séparément ces défis ». Il faut recréer de la solidarité européenne sur les questions des réfugiés et de la sécurité, et ne pas oublier que « l’Allemagne a de nombreux défis aussi dans sa propre économie quant aux réfugiés ».
Conjointement au ministre allemand de l’Économie, Emmanuel Macron propose la création d’un fonds franco-allemand de 10 milliards d’euros qui servirait à financer la sécurisation des frontières et un meilleur accueil des réfugiés. Cependant, cette initiative doit déboucher sur une action européenne, et non seulement franco-allemande. Ce fonds serait ouvert : d’autres pays européens seraient, dans un deuxième temps, invités à y participer.





 La politique monétaire européenne

« La Banque Centrale Européenne est indépendante et fait tout ce qui est nécessaire pour remplir son mandat ».


Diagnostic

Le contexte macro-économique

Bien que la zone euro s’engage sur une dynamique de reprise, la faiblesse de l’inflation continue d’inquiéter la Banque centrale européenne (BCE). Les prix à la production industrielle ont en effet décru de 3 % dans la zone euro au cours de l’année 2015 (de – 0,7 % hors énergie) malgré les politiques monétaires expansionnistes menées par les banques centrales nationales depuis 2008. Ces politiques étaient notamment destinées à soutenir la liquidité des marchés et des établissements de crédit, ainsi qu’à contenir la récession et le risque déflationniste (c’est-à-dire une baisse auto-entretenue des prix et de l’activité).
Dès le début de l’année 2016, en réponse à la faiblesse de l’inflation, la BCE a jugé qu’elle devait encore amplifier l’orientation expansionniste de la politique monétaire. Elle a donc annoncé une nouvelle série de mesures en mars dernier. Certaines d’entre elles envoient, au moins symboliquement, des signaux forts de la volonté de la BCE d’enrayer la baisse de l’inflation. Ainsi, le taux appliqué aux opérations principales de refinancement a été réduit de 0,05 point et atteint désormais 0 %. Cela signifie que les établissements de crédit de la zone euro peuvent obtenir toutes les liquidités qu’ils souhaitent pour une durée d’une semaine à un taux nul. Ce sont ainsi près de 2 trillions d’euros qui vont être injectés en l’espace de 18 mois.
L’objectif assumé de la BCE est de stimuler le crédit, de susciter la confiance des agents, d’assouplir l’ensemble des conditions de financement de marché et de faire pression à la baisse sur le taux de change de l’euro. Comme le résume Emmanuel Macron, « en Europe, nous avons eu une politique monétaire qui a pris tous les risques, avec des taux d’intérêts aujourd’hui négatifs. Mario Draghi [NDLR : le président de la Banque centrale européenne] a été au bout de ce qu’il pouvait faire ».

Un résultat qui se fait attendre

Bien qu’elle ait pris en compte ces nouvelles modalités d’action, l’institution monétaire de Francfort a drastiquement abaissé sa prévision d’inflation pour cette année, de 1 % à 0,1%. La BCE table sur une inflation de 1,3 % en 2017 (contre 1,6 % auparavant) et 1,6 % en 2018. De même, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait être inférieure à ce que la BCE escomptait : 1,4 % en 2016, 1,7 % en 2017 et 1,8 % en 2018.
Pourquoi la politique monétaire ne produit-elle pas les effets escomptés ? Parce que nous sommes dans ce que les économistes nomment une période de « trappe à liquidité », c’est-à-dire une situation dans laquelle les agents préfèrent détenir de la monnaie plutôt que de faire des placements financiers. Faute de demande, du fait des politiques d’austérité budgétaire et du climat déflationniste qui règne actuellement, la banque centrale a beau déverser tout l’argent qu’elle peut, les liquidités ne font pas monter le niveau du crédit à l’économie. Et, in fine, cela ne contribue pas à la relancer. C’est pourquoi, pour Emmanuel Macron, « la BCE doit aujourd’hui pouvoir prendre des mesures offensives pour éviter que les anticipations d’inflation ne décrochent et pour soutenir les réformes qui sont menées pour favoriser la croissance. C’est le moment d’accélérer ».

Action

Respecter l’indépendance de la banque centrale

L’idée qu’il est préférable que la banque centrale dirige la politique monétaire indépendamment des autorités gouvernementales est bien ancrée dans la théorie économique. Les travaux de Kydland et Prescott (1977), Barro et Gordon (1983) et Rogoff (1985) montrent qu’ainsi les banques centrales évitent le biais inflationniste, que provoquent les gouvernements nationaux de façon intéressée. L’indépendance des banques centrales a permis à celles-ci de maîtriser efficacement l’inflation et de la maintenir à un bas niveau : il est amplement prouvé que plus le degré d’indépendance est élevé, plus l’inflation est faible. C’est en ce sens qu’Emmanuel Macron rappelle que « la BCE est indépendante et fait tout ce qui est nécessaire pour remplir son mandat ».

Relancer l’investissement public

En réalité, les pressions déflationnistes qui existent aujourd’hui semblent être davantage le résultat d’un phénomène structurel, nommé « stagnation séculaire ». La cause en serait un excédent structurel d’épargne, au niveau mondial. Pourquoi ce surplus durable d’épargne ? Notamment parce que le ralentissement de la croissance démographique se traduit par moins de besoins en équipement, parce que les nouvelles technologies font baisser le prix de l’investissement, et parce que la montée des inégalités concentre les revenus entre les mains de ceux qui épargnent plus.
Résultat : l’offre de capitaux (l’épargne) sera à l’avenir largement supérieure à la demande (l’investissement), ce qui tirera le prix de l’argent, le taux d’intérêt, vers le bas. Conséquence : les marges de manœuvre de la politique monétaire vont rester basses, et pour longtemps, dans un environnement qui va rester structurellement déflationniste par manque de demande.
Dans ce contexte, « il faut des politiques budgétaires plus intelligemment articulées, une Allemagne qui mène une vraie politique de relance et un volontarisme accru en matière d’investissements européens ». En effet, s’il y a excès d’épargne sur l’investissement, c’est surtout parce qu’il y a un manque d’investissements. Dès lors, la période paraît particulièrement propice à une relance budgétaire au niveau européen, du fait de la faiblesse des taux d’intérêt à long terme.



 Le Brexit

« Depuis le « non » français et néerlandais jusqu’à aujourd’hui, il y a une décennie –, où il y a eu de la tétanie dans beaucoup d’États membres, on n’a pas su faire de nouvelles propositions et on a géré les crises. Il y a eu des avancées sur le plan technique, mais sans jamais re-projeter les opinions publiques vers un projet commun, vers un projet politique. »
Diagnostic

La victoire des Eurosceptiques : un événement qui nous concerne tous

Le Brexit est avant tout «l’échec du gouvernement britannique», favorable au «Remain» et dont la politique suscitait de plus en plus de critiques dans l’opinion. Mais Emmanuel Macron estime également que les États membres et la Commission européenne ont commis l’erreur d’avoir laissé un État membre «prendre en otage le projet européen de manière unilatérale» et, ainsi, «chorégraphier ces derniers mois la possibilité du délitement européen». La politique menée en Europe depuis dix ans a permis aux eurosceptiques de gagner du terrain. La gestion «technique» s’est faite au détriment d’un effort pour «re-projeter les opinions publiques vers un projet commun, vers un projet politique».
Certes, la Grande-Bretagne est divisée : «il y a une Grande-Bretagne qui est heureuse dans la mondialisation et l’Europe, elle a voté pour le “Remain”, c’est Londres, l’Ecosse et l’Irlande du Nord ; et il y a une Grande-Bretagne qui a peur de la mondialisation, qui ne s’y retrouve pas». Mais «les autres États membres de l’UE ont un problème similaire à cause de leur incapacité à rassembler face aux défis de la mondialisation».
Finalement, le Brexit met en évidence deux problèmes de fond : tout d’abord, « une Europe ultralibérale », contre laquelle « on s’est peut-être insuffisamment battu ou face à laquelle on n’a pas suffisamment proposé » ; ensuite, « une Europe qui est obsédée par ses différences internes » et « qui ne sait plus pourquoi elle s’est constituée comme un ensemble commun ».

Les conséquences du Brexit

Sur le plan économique

Le « Brexit » ouvre une période de grande incertitude. La portée de l’impact économique du « Brexit » est difficile à évaluer, mais une étude de l’OCDE1 estime à 5 % l’impact négatif sur le PIB du Royaume-Uni à l’horizon 2030. Trois raisons permettent d’anticiper un ralentissement de la croissance : le report des investissements (-10 % de l’investissement productif en 2017 et 2018 selon l’OCDE), la baisse de la consommation (les ménages augmenteront leur épargne de précaution) et la baisse du revenu par tête (qui, selon une étude de la London School of Economics, pourrait atteindre £ 1 700 par personne entre 2015 et 2030). Plus généralement, la défiance des investisseurs étrangers après le Bexit pourrait entraîner un ralentissement des entrées de capitaux et une baisse des investissements venus de l’étranger. Cela aurait pour effet de limiter la croissance à long terme.

Sur le plan politique

Si l’impact économique du Brexit sur la zone euro devrait rester limité, l’impact politique est, quant à lui, beaucoup plus important. Encouragés par la sortie de l’UE du Royaume-Uni, les partis populistes multiplient leurs appels pour l’organisation de référendums. L’euroscepticisme se nourrit de la défiance croissante dans les institutions européennes. Pour parer au risque de fragmentation, voire d’implosion, de l’Union européenne, et éviter qu’une histoire qui a commencé en 1951 ne prenne fin, Emmanuel Macron estime qu’ « il faut aller vite ».

Action

Fermeté et volonté de penser autrement

Il faut être ferme avec le Royaume-Uni : « Il n’y a pas d’autre sortie possible que par l’article 50 », a-t-il déclaré lors de la présentation de son projet européen à Sciences Po Paris, le 25 juin 2016. « II faut que ce soit sérieux, que ce soit grave », pour éviter que cet épisode « n’emporte aucune conséquence », sans quoi « d’autres États membres se trouveront des vocations pour être non-coopératifs ». Il faut également proposer autre chose que la simple gestion. Emmanuel Macron reprend à son compte le triptyque de Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, selon qui le marché unique est « la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit ». Emmanuel Macron estime qu’ « il faut des éléments de solidarité et des transferts ». La Commission, le Parlement européen, les États membres sont-ils prêts à articuler « le bon diagnostic » et un projet conçu « de manière beaucoup plus démocratique et transparente » ?


Une Europe à la fois ambitieuse et protectrice

La question de la concurrence ne se pose pas seulement à l’intérieur des frontières de l’Union européenne. « Il y a des Chinois qui constituent des géants mondiaux ; les Américains constituent des géants … » : il est nécessaire de définir une politique commerciale qui tienne compte de cette situation et qui défende les intérêts de l’Union européenne. Certains risques exigent une réponse au niveau européen : « les risques liés au numérique, les risques migratoires, les risques géopolitiques, le changement climatique, et toutes les grandes transitions que l’on est en train de vivre, tout ce qui fait peur à notre population ». Les règles, qui restent à inventer dans ces domaines,
permettront de « donner corps » à une véritable « souveraineté » européenne.

« Libérer la parole sur l’Europe »

Refonder le projet européen passe moins par un nouveau traité soumis à référendum que par l’organisation de débats au sein d’une convention démocratique, « afin de libérer la parole sur l’Europe, redonner confiance et éclairer le débat ». Les élections présidentielles et générales qui auront lieu entre le printemps 2017 et le printemps 2018 en France, en Allemagne et en Italie seront l’opportunité d’un débat démocratique, et d’un vrai débat politique. Des référendums sur le sujet seront par la suite envisageables à la condition qu’ils « portent sur des projets ».


 La politique budgétaire européenne

« Une union monétaire sans péréquation financière – ça n’existe pas ! Les plus forts doivent aider. Nous avons besoin d’une politique qui renforce la responsabilité et la compétitivité des pays de la zone euro ».
Diagnostic

Un dogme allemand qui mérite d’être interrogé

La politique budgétaire européenne est aujourd’hui portée par les préférences et les dogmes de son État-membre le plus influent (i.e. l’Allemagne) plutôt que par une véritable indépendance financière de l’Union. La politique budgétaire qui est celle de l’UE repose en effet sur le dogme de la rigueur à l’allemande, né de l’hyperinflation des années 1930, qui a accompagné et favorisé la montée du nazisme. Pour les Allemands, la rigueur budgétaire prime.
Mais Emmanuel Macron propose une autre lecture du passé. Il rappelle qu’après la Première Guerre mondiale, « nous avons voulu faire payer les peuples et avons nourri les extrêmes » : ce sont les réparations imposées à l’Allemagne dans le cadre du Traité de Versailles qui « ont accablé l’Allemagne » et qui « ont aidé les Nazis à prendre le pouvoir ». La leçon est donc moins celle des bénéfices de la rigueur que de l’importance de la solidarité : « aujourd’hui, c’est à l’Allemagne de ne pas se figer dans une attitude comptable vis-à-vis de l’Europe et de ses partenaires de la zone euro ».

Une politique budgétaire défaillante

En 2011, le budget de l’Union européenne représentait seulement 1% du PIB européen, soit 142 milliards d’euros. En comparaison, 230 milliards d’euros ont été prêtés à la Grèce par les Etats-membres au cours des six dernières années. Conséquence de la crise économique mondiale de 2008-2009, plusieurs pays d’Europe du Sud tels que l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, se sont trouvés dans une immense difficulté budgétaire. En 2010, 2012 et 2015, trois plans d’aide successifs sont adoptés par l’Union européenne, membre de la « troïka » avec le FMI et la BCE, pour aider la Grèce au bord du précipice. Arrachés uniquement au prix de négociations longues et douloureuses, ces accords sont le symptôme d’une politique budgétaire défaillante au sein de l’Union européenne.

Un enjeu économique mais aussi politique

La politique budgétaire européenne repose sur l’intégration monétaire organisée par le traité de Maastricht en 1992. Or, selon Emmanuel Macron, cette union monétaire est source de déséquilibres si elle n’est pas accompagnée de transferts financiers au sein de l’Union. « Avant la crise les taux d’intérêt bas de l’euro ont séduit de nombreux gouvernements, qui ont trop emprunté » et cela a conduit à des excès. Mais « nous ne saurions construire l’Europe avec la consolidation budgétaire comme seul horizon à travers l’application de règles budgétaires ». En effet, les investissements à l’échelle de l’UE permettent à la fois d’« aider les pays de la zone euro qui ont des faiblesses structurelles » et de redonner du sens à l’Europe.

Action

Principes

La solidarité avant la responsabilité et la compétitivité

Emmanuel Macron l’affirme : « nous avons besoin d’une politique qui renforce la responsabilité et la compétitivité des pays de la zone euro ». Mais la solidarité entre États membres est le principe fondamental qui doit animer la refondation de la politique budgétaire européenne car « sans cet équilibre, nous n’avancerons pas » : « Une union monétaire sans péréquation financière – ça n’existe pas ! Les plus forts doivent aider ».

Un transfert de souveraineté plus important

Les crises budgétaires récentes montrent que le court-termisme des États membres est un frein pour l’Europe. « Cela fait des années que nous bricolons des règles censées aider les États en crise. Mais elles ne les aident pas – pas assez ». Une refondation institutionnelle s’avère nécessaire pour rendre possible une politique budgétaire plus ambitieuse : « la zone euro a besoin de nouvelles institutions auxquelles les gouvernements nationaux transfèrent plus de souveraineté ».

Il faut refonder l’Europe

Pour éviter une nouvelle « décennie perdue », voire la fin de l’Union européenne comme projet d’intégration politique visant à « une union toujours plus étroite », Emmanuel Macron souhaite « une refondation de l’Europe » : « Que la réforme semble trop petite, et les gens la refuseront en effet. Ils ne veulent plus d’une Europe des bureaucrates, de jeu petit bras. Nous avons besoin d’un grand coup ».

Propositions

Création d’un gouvernement économique de la zone euro

Emmanuel Macron propose en premier lieu la création d’un gouvernement économique européen fort, doté de son propre budget et qui « serait tenu d’agir dans le seul intérêt de l’ensemble de la zone monétaire ». Par exemple, « il pourrait veiller aux transferts financiers nécessaires lorsqu’un pays est affecté par une crise ou promouvoir les réformes souhaitables pour éviter les divergences entre nos économies ». À la tête de ce gouvernement économique européen se trouverait un commissaire aux compétences étendues, qui « ne serait pas qu’un ministre des finances de l’euro, mais quelqu’un qui peut également attribuer des moyens d’investissement ou parler de politique du marché du travail ».

Augmentation du budget de l’Union européenne et capacité d’emprunt propre à la zone euro

Pour pallier les limites du budget actuel de l’Union européenne, Emmanuel Macron propose une augmentation du budget européen : « le montant du budget, on doit en discuter, mais il doit être plus significatif que le budget européen actuel ». Puisqu’il n’est pas envisageable de lever un nouvel impôt européen, « les membres de la zone euro devraient plutôt reverser une partie de leurs recettes au budget commun ».

Créer une capacité d’emprunt propre à la zone euro

Par ailleurs, afin de répondre à un impératif de solidarité accrue entre les États membres, « nous devrions donner à la zone euro la faculté d’emprunter de l’argent sur les marchés ». Il ne s’agit pas des eurobonds, cette « communautarisation des vieilles dettes ». Cette faculté d’emprunt dépasserait l’appui monétaire de la BCE, et servirait à terme directement au financement des actions du gouvernement économique de la zone euro.

Créer un Parlement de la zone euro

Pour contrôler le nouveau gouvernement économique de la zone euro, aux pouvoirs élargis, Emmanuel Macron propose la création d’un Parlement de la zone euro : « une nouvelle chambre, composée des membres du Parlement européen dont les pays appartiennent à la zone euro ». Pour que les intérêts particuliers des États membres ne soient pas mis en avant, ce Parlement ne devrait pas être composé de députés nationaux car « le débat européen ne devrait pas être dominé par la politique nationale ».



 Les institutions européennes

« Nous avons un modèle de société unique : la liberté individuelle, couplée à la justice sociale. » Ce modèle, sur la scène internationale, est une chance pour les Européens : il est fédérateur et peut nous permettre de « trouver notre place dans un monde globalisé ». Il appartient aux institutions de mettre en œuvre les politiques nécessaires à la garantie de ce modèle.

Diagnostic

L’état de l’Union européenne…

L’Union Européenne traverse, à l’heure actuelle, une crise institutionnelle. Pendant près de 10 ans, les dirigeants de l’Union ont œuvré de manière technique pour surmonter cette crise, en faisant fi des opinions publiques. Cette « décennie perdue » a également été marquée par la crise de 2008, qui « a révélé les difficultés de ces pays qui étaient devenus moins compétitifs et plus endettés qu’au début de l’euro ». La gestion de cette crise sur le plan technique n’est pas à remettre en cause. Toutefois, pour se relever, l’Europe doit repenser ses institutions dans le cadre d’un projet fédérateur, sans céder à la panique post-brexit, sans chercher à réformer ses traités à la hâte.

… à l’heure du Brexit

Le 23 juin 2016, le Royaume-Uni a voté sa sortie de l’Union européenne. Pour Emmanuel Macron, « c’est avant tout l’échec d’un gouvernement très cynique qui a joué avec le référendum pour être élu ». Mais l’issue de ce référendum est également imputable à l’immobilisme des dirigeants de l’UE, qui ont « trahi le projet européen » faute de « volonté politique ». À présent, il s’agit d’éviter une « contamination » et de reconnaître que « notre erreur est d’avoir laissé un État membre remettre en jeu le projet européen de manière unilatérale en disant : “Retenez-moi ou je fais un malheur.” ». « Voulons-nous être les refondateurs de l’Europe – ou ses fossoyeurs ? », interroge Emmanuel Macron.



Action

Principes

Refuser la bureaucratie

« Je ne crois pas que la solution soit un repli dans les bureaux des quelques-uns qui savent » explique Emmanuel Macron qui considère que « tout ça, ça ne marche plus, c’est fini ! » Le regain de souveraineté ne peut s’effectuer qu’après une remise en question de l’Union européenne hors des cabinets traditionnels.

Les traités passent après le projet

« L’important, c’est le projet », rappelle Emmanuel Macron, qui précise que « le changement de traité est une modalité qui en découle et qu’il faut préparer en temps voulu ». Il ne s’agit plus d’avoir des institutions qui créent un projet, mais de partir d’un projet qui nécessitera les institutions.
Puisque le transfert de compétence se fait des pays vers l’Union, il apparaît nécessaire de s’interroger sur la notion de souveraineté. Pour Emmanuel Macron, « nous avons perdu les termes de la souveraineté en Europe ». Pour être effectives, les institutions européennes doivent être souveraines dans certains domaines. Mais elles doivent avant tout être légitimes. Pour cela, il faut qu’elles soient au service d’un projet, de notre projet commun pour l’Europe. Ce projet ne peut être élaboré qu’ « avec les peuples européens ». Bien sûr, cette consultation « prendra du temps », mais ce temps est nécessaire. La condition du regain de légitimité, puis de souveraineté de l’Union européenne, est l’organisation d’une « convention démocratique ».

Accepter une Europe à deux vitesses

« Et puis il faut avoir un projet de plus forte intégration qui permette une véritable convergence à quelques-uns au sein de la zone euro », dont Emmanuel Macron rappelle que « c’est la proposition du président de la République ». L’idée d’une Europe à deux vitesses et celle d’une Union européenne soudée et forte ne sont pas antagoniques : « l’Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l’énergie » tandis que « le socle doit être Paris et Berlin ; Rome certainement aussi ».


Propositions

Mettre les instruments institutionnels au service du projet

« Les instruments, ce sont le budget de la zone euro, le commissaire et le Parlement de la zone euro. » Ces instruments institutionnels doivent servir le projet européen. Mais il faut d’abord franchir deux obstacles, car « aujourd’hui, nous sommes bloqués par deux tabous : un tabou français, qui est le transfert de souveraineté, et un tabou allemand, celui des transferts financiers, ou de solidarité ». « On ne peut pas avancer sans les faire sauter. »

Axer les institutions autour d’un modèle de société commun

« Nous avons un modèle de société unique : la liberté individuelle, couplée à la justice sociale. » Ce modèle, sur la scène internationale, est une chance pour les Européens : il est fédérateur et peut nous permettre de « trouver notre place dans un monde globalisé ». Il appartient aux institutions de mettre en œuvre les politiques nécessaires à la garantie de ce modèle.
Par exemple, Emmanuel Macron considère que la solidarité européenne ne peut être pensée sans l’harmonisation européenne des financements d’entreprise. Il lui paraît nécessaire d’obtenir « une capacité d’endettement commune au niveau européen, notamment pour investir dans des start-up innovantes, pour les soutenir lors d’un deuxième ou troisième tour de table ».

Une convention démocratique pour de nouvelles bases

Changer de traité ne sert à rien : « Si on pose la question aujourd’hui aux citoyens, la réponse sera non. Il faut d’abord réconcilier les Européens avec l’Europe ». L’idée des débats nationaux sur le devenir de l’Europe est à proscrire, puisqu’elle amène automatiquement à un questionnement qui distingue le pays du reste du monde. Emmanuel Macron plaide donc « pour l’organisation d’une convention démocratique dans les vingt-sept pays membres afin de faire naître un projet qui se construise avec l’opinion ». De ce projet pourra découler un changement de traité. Et « une fois que le projet est prêt, oui, pourquoi pas le soumettre à l’onction populaire ». Ainsi, « dès 2018 ou 2019, l’Europe pourrait reposer sur un fondement nouveau, meilleur ».

Restaurer la souveraineté européenne

Emmanuel Macron affirme « qu’en matière de flux migratoires, de numérique, d’environnement et de commerce, le bon niveau d’action est le niveau européen «  car sur ces sujets les pays sont impuissants à agir quand l’Europe a un véritable impact. 
Par exemple « en matière migratoire, il faut en Europe investir dans une véritable force commune de garde-côtes et de gardes-frontières et dans un véritable système de carte d’identité commun. Quiconque arrive à Lesbos ou Lampedusa peut prendre pied dans notre pays. Or aujourd’hui cette force que l’on appelle Frontex ne peut intervenir que si un État le lui demande et avec des moyens très limités, et notre coopération entre services nationaux est insuffisante. »


 Une Europe à deux vitesses

« On a installé l'idée que l'Europe était un objet mort et technocratique » mais « notre responsabilité est de retrouver le sens du rêve européen et une idée positive de l'Europe ».

Diagnostic

Deux Europe de facto

Depuis plus de quinze ans maintenant, la construction européenne se fait à deux vitesses, entre les pays souhaitant simplement adhérer à l’Union européenne (28 pays), et ceux souhaitant davantage d’intégration en prenant part à la zone euro (19 pays). La construction d’une Europe « à la carte » brouille les capacités d’action commune des Etats européens. Les exemples qui reflètent le mieux ce phénomène sont les « opt-out » accordés à la Suède, au Danemark et au Royaume-Uni concernant la zone euro, ainsi que le refus du Royaume-Uni et de l’Irlande d’intégrer l’espace Schengen.

Uniformité technocratique ou intérêts particuliers ?

« On  a  installé  l’idée  que  l’Europe  était  un  objet  mort  et  technocratique » mais « notre responsabilité est de retrouver le sens du rêve européen et une idée positive de l’Europe ». Il paraît cependant impossible de créer une Union uniforme. Les dernières crises nous rappellent que les intérêts particuliers de chaque État ne disparaîtront pas du jour au lendemain : « entre le Brexit et le risque du « Grexit », on ne parle que de fractures européennes, de prise en otage  du  collectif  par  un  seul  pays ». Il s’agit de s’accommoder au mieux des préférences de chaque État et de construire, avec toutes les forces qui le souhaitent, un ensemble cohérent et apte à résoudre les grands problèmes du XXIe siècle.

Action

Principes

Comprendre et accepter l’idée d’une Europe à deux vitesses

Loin de l’image de l’ « Europe », que l’on présente souvent comme un bloc unique et non-différencié pour mieux la critiquer, « il faut accepter l’idée que l’Europe se fasse à deux vitesses, qu’il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 et une histoire à 19 ».

Des progrès différenciés

Les États membres doivent accepter la nouvelle donne et faire avancer le processus d’intégration à toutes les échelles : « l’Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l’énergie » tandis que « l’avant-garde de la zone euro doit, elle, aller vers plus de solidarité et d’intégration ».

Réconcilier les Européens avec l’Europe

Depuis 2005, l’Europe a connu une « décennie perdue » qui a mis à mal le rêve européen : « la jeune génération n’a connu que la glaciation et la crise. L’Europe n’est qu’une histoire triste pour elle ». Élaborer un nouveau projet européen est la clé : « si on pose la question aujourd’hui aux citoyens, la réponse sera non. Il faut d’abord réconcilier les Européens avec l’Europe ».


Propositions

Une convergence économique accrue entre pays de la zone euro

Les impératifs de solidarité et d’intégration, dans la lignée de la proposition d’un gouvernement économique de la zone euro, imposent la mise en place de structures économiques communes, parmi lesquelles « un budget commun, une capacité d’endettement commune et une convergence fiscale ».

Démocratiser le programme Erasmus

Pour réconcilier les jeunes générations avec l’Europe, leur donner un aperçu concret des apports de l’Europe dans la vie de chacun, Emmanuel Macron a proposé, lorsqu’il était ministre de l’Économie, la création d’un « Erasmus pour tous ». Il estime en effet que « chaque jeune européen en formation – pas seulement les étudiants –  devrait avoir la chance d’aller vivre six mois dans un autre pays européen ». Cette proposition a été émise conjointement avec le chef du SPD allemand et vice-chancelier, Sigmar Gabriel.

Modifier les traités européens

Une plus grande harmonisation des politiques fiscales, budgétaires et économiques des pays de la zone euro appelle une modification des traités. Mais pour Emmanuel Macron, « l’important, c’est le projet » et « le changement de traité est une modalité qui en découle et qu’il faut préparer en temps voulu »


 Le projet européen

« Les gens adhèrent à l’idée d’Europe. Mais les politiques ne satisfont pas aux exigences de ce rêve. »
Diagnostic

Les trois objectifs du projet européen sont en péril. Tout d’abord la paix est « menacée par le terrorisme et les menaces externes » ; ensuite, la prospérité est « menacée par notre incapacité à sortir de la crise » mais aussi par une absence de réaction commune face à la mondialisation et à l’excessive libéralisation des marchés ; enfin, la liberté est mise en péril « par la pression des réfugiés et les conséquences de l’élargissement » qui provoquent un retour des frontières territoriales et politiques entre les différents pays.

Le couple franco-allemand est bloqué par des tabous : « un tabou français, qui est le transfert de souveraineté, et un tabou allemand, celui des transferts financiers, ou de solidarité ».   La France, minée par la montée des populismes, est réfractaire à toute délégation de souveraineté et « se cabre dès que l’on évoque une réforme institutionnelle ». Elle a également longtemps ignoré les appels de l’Allemagne concernant une plus grande précaution budgétaire, ce qui a affaibli sa crédibilité. L’Allemagne, marquée par son histoire, refuse le principe de solidarité par peur de mettre en péril son équilibre économique : elle s’oppose catégoriquement aux transferts financiers. Or une Europe sans solidarité entre les États membres est une Europe faible.

Il y a une recrudescence de conflits internes avec notamment une guerre de religion économique : « on est encore en train de payer une guerre de religion qui ne dit pas son nom ». L’Europe du Nord, protestante et calviniste, est adepte de l’orthodoxie financière intransigeante, refusant par principe les abus financiers. L’Europe du Sud, catholique, après la crise de 2008 a quant à elle abusé des déficits, bien qu’elle corrige aujourd’hui cette tendance.

Action
« Notre défi, ce ne sont pas nos petites guérillas, c’est de savoir comment l’Europe existe ».

Revenir aux idéaux

La paix est essentielle dans un monde qui aujourd’hui voit naître de nombreux conflits. Elle se réalisera à travers une vraie diplomatie européenne et une véritable alliance des nations. L’Europe doit parler d’une seule voix pour peser dans le monde diplomatique.
Pour être prospère, l’Europe doit s’intégrer intelligemment dans la mondialisation. Cela passe par la mise en place de protections contre le dumping, ce qui ne peut se faire qu’au niveau européen : les exemples comme l’Argentine ou le Brésil ont démontré l’inefficacité des politiques équivalentes isolées. « Protéger nos intérêts de manière légitime, c’est le sens même du projet européen. » Sur le dossier de l’acier, l’Europe, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, a mis en place des barrières protectionnistes à ses frontières afin d’éviter que le marché ne soit saturé par les produits chinois bénéficiant d’une forme de dumping.

Après la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE), il faut harmoniser la politique budgétaire des États avec une vraie cohérence au niveau de la zone euro : il s’agira notamment d’établir un budget commun pour la zone euro. « La zone euro a besoin de nouvelles institutions auxquelles les gouvernements nationaux transfèrent plus de souveraineté : un gouvernement économique européen fort, doté de son propre budget. » 
La liberté est une composante nécessaire de notre mode de vie. C’est le sens du projet européen que de permettre aux citoyens de disposer de droits au sein d’une entité commune. « La liberté et l’ouverture sont essentielles dans notre projet ». Pour garantir la liberté des citoyens, il faut notamment une politique européenne de gestion des identités et du renseignement.

Il faut également pouvoir régler la question des migrants d’une manière digne en permettant à ceux qui obtiennent le droit d’asile une intégration réelle, d’une façon qui évite les tensions communautaires et permette à chacun de se réaliser. « C’est d’abord notre dignité, et c’est aussi une opportunité économique car ce sont des femmes et des hommes qui ont aussi des qualifications remarquables ». Pour ce faire, il faut une politique commune de garde-côtes et de garde-frontières.

Une Europe à deux projets

« Nous devons retrouver une ambition pour l’Union Européenne tout entière sur les sujets de défense et de sécurité, de transition énergétique et de numérique car l’Europe est le meilleur moyen de répondre à ces grands défis. » « Et puis il faut avoir un projet de plus forte intégration qui permette une véritable convergence à quelques-uns au sein de la zone euro. » Cette Europe-là doit se construire sur le socle Paris-Berlin, enrichi de ceux qui souhaitent cette nouvelle intégration, notamment l’Italie et les pays fondateurs. L’approfondissement de l’intégration passe notamment par la création d’un fonds européen de défense.

 Créer un sentiment d’appartenance

Afin d’éviter que l’euroscepticisme ne l’emporte, il faut mettre en œuvre des mesures qui forgent le sentiment d’appartenance à une même communauté. « Chaque jeune européen en formation – pas seulement les étudiants – devrait avoir la chance d’aller vivre six mois dans un autre pays européen avec le programme Erasmus. »

Un nouveau traité fondateur basé sur des « conventions démocratiques » permettant d’écouter ce que les citoyens souhaitent proposer est nécessaire afin de rénover la vision européenne et qui devraient être organisées à partir de la fin de l’année 2017. Le référendum qui validera ce traité devra porter sur des questions d’avenir et non du passé, car sinon « on ne répond jamais vraiment à la question posée ». Il est donc important de poser une vraie question qui amènera les peuples à se projeter dans l’avenir. Un vrai débat est nécessaire au niveau européen, il faut « l’émergence d’une opinion publique à 27 ».


 Le sentiment d’appartenance à l’UE

« Nous avons un modèle de société unique: la liberté individuelle, couplée à la justice sociale. » C'est ce modèle qui doit nous permettre, à nous Européens, de « trouver notre place dans un monde globalisé » – à condition d'œuvrer ensemble et de briser les vieilles habitudes et les tabous de chaque pays membre.
Diagnostic

Une « décennie perdue »

En 2005, un référendum est organisé en France, portant sur l’approbation du « projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l’Europe ». Le « non » recueille 54,68 % des suffrages exprimés. En 2016, le « non » l’emporte à l’issue du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Entre 2005 et 2016 s’étend ce qu’Emmanuel Macron appelle une « décennie perdue ».
Aux pères fondateurs de la construction européenne, puis aux réalisateurs comme Helmut Kohl et François Mitterrand, ont succédé des bureaucrates qui se sont contentés d’une « gestion technique » des affaires européennes, sans véritable « projet politique ».

Une génération eurosceptique ?

Une génération entière n’a donc connu que l’Europe en crise, et un niveau de chômage alarmant. Pourtant, l’espoir est permis. Tout d’abord, « les gens adhèrent à l’idée d’Europe. Mais les politiques ne satisfont pas aux exigences de ce rêve ». Ensuite, le Brexit, « c’est la fin d’une Europe ultra-libérale qui n’a plus de projet politique ». Il est temps de « rénover l’Europe de fond en comble » et de formuler un projet de fond, rassembleur et ambitieux.

Le « défi de ma génération »

Deux défis méritent d’être relevés : définir les éléments clés d’une identité européenne, et rassembler les peuples, par-delà les différences socio-économiques et nationales. Il faut « retrouver notre capacité à agir dans l’histoire, le goût du risque, de l’action, de la transgression » ainsi que « le sens de l’intérêt commun, général, qui dépasse les petits compromis ». Ce sont les conditions nécessaires pour « reprojeter les opinions publiques vers un projet commun, vers un projet politique ».



Action

Principes

C’est la base d’un véritable projet politique, qui seul peut redonner du sens à l’Europe et susciter un nouvel enthousiasme pour elle.

Un modèle social européen

« Nous avons un modèle de société unique : la liberté individuelle, couplée à la justice sociale. » C’est ce modèle qui doit nous permettre, à nous Européens, de « trouver notre place dans un monde globalisé » – à condition d’œuvrer ensemble et de briser les vieilles habitudes et les tabous de chaque pays membre.

La souveraineté européenne

Elle doit être affirmée, à l’intérieur de l’UE comme à l’extérieur.
« Les risques liés au numérique, les risques migratoires, les risques géopolitiques, le changement climatique, et toutes les grandes transitions qu’on est en train de vivre […] sont des risques qui se gèrent mieux au niveau européen ».
Vis-à-vis du reste du monde, il faut se montrer ambitieux. L’UE constitue aujourd’hui « un marché ouvert à tout va ». Au contraire, il faut protéger nos intérêts et imposer des règles aux concurrents étrangers, chinois par exemple. « Des procédures anti-dumping existent au niveau européen mais elles mettent 9 mois à se mettre en place, avec des tarifs de 20 % » alors que « les États-Unis, eux, ripostent deux fois plus vite avec des tarifs de 500 % ».

La responsabilité des dirigeants nationaux

Satisfaire l’opinion publique de son pays n’est pas une solution lorsque cela passe par un discours populiste, fondé sur le mensonge et l’accusation systématique de Bruxelles et de l’étranger. Bien loin de cela, il faut encourager les initiatives individuelles : « La solution est dans notre capacité à bouger, moderniser le pays, le débloquer, libérer l’économie, donner la possibilité à ceux qui veulent travailler, créer, produire de le faire beaucoup plus simplement ».


Propositions

Il faut remettre les citoyens au centre du projet européen.

Aller plus loin

Emmanuel Macron plaide pour une généralisation du programme Erasmus : tous les étudiants, y compris toutes les personnes en apprentissage, devraient passer 6 mois dans un pays de l’UE différent du leur.
La zone euro doit constituer une avant-garde « vers plus de solidarité et d’intégration ». Pour associer les citoyens européens à ce processus, il est favorable à la création d’un Parlement de la zone euro à l’intérieur du Parlement européen.

Financer des projets d’avenir

Il faut « recréer la confiance chez les entrepreneurs » tout autant que chez les ménages. Pour cela, Emmanuel Macron souhaite « une capacité d’endettement commune au niveau européen, notamment pour investir dans des start-up innovantes, pour les soutenir ». « Il ne s’agirait pas de financer la dette passée mais des projets futurs ».

Une démocratie européenne

« Je crois, moi, à la convention démocratique, c’est-à-dire que je crois à l’idée qu’on organise des débats ». Cette « convention démocratique » permettrait d’associer les citoyens à l’élaboration d’un nouveau projet pour l’Europe, et de favoriser « l’émergence d’une opinion publique à 27 ». À terme, et seulement après le temps de la réflexion commune, un référendum européen pourrait être organisé.


 La crise grecque

« Nous avons besoin d'un peuple grec responsable qui sache qu'il ne vote pas simplement pour la Grèce, mais pour toute la zone euro, et nous, nous avons besoin d'être solidaires »
Diagnostic

Une crise budgétaire sans précédent.

La crise de la dette publique grecque est une crise financière intervenue en 2008. Elle a affecté la Grèce et a menacé de s’étendre à l’Union européenne.
Suite aux révélations impliquant les gouvernements grecs dans le maquillage des comptes publics – le déficit budgétaire était de 12,7% au lieu des 6% déclarés –, la confiance des prêteurs s’est érodée impliquant une explosion du taux auquel la Grèce a pu emprunter, jusqu’à plus de 30% au point fort de la crise.
La solvabilité de la Grèce et de son financement furent alors menacés. Le ratio de la dette publique grecque en fonction du PIB, qui était déjà de 109% en 2008, est passé à 146,2% en 2010 à 180,1% en 2014.
L’ampleur des problèmes structurels du pays, sa difficulté à prélever l’impôt, son budget militaire surdimensionné et sa dépendance aux fonds structurels européens ont été des composantes fortes de la crise grecque.

 Trois plans d’aides successifs

En conséquence, trois plans d’aide – en 2010, 2012 et 2015 – ont été adopté par l’Union européenne. L’Union européenne avec le FMI et la BCE ont constitué la « troïka » afin de soutenir la Grèce et restructurer sa dette. Cependant, les remboursements négociés avec la Grèce sont lourds et remettent en question la soutenabilité de sa dette publique.
In fine, 230 milliards d’euros ont été prêtés à la Grèce par les États membres pendant les six dernières années, avant de nouvelles négociations probables avec la Grèce à l’horizon 2018.

Un référendum

Le référendum grec de 2015, initiative du gouvernement d’Aléxis Tsípras, fait suite à l’échec des négociations avec la troïka dans le cadre de la crise de la dette publique grecque. Il s’est tenu le dimanche 5 juillet 2015 et portait sur l’acceptation de la proposition faite par l’UE, la BCE et le FMI. Le scrutin se solda par la victoire politique du gouvernement grec et son Premier ministre. Le « non » l’emporta avec 61,31 % des suffrages contre 38,69 % pour le « oui ».

Action

Principes

Proposer une alternative à la seule rigueur budgétaire

Face au résultat du référendum, Emmanuel Macron affirme que « notre responsabilité sera de ne pas faire le « traité de Versailles » de la zone euro ». Le ministre a ainsi appelé à résister à la tentation d’« écraser un peuple » parce que « les uns considéreront qu’ils auront gagné un référendum ». « Il est évident que la réponse à un « non » grec ne peut pas être une sortie automatique ». L’enjeu est de taille, les populismes ayant un écho considérable au sein de nombreux pays européens.
« Je ne m’habitue ni au cynisme des dirigeants grecs qui ont posé une question biaisée, ni aux propos populistes d’aucuns qui, parce que leur opinion publique le leur demande, considèrent que la solution à tous nos problèmes serait de sortir la Grèce de la zone euro. »
« Au-delà du sujet de la restructuration de la dette, [il] va se poser assez vite la question de la soutenabilité de la politique budgétaire imposée à la Grèce. Car la politique d’un pays ne peut avoir l’austérité budgétaire comme unique horizon. »

Lutter contre le populisme et les dogmes

Face à une situation complexe, où les intérêts de chacun divergent, Emmanuel Macron prévient que « nous avons besoin d’un peuple grec responsable qui sache qu’il ne vote pas simplement pour la Grèce, mais pour toute la zone euro, et nous, nous avons besoin d’être solidaires. »
A contrario face à une Allemagne qui érige un principe budgétaire au rang de dogme, il l’appelle à « ne pas se figer dans une attitude comptable vis-à-vis de l’Europe et de ses partenaires de la zone euro. »
Pour Emmanuel Macron, le dernier accord conclu avec la Grèce à l’été 2015 « ne purge pas le sujet de la dette intellectuellement ». Il ne faut pas céder face aux populismes, l’un rejetant toute la faute sur l’Europe, et l’autre sur la Grèce: « il faut lutter contre ces deux populismes, par plus de responsabilité pour le premier et plus de solidarité pour le second. »

Propositions

Refonder les institutions européennes pour une meilleure intégration

Pour Emmanuel Macron, une refondation institutionnelle est nécessaire : « la zone euro a besoin de nouvelles institutions auxquelles les gouvernements nationaux transfèreront plus de souveraineté ». Cependant, « il ne faut ouvrir ce débat que si des mécanismes de solidarité budgétaire et financière ont été instaurés préalablement, sinon on va provoquer une nouvelle fragmentation de la zone euro. »
À cet égard, Emmanuel Macron préconise une Europe à deux projets. Cette intégration pourrait se faire de façon différenciée, en fonction des souhaits de chaque pays. Il y aurait un projet pour l’Union européenne et un projet pour la zone euro et peut-être ceux qui veulent encore plus d’intégration.

Plus de mutualisation des risques et de solidarité

La mise en place d’un mécanisme de restructuration des dettes publiques dans la zone euro est « un sujet sur lequel il faut qu’on avance ». La solidarité entre États membres est le principe fondamental qui doit animer la refondation de la politique budgétaire européenne car « une union monétaire sans péréquation financière – ça n’existe pas ! Les plus forts doivent aider. »




H) La solidarité
 
 L’Egalité des Opportunités

« C’est pour cela que je crois, plus que jamais, à la politique de la concurrence comme un instrument de la liberté et de l’égalité. »

Diagnostic

Diagnostic

Le constat d’une société duale

Le marché du travail français est fortement segmenté entre les personnes bénéficiant d’un emploi stable (les « insiders ») et celles qui alternent contrats temporaires et périodes de chômage (les « outsiders »). Cette précarité se concentre chez les catégories socialement les plus fragiles (non qualifiés, jeunes, mères de jeunes enfants, personnes d’origine étrangère). Or, « aujourd’hui, la protection est faite pour les insiders ». La coexistence des contrats temporaires et des CDI induit une répartition inégalitaire des risques liés à la conjoncture, qui sont prioritairement supportés par les titulaires des contrats temporaires et donc par les populations les plus fragiles. L’enjeu est d’autant plus fort que les avantages apportés par le CDI s’étendent au-delà du cadre du marché du travail puisqu’un emploi stable permet d’accéder plus facilement à un logement ou à un crédit. « Une société très duale, encore plus difractée, s’est ainsi constituée ».

L’égalité via la liberté

Trop souvent, les notions de liberté et de justice sont opposées. Comme si la notion d’égalité devait se payer au prix d’une restriction de la prise de risque. « En fermant les choses, en mettant des règles, en protégeant, on a fait des victimes les plus faibles, ceux pour qui c’est le plus difficile de rentrer dans les règles, pour se déplacer, avoir le permis de conduire, se former, se repérer, les formations, trouver un stage, un emploi ». Le débat traditionnel de la gauche et de la droite peut d’ailleurs se lire sous ce prisme. En caricaturant, « la gauche, sa mission, c’est l’égalité, donc elle va faire des normes ». De l’autre côté, la droite aurait le monopole de la liberté : « Elle arrive, elle dit : on va enlever telle norme, baisser tels impôts, etc. ». L’idée d’Emmanuel Macron est de réconcilier ces deux notions de liberté et de justice, de cesser de diviser la devise républicaine, « parce que quand on libère, on redonne des accès ». Redonner de l’accès, c’est alors permettre d’assurer à tous une égalité d’opportunité. Non pas une égalité qui viendrait corriger a posteriori, en recréant de facto de nouvelles normes et en renforçant la complication du système. Il s’agit ici d’assurer que « chacun chez soi, d’où il est, quelle que soit sa condition, sa famille, ait les mêmes opportunités à chaque moment de sa vie, puisse accéder aux mêmes choses, et ça passe par la liberté ».



Action

Principes

Rééquilibrer le couple risque-rente

Favoriser la prise de risque répond à une double exigence : une exigence d’efficacité économique, mais également de justice sociale. D’un point de vue purement économique, l’efficacité de nos systèmes repose de plus en plus sur la disruption. Dans un environnement de plus en plus ouvert et concurrentiel, l’innovation est devenue en effet le principal moteur de la croissance, au détriment de la rente. « Il faut donc permettre, valoriser et récompenser la prise de risques ». La prise de risque et le dépassement des situations de rente facilitent la transition vers un modèle productif à la fois plus ancré dans l’ère du numérique et en même temps plus respectueux de l’environnement. Pour réussir cette transition, il est donc nécessaire de réduire les réglementations. Car « au final, on est toujours débordé par les acteurs qui innovent – nous le voyons par exemple avec les nouvelles entreprises de VTC -, car c’est vers eux que les consommateurs vont. Il faut donc lever les barrières réglementaires injustifiées, et aller ainsi vers une société qui accepte le risque ». Emmanuel Macron précise par ailleurs qui il est nécessaire que nous changions notre regard sur l’échec et ainsi « réduire le coût de l’échec ». C’est la raison pour laquelle il a par exemple supprimé l’indicateur 040 du Fiben (liste produite par la Banque de France qui recense les dirigeants d’entreprises qui ont fait l’objet d’un jugement de liquidation judiciaire datant de moins de 3 ans) pour qu’on arrête de stigmatiser ceux qui ont pu échouer.
Rééquilibrer le couple risque-rente, c’est aussi une exigence en termes de justice. « Celui à qui le risque peut profiter, c’est celui justement qui, au départ, n’a rien, ne possède rien, si ce n’est son énergie et son envie, sa volonté d’entrer dans un nouveau marché en innovant ou en construisant quelque chose. À l’inverse, dans les secteurs où la rente est forte, l’insider est protégé et n’est jamais incité à innover. Surtout, ces secteurs sont bloqués et ils demeurent injustement fermés : il est très difficile pour les outsiders d’y entrer ». C’est tout le sens des réformes menées dans les professions réglementées du droit. La prolifération des barrières réglementaires limite la mobilité sociale, et donc l’égalité des chances. Emmanuel Macron prend ainsi l’exemple de la loi dite « Raffarin » de 1996 qui a notamment abaissé à 300m² le seuil de la surface au-delà duquel une autorisation administrative d’implantation de surfaces commerciales est nécessaire. Cette loi avait pour objectif de limiter les ouvertures de surfaces commerciales pour soutenir les petits artisans et commerçants. Selon l’ancien ministre, ces types de loi ont leur utilité mais dans le même temps « elles ont créé des blocages injustifiés, qui ne s’appuient pas sur un facteur de différenciation de la qualité. Certaines personnes ont des compétences, des savoir-faire, mais notre réglementation ne leur permet pas d’exercer. Donc en multipliant les barrières réglementaires, on crée de l’injustice, parce qu’on limite la création d’emplois et on empêche la mobilité sociale ». Il est donc nécessaire de les limiter pour recréer de l’égalité.

Le rôle primordial de l’école

Pour que les Français acceptent davantage de risques, il faut en parallèle que les pouvoirs publics assurent à chacun un filet de sécurité et de solidarité. Ceci est d’autant plus important pour ceux qui n’ont rien. Ce filet de sécurité, qui respecte le couple liberté-sécurité, c’est en priorité l’école. Elle permet en effet de corriger les premières inégalités, celles qui influent sur le reste d’un parcours de vie. « Une société sûre c’est une société où les individus sont formés, où l’éthique collective assure la sécurité par la liberté. Cette société ouverte est à mes yeux fondamentale ».

Propositions

Engager un vaste chantier de simplification

Parce que l’horloge économique accélère, que le savoir, les modes, le capital circulent de plus en plus vite, la maîtrise du temps est l’atout maître du monde moderne. Pour relancer l’économie, la simplification est un outil puissant et simple à mettre en œuvre. Elle coûte peu, ne met personne dans la rue et rapporte beaucoup. Elle participe aussi à la logique de l’égalité des chances. En effet, la complexité avantage les grandes entreprises, qui sont les mieux outillées pour y faire face. En ce sens, elle multiplie les barrières à l’entrée et favorise les rentes de situation. Simplifier va permettre de dynamiser de nombreux secteurs et donc de retrouver presque naturellement de la croissance. « Ce qui vient entraver tous ceux qui osent dans notre pays, on doit le simplifier, le supprimer, le rendre plus lisible, plus transparent pour chacun ». Ainsi, grâce à ce choc de simplification, il sera possible de redonner une véritable « égalité d’opportunité ».

Assurer une formation tout au long de la vie

Pour créer une France plus égalitaire, il est nécessaire pour Emmanuel Macron de corriger les premières inégalités qui se constituent dès le plus jeune âge à l’école. En effet, si l’ancien ministre reconnaît que de nombreuses améliorations ont été réalisées au cours des dernières années, il constate néanmoins que la « réussite scolaire dépend de l’endroit où on est né et de la richesse de nos parents ». Il faut dès lors oser poser les bonnes questions pour que la situation change.
La lutte contre les inégalités s’inscrit par ailleurs dans la recherche d’un accès égal et équitable à la formation tout au long de la vie. Tous les acteurs publics et privés doivent y contribuer notamment grâce au renforcement des partenariats publics et privés à l’échelle de chaque territoire.
La reconnaissance d’une pluralité de voies d’éducation et de formation et leur imbrication dans le long terme constituent une réponse adaptée à la valorisation de tous les âges de la vie. « Notre défi va être de penser les appareils de formation et d’accompagnement pour que, dans une société qui va de plus en plus se polariser, les individus puissent progresser continûment, tout au long de leur vie, et connaître ainsi une mobilité sociale et économique ». C’est le sens du compte personnel d’activité (CPA) qui entrera en vigueur à partir de 2017. Il regroupera les droits acquis par les salariés au cours de leur carrière : formation, pénibilité, chômage… Son objectif : sécuriser les parcours professionnels. Le principe est de rendre portable tous les droits acquis par un salarié durant chaque période de sa carrière.


 L’accès au logement

« L’offre de logement est insuffisante pour satisfaire la demande, principalement en Ile de France, sur la Côte d’Azur et quelques autres grandes métropoles ». Satisfaire cette demande est un enjeu pour « l’égalité des chances économiques ».

Diagnostic

Plus de demande que d’offre.

En France, le marché du logement n’est pas à l’équilibre puisqu’il a plus de demande que d’offre, « l’offre de logement est insuffisante pour satisfaire la demande, principalement en Ile de France, sur la Côte d’Azur et quelques autres grandes métropoles ». La moyenne de 350 000 nouveaux logements créés chaque année, dont 90 000 logements sociaux, n’est pas suffisante et doit être améliorée selon Emmanuel Macron.

Adapter la qualité des logements.

En plus des constructions nouvelles nécessaires dans un pays où le taux de fécondité est proche de 2 enfants par femme, la question de la qualité du logement est centrale afin d’assurer la sécurité tant physique que sanitaire, de préserver la dignité de chacun et de mettre en conformité les logements avec les règles environnementales.

Une mixité à pérenniser et à accroître.

Toutefois, la politique du logement ne concerne pas seulement la quantité et la qualité des logements en France. L’organisation de l’offre de logements visant à assurer, pérenniser et accroître la mixité géographique est un critère important pour garder une société juste. L’accès juste au logement est en effet un élément crucial, car c’est de la politique de la ville dont dépend la mixité dans nos écoles, et donc la réussite des écoliers sur l’ensemble du territoire. En effet, comme l’a expliqué récemment le Conseil national d’évaluation du système scolaire, les inégalités territoriales sont à l’origine des inégalités scolaires et d’accès à l’emploi. Penser l’accès au logement de manière équitable, digne et efficace est donc un maillon essentiel pour réaliser « l’égalité des chances économiques » pour Emmanuel Macron.

Action

Principes

« La solidarité urbaine ».

Le principe de la solidarité urbaine permet de réaliser l’équité. Il s’agit en effet d’un transfert, on parle même de « dotation », que l’Etat fait aux collectivités locales pour la construction ou la rénovation de logements. L’argent transféré vient de zones plus riches ou plus densément peuplées que celles qui reçoivent la dotation. Ce principe de solidarité est très souvent appliqué en France. C’est le même qui est appliqué par EDF sur ordre de l’Etat afin que chacun paie le même prix de raccordement au réseau électrique, sans disparités relatives aux coûts réellement supportés par l’opérateur de réseau. Il en est de même pour le logement. Bien qu’il soit moins coûteux ou plus rentable de construire des logements dans une zone dense ou bien desservie par les transports en commun, la dotation tente d’effacer ces différences de coûts qui naissent de la géographie.

« Plus de transparence ».

Le principe de transparence est cher à Emmanuel Macron. L’ancien ministre de l’économie souhaite mettre au cœur du système « la confiance donnée » par opposition à « la confiance exigée ». La transparence c’est ce que garantit la loi sur l’encadrement des loyers qui s’applique à Paris et qui s’appliquera demain la proche couronne, Lille et d’autres villes. Cette transparence permet de « préserver la protection des locataires » et de « lutter contre les spéculations abusives » en rendant publiques et facilement accessibles sur Internet les données sur les prix de l’immobilier. Ce service rendu par l’Etat vise trois biens communs : celui de la protection du pouvoir d’achat des locataires tant les prix à la consommation dépendent des prix du foncier ; celui de la réduction d’une « rente, le symptôme d’une économie à l’arrêt » et qui naît du comportement de certains propriétaires sur leurs locataires ; celui de la mixité, à la fois justice et moteur de notre économie.
Le principe de transparence permet de réaliser l’équité aussi dans l’économie numérique. Par exemple, il y a désormais transparence sur les règles du jeu à respecter dans l’utilisation de la plate-forme Airbnb. Deux règles existent : déclarer les revenus issus de l’utilisation de ce service aux impôts ainsi que la non possibilité de cumuler plus de quatre mois de location de son logement par ce service. La raison est simple : garantir une offre de logements à la hauteur du défi de la demande ainsi que prévenir la distorsion des prix de l’immobilier qui empêcheraient de réaliser la mixité, ce poumon de notre économie.

Les propositions

Favoriser la construction de logements intermédiaires

Les logements intermédiaires concernent les logements « de ceux qui ont des revenus trop élevés pour avoir accès au logement social, mais trop faibles pour se loger au prix du marché dans les zones particulièrement denses ». Construire des logements intermédiaires c’est ainsi répondre à deux impératifs pour Emmanuel Macron. D’une part l’impératif de la demande de logements, d’autre part l’impératif de la mixité au sein des ensembles urbains c’est-à-dire de la justice dans l’accès à une éducation de qualité et à un emploi. C’est pourquoi assurer l’accès au logement, notamment des classes intermédiaires, est défendu par Emmanuel Macron qui insiste sur l’importance de donner aux maires bâtisseurs les moyens administratifs et financiers « d’augmenter jusqu’à 30% la constructibilité des zones tendues afin de développer le logement intermédiaire ». Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé lors de son meeting au Mans du 11 octobre dernier qu’il était nécessaire que les pouvoirs publics s’attachent à construire de nouveaux logements plutôt que de subventionner certains loyers avec les aides au logement.

Réformer l’APL

Emmanuel Macron dans son livre Révolution prône la réforme de ces Aides Personnalisées au Logement (APL). “Est-il logique de ne pas réformer les 18 milliards d’euros d’aides personnalisées au logement (APL) alors qu’elles bénéficient moins aux attributaires qu’à leurs propriétaires et alimentent l’inflation des prix de l’immobilier ?”

 Faciliter la construction

Il est nécessaire de favoriser la construction en prenant des mesures administratives fortes. « L’Etat doit, dans ces quelques métropoles où se concentre le problème, mettre en œuvre des procédures d’exception afin de libérer le foncier, accélérer les procédures et permettre rapidement de construire, chaque année, les dizaines de milliers de logements supplémentaires ».

Ce qui a été fait dans la loi Macron

La loi Macron promulguée le 6 août 2015 offre désormais plus de flexibilité en matière d’accès au logement. Les principaux points d’avancement de cette loi sont les suivants :
  • L’acquéreur d’un bien bénéficie désormais d’un délai de rétractation de 10 jours alors qu’avant ce délai n’était que de 7 jours après la signature d’un contrat immobilier. Pendant cette période de 10 jours, l’acquéreur du bien peut renoncer à l’achat du bien sans avoir à se justifier.
  • Dans le cadre d’une location, vide ou meublée, le congé pourra désormais être remis en main propre contre récépissé ou émargement. Par ailleurs, la locataire d’un bien non meublé situé dans une zone définie comme « tendue » pourra toujours bénéficier d’un préavis d’une durée d’un mois contre trois mois anciennement (comme dans la loi ALUR).
La loi Macron oblige enfin à procéder à une mise en concurrence tous les 3 ans du contrat de syndic sauf décision contraire de l’assemblée, adoptée à la majorité absolue.


 La pénibilité au travail

Il faut tenir compte des périodes de pénibilité dans la définition des droits à la retraite, de façon à atteindre « un système qui se veut plus intelligent et plus individualisé », selon Emmanuel Macron.
Diagnostic

Le compte personnel de prévention de la pénibilité 

Dans le cadre de la réforme des retraites promulguée le 20 janvier 2014, un compte personnel de prévention de la pénibilité a été mis en place. Celui-ci a un double objectif : d’une part, contribuer à réduire la pénibilité au travail ainsi que les durées d’exposition et d’autre part, tenir compte des périodes de pénibilité dans la définition des droits à la retraite, de façon à atteindre « un système qui se veut plus intelligent et plus individualisé », selon Emmanuel Macron.
En effet, si certains travailleurs arrivent à l’âge de la retraite avec une situation physique optimale, d’autres y arrivent péniblement et dans des conditions physiques dégradées. Ainsi, ce projet a pour but de limiter ces inégalités en permettant aux travailleurs subissant certains facteurs dits « pénibles » au travail, d’obtenir dédommagement.

Son fonctionnement

Si le travail d’un professionnel l’expose à un ou plusieurs des dix facteurs de pénibilité définis dans le Code du Travail, un compte personnel de prévention de la pénibilité est ouvert à son nom, automatiquement à la suite d’une déclaration de l’employeur. Chaque facteur de pénibilité est associé à un seuil qui, s’il est dépassé, doit être notifié par l’employeur.
Une fois le compte ouvert, celui-ci permet à l’employé d’acquérir des points s’il dépasse les seuils. Il pourra alors choisir d’utiliser ces points dans le cadre de trois projets. Le premier consiste à les utiliser pour suivre une formation professionnelle qui lui permettra d’accéder à un emploi moins exposé à la pénibilité. Le second projet peut être le financement par le compte de l’employé d’une réduction de son temps de travail tout en obtenant une compensation pour sa perte de salaire. Enfin, l’employé peut également demander une anticipation de l’âge de départ à la retraite dans la limite de huit trimestres soit 2 ans.
Toutes ces dépenses, provenant de l’utilisation des points de pénibilité par les employés, sont financées par un fonds. Ce fonds est alimenté par l’intermédiaire de cotisations que les employeurs paient.

Un « progrès social » trop complexe néanmoins, notamment pour les PME

Pour Emmanuel Macron, ce dispositif est un véritable progrès social pour les salariés : « il s’agit, d’une belle réforme, qui crée des droits en faveur des Françaises et des Français qui travaillent, pour certains, depuis fort longtemps ». Néanmoins, l’ancien Ministre juge qu’il est trop compliqué à utiliser dans la pratique et qu’il est donc nécessaire de le simplifier.
En effet, dès lors que l’entreprise ne possède pas un service de ressources humaines, la fiche individuelle de suivi du salarié constitue une tâche bureaucratique que de nombreuses entreprises ne sont pas capables de remplir (en particulier les petites entreprises). Dès lors, il convient de simplifier la procédure : « Nous ne nous battons pas contre l’idée. Nous nous battons pour faire de cette idée une idée plus pratique ! » assure-t-il.

Action

« Trouver une formule simple »

Dans son allocution du 4 novembre 2014, Emmanuel Macron rappelle que le travail de simplification porté par son projet de loi est primordial pour les entreprises. En premier lieu, les règles et démarches administratives sont parfois incompréhensibles pour les entreprises : « Ces démarches peuvent parfois étouffer plutôt que protéger, et inhiber, plutôt qu’accompagner ».  Pour Emmanuel Macron, cette complexité administrative serait dès lors un frein à l’innovation et à la croissance. En second lieu, Emmanuel Macron explique qu’aujourd’hui les nouvelles technologies bouleversent notre rapport au temps, que tout va plus vite et qu’il est alors crucial de simplifier pour moderniser et gagner en efficacité. Enfin, simplifier est aussi un moyen de rendre le territoire français plus attractif auprès des entreprises étrangères : « Pour être plus attractif, il est nécessaire de simplifier ».

Rendre le compte pénibilité plus souple et simple d’utilisation

L’idée de simplification du compte pénibilité formulée par Emmanuel Macron a été reprise dans la loi Rebsamen du 17 août 2015 puisque la fiche individuelle retraçant l’exposition de chaque salarié aux facteurs de pénibilité en a été supprimée. Dorénavant, ce sont les branches professionnelles qui feront des référentiels métiers. Ces référentiels reconnaitront une exposition à des facteurs de pénibilité pour un poste particulier ou un métier particulier. En revanche, si l’entreprise le souhaite, il lui sera toujours possible de créer une fiche de suivi individuelle pour un salarié en particulier.


De la protection par le statut à la protection de l’individu

« Les pouvoirs publics ont un rôle, celui de préserver des sécurités indispensables pour que les individus prennent des risques ».

Diagnostic

“Une transformation profonde” de notre économie…

Réseaux sociaux, covoiturage, robotisation de l’industrie, alimentation locale, “uberisation”… Autant d’exemples de “la grande transformation qui est en train d’étreindre notre économie, notre modèle productif, notre société toute entière”. Les entreprises et les institutions d’hier étaient fortement hiérarchisées, pyramidales et centralisées, elles fonctionnaient d’abord dans le temps long ; les nouvelles sont collaboratives, flexibles et décentralisées, leurs horizons temporels sont bien plus courts, et ainsi “des acteurs qu’on ne connaissait pas il y a quelques années” sont aujourd’hui devenus “des champions mondiaux”. L’une des conséquences les plus concrètes pour les françaises et les français en est que “le travail a radicalement changé, il est en train de se transformer”.

… qui bouscule le marché du travail…

Ce sont d’immenses opportunités qui s’ouvrent à nous, “des pans entiers de notre économie émergent” et de nouveaux métiers sont créés, valorisant la créativité, l’adaptabilité, les savoirs-faire spécialisés. Cependant, ces changements posent aussi un défi de taille pour notre marché du travail : certains “secteurs de notre économie sont balayés” et de nombreux emplois sont amenés à disparaître, à l’image des guichetiers d’autoroutes et des conducteurs de métro. Il faut donc parvenir à ce que “celles et ceux qui étaient justement dans des tâches parfois répétitives puissent passer à des tâches de plus grande valeur ajoutée”.

… face à laquelle notre système de protection sociale est obsolète…

Notre système de protection sociale actuel est issu du “consensus de 1945”, qui est aujourd’hui “caduc”. En effet, celui-ci rattache les droits sociaux de chacun au statut qu’il occupe, c’est-à-dire l’appartenance à un corps, (salarié d’une entreprise, fonctionnaire, membre d’un ordre professionnel, …). Ce système fut pensé pour “une économie de rattrapage, avec au fond des statuts, des protections qui sont tout à fait adaptées à celles et ceux qui ont des contrats à durée indéterminée et des protections dans des entreprises établies”.
Or “le monde du travail de demain, c’est un monde dans lequel chacun devra plusieurs fois dans sa vie changer vraisemblablement d’entreprise, de secteur, et peut-être même de statut aboutissant à des trajectoires individuelles de plus en plus singulières et variées”. Ainsi, si nous refusons de changer de système tout en cherchant à assurer des droits sociaux pour tous, notre protection sociale ira vers une complexité, une inefficacité et une inégalité exponentielles.

… et devient même un facteur d’inégalité devant l’innovation

L’innovation est un moteur essentiel de la nouvelle économie qui vient. Et pour innover, il faut le plus souvent se placer hors des statuts existants en prenant ainsi certains risques. Or “on ne peut pas demander aux français de prendre des risques, parfois importants, et plus importants pour ceux qui viennent de nulle part que pour ceux qui sont bien nés, s’il n’y a pas des filets de sécurité” hors des statuts établis. Un système qui ne protège que ceux qui occupent certains statuts est donc à la fois un frein à l’innovation et un facteur renforçant les inégalités sociales.
Action
« Ce ne sont pas des ajustements qui permettront d’accompagner cette transformation, mais une refondation radicale. Cette refondation n’est ni la préservation dans toutes ses dimensions du consensus de 1945, ni une volonté farouche de le fouler au pied. »

Principes

Garder les principes fondateurs de notre culture sociale

“Réussir ce ne serait pas supprimer tous les droits qui existent. On est attaché à ce qui a fait notre histoire, à ce qui constitue en quelque sorte notre ADN.” Les mouvements porteurs du progrès social en France ont historiquement toujours visé à promouvoir “nos préférences collectives” que sont la liberté, l’égalité et la solidarité. Il ne s’agit certainement pas de renier ces principes, qui ont notamment fondé le consensus de 1945, mais au contraire de s’appuyer dessus pour “inventer justement les nouveaux équilibres” et les nouveaux outils, plus adaptés aux réalités actuelles, et garantissant véritablement les mêmes droits pour tous, c’est-à-dire “l’égalité des opportunités”.

Le rôle de l’Etat et des différents acteurs de la société

“Il faut que la puissance publique puisse (…) garantir des droits” à la protection pour chacun et chacune, quelle que soit sa situation personnelle ou professionnelle. L’Etat doit ainsi garder son rôle de régulateur et de garant, en cohérence avec notre histoire politique et sociale.
Pour autant, il y a un “défi collectif aujourd’hui, qui n’est pas uniquement la responsabilité de l’Etat, du gouvernement, mais celle de l’ensemble des partenaires que sont les forces productives, le gouvernement, les chercheurs, la société civile, (qui) est de définir le consensus de 2015”.

Vers une gestion des risques individualisée, mais financée collectivement

Le principe de solidarité implique que le “financement (de la protection sociale) doit rester mutualisé, c’est notre défi, et en même temps leur suivi, leur pilotage doit être plus individualisé, pour pouvoir suivre tout au long de son parcours l’individu”. Cela veut en particulier dire que “l’accès aux droits sociaux doit (…) devenir indépendant du statut” car “la clé, c’est de garantir des sécurités individuelles”. Par rapport au système actuel, les évolutions à venir “ne sont pas des ajustements (…) mais une refondation radicale”. C’est là une condition nécessaire pour “une réconciliation vraie entre la liberté et la justice” dans notre pays

Propositions

Ouvrir les droits à l’assurance chômage

Afin que la protection par le statut ne soit plus la norme et pour encourager la prise de risque, il est nécessaire de permettre à chacun de pouvoir faire des choix professionnels tout en étant assuré d’une sécurité minimum.
Emmanuel Macron propose ainsi que l’assurance chômage soit ouverte aux démissionnaires « pour les accompagner dans une démarche de formation et de requalification. À ce titre, l’« assurance chômage » changerait de nature. Il ne s’agirait plus, à strictement parler, d’une assurance, mais bien de la possibilité de se voir financer par la collectivité des périodes de transition et de formation : un droit universel à la mobilité professionnelle. »
Certaines professions doivent aussi pouvoir accéder à ces droits pour faire face aux changements à l’œuvre dans notre société. C’est pourquoi « L’assurance-chômage doit être également ouverte aux indépendants, commerçants et artisans, surtout au moment où la différence entre salariat et travailleur indépendant s’estompe dans la nouvelle économie de services. »

Reconnaître et protéger les plus pauvres

« Il faut reconnaître pleinement les plus pauvres », ils ne doivent être exclus de la société si on veut qu’ils puissent sortir du cercle vicieux de la pauvreté.
« Cette perspective se décline différemment selon les personnes. D’abord il faut être implacable avec les fraudeurs (minoritaires) qui font porter la suspicion sur tous ceux qui reçoivent légitimement l’assistance. » Ceux-là portent atteinte à l’image de ceux qui ont vraiment besoin d’être aidés.
Ensuite, « il faut accompagner de manière rigoureuse et personnalisée ceux qui le peuvent vers un retour progressif au monde du travail, en s’appuyant sur le savoir-faire des entreprises de l’ESS et en défendant un plan massif de requalification. »
« Enfin, il faut offrir aux personnes durablement exclues du marché du travail (handicaps, parcours de vie très durs) des activités gratifiantes pour elles même et utiles à la collectivité, afin qu’elles se réinsèrent et retrouvent une place, une dignité. »

Repenser la formation professionnelle pour garantir l’autonomie de chacun

Dans une économie où les trajectoires individuelles connaîtront toujours plus de périodes de réorientation, chacun doit avoir la garantie d’un accès à “une vraie formation continue dans ces moments de transformation”, indépendamment de sa précédente activité. Ce droit est particulièrement crucial pour « celles et ceux qui sont touchés (par la disparition de leur métier, et donc) ont besoin d’être formés à de nouvelles compétences ». Cela nécessite la mise en place d’une véritable “politique de formation” continue.


Source: http://vision-macron.fr/




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