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janvier 04, 2016

Mais où passe l'argent des français ?

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Sommaire:

A) Formation continue: où passe l'argent? - Par Dupuy Georges et Vendeuil Richard - L'Express

B) Pauvre contribuable français… Eric Brunet - Valeurs actuelles

C) Notes de taxi : Agnès Saal exclue de la fonction publique - http://www.franceinter.fr

D) Emploi: le tour de passe-passe de Hollande sur la formation - Par Florian Fayolle - Challenges

E) La France, vice-championne du monde des taxes - le Figaro via trop d'impôt.com de Contribuables associés




A) Formation continue: où passe l'argent?

Sur 110 milliards par an, il s'en évaporerait 15 ou 20. Magouilles" Oui, mais aussi mauvaise gestion. La loi doit y remédier. Enfin!


Pas la peine de souhaiter une bonne année aux chasseurs de scalps des services de contrôle de la formation professionnelle. 1994 a démarré en fanfare. Avec, dans le Tarn, la découverte d'une escroquerie aux contrats de qualification portant sur près de 2 millions de francs. Jeunes terrorisés, formateurs bidon, faux justificatifs de présence et mise en scène: presque un cas d'école. Cette belle affaire durait depuis un an et demi. Avec la complicité active d'un chef d'entreprise.

De quoi alimenter les fantas
mes de ceux qui ne voient dans la formation professionnelle qu'une énorme usine à gaz doublée d'un gigantesque fromage livré à toutes les cupidités. Un ensemble de terrains de rapines, de zones franches et de baronnies incontrôlables. Même les plus pondérés s'interrogent. Christian Cambon, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, est perplexe: «C'est fou! Quand on connaît les sommes qui sont versées dans l'entonnoir et ce qui en sort, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas vraiment rond.» Et l'auteur de «La Bataille de l'apprentissage» (éditions Descartes et Cie) de dénoncer l'inadaptation d'un système grand dévoreur de crédits, mais incapable de réduire le chômage des jeunes.

Finies les années fastes, bonjour la crise! «Alors que tout le monde fait des efforts de gestion, pourquoi la formation professionnelle ne surveillerait-elle pas ses coûts?» s'interroge le cabinet de Michel Giraud, ministre du Travail, dont la loi quinquennale sur l'emploi contient quelques mesures diététiques. Place, donc, à la productivité et au retour sur investissement. Avec, en fond de tableau, la lancinante question, hurlée ou murmurée: «Mais où passe donc l'argent?»

Le député CDS Claude Goasguen espère bien y apporter une réponse claire en mai prochain. Quand la commission parlementaire d'enquête sur le financement du secteur (lancée en décembre 1993) - dont il est le rapporteur - aura déposé ses conclusions. En attendant, les députés ont consacré leurs premières réunions à se faire expliquer le B.A.-Ba financier d'un secteur bigrement complexe. Où même les spécialistes ont du mal à voir clair. Un contrôleur explique: «Parfois, nous nous attaquons à un dossier uniquement pour savoir comment cela fonctionne.» Un peu comme un bûcheron qui couperait un arbre au hasard, de-ci, de-là, pour connaître la composition d'une forêt dense.

Si seulement il n'y avait que de gros arbres... Si tout n'était que magouilles faramineuses! En France, les cas sensibles ne dépasseraient pas la quinzaine. D'ailleurs beaucoup plus vite détectés en province qu'à Paris.

Mais il y a aussi les arnaques mineures et les pratiques à la limite de la légalité - sinon illégales. Sans oublier de faire payer à leurs étudiants des frais d'inscription, certains organismes, branchés sur l'alternance, les transforment également en démarcheurs. En leur demandant de trouver eux-mêmes leur entreprise d'accueil. Alors que, légalement, le contrat de qualification est un contrat de travail à l'initiative de l'entreprise. Passe encore quand la formation suit. Ce n'est cependant pas toujours le cas. A preuve des pêcheurs en eaux troubles comme Défi formation ou France alternance, aujourd'hui dans le collimateur des pouvoirs publics. «Il faut que nous fassions nous-mêmes la police», souligne Pierre Courbebaisse, président de la commission alternance à la Fédération de la formation professionnelle.

«DES BOULONS à SERRER»

Au total, les opérations délictueuses ou litigieuses avoisineraient les 100 millions de francs par an. Mais on comprend les appétits: depuis 1971, le gâteau a sacrément grossi. Les sommes drainées par le secteur tournent autour de 110 milliards par an (dont plus de 40% incompressibles, affectés à la rémunération des stagiaires). Selon les premières estimations de Claude Goasguen, une meilleure gestion et des contrôles renforcés pourraient empêcher une «évaporation» comprise entre 15 et 20 milliards. Ce qui laisse pour le moins sceptiques la plupart des professionnels. François Escuer, chargé de mission à la Direction de la formation professionnelle, commente: «Assurément, il y a des tas de boulons à serrer pour éviter les pertes en ligne. Mais cela ne nous permettra pas de récupérer des sommes pareilles.»

Même son de cloche au CNPF. Avenue Pierre-Ier-de-Serbie, à Paris, le patronat joue les vertueux. Certes, les services de contrôle ont vu se raréfier les plans de formation folkloriques, incluant des séances de remotivation psychologique par la descente du Zambèze en radeau ou de développement personnel grâce aux vertus du vaudou. Mais chacun connaît des sociétés où, comme à l'armée, il faut absolument épuiser le budget, de peur qu'il ne soit pas reconduit.

La tentation de tricher est aussi plus grande en ces temps de vaches maigres. D'aucuns ne doutent vraiment de rien. Ainsi ce patron de PME qui avait fait passer sur son plan de formation ses frais personnels de pressing et le sponsoring de l'équipe de football locale. Le plus souvent, cependant, la triche est mineure. Quasi pour le principe. Comme imputer au budget la nourriture, le transport et l'hébergement d'employés formés sur place, ou déclarer deux fois les investissements de formation. Une broutille. De fait, les sommes récupérées par le Trésor public sont plutôt minces: de l'ordre de 1 million de francs en Franche-Comté. Ce n'est pas avec cela que Claude Goasguen améliorera son ordinaire.

Non! L'ami de Charles Millon, député UDF du Rhône et grand chantre de la régionalisation, entend faire ses choux gras dans d'autres secteurs: ceux des organismes intermédiaires agréés. Vaste programme! Depuis plus de vingt ans, parallèlement à la mise en place des plans de formation, des programmes d'insertion, des schémas d'adaptation et des filières de l'alternance, les sources de financement se sont multipliées. Et avec elles les structures chargées de la collecte des fonds. Fruits de l'Histoire ou des luttes pour le pouvoir. Paritaires pour la plupart, c'est-à-dire gérées en commun par les organisations patronales et les syndicats d'employés. En 1994, entre les FAF (voir ci-dessous), les Asfo, les OMA, les OCA et autres Opacif, elles dépasseraient ainsi le demi-millier.

L'ennui est qu'au fil des années ces organismes ont constitué un système souvent opaque. Parfois managé par une bureaucratie plus soucieuse d'assurer sa pérennité que de répondre à sa vocation première: l'essor de la formation professionnelle. Il suffit de considérer le poids des structures. «Presque chaque fois qu'un organisme s'est développé, il a jugé nécessaire de grossir son personnel et ses moyens», analyse Michel Jeannin, responsable du service de contrôle de Franche-Comté. En écho, un homme du sérail, soucieux d'anonymat, confie: «Toutes les chambres de commerce ont l'immobilier dans le sang. Et en plus il n'y a aucun contrôle interne assurant la transparence des mouvements de fonds.» D'autant que, pour mieux couvrir le terrain, les collecteurs ont fait des petits jusqu'à l'échelon départemental. En passant aussi des accords (rémunérés) avec des sous-traitants. Un maillage qui n'est évidemment pas pour réduire les coûts.

Enfoncés, les plafonds légaux des frais de fonctionnement. Un rapport confidentiel de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de l'IGF (Inspection générale des finances) souligne qu'en 1990 le fonctionnement représentait en moyenne entre 11 et 13,5% des sommes collectées. Mais la palme du mauvais élève revient - sans doute - au Comité central de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics, qui, en 1991, a englouti en frais de structures près du tiers des fonds qu'il avait réunis.


«GÉRER À LA PAPA»

Tant d'argent bien au chaud, sans contrôle a priori: si la majorité des responsables des organismes de collecte sont irréprochables, quelques-uns ont succombé aux charmes pernicieux des pleins pouvoirs et d'une certaine impunité. Les exemples ne manquent pas. Dans le Sud-Est, tous les hôteliers parlent de ce directeur du Fafih (Fonds d'assurance formation de l'industrie hôtelière) surnommé «Sa Splendeur» pour ses manières autocratiques. En région parisienne, c'est cet organisme mutualisateur qui refuse de financer des contrats de qualification dans le secteur du pressing quand le chef d'entreprise traite avec des formateurs qui ne lui conviennent pas. Last but not least, en haute Alsace, dans un FAF de Mulhouse, un bureau restreint prend toutes les décisions, en réduisant le conseil d'administration au rôle de chambre d'enregistrement. «Il nous faut parfois rappeler aux directeurs de FAF qu'ils sont une force de proposition et non de décision», observe un inspecteur de la formation en Languedoc-Roussillon.

Pas étonnant, dès lors, que les enquêteurs de l'Igas et de l'IGF jugent assez durement le petit monde des organismes collecteurs. En dénonçant, pêle-mêle, dans le jargon qui leur est propre, un «système complexe et peu lisible», doté d'un «grand confort de gestion». Ecoutez aussi la Cour des comptes: «L'aisance financière de certains FAF est telle que, pour la diminuer, plusieurs chambres des métiers leur imputent des dépenses qui n'ont rien à voir avec la formation.» Christiane Bressaut, responsable de la formation professionnelle à la CFDT, analyse: «Le paritarisme n'est pas en cause. Notre grand tort a été de nous contenter de gérer à la papa.»

«A la papy», disent les mauvaises langues. Certes, il convient de provisionner pour parer à l'imprévu. Surtout quand on a affaire à l'Etat, prompt à modifier ses engagements d'une année sur l'autre. Mais de là à thésauriser à tout va! Ainsi, le Fnic (Fonds national interconsulaire de compensation), créé en 1980 pour développer l'apprentissage artisanal, était mollement étendu - jusqu'il y a peu - sur un matelas équivalant à un an de rentrées. Autre exemple relevé par l'Igas: celui de l'Iferp (Institut de formation pour les entreprises de la région parisienne), dont la trésorerie est passée de 393 à 518 millions de francs de 1989 à 1990. Et, pour compliquer le tout, aux provisions viennent parfois s'ajouter les fonds de l'alternance qui n'ont pas été dépensés et qui, légalement, auraient dû être reversés. Tout cela intéresse vivement la commission Goasguen. De fait, ce seraient de 7 à 10 milliards de francs qui dormiraient ainsi dans les trésoreries. Improductifs la plupart du temps: «Le suivi des placements sur fiches cartonnées et le maintien d'avoirs non rémunérés sur des comptes à vue sont les deux traductions les plus visibles du peu de soin apporté à l'optimisation de la trésorerie», stigmatisent l'Igas et l'IGF.

Plus grave, estime le rapport: focalisés sur l'épargne, les organismes collecteurs n'accomplissent pas leur mission de régulation du marché. Quand ils ne sont pas liés financièrement à des sociétés de formation. Ce qui se traduit par une confusion des genres peu propice à la transparence. Des organisations comme l'UIMM (Union des industries métallurgiques et minières) ou les chambres consulaires sont-elles entièrement libres de leurs décisions quand elles doivent également faire vivre leur appareil de formation? Sans parler ici des cas extrêmes: «Il y en a quelques-uns qui veulent à la fois le beurre, l'argent du beurre, le pot au lait et la laitière», ironise Roger Fayard, secrétaire général de l'Agefos-PME de Franche-Comté. Epinglé par la Cour des comptes, le centre du Moulin des îles, dans la mouvance de la chambre des métiers des Deux-Sèvres, dont le directeur passait des accords avec des sociétés ou des associations contrôlées ou dirigées par ses fils. Sans mise en concurrence.

Reste que, d'une manière ou d'une autre, les coûts de la formation pourraient être mieux surveillés. Sinon maîtrisés. Un bon tiers des professionnels d'entreprise interrogés par l'Institut de commerce de Nancy ne sont pas satisfaits du rapport qualité/prix des organismes de formation. Une majorité d'entre eux en déplorent l'incompétence et le peu d'éthique. Principale critique: ils «cherchent à vendre un produit et ne se soucient plus des stagiaires après». Mais comment réguler? Comment savoir qu'un stage technologique vaut bien ses 100 F de l'heure? Certes, les services de contrôle débusqueront toujours les escroqueries majeures. Il leur faudrait cependant quadrupler leurs effectifs pour s'attaquer à un secteur qui brille, lui aussi, par sa diversité et son opacité. Et demain, avec la régionalisation? «Qui contrôlerons-nous? Et comment un président de conseil régional résistera-t-il aux pressions d'un maire ami qui lui vantera les mérites de telle ou telle formation sous prétexte qu'on est mieux en stage que dans la rue?» se demande un inspecteur.

«MAINS PROPRES»

Pas de doute: la commission Goasguen a du pain sur la planche. A moins que ses conclusions n'arrivent trop tard. En effet, la loi quinquennale de Michel Giraud prévoit notamment la mise en place d'un plan comptable et un renforcement des contrôles. Ceux-ci sont déjà en oeuvre. En 1993, les redressements opérés sur les organismes collecteurs se sont élevés à 59 millions de francs. Soit le double des montants récupérés en 1992. Mais le plat de résistance de la loi Giraud porte sur la réorganisation des structures de collecte: celles-ci ne seront plus agréées qu'au niveau régional, interrégional ou national. Et encore, seulement lorsqu'elles auront fait la preuve de leur capacité financière à exercer leur mission.

De leur côté, désireux de récupérer la mise, les élus locaux devraient se présenter comme la seule force capable d'arbitrage. La bataille sera rude. De fait, les syndicats craignent que l'opération «Mains propres» lancée sur le secteur ne débouche sur une remise en question radicale du paritarisme. Ce dont ils ne veulent pas. Pas plus que le gouvernement ou le CNPF, qui vient de réclamer l'ouverture d'une grande négociation. Histoire de préserver l'un des piliers de la paix sociale. Et d'éviter les formations de... combat. 

Le groupe ICN (Institut commercial de Nancy) a réalisé auprès de 108 responsables de la formation en entreprise une enquête sur l'évolution de leur fonction. Ses conclusions seront présentées au cours d'un débat organisé à Paris avec le concours de L'Express, le 3 février 1994, à 18 heures.

Renseignements: Sofy Mulle. Tél.: (16) 83.39.64.50. 

Par Dupuy Georges et Vendeuil Richard, publié le 20/01/1994

GLOSSAIRE
Une nébuleuse d'environ 500 organismes intermédiaires participe au marché de la formation. Regroupé sous l'appellation d'organismes paritaires agréés (OPA), cet ensemble gère quelque 16 milliards de francs de collectes par an. 

A pour Asfo, ou association de formation. Emanation de groupements patronaux, ces «banquiers», collecteurs de fonds, interviennent aussi comme prestataires de services, voire comme conseils, et constituent un réseau de 150 entités proches du terrain. Avec leurs 4 000 permanents et 5 000 vacataires, les Asfo réalisent un chiffre d'affaires de l'ordre de 2 milliards de francs. Particularité: elles sont parfois OMA (voir ce mot) et collectent les sommes relatives au financement des contrats de qualification. 

F pour FAF, ou fonds d'assurance formation. Institutions paritaires gérées par les partenaires sociaux. Plus de 365 000 entreprises adhèrent à ce système de gestion des fonds (l'adhésion aux FAF dits «de branche professionnelle» est parfois obligatoire du fait des conventions collectives). Au total, ce sont 3,5 milliards de francs de cotisations versées pour assurer la mise en place et le financement des plans de formation des entreprises. Un FAF peut également être agréé comme OMA ou comme Opacif (voir ce mot). 

O pour OMA, ou organisme de mutualisation agréé. Plus de 200 (dont 143 ayant une assise régionale). Ils reçoivent les fonds versés par les employeurs au titre du 0,4% consacré au financement des contrats d'insertion en alternance. 

O pour Opacif, ou organisme paritaire agréé au titre du congé individuel de formation. Au nombre de 67, ces entités gèrent quelque 30 000 demandes pour des stages de longue durée (souvent plus de mille deux cents heures), dont les deux tiers conduisent à un diplôme ou à un titre homologué.



B) Pauvre contribuable français…

Depuis le baptême de Clovis, jamais les Français n’ont payé autant d’impôts qu’en 2014. Quoi qu’en dise Hollande, Bercy vient encore d’augmenter ses recettes fiscales. Ces dernières atteignent désormais 45,2 % du PIB ! Pharaonique ! C’est un rapport très précis de l’OCDE qui nous apprend officiellement la nouvelle. En matière d’impôt, la France arrive donc en deuxième position juste derrière le Danemark. Et même si les socialistes essaient de camoufler cette mauvaise nouvelle, l’OCDE est claire : les recettes fiscales françaises ont augmenté, en 2014, de 0,2 % du PIB. La pression fiscale française se situe donc plus de 10 points au-dessus de la moyenne des pays riches (34,4 %) !

La fiscalité sous toutes ses formes est le véritable cancer de la France. Elle étouffe les ménages, écrase les PME. Il faut bien financer l’État providence ! Mais jusqu’où ? Les Français, qui ne constituent que moins de 1 % de la population mondiale, payent à eux seuls plus de 6 % des dépenses sociales de la planète : 700 milliards d’euros ! Les cotisations sociales aspirent à elles seules 40 % de nos impôts. C’est bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (26,1 %). Certes, en France, les recettes combinées de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés (24,2 %) sont inférieures à la moyenne (33,7 %). Mais c’est un trompe-l’oeil, car, chez nous, les taux d’imposition demeurent élevés. Selon l’OCDE, ce défaut de ressources s’explique par les multiples niches fiscales solidement implantées en France.

Aujourd’hui, on mesure à quel point les marottes de la gauche ont coûté aux contribuables français. Prenons l’exemple des emplois aidés… Certains, y compris au gouvernement, continuent à prétendre que l’emploi public constitue une solution face au chômage. Absurdissime ! On sait aujourd’hui que la création de 10 emplois publics détruit environ 15 emplois privés et augmente le nombre de chômeurs de 3. On sait également que le développement de l’emploi public est une des causes de l’accroissement du chômage. Tant d’études ont été faites sur le sujet (y compris par des chercheurs français)… À croire qu’elles ne sont jamais parvenues Rue de Solferino. L’OCDE nous apprend aussi qu’en matière d’impôt, l’Allemagne distance la France. Non seulement la charge fiscale est moindre outre-Rhin, mais l’écart s’est creusé au fil des décennies. En 2014, les recettes fiscales allemandes se sont établies à 36,1 %, du PIB contre 36,5 % en 2013. La pression fiscale allemande se situe donc 9 points sous le niveau français.

Pourtant, les Allemands disposent d’un système de soins envié dans le monde entier, de services publics performants, d’une protection sociale de bon niveau, d’un dispositif d’indemnisation chômage performant. À bien y réfléchir, le contribuable français devrait être un peu plus regardant…


 C) Notes de taxi : Agnès Saal exclue de la fonction publique
Agnès Saal, ex-patronne de l'INA, a été exclue de la fonction publique pour deux ans, dont six mois fermes. Agnès Saal avait dépensé 40.000 euros en frais de taxi sur le compte de l'INA. Cette sanction administrative a été décidée par le président de la République



Agnès Saal avait démissionné de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) en avril 2015 quand l'affaire avait éclaté. Depuis, elle fait l'objet de deux enquêtes ouvertes par les parquets de Créteil et de Paris, sur ces 40.000 euros de frais de taxi quand elle présidait l'INA et sur 38.000 euros de notes de frais quand elle dirigeait le Centre Georges-Pompidou. Elle faisait aussi l'objet d'une procédure disciplinaire administrative qui a abouti à cette sanction d'exclusion de la fonction publique pour 2 ans dont 6 mois fermes prise par décret du chef de l'Etat.
Son fils a également bénéficié du compte taxi de l'INA
Lorsqu'elle était à la tête de l'INA, son fils aurait également utilisé le code taxi de l'INA pour un total de 6 700 euros en frais de déplacement. Cette somme a été remboursée après que l'affaire ait été révélée.
Dénoncée de manière anonyme
C'est une dénonciation anonyme auprès du ministère de la culture qui a déclenché l'enquête sur les factures de taxi d'Agnès Saal.
La ministre de la culture fleur Pellerin avait ensuite annoncé qu'Agnès saal était suspendue de son poste de directrice de l'INA et qu'elle était rétrogradée au poste de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, au sein du ministère.
 

D) Emploi: le tour de passe-passe de Hollande sur la formation

Le président a annoncé lors des voeux un plan d'urgence pour l'emploi. Principale mesure: 500.000 places de formation supplémentaires pour les chômeurs.

C’est avant tout une déclaration très politique. A un an et demi de la présidentielle de 2017, François Hollande sait que l’emploi reste le sujet qui préoccupe le plus les Français. Et ce, devant les questions de sécurité liées à la menace terroriste. D’où l'annonce, lors de ses vœux du Nouvel An, d’un nouveau "plan massif de formation des demandeurs d’emploi" orienté vers "les métiers de demain" et en tension, c’est-à-dire où les entreprises éprouvent des difficultés à recruter. En sus, l’idée est de mettre toutes les chances de son côté pour enfin voir la courbe du chômage s’inverser, condition principale de sa future candidature pour 2017.

Pour sortir de l’ornière de "l’état d’urgence économique et social", le président a donc ressorti de son chapeau le serpent de mer qu’est la formation des chômeurs. Il a ainsi promis de passer à la vitesse supérieure avec ce plan qui prévoit 500.000 places de formation. Sarkozy en 2011, soit juste avant l'élection présidentielle de 2012, avait dégainé une mesure similaire. Ce traitement social du chômage présente l’avantage de sortir de la catégorie A des demandeurs d’emploi – celle utilisée pour rendre compte des chiffres du chômage – pour les transférer vers la D, et donc d'engranger immédiatement un bénéfice statistique. Un tour de passe-passe comptable sévèrement condamné par certains experts. "Il ne sert à rien de faire de la formation pour de la formation si à la sortie il n’y pas un poste correspondant", tacle Bertrand Martinot, économiste du marché du Travail et ancien délégué général à l’Emploi et à la formation professionnelle.


Une mise en oeuvre qui s'annonce difficile

Sur le fond, le volontarisme de Hollande pourrait très vite faire pschitt... Premier écueil: la faisabilité technique. "En l’état actuel des choses, le système de formation n’est pas adapté pour produire 500.000 places supplémentaires par an. Ce chiffre absolument massif représente une augmentation de 80%", avance Bertrand Martinot. De plus, il va falloir un certain temps aux institutions pour pouvoir s’adapter et notamment Pôle emploi qui doit passer des appels d’offre publics pour sélectionner des organismes de formation. Ces derniers, eux, doivent recruter des personnes qualifiées pour les dispenser. Autre problème de taille en cette période de disette budgétaire: le financement. Les Echos annoncent un coût global de 1 milliard d’euros. Ce montant serait financé "pour moitié par l’Etat et pour le reste par les fonds de la formation professionnelle", ajoute le quotidien. Mais, cela pourrait être bien supérieur. Dans la loi de Finances de 2016, le coût de la formation des demandeurs d’emploi pour l’année 2013 avoisine les 4,4 milliards d’euros… Or cette somme correspond au financement des quelque "640.000 formations dispensées par an à des chômeurs", poursuit Bertrand Martinot. De quoi douter du chiffrage du gouvernement.

Reste l’efficacité réelle des formations proposées aux demandeurs d’emploi pour que ces derniers retrouvent un travail. Une étude de Pôle emploi évaluant le "plan de formations prioritaires", mis en place suite à la conférence sociale de 2013 et visant des chômeurs peu qualifiés, plaident en faveur d’un ciblage des formations proposées sur des métiers en tension. Selon cet organisme public, 56,9% des bénéficiaires de ce dispositif étaient en emploi six mois après la fin de leur formation et 41,8% d’entre eux avaient un job stable, c’est-à-dire en CDI ou en contrat à durée déterminée de six mois ou plus. Après une phase d’expérimentation en 2013, la mesure est montée petit à petit en puissance pour atteindre 114.500 bénéficiaires en 2014 et quelque 150.000 en 2015. Une opération plutôt réussie en somme.


E) La France, vice-championne du monde des taxes

Les recettes fiscales ont encore augmenté en 2014 dans l'Hexagone, atteignant 45,2 % du PIB, selon le nouveau rapport de l'OCDE. La France arrive en deuxième position juste derrière le Danemark.
La France s’illustre toujours par son niveau élevé de la fiscalité. Sur le podium mondial des taxes, elle récolte la médaille d’argent, l’or revenant au Danemark et le bronze à la Belgique. Les recettes fiscales françaises ont continué d’augmenter en 2014 de 0,2 %, atteignant 45,2 % du PIB, selon le dernier rapport de l’OCDE, contre une moyenne du club des pays riches à 34,4 %.

Les recettes fiscales de 2014, record depuis 1965

Après une baisse significative en 2007 et 2009, conséquence de la crise financière, la tendance est à la hausse dans la plupart des pays. Le chiffre de 2014 est le plus élevé depuis 1965, date de la première évaluation de l’organisation internationale. Deux tiers de la progression entre 2009 et 2014, souligne le rapport, viennent des recettes de l’impôt sur la consommation – surtout la TVA – ainsi que l’impôt sur le revenu et les sociétés. Sur les 34 pays de l’OCDE, 16 ont enregistré une hausses entre 2013 et 2014. Les plus fortes reviennent au Danemark (+3,3 %) et à l’Islande (+2,8 %). La charge fiscale a également progressé en Grèce, pays réputé pour l’ampleur de la fraude et de l’évasion fiscales, qui tente malgré tout de faire rentrer l’argent dans les caisses de l’État.



À l’opposé de l’Europe du Nord, de la France et de l’Italie, où la pression fiscale est la plus élevée, deux pays latino américains, le Mexique et le Chili, enregistrent les plus faibles revenus fiscaux, juste devant la Corée du Sud et les États-Unis. Et pourtant, dans le cas américain, les revenus tirés du seul impôt sur le revenu figurent dans le haut du panier. Ils pèsent 38,7 % du total des recettes fiscales – bien au dessus de la moyenne européenne (24,8 %) et aussi de la France (18,5 %).

L’écart se creuse entre la France et l’Allemagne

Comme souvent sur le front économique et de la compétitivité, l’Allemagne distance la France. Non seulement la charge fiscale est moindre outre-Rhin, mais l’écart s’est creusé au fil des décennies. En 2014, les recettes fiscales allemandes ont baissé à 36,1 %, du PIB contre 36,5 % l’année d’avant. Dans le détail, l’Allemagne récolte plus que la France sur l’impôt sur le revenu et la consommation. C’est l’inverse sur les profits des entreprises et surtout des prélèvements sociaux où la France se distingue.


Le poids de l’État providence français

En France, c’est le financement du généreux État providence qui explique le record de prélèvements obligatoires. Les cotisations sociales couvrent 40 % des recettes fiscales, bien au dessus de la moyenne OCDE (26,1 %). Alors que les recettes combinées de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés (24,2 %) sont en revanche inférieures à la moyenne (33,7 %). Et ce malgré des taux élevés. Cela tient notamment aux multiples niches fiscales solidement implantées en France.

Les profits des entreprises ne rapportent à l’État que 5,7 % de ses recettes alors que le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) ponctionne 33,3 % des bénéfices en France, un taux parmi les plus élevés. Comment expliquer une telle différence? Là encore les exemptions fiscales mais aussi les ficelles de l’optimisation fiscale dont usent et abusent les grandes entreprises. L’OCDE a lancé un plan d’attaque soutenu par l’UE et validé par le G20 pour limiter les abus.



Globalement, pour l’OCDE, les recettes fiscales issues des entreprises ne représentent que 8 % du total des recettes fiscales, contre 25 % d’impôt sur le revenu, 26 % de prélèvements sociaux et 30 % sur la consommation.

 le 3 janvier 1973 : la France perd un aspect central de sa souveraineté.

Pompidou et Giscard font passer une loi qui interdit à la Banque de France de prêter à l'Etat français. L'article 25 de la loi 73-7 du 3 janvier 1973, très court, bloque toute possibilité d'avance au trésor : 
« Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la banque de France. » 

Ce qui signifie que la France ne peut emprunter qu'à des banques privées et doit payer des intérêts. Avant cette loi, quand l'État empruntait de l'argent, il le faisait auprès de la banque de France qui, lui appartenant, lui prêtait sans intérêt. 


La France n'a plus le droit de battre monnaie, et avec cette nouvelle loi. La souveraineté monétaire a été privatisée, abandonnée aux mains de banquiers privés. 

Dès 1974, la dette apparaît, en 1975 commence le chômage. Le système bancaire est peu à peu privatisé. La Souveraineté nationale peu à peu va passer sous la coupe des marchés financiers, sous la coupe de grandes multinationales. Aujourd'hui, en 2015, la dette dépasse 2000 milliards d'euro ! 

A quel moment nos élites ont demandé au peuple sont avis ? Jamais !


Sur Université Liberté:

En catimini l'"Élu"TaxHollande oublie les supers riches à 75% !!

Les socialistes de droite ont retrouvé leur leader charismatique: SarkoTax !! Quel bonheur !!

 

 

 

décembre 03, 2015

Une Sirhen qui Louvois ! Le scandale d'un État-gestionnaire inéfficace...

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



SIRHEN : le Louvois bis que cache l'éducation nationale


Après les échecs de Louvois et de l’ONP, un autre grand projet informatique de l’Etat présente des dérives alarmantes. 
SIRHEN, le programme de rénovation des SIRH de l’Education Nationale, pourra-t-il être sauvé ? Le ministère a lancé un plan de la dernière chance. Notre enquête. Voir un projet informatique de l’Etat faire l’objet d’un amendement au Parlement n’est pour le moins pas banal. Surtout quand cet amendement vise tout bonnement à couper les vivres au dit projet, jugé trop dispendieux, trop incertain. Ce projet, c’est SIRHEN, qui vise à rénover les SIRH (système d’information ressources humaines) de l’Education Nationale. Lancé en 2007, le programme ne couvre actuellement qu’une toute petite partie de la population ciblée par la réforme : il assure la gestion administrative de 4 000 employés issus des personnels d’inspection et des administrateurs civils, alors que l’Education Nationale emploie plus d’un million de personnes, dont 855 000 enseignants. Le tout pour un coût qui a explosé : initialement évalué à 80 millions d’euros, SIRHEN devrait finalement coûter 321 millions, selon la dernière estimation en date remontant à 2014. A noter que ce total a déjà été plusieurs fois réévalué (200 M€ fin 2012 puis 290 M€ fin 2013) et qu’il n’intègre pas les coûts cachés, comme la poursuite de la maintenance des applications en place le temps que Sihren soit enfin prêt. Dans son rapport sur la Loi de finances 2016, le Sénat parle ainsi d’une « folle spirale de surcoût ». En matière de délais aussi, le dérapage est patent : alors qu’il devait initialement durer 7 ans, SIRHEN doit finalement s’étaler sur 13 années. Et probablement un peu plus, comme nous le verrons plus loin. 

« Aider le ministre face à son administration »
Faisant suite à plusieurs rapports du Sénat s’alarmant des dérives de coûts sur ce programme,l’amendement déposé par le sénateur Gérard Longuet vise à couper les crédits du programme en 2016, « compte tenu du surcoût envisagé et dans la mesure où il n’est pas prévu, à court terme, que ce logiciel permette la gestion des enseignants, qui représentent pourtant la majeure partie de effectifs relevant du ministère ». En Commission des Finances,Gérard Longuet, qui a vécu les affres de Louvois (le système de paie défectueux de l’armée) quand il était ministre de la Défense, s’est expliqué sur cet amendement : il « vise, si j’ose dire, à aider le ministre face à son administration. J’ai vécu ce genre de situation avec l’affaire Louvois. Un ministre est toujours bercé de l’illusion que les choses se règleront en trois mois. On connaît la suite... » Effectivement, concernant Louvois mais aussi l’ONP (Opérateur national de paie, autre échec retentissant de l’informatique de l’Etat), l’histoire est écrite. Pour SIRHEN, elle est d’en train de l’être. Certains estiment que les dés sont déjà jetés : « Oui, c’est notre Louvois à nous, soupire un bon connaisseur du dossier au sein de l’Education Nationale, qui, pour des raisons évidentes, a requis l’anonymat. Apparemment, le code et l’architecture de SIRHEN tiennent la route, mais on a écœuré tous les experts du sujet. Or, les générations qui ont conçu les applications Agora ou EPP (celles utilisées actuellement et que doit remplacer SIRHEN, NDLR) vont partir à la retraite. On va perdre cette connaissance-là parce qu’une bande de fous pensait pouvoir à elle seule refonder le SI de l’Education Nationale. » Une analyse au vitriol qui vise avant tout la première direction du programme, dont le fonctionnement en mode ‘tour d’ivoire’ aurait pesé lourd dans les errements du projet. 

Scénario de la dernière chance
Face à ces dérives multiples et à un dossier qui prend une tournure politique, le ministère a lancé une initiative qui apparaît, au mieux, comme le plan de la dernière chance. Pour ce faire, l’institution s’appuie sur un énième audit, une mission conduite par l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche), le CGEIET (Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies, dépendant de Bercy) avec l’appui de la Disic (la DSI de l’Etat). Rendu plus tôt dans l’année, ce rapport est resté secret, l’administration nous ayant refusé sa consultation. Selon nos informations, au sein même de l’administration, bien peu ont eu accès à ce document. 

« S’il y autant de secrets autour de SIRHEN, c’est que c’est un vrai scandale », reprend notre source au sein du ministère. 

Selon différentes sources et sur la base de documents internes que nous avons consulté, ce rapport propose 4 scénarios de sortie de crise. Le premier est un abandon pur et simple de SIRHEN et une rénovation application par application de l’existant. Le second, un abandon partiel du programme, s’appuie lui aussi sur une modernisation des applications en place, mais y greffe un objectif de décloisonnement des données, via la création d’une base de données synchronisant les quelques 900 silos d’informations actuels. Sans trop détailler le scénario 3 une voie intermédiaire entre les propositions 2 et 4 – c’est finalement le 4e scénario qui a eu les faveurs du ministère le 27 octobre dernier.
Deux scénarios du rapport ont été étudiés. C’est finalement le n°4 qui aura les faveurs du ministère. 

Une nouvelle trajectoire
« Un scénario 4 révisé, qu’on aurait pu aussi appeler 3 bis », précise une source officielle au sein du ministère. Cette voie de sortie se base sur un acquis : la qualité de l’architecture technique, qui aurait été démontrée lors de l’audit de code réalisée dans le cadre de la mission. « On peut donc poursuivre les déploiements, à commencer par celui des personnels de direction en décembre et janvier », se réjouit le ministère. En parallèle, le plan qui s’élabore prévoit quelques « éléments de révision technique » permettant de revenir sur des choix décrits comme contraignants (notamment dans l’architecture orientée services - SOA) et une redéfinition de la trajectoire fonctionnelle. « Sur ce terrain, on va travailler par analyse d’écart avec l’existant, alors qu’à l’origine, SIRHEN était basé sur des perspectives de transformation », résume-t-on au ministère qui ajoute que le plan passe aussi par une gouvernance rénovée du programme. « On a besoin de mieux faire cohabiter la maintenance des SIRH existants et le développement de la cible, car cette coexistence va durer un certain temps. Et cela permettra de rendre les bascules plus transparentes. » Enfin, le ministère prévoit de «réinternaliser une part substantielle des développements, pour faciliter l’intégration des évolutions réglementaires. Car, dans les conditions actuelles de sous- traitance, ce n’est effectivement pas simple ». Reste que ce plan de sauvetage n’est pour l’instant ni mis en œuvre, ni même validé par la ministre, Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière attend de premières orientations pour décembre (dont le recrutement d’un nouveau directeur de programme) ainsi qu’une trajectoire détaillée pour juin prochain, avant de valider – ou pas – l’avenir de SIRHEN (voir le planning ci-dessous, extrait du comité de pilotage du 29 octobre dernier). C’est Mathieu Jeandron, le directeur du numérique pour l’Education, qui a été chargé de piloter cette préparation du plan de la dernière chance, dans le strict respect de l’enveloppe budgétaire actuelle (soit 321 millions). Un plan dont le timing reste incertain. Au sein du ministère, une source officielle très proche du projet évalue toutefois l’achèvement de SIRHEN à 2022-2023. Autrement dit, dans 7 ou 8 ans : un laps de temps largement suffisant pour de nouveaux dérapages budgétaires... Selon une autre source, qui a requis l’anonymat, la Disic, qui a mené un audit du code de SIRHEN, estime que le système peut fonctionner, mais qu’il coûtera cher à finaliser et cher à maintenir. 



Un noyage de poisson ?
D’autres observateurs ont une lecture bien plus critique du plan ministériel. Et y voient surtout une façon de noyer le poisson. « Pour moi, le scénario retenu à l’issue de l’audit vise à continuer le programme, mais uniquement sur le personnel non enseignant, analyse notre source. Même si, officiellement, il n’y a pas aujourd’hui de réduction du périmètre de SIRHEN ». Une vision que conteste formellement le ministère, au moins pour l’instant : « La préparation de rentrée sera bien assurée dans SIRHEN. Sans les enseignants, SIRHEN n’a aucun sens. On s’approche du moment où on va les intégrer dans l’application. C’est une trajectoire de transformation : on ne rebat pas les cartes, on ne jette pas les développements déjà réalisés à la poubelle.» Pour l’institution, remplacer l’existant, vu comme fonctionnellement obsolète, apparaît toujours comme une priorité. 



«Le mode de fonctionnement d’il y a 20 ans n’est plus satisfaisant. Il existe 900 bases de données RH au niveau national, détaille-t-on au ministère. Pensez aux difficultés que cela crée par exemple pour la réforme territoriale. Il faut absolument que le système de préparation de rentrée évolue. » 

SIRHEN doit venir consolider une multitude de bases de données (diapositive extraite du site officiel du projet).
Lui-aussi très au fait des moindres évolutions de SIRHEN,Jean-Louis Brunel, co-secrétaire académique de la CGT Education de Marseille, voit dans le plan du ministère essentiellement un discours politique : « Cet audit ne fait que tirer les conclusions d’une situation connue de tous, une situation d’échec, dit-il. Mais, politiquement, c’était le seul scénario qui permettait de sauver la face, même s’il est difficilement atteignable. » Autrement dit, il s’agirait d’une façon pour le cabinet de la ministre de sortir le parapluie en réclamant un plan d’action et le strict respect de l’enveloppe budgétaire, soit 320 millions d’euros. « Cet objectif est difficilement atteignable car la phase de rétro-spécification (la méthode retenue pour redéfinir les aspects fonctionnels, NDLR) passe par la mobilisation des personnels compétents sur les SIRH et connaissant le contexte particulier de l’Education Nationale. Or, ces compétences sont déjà mobilisées sur la migration SIRHEN. Par ailleurs, le respect strict de l’enveloppe budgétaire était déjà réclamé par les rapports successifs du Sénat, en 2013, en 2014 et en 2015 ! Le scénario retenu signifie enfin qu’on va tenter de terminer SIRHEN, sur la base de rétro-spécification, alors que la cible est elle-même mouvante du fait des évolutions réglementaires et que ces évolutions vont devoir être intégrées en parallèle dans l’existant et dans la nouvelle application. Ca fait beaucoup dans un budget contraint », estime Jean-Louis Brunel. La CGT voit en fait le plan de sauvetage issu du rapport de l’IGAENR comme une annonce intermédiaire : « SIRHEN est encore appelé à évoluer, mais le ministère ne peut pas l’avouer tout de suite. » 

Rassurer les syndicats
« Pour les enseignants, SIRHEN va faire office d’application chapeau, en capacité de piocher dans les applications existantes. Et, petit à petit, ces dernières vont être renouvelées », estime de son côté Catherine Nave-Bekhti, la secrétaire nationale du SGEN CFDT, autre syndicat qui a émis des alertes sur les dérives du programme. « Mais, même une fois qu’on a dit ça, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées. Personne ne connaît aujourd’hui la trajectoire pour les enseignants. Par contre, la démarche choisie permettra d’adopter une trajectoire plus adaptative et assurera l’évolution des SIRH actuels », reprend la syndicaliste. Car, malgré les incertitudes, les syndicats accueillent la réorientation du programme de façon positive. D’abord parce qu’elle permet de tirer un trait sur certains errements du passé. « Le nouveau scénario, qui se base sur les applications existantes pour redéfinir le cahier des charges et affiche la volonté de conserver la maintenance en interne, est une option qui nous convient, car elle permettra d’intégrer les éléments du dialogue social en plus des aspects réglementaires », dit par exemple Bruno Leveder, le secrétaire général du SNASUB (Syndicat national de l’administration scolaire universitaire et des bibliothèques). « La réorientation du projet mise sur une réinternalisation partielle du programme et prend acte du fait qu’on ne peut pas laisser les équipes RH travailler avec des outils dépassés », ajoute le SGEN CFDT, qui s’interroge toutefois sur les conditions de cette réinternalisation partielle. 

Les prestataires en roue libre ?
Car, comme Louvois, comme l’ONP, une partie des surcoûts de SIRHEN est à rechercher dans la relation entre le donneur d’ordre et la maîtrise d’oeuvre, ici Capgemini. « Le cycle infernal des surcoûts s’explique par le manque de suivi des prestataires. Tout ce qui est en dehors du cahier des charges est facturé au prix fort », analyse notre source anonyme qui parle d’ungrave déficit de management et de pilotage. «Les surcoûts importants sont notamment dus à la qualité de la conception, abonde le SGEN CFDT. Car le cahier des charges de départ n’était pas conforme aux besoins, conséquence du pilotage du projet en mode tour d’ivoire. » Une faute originelle qui, conjuguée à un recours massif à la sous- traitance et à la durée même du programme, a généré une multiplication des demandes de changement, dûment facturées par Capgemini. Selon les documents des syndicats, le projet mobilisait, début 2015, quelques 240 personnes issues de prestataires sur la partie réalisation (dont une partie offshore). Soit plus de 60 % des personnels mobilisés sur ce chantier. S’y ajoute une direction de programme ayant elle-même recours massivement aux prestataires (plus d’une compétence sur deux). Autre point commun avec feu l’ONP et le cauchemardesque Louvois : la lenteur des décisions face à des dérives pourtant patentes. « Dès 2011, tous les signaux étaient au rouge, estime la CGT qui, encore récemment, a publié un tract alarmiste sur le programme, intitulé Chronique d’un fiasco annoncé. La décision de
réorientation du programme aurait dû intervenir en 2012-2013. » Un avis que partage le SGEN CFDT qui note la période de flottement qui a suivi la fin de l’ONP, en mars 2014, SIRHEN devant à l’origine se raccorder à ce système de paie prévu pour accueillir toute la fonction publique. « Dès l’abandon de l’ONP, alors que les équipes n’étaient pas informées de l’avenir de SIRHEN par la direction de programme, directement rattachée au secrétariat général, nous avons lancé de premières alertes. La question qui se posait était simple : pourquoi continuer à faire courir ce canard dont on avait coupé la tête ? » L’expression du SGEN est brutale, mais elle dit bien le désarroi des équipes au cours de l’année qui vient de s’écouler. 

« On a continué à dépenser beaucoup d’argent sur le projet, avec des sous- traitants ou en multipliant les audits », poursuit le SGEN. 

Un coût à la ligne de code élevé
Le ministère ne nie d’ailleurs pas – ou plus cette accumulation de déboires.

« De nombreux facteurs expliquent les difficultés que nous avons connues. Des problèmes de pilotage opérationnel dans les premières phases, une évaluation financière du programme très sous- estimée faute d’étude sérieuse, des choix de format de données effectués en fonction de l’ONP. Ces contraintes ont pesé lourd, reconnaît le ministère. Par ailleurs, le niveau d’exigence des utilisateurs a été insuffisamment pris en compte. L’existant a beau être fonctionnellement obsolète, il embarque un haut degré d’automatisation. Même remarque pour la reprise des données, qui a généré 1 ou 2 % d’erreurs ; un taux habituellement acceptable, sauf qu’à l’Education Nationale, il concerne de gros volumes de données et que le ratio gérants/gérés (nombre de gestionnaires par nombre de personnes prises en charge, NDLR) est très optimisé du fait du haut niveau d’automatisation. Ce qui nous a contraint à revenir sur les développements... » 

La conséquence est connue : sur SIRHEN, le coût à la ligne de code est très supérieur aux standards habituels. En l’état, serait-on tenté d’ajouter, le coût à l’utilisateur pris en charge est lui aussi totalement disproportionné... Seule l’intégration des 855 000 enseignants permettrait ici de rééquilibrer les termes de l’équation. L’Education Nationale souligne toutefois les récents progrès du programme. Comme une satisfaction des utilisateurs qui s’améliore, comme le montre un baromètre de la satisfaction des utilisateurs que nous avons pu consulter. «Mais les premiers retours des utilisateurs étaient épouvantables ! », tempère Jean-Louis Brunel. Avec des problèmes signalés dans la gestion des droits ou dans l’ergonomie. S’y ajoutait la nécessité d’une double saisie des informations du fait de la période de rodage de l’application. Au point que les gestionnaires travaillant sur SIRHEN se sont vu attribuer une prime spécifique en raison du lancement du projet... Même les utilisateurs interrogés sur le site officiel de promotion du projet ne se privent pas de le critiquer, parlant de ses limites fonctionnelles ou des durées excessives de correction des anomalies ! 

« Sur les premières populations qui ont migré sur SIRHEN, les utilisateurs ont connu 4 mises à jour le 1er mois, à des heures où l’application était en production, relate le SGEN. Cette anecdote reflète bien les difficultés de maîtrise du projet, dans un contexte privilégiant la sous-traitance. » 

Pour ce syndicat, une des conditions du sauvetage de SIRHEN réside dans laparticipation active au programme de la DGRH(direction générale des RH de l’Education Nationale), étrangement peu impliquée jusqu’à présent selon le SGEN. « Car SIRHEN a longtemps été un projet orphelin, abordé sous un angle technique », note un observateur de ce syndicat. 

SIRH existants à l’abandon
Un orphelin particulièrement gourmand, au point d’affamer les autres ‘enfants’ de l’Education Nationale, les applications existantes qui, aujourd’hui encore, prennent en charge l’essentiel des processus RH de l’administration. Un autre rapport de l’IGAENR, portant sur les SI du premier degré, montre ainsi que le poids budgétaire de SIRHEN a phagocyté les évolutions des applications en place. « La perspective de SIRHEN a limité et contraint les évolutions sur l’ensemble des systèmes d’information existants à un moment où d’importants changements intervenaient dans l’organisation et la gestion de l’école », écrit l’inspection générale. « Le souci réside dans l’adaptation de ces outils aux nouvelles règles de gestion, d’où l’irruption d’opérations manuelles, les utilisateurs compensant les déficits des outils », abonde Catherine Nave-Bekhti. En 2014 par exemple, SIRHEN a bénéficié de près de 35 M€ de crédits, tandis que les SIRH des premier et second degrés devaient se contenter... d’environ dix fois moins. 

« Quand SIRHEN a été lancé, il était légitime de réduire les budgets consacrés à l’existant. Mais peut-être, est-on allé un peu loin : on est aujourd’hui arrivé dans une zone à risques, commente le ministère.On va travailler à la bonne articulation entre les SIRH en place et SIRHEN, car des synergies sont possibles. Elles permettront notamment de combler les retards actuels des SIRH, surtout que ces derniers ne finiront d’être remplacés que dans plusieurs années. » 

Dans ses plans d’origine, le ministère prévoyait d’achever le déploiement de SIRHEN, avec la prise en compte de la gestion des personnels enseignants du premier degré, au cours de l’année scolaire... 2013/2014.

Reynald Fléchaux




Lancé en 2007, le programme de rénovation du SIRH de l’Education Nationale (SIRHEN) a déjà coûté 321 millions d’euros au lieu des 80 millions prévus initialement. Le Sénat souhaite lui couper ses crédits pour 2016. Dans la famille gaspillage et projets informatiques qui ne tiennent pas debout, je ne demande ni Louvois, ni l’ONP ni même Chorus, je demande SIRHEN ! Voici donc le projet qui a fait réagir les sénateurs dans le rapport sur le projet de Loi de Finances 2016. Dans un amendement, le sénateur de la Meuse Gérard Longuet demande purement et simplement que les crédits destinés à SIRHEN en 2016 soient supprimés.
Qu’est-ce qui a déclenché l’ire des sénateurs ? Encore une fois, un projet informatique qui n’a donc pas respecté ses engagements financiers. Lancé en 2007, le SIRHEN était doté de 80 millions d’euros sur 7 ans. Résultat : il a déjà avalé 321 millions d’euros, soit un surcoût de 241 millions d’euros. D’une durée initiale de 7 ans, le projet est finalement prolongé sur 13 ans. « Au stade actuel de son développement, SIRHEN ne permet que la gestion administrative et de paye des personnels d’inspection et des administrateurs civils, soit environ 4 000 personnes », écrit le sénateur Longuet.  Son déploiement pour les personnels de direction est prévu pour la fin de l’année 2015. En 2016, le logiciel devrait permettre la gestion des ingénieurs et des techniciens de recherche et de formation ».
4 000 personnes aujourd’hui donc. Et selon le ministère de l’Education nationale lui-même, le nombre de personnels (enseignants, personnel administratif et autre) pour l’année scolaire 2014-2015 est de… 1,052 million ! Mais ce n’est pas terminé : « il n’est pas prévu, à court terme, que ce logiciel permette la gestion des enseignants », écrit encore le sénateur. « La poursuite de ce projet doit être questionnée », s'interroge-t-il enfin.
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