juillet 03, 2015

Immigration du pour du contre, et la Liberté ?

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Sommaire:

A) L’immigration ne fait pas échec à l’Etat Providence - Alain Madelin - Libre échange

B) La France peine toujours à intégrer ses immigrés selon l'OCDE - Eric Wattez - Capital.fr

C) Cazeneuve veut attirer les talents étrangers - Joel Cossardeaux / Chef de service adjoint Les Échos

D) Immigration en France : ce qu’il faut savoir -

E) L’histoire de l’immigration en France - Le film : deux siècles d'histoire de l'immigration en France - Musée de l'histoire de l'immigration
L’histoire de l’immigration en France L’histoire de l’im
F) Immigration : pour en finir avec 5 idées reçues - Par Alexis Orsini L' Obs

G) Immigration : une seule issue, ouvrir les voies légales - Anthony Végat - Le site de l'auteur

H) Immigration de Wikiberal



 A) L’immigration ne fait pas échec à l’Etat Providence

Dans les pages « Idées » du magazine Le Point du 20 novembre 2014, Alain Madelin répond au britannique David Goodheart qui développe une critique de gauche de l’immigration qui ruinerait l’Etat Providence et minerait même l’idée de solidarité.

« Ainsi donc les immigrés sont trop nombreux, trop différents de nous et trop coûteux pour notre économie et notre État-providence. Cette thèse n’a rien de bien neuf. Partout elle rencontre un fort écho populaire et alimente des partis xénophobes.

Ce qui mérite l’attention, c’est qu’exprimée ici par un représentant de l’intelligentsia de gauche britannique, David Goodhart, cette version « progressiste » de la « préférence nationale » trouve une nouvelle respectabilité.

Pour sauver l’Etat-Providence et l’idée même de la solidarité, il faudrait donc restreindre les flux migratoires, y compris à l’intérieur de l’union européenne élargie ; réserver le travail le logement ou les prestations de l’État-providence aux vrais citoyens ; mettre fin au « laissez-faire multiculturaliste » qui permet aux musulmans de faire passer avant leur citoyenneté une identité religieuse dont certains principes ne s’accordent pas avec nos sociétés libérales.

Si les problèmes soulevés sont bien réels, il me semble que l’on se trompe ici de diagnostic et de remède.

Ce n’est pas l’immigration qui fait échec à l’État-providence. Ce sont les échecs de l’État-providence qui compliquent les solutions aux problèmes de l’immigration.
C’est l’échec en France d’un Etat trop lourd, trop étouffant qui pèse sur l’activité économique, la croissance et l’emploi.

Or, le premier facteur d’intégration, c’est le travail. Dans dans une économie de marché qui fonctionne, les économistes considèrent l’immigration comme globalement positive et d’ailleurs il est facile d’observer comment les pays sont entrés en compétition pour attirer les talents, ou comment, aux Etats-Unis par exemple, le dynamisme entrepreneurial et innovateur se nourrit de l’immigration.

C’est l’échec de notre urbanisme collectif qui enferme une part de notre jeunesse dans des cités ghettos, qui secrètent une culture de violence et de délinquance, en rupture avec notre société.
L’échec des écoles ghettos de ces cités ghettos où les enfants sont assignés à résidence.
L’échec de l’Etat à faire respecter la loi et à assurer la sécurité.
Les quartiers dits « sensibles » ne sont le miroir grossissant des échecs de notre Etat-Providence.
Reste la difficile question des prestations sociales.
Leur générosité joue assurément – même s’il n’est pas déterminant – un effet d’appel pour les candidats à l’émigration.
Les jeunes émigrés célibataires privilégieront les pays qui offrent des perspectives de travail quand les familles chercheront le meilleur filet de protection sociale.
Cela dit, les marges de manœuvre restent étroites même si elles ont une importance symbolique pour des milieux populaires qui ont le sentiment d’une sorte de « préférence étrangère » dans les hôpitaux ou l’attribution de logements.
Ecartons les prestations d’assurance – assurance-maladie, assurance-chômage, assurance vieillesse – qui ne sont que les contreparties des cotisations des immigrés au travail.

Restent les prestations de solidarité dont il n’est pas choquant de vouloir limiter l’accès, ce qui est le cas en France pour le RSA ou le minimum vieillesse. En revanche – sans même parler des textes européens qui y font obstacle – on ne voit guère comment, d’un point de vue humain et social, on pourrait exclure des enfants souvent nés sur le sol français ayant vocation à devenir français.

Pas plus qu’on ne pourrait trop limiter l’aide médicale ouverte aux étrangers qui répond – au-delà des considérations humaines – à des exigences de santé publique.
Les quelques modifications qui pourraient être apportées, le renforcement de la lutte contre les abus ne sauraient être des remèdes miracles.
Il est plus important de réformer profondément l’Etat-Providence pour tous que de chercher à le réserver aux seuls français.
Reste la grande question de L’écart culturel.
Trop de diversité tue la solidarité. Il y a du vrai dans cette affirmation.

Il serait absurde de nier les problèmes d’une coexistence difficile avec des étrangers, ou des jeunes issus de l’immigration, au comportement parfois agressif et arrogant. Seulement, cette diversité multiculturelle est inséparable des libertés dans une société ouverte.

Assurément il y a un déficit de savoir-vivre ensemble. Il ne suffit pas de respecter les lois, il faut aussi respecter les us et coutumes du pays qui vous accueille.

Ce savoir-vivre et cette civilité ont besoin de tuteurs sociaux.
Je sais qu’il est de bon ton de condamner le communautarisme et sans doute a-t-on raison s’il s’agit de communautés qui enferment et à plus forte raison de communautés dotées de droits spéciaux qui instituent l’apartheid. En revanche, je pense que des communautés peuvent être de puissants facteurs d’intégration, d’interface des cultures, d’apprentissage des règles de respect d’un savoir vivre ensemble.

Il est facile d’aller à la rencontre d’une opinion qui vit l’immigration comme un fardeau et une menace. Il est plus difficile d’apporter des réponses concrètes et humaines aux questions posées par l’immigration. »



Alain Madelin
Article initialement paru dans Le Point du 20 novembre 2014 - Libre échange


Immigration : la solution libérale avec Contrepoints

Nation et immigration avec Contrepoints

 



B) La France peine toujours à intégrer ses immigrés selon l'OCDE

Ce matin par l’OCDE*, la France n’est décidément pas un modèle d’intégration pour les populations d’origine immigrée. Le point avec Jean-Christophe Dumont, directeur de la Division des Migrations Internationales de l’OCDE.

Capital.fr : Comment sont définis les immigrés dans cette étude ?  
Jean-Christophe Dumont : Il y a un premier groupe d’émigrés qui sont les personnes nées à l’étranger et qui vivent dans un autre pays. Nous nous intéressons aussi aux enfants d’immigrés qui, eux, sont soit nés à l’étranger avant de partir s’installer ailleurs en suivant leurs parents ou ceux qui sont nés dans le pays où leurs parents se sont installés. Dans ce dernier groupe qu’on appelle aussi la « seconde génération » certain n’ont qu’un seul parent émigré. Enfin, il existe un troisième groupe : les étrangers ressortissants de pays non européens. En France, 12% de la population est immigrée proprement dite, pour 10% en moyenne dans l’OCDE. Il y aussi 13% de la population  constituée d’enfants nés en France de deux parents émigrés ou de parents « mixtes » (un émigré et un Français), pour une moyenne de 8% dans l'ensemble de l'OCDE. Bien sûr, chez les enfants d’émigrés nés en France, nombreux sont ceux qui ont la nationalité française. L’Hexagone est loin d’être le pays où il y a le plus d’immigrés ou d’enfants origines d’émigrés. Elle vient notamment après l’Autriche, la Belgique, la Suisse ou encore le Canada et Israël. Mais, compte tenu de son histoire migratoire, elle a une proportion d’enfants immigrés importantes et ça vaut la peine de regarder comment cette population s’en sort.

Capital.fr : Que se passe-t-il sur le marché du travail pour cette population ?  
Jean-Christophe Dumont : On fait un double constat. Les immigrés arrivés récemment rencontrent de grandes difficultés. Leur insertion sur le marché du travail est particulièrement difficile et leur taux d’emploi est inférieur de 25 points de pourcentage à celui de la moyenne nationale. En revanche, les progrès sont très nets pour ceux qui ont 5 ans ou plus de résidence dans le pays, pour qui le taux d’emploi est plus élevé de 10 points de pourcentage que pour ceux récemment arrivés. La France n’a évidemment pas le monopole de ce genre de situation.

Capital.fr : Qu’en est-il des plus jeunes ?
Jean-Christophe Dumont : Là non plus, les constats ne pas trop réjouissants. Selon l’enquête Pisa sur les jeunes de 15 ans, les enfants d’immigrés nés à l’étranger et vivant en France ont un score en littératie  (ndlr, capacité à comprendre l'information écrire dans la vie courante) sensiblement inférieur à celui des personnes nées dans le pays. Cela correspond environ à une année et demi d’études de retard. Plus inquiétant peut-être, les enfants d’immigrés nés en France ne font pas tellement mieux. Le plus souvent par ce qu'ils sont issus de milieux défavorisés et peu éduqués. En revanche, si l’un de ses deux parents est lui né en France, l’enfant fait niveau presque égal avec celui des natifs. L’écart entre les immigrés et les natifs n’est toutefois pas une fatalité : au Canada, les enfants d’émigrés sont au même niveau que les autres. Mais les immigrés ont été sélectionnés et le marché du travail y est plus flexible. Je remarque aussi que plus l’enfant arrive tard en France, plus il a de difficultés sur plusieurs générations. Cette situation rend impérative une action de politique éducative. La réforme en cours dans les collèges a en partie pour objet de remédier à ce problème.

Capital.fr : Le constat n’est pas brillant !
Jean-Christophe Dumont : La France se monte a son avantage au moins sur un point : l’accès à l’éducation de la petite enfance qui concerne la quasi-totalité des enfants de 3 à 6 ans. Le système est en France très égalitaire dans ce domaine et les résultats sont là. On remarque que les enfants d’émigrés qui démarrent leur scolarité à cet âge s’en sortent nettement mieux que les enfants qui arrivent plus tard. On peut en déduire qu’il n’y a aucun intérêt à retarder le regroupement  familial, bien au contraire, plus les enfants d’émigrés arrivent jeunes en France plus ils ont de chance d’y réussir leur scolarité.

Capital.fr : Les enfants d’immigrés vivant en France se sentent-ils victimes de discrimination ?
Jean-Christophe Dumont : Paradoxalement, les enfants d’immigrés nés en France ressentent plus fortement la discrimination que leurs parents. Ce n’est pas tant qu’ils soient plus discriminés que leurs parents, c’est surtout que leurs attentes vis-à-vis de la société différent. Ils ont la nationalité, ils parlent français et ils sont allés à l’école, du coup le sentiment de discrimination leur est a priori insupportable. Là encore, ce n’est pas une fatalité : au Canada, aux USA ou en Nouvelle Zélande, les enfants d’immigrés se sentent moins discriminés que leurs parents. En tout cas, ce n’est pas une question de racisme : ce sentiment révèle l’écart entre les attentes de ce groupe et la réalité de leur position dans la société. Attention, si on ne résorbe pas cet écart, on risque une fracture durable, voire une faille dans la cohésion sociale. On ne peut pas se permettre de négliger cette question dans nos politiques publiques. Il faut faire un effort supplémentaire en matière d’intégration et d’accès au marché du travail pour les jeunes issus de l’immigration. J’espère que la publication de ce rapport aura l’effet d’un « wake up call » pour les autorités.

Eric Wattez
* "Trouver ses marques. Les indicateurs de l’OCDE sur l’intégration des immigrés en 2015” (juin 2015, OCDE)
© Capital.fr




C) Cazeneuve veut attirer les talents étrangers

Le projet de loi, qui institut un « passeport talent » pour les étrangers, a été examiné mercredi à l'Assemblée.

Le projet de loi sur le droit des étrangers en France refait surface. Ce texte, qui vise à simplifier les formalités d'accueil des personnes séjournant de façon régulière en France, est arrivé mercredi en commission à l'Assemblée. Il doit être discuté à partir du 20 juillet par les députés en séance plénière. Il était temps : le projet de loi avait été présenté il y a presque un an en Conseil des ministres ! 

L'exécutif, empêtré dans des controverses à répétition sur la gestion des demandeurs d'asile (traitée dans un autre texte en discussion au Parlement) et sur le traitement de l'immigration clandestine venue d'Afrique, a longtemps redouté d'ouvrir un nouveau front polémique en lançant le débat parlementaire sur ce projet de loi. 

Cette crainte n'a pas complètement quitté le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a fustigé, mercredi, devant les députés, le « manque de sérénité et de rationalité » du débat sur l'immigration.

Titres de séjour pluriannuels

Le projet de loi, qu'il était venu défendre devant la commission des lois de l'Assemblée, va créer des titres de séjour pluriannuels, d'une durée de deux à quatre ans, qui seront délivrés à l'issue d'un premier titre d'un an. Les demandeurs n'auront plus à revenir tous les ans faire la queue dans les préfectures. Ce titre pourra conduire ensuite à demander la carte de résident dont la validité est de 10 ans. En aucun cas il ne la remplacera, a tenu à préciser Bernard Cazeneuve. 

L'objet de la réforme n'est pas seulement de mettre un terme, autant que faire se peut, à toutes ces tracasseries administratives. Il est aussi de faciliter l'installation en France d'étrangers à fort potentiel, qu'ils y aient été formés ou qu'ils l'aient choisie pour réaliser leur projet professionnel. C'est la vocation du « passeport talents », qui sera notamment réservé aux chefs d'entreprise, aux artistes et aux sportifs. Ce titre unique de quatre ans pourrait concerner « jusqu'à 10.000 personnes par an », selon le ministre, par ailleurs conscient de risques d'abus. Le dispositif pour faciliter le changement de statut entre étudiant et salarié sera « réservé aux meilleurs », jure-t-il.
Joël Cossardeaux, Les Echos

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  • D) Immigration en France : ce qu’il faut savoir
     
    Jean-François Copé a déclaré que l’UMP présenterait d’ici à la fin de l’année une proposition de loi réformant le droit du sol.
    Cependant, les idéologies et le ressenti de la population créent des distorsions qui contredisent le plus souvent la réalité des phénomènes migratoires. De quoi parle-t-on quand on parle d’immigration ? État des lieux.
    François Hollande avait voulu allier fermeté et humanité. Une tentative qui ne suscite plus aujourd’hui, à tort ou à raison, que des critiques. 70 % des Français estiment qu’il y a trop d’étrangers en France. Au sein même de la majorité gouvernementale, la question de la régularisation a créé une fracture avec les écologistes, quand les voix discordantes appelant à une autre politique ne sont pas venues du PS lui-même. 
    Et à l’UMP, Jean-François Copé a annoncé mardi 22 octobre pour la fin de l’année une proposition de loi réformant le droit du sol et prévoyant la fin de l’acquisition automatique de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers. Pourtant, la politique de l’immigration et les politiques menées pour la réguler ont peu évolué ces dernières années. Tour d’horizon.

    Des flux stables, des origines variables

    L’immigration est communément présentée de manière statique, avec un nombre d’entrants sur le territoire, plus précisément par le nombre de premiers titres de séjour délivrés (193 000 en 2012, 191 346 en 2011, 189 360 en 2010…). Or, le phénomène migratoire est un flux à deux sens, avec des arrivées, mais aussi des départs. S’il est vrai que depuis 20 ans, la France accueille chaque année, avec assez peu de variation, environ 200 000 migrants, on oublie souvent de préciser que 100 000 repartent dans leur pays dans le même temps.
    Il faut donc considérer qu’environ 100 000 étrangers viennent s’ajouter à la population chaque année. Cette situation est loin de faire de la France un très grand pays d’immigration, puisque la plupart des pays comparables en Europe font plus : 400 000 entrées par an pour la Grande-Bretagne, 220 000 pour l’Italie, l’Espagne, ou l’Allemagne.
    En revanche, les migrants, eux, ont changé. Aujourd’hui, plus d’un immigré sur deux est une femme alors qu’avant 1974, elles ne représentaient que 16 % des flux. Ces dernières sont très souvent accompagnées d’enfants, qui une fois en France bénéficient du même niveau de protection que les nationaux. Les pays d’origine ont considérablement varié, même si ceux historiquement liés à l’Hexagone sont encore bien représentés. Ainsi, en 1982, l’Espagne, le Portugal et l’Algérie étaient les mieux représentés. Aujourd’hui, ce sont l’Algérie, le Maroc et la Chine qui occupent la tête du classement. Parallèlement, la grande précarité touche une part grandissante des migrants. Les étrangers sont désormais majoritaires parmi les appelants au 115 et près de 17 000 ressortissants européens de culture rom vivent aujourd’hui dans des bidonvilles.

    L’immigration familiale, la plus importante

    C’est de loin le premier motif d’admission au séjour. Avec 86 500 titres délivrés en 2012, l’immigration familiale (incluant principalement le regroupement familial et le rapprochement de conjoints) représente 40 % des entrées. Une grande part de ce chiffre est due à la mondialisation et à la multiplication des mariages transnationaux. En effet, l’an dernier, 51 556 rapprochements de conjoints ou d’enfants du couple ont eu lieu du simple fait que l’un des membres de la famille était français. Cette part est jugée quasiment incompressible, puisqu’il s’agit du droit des nationaux à vivre avec leurs proches. En outre, 18 440 titres ont été accordés pour les liens personnels et familiaux autres.
    16 576 titres ont été accordés l’an dernier pour « regroupement familial ». Ils peuvent être demandés par tout étranger résidant depuis au moins 18 mois en France de façon régulière. Il s’agit très largement d’un héritage de la France post-coloniale mis en place en 1945 par ordonnance afin que les étrangers participant à l’effort de reconstruction du pays puissent faire venir leur famille. Cette possibilité a été inscrite dans la loi en 1976 par Valéry Giscard-d’Estaing.
    Depuis 2003, où ce droit a concerné 23 000 personnes, des restrictions ont été apportées. Tout d’abord, les familles polygames en ont été exclues. La carte de séjour accordée n’est plus automatiquement de 10 ans. La durée de résidence minimale pour le demandeur a été allongée. Les normes de confort et de connaissance de la langue ont été renforcées, et la gauche n’entend apparemment pas revenir là-dessus.

    L’immigration de travail, à la marge

    Alors que les motivations des migrants pour changer de pays sont largement économiques, la part de visas professionnels délivrée reste faible. En 2007, ils ne représentaient 7 % de l’ensemble des admissions au séjour, contre 9 % aujourd’hui. La politique d’« immigration choisie » voulue par Nicolas Sarkozy, reprise aujourd’hui par la gauche avec un débat annuel sans vote au parlement consistant à fixer une ligne en fonction du marché du travail et des intérêts économiques de la France, n’a donc pas fait ses preuves.
    Ces chiffres doivent toutefois être relativisés du fait de la bonne intégration sur le marché du travail des migrants venus en France pour un motif personnel. Selon la Commission pour la libération de la croissance présidée par Jacques Attali en 2008, les trois quarts des migrants familiaux trouvent un emploi, mais essentiellement dans les secteurs les moins qualifiés.
    La France gagnerait donc à attirer certains profils professionnels, ou à former les étrangers dans certains domaines. Car les difficultés de recrutement existent, même en temps de crise. Ces difficultés touchent aujourd’hui 40,4 % des projets d’embauche, selon Pôle emploi. Les entreprises évoquent même une pénurie de main-d’œuvre concernant les ingénieurs, informaticiens et cadres d’étude (embauche difficile dans 67 % des cas), les aides à domicile (65 %), les cuisiniers (60 %), les personnels de ménage (55 %) ou encore les aides-soignants (43 %). Dans une loi sur l’immigration prévue en 2014, le gouvernement voudrait créer un titre de séjour de trois ans pour faciliter la vie des salariés, mais aussi des étudiants.

    Un étudiant sur dix est étranger

    De 2001 à 2011, le nombre d’étudiants étrangers a progressé de 46 %, passant de près de 200 000 à environ 290 000. Cette augmentation explique à elle seule pour moitié la hausse des effectifs de l’enseignement supérieur. En France, aujourd’hui, plus d’un étudiant sur dix est étranger. Parmi les nationalités les plus représentées, on trouve les Marocains, suivis des Chinois, dont le nombre a doublé durant les années 2000. Si les profils varient, notamment en fonction des zones d’origine, les étudiants étrangers suivent plutôt des cursus de niveau élevé. Ainsi, 43 % d’entre eux sont inscrits en master. Et quatre doctorants sur dix viennent d’ailleurs.
    Dans ce contexte, le précédent gouvernement avait cherché à limiter, avec la circulaire Guéant, les possibilités données aux diplômés étrangers de débuter leur carrière professionnelle en France. Une erreur, avaient dénoncé de concert la Conférence des présidents d’université et la Conférence des grandes écoles, soucieuses de préserver l’attractivité de l’enseignement supérieur français. Selon elles, les jeunes étrangers qui étudient et commencent à travailler ici constituent ensuite de formidables ambassadeurs de la France, susceptibles notamment d’aider les entreprises tricolores à pénétrer de nouveaux marchés.
    À son arrivée au pouvoir, la gauche a abrogé la circulaire Guéant. Elle a aussi créé des titres pluriannuels de séjours, correspondant aux cycles universitaires. Il faut dire que sur le « marché » très dynamique et de plus en plus mondialisé de l’enseignement supérieur (les familles aisées des pays émergents envoient de plus en plus leurs enfants se former à l’étranger), la compétition est grande. Et en dix ans, la France est passée du 2e au 5e rang en termes d’accueil d’étudiants étrangers.

    L’immigration clandestine, cette inconnue

    Il s’agit là d’une zone grise où, par définition, peu de données existent. Les estimations passent du simple au double. En 2004, la Direction centrale du contrôle de l’immigration et de la lutte contre l’emploi clandestin (Diccilec) avançait le chiffre de 200 000 étrangers en situation irrégulière. Le Bureau international du travail estimait à la même époque qu’ils étaient 400 000. Aujourd’hui, le seul indicateur fiable mesurant le nombre de clandestins est le recours à l’Aide médicale d’état (AME) qui leur est réservée et qui s’élevait, fin 2011, à 208 974 bénéficiaires. Mais tous ne la demandent pas. Parmi ces personnes, peu sont en réalité entrées en France clandestinement. Près de 90 % sont venues en toute légalité et se sont maintenues sur le territoire après que leur droit au séjour a expiré (un visa touristique par exemple). Par ailleurs, plus de 40 000 déboutés du droit d’asile se retrouvent chaque année en situation irrégulière.
    Face à cette situation, là encore, la continuité politique est de mise. Sous la majorité de François Hollande qui, pendant la campagne présidentielle, avait promis une « lutte implacable contre l’immigration illégale et les filières de travail clandestin », la France, avec 36 822 expulsions en 2012, a même dépassé le précédent record établi par la droite en 2011 (32 912 éloignements en 2011). De chaque côté de l’échiquier politique, la « régularisation de masse » est exclue. En 2012, 36 000 personnes en situation irrégulière ont ainsi obtenu un droit au séjour, soit guère davantage que l’année précédente. Cela ne devrait pas considérablement changer cette année.
    La « circulaire Valls » du 28 novembre 2012 assouplit bien l’admission au séjour pour les clandestins, notamment pour les familles dont les enfants sont scolarisés, mais à la marge. Cela étant, il s’agit bien d’un changement de posture pour un gouvernement socialiste. À l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981, 131 000 étrangers avaient été régularisés, et Lionel Jospin avait admis 80 000 clandestins au séjour en 1997. La politique actuelle a l’avantage d’être plus en phase avec l’opinion publique, comme le montre le niveau de popularité du ministre de l’intérieur, Manuel Valls. Mais elle accentue les ruptures au sein d’une gauche, qui a pourtant besoin d’unité pour gouverner.

    L’asile, une migration pas comme les autres

    Lié à l’exercice des droits de l’homme et à la convention de Genève, l’asile se distingue d’une simple stratégie de migration économique ou familiale. C’est en principe la contrainte qui pousse à le demander. Y est admissible, en France, toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».
    Toutefois, chaque année, parmi les 60 000 demandes effectuées, seul un quart obtient une réponse positive. Les 45 000 déboutés se retrouvent soumis à la même obligation de quitter le territoire français que n’importe quel migrant clandestin.
    On parle souvent de « ni-ni » à propos de ces déboutés, car beaucoup se retrouvent « ni régularisables », puisque déboutés, « ni expulsables », du fait qu’ils sont venus en famille.




     
    E) L’histoire de l’immigration en France - Le film : deux siècles d'histoire de l'immigration en France 

    Le Film:

    Riche de 350 photographies et documents d’archive, ponctué d’extraits sonores, ce film retrace en quarante minutes deux siècles d'histoire de l’immigration en France.

    Cette seconde version du film sur « L’histoire de l’immigration en France » est en ligne depuis juillet 2006. Ecrite par des historiens membres du comité scientifique du Musée, riche de 350 photographies et documents d’archive, ponctuée d’extraits sonores, elle retrace en quarante minutes deux siècles d’immigration : les vagues successives d’arrivées d’immigrants et de réfugiés, la mise en œuvre des politiques publiques et les questions de nationalité, les réactions de l’opinion publique entre xénophobie et solidarité, le travail et les métiers de l’immigration, les combats menés en commun en temps de paix comme en temps de guerre, les modes de vie et les questions culturelles. Outil résolument pédagogique, destiné au plus large public, le film concilie les exigences de l’histoire avec l’attrait et la convivialité du multimédia.

    Vous pouvez approfondir les différentes périodes et thématiques traitées en consultant des dossiers thématiques plus détaillés. Confiés à des chercheurs, ces dossiers apportent des éclairages sur différents aspects de l’histoire de l’immigration : groupes nationaux, modes de vie, événements fondateurs, culture, luttes, travail etc. Des liens sont proposés avec les différentes séquences du film.


    Crédits du film "Deux siècles d'histoire de l'immigration en France"




     
    F) Immigration : pour en finir avec 5 idées reçues

    "La France accueille plus d'immigrés que ses voisins", "les immigrés n'ont aucune qualification"... Retour sur cinq idées reçues

    "Canalisation qui explose", "misère du monde"... En matière d'immigration, les idées reçues sont d'autant plus nombreuses qu'elles sont régulièrement alimentées par les discours politiques. Quelle est la part réelle d'immigrés dans la population française ? La France est-elle vraiment un des premiers Etats d'Europe à accueillir les migrants ? Réponses à quelques a priori en infographie.

    1. "La France est envahie par les immigrés"


    En 2011, selon le recensement de l'Insee, les immigrés (personnes nées à l'étranger mais résidant en France, qui peuvent être de nationalité française) représentaient 8,4% de la population française et les étrangers (personnes résidant en France - et qui ont pu y naître - sans en posséder la nationalité) 5,8%. 
    Depuis 1982, la part d’immigrés sur l’ensemble de la population a donc augmenté de 1,2% (passant de 7,2% à 8,4%) tandis que la part d’étrangers a un peu moins diminué (passant de 6,3% à 5,8%). Selon l'Insee, entre 2004 et 2012, la population immigrée a augmenté d'environ 90.000 personnes par an, pour aboutir à un total de 5,8 millions d'immigrés début 2013.

    On est donc bien loin de la théorie du grand remplacement brandie régulièrement par l'extrême droite. 

    2. "La France est l'un des premiers pays d'accueil des demandeurs d'asile"

    En 2014, la moyenne d'acceptation de demandes d'asile au sein de l'Union européenne s'élève à 45,2%. Avec ses 14.905 demandes acceptées sur un total de 68.535 décisions rendues, la France affiche pour sa part un taux d'acceptation de 21,7%, bien inférieur à celui de nombreux voisins européens.

    L'hexagone est en effet loin derrière certains pays, aussi bien en terme de demandes reçues (202.645 pour l'Allemagne) que d'acceptation (76,8% pour la Suède ou encore 58,4% pour l'Italie). Mais aussi devant de bien plus mauvais élèves, comme la Grèce (1.970 acceptations sur 13.305 décisions rendues).

    http://infogr.am/demandes_dasile-4

    3. "Les migrants en situation irrégulière sont de plus en plus nombreux à s'installer en France"

    La tendance observée ces deux dernières années témoigne au contraire d'une augmentation du nombre de départs de migrants en situation irrégulière en France vers l'étranger.

    Les départs spontanés se sont en effet considérablement multipliés, comme en témoigne la hausse de 41,3% entre 2013 et 2014.

    En cumulé avec les éloignements forcés et spontanés, les départs annuels restent donc stables, avec une légère hausse (de presque 2%) sur un an : les sorties du territoire s'élevaient ainsi à 27.606 personnes en 2014, contre 27.081 personnes en situation irrégulière l'année précédente.
    Un phénomène de migration qui s'explique notamment par le fait que de nombreux migrants passent seulement en transit par la France, afin de rejoindre d'autres pays européens, comme l'Allemagne ou la Suède. 

    4. "L'immigration coûte plus qu'elle ne rapporte"

    Cette affirmation prête à débattre depuis des années, et ne devrait pas trouver de réponse définitive sous peu puisqu'il est très difficile de quantifier les apports financiers de l'immigration. Elle aurait ainsi rapporté près de 3,2 milliards d'euros à l'Etat en 2005 selon une étude, mais coûterait 5 à 10 milliards d'euros d'après un autre rapport.
    En revanche, le coût de la politique européenne de lutte contre l'immigration clandestine est bien connu. Il s'élève, depuis 2000, à 11,3 milliards d'euros pour les seules reconduites à la frontière d'immigrés illégaux et à 1,6 milliard d'euros pour assurer la protection aux frontières en question, selon l'enquête d'un consortium de journalistes européens


    5. "Les immigrés n'ont aucune qualification"


    Là encore, l'idée reçue selon laquelle les migrants seraient des travailleurs non qualifiés, donc potentiellement peu susceptibles d'apporter de la richesse à leur pays d'accueil, est mise à mal par les statistiques de l'Insee.

    Ainsi, 63% des immigrés arrivés en France en 2012 étaient titulaires d'un diplôme équivalent au baccalauréat et 39% de ces nouveaux arrivés disposaient d'un diplôme supérieur. Des statistiques en hausse depuis 2004. 

    Entre 2004 et 2012, la part d'immigrés titulaires d'un diplôme au moins équivalent au bac a en effet augmenté de 7 points. Bien que la majeure partie de ces immigrés aux grandes qualifications provienne d'Amérique ou d'Asie, certains sont aussi originaires d'Afrique.

    L'Insee précise ainsi qu'à eux seuls, les migrants venus d'Afrique représentent "42 % de la progression depuis 2009 : la part des plus diplômés augmente de 5 points pour les Marocains et de 4 points pour les Tunisiens".

    Alexis Orsini


    G) Immigration : une seule issue, ouvrir les voies légales

    Face au caractère inéluctable de l’immigration en Europe et aux conditions désastreuses dans lesquelles elle s’opère actuellement, il est urgent de changer d’approche en légalisant l’immigration.

    Le projet de loi relatif à la réforme du droit d’asile revient à l’Assemblée, exacerbant une nouvelle fois le débat sur la capacité de notre pays à faire face à un afflux croissant d’immigrés.

    Dans ce contexte, il apparaît essentiel de revenir à une réalité inéluctable : quelle que soit l’appétence des uns et des autres pour l’immigration, le nombre de personnes qui rejoindront notre continent dans les années et les décennies à venir va continuer à croître fortement. En effet, il y a d’un côté le besoin économique d’un apport de population dans une Europe vieillissante et de l’autre, la détermination, voire l’héroïsme, mis en œuvre par les individus qui cherchent à rejoindre le continent.

    Le déni de réalité, les crispations, les circonvolutions actuelles se payent cher. En l’absence de dispositif légal à la hauteur du phénomène, l’aventure des migrants s’apparente à la traversée des Enfers. Lors du voyage d’abord : ils sont condamnés à des conditions de vie inhumaines. Ensuite, arrivés sur place : ils pénètrent des méandres administratifs qui les maintiennent dans une situation kafkaïenne. Ceux qui demandent l’asile se voient gratifiés provisoirement par l’État d’un subside symbolique, mais ont l’interdiction de subvenir par eux-mêmes à leurs besoins en travaillant. Cela donne naissance à des zones de campements sauvages où les migrants sont condamnés à attendre Godot. Mais cette attente est en général rapidement perturbée puisque la police se charge de les déloger et les voisins de leur reprocher de ne pas s’intégrer.

    Pour les autochtones, ces images de rafiots à l’attaque des côtes européennes et la sensation que le denier public est dilapidé dans la gestion de l’immigration favorisent une posture de défiance, voire d’agressivité face aux arrivants.

    Pourtant, le phénomène migratoire est inéluctable. Il peut y avoir encore quelques gesticulations politiciennes mais cela restera quantité négligeable face aux réalités de fond : le besoin économique en immigration et la détermination des migrants.

    Alors, plutôt que d’infliger des souffrances stériles à tous les protagonistes, immigrants ou autochtones, il conviendrait de mettre en place urgemment les voies légales permettant d’accompagner dignement ces flux migratoires.

    En quoi cela consisterait-il ? Il s’agirait simplement d’octroyer un titre de séjour à toute personne qui en ferait la demande. En contrepartie, le migrant aurait à s’assumer seul, par son propre travail ou la solidarité familiale. Dans un premier temps, 5 ans ?, il ne bénéficierait de la solidarité nationale que pour les services auxquels il aurait cotisé. Par exemple, un salarié migrant bénéficierait comme tout cotisant aujourd’hui, de l’assurance chômage, de la couverture santé, etc. En revanche, les autres dispositifs de redistribution ne lui seraient pas ouverts, soit actuellement, RSA, allocations familiales, ou autre subvention. Au terme de cette durée probatoire, il pourrait devenir pleinement membre de la communauté nationale.

    Ce dispositif s’appliquerait quelle que soit la raison de la migration, politique, économique, familiale. Il permettrait d’une part d’éviter la sauvagerie des traversées en mer ou dans les trains d’atterrissage des avions, ainsi que la précarité et la dangerosité du statut de clandestin. Il favoriserait d’autre part l’intégration des migrants. En effet, ayant à s’assumer seuls, ils bénéficieraient de la sociabilisation par le travail ou s’appuieraient sur leur famille déjà présente sur place. De leur côté, les autochtones n’auraient plus à craindre que leurs impôts servent à entretenir les personnes immigrées.

    Plutôt que d’essayer de construire des digues aussi minuscules qu’inefficaces et de se mette en position de subir les flux migratoires, l’Europe aurait tout à gagner à prendre acte du caractère incontournable de l’immigration, afin d’intégrer les arrivants dans les meilleures conditions, au bénéfice de tous.
     
    Anthony Végat - Le site de l'auteur



    H) Immigration de Wikiberal

    L'immigration (du latin immigrare, pénétrer dans) désigne l'entrée dans un pays d'étrangers qui viennent y séjourner et s'y établir pour une période de temps plus ou moins longue.

    Libéraux et libertariens diffèrent quant à la façon de concevoir l'immigration. On peut dégager plusieurs tendances :
    • Pour les libéraux conservateurs, attachés au concept de nation, la politique d'immigration est décidée en fonction des besoins du pays. La nationalité s'obtient en remplissant certaines conditions (pas de casier judiciaire, langue parlée couramment) après quelques années et avec une période probatoire. Les immigrés clandestins sont reconduits dans leur pays. L'accès aux services sociaux est limité dans le temps pour les étrangers, même en situation légale. Les immigrés condamnés à de la prison ferme sont définitivement expulsés à l'issue de leur peine. Mais de nombreaux libéraux authentiques ne partagent pas cette vision, estimant que toute barrière à une immigration libre représente une forme de protectionisme et favorise la main d'oeuvre au détriment de la liberté de contracter de l'employeur.
    • En théorie, pour les libertariens, il n'existe pas de lois particulières à l'immigration. Les étrangers sont libres de s'installer là où ils le souhaitent, à partir du moment où le propriétaire des lieux accepte de les recevoir, si l'endroit en question fait l'objet d'un droit de propriété. Certes, comme pour n'importe quel autre habitant, un étranger devrait pouvoir bénéficier d'un droit d'usucapion sur un bien resté libre de propriétaire, et dont il deviendrait le légitime propriétaire après quelques années pendant lesquelles il en aurait été le possesseur pacifique. Vu qu'un immigré est, par définition, une personne qui a émigré, refuser le principe de l'immigration revient ipso facto à refuser que quelqu'un puisse quitter son pays, et donc à cautionner l'idée de souveraineté étatique. De même, les immigrés sont libres de travailler là où ils le souhaitent si l'entreprise est prête à les embaucher. En somme, il n'y a pas de différence entre immigrés et autochtones. C'est une simple question d'isonomie, d'égalité devant la loi.
    • Cependant, dans les faits, beaucoup de libertariens comme Ron Paul, Nigel Farage, Hans-Hermann Hoppe considèrent avec méfiance l'immigration, jugée bien trop massive depuis plusieurs années et incontrôlée. Pour Hoppe, l'immigration actuelle découle de l'irresponsabilité des gouvernants démocratiques qui agissent comme de simples détenteurs (et non propriétaires) du territoire qu'ils administrent - à la différence des monarques propriétaires de la terre, plus soucieux, selon lui, de la rentabiliser. Dans cette logique, l'État-providence fonctionne comme un appel d'air favorisant l'entrée d'immigrants intéressés prioritairement par les diverses allocations octroyées par les services gouvernementaux. Pour pallier ce problème, Hoppe envisage une décentralisation de l'autorité politique, confiée notamment aux villes et municipalités, qui décideraient souverainement qui peut ou non entrer sur leur territoire. Pour remédier à ce qu'il définit comme une "intégration forcée", le philosophe et économiste préconise donc une forme de discrimination coercitive et, partant, un contrôle politique de l'immigration. Ron Paul préconisait lors de sa campagne présidentielle 2012 de faire rentrer les troupes américaines d'Irak pour en placer certaines à la frontière avec le Mexique et autoriser les propriétaires terriens américains a aider le gouvernement dans leur tâche. Il dira cependant être contre la construction d'un mur le long de la frontière, affirmant qu'il restreindrait les mouvements des américains et ne serait de toute façon pas assez efficace. On notera sa phrase “Une Nation sans frontières n'est pas une Nation du tout". Nigel Farage propose quant à lui de "geler" l'immigration en Grande-Bretagne pendant 5 ans suite au flux massif d'immigrés rentrés en Grande-Bretagne, mieux contrôler les frontières et que dans le futur l'immigration soit limitée à 50.000 individus choisis par an maximum.

    L'immigration: un faux problème

    Il y a deux manières de traiter le "problème" de l'immigration : de façon autoritaire (règlementations, contrôles, répression, "préférence nationale" et autres procédés fleurant bon l'étatisme) ou de façon libérale, en autorisant toute immigration, mais en supprimant les motivations malsaines (État-providence, protection sociale), les seules qui n'enrichissent pas le pays d'accueil. La contradiction propre à la social-démocratie est qu'elle attire les moins favorisés (immigration) et fait fuir les plus capables ou les plus taxés (émigration), ce qui alimente un processus d'appauvrissement général du pays :
    Si l'État-providence n'existait pas, si nous avions une complète liberté des marchés, il serait alors logique de laisser la porte grande ouverte à l'immigration. Mais avec l'État-providence c'est impossible. Sa présence implique de contrôler l'immigration. (Milton Friedman)
    Au cours du temps, l'instauration d'un État-providence de plus en plus étendu s'est accompagnée d'un surcroît de contrôles et d'entraves à l'immigration (car il faut empêcher l'étranger de bénéficier indûment des privilèges réservés aux nationaux ; de plus, un immigré clandestin qui serait salarié échapperait à l'impôt et aux charges sociales). A titre d'exemple, la Suisse, en 1848, avait une politique extrêmement libérale : avoir droit de cité quelque part entraînait l'acquisition automatique de la nationalité. Aujourd'hui cette acquisition est difficile, cependant la population étrangère représente une proportion de 22 % de la population totale, un record en Europe avec l'Andorre (qui compte, elle, 60 % d'étrangers : espagnols, portugais et français).

    La question des frontières: autre faux problème

    Enfin, les frontières étatiques ne peuvent être invoquées pour prohiber ou freiner l'arrivée d'étrangers. Dans la logique libérale et libertarienne, tant qu'elles existent, elles ne doivent pas empêcher les individus de se déplacer, mais bien plutôt contenir l'État dans le territoire qu'il administre. Les libertariens observent que c'est le contraire qui se produit de nos jours: le contrôle de l'immigration s'étend - fait relativement récent -, tandis les États continuent de ne pas respecter les limites territoriales. Par exemple, en plus de régir la vie de leurs administrés, les gouvernements contraignent sous la menace les ressortissants étrangers à porter eux aussi des pièces d'identité, faute de quoi ils sont déclarés "illégaux" et privés de liberté comme de vulgaires délinquants.
    Il faut aussi relever qu'en combattant l'immigration "illégale", les gouvernements affaiblissent la coopération libre et volontaire, tout en renforçant leur propre coopération entre appareils coercitifs à travers les échanges d'informations relatives aux individus, toujours présumés coupables. Les cas les plus flagrants sont les renvois de personnes "indésirables" dans leur pays d'origine, où elles risquent d'être arrêtées, torturées, voire exécutées, par la police ou les autorités locales.
    Les limites territoriales sont donc des bornes à la liberté de circulation des individus alors qu'elles devraient être considérées comme une entrave à l'expansion (militaire en particulier) des États.

    L'immigration, un "choc" culturel et religieux ?

    On peut aussi voir l'immigration sous l'angle des "chocs" culturels et identitaires : selon Samuel Huntington (Le Choc des civilisations), le monde est divisé en diverses conceptions culturelles et religieuses, au-delà des nations et des états. Selon la thèse du "choc des civilisations" énoncée par Samuel Huntington, une immigration peut produire un "choc" culturel, car les populations "immigrantes" ont tendance à perpétuer les habitudes socio-culturelles et religieuses de leur pays d'origine, ce qui implique des tensions culturelles et religieuses entre les populations nationales ou autochtones et les populations "immigrantes".
    La source possible de conflits n'est alors ni idéologique ni économique, mais culturelle. Les puissances dominantes devraient selon Huntington respecter strictement les zones d'influence qui sont liées aux différentes cultures (occidentale, latino-américaine, islamique, slavo-orthodoxe, hindoue, japonaise, confucéenne et africaine) et s'interdire d'intervenir hors de leur zone culturelle (ce qui est à l'opposé des conceptions néoconservatrices américaines).

    Bibliographie

    • 1995.
      • Peter Brimelow, "Alien Nation: Common Sense About America’s Immigration Disaster", New York: Random House.
      • Richard M. Ebeling et Jacob G. Hornberger, eds. The Case for Free Trade and Open Immigration. Fairfax, VA : The Future of Freedom Foundation.
      • Hans-Hermann Hoppe, “Free Immigration or Forced Integration?”, In: Thomas Fleming, dir., Immigration and the American Identity, Rockford, Ill.: The Rockford Institute, pp212-220.
      • Thomas E. Lehman, "Coming to America: The Benefits of Open Immigration", The Freeman, December, Vol 45, n°12.
    • 1999, David Friedman, “Senza assistenzialismo niente immigrazione”, Enclave, Rivista Libertaria (Treviglio: Leonardo Facco Editore, n. 5) pp. 26-27, (it)

    Citations

    • Comment pourrait-on défendre le libre-échange, c'est-à-dire la libre circulation des marchandises et s'opposer par la force au libre mouvement des hommes ? Ainsi, les barrières à l'entrée dans un pays – les interdictions d'entrée, les quotas d'immigration ou même la simple obligation de détenir un passeport et un visa – constituent une atteinte aux droits légitimes des gens. Par conséquent, aucun argument ne peut permettre de justifier les politiques d'immigration pas plus, bien sûr, que les politiques de limitation de l'émigration mises en place par tant de régimes totalitaires. La meilleure politique d'immigration consiste donc à ne pas en avoir. (Pascal Salin, Libéralisme, 2000)
    • Les ouvriers qui accourent en foule à un certain endroit y pèsent sur la productivité-limite [marginale]. Le revenu du travail, le salaire, baisse, et par là un tort est causé aux ouvriers qui travaillaient en cet endroit avant l’immigration. Ces ouvriers voient dans les immigrés la cause de leurs salaires réduits. Leur intérêt particulier exige une prohibition de l’immigration. Empêcher l’afflux de nouveaux ouvriers devient un point du programme de la politique particulière de tous les groupements d’ouvriers. (Ludwig von Mises), "Le Socialisme, 1938)
    • Une autre forme, a priori plus pacifique, de redistribution et de régulation de l’inégalité mondiale du capital est évidemment l’immigration. Plutôt que de déplacer le capital, ce qui pose toutes sortes de difficultés, une solution plus simple consiste parfois à laisser le travail se déplacer vers les salaires les plus élevés. (Thomas Piketty, Le Capital au XXIème Siècle, 2013)
    • Observons encore que s’il est juste et utile de laisser tout homme disposer de son travail, il l’est également et par les mêmes raisons, de lui laisser choisir son séjour. L’un est une conséquence de l’autre. Je ne connais rien de plus odieux que d’empêcher de sortir de son pays un homme qui y est assez mal pour désirer de le quitter malgré tous les sentiments de la nature et toutes les forces de l’habitude qui l’y retiennent. (Destutt de Tracy, Traité d'économie politique, 1823)
    • Si l’État-providence n’existait pas, si nous avions une complète liberté des marchés, il serait alors logique de laisser la porte grande ouverte à l’immigration. Mais avec l’État-providence c’est impossible. Sa présence implique de contrôler l’immigration. (Milton Friedman)

    Liens externes



    juillet 02, 2015

    François Baroin entre République, Laïcité, religion - Le compromis !

    L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.





    François Baroin : "Je veux protéger le modèle français"

    Le sénateur des Républicains François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), vient de présenter des "recommandations" aux maires confrontés sur le terrain à une remise en cause de plus en plus fréquente du principe de laïcité. 


     
    Après les attentats, comment doit réagir la France? La laïcité est-elle une réponse?
    La réponse est la fermeté et la confiance dans nos services pour faire obstacle aux attentats de ces barbares illuminés. S'agissant du vivre-ensemble, le fait de vivre dans un État laïc qui se tient à égale distance de chaque religion sans en privilégier ni exclure aucune, c'est-à-dire qui est neutre, est naturellement plus que jamais d'actualité.

    Sur le terrain de la laïcité, estimez-vous que la République, depuis vingt ans, a reculé?
    Elle a incontestablement ­reculé. Mais nous sommes dans une phase de reconquête. La loi sur le voile à l'école a montré que, quand la République était forte sur ses principes et qu'elle les affirmait par la loi, elle était capable de les faire respecter.
    «Nous proposons une idée simple : le refus de tout menu confessionnel.»


    En matière de laïcité, faut-il faire preuve de davantage de souplesse ou de plus de fermeté?
    Il faut faire preuve de fermeté. Car la laïcité est avant tout une liberté. Un certain nombre de barrages se sont fissurés par une confusion des esprits, sincère ou entretenue par des gens qui n'acceptent pas le principe de laïcité. Nous avions vécu une situation similaire lors du débat sur le voile à l'école, avant la loi d'interdiction de 2004. Nous vivions sur une incertitude juridique en l'absence de loi. On disait aux principaux des collèges : "Débrouillez-vous, dialoguez et faites ce qui vous paraît le mieux." Aujourd'hui, nous observons la même chose sur toute une série de sujets : les cantines scolaires, les crèches, les sorties scolaires, la gestion des subventions aux associations… Dans nos recommandations, nous rappelons d'abord la nécessité de ne pas toucher à la loi de 1905, car il y a tout dedans. Et nous proposons aux maires de France un guide pratique sur tous les sujets du quotidien auxquels nous sommes confrontés. Lorsqu'il y a des zones d'incertitude, nous en appelons aux ministères compétents. Il faut refaire vivre la laïcité car c'est un bien commun très précieux.

    Faut-il refuser à l'école les menus "de substitution", comme le réclame Nicolas Sarkozy?
    Le groupe de travail et le bureau de l'Association des maires de France, composés d'élus de droite, de gauche et du centre, ont travaillé sur ce sujet et se sont prononcés sur une recommandation qui a obtenu un large consensus. D'abord, je rappelle que la cantine est un service public facultatif : l'obligation alimentaire relève des familles. Je rappelle aussi que la cantine a un coût pour le contribuable. Nous proposons donc une idée simple : le refus de tout menu confessionnel. Ne nous laissons pas piéger par les mots! Le terme "menu de substitution" est utilisé par ceux qui veulent utiliser la nourriture au service d'une religion. Mais il n'y a pas de place pour la religion lorsqu'il s'agit de se nourrir. Donc, libre à chaque conseil municipal de décider ou non d'offrir un menu, ou deux s'il en a les moyens et, à l'intérieur de ces menus, pas question de parler de porc ou de poisson. On peut, en revanche, évoquer par exemple le caractère protéiné des menus qu'on donne aux enfants.


    Pourquoi dites-vous qu'il faut interdire les congés demandés pour des fêtes religieuses?
    Cette question se pose pour les agents publics : il n'y a pas de place pour la religion lorsqu'on est au ­service d'un service public dans un pays laïc. Or, il y a de plus en plus de demandes de congés pour des fêtes qui ne sont pas intégrées au calendrier actuel des jours chômés. Le refus doit être la règle. Mais, là aussi, il faut un cadre juridique clair. Nous alertons également l'Ordre des médecins sur des certificats médicaux qui pourraient servir d'alibis, à l'appui de ces demandes dérogatoires qui s'avèrent de plus en plus nombreuses. Si quelqu'un veut s'absenter pour une fête religieuse, il doit le faire en prenant sur ses vacances ou en posant une journée de RTT. Mais il n'a pas à demander une dérogation au droit commun.
     «La laïcité permet à tous les citoyens de vivre ensemble.»

    N'est-il pas excessif de réclamer, comme vous le faites, que les équipes nationales aient sur les terrains un comportement laïquement exemplaire, en demandant par exemple aux joueurs de ne pas se signer?
    Ce sujet est de l'ordre du symbolique. Les fédérations sportives nationales, comme toute structure accompagnée par l'État, pour partie subventionnées par le contribuable et en charge d'une mission de service public, ont à ce titre une pleine et entière responsabilité dans la mise en œuvre du principe de laïcité. Je rappelle que les règles de la Fifa autorisent, par exemple, le port du voile dans le football féminin. C'est inconcevable dans un pays laïc comme la France. Dans un pays laïc, lorsqu'on porte le maillot de l'équipe nationale, on doit s'abstenir de toute manifestation publique de nature religieuse. Ce qui est vrai pour les sportifs l'est aussi pour les élus. Chacun connaissait la ferveur du général de Gaulle, mais il refusait de se signer lorsqu'il était en responsabilité de chef d'État.

    La laïcité ne risque-t-elle pas de devenir trop exigeante, trop restrictive?
    C'est l'inverse : n'a-t-on pas montré trop de faiblesse? Ne nous sommes-nous pas accommodés de trop de facilités, au fond, pour ne pas avoir trop de difficultés au quotidien ? À la lumière de ce qui se passe depuis les attentats du 7 janvier, il est nécessaire pour tous, singulièrement pour les maires, de réaffirmer comment on peut fonctionner intelligemment. La laïcité permet à tous les citoyens de vivre ensemble, quelles que soient leurs croyances et quelles que soient leurs opinions. C'est ce modèle français que je veux protéger.

    Faut-il interdire le port du voile à l'université?
    Nous ne pouvons pas traiter la question à l'université comme nous avons traité le problème à l'école sous la présidence Chirac. À l'université, on a affaire à des majeurs. Le débat pourrait éventuellement s'engager autour du principe de neutralité dans un espace public, autre que l'école, mais c'est à haut risque car il faudrait être certain de la position de la Cour européenne de Strasbourg. Il n'y aurait rien de pire que de faire une loi, par la suite censurée par la Cour de Strasbourg. Donc c'est un sujet à manier avec prudence, même s'il ne faut pas nier l'existence réelle d'une poussée communautariste à l'intérieur de l'université.

    Était-il opportun que Nicolas Sarkozy rouvre le débat sur droit du sol et droit du sang?
    J’avais moi-même, lorsque j’étais ministre de l’outre-mer, ouvert ce débat, mais sur un cas très spécifique : celui de Mayotte. Mon idée était alors de faire réfléchir sur la question de l’immigration clandestine, extraordinairement importante là-bas puisqu’on compte 30 à 40% de clandestins. Mais je ne l’imaginais pas pour la métropole. Le sujet de l’immigration doit certainement être traité d’une autre manière, à travers une réflexion à l‘échelle européenne. Il faut un Schengen 2.


    «Je suis favorable à l'impôt sur le revenu à la source.»
    C’est un piège, ce débat?
    Cela a le mérite de faire réfléchir. Mais à l'heure où nous parlons, il y a un problème d'asile politique avec des questionnements sur nos capacités d'accueil et un problème d'immigration en termes d'intégration à l'échelle européenne. Une politique d'immigration doit avant tout répondre aux besoins d'un pays, elle est donc liée à  sa situation économique et démographique. Prenons l'exemple de l'Allemagne avec un vieillissement de la population et une faible démographie, peu de chômage et des besoins pour accompagner la croissance, on ne peut faire un papier-calque de la politique allemande.

    Les collectivités locales - que vous décrivez comme étranglées par la diminution des dotations de l’Etat - ne doivent-elles pas, elles aussi, faire un effort d’économies?
    Personne ne conteste la nécessité pour chacun d’apporter sa contribution à la réduction des déficits. Mais poser la question des déficits, c’est d’abord poser la question de la dette, qui atteint autour de 2000 milliards d’euros. Quelle est la part des collectivités locales, et singulièrement des communes, dans cette dette? Elle est de 4%. 80% de cette dette, c’est l’Etat. La baisse des dotations aux collectivités locales représente 28 milliards d’euros sur quatre ans. C’est absurde, c’est injuste et c’est dangereux. Non seulement parce que cela abîme des services publics de proximité, mais surtout parce que les communes sont des acteurs majeurs d’un des moteurs de la croissance : l’investissement public. Quelque 70% de l’investissement public est porté par les collectivités locales, et plus de 65%  par les communes et groupements de communes. Nous alertons donc, pour l’instant, malheureusement comme un cri dans le désert, autour du risque majeur pris pour la croissance économique française. Cet effondrement  de l’investissement public que nous annonçons - moins 25 à moins 30% dans les deux années qui viennent - aura un coût en terme d’emplois dans les travaux publics, estimé de 60 à 80.000. Nous alertons aussi solennellement sur un autre risque majeur : entre 1500 à 2000 communes sont menacées de faillite d’ici la fin de l’année. Elles seront alors gérées par le préfet qui, représentant de l’Etat, augmentera les impôts pour mettre les comptes à jour. En 2017, plus d’une commune sur deux pourrait être sous la tutelle de l’Etat. Je ne vois pas comment l’Etat peut se permettre de ne pas faire mouvement sur cette question.

    «Il faut un Schengen 2.»
    Quand aurez-vous un nouveau rendez-vous avec Manuel Valls sur cette question?
    Un troisième rendez-vous avec le Premier ministre est prévu autour du 14 juillet. Le dialogue est naturellement républicain. Nous ne sommes pas aujourd'hui assez entendus sur les enjeux que nous portons. Je ne cesse d'alerter l'Etat sur le risque majeur pour nos communes et pour l'économie française. Quelque soit le résultat du rendez-vous, une grande journée nationale d’action est déjà programmée le 19 septembre prochain. Les Maires de France, engagés et responsables, expriment légitimement leurs inquiétudes face aux difficultés annoncées pour les prochains mois. 

    Approuvez-vous le principe du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source?
    J’ai été ministre du Budget. Comme tout ministre du Budget, j’y ai pensé en arrivant. Et je fais partie de la longue liste des ministres qui ne l’ont pas fait… Je suis favorable à la mesure pour son caractère technique de simplicité. Mais je suis aussi favorable à la franchise sur ces questions : oui, il y aura toujours une déclaration à faire, et non il n’y aura naturellement pas une année blanche en 2017, année de l’élection présidentielle. Mais attention : s’il s’agit de la première étape vers une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, ainsi que de la remise en cause du quotient familial, j’y suis radicalement hostile.

    Alain Juppé a-t-il raison, selon son expression, de redouter un "bidouillage" de la primaire de la droite eut du centre?
    Je ne comprends pas tous ces débats. Je suis mobilisé sur d’autres sujets et, pour moi, le calendrier de la primaire n’a pas commencé. Épargnons deux ans de campagne aux français sur ce sujet. Le principe de la primaire a été inscrit dans les statuts pour éviter la destruction de l’UMP après la guerre pour la présidence de l’UMP. C’était  un projet qui nous a évité le pire, mais ce n’est pas dans la nature du parti. Aujourd’hui il n’y a aucune interrogation. Il y a un comité de la primaire. Le bureau politique a validé ce dispositif. Laissons faire les choses et travaillons pour qu'elle se passe bien.

    En disant au micro de RMC qu’un président "n’est pas un enfant trouvé au pied de la crèche", avez-vous voulu suggérer que la primaire va se jouer forcément entre Juppé et Sarkozy?
    Je me suis engagé en politique pour et aux côtés de Jacques Chirac. J’ai appris le service de l’Etat à ses côtés, et j’en ai retenu des leçons. C’est très long pour faire un président de la République d’un grand pays comme le nôtre. Il faut une solide et forte expérience pour aspirer à ce type de responsabilités. Peut-être que l’histoire me démentira, mais la France reste un vieux pays. Les gens choisissent le chef d’Etat, au vu de l’immensité de ses pouvoirs, en fonction de ce besoin d’expérience au service de la France au plus haut niveau de l'Etat.



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