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novembre 08, 2025

France et paupérisation en cours et pourtant l'argent est là !!

 Jacques Attali révèle que les Français sont plus pauvres que les Maltais. 

"Le niveau de vie des Français est inférieur au niveau de vie des Maltais. Nous sommes en déclin, ça va s'aggraver si on n'agit pas rapidement." (LCI)

Pourquoi les Français s’appauvrissent Héritier ou déclassé ? 

Aujourd’hui, la France se scinde en deux : ceux qui héritent et les autres, étouffés par les prix de l’immobilier et l’absence de perspectives. Un déclassement qui nourrit notre obsession pour l’égalité, mais qui détruit nos possibilités de progression sociale. Peut-on encore renouer avec le rêve français ? 

« Plus de justice sociale » ! Pour les syndicats, les politiques et les médias, cette revendication est devenue un mantra. Tous jugent notre société profondément déséquilibrée et injuste. La France, malgré sa nouvelle et néfaste instabilité politique livrée aux populismes, est pourtant loin d’être l’enfer inégalitaire décrit. 

La passion nationale pour l’égalité a généré 80 ans d’ingénierie redistributive d’une efficacité redoutable. Ainsi, un ménage aisé (appartenant aux 10 % les plus riches) dispose d’un revenu annuel primaire de 127 270 € par an, contre 6 980 € pour les plus pauvres. Après prise en compte des prélèvements, des allocations et des services publics, les revenus deviennent respectivement de 78 480 € et 25 330 €. Autrement dit, notre mécanique de redistribution élargie permet à un ménage pauvre d’aller au-delà du triplement de son revenu annuel, réduisant l’écart avec les plus riches de 1 à 18, à… 1 à 3. Face à cette efficacité qui devrait trôner au panthéon de nos fiertés nationales, des dizaines, voire des centaines de milliers de nos concitoyens continuent de dénoncer notre prétendue injustice redistributive, et brandissent des avatars divers et variés de rétorsion comme la Taxe Zucman ou le retour de l’ISF.

 

Fausses injustices, vrais appauvrissements 

 Comment l’expliquer ? Tocqueville disait dans « De la démocratie en Amérique » que : plus les inégalités se réduisent, plus les inégalités résiduelles sont perçues comme insupportables. Or ici ce volet « résiduel » est alimenté par la conjonction de trois perceptions : un sentiment d’injustice fiscale, un autre de déclassement relatif et un dernier d’appauvrissement généralisé. 

Le premier est entretenu par l’injection régulière de fausses données dans le débat public concernant la contribution réelle des « ultras riches » au système fiscal, qui serait bien moindre en proportion que celle des plus pauvres. Une analyse basée sur une lecture biaisée – à dessein ou involontairement – des travaux en la matière et qui, malgré sa correction par de nombreux économistes, libéraux comme keynésiens (Gilles Ravaud et François Geerolf en tête), continue d’ancrer cette vision au cœur du ressenti national. 

Le deuxième, touchant particulièrement les jeunes, est alimenté par la comparaison générationnelle des niveaux de vie, notamment avec les seniors s’étant épanouis durant les Trente Glorieuses et bénéficiaires du plein emploi, mais aussi des conditions macroéconomiques ayant facilité leur accès précoce à la propriété immobilière. Les travaux de l’économiste Maxime Sbaihi montrent que cette nouvelle génération est loin d’atteindre le même confort de vie, particulièrement en matière de logement, que celui de ses grands-parents. Ce qui impacte directement notre démographie en créant une forte disparité entre la natalité souhaitée (2,3 enfants) et la natalité subie (1,6 enfant). 

Cette question du logement est au cœur des préoccupations liées au pouvoir d’achat des citoyens. Absorbant 22 % des dépenses d’un ménage (contre 16 % il y a 20 ans), avec d’importantes disparités selon l’âge (les moins de 30 ans y allouent 32 % quand les plus de 65 ans n’y consacrent que 14 %), le poids des dépenses de logement dans les dépenses incompressibles d’un ménage est de 65 %, quel que soit son niveau de vie. Mais là où les plus précaires y allouent une grande partie (82 %) au paiement d’un loyer, les plus riches en consacrent 52 % au remboursement de prêts immobiliers. La raison est assez simple : l’apport initial nécessaire à l’achat est passé de trois années de revenus dans les années 2000 à cinq années aujourd’hui. Une situation qui pousse les économistes Arrondel et Masson à lier la forte probabilité d’achat d’une résidence principale avec la réception d’un héritage ou d’une donation précoce*. 

Cette situation nous amène au troisième sentiment, celui de l’appauvrissement généralisé. La France a complètement oublié que le moteur de sa prospérité était la productivité, seul réacteur pouvant à la fois augmenter le revenu réel des salariés et diminuer leur temps de travail, tout en finançant notre modèle social. En son absence, il n’est tout simplement pas possible d’opérer une redistribution efficace et pérenne. Or, ce manque brise le potentiel dynamique d’une société et rend caduques les ambitions d’une génération rêvant de vivre mieux de son travail que celle de ses aînés. Hélas, ce fait est l’une des caractéristiques de notre pays, largement en retard sur ses voisins. Ainsi, depuis les années 2000, la productivité française n’a progressé en moyenne que de 0,8 % par an, contre 1,3 % pour l’OCDE, 1,2 % pour l’UE et 1,8 % pour les États-Unis. Soit, à partir de 2016, la 5e plus faible progression au sein de l’OCDE. Or, comme par enchantement, il s’agit peu ou prou de la hausse moyenne des salaires sur la période, montrant que lorsque son moteur principal est grippé, le pouvoir d’achat ne progresse plus.

Une France d’héritiers 
 
Notre faible productivité fait aujourd’hui rebasculer la France dans une société d’héritiers. Le CAE démontrait ainsi il y a quelques mois que la part de l’héritage dans le patrimoine des Français était passée de 35 % au début des années 1970 à 60 % aujourd’hui. De son côté, Antoine Foucher a rappelé l’année dernière qu’en se fondant sur la dynamique salariale actuelle, il fallait près de 80 ans pour doubler son pouvoir d’achat, quand 15 années suffisaient dans les années 70. Il est d’autant plus cruel de se rappeler que si la France avait connu la même croissance de la productivité horaire que la moyenne de l’UE, nous serions aujourd’hui tous 16 % plus riches. Et c’est cette absence de progression constatable du niveau de vie, qui non seulement accentue le sentiment d’appauvrissement des salariés, mais également freine notre mobilité sociale. Une valeur encore relativement dynamique jusqu’au cœur des années 1990, sous l’impulsion de gains de productivité vivaces, et aujourd’hui atone. L’OCDE estime qu’il faut six générations pour une famille modeste en France pour atteindre le niveau de vie moyen. C’est une de plus qu’aux États-Unis et presque deux de plus que la moyenne de ses membres. Et la raison en est simple : il est difficile de parvenir à augmenter son revenu quand il n’y a plus de croissance et que les dépenses contraintes prennent une place aussi fondamentale dans le budget des ménages. Et il est encore moins envisageable de parvenir à se constituer un patrimoine dans ces conditions.
 

Mettre fin au déclassement 
 
Nous avons donc, en délaissant le moteur principal de notre prospérité et en taisant sa chute lancinante, créé la crise sociale qui éclate sous nos yeux. Et en aucune manière une Taxe Zucman ou un autre artifice fiscal, en affectant notre compétitivité et l’investissement des entreprises, ne pourra y répondre. Pire, ce serait le meilleur moyen d’aggraver la situation. Or, la voie impérative à suivre consiste à renouer avec la croissance de notre productivité, par l’innovation et la concurrence. C’est la précieuse et heureuse leçon donnée par le prix Nobel d’économie 2025, tout juste attribué à Philippe Aghion. Espérons alors que son ordonnance soit massivement partagée par les médias, avec la même vigueur qu’ils l’ont fait pour les idées de Gabriel Zucman. Cela nous permettra de poser enfin le bon diagnostic sur les maux économiques de notre pays, et d’en finir avec ce débat lié à la justice fiscale qui ne fait que masquer l’ampleur du sentiment (justifié) de déclassement de nos concitoyens. 
 
*Inégalités de patrimoine entre générations : les donations aident-elles les jeunes à s’installer ? Luc Arrondel, Bertrand Garbinti et André Masson, 2014 
 lel.media


Redémarrer le moteur français

« De l’argent, il y en a. » La France se voit encore comme un pays riche, alors qu’elle enchaîne les prêts pour maintenir son train de vie. Un déni qui l’empêche de voir le vrai problème : le moteur de notre prospérité a calé.

Rarement la construction d’un budget aura été aussi douloureuse. Responsabilisés par la situation politique, les députés devaient tricoter une loi de finances cohérente, en accord avec le contexte économique d’un pays fragilisé par un demi-siècle de déficits chroniques. À la place, ils ont laissé exulter leur surmoi fiscal sans aucune modération, rivalisant d’ingéniosité pour sécuriser la première place mondiale de la France en matière de prélèvements obligatoires.

Si la nécessité de réduire drastiquement le déficit est immédiate, il est préjudiciable d’abandonner toute réflexion structurelle sur les causes ayant mené à cette situation.

Il y a deux facteurs expliquant l’endettement de la France : le montant pharaonique de ses dépenses publiques, conséquence d’une omniprésence de l’intervention de l’État, et le déni sur la richesse réelle de notre pays.

Imaginons un ménage qui, malgré des revenus devenus modestes par la faute d’aléas de la vie, continue de vivre comme durant ses années fastes : grand appartement, voiture de sport, restaurants étoilés. À force de dépenser plus qu’il ne gagne, ses dettes s’accumulent et chaque fin de mois devient un casse-tête. C’est exactement la situation de la France, qui continue d’avoir des dépenses, notamment sociales, dignes de pays largement excédentaires, alors que sa capacité à créer de la richesse s’est largement essoufflée.

Nous sommes enfermés dans une hallucination collective, alimentée par des élus affirmant que la France est un pays suffisamment opulent — ou disposant de suffisamment de riches à taxer — pour maintenir son train de vie. Il n’est donc pas étonnant qu’en retour la principale demande des citoyens soit une augmentation de leur pouvoir d’achat. Or, ce dernier ne se décrète ni à Bercy ni à l’Assemblée : il se construit au sein des entreprises. Si un élu peut modifier à la marge le taux ou l’assiette d’un impôt ou d’une cotisation pour redistribuer la richesse à disposition, à dépenses équivalentes, il ne pourra se substituer au réel moteur de la hausse des salaires : la productivité.

Ce concept un peu obscur est à la base de notre prospérité. La productivité reflète notre capacité à créer de la richesse sur un temps de travail donné. Un boulanger, par exemple, s’il produit 100 baguettes par heure, générant chacune 10 centimes de valeur ajoutée, aura alors une productivité horaire de 10 euros. Si, par l’amélioration de son art, le recours à un four plus performant ou la mise en place d’une meilleure organisation, il se met à en produire 150 par heure, alors sa productivité aura augmenté de 50 %. Il s’agit donc d’un indicateur mesurant l’efficacité réelle du temps de travail d’un salarié.

Dans ce domaine, la France s’est toujours enorgueillie d’avoir la meilleure productivité horaire au monde. C’est hélas rigoureusement faux. Si l’on analyse les données de l’OCDE en la matière, l’Hexagone n’a jamais dépassé la cinquième place depuis 2000. Et depuis le Covid, il est tombé à la dixième position.

Erwann Tison

https://lel.media/redemarrer-le-moteur-francais/ 


 



octobre 29, 2025

Le Zucmanisme: "çà s'en va et çà revient" cependant très médiatisé sur les chaînes publiques !!

Articles précédents sur cette fameuse taxe Zucman, voire qui s'y rapporte !
Les six erreurs de Gabriel Zucman
 
 « Les chiffres, on leur fait dire ce que l’on veut. » Un art que Gabriel Zucman semble maîtriser à la perfection, tant ceux qu’il cite dans les médias sont sujets à caution. 
Décryptage. 
 
« Les ultra-riches paient moins d’impôts que la moyenne des Français » 
Gabriel Zucman l’a lui-même admis lundi soir sur le plateau de Darius Rochebin : après transferts, les milliardaires ne paient pas moins d’impôts que le Français moyen, mais davantage que les cadres supérieurs — une catégorie fortement mise à contribution, au point que la France peine à retenir les meilleurs profils et à attirer les talents étrangers. 
 
Car les Français ne se contentent pas de payer des impôts : ils profitent aussi d’un des systèmes les plus redistributifs du monde. Plus de la moitié d’entre eux reçoivent davantage qu’ils ne versent. Ce mécanisme permet aux ménages les plus pauvres de tripler leurs revenus, réduisant l’écart avec le dernier décile de 1 à 18 à 1 à 3. Une évidence que l’économiste omet dans la plupart de ses interventions. 
 

 
En réalité, même ce constat d’« ultra-riches » moins imposés que les « riches » reste discutable. Zucman inclut dans les revenus des milliardaires les bénéfices non distribués des sociétés qu’ils possèdent. Autrement dit, si une entreprise réinvestit ses gains — pour acheter une machine, par exemple — il considère que les actionnaires s’enrichissent, même sans percevoir un euro. Mais peut-on vraiment qualifier cela de revenu ? 
 
« En trente ans, le patrimoine des ultra-riches est passé de 6 % à 46 % du PIB »
 Présentée ainsi, l’affaire paraît scandaleuse. Mais l’analogie de Gabriel Zucman est trompeuse : elle oppose un stock (le patrimoine) à un flux (les revenus). 
 
Imaginez : vous possédez une maison dont la valeur double — parce que les taux baissent, que l’État freine la construction ou simplement parce que Sydney Sweeney emménage à côté — tandis que votre salaire est divisé par deux après une perte d’emploi. Mécaniquement, votre patrimoine quadruple vis-à-vis de vos revenus, alors que vous ne vous êtes pas enrichi. 
 
Dans les faits, la part du patrimoine net détenue par le top 1 % n’est passée que de 24,6 % en 1996 à 27,2 % en 2023, selon le World Inequality Database … dont Gabriel Zucman est scientific co-director. Une statistique beaucoup moins percutante, largement liée à la réussite des entreprises françaises du luxe en Chine — et non à une quelconque « prédation ». 
 
« Le rendement du capital est de 6 %, ils peuvent bien payer 2 % » 
En 2025, le rendement moyen du CAC 40 devrait atteindre 3,3 %. Pour plusieurs groupes, comme Dassault, Safran, Hermès ou Airbus, il sera même inférieur à 2 %. Leurs actionnaires, soumis à la taxe Zucman, paieraient donc davantage qu’ils ne perçoivent. 
 
D’où vient cette différence d’appréciation ? Gabriel Zucman ne compte pas que les dividendes versés, mais aussi, encore une fois, l’augmentation de la valeur de la société — tant pis si celle-ci baisse l’année suivante. 
 
Le cas de Mistral AI, valorisée 12 milliards d’euros et dont 10 % appartiennent à Arthur Mensch, est symptomatique. Avec la taxe Zucman, il devrait verser 24 millions d’euros par an, alors que l’entreprise ne réalise aucun bénéfice et que ses revenus personnels restent très inférieurs. Si la société ne résiste pas à la féroce concurrence de Google, OpenAI, Grok ou Anthropic, cette aventure lui aura coûté plusieurs dizaines de millions d’euros. Ruiné par le fisc avant même de gagner de l’argent ? De quoi décourager bien des entrepreneurs. 
 
« Ce n’est pas une taxe sur les entreprises » 
C’est un autre mantra répété à l’envi : seuls les particuliers seraient touchés, pas les entreprises. Une pirouette sémantique surprenante, puisque la base même de la taxe repose sur la valorisation des sociétés, non sur les revenus de leurs actionnaires. En pratique, pour s’en acquitter, un chef d’entreprise devrait se verser des dividendes — au détriment de l’investissement — ou céder une part du capital, au risque d’affaiblir la gouvernance. 
 
L’idée de vendre des actions aux salariés peut sembler séduisante, mais elle ne tient pas économiquement : pour racheter celles des fondateurs de Mistral AI, chacun des 250 employés devrait verser 250 000 euros par an. 
 
« Ma taxe va rapporter 20 milliards »
Pour étayer son estimation, Gabriel Zucman cite une note du Conseil d’analyse économique (CAE). Or, celle-ci dit tout autre chose. En intégrant les effets sur la production et l’expatriation, elle chiffre les pertes pour l’économie française à 30 milliards d’euros. Le choc équivaudrait à 1 % du PIB, soit davantage que la croissance actuelle. Car taxer le capital revient à fragiliser l’un des moteurs essentiels de la richesse : celui qui finance l’investissement et le développement des entreprises. 
 
Pour l’État, cela se traduirait par un manque à gagner de 14 milliards, compte tenu d’un taux de prélèvements de 46 %. Au final, sur les 20 milliards espérés, il ne resterait que 6 milliards de recettes publiques pour 30 milliards de pertes privées. Loin, très loin des 170 milliards de déficit à combler. 
 
 A lire : Zucman Light ? Le poids lourd de l’impôt (Trop dangereuse, la taxe Zucman ? Vive la maxi taxe Zucman ! Le parti socialiste a réussi un tour de force sémantique : qualifier de “light” une version qui impose davantage de contribuables, dans de plus grandes proportions. Analyse d’une manipulation.)
 
 

 
« L’exil fiscal s’évite avec une exit tax » 
Dernière contradiction : Gabriel Zucman affirme que sa taxe ne ferait pas fuir les entrepreneurs, tout en proposant une « exit tax » pour ceux qui partiraient malgré tout. 
 
Le principe n’est pas nouveau. Créée en 2011 sous Nicolas Sarkozy, cette taxe a été allégée en 2018, jugée trop dissuasive pour les fondateurs de start-up. Son rendement fut dérisoire : à peine 28 millions d’euros par an, en grande partie parce qu’il est presque impossible pour le fisc de taxer efficacement les expatriés.
 
 Dans la version de l’économiste, les contribuables resteraient imposables jusqu’à dix ans après leur départ. Ce ne seraient plus seulement les résidents, mais tous les citoyens français qui risqueraient l’insolvabilité en cas de bulle temporaire sur la valeur de leur entreprise. 
 
Toutes ces mises en scène statistiques trahissent l’ambition revendiquée par Gabriel Zucman : s’exprimer en chercheur plutôt qu’en militant en quête de droits d’auteur. Ses choix sémantiques semblent davantage chercher à susciter l’émotion qu’à éclairer le débat. Au risque d’oublier l’essentiel : sa taxe risque-t-elle de détourner les investissements de notre territoire et d’offrir sur un plateau les entreprises françaises aux puissances étrangères ? Si c’est le cas, les quelques milliards récupérés par l’État n’amélioreront en rien le sort des Français — bien au contraire.
 
@Cobra_FX_
 

 

Le mot Zucman a été mentionné plus de 857 fois (sans compter le service public) sur les 5 principales chaînes d’infos depuis 7 jours. (CNEWS) La propagande communiste n’est jamais finie.
 


𝐋𝐄𝐒 𝐃𝐑𝐎̂𝐋𝐄𝐒 𝐃𝐄 𝐂𝐀𝐋𝐂𝐔𝐋𝐒 𝐃𝐔 𝐏𝐑𝐎𝐅𝐄𝐒𝐒𝐄𝐔𝐑 𝐙𝐔𝐂𝐌𝐀𝐍
 
« Les milliardaires ne paient pas d’impôt sur le revenu », c’est le titre provoquant de l’essai que vient de publier Gabriel Zucman.
Et on répète à l’envie : « Les milliardaires paient moins qu’une infirmière ». Cette phrase fait mouche, elle est reprise en boucle dans les media.
Ces slogans fonctionnent parce qu’ils flattent un réflexe d’indignation, pas parce qu’ils décrivent la réalité.
Le professeur Zucman s’appuie sur des calculs qui tordent les définitions : il compare des revenus fiscaux réels pour les uns avec des « revenus économiques » fictifs pour les autres.
Et forcément, quand on ajoute des revenus imaginaires, on peut faire baisser n’importe quel taux d’imposition sur le papier.
On veut faire croire que les riches échappent à l’impôt, et pourquoi pas, que la France est devenue un eldorado fiscal pour les ultra milliardaires.
 
En réalité, 𝐥𝐚 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐬 𝐝𝐞́𝐯𝐞𝐥𝐨𝐩𝐩𝐞́ 𝐨𝐮̀ 𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐭𝐫𝐢𝐦𝐨𝐢𝐧𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐚𝐱𝐞́ 𝐚𝐮 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 : 4,2 % du PIB, contre 1,9 % en moyenne dans l’OCDE.
Devant le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne.
Et la redistribution y est massive : avant impôts et transferts,𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐫𝐢𝐜𝐡𝐞𝐬 𝐠𝐚𝐠𝐧𝐞𝐧𝐭 𝟏𝟖 𝐟𝐨𝐢𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐮𝐯𝐫𝐞𝐬. Après redistribution, 𝐜𝐞𝐭 𝐞́𝐜𝐚𝐫𝐭 𝐭𝐨𝐦𝐛𝐞 𝐚̀ 𝟑.
Près de la moitié des foyers fiscaux ne paient pas d’impôt sur le revenu. 𝐋𝐞𝐬 𝟏𝟎 % 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐚𝐢𝐬𝐞́𝐬 𝐩𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝟕𝟓 % 𝐝𝐞 𝐥’𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞. Le 1 % le plus riche paie autant que les 90 % les moins riches réunis.
A la base du raisonnement du professeur Zucman, il y a un chiffre : « tous prélèvements obligatoires compris, 𝒍𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒊𝒃𝒖𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒊𝒍𝒍𝒊𝒂𝒓𝒅𝒂𝒊𝒓𝒆𝒔 𝒆𝒔𝒕 𝑫𝑬𝑼𝑿 𝑭𝑶𝑰𝑺 𝑷𝑳𝑼𝑺 𝑭𝑨𝑰𝑩𝑳𝑬 𝒒𝒖𝒆 𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝑭𝒓𝒂𝒏𝒄̧𝒂𝒊𝒔 𝒎𝒐𝒚𝒆𝒏 ».
Des Français moyens, dit-il, qui payent 52 % de leur revenu en impôts.
D’éminents économistes contestent d’ailleurs un tel calcul qui ne prend pas en compte les transferts sociaux dont bénéficient une grande partie des Français.
𝐀 𝐜𝐞 𝟓𝟐%, 𝐢𝐥 𝐨𝐩𝐩𝐨𝐬𝐞 𝐥’𝐢𝐦𝐩𝐨̂𝐭 𝐩𝐚𝐲𝐞́ 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐫𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐧𝐞 𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝟐𝟔%.
Pour cela, c’est simple, 𝐚𝐮 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞, 𝐢𝐥 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐞̀𝐠𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐣𝐞𝐮.
Pour les Français moyens, il calcule le taux d’imposition à partir du revenu fiscal réel.
Mais pour les ultra-riches, 𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐛𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐮𝐧 “𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮 𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞” 𝐟𝐢𝐜𝐭𝐢𝐟 qui ajoute comme un revenu personnel les bénéfices que les entreprises réinvestissent, sans qu’ils soient versés ni imposés.
𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐬𝐢𝐞𝐳 𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐛𝐨𝐮𝐥𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐩𝐚𝐢𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐝’𝐢𝐦𝐩𝐨̂𝐭𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮’𝐢𝐥 𝐠𝐚𝐫𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐛𝐞́𝐧𝐞́𝐟𝐢𝐜𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐜𝐡𝐞𝐭𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐟𝐨𝐮𝐫 𝐩𝐥𝐮𝐭𝐨̂𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞.
On mélange capital et revenu, réinvestissement et consommation. Résultat : une démonstration qui repose sur une illusion comptable.
Chapeau, 𝐮𝐧 𝐛𝐞𝐚𝐮 𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞-𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞 !
En réalité, le fisc français perçoit sur l’activité de notre milliardaire en 2025 :
- 𝐥’𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐛𝐞́𝐧𝐞́𝐟𝐢𝐜𝐞𝐬 𝐫𝐞́𝐚𝐥𝐢𝐬𝐞́𝐬 𝐞𝐧 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 (l’impôt sur les sociétés (IS), la contribution sociale sur l’impôt sur les sociétés et la contribution exceptionnelle pour les sociétés au chiffre d’affaires de plus de 3 milliards d’euros);
- 𝐥’𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐯𝐢𝐝𝐞𝐧𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐞𝐫𝐜̧𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐫𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞 (le prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax), la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) et la contribution différentielle sur les hauts revenus). 
 
Prenons un exemple simple.
Sur 100 euros de bénéfice, le fisc reçoit d’abord 25 % d’impôt sur les sociétés, plus les contributions additionnelles : au total, 𝟑𝟔 % 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐢𝐦𝐩𝐨̂𝐭𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧.
S’il perçoit ensuite un dividende, le milliardaire paie 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐥𝐞̀𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐟𝐨𝐫𝐟𝐚𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 (𝟑𝟎 %), plus les contributions sur hauts revenus.
Résultat : 𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝟔𝟎 % 𝐝’𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐜𝐮𝐦𝐮𝐥𝐞́𝐞. Et si l’on ajoute la TVA sur la consommation, comme le fait Zucman pour le Français moyen, 𝐨𝐧 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐞 𝐚̀ 𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝟔𝟖 %.
Alors, 26% ou 68% ? 
 
𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐢𝐜𝐢 𝐚𝐮 𝐜œ𝐮𝐫 𝐝𝐮 𝐝𝐞́𝐛𝐚𝐭.
Nous avons calculé notre taux à partir de dividendes entièrement versés dans la poche de nos milliardaires.
Le professeur Zucman, lui, nous dit que les dividendes ne sont pas versés à nos milliardaires - qui n’en ont en effet pas besoin pour vivre - mais envoyés dans les holdings qu’ils contrôlent.
Si on prend une photo, il a raison. Mais il n’a rien compris au film.
Les holdings ne sont pas des coffres-forts où l’on planque son argent pour échapper au fisc.
Les fonds restent dans le circuit économique.
Les holdings financent des investissements, des rachats, des startups.
Les holdings créent de la valeur, de la croissance, des emplois.
 
𝐋𝐞𝐬 𝐡𝐨𝐥𝐝𝐢𝐧𝐠𝐬 𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐬𝐭𝐫𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐮 𝐟𝐢𝐬𝐜, 𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐨𝐧𝐭 𝐚𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐦𝐮𝐥𝐭𝐢𝐩𝐥𝐢𝐞𝐫 𝐬𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬.
C’est ce que nous allons bientôt voir.
 
Alain Madelin


octobre 24, 2025

Une taxe Zucman pour l'agriculture, version " géorgisme"

L’impôt parfait n’existe pas. Le moins mauvais, oui.

« taxer la terre, pas les hommes ». Dans la grande galerie des « ismes » où s’exposent les courants politiques et économiques, nul n’ignore l’existence du communisme, du keynésianisme ou du libéralisme. Mais avez-vous déjà entendu parler du géorgisme ? Probablement pas. Tombée dans les oubliettes de la pensée, cette théorie pourrait pourtant être le chaînon manquant entre justice sociale, efficacité économique et transition écologique.  

Rien que ça !

 


 

Elle est née il y a près de 150 ans aux États-Unis, dans le cerveau — et surtout grâce à l’observation empirique — d’un journaliste autodidacte de San Francisco, Henry George, dont la vie rocambolesque a sans doute été sa première source d’inspiration. https://lel.media/insert/henry-george-le-prophete-oublie-de-san-francisco/

George n’était ni un marxiste ni un capitaliste pur jus. Il croyait en la liberté, au travail et au progrès — mais il voyait aussi l'injustice d'un monde où la richesse collective finissait dans les poches de ceux qui possédaient la terre. En cette fin de XIXᵉ siècle, les usines se développent bien plus rapidement que les avantages sociaux. Et la Révolution industrielle ne permet pas encore les progrès sanitaires, l’élévation de l’espérance de vie et la réduction des inégalités sociales, qui n’apparaîtront que lors des décennies suivantes. Pourquoi assister-t-on alors à une augmentation de la pauvreté, malgré l’augmentation des richesses et les progrès de la science et de l’industrie ? C'est la question centrale de son ouvrage Progrès et pauvreté, publiée en 1879.

Certes, à l’époque, George n’est pas le seul à être obsédé par ce problème. Il n’a pas lu Marx, mais avait étudié Malthus, qui avait déjà posé son diagnostic : la pauvreté est liée à la surpopulation. Il a également analysé la théorie méritocratique, estimant qu'au fond, les pauvres seraient paresseux ou affligés de tares congénitales. George remet en cause ces approches et explique que le problème vient plutôt de l’organisation sociale, qui privilégie notamment les propriétaires fonciers au détriment du reste de la population. Pour appuyer sur sa démonstration, il utilise ses propres observations. Il prend notamment l’exemple de la famine irlandaise, qui a décimé une immense partie de la population dans un pays — le Royaume-Uni — alors le plus riche de la planète. Selon lui, c’est l’immense concentration de la propriété foncière entre les mains de quelques milliers de seigneurs, possédant 95 % des terres, qui a provoqué la famine. D’où sa conviction : le foncier est une rente qu’il faut taxer, une ressource naturelle qui appartient aux citoyens d’une même nation, tous en étant copropriétaires.

Si certains souhaitent la privatiser, ils doivent dédommager les autres en payant une taxe en fonction de la valeur de la parcelle. C’est le concept de la Land Value Tax (LVT), qui doit remplacer à ses yeux toutes les taxes. L’idée apparaît d’une simplicité désarmante. Quand une ville se développe, quand les transports, les écoles, les hôpitaux améliorent un quartier, la valeur des terrains grimpe. Mais cette plus-value, produite par la collectivité, est captée par le propriétaire du sol. Pourquoi en profiterait-il alors qu’il n’a rien fait pour augmenter la valeur de cette terre ? Henry George propose donc de rendre au public ce que le public a créé, à travers la LVT, qui en retour finance les services publics. Son idée à la force de l’évidence : elle ne punit ni le travail, ni la production, ni l’investissement, seulement la rente.

 

 

Et pourtant, le géorgisme ( https://lel.media/insert/le-georgisme-en-pratique-ou-lidee-vit-encore-aujourdhui/ ) a été relégué dans les marges de l’histoire, entre utopie oubliée et lubie d’économistes hétérodoxes. Pourquoi cela n’a-t-il pas marché ? Proposer de taxer la rente foncière revient à déclarer la guerre aux notables, aux spéculateurs urbains et aux grands propriétaires. Selon Jérémy Boer, infatigable défenseur de la pensée géorgienne sur les réseaux sociaux, c'est l'opposition farouche de ces derniers qui en a eu raison. Ils n’ont eu de cesser de combattre une approche qui avait tout pour leur déplier, notamment en disqualifiant intellectuellement ceux qui oseraient penser comme George. C’est d’ailleurs la thèse soutenue par deux économistes américains, Fred Harrison et Mason Gaffney, dans The Corruption of Economics (1994) : ils démontrent que les propriétaires fonciers n’ont pas hésité à financer des universités et des professeurs afin de « ruiner les thèses de Henry George ». Car, aux yeux de J. K. Galbraith, qui en a préfacé l’édition de 2006, « l’idée georgiste selon laquelle seule la terre devrait être taxée — afin de ne pas imposer ni les profits ni les salaires — risquait de créer une alliance politique dangereuse entre le capital et le travail contre le propriétaire foncier ».

Si la théorie d’Henry George n’a pas percé, elle a quand même connu quelques traductions concrètes dans différents endroits du monde, sans que l’on sache pourquoi elle y a prospéré plus qu’ailleurs. Le géorgisme a finalement été essayé sans jamais régner : des réformes partielles ici ou là, des clubs, des congrès internationaux… mais pas de révolution. À défaut, l’économiste a néanmoins inspiré un vaste mouvement politique, le « géorgisme ». C’est d’ailleurs lui qui a donné à une ardente militante géorgiste, Elizabeth Magie, l’idée de créer le jeu du Landlord’s Game, dévoyé en… Monopoly. https://lel.media/insert/le-jour-ou-monopoly-a-trahi-le-georgisme/

 


 

Des économistes de renom comme Milton Friedman ou Paul Krugman ont également apprécié son approche ; Joseph Stiglitz a même repris à son compte les intuitions de George, en 1977, dans sa Théorie des biens publics locaux. Mais les démocraties de l’époque ont préféré empiler les impôts sur le revenu, sur la consommation, sur le travail — tout sauf sur la rente. Parce que taxer la terre, c'est toucher au nerf du pouvoir : la propriété. Peut-être que le géorgisme a aussi manqué d’un champion politique capable de porter son programme transpartisan, mais hélas jugé trop égalitariste pour la droite et trop libéral pour la gauche. D’ailleurs, Marx, qui a lu Henry George, n’est pas tendre avec son approche, qu’il décrit dans une lettre écrite en 1881 à Friedrich Adolph Sorge comme une « tentative, agrémentée d’un vernis socialiste, de sauver la domination capitaliste et, en réalité, de la refonder sur une base encore plus grande que l’actuelle ».

Pourtant, à la faveur de la crise environnementale, le géorgisme pourrait-il retrouver des couleurs ? L’époque cherche désespérément une théorie capable de sortir de la nasse : croissance plus juste et écologie sans récession. Et si la solution était déjà là, dans les marges jaunes de Progrès et Pauvreté ? Dans le contexte actuel, l’idée prend une dimension nouvelle : taxer le sol, c’est valoriser l’usage efficace de l’espace. Fini les terrains vides en attente de plus-value ; place à la densité, à la justice spatiale, en quelque sorte. Taxer la propriété non productive, c'est aussi un excellent moyen d'alléger le coût du travail, de redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs, de rendre nos entreprises plus compétitives pour renouer avec la croissance.

Cette théorie n’a peut-être donc pas dit son dernier mot. C’est la conviction de deux économistes, Alain Trannoy et Étienne Wasmer. Dans leur livre Le Grand Retour de la terre dans les patrimoines, ils militent pour l'appliquer en France, où « la valeur foncière dans la richesse nationale (8 900 milliards:  https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/dialogues-economiques/le-vrai-monopoly-un-outil-pour-la-solidarite-nationale ) même connaît une croissance continue ». Ils proposent d’instaurer une taxe annuelle de 2 % sur la valeur foncière, contre des allègements sur la fiscalité du travail et du capital. Une façon, à leurs yeux, de répondre aussi bien à l’objectif de zéro artificialisation nette des sols qu’à celui de la modération des prix de l’immobilier. C’est, au fond, le message de George : « la terre appartient aux vivants ». Il serait peut-être temps de s’en souvenir. 

Benjamin Dard 

@BenjaminDard

lel.media       

C'est vrai, c'est du Zucman mais pour les agriculteurs, la TF c'est 50eur/ha, on aurait donc à la place = 2% * 7000 euros = 140 euros ; rappel : bénéfice = 80 à 150 eur/ha (marge brute 150 à 650 eur/ha) https://feve.co/prix-des-terres-agricoles-departements-france#prix et https://modelesdebusinessplan.com/blogs/infos/rentabilite-exploitation-agricole et https://terre-net.fr/foncier-agrico

 

Autres liens:

https://partigeorgiste.substack.com/p/la-reforme-fiscale-ultime


 https://partigeorgiste.substack.com/p/comment-expliquer-levolution-des

octobre 06, 2025

L’effet Laffer du "socialopithèque"

L’effet Laffer : taxer plus pour gagner moins

En Norvège, la taxe façon Zucman vire au fiasco. Au Royaume-Uni, la chasse aux riches déclenche un exode massif. Pourtant, la classe politique française s’obstine à croire qu’augmenter l’impôt sauvera les finances publiques. Dans un pays déjà asphyxié par les prélèvements, taxer plus, c’est récolter moins — et hypothéquer l’avenir.
 
1974, dans un restaurant de Washington. L’économiste Arthur Laffer griffonne une courbe sur une serviette en papier pour convaincre deux conseillers du président Gerald Ford d’une idée simple : taxer à 0 % rapporte 0, taxer à 100 % rapporte 0. Entre les deux existe une nuance efficace pour l’État. Franchissez-la, et chaque micron d’impôt supplémentaire détruit plus de richesse qu’il n’en collecte.

Cinquante et un ans après ce repas, cette idée n’a jamais été aussi centrale, tandis qu’en France, de la taxe Zucman à celle sur le patrimoine financier, l’offensive politico-médiatique pousse à instaurer des prélèvements toujours plus lourds sur les plus fortunés qui n’ont pas encore quitté le pays.
Des expériences récentes doivent pourtant nous alerter. Elles se sont toutes avérées désastreuses.

La faillite du “Zucman norvégien”

En 2022, la Norvège a décidé de taxer davantage les patrimoines les plus élevés en durcissant son impôt sur la fortune (formuesskatt) et en alourdissant la taxation des dividendes. Le taux marginal de l’impôt sur la fortune est ainsi passé à 1,1 % pour les patrimoines dépassant 20 millions de couronnes (environ 1,7 million d’euros), avec une particularité redoutable : cet impôt s’applique sur la valeur de marché des actifs, imposant ainsi les plus-values latentes — c’est-à-dire avant même leur réalisation.
Pire encore, voilà un piège fiscal redoutable : l’État norvégien taxe désormais 75 % de la valeur des entreprises (contre 55 % avant), même si cette valeur n’existe que sur le papier. Et pour payer cet impôt sur des gains non réalisés, les propriétaires doivent verser des dividendes… eux-mêmes taxés à 37,84 %. Un cercle vicieux où l’impôt s’auto-alimente. Le gouvernement de centre gauche tablait sur un gain annuel de 1,5 milliard de couronnes norvégiennes (environ 128 millions d’euros).
En réaction, plus de 30 milliardaires et multimillionnaires ont quitté le pays en 2022 — plus que durant les treize années précédentes réunies. La Suisse, avec son impôt sur la fortune plafonné à 0,3 % dans certains cantons et l’absence d’imposition des plus-values mobilières privées, est devenue la terre promise de cet exode fiscal. Un cas illustre l’ampleur des dégâts : le départ de l’industriel Kjell Inge Røkke représenterait à lui seul une perte annuelle de 175 millions de couronnes pour le fisc norvégien (environ 15 millions d’euros).
Au total, entre septembre 2022 et avril 2023, foyers norvégiens fortunés, dont 80 classés comme « très riches », se sont installés en Suisse, emportant avec eux leur contribution globale aux finances publiques : impôt sur le revenu, cotisations sociales, TVA sur leur consommation, etc.
Une analyse du média Citizen X a estimé la perte nette de revenus fiscaux à environ 381 millions d’euros, soit trois fois le gain initialement projeté pour les hausses d’impôt. La prévision gouvernementale reposait sur une analyse statique, supposant que la base imposable resterait inchangée.
 

 
Au-delà des recettes fiscales perdues, c’est toute l’économie productive qui souffre. En imposant chaque année la valeur latente des actions d’entreprise, le système force les entrepreneurs à ponctionner régulièrement le capital de leur société pour s’acquitter de l’impôt. Cette décapitalisation récurrente ampute leur capacité à investir, innover ou embaucher — en plus d’être vexante.
Une étude du National Bureau of Economic Research (NBER), menée sur des données scandinaves, en quantifie l’impact : dans les années suivant le départ d’un propriétaire pour raisons fiscales, l’emploi dans son entreprise chute de 33 %, la valeur ajoutée de 34 % et les investissements de 22 %.
Bien loin de nuire aux seuls riches qu’ils visent, les nouveaux impôts norvégiens touchent l’ensemble de la population par un affaiblissement des ressources de l’État et une dégradation de l’économie.

« Wexit » britannique : quand la chasse aux riches tourne au fiasco

En avril 2025, le Royaume-Uni a mis fin à l’un des plus anciens privilèges fiscaux au monde : le statut « non-dom ». Vieux de 225 ans, ce régime permettait aux résidents britanniques dont le domicile permanent était à l’étranger de ne payer l’impôt que sur leurs revenus au Royaume-Uni, laissant leur fortune offshore intouchée. Environ 69 000 personnes en bénéficiaient, versant 12,4 milliards de livres au fisc de Sa Gracieuse Majesté en 2022.
Le nouveau système, baptisé Foreign Income and Gains (FIG), n’offre plus qu’une exemption de quatre ans aux nouveaux arrivants, contre un régime quasi permanent auparavant. Surtout, il introduit une « queue fiscale » redoutable : quiconque a vécu dix ans au Royaume-Uni voit ses actifs mondiaux soumis aux droits de succession britanniques (40 %) pendant trois à dix ans après son départ. Le gouvernement travailliste projetait 33,8 milliards de livres de recettes sur cinq ans.
L’hémorragie a commencé avant même l’entrée en vigueur de la loi. Dès l’annonce de la réforme en mars 2024, la fuite massive a démarré : 10 800 millionnaires ont quitté le pays dans l’année, soit une hausse de 157 % par rapport à 2023. Pour 2025, où le texte sera effectivement appliqué, les projections anticipent 16 500 départs supplémentaires, ce qui ferait du Royaume-Uni le champion mondial de l’exode des fortunes.
Le pari budgétaire pourrait même virer au cauchemar. Des analyses indépendantes du Centre for Economics and Business Research (CEBR) ont identifié un seuil critique : si plus de 25 % des non-doms partent, le gain fiscal se transformera en perte nette. À 33 %, le trou atteindrait 700 millions de livres la première année et 3,5 milliards sur la législature. Or, 60 % des conseillers fiscaux prévoient que plus de 40 % de leurs clients non-doms partiront dans les deux ans — bien au-delà du seuil fatal.
L’impact économique observé dès 2024 dépasse largement les seules recettes fiscales. Le marché immobilier de luxe londonien s’est effondré : aucune transaction supérieure à 100 millions de livres en 2024 ; 70 % des vendeurs de propriétés haut de gamme sont des non-doms en partance vers Miami, Dubaï ou Monaco. Le secteur du commerce de détail a perdu 169 000 emplois en 2024, le pire résultat depuis la pandémie. Les services financiers ont vu leurs offres d’emploi chuter de 28 %.
Ce fiasco britannique rappelle le cas norvégien : la taxation des plus riches finit souvent par appauvrir bien au-delà de sa cible initiale et aggrave les déficits de l’État.

La taxe yachts française : entre 200 et 500 euros perdus pour chaque euro taxé

En 2018, la France a instauré une surtaxe sur les grands yachts de plus de 30 mètres, censée rapporter 10 millions d’euros par an. L’objectif affiché ? Compenser symboliquement la suppression de l’ISF et faire contribuer les « signes extérieurs de richesse » jugés « improductifs ».
En sept ans, le total des recettes atteint péniblement 682 000 euros, soit moins de 1 % des 70 millions espérés. En 2025, seuls cinq navires sont taxés, contre une cinquantaine attendue. Les coûts de gestion de la taxe excèdent vraisemblablement déjà les maigres recettes perçues.
 

 
Mais le véritable gouffre se situe ailleurs. On peut estimer les pertes fiscales indirectes dues à la fuite des yachts (TVA sur l’avitaillement, charges sociales des équipages, taxes sur le carburant, impôts sur les sociétés de services) à un montant annuel compris entre 20 et 50 millions d’euros, sur la base des baisses d’activité constatées dans les principaux ports azuréens. Ainsi, pour chaque euro collecté par la taxe, l’État en perd entre 200 et 500 en recettes indirectes chaque année. Bien joué.
Outre les recettes fiscales, le désastre est également économique. Face à cette taxation de 30 000 à 200 000 euros annuels, les propriétaires ont massivement changé de pavillon vers la Belgique, les Pays-Bas ou le Panama.
Le résultat est terrible pour la Côte d’Azur. Le Port Vauban d’Antibes, le plus grand d’Europe dédié au yachting, a vu son activité chuter de 33 % et ses ventes de carburant de 50 %. Le « Quai des Milliardaires » s’est vidé par anticipation dès l’été 2017. À Saint-Tropez et Toulon, les pertes de chiffre d’affaires en escale ont atteint 30 à 40 %.
L’onde de choc a fini par toucher tout l’écosystème productif : commerces de luxe, avitailleurs, équipages, etc. Le secteur du yachting génère 1 à 2,1 milliards d’euros de retombées annuelles en région PACA et soutient 10 000 emplois directs.
La France possède le deuxième espace maritime mondial, est leader sur les voiliers, et 36 % de la flotte mondiale de yachts fréquente la Méditerranée. Pourtant, en 2025, le Port Vauban n’accueille aucun yacht sous pavillon français, et la surtaxe sur les yachts n’a ni disparu, ni même fait l’objet d’une évaluation rigoureuse par le législateur.

Des taxes qui coûtent cher à l’État et à toute la société

L’histoire fiscale moderne regorge d’exemples frappants de taxes conçues pour punir les riches, mais qui finissent par nuire aux finances publiques et à l’ensemble de l’économie.
En France, la « mise au barème » des revenus du capital par François Hollande en 2013 était censée rapporter 400 millions d’euros. D’après une note de l’Institut des politiques publiques, elle a entraîné une perte fiscale de 500 millions d’euros, en provoquant un effondrement des dividendes de 14 milliards d’euros.
Aux États-Unis, la proposition de taxe Warren de 2019 — 2 % au-dessus de 50 millions de dollars, 6 % au-dessus d’un milliard — a été évaluée par l’Université de Pennsylvanie. Verdict : même en utilisant les recettes pour exclusivement réduire le déficit, l’effet sur 30 ans était estimé à –0,9 % de PIB et –0,8 % de salaires.
L’économiste Gabriel Zucman lui-même a publié une étude sur l’impôt sur la fortune danois des années 1980. Elle montre que pour chaque couronne prélevée, les contribuables réduisaient leur patrimoine de cinq couronnes supplémentaires en modifiant leurs comportements d’épargne et d’investissement. Il s’agissait donc d’un outil redoutablement efficace pour détruire la richesse, pas pour combler les déficits de l’État. Le Danemark l’a d’ailleurs abrogé en 1997.
Quid de la « taxe Zucman » elle-même ? L’économiste Antoine Levy a décortiqué la note du Conseil d’analyse économique (CAE) — que Zucman cite lui-même comme référence — et révèle que cette taxe, loin de rapporter 20 milliards comme annoncé, impliquerait une perte nette pour l’État. La note du CAE montre que l’exil fiscal ne représente que 27 % des recettes perdues ; la réponse comportementale totale (réduction des dividendes, ventes d’actifs, restructurations patrimoniales, etc.) ferait grimper les pertes fiscales à près de 30 milliards d’euros.
 

 
Les prévisions optimistes des législateurs reposent sur une erreur fatale : croire que les contribuables resteront immobiles face aux prédations fiscales. Dans les faits, ils fuient, réduisent leur production ou leurs investissements, ou encore déploient des stratégies d’évitement. Les politiques fiscales ont un pouvoir immense sur ce que chacun fait de sa vie. Avec des taxes excessives, l’État perd plus d’argent qu’il n’en gagne, tout en appauvrissant tout le monde au passage.
Le 23 septembre dernier, l’économiste Thomas Piketty a livré une réponse glaçante aux critiques de la « taxe Zucman ». Face aux objections sur le risque d’exil fiscal, il rétorque sans trembler : « Vos actifs sont gelés, vous pouvez être arrêtés à l’aéroport. »
Au-delà de son inefficacité évidente — les contribuables trouveront mille autres façons d’adapter leurs comportements —, cette proposition est extrêmement dangereuse. Quel type de régime interdit à ses ressortissants de quitter le territoire national ? On ne le sait que trop bien. Que reste-t-il de la liberté inscrite dans notre devise quand des agents de l’État contrôlent les départs sur des critères patrimoniaux ? Rien. Les velléités autoritaires d’économistes tels que M. Piketty doivent être dénoncées sans ambiguïté, car l’histoire a déjà montré jusqu’à quelles atrocités mènent de telles illusions.
À moins que la destruction de l’assiette fiscale soit voulue ? Gabriel Zucman lui-même l’assume avec une franchise déconcertante dans son ouvrage Le Triomphe de l’injustice : « Dans ce chapitre, nous allons expliquer pourquoi des gouvernements démocratiques peuvent raisonnablement choisir d’appliquer aux riches des taux supérieurs à ceux qui maximisent les recettes fiscales — c’est-à-dire pourquoi détruire une partie de l’assiette fiscale peut être dans l’intérêt de la collectivité. » (nous soulignons)
Est-il vraiment dans l’intérêt de la collectivité d’aggraver les déficits qui nourrissent la dette léguée aux jeunes, de réduire les financements de l’école, de la santé et de la transition énergétique ? A-t-on bien réfléchi à l’intérêt de la société quand on promeut des mesures qui violent le droit de propriété inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tout en appauvrissant le pays ?
Les expériences récentes convergent toutes vers une même conclusion : La satisfaction tirée de la volonté de « faire mal aux riches » ne saurait justifier de nuire gravement à l’avenir du pays.
 
 

 
 
 
 

 

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