84 ans après le massacre de Babi Yar, les noms de 1 000 victimes ont été révélés
Malgré l'invasion russe, les chercheurs ont numérisé des artefacts de la vie juive en Ukraine, avec de nouvelles informations sur l'assassinat de 33 771 Juifs à Kiev en septembre 1941
Depuis février 2022, date du début de l’invasion russe, l’Ukraine a largement ouvert ses archives gouvernementales, par ailleurs cibles de bombardements russes, explique au Times of Israel Natan Sharansky, président du Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar. Cela a permis à une équipe internationale de chercheurs de rassembler des données éparses et de découvrir ces noms, poursuit-il.
« L’Ukraine est riche de centaines d’années d’histoire juive, sans compter ses plus de 20 millions de documents sur la vie juive », poursuit Sharansky, ancien refuznik russe et politicien israélien par ailleurs président de l’Institut pour l’étude de l’antisémitisme et de la politique mondiale (ISGAP) et du Mouvement de lutte contre l’antisémitisme.
« En partenariat avec la Bibliothèque nationale d’Israël, nous avons déjà numérisé plus de 7 millions de pages issues de plusieurs fonds. Cela nous donne des informations non seulement sur la Shoah mais aussi sur les mariages, les décès, les procédures judiciaires et tous les aspects de la vie juive. »
Lundi, le Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar et la Marche internationale des vivants ont lu 1 031 noms découverts il y a peu sur le site du massacre à Kiev, lors d’une cérémonie qui a fait la part belle à un Kaddish.
À la Bibliothèque nationale de Jérusalem, une lecture similaire a eu lieu suivie d’une discussion sur la question de la mémoire de la Shoah en temps de guerre avec Sharansky, le président de Yad Vashem, Dani Dayan, le président de la Bibliothèque nationale, Sallai Meridor, et l’ambassadeur d’Ukraine en Israël, Yevgen Korniychuk.
La base de données du Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar contient à ce jour 29 671 noms de victimes, d’un âge compris entre neuf mois et 102 ans, avec des détails tels que l’adresse, les parents, la profession et les circonstances du décès.
Babi Yar, ce ravin situé dans la capitale ukrainienne, est le plus grand champ de bataille de la Shoah en dehors des camps de concentration nazis et le site de l’un des massacres les plus sanglants de la guerre.
Une photo d’archive de 1944 d’une partie du ravin de Babi Yar, dans la périphérie de Kiev, en Ukraine, où l’Armée rouge a déterré les corps de 14 000 civils tués par les nazis en fuite, en 1944. L’Einsatzgruppe C est responsable de l’un des massacres les plus notoires, la fusillade de près de 34 000 personnes à Babi Yar, un ravin situé au nord-ouest de la ville ukrainienne de Kiev, les 29 et 30 septembre 1941. (Photo AP, fichier)Les 29 et 30 septembre 1941, à la veille de Yom Kippour, 33 771 Juifs ont été assassinés en l’espace de deux jours.
Durant 36 heures, les Juifs des environs ont reçu l’ordre de se diriger vers le ravin, où ils ont été déshabillés, abattus et enterrés. De nombreuses victimes – essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées – ont été forcées de s’allonger face contre terre sur d’autres cadavres ensanglantés afin que leurs assassins n’aient pas à les déplacer.
Dans les deux années qui ont suivi, ce ne sont pas moins de 70 000 personnes qui ont été assassinées dans ce ravin – Juifs, Roumains, nationalistes ukrainiens ou prisonniers de guerre soviétiques – ce qui porte le nombre de victimes assassinées par les Allemands et leurs collaborateurs locaux à plus de 100 000.
Les opérations de mise à mort ont été interrompues en 1943, lorsque Berlin a ordonné que tous les sites d’exécutions de masse soient fouillés afin que les cadavres soient détruits mais les nouvelles technologies ont récemment permis d’identifier l’emplacement exact de ces atrocités.
« Babi Yar est la plus grande fosse commune d’Europe, le symbole de la Shoah par balles », rappelle Sharansky en utilisant le terme consacré pour désigner les 1,5 million de Juifs tués à l’époque par les forces nazies ou leurs collaborateurs dans l’Union soviétique occupée et ses républiques.
Natan Sharansky à la synagogue symbolique fondée par le Centre commémoratif de Babi Yar (Centre commémoratif de Babi Yar)Après la guerre, l’Union soviétique a tenté de murer la mémoire de Babi Yar, en exhumant les corps et en construisant par-dessus, poursuit Sharansky.
« Ils ont interdit aux gens d’y organiser des cérémonies commémoratives afin qu’ils ne connaissent pas l’histoire. Moi qui suis né là-bas et qui y ait grandi, quand on m’a approché il y a de cela 10 ans pour y ériger un centre commémoratif, cela m’a parlé », confie-t-il.
Pour l’heure, le site du Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar comprend des monuments en hommage à son passé, dont une synagogue originale, conçue pour s’ouvrir et se re fermer à la manière d’un livre, utilisée lors d’occasions spéciales. Plus de 300 000 personnes, dont des dirigeants étrangers et des citoyens ukrainiens, s’y sont rendus depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, en 2022, selon l’institution.
Les travaux de construction de ce qui veut être un vaste musée, plus grand encore que Yad Vashem et d’autres mémoriaux internationaux, ont commencé il y a plusieurs années, mais la guerre les a mis entre parenthèses.
Pour autant, le Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar redouble d’efforts pour développer ses archives, aidé par l’accès aux archives gouvernementales.
Le Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar souhaite créer les archives les plus complètes du genre en Europe de l’Est, avec des chercheurs travaillant dans plus d’une dizaine d’endroits, souvent sous le feu des critiques, pour protéger les documents.
Au-delà des 1 031 nouveaux noms, plus de 2 000 documents ont été mis à jour et corrigés depuis le début de la guerre, souligne le Centre commémoratif de la Shoah de Babi Yar.
Parmi les documents récemment découverts figurent des demandes d’adoption d’enfants rendus orphelins par l’assassinat de leurs parents à Babi Yar, des pétitions de citoyens demandant la reconnaissance légale de la mort de parents à des fins d’héritage, de remariage ou d’aide financière, et des certificats de naissance des années 1920 et 1930 qui ont aidé à identifier les enfants assassinés en même temps que leurs parents.
Conséquences du massacre de Babi Yar à Kiev, en Ukraine, les 29 et 30 septembre 1941, où 33 771 Juifs ont été assassinés en deux jours. (Domaine public)« Dans certains cas, on a trouvé des correspondances entre des certificats de naissance d’un endroit et des noms écrits dans les registres d’autres villes », explique Sharansky. « Les chercheurs d’Odessa et d’ailleurs sont entravés dans leur action par la guerre mais ils savent que c’est sans doute la dernière occasion de sauvegarder ces documents. »
En atteste ce dossier judiciaire de 1946 qui reprend in extenso le plaidoyer de Zindel Kravetsky, qui demande la reconnaissance de la mort de sa femme et de ses trois enfants – Aron, 8 ans, Zoya, 6 ans, et Vova, 4 ans – tous assassinés à Babi Yar. Un autre document évoque le cas de Rakhil Meirovna Kravets, née en 1863, qui a fui Korosten pour se rendre à Kiev au début de la guerre, avant d’y être assassinée dans le ravin de la mort.
Pour Sharansky et tant d’autres, la préservation de ces souvenirs est autant un acte d’autodéfense qu’une commémoration du passé.
« La mémoire est une arme morale contre le déni, l’oubli et la distorsion, [et] la guerre en Ukraine est une guerre idéologique tout autant qu’une guerre de territoire », conclut Sharansky.
« Nous faisons face à des tentatives flagrantes de distordre l’histoire et même de l’effacer. C’est justement en temps de guerre que l’obligation de défendre la vérité se fait plus forte. »
29 septembre 2025
Babi Yar, 1941. Le massacre des Juifs de Kiev restitué dans un documentaire exceptionnel
Christian Ingrao1. En effet. Il y a alors en Ukraine des mouvements nationalistes, comme l’Organisation nationaliste ukrainienne (OUN), créée en 1929. Ces mouvements sont initialement nés pour obtenir l’indépendance de l’Ukraine et résister aux pressions de l’État polonais qui tentait de « poloniser » ces territoires. Puis la résistance se retourne contre l’Union soviétique qui a annexé l’Ukraine occidentale en 1939. Sa population subit alors une invasion, immédiatement suivie de la collectivisation, à partir de laquelle les Ukrainiens combattent l’occupant avec acharnement et ce, d’autant plus qu’ils étaient parfaitement informés de la manière dont l’URSS traitait l’Ukraine orientale. Soviétique depuis 1919, celle-ci avait déjà subi la collectivisation des terres agricoles qui conduisit à la famine des années 1932-1933 et à ses 3,5 millions de morts.
Cela explique-t-il l’accueil enthousiaste que les nazis reçoivent en Ukraine en juin 1941 ?
C.I. Cela explique d’abord que les Ukrainiens haïssent alors majoritairement le pouvoir soviétique et qu’ils espèrent que les Allemands vont leur octroyer l’indépendance. Il faut aussi souligner que les mouvements nationalistes ukrainiens entretiennent une étroite proximité idéologique avec le nazisme, avec lequel ils partagent un anticommunisme et un antisémitisme ataviques. Ils sont donc ravis de voir arriver les Allemands et profitent du désarroi du pouvoir stalinien pour fomenter des révoltes et des pogroms contre les Juifs. Mais quand la Wehrmacht entre dans Kiev, l’idée des autorités allemandes n’est pas de procéder à l’élimination immédiate des Juifs. Si les Einsatzgruppen visent les juifs, les francs-tireurs, les saboteurs, les communistes…, c’est d’abord parce qu’ils sont considérés comme une menace pour la sécurité.
Alors, qu’est-ce qui va conduire au massacre de Babi Yar ?
C.I. En août 1941, les nazis considèrent que la « solution finale de la question juive »
nécessite de déporter tous les Juifs d’Europe au nord de l’Union
soviétique, dans le cercle polaire. Pour installer ceux d’Europe
occidentale et méridionale sur les territoires de l’Est au cours de leur
transit, les logisticiens nazis estiment qu’il faut d’abord faire « de
la place » en exterminant la population juive soviétique.
À partir de la fin de l’été, les Einsatzgruppen se mettent donc à fusiller aussi les femmes et les enfants juifs dont ils croisent la route. En ce qui concerne Babi Yar, cependant, c’est une série d’explosions meurtrières, le 24 septembre, qui joue le rôle de déclencheur. Des bataillons de destruction et de sabotage, laissés sur place par l’Armée Rouge, ont miné les rues du centre de Kiev. Deux états-majors de la Wehrmacht sont décimés, le documentaire en montre d’ailleurs des images exceptionnelles que je n’avais encore jamais vues. Les nazis rejettent immédiatement la faute de ces attentats sur la population juive de la ville et décident que toutes et tous doivent être exterminés immédiatement. La volonté de vengeance et de représailles précipite ainsi l’extermination exhaustive déjà en préparation. Et conduit au massacre de Babi Yar.
« Le 24 septembre 1941, deux états-majors de la Wehrmacht sont décimés à Kiev, le documentaire en montre d’ailleurs des images exceptionnelles que je n’avais encore jamais vues », commente l’historien Christian IngraoC’est donc l’ensemble de la population juive de Kiev qui est massacrée ?
C.I. Oui, il s’agit des 33 771 juifs encore présents à
Kiev à ce moment-là, sachant qu’avant la guerre, en 1937, on en
recensait 224 000. Dans l’intervalle, les soviétiques ont en effet
évacué le plus possible d’entre eux, conscients de l’entreprise
allemande de décimation systématique et massive des juifs soviétiques.
La mise en œuvre du massacre, parfaitement documentée, a impliqué la
coordination d’équipes extrêmement diverses. Les unités de propagande de
la Wehrmacht ont organisé le rassemblement des juifs les 29 et 30
septembre, les Einsatzgruppen sont chargés de la surveillance et des fusillades, (tandis
que des unités de la police auxiliaire ukrainienne contribuent
à « sécuriser » l’opération en surveillant les Juifs rassemblés, afin
que personne ne s’échappe et n’aille raconter ce qui était en train de
se passer. Ce qui ne manqua pas d’arriver, la nouvelle du massacre se
diffusant discrètement dans toute l’Europe, Ndlr). Des groupes d’infanterie ou des unités de pionniers ont ensuite effondré les parois du ravin pour recouvrir les corps.
Pourquoi Babi Yar, massacre des Juifs d’Ukraine, est-il devenu
le visage du génocide des Juifs à l’Est où un million et demi d’entre
eux ont été exterminés entre 1941 et 1943 ?
C.I. Babi Yar devient un symbole en raison de son
caractère inaugural et de son ampleur : comprenez que toute la
communauté juive de la troisième ville soviétique est massacrée en une
opération de deux jours. Il y aura d’autres fusillades par la suite,
mais aucune aussi meurtrière et sordide. Du côté nazi, on peut penser
que Babi Yar est une forme de test, un essai d’extermination massive et
exhaustive par fusillade. À ce moment-là, les commandements
exterminateurs envisageaient de systématiser la méthode partout où ils
veulent tuer des juifs. Mais un mois à peine après Babi Yar, les
rapports des Einsatzgruppen
considèrent que les fusillades massives ne fonctionnent pas assez bien :
lorsque leurs équipes retournent sur les lieux, elles retrouvent
toujours des survivants.
La propagande russe actuelle martèle un passé nazi de
l’Ukraine pour légitimer l’invasion du pays, débutée en février dernier.
Dans ce contexte, comment jugez-vous le film de Sergueï Loznitsa,
réalisé avant l’invasion ?
C.I. Le documentaire adopte une position équilibrée et nuancée. C’est un Ukrainien qui dit aux Ukrainiens : « Il nous faut regarder notre passé en face ». (Pour
se venger de la mainmise soviétique, le nationalisme ukrainien s’est
vendu au nazisme. Les bataillons d’auxiliaires ukrainiens ont participé
sans réserve au massacre des juifs dans une indifférence quasi générale.
La population ukrainienne a toutefois payé un lourd tribut à
l’occupation et a massivement participé à la libération de son
territoire et à la victoire contre le nazisme, Ndlr). Le problème est de voir cette démarche critique et progressiste aujourd'hui pervertie de façon délétère par le régime russe.
En Ukraine, certains courants critiquaient ainsi le film, jugeant que son discours fait le jeu de Moscou. Or, dans ses prises de position depuis l’invasion, le réalisateur Sergueï Loznitsa n’a montré aucune ambiguïté dans son soutien à son pays. Tandis que les Ukrainiens critiques défendaient, eux, un récit antirusse marqué par le nationalisme ukrainien dont le film s’attache justement à montrer la face sombre. Par ailleurs, le cinéaste est totalement à contre-courant du récit soviétique. Son travail montre que les juifs n’ont pas été tués en tant que citoyens soviétiques : ils l’ont été parce qu’ils étaient juifs. (Le découpage du film traduit bien la volonté soviétique de refaçonner ce crime : il montre les différentes modifications du site jusqu’en 1960, qu’il s’agisse de glissements de terrain ou du comblement du ravin opéré par les soviétiques grâce à une décharge voisine, Ndlr).
Exécutions de masse de Juifs par les Einsatzgruppen (« Groupes mobiles d'intervention » du IIIe Reich allemand), en Ukraine, à l’automne 1941Qu’est-il reproché d’autre au documentaire ?
C.I. De ne s’intéresser qu’aux juifs morts à Babi Yar,
alors que quelque 100 000 personnes y ont été tuées entre 1941 et 1943,
parmi lesquelles des prisonniers de guerre soviétiques, des Roms ainsi
que 400 militants nationalistes. C’est un discours auquel je n’adhère
pas. Même si on peut reprocher à Sergueï Loznitsa certaines ellipses,
son propos s’oppose fondamentalement au vieux récit stalinien qui
subsume toutes les victimes en une seule catégorie. Il permet de
restituer la singularité du destin des juifs de Kiev. Son film est une
exceptionnelle leçon d’histoire alors que la mémoire ukrainienne
demeurait jusqu’à peu pour le moins lacunaire : des trois projets de
mémorial évoqués depuis 2000, aucun n’a vu le jour, pour des raisons
devenues très complexes, sur fond de potentielles tentatives
d’instrumentalisation.
Dépourvu d’entretien et de commentaire en voix-off, le film
adopte dans sa forme un parti pris radical. Quelle impression en
gardez-vous ?
C.I. J’en garde un souvenir très fort car j’ai pu le
découvrir sur les lieux mêmes du massacre, dans le ravin de Babi Yar,
lors de la commémoration des 80 ans, en octobre 2021. J’apprécie aussi
le film pour sa rigueur et sa valeur scientifique : le discours, très
précis, s’appuie sur une extraordinaire et unique recherche
documentaire. Je salue le choix de Sergueï Loznitsa de ne jamais tomber
dans la surenchère émotionnelle en évitant de montrer des images dont la
violence pourrait submerger le spectateur. Ces images existent
pourtant. Celles des exactions perpétrées dans les pogroms en Ukraine
glacent le sang. En choisissant de ne pas les inclure au film, le
réalisateur laisse à chacun la possibilité de se faire un point de vue.
L’absence de commentaires, au profit de simples cartons situant la
chronologie et la géographie des événements, contribue à ce soin
particulier.
Comment ce sombre épisode de l’histoire a-t-il croisé vos recherches ?
C.I. Mes premiers travaux de recherche portaient sur
les intellectuels enrôlés en tant qu’officiers dans la SS et à la tête
d’organes de répression (Gestapo, Service de sécurité, Einsatzgruppen),
or certains d’entre eux étaient présents à Babi Yar et ont contribué au
massacre. Vous savez, ce que la recherche en histoire travaille à
établir aujourd’hui concerne plutôt l’enchaînement des événements, car
les faits eux-mêmes, les violences nazies, sont clairement établis : on
est en mesure de reconstituer pratiquement jour par jour les massacres
commis… Il s’agit donc plutôt de comprendre la logique qui sous-tend
certaines décisions, comme par exemple celle, prise en trois jours, de
clôturer le ghetto de Minsk, en Biélorussie, puis de fusiller tout le
monde en octobre 1941.
Les archives ouvertes après la chute du Mur de Berlin, les témoignages,
et les sources judiciaires ont permis de faire énormément de progrès
dans ce sens depuis vingt-cinq ans. Mais de grandes interrogations
subsistent. Par exemple, on manque encore d’une vision précise de la
façon dont s’agençaient les relations des différents organes de
répression du IIIème Reich avec les administrations des camps de
concentration. On ne retrouvera jamais la majorité des sources produites
à l’époque, 90 % d’entre elles ont été détruites par les bombardements
alliés ou par les nazis eux-mêmes. ♦
Pour en savoir plus :
Le documentaire « Babi Yar. Contexte »(link is external),
réalisé par Sergueï Loznitsa, est sorti dans les salles le 14 septembre
2022. Il a reçu le Prix spécial du Jury de l’œil d’or au Festival de
Cannes 2021.
- 1. Christian Ingrao est historien, spécialiste des violences nazies, directeur de recherche au CNRS au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (unité CNRS/EHESS).



































