juin 20, 2015

Frédéric Lefebvre un politicien qui aurait mieux compris que les autres, un petit "libéral" en devenir ou un nouvel exercice de style ??

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




Sommaire:

A) Migrants : les politiques aussi divisés que les Etats membres sur le rôle de l’UE – (Libération)

B) Modernes. Pour les Français - Frédéric Lefebvre

C) Frédéric Lefebvre : "On prend les Français pour des imbéciles" - et- leJDD.fr

D) Frédéric Lefebvre : « Pour une mobilisation européenne contre l’État Islamique » – (Le Huffington Post)

E) FRÉDÉRIC LEFEBVRE : « Le gouvernement a pris pour cible les Français de l’étranger » - par - http://courrierdefloride.com

La réflexion politico-philosophique de Frédéric Lefebvre




A) Migrants : les politiques aussi divisés que les Etats membres sur le rôle de l’UE

L’Union européenne (UE) tente de trouver un plan d’action pour renforcer la lutte contre l’immigration clandestine et l’accueil des réfugiés. Alors que les Etats membres souhaitent accélérer le renvoi des migrants en situation irrégulière, les politiques sont divisés quant au rôle que l’Europe doit jouer face à ces flux de migrants. Mais une chose est sûre : tous veulent qu’elle agisse, et vite.

La députée Les Républicains (LR) Valérie Pécresse estime qu’il faut «mettre d’accord» l’Europe. «Il faut une volonté politique. Quand Nicolas Sarkozy était président de la République, il allait au Conseil européen et tapait du poing sur la table. Où est le leadership européen de la France ?», a-t-elle lancé ce jeudi sur LCI. «Nous devons organiser un blocus maritime pour empêcher les bateaux de quitter les côtes libyennes.»

Anne Hidalgo est elle aussi «en colère» contre l’attitude de l’Europe. La maire de Paris dénonce «cette Europe qui se replie sur elle-même, qui refuse de prendre sa part sur des flux sans précédent.» «Ça fait très longtemps qu’on n’a pas connu dans notre pays et en Europe des flux comme ceux-ci. Mais il faut prendre sa part, bien évidemment», ajoute-t-elle.

Le député LR Frédéric Lefebvre pense que les pays européens doivent «participer à l’effort de lutte contre le terrorisme». «Que fait l’Europe ? L’Europe aujourd’hui regarde, la France agit. Et pendant ce temps-là, on nous demande de rendre des comptes sur nos déficits», s’est-il indigné.



B) Modernes. Pour les Français

Péril en la demeure
Une politique moderne se doit de se tourner vers les Français.
Un parlement moderne se doit de légiférer pour le peuple.
Un parti moderne se doit de s’ouvrir aux citoyens.
Alors que l’Europe est de plus en plus présente et contraignante.
Alors que la mondialisation, pleine d’opportunités, doit nous amener à évoluer.
Alors que la démocratie et ses procédures ont besoin d’être actualisées, numérisées, modernisées.
Le temps des Français n’a plus rien à voir avec le temps politique.
Alors que nos regards sont collectivement braqués sur 2017, celui de nos compatriotes est fixé sur la fin du mois.
Alors que nos débats sont largement occupés par des joutes stériles, nos compatriotes attendent que nous additionnions nos forces.
Alors que, trop souvent, nos partis sont dans la tactique, nos compatriotes espèrent du concret allié à une vision.
Nous choisissons la sincérité politique plutôt que le calcul politicien.
Nous dépassons les clans, les écuries, les courants, en restant attachés à nos familles politiques respectives.
Nous entendons contribuer à faire naître une opposition UMP/UDI qui recherche l’unité et la sincérité en créant une « pléiade » des modernistes qui se réunira régulièrement pour faire avancer cette nouvelle attitude politique.
Imaginons. Inventons. Innovons.
Résolument actuel, nous appelons tous les modernistes à se dévêtir des oripeaux idéologiques, à abandonner les réflexes pavloviens, à retrouver le bon sens paysan, pour faire le choix des Français.
En toutes circonstances.

La liste des premiers signataires :
Frédéric Lefebvre, Député UMP et ancien ministre
Puis par ordre alphabétique
Yves Censi, Député UMP
Jacques Gautier, Sénateur UMP
Guy Geoffroy, Député UMP
Arlette Grosskost, Députée UMP
Meyer Habib, Député UDI
Patrick Hetzel, Député UMP
Francis Hillmeyer, Député UDI
Yves Jego, Député UDI et ancien ministre
Patrick Labaune, Député UMP
Thierry Lazaro, Député UMP
Maurice Leroy, Député UDI et ancien ministre
Franck Marlin, Député UMP
Damien Meslot, Député UMP
Alain Moyne-Bressand, Député UMP
Bérangère Poletti, Députée UMP
Arnaud Richard, Député UDI
Fernand Siré, Député UMP
Eric Straumann, Député UMP
Claude Sturni, Député apparenté UMP
François Vannson, Député UMP
Marie Jo Zimmerman, Députée UMP

Frédéric Lefebvre
 



C) Frédéric Lefebvre : "On prend les Français pour des imbéciles"

INTERVIEW - Beaucoup se souviennent de lui comme d’un porte-parole caricatural de l’UMP durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. A 51 ans, Frédéric Lefebvre marque désormais sa différence avec son propre camp en soutenant des réformes du gouvernement, comme la loi Macron. Entretien avec un député de droite qui dit en avoir marre de "la politique à l'ancienne", où tout n'est que "stratégie, cynisme et calcul". 

Le bureau exigu se trouve au bout d’un couloir, à l’Assemblée nationale. Sur la table basse, un livre de photos sur l’Elysée et pas très loin, un cadre avec son prix de l’humour politique datant de 2011. Frédéric Lefebvre avait obtenu le prix de "l’encouragement" pour avoir déclaré que son livre de chevet était "Zadig et Voltaire" (citant l'enseigne plutôt que Zadig ou la Destinée, de Voltaire). La bourde avait fait le bonheur des internautes pendant plusieurs jours.

L'ex-ministre est un homme de paradoxes. Après une boulimie médiatique au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, celui qui est depuis 2013 député des Français vivant aux Etats-Unis et au Canada est revenu à un relatif anonymat. Il a remisé au placard ses propos polémiques et peut étonner par ses prises de position. Il était le seul UMP à voter l'an dernier le pacte de responsabilité et aurait fait de même sur la loi Macron si le gouvernement n'avait pas utilisé le "49.3". Lui assure que ses convictions n'ont pas changé, mais avoir pris du recul après avoir "tutoyé la mort". Il porte un regard sombre sur la vie politique d'aujourd'hui et n'épargne pas sa famille, à commencer par Nicolas Sarkozy.


Que retenez-vous de ce nouvel épisode parlementaire, marqué par le 49.3 et le rejet de la motion de censure?
Je ne suis absolument pas contre le 49.3 en tant que tel, il permet au gouvernement d'agir avec efficacité. Or, un gros problème de notre démocratie aujourd'hui est le décalage du temps gouvernemental et parlementaire avec le temps réel des Français. Par nécessité, je crois que notre démocratie sera dans l'obligation d'agir de plus en plus en utilisant ces outils de notre Constitution, avec les ordonnances par exemple.

Cela n'empêche pas les problèmes de majorité…
Le 49-3 est aussi le fruit des postures de gauche et de droite. Je les dénonce. Sur la loi Macron, la gauche ne voulait pas une majorité grâce à des voix de droite et la droite n'a pas voulu assumer le fait qu'elle était en accord avec ce texte. Bien sûr, un certain nombre de mes collègues sont sincères quand ils s'opposent à la loi Macron mais c'est une minorité. Si chaque parlementaire avait voté en son âme et conscience, il y aurait eu une majorité d'idées très claire sur ce texte. On aurait pesé sur le contenu de la loi et évité de valoriser les frondeurs.

C'est Nicolas Sarkozy qui a donné comme consigne de voter contre…
On me ressort souvent cette phrase de François Mitterrand : "Dans l'opposition, on s'oppose." Déjà, je n'aime pas le terme "opposition". On devrait se nommer "force d'alternance". Cela signifierait que l'on mobilise notre énergie pour bâtir plutôt que détruire. Au cours du précédent quinquennat, lorsque j'étais porte-parole de ma famille politique, je faisais trois télévisions par jour pour riposter aux attaques incessantes contre Nicolas Sarkozy. L'opposition n'avait qu'un objectif, celui de détruire l'action du gouvernement. Quoi que faisait le président de la République, même si c'était bien, il fallait être contre. On fait exactement la même chose, et c'est ce que je dénonce. Les politiques bloquent le changement!

A votre avis, pourquoi la plupart de vos collègues ne font pas comme vous?
Certains n'ont pas directement suivi le sujet, alors ils appliquent la consigne du groupe. D'autres sont venus me voir pour me dire qu'ils partageaient mes idées, mais comme il y a des jeux politiciens et des pressions… D'autres encore exprimaient une inquiétude réelle : "Est-ce que tu ne crains pas en faisant cela de nourrir 'l'UMPS'?" Selon eux, les électeurs se détourneraient de nous pour choisir l'extrême droite parce que le clivage gauche-droite ne serait pas assez clair.

Ont-ils raison?
Je pense exactement l'inverse. Que la gauche et la droite se mettent d'accord sur des solutions concrètes, c'est ce qu'attendent les gens. Ce qu'ils nous reprochent, droite et gauche, c'est de ne pas faire le job, de nous occuper de nous-mêmes et pas de leur problème. Ce cela qu'on appelait l'UMPS, c'est cette exaspération.

Un politique de droite est-il encore différent d'un politique de gauche?
Bien sûr. Nous avons tous des références et des valeurs mais elles ne doivent pas nous amener à des postures idéologiques. Je suis un homme de droite, je suis gaulliste et j'ai commencé comme petite main de Jacques Chaban-Delmas. Il m'a appris cela : pour changer, réformer, il faut additionner les différences. Le seul moyen de retisser un lien de confiance, c'est que les Français mesurent l'authenticité de ce qu'on dit et de ce qu'on fait. 


La politique n'est-elle plus qu'un spectacle, selon vous?
Oui, c'est un théâtre d'ombres. Tout est stratégie, cynisme et calcul. On prend un peu les Français pour des imbéciles, à gauche comme à droite. Il faut divertir - détourner au sens étymologique du terme - les citoyens de l'essentiel. La politique est un jeu qui se fait dans un bocal. C'est le stade de France avec des tribunes presque vides. Vous avez deux équipes sur le terrain qui font de l'antijeu sous une nuée de caméras. Elles essayent de séduire les quelques supporteurs alors que l'enjeu est de faire revenir les citoyens dans le stade.

Faut-il revoir le travail des parlementaires?
Il faut changer la fabrique de la loi. Je ne crois plus du tout à ce vieux système où des experts travaillent avec les élites, qui sortent des réformes toutes prêtes des tiroirs de l'administration. On ne peut plus faire de la politique comme avant, lorsqu’on partait du principe que les gens n'étaient pas assez intelligents pour comprendre, lorsque certains sur les plateaux de télévision employaient à dessein des mots ou des sigles que personne ne comprenait pour paraître supérieurs. Aujourd'hui, nous avons les moyens aujourd'hui de pouvoir associer tout le monde à la fabrique de la loi. Je suis en train de travailler avec des jeunes Français des États-Unis et du Canada sur la démocratie digitale. Réinventons le référendum, par exemple...

On se souvient de vous comme le "porte-flingue" de Nicolas Sarkozy, vous êtes aujourd’hui très critique à l’égard de votre camp. Qu’est-ce qui vous a fait évoluer?
Je pense d’abord qu’on n’est pas un homme politique complet tant qu’on n’a pas été au gouvernement. Je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque j'étais dans l'action (il a été secrétaire d'Etat au Commerce de 2010 à 2012, Ndlr). C’est là où vous prenez conscience que vous avez la responsabilité des Français sur vos épaules. Et puis, j’ai tutoyé la mort. J’ai fait à partir de 2010 sept embolies et un infarctus pulmonaire. Même si je suis maintenant en pleine forme, cela change les priorités de la vie. On ne conçoit plus de mettre son énergie dans un combat négatif. Paradoxalement, c’est une épreuve que je souhaite à tous...

Dans quelle mesure cela a changé votre façon de faire de la politique?
Je suis authentique, j'essaye de dire ce que je pense profondément. Je veux construire, apporter ma pierre. Mon regard a aussi changé parce que je passe la moitié de mon temps dans ma circonscription en Amérique du Nord. Vous avez un regard plus juste quand vous êtes loin de la France. Je le vois avec les Français là bas. L'éloignement est un exhausteur d'amour. Plus vous êtes loin de la France, plus vous l’aimez. 

Quelles sont vos relations aujourd'hui avec Nicolas Sarkozy?
Je l'ai rencontré à 18 ans, j'ai été son conseiller pendant 25 ans. L'amitié, ce n'est pas quelque chose qu'on remet en cause. Mais je suis mobilisé pour les Français, parce que c'est mon devoir et mon honneur. Donc il peut y avoir des désaccords. Les Français veulent de l'équilibre. On ne peut pas aller devant eux avec une jambe droite bodybuildée et une jambe gauche atrophiée. En 2007, j'ai aimé cet équilibre que nous avons su construire. J’ai d’ailleurs été l’un de ceux qui a théorisé l’ouverture. Je ne me ferai jamais à l'idée qu'on peut tout balayer parce que cela aurait été simplement de la tactique.

Vous regrettez ses changements de position, comme sur l'islam ou le droit du sol?
Je ne veux pas personnaliser, on peut prendre des exemples des deux côtés. Après, la société évolue. On peut être amené à changer de position, moi aussi ça m'est arrivé. Mais n'utilisons pas les débats à des fins politiciennes en essayant d'entretenir des clientèles, en leur envoyant tel ou tel signal. Le droit du sol est un sujet complexe qui ne doit pas devenir un slogan. Combattons l'Etat islamique plutôt que les migrants. Mobilisons une partie des milliards de l'aide publique au développement sur un soutien ciblé à ces migrants s'ils créent de l'emploi dans leur pays d'origine. Mais n'exploitons pas la misère humaine.

Vous avez récemment accueilli Alain Juppé aux Etats-Unis. Est-ce lui, le candidat le plus "équilibré" pour 2017?
C’est avec joie que je l'ai accueilli à New York et en même temps c'est mon devoir. Mais avec tout ce que je viens de dire, je ne veux pas rentrer dans une logique d'écuries. A deux ans de l'échéance, pensons aux Français plutôt qu'à nous même. Si je réponds maintenant, tout ce que je dirai sera analysé à l'aune de ma décision. Les primaires viendront en leur temps et je prendrai mes responsabilité le moment venu.

et- leJDD.fr





D) Frédéric Lefebvre : « Pour une mobilisation européenne contre l’État Islamique »

Non à l’Europe impuissante
Un sondage souligne que l’Europe perd du terrain dans l’opinion Française.
Dix ans après le rejet du projet de constitution européenne par un Non historique de 55%, alors même que l’actuel et l’ancien Président de la République avaient posé ensemble à la une de Paris-Match pour afficher leur soutien au Oui, le Non l’emportait à 54,68%…
Est-ce à dire que les citoyens Français sont contre l’Europe ? Certes non.
Ils sont, car ils sont lucides, contre l’impuissance de l’Europe.
Alors que les citoyens européens sont marqués par l’horreur des actes barbares de l’Etat Islamique, que ce sujet est sur toutes les lèvres dans les familles, au lycée, au bureau ou au café, il est cruellement absent du débat public.

En France. Dans toute l’Europe.
Je prêche dans le désert depuis le 23 mai, date à laquelle j’ai lancé un appel, publié sur Facebook et vu plus de 20 000 fois sur Twitter, au Président du Parlement Européen pour qu’il convoque immédiatement le Parlement pour débattre d’une mobilisation européenne contre Daesh :
Je demande au président @MartinSchulz 1 débat immédiat sur 1 intervention militaire européenne renforcée contre l’ http://on.fb.me/1Los6L5
Sa seule réponse furent deux tweets sur l’Eurovision…
Le lendemain j’ai réitéré cet appel sur iTélé.
Sans qu’il rencontre plus d’écoute.
Le soutien, que je salue, de mon collègue Arnaud Robinet, député-maire de Reims, étant malheureusement bien isolé.
J’ai alors décidé de déposer une proposition de Résolution européenne sur le bureau de l’Assemblée Nationale, co-signée par plusieurs collègues de droite et de gauche.
Alors que la cérémonie au Panthéon honorait la mémoire de grands résistants, je soulignais qu’ils devaient nous servir d’exemple aujourd’hui, dans un tweet vu plus de 10 000 fois :
La Résistance d’hier justement honorée au doit tracer la route de la Résistance d’aujourd’hui au

Aucune réaction politique.
J’ai alors saisi l’occasion du débat en commission de la Défense à l’Assemblée Nationale, ouvert à la presse, pour saisir le ministre de la Défense et mes collègues des autres groupes :
Le ministre manifesta son approbation, le groupe socialiste par la voie du député Joaquim Pueyo, et le groupe UDI par la voie du député Philippe Folliot, soutinrent mon propos.
Je soulignais d’ailleurs le désengagement financier de l’Europe qui laisse la France seule à porter le fardeau de la défense européenne.

Et maintenant ?
Si l’Europe ne se ressaisit pas, si nous restons lâches, empêtrés dans un comportement munichois, alors ne nous étonnons pas si les citoyens s’éloignent encore un peu plus d’une Europe qui multiplie les tracasseries mais est aux abonnés absents quand se joue la survie de notre civilisation et l’avenir des citoyens eux-mêmes.
Si vous attendez des élus de toute l’Europe qu’ils engagent enfin nos armées contre l’Etat Islamique (EI), signez mon appel.

Frédéric Lefebvre




E) FRÉDÉRIC LEFEBVRE : « Le gouvernement a pris pour cible les Français de l’étranger »

LE COURRIER DE FLORIDE : A quoi imputez-vous ce changement dans l’opinion des Français d’Amérique du Nord qui avaient choisi une Socialiste il y a 1 an, et vous aujourd’hui ?
Frédéric LEFEBVRE : Une élection c’est toujours une nouvelle campagne, différente. Depuis plus d’un an, je sillonne la circonscription, à la rencontre des Français, au cœur de leurs préoccupations. Ils ont compris que j’avais à cœur de les représenter, de les défendre, que j’étais entendu dans ma famille politique et que j’avais la chance d’être invité par les médias à m’exprimer. Les Français ici ont une vision, une expérience qui est une chance pour la France au XXI eme siècle. Je veux rétablir la vérité sur nos compatriotes qui sont si souvent caricaturés et en conséquence ciblés.
Un an après l’élection de François Hollande, les Français se sont aperçus que lors de ma première campagne je n’avais pas brandis des risques imaginaires et qu’ils éteint bel et bien devenus des boucs émissaires de la crise.
Le gouvernement actuel a mis un coup de canif dans la convention de non-double imposition avec la CSG appliquée aux plus values immobilières et a pris pour cible les Français établis hors de France, sur la fiscalité ou l’éducation.
Et puis les Français en Amérique du Nord aiment leur pays et s’inquiètent de l’absence de cap, de stratégie au plus haut niveau de l’Etat. Il veulent une alternative, un nouvel espoir.   J’ai maintenant une obligation de réussite. Les amendements que j’ai déposé durant les premiers quinze jours de mon mandat illustrent une nouvelle politique, une nouvelle méthode de Gouvernance. Certains d’entre eux ont été adoptés avec le soutien de députés socialistes ou écologistes, parfois contre l’avis du Gouvernement, parfois avec son assentiment. D’autres contribuent a dessiner un projet pour l’avenir.
Enfin, trois mois et demi, 7 jours sur 7 à la rencontre de ces Français audacieux, à leur écoute, déterminé à les défendre…  peut être que cela a fait la différence.
LE C.D.F : Dans France-Amérique, Guy Sorman commente durement votre élection : « Les Français d’Amérique du Nord dans cette élection ont été traités comme une colonie », dit-il en synthèse, parlant de « fiasco pour la démocratie ». Que lui répondez-vous ?
F.L : J’ai refusé d’entrer dans les polémiques tout au long de cette campagne, ce n’est pas pour le faire maintenant.
L’heure après une élection est à l’action et au rassemblement. Les Français de cette circonscription peuvent depuis 2008, grâce à cette belle idée de Nicolas Sarkozy, élire un député. Cette représentation est importante pour eux. Les attentes sont immenses et il faut resserrer les liens entre la France et les Français d’ici. Les Français établis hors de France peuvent apporter des idées nouvelles pour la France. ils doivent être des boussoles dans la mondialisation. L’énergie, l’audace et la diversité des parcours doivent inspirer en France. Notre pays en a tant besoin. Il faut changer les mentalités.
Quant à l’abstention, n’oublions pas que même pour l’élection présidentielle il n’y avait qu’à peine 40% de votants. Que cette élection législative est inédite. Enfin, une élection partielle c’est toujours une mobilisation plus faible.
Nous avons fait quasiment deux fois mieux que dans la 8ème circonscription( Israël, Italie, Chypre).
Par rapport à l’élection générale d’il y à 1 an la participation a reculé de 25%. C’est beaucoup… mais c’est beaucoup moins que dans les élections partielles en métropole ou le recul dépasse parfois les 50% !
D’ailleurs, nous avons eu plus de 21000 votants, alors qu’en métropole la moyenne à ces élections partielles depuis septembre s’échelonne entre 17000 et 35000 votants.
C’est d’autant plus notable, qu’on ne peut pas dire que le vote ait été sans obstacles. Mémorial day, un vote internet qui n’était pas sans problèmes, des radiations sur les listes, etc…

LE C.D.F : Vous représentez désormais un demi-million d’électeurs sur un très vaste territoire, n’est-ce pas beaucoup comparé à un député de la Creuse ?
F.L : Notre circonscription est effectivement immense, plus de 40 fois la France, près de 200 000 inscrits aux Consulats, probablement plus d’un demi million de Français établis ici.  Et chaque jour la communauté grandit. A cet effet, j’ai décidé de bâtir une association, L’Âme Nord. Elle sera un relais permanent sur le terrain. Elle va se déployer dans toutes les zones où les Français sont présents. Cette équipe de France va travailler pour les Français sur l’éducation, la santé, la fiscalité, les retraites, les démarches administratives, les réseaux économiques.
Avec l’Âme Nord, je veux ressouder la diaspora et créer du lien social.
Je vais me démultiplier dans la circonscription. Je serai physiquement présent pour des permanences, je ferai des visio-conférences et  j’ai besoin de ce réseau qui va rapprocher les Français sur tout le territoire et permettre enfin un véritable partage d’expérience.
LE C.D.F : Quelles vont être les priorités du nouveau député ?
F.L : Ma toute première priorité est de rétablir la vérité sur ces Français établis loin de l’Hexagone. Faire comprendre qu’ils ne sont pas de riches exilés fiscaux qui ne veulent pas payer d’impôts et qui ont abandonné la France. Car c’est cette fausse image véhiculée qui nourrit des projets hostiles à la communauté française expatriée. C’est le passage obligé pour pouvoir  défendre  chacun sur le plan fiscal et pour permettre à notre pays d’investir dans l’éducation de la jeunesse française ici.
Je ne serai pas le député de l’opposition systématique mais je veux mettre ma créativité et mon esprit d’ouverture au service d’une politique plus juste pour nos compatriotes.



 

juin 16, 2015

Penser autrement pendant qu'il est encore temps; libéraux réveillez-vous !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) Les carottes digitales sont-elles cuites ? Jean-Alain Jutteau - Le Nouvel Economiste

B) Comment l’intelligence artificielle va remplacer des millions d’emplois - Ariane Beky - Silicon

C) Penser autrement est-il encore autorisé ? - le Comité Orwell* - Marianne

D) - Croissance américaine : on sous-estime l’apport de l’innovation technologique - La Tribune


E) La France cultive sa compétitivité dans l’aéronautique - La Tribune


F) L’Europe en 2020 : toujours plus d’abandons de souveraineté ? - Régis Soubrouillard - Marianne






A) Les carottes digitales sont-elles cuites ?

Sans une mutation rapide des modes de pensée et des principes d’organisation, la viabilité économique de bien des entreprises est compromise à un horizon qui ne saurait excéder une génération. 




Les GAFA, premiers maîtres du continent digital
L’entrée dans le nouveau millénaire coïncide avec la fin de quelque chose, d’un système, d’un âge d’or, d’une grande illusion selon les commentateurs. La répétition des crises, financières, énergétiques et sociales a dissuadé les plus optimistes d’entre eux de d’envisager des scénarios positifs. Le discrédit généralisé dont souffrent les élites politiques et économiques exprime le désarroi des habitants du vieux monde. L’émergence du continent digital est accueillie avec des sentiments mêlés, pour ne pas dire contradictoires. Cataclysme fatal qui précipite la chute pour les uns, qui logiquement font tout pour en retarder l’irruption dans un vieux système branlant certes, mais familier ; terre promise qui accueillera les survivants, pour les autres, prêts à renier la civilisation qui les a portés. L’avenir sera entre ces deux extrêmes, dont le côté caricatural révèle la perplexité des élites intellectuelles de l’ancien monde. Le plus inquiétant dans la situation actuelle, c’est que nous ne savons plus la penser efficacement ; alors on bavarde, on anecdotise à longueur de colonne ou de grilles de programmes, pour donner le change, tant le doute est scandaleux pour les pouvoirs en place. Le porteur de la moindre parcelle de lumière est accueilli comme un messie providentiel, avant de sombrer dans les oubliettes déjà bien occupées des illusions perdues. 
“Cataclysme fatal qui précipite la chute pour les uns, qui logiquement font tout pour en retarder l’irruption dans un vieux système branlant certes, mais familier ; terre promise qui accueillera les survivants, pour les autres, prêts à renier la civilisation qui les a portés.” 

Le futur des vieilles sociétés se jouera sur le continent digital, c’est une évidence à laquelle les plus passéistes finissent par se résigner. La question qui hante les esprits est : Comment vivre sur cette « terra incognita » ? Se multiplient les appels à un changement de paradigme, par les pédants, à une nouvelle conscience individuelle et collective, plus ou moins explicitement formulée par beaucoup. Ce n’est pas hasard si les comparaisons se multiplient avec l’empire romain finissant, entre le second et le quatrième siècle de notre ère ; et l’on redécouvre que s’y enracinent la culture et l’idéologie des sociétés européennes et américaines. Ses empereurs divinisés, son patriarcat despotique, l’esclavage et la corruption généralisés trouvent des échos troublants dans nos sociétés actuelles. Les barbares ont fini par saccager Rome... et Constantinople a fini par tomber aux mains des Turcs. Une semblable appréhension sourd de bien des voix qui font autorité dans les médias du vieux monde. Premiers maîtres du continent digital, les GAFA déstabilisent plus les modèles intellectuels que les modèles économiques, et ce de deux façons différentes: La première est de créer de la valeur selon des principes différents de celles de l’économie classique. Ils ont ainsi découvert et exploité avec le succès que l’on connait les relations particulières qui se nouent entre les gens sur le continent digital. Pour capturer d’une seule expression cette première différence, GAFA pense horizontal, là où l’économie classique, idéologie des féodalités agricoles et industrielles, pense vertical. La rétention basée sur la dépendance subie laisse place à la relation durable avec des acteurs libres. La verticalité qui aliène les personnes dans nos sociétés est d’abord culturelle. C’est hélas dans ce registre que les inerties et les résistances à l’évolution sont les plus lourdes. Le passage chaotique d’une génération à une autre est souvent nécessaire pour qu’elle s’accomplisse. Sous nos yeux, des fractures culturelles apparaissent entre les « boomers », les « X » et les « milleniums », qui ne trouvent aucun équivalent dans l’histoire récente. Pourra-t- on attendre que ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui partent en retraite pour qu’enfin ceux qui sont nés avec internet puissent réaliser les mutations sociales et économiques nécessaires ? Rien n’est moins sur, tant les choses vont vite sur le continent digital, car c’est maintenant que les meilleures places se prennent. On risque non seulement de faire perdre un temps précieux aux générations futures, mais surtout d’aggraver leur handicap dans la compétition mondiale, tant les décideurs actuels persistent à penser le digital dans vieux système de pensée. Un avatar de la pensée verticale est le nationalisme, version modernisée par la Révolution Française de l’allégeance féodale. Il a été un fléau idéologique du XXème siècle, à l’origine de la plupart de ses épisodes les plus dramatiques ; il est inquiétant de le voir ressurgir en arrière plan de plusieurs commentaires dans la presse : la situation quasi hégémonique de Google dans la plupart des marchés occidentaux conduit les Cassandre à agiter le spectre d’une dépendance définitive de la vieille Europe inerte par une Amérique impérialiste...et de pronostiquer la catastrophe quand les leaders chinois envahiront à leur tour nos écrans. 

“La situation quasi hégémonique de Google dans la plupart des marchés occidentaux conduit les Cassandre à agiter le spectre d’une dépendance définitive de la vieille Europe inerte par une Amérique impérialiste...et de pronostiquer la catastrophe quand les leaders chinois envahiront à leur tour nos écrans” 

Cette vision exprime la grande peur de l’an deux mille selon des modes de pensée proches de ceux qui ont prêché la grande peur de l’an mille. Ce biais induit une compréhension faussée des enjeux de la situation actuelle, et nous détourne des initiatives appropriées. On le retrouve dans un grand quotidien du soir, qui titre « les Etats-Unis de hyper puissance à cyber puissance » ; cette formule transpose directement du vieux monde sur le continent digital le pouvoir impérialiste que les Etats-Unis ont exercé sur le monde au lendemain de la seconde guerre mondiale ; elle méconnaît gravement les spécificités du monde digital. Les rapports de GAFA avec l’administration américaine sont au moins aussi complexes et conflictuelles que ceux qu’ils ont, ou qu’ils pourraient avoir s’ils y trouvaient un interlocuteur, avec les autorités européennes. Inquiéter l’opinion en brandissant des fantômes d’un autre âge n’est pas la meilleure façon de la préparer à l’inéluctable. La seconde particularité de GAFA réside dans leur découverte sur le continent digital de gisements inépuisables d’un nouveau pétrole, l’enregistrement automatique des relations que les gens établissent avec leur environnement, autrement dit le « Big Data ». Ils ont été les premiers à l’extraire et à le raffiner à l’échelle industrielle pour en tirer une nouvelle matière première, l’intelligence relationnelle. Leur domination de cette nouvelle filière de création de valeur peut légitimement inquiéter les acteurs de l’ancien monde à deux titres : Le premier, le plus visible à travers leurs parts de marché, n’est pas le plus préoccupant : en d’autres temps, d’autres sociétés nord américaines ont occupé pendant quelques décennies des positions mondiales quasi hégémoniques, IBM dans les pros ordinateurs, et Microsoft dans les systèmes d’exploitation des ordinateurs personnels ; le progrès des techniques et la vigilance des régulateurs ont gardé les marchés ouverts. Il est probable que l’intelligence relationnelle deviendra une « commodity » mondiale, comme les autres matières premières à l’origine des filières industrielles, et que sa part dans les coûts des services devienne marginale. Ses premiers producteurs, Google et Facebook et leurs émules, doivent leur santé financière à la vente de l’intelligence relationnelle qu’ils accumulent sur leurs plateformes. Beaucoup plus lourd de conséquence à terme est le second ; piégées dans leur hiérarchies et leur « penser vertical », la plupart des institutions publiques et privées de l’ancien monde ne savent pas, ne peuvent pas utiliser l’intelligence relationnelle dans le lacis de leurs jeux de pouvoir. Elles multiplient les initiatives de toute nature, car la menace ou l’opportunité ne leur ont pas échappé, mais les résultats restent décevants, partiels et parcellaires, étouffés par le milieu qui les a fait naître. Faites pour contraindre, pour détenir et retenir l’information qui les traverse, elles diffèrent radicalement du milieu « flat, transparent and free » du continent numérique. 

“Piégées dans leur hiérarchies et leur « penser vertical », la plupart des institutions publiques et privées de l’ancien monde ne savent pas, ne peuvent pas utiliser l’intelligence relationnelle dans le lacis de leurs jeux de pouvoir” 

L’intelligence relationnelle qui y apparait, ou qui réussit à y pénétrer, se trouve rapidement détruit par les anticorps du système. Il n’est pas rare de rencontrer sur le vieux continent de grandes banques, disposant de gisements considérables de données sur leurs clients, et qui achètent fort cher à Google les services d’intelligence relationnelle utiles à leurs stratégies commerciales. La situation des entreprises traditionnelles devient périlleuse quand les barrières techniques ou règlementaires qui protègent leurs rentes de situation tombent les unes après les autres sur le continent digital. Leurs nouveaux concurrents passent alors sous les lignes de leurs comptes d’exploitation, mettent durablement à mal leur modèle économique et capturent à leur profit des parts croissantes de leurs marchés traditionnels. Ils n’offrent rien de nouveau et se contentent d’exploiter leur inertie intellectuelle et organisationnelle. Les « succes stories » se multiplient à la mesure de l’accueil favorable des publics qui migrent massivement sur le continent digital. 


 Jean-Alain Jutteau



B) Comment l’intelligence artificielle va remplacer des millions d’emplois 

L’intelligence artificielle permet aux machines de réaliser des tâches multiples, physiques ou à caractère intellectuel. Demain, des millions d’emplois seront remplacés par des robots ou agents virtuels. L’édition 2015 de Futur en Seine a été l’occasion de débattre de ce (futur) sujet de société. Le cycle de conférences « humain et technologie »de Futur en Seine 2015, festival du numérique à Paris et dans sa région, a été l’occasion d’éclairer l’impact des avancées de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi. L’intelligence artificielle permet aux robots et machines connectées d’assurer des tâches multiples. Et les capteurs donnent aux smart machines les moyens de « percevoir » le monde physique et de travailler de manière autonome. Mais à quel prix ? Selon Gartner, un tiers des emplois dans le monde seront remplacés par des algorithmes et applications d’intelligence artificielle d’ici 2025. Mais ils ne détruiront pas forcément plus d’emplois qu’ils n’en créent. 

Un continent virtuel dominé par les Gafa
Représenté lors de la conférence « robots et intelligence artificielle » du 12 juin 2015 au Cnam par Anne Dujin, de Roland Berger Strategy Consultants, Charles-Edouard Bouée, Pdg du cabinet de conseil, estime que le monde du travail de demain sera celui des continents virtuels. Internet ayant créé un 7e continent dominé par les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les Bat (Baidu, Alibaba et Tencent) chinois. Dans ce monde, les grands groupes du numérique auraient l’avantage sur les États... et sur les individus. Selon le cabinet de conseil en stratégie, 3 millions d’emplois pourraient être détruits en France d’ici 2025 par la numérisation de l’économie. Les bas salaires, associés aux faibles niveaux de qualification, sont les plus exposés, dans l’industrie notamment. Mais des emplois qualifiés, « intellectuels », sont également menacés, essentiellement les emplois intermédiaires, des fonctions administratives aux métiers juridiques.Bernard Stiegler, philosophe, fondateur d’Ars Industrialis et directeur de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) du centre Georges- Pompidou rappelant que « l’automatisation n’est pas que le robot, c’est aussi la data économie. » 

Vers une intelligence « augmentée »
Nous ne devons pas être « stupidement pessimistes », explique toutefois Anne Dujin, « des emplois vont disparaître, certes, mais d’autres vont se créer».À ce jeu là, les mathématiciens, data scientists et statisticiens sont les mieux armés pour s’imposer. Pour d’autres profils, les tâches « qui requièrent de la créativité, du sens artistique, ou de l’intelligence sociale et du contact humain, qu’elles se rapportent à un métier manuel ou intellectuel, peu ou bien qualifiés » seront préservées, indique Roland Berger Strategy Consultants dans un rapport publié à l’automne 2014. Difficile toutefois d’imaginer que ces profils pointus fourniront 3 millions d’emplois à la France d’ici à 10 ans, compensant ainsi les postes détruits par l’automatisation... L’optimisme est de rigueur du côté de l’équipe d’Evernote, un éditeur de logiciel d’espace de travail. Cristina Riesen, directrice générale pour la région EMEA, préfère parler « d’intelligence augmentée » plutôt que « d’intelligence artificielle ». « La technologie ne va pas penser pour nous, a-t-elle expliqué, mais va proposer, enrichir notre expérience, faciliter le futur. Nous ne serons pas dans une opposition de type humains contre machines... Nous devons travailler ensemble pour inventer le futur du travail, il existe des opportunités. » On pense notamment aux sociétés coopératives dans lesquelles les associés détenant la majorité du capital sont les salariés. 

Propriété universelle, plutôt que salaire universel
Pour Elso Kilpi, spécialiste du management et directeur du cabinet de conseil portant son nom,« la clé d’un nouveau modèle économique » dans lequel l’intelligence artificielle prendra de plus en plus de place « n’est pas le salaire universel, mais la propriété universelle. »

Pour Stefana Broadbent, anthropologue numérique et directrice de recherche sur l’intelligence collective au sein de l’agence de l’innovation britannique Nesta (National Endowment for Science, Technology and the Arts), la gouvernance et les choix politiques détermineront les conditions du travail futur. « La créativité nous sauvera, l’éducation et les compétences aussi. Mais le côté Disney – ‘allons tous chercher la force en nous, et nous trouverons tous du boulot’ – ne se vérifie pas sur le terrain. La précarité est grandissante, y compris dans des nations qui semblaient l’ignorer », remarque-t-elle. 


Ariane Beky  



C) Penser autrement est-il encore autorisé ?

Dix ans après le rejet du Traité constitutionnel européen par le peuple français, ces journalistes ont décidé de créer le comité Orwell qui a pour "ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme". Car, écrivent-ils, "le monde qu'on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d'Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes. Et des Etats croupions qui ne servent plus qu'à encadrer la vie quotidienne d'un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre. » Le 29 mai 2005, la constitution européenne, plébiscitée par les élites, est rejetée par les Français au référendum. On se souvient du déferlement de mépris contre ce peuple « malvotant » et « malcomprenant », si peu sensible aux vertus de la pédagogie. Le sommet fut atteint par l'édito de Libération. Intitulé « Chef-d'œuvre masochiste », il constitue un classique de la bien- pensance européiste, dénonçant pêle-mêle le « populisme », la « xénophobie », le « gauchisme infantile » de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne votent pas comme ils le souhaitent. Nous étions en 2005, mais on songeait à 1984, le célèbre roman d'anticipation de George Orwell. Il ne s'agit pas de refaire à l'infini la critique de la « pensée unique », qui fit les beaux jours de la presse des années 90. Mais de tirer enfin les enseignements d'un débat qui mérite que l'on s'interroge sur notre propre pratique journalistique. Dix ans ont passé, et le « politiquement correct » a volé en éclats, sous l'action conjointe des réseaux sociaux et de la montée du Front national. Si l'antienne de l'antifascisme ne passe plus, le « cercle de la raison » est toujours une réalité. Pourtant, la crise a démontré que les critiques des eurosceptiques n'avaient rien à voir avec un quelconque tropisme rouge-brun. lls s'interrogent tout simplement sur une perte de souveraineté bien réelle, qui, malgré le traité de Lisbonne, n'a pas été véritablement remplacée par un fédéralisme européen. Toujours moins de souveraineté. Pas de fédéralisme. Où donc est passé le pouvoir du peuple ? Interrogation légitime, pour le moins escamotée dans le débat médiatique. Dans sa célèbre dystopie, 1984, l'écrivain et journaliste décrit un monde totalitaire gouverné par un « Big Brother » qui s'insinue jusque dans les consciences. Le « crime de penser » est passible de mort et la réalité est dictée par la novlangue d'un parti unique et son ministère de la Vérité. Dans le monde d'Orwell, les nations ont été abolies, seuls restent trois blocs uniformes qui font mine de s'affronter en permanence : l'Océania, l'Eurasia et l'Estasia. La mise en scène de conflits imaginaires, voués à canaliser la violence née de l'oppression, a définitivement remplacé le débat fondé sur le common decency, pour reprendre l'expression du célèbre écrivain britannique. Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire, ou de se livrer à des comparaisons hasardeuses. Mais les choix de ces vingt dernières années sont loin d'être anodins. Le monde qu'on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d'Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes qui imposent leurs règles, tissent leurs réseaux et règnent sur la vie de l'Homo economicus. Et des Etats croupions qui ne servent plus qu'à encadrer la vie quotidienne d'un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre sur les grands sujets. Le tout avec la complicité d'un système médiatique où l'injure, la provocation, l'excommunication, le spectacle l'emportent sur la recherche patiente des faits. Où la recherche de coupables, érigés comme autant de boucs émissaires à une opinion déboussolée, s'est substituée à l'analyse des causes profondes de la crise que nous traversons. Où les « minutes de la haine » décrites par Orwell s'enchaînent, au rythme effrayant de l'information continue. Pour sortir de cette impasse, nous avons décidé de créer le comité Orwell. Il a comme ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. Plus encore que les autres citoyens, nous avons, en tant que journalistes, la responsabilité de défendre la liberté d'expression et le pluralisme des idées. 

Face à une idéologie dominante qui fait du primat de l'individu sur tout projet commun la condition de l'émancipation, l'association entend également défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire. « En ces temps d'imposture universelle, prophétisait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire... »

*Le comité Orwell a été cofondé par Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint.



D) - Croissance américaine : on sous-estime l’apport de l’innovation technologique

Les chiffres de croissance économique aux Etats-Unis ont été décevants au premier trimestre. Nombreux sont les experts à y déceler les signes avant-coureurs d'une croissance à long terme plus faible que par le passé. Pourtant, la révolution numérique continue de prospérer. Les startups du High Tech fleurissent à la Silicon Valley et assurent un potentiel de croissance sous-estimé dans les modèles de prévisions. Par Stéphanie Villers, économiste, Humanis Les success story de startups du secteur du High Tech se ramassent à la pelle. Un des derniers exemples en date vient d'un français installé à San Francisco, Renaud Laplanche, fondateur de Lending Club. Cette plateforme de prêts entre particuliers créée en 2006, vient de faire son entrée au New York Stock Exchange et pèse aujourd'hui plus de 6 milliards de dollars. 

Un potentiel de croissance sous estimé
Reste que dans le domaine de l'innovation technologique, les Etats-Unis mènent la danse. L'avance considérable prise par les américains en matière de technologie leur assure un potentiel de croissance bien plus élevé que la zone euro et surtout plus important qu'il n'est actuellement estimé. Si les capacités de production de l'ère industrielle n'ont pas réussi à retrouver leurs niveaux d'antan, en revanche, les progrès technologiques issus de cette révolution numérique permettent d'envisager une dynamique économique soutenue à long terme. Des grappes d'innovation, que ce soit dans la chimie, les services financiers, la santé, la technologie, etc., assurent la poursuite de la phase de reprise américaine enclenchée en 2010. La Silicon Valley, ce terreau bouillonnant au service de l'innovation, permet notamment d'entrevoir un accroissement de la croissance potentielle américaine. Or, ce plus à gagner technologique est resté ignoré dans les modèles de prévisions ou minimisé dans le calcul de la croissance. 

Des modèles économiques à la traîne du progrès
Pourtant, le progrès technologique demeure un des principaux moteurs de croissance économique. Mais les modèles statistiques restent, pour la plupart, sur des références passées. La comptabilité nationale traditionnelle n'est pas en mesure d'évaluer la création de richesse de ces jeunes pousses du High Tech. Il semble, en effet, aujourd'hui compliqué d'évaluer l'apport en création de richesse de ce secteur. La nouvelle économie qui se concentre sur l'information et la communication génère des applications qui facilitent notre quotidien et nous rendent indirectement, plus productifs. Or, ces effets positifs indirects sont difficilement quantifiables dans les modèles macro-économiques. Un retour sur investissement qui ne se trouve pas dans les statistiques, mais devient palpable dans notre quotidien Pour autant, si le retour sur investissement n'est pas retranscrit dans les chiffres, il est, a contrario, palpable dans notre quotidien. Ainsi, utiliser une application qui permet d'éviter les embouteillages et utiliser le chemin le plus direct pour arriver au travail, a de toute évidence un impact sur notre bien-être, puisqu'il génère moins de stress et nous permet un gain de temps ainsi que d'éventuelles économies en carburant. Si ces effets restent difficilement mesurables, intuitivement, on peut admettre que ces services peuvent améliorer notre qualité de vie, et par effet ricochet, notre productivité au travail. Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, rappelle néanmoins que toute innovation n'est pas bonne à prendre. Ainsi, la vague d'innovations financières qui a précédé la crise économique mondiale, a fait naître des produits financiers ultra sophistiqués aux effets dévastateurs pour l'économie. La prudence reste donc de mise. L'innovation technologique doit rester à la recherche d'un meilleur équilibre et de développement. Et c'est sans doute le chemin emprunté par la grande majorité des entreprises du secteur. Les projets actuels qui émergent des jeunes pousses de la Silicon Valley semblent davantage portés par un idéal de bien-être, d'amélioration de la qualité de vie et d'un allongement de l'espérance de vie. 

Generation Y : « Yes we can »
En effet, la génération Y, celle, qui est née entre le début des années 1980 et le début des années 2000, qui représente aujourd'hui près de 50% de la population active, semble portée par de nouvelles valeurs qui prennent davantage en considération l'épanouissement personnel. Les jeunes issus de cette génération ont grandi avec les nouvelles technologies et en ont acquis une maîtrise intuitive. Ils ont développé de nouveaux besoins et ont établi de nouveaux rapports au sein de l'entreprise. Cette génération est beaucoup plus créative et plus innovante que la précédente. A la recherche de bien-être et d'une meilleure qualité de vie, ces jeunes explorent des champs jusqu'à présent inexploités visant à faciliter leur quotidien et améliorer leur qualité de vie. Cette recherche du bien-être explique en partie le développement exponentiel d'applications sur smartphones. Enfin, cette génération trouve son plein épanouissement aux Etats-Unis, qui offrent la flexibilité, l'autonomie et surtout les financements nécessaires au développement de leurs projets. Le moteur de la croissance mondiale Cette génération créative est la source de la révolution numérique américaine et est à l'origine de l'accroissement du potentiel de croissance aux Etats-Unis. Pour l'instant, les curseurs des modèles économiques n'ont pas variés. Les effets de l'innovation technologique n'ont pas encore eu le temps de se diffuser dans les courbes de croissance. Au final, il faudra attendre pour que le progrès soit accessible à l'ensemble de la population pour avoir un impact global et palpable sur les chiffres macro-économiques. En dépit de cette lenteur, force est de constater que l'économie américaine recèle d'un potentiel de croissance qui lui permettra de rester, grâce à cette génération Y, le moteur de la croissance mondiale.





E) La France cultive sa compétitivité dans l’aéronautique

Les entreprises françaises du secteur aéronautique engagent des investissements colossaux, puisqu'ils s'élèvent à 7 milliards d'euros par an. C'est l'équivalent de 14% de leur chiffre d'affaires total - soit la proportion la plus élevée de toutes les industries françaises. Mieux que le vin ! L'aéronautique est en effet le premier secteur exportateur de l'Hexagone. Si les industriels, grandes entreprises comme PME, consentent des investissements colossaux pour soutenir l'innovation et la compétitivité, ils s'inquiètent du frein que représente le manque de main-d’œuvre de base. La France se désindustrialise ? C'est vrai, à une exception près : le secteur de l'aéronautique - "C'est le village gaulois!", s'exclame à ce propos Pierre-André Buigues, professeur de stratégie à la Toulouse Business School. De fait, il existe, au même titre que le vin, une vraie tradition française en matière d'aéronautique. Et, mieux que le vin, le secteur se classe premier en termes d'exportations. « Nous sommes le seul pays avec les Etats-Unis à savoir fabriquer un avion de A à Z », s'enorgueillit d'ailleurs Bertrand Lucereau, président du comité aéro-PME du Gifas, groupement d'industriels du secteur, à la table ronde intitulée « Y-a-t-il une 'French compétitivité' aéronautique ? », du Paris Air Forum, organisé par La Tribune en amont du salon du Bourget. D'ailleurs, l'américain Boeing reconnaît les compétences des entreprises françaises... en les faisant travailler! Le chiffre d'affaires de cette activité, baptisée la "French Team", s'élève ainsi à quelque 6 milliards de dollars par an. 

Investir pour tenir la cadence
Pas question cependant de se reposer sur ses lauriers. Les entreprises françaises du secteur aéronautique investissent pour « tenir la cadence », comme l'indique Bertrand Lucereau. Des investissements colossaux, puisqu'ils s'élèvent à 7 milliards d'euros par an (l'équivalent de 14% de leur chiffre d'affaires total - ce qui constitue la proportion la plus élevée de toutes les industries françaises). Et ils sont même supérieurs à ceux réalisés par l'industrie aéronautique en Allemagne, pays de référence en matière de volontarisme dans ce domaine... Toutefois, préviennent les professionnels, l'Allemagne commence à remonter la pente. « Cela devient même préoccupant, remarque le professeur Pierre André Buigues, certains, en Allemagne, ont clairement le sentiment que les industriels français ont levé le pied »... Et "le crédit d'impôt recherche est indispensable, précise à cet égard Bertrand Lucereau, le représentant de l'industrie aéronautique. Il faut le sanctuariser pour nos PME, sinon certaines transféreront leur R&D dans des pays à bas coût, voire toutes leurs activités...", prévient-il. Le casse-tête de la formation Reste que les investissements, aussi essentiels soient-ils, ne peuvent pas tout. « Ce qui manque, ce ne sont pas les ingénieurs, qui constituent près de la moitié de nos salariés, ce sont les spécialistes des tâches de base, comme la chaudronnerie », se lamente Bertrand Lucereau. On le sait, les jeunes boudent les métiers manuels, tandis que les parents valorisent le diplôme universitaire... Résultat, alors que le secteur de l'aéronautique recrute - et offre des salaires compétitifs - les postes de chaudronniers et autres ont du mal à trouver preneur. Les professionnels n'ont pas de recette miracle : la réhabilitation des métiers manuels et l'apprentissage, stratégie initiée il y a plus de 20 ans par les pouvoirs publics, n'a toujours pas porté ses fruits.... Ils tirent en revanche la sonnette d'alarme : une telle désaffection de la part de la main-d’œuvre pourrait finir par émousser la compétitivité de l'un des plus beaux fleurons de l'économie française...





 F) L’Europe en 2020 : toujours plus d’abandons de souveraineté ? 

L'info est passée totalement inaperçu mais le quotidien "Le Monde" a révélé le contenu de la "lettre des quatre présidents", un rapport qui annonce ce que nous réserve la zone euro à l'horizon 2020. Toujours plus d'abandons de souveraineté, de la sueur, mais aussi un projet de réassurance pour les organismes nationaux de sécurité sociale qui connaitraient des difficultés. Globalement, la philosophie de Berlin continue d'inspirer largement les cerveaux des dirigeants de l'Union européenne. Le projet sera présenté fin juin aux dirigeants des Etats européens. A moins qu'un Grexit... Le document ne circule en ce moment qu’entre Bruxelles et Francfort et, accessoirement, dans les rédactions de quelques grands journaux européens qui en distillent des bribes qui passent inaperçues. Pourtant la « lettre des quatre présidents » annonce bel et bien ce que nous réserve la zone euro à horizon 2020. Ce projet de rapport rédigé par Mario Draghi pour la Banque centrale européenne, Donald Tusk pour le Conseil européen, Jean-Claude Juncker pour la Commission et Jeroen Dijsselbloem pour l’Eurogroupe, a très partiellement été dévoilé par Le Monde le 12 juin dernier. Et son contenu doit être présenté aux présidents des Etats européens les 25 et 26 juin prochains. Selon le quotidien, cette « lettre des quatre présidents » fait le constat que l’Union économique et monétaire (UEM), serait « comme une maison qui a été construite il y a des années mais qui n’est pas encore terminée. Quand la tempête est venue, ses murs et son toit ont dû être renforcés dans l’urgence. Mais il est aujourd’hui grand temps de consolider ses fondations ». D'autant que les présidents doivent faire face à des demandes très contradictoires : de la rigidité germanique aux menaces de plus en plus pressantes de Grexit, jusqu’aux demandes britanniques d’assouplissements de certaines règlements de l’Union européenne auxquels il faut également ajouter les revendications des jeunes entrants. "Entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2019, l’Eurozone pousserait plus loin l’intégration, avec à la clé, s’il le faut, la nécessité de changer les traités"Globalement, l’approche générale de ce que le journal Le Monde révèle semble plus répondre à la « philosophie de Berlin » du serrage de boulons qu’à la souplesse londonienne. Aucune surprise en l’espèce. L’Union européenne est maintenant depuis des années du côté du manche de Merkel et la chancelière entend tout faire pour qu’elle le reste. C’est donc de la sueur et des larmes, toujours et encore, qui attend demain les Européens. L’argumentaire est sans surprises. Le cerveau de nos leaders européens est une mécanique parfaite qu’aucune crise d’ampleur ne viendra jamais enrayer. Le document rappelle que l’Union économique et monétaire « fondée sur un donnant-donnant : l’abandon partiel de souveraineté qu’implique l’adoption de l’euro, doit permettre, en retour, l’utilisation d’une monnaie stable, dans un marché unique puissant et compétitif ». Les abandons de souveraineté politique ont été effectivement consentis partout en Europe au fil des années, parfois contre la volonté des peuples, mais contrairement, au « donnant-donnant » formulé, jamais l’Union européenne n’a réussi à s’imposer comme un marché unique puissant et compétitif capable de garantir aux membres de l’Union une croissance durable et de protéger les Etats contre les crises internationales. D’ailleurs, ce serait là un des objectifs de ce nouveau renforcement de la zone euro que de se montrer capable de répondre aux chocs économiques. L’ébauche du rapport propose ainsi une démarche en deux temps avec, pour commencer, une entrée en douceur qui sonne comme un apaisement après des années pénibles durant lesquels les peuples européens ont globalement rejeté l’UE : « D’abord, entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2017, il s’agirait de tirer mieux parti des textes européens existants, pour davantage coordonner les politiques économiques et renforcer la compétitivité dans la zone euro ». Un fois passées ces deux années pleines de romantisme, nouveau tour de vis, l’Europe repart en campagne : « Ensuite, entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2019, l’Eurozone pousserait plus loin l’intégration, avec à la clé, s’il le faut, la nécessité de changer les traités ». Comme un air de déjà-vu... Sur le modèle des si joyeux critères de Maastricht, les présidents envisagent alors la mise en place de nouveaux critères de convergence, qui sonne comme un embryon de budget européen, « dans le domaine de la compétitivité des marchés des biens, de l’environnement des affaires et de la cohésion sociale » et dont le respect serait la condition pour profiter des mécanismes de redistribution européens. On anticipe déjà l’usine à gaz. Mais selon le pré-rapport, ces mécanismes seraient destinés à « faciliter l’absorption des chocs de croissance pour les pays mais pas, cependant, à pallier leur absence de réformes structurelles ». Sur le plan social, de nouvelles mesures sont également évoquées face au constat de la multiplication des crises et de l’incapacité de l’Union à les enrayer. Le journal allemand Die Presse, qui a eu également la primeur du document, évoque de son côté un mécanisme de réassurance européen pour les institutions de sécurité sociale « nationales ». Des Etats européens pourraient se tourner vers cette institution en cas de hausse brutale du chômage qui menacerait la solvabilité d’une caisse de sécurité sociale. De nombreux critères de convergence sont également prévus avant toute mise en place pour éviter notamment que « l’Allemagne ne vienne à financer sur le long terme le système de sécurité sociale d’un autre pays » écrit le journal. 

L'UE envisage la création d'une autorité de surveillance de la compétitivité pour veiller à une évolution comparable de la productivité et des salaires dans tous les Etats 

Une autorité de surveillance de la compétitivité nouvellement créée devrait aussi veiller à une évolution comparable de la productivité et des salaires dans tous les Etats de l’Union. Un effort que l’on pourrait trouver louable mais notre expérience historique et sociale de l'Union européenne ne nous pousse guère à l'optimisme quant au « progressisme » de cette autorité de surveillance. Par ailleurs, la lettre évoque l’idée d’une présidence renforcée de l’Eurogroupe, et souhaite également donner une plus grande légitimité démocratique aux institutions de l’Union européenne. Noble ambition. Reste à savoir comment. Pas téméraires, les présidents ne donnent apparemment aucune précision quant aux moyens d’adoption de ces traités à horizon 2019. Plusieurs raisons à cela. Outre le risque référendaire que l’on a pu maintes fois apprécier, les Etats militent de moins en moins pour pousser plus avant les mécanismes d’intégration, après sept ans de crises éprouvantes politiquement et économiquement pour l’Union et ses populations, dont nous sommes loin d’être sûrs d’avoir trouvé la sortie malgré les affirmations très optimistes de nos politiques. Le plus dur reste désormais à faire, les « quatre présidents » devront trouver un accord final avant de présenter la dernière mouture du texte aux dirigeants européens. A moins que d’ici là, la Grèce, ne fasse défaut à ses créanciers. La question du Grexit se poserait alors véritablement pour la zone euro. Le coût économique en serait important, mais surtout les conséquences politiques considérables. Ce serait la fin de l’irréversibilité de l’euro et il y aurait, pour nos élites, de quoi s’interroger très sérieusement sur les vertus présumées de la monnaie unique. La « lettre des quatre des présidents » aura alors fait long feu. Ce sera la question de l’Union qu’il faudra poser... 


Régis Soubrouillard 



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