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novembre 21, 2025

Informations du côté d' Alain Madelin !

 News Madelin

𝐋𝐀 𝐍𝐎𝐔𝐕𝐄𝐋𝐋𝐄 𝐅𝐀𝐑𝐂𝐄 𝐅𝐈𝐒𝐂𝐀𝐋𝐄 : 𝐋’𝐄𝐌𝐏𝐑𝐔𝐍𝐓 𝐅𝐎𝐑𝐂𝐄́ 
 
Le PS n’a pas réussi à faire voter la taxe Zucman. Raté. 
Mais ses dirigeants ont leur drapeau : « 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐢𝐜𝐡𝐞𝐬 ». Ils voudraient éviter d’avoir à censurer le Gouvernement. Pour éviter une crise à la France bien sûr. Et aussi pour éviter une dissolution dont ils sortiraient lessivés. 
🎯 Il leur faut donc – Matignon le sait – décrocher un trophée de plusieurs milliards. Avoir l’air de faire payer les riches, un ersatz de taxe Zucman. L’idée d’un emprunt sur les très riches a germé entre le PS et Matignon. Quel emprunt ? Un emprunt, de force, sans intérêt, d’au moins 6 milliards. La durée ? Disons 4 ans. Combien de personnes ? 20 000 personnes. Peu importe, ce qui compte, c’est d’afficher de gros milliards. 5-6 milliards, pas moins. 
 

 
🤝 Le Gouvernement regarde cette idée « 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐛𝐢𝐞𝐧𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞 ». Il est « prêt à étudier ses modalités ». La manœuvre ? Cousue de fil rose : lâcher quelques milliards aux socialistes en échange de leur complaisance finale. 
🔎À regarder de près, l’État emprunte 6 milliards. Mais aux riches, et de force, à taux zéro, remboursable dans quatre ans. Qu’y gagne l’État ? Pas 6 milliards, il devra les rendre. Il gagne… les intérêts qu’il ne versera pas. À 2,37 %, c’est-à-dire 142 millions par an, c’est 7 000 euros par personne. C’est tout, c’est maigre, mais c’est 𝐝𝐮 𝐭𝐡𝐞́𝐚̂𝐭𝐫𝐞. 
🎬 Un récit que chacun pourra vendre. Gagnant-gagnant, croit-on. Le PS : « nous avons fait payer les riches », le Gouvernement, en aparté aux riches : « ne vous inquiétez pas, vous vous en sortez bien ». 
 
 ❌ En réalité 𝐩𝐞𝐫𝐝𝐚𝐧𝐭-𝐩𝐞𝐫𝐝𝐚𝐧𝐭 : le monde entier y voit que la France est un pays qui fait payer les riches non pas pour ce qu’ils font mais pour ceux qu’ils sont. Il est temps que le Gouvernement et les parlementaires mettent un terme à ces farces et attrapes. La France y perd : elle attend qu’on baisse les dépenses et qu’on favorise la croissance. 
 
𝐋𝐀 𝐉𝐔𝐒𝐓𝐈𝐂𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 𝐒𝐀𝐍𝐒 𝐙𝐔𝐂𝐌𝐀𝐍 
 
Dernier texte dans notre série sur les « drôles de calculs » du professeur @gabriel_zucman . La taxe Zucman n’a pas été votée. Certes. Mais la question de la justice sociale demeure. D’ailleurs nombreux sont ceux qui rivalisent de propositions pour « taxer les riches ». Le débat n’est pas clos, il ne fait même que commencer. Je n’ai pas de leçons de justice sociale à recevoir. La taxe Zucman est un projet politique, pas un projet social. Ce qui compte avant tout, c’est l’efficacité sociale. Je défends ici une justice sociale dynamique qui offre un maximum de croissance et un maximum de chances pour les plus faibles et les plus vulnérables. Comment partager le capital ? Telle est la bonne question. Vous trouverez mes réponses. Likez, commentez, partagez. #zucman #taxman -- Il faudrait presque dire merci au professeur Zucman d’avoir réouvert le débat de la justice fiscale et sociale. Certes sa taxe a été rejetée mais le débat n’est pas clos. Pour gagner, le Gouvernement a invoqué deux arguments : elle serait inconstitutionnelle et elle rapporterait moins qu’on ne le croit. C’était peut-être suffisant pour remporter un vote à l’Assemblée. Ce n’est pas suffisant pour gagner la bataille de la justice sociale. Le débat reste plus que jamais ouvert. Que disait le professeur Zucman ? « Les milliardaires paient moins d’impôts qu’une infirmière » « Les milliardaires paient deux fois moins d’impôts que les Français » Ces deux raccourcis sont faux comme nous l’avons montré (voir posts précédents). Qu’importe, ils font mouche. La gauche y a trouvé là un étendard qu’elle n’est pas prête d’abandonner. Pour elle, désormais, « 𝐢𝐥 𝐲 𝐚 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐫𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 ». Faire croire que « les riches paieront » est la meilleure recette pour poursuivre le « toujours plus » de dépenses publiques et toutes ses belles promesses. Conspuer le grand capital est le plus sûr moyen de faire grossir le capital électoral d’une gauche accusée d’avoir trahi les classes populaires. La piège se referme : nombreux sont ceux qui, à droite et au centre, voulant se racheter d’avoir contré la taxe Zucman, rivalisent de propositions pour avoir l’air - eux aussi - de taxer les riches. Le débat sur la justice sociale mérite mieux ! 
 
𝐃𝐄𝐑𝐑𝐈𝐄𝐑𝐄 𝐋𝐀 𝐓𝐀𝐗𝐄 𝐙𝐔𝐂𝐌𝐀𝐍 𝐔𝐍 𝐏𝐑𝐎𝐉𝐄𝐓 𝐏𝐎𝐋𝐈𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄 
 
Aujourd’hui bien sûr, les inégalités de fortune, le décalage entre la prospérité et la misère, peuvent provoquer un sentiment d’injustice. Rien n’est plus simple pour les démagogues que d’attiser le sentiment d’injustice : ils se nourrissent de l’ignorance économique autant que d’un désir de revanche sociale. Il suffit de regarder ces cortèges où les pancartes réclamant la taxe Zucman voisinent avec des images de guillotines. On objectera ici que la taxe Zucman n’est qu’un simple projet d’équité fiscale. Non, elle est bien plus que cela. @PikettyWIL , son mentor intellectuel, fait de l’impôt sur le capital la première étape d’une transformation profonde de la société. 2 % à ses yeux, ce n’est qu’un début. Pourquoi pas 10 % et plus ? L’objectif, c’est de « démarchandiser » la société. C’est-à-dire en clair « collectiviser ». Augmenter toujours plus la part de l’Etat. Au nom du toujours plus d’égalité, il propose même de tirer au sort les étudiants admis à l’université. Dans « Le triomphe de l'injustice », le professeur Zucman explique que taxer le capital est une question de principe… même si cela doit réduire les recettes fiscales. C’est dire que sa taxe relève davantage de l’idéologie que de l’efficacité sociale. 
 
 𝐋’𝐄𝐅𝐅𝐈𝐂𝐀𝐂𝐈𝐓𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄, 𝐕𝐎𝐈𝐋𝐀 𝐋𝐄 𝐕𝐑𝐀𝐈 𝐃𝐄𝐁𝐀𝐓 
 
Le débat sur la justice sociale n’oppose pas ceux qui ont une conscience sociale et ceux qui n’en auraient pas. La vrai opposition porte sur l’efficacité sociale, c’est-à-dire sur les moyens de parvenir à plus de justice dans la société. 𝐈𝐥 𝐲 𝐚 𝐝’𝐮𝐧 𝐜𝐨̂𝐭𝐞́ ceux qui font une photo instantanée de la société. La photo peut choquer : il y a des très riches et aussi des très pauvres. D’autant plus que cette photo est truquée par le professeur Zucman… - (voir post « Les drôles de calcul du Professeur Zucman ») Alors on propose de retoucher l’image et de taxer le capital par exemple. C’est là une vision étroite et statique de la justice sociale. 𝐃𝐞 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨̂𝐭𝐞́, il y a ceux qui préfèrent inscrire la justice sociale dans le film en continu de la société et de l’économie. C’est le film de la croissance. Dans ce film, le capital sert d’abord à investir, développer des entreprises, créer des emplois, augmenter les revenus…et aussi les recette fiscales. C’est ainsi que l’on peut offrir à chacun un maximum de chances et dégager les moyens d’une protection sociale efficace. Il y a là une vision dynamique de la justice sociale. 𝐋’𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐫𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐚𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐚 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐬’𝐨𝐛𝐭𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐫𝐞𝐭𝐨𝐮𝐜𝐡𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐡𝐨𝐭𝐨, 𝐚𝐥𝐨𝐫𝐬 𝐪𝐮’𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐩𝐞𝐧𝐝 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐟𝐢𝐥𝐦.
 
 

 𝐏𝐀𝐒 𝐃𝐄 𝐋𝐄𝐂𝐎𝐍𝐒 𝐃𝐄 𝐉𝐔𝐒𝐓𝐈𝐂𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 𝐀 𝐑𝐄𝐂𝐄𝐕𝐎𝐈𝐑 
 
Non, il n’y a pas d’un côté ceux qui auraient une conscience sociale et de l’autre les prétendus défenseurs des milliardaires. Au plus profond de eux-mêmes, les libéraux ressentent les douleurs d’une France meurtrie. Celles des galères quotidiennes, des fins de mois difficiles, des travailleurs pauvres, des parents honteux de ne pouvoir offrir à leurs enfants un meilleur sort… Ils les ressentent d’autant plus qu’ils ont dénoncé avant bien d’autres les causes profondes de la panne de l’ascenseur social, des bas salaires et de la smicardisation de la société. Ils savent que nous aurions pu éviter beaucoup de ces malheurs si nous avions engagé la réforme de l’Etat et la refondation sociale. Si nous n’avions pas fait peser sur nos entreprises une surcharge fiscale et réglementaire qui a étouffé la croissance. Les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui ne sont pas le résultat de réformes libérales mais le produit de leur absence.

𝐔𝐍𝐄 𝐍𝐎𝐔𝐕𝐄𝐋𝐋𝐄 𝐀𝐏𝐏𝐑𝐎𝐂𝐇𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐉𝐔𝐒𝐓𝐈𝐂𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 
 
À l'aube de la grande transformation du monde, l'idée même de justice sociale se transforme. Voici qu'elle s'inscrit dans le film d'un progrès économique et social sans précédent. Mariant la morale et l'efficacité, elle s'appuie sur 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐞𝐬 : maximiser à la fois la croissance et les chances offertes aux plus faibles et aux plus vulnérables. Maximiser la croissance. La justice sociale a besoin de la croissance, et la croissance a besoin de libertés. Nous savons d'expérience que les libertés politiques et économiques sont le socle de la prospérité. Concrètement, cela signifie que les droits fondamentaux constitutifs d'une démocratie libérale -comme les libertés de créer, de travailler, de produire, d'échanger, de contracter et de s'associer- se doivent d'être protégés et respectés. Nous savons aussi que dans la grande mutation du monde, l'idée même de croissance se transforme. Les indicateurs du PIB ou de la productivité reflètent mal la réalité d'une société d'innovations accélérées qui transforment le travail et développent aussi des richesses non marchandes. 
 
𝐌𝐚𝐱𝐢𝐦𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐯𝐮𝐥𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬. La morale se construit dans la relation avec l'autre. C'est ce qu'avaient pressenti naguère quelques philosophes et ce que l'on découvre aujourd'hui avec les sciences du cerveau. Lorsqu'une personne souffre, les zones de son cerveau qui s'activent s'allument aussi en partie dans le nôtre. La morale commence lorsque l'émotion de l'autre devient un peu la nôtre. C'est de cette résonance commune que naît la conscience morale. Il existe une « règle d'or » de la morale que l'on retrouve dans tous les temps, sur tous les continents, dans toutes les religions - le confucianisme, le judaïsme, l'évangile, l'islam, le bouddhisme... comme dans les morales laïques. Elle nous dit : « Ne fais pas à l'autre ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse » ; « Agis comme si l'autre était toi ». « Se mettre à la place de l'autre », c’est l’idée morale féconde qui va nous aider à construire la justice sociale de notre nouveau monde. Dans la transformation accélérée du monde, nous rencontrerons bien des difficultés, et nous devrons relever bien des défis. Nous aurons plus que jamais besoin de sécurités sociale. Si la nouvelle croissance va nous facilitera cette tâche, les progrès de la science et des technologies vont enrichir l’idée même de justice sociale. D’abord parce que ces progrès font reculer chaque jour un peu plus 𝐥𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐥’𝐨𝐧 𝐜𝐫𝐨𝐲𝐚𝐢𝐭 𝐢𝐫𝐫𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬, celles de la naissance et des accidents de la vie. Nous entrons dans un monde où l’on ne se contente plus de soigner la maladie : on répare le corps, on régénère les cellules, on rajeunit les tissus, on corrige l’ADN, on protège le cerveau et on prévient avant meme que la maladie n’apparaisse… 
 
 Il y a aussi 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐮𝐥𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 : un chômage violent, une séparation qui dévaste, la santé qui lâche ou la dépendance qui s’impose, un enfant qui décroche, une dépression qui étouffe, une pauvreté qui s’installe. Bien sûr il y a les filets de sécurité que nous avons construits au fil du temps. Mais trop souvent ils enferment dans l’assistance plutôt que d’aider à rebondir. Alors revient notre question : « Et si c’était moi dans une telle situation – qu’est-ce que j’aimerais que l’on fasse pour m’en sortir vraiment ? » « Et si c’était mon enfant coincé dans une école qui ne lui convient pas – qu’est-ce que je voudrais faire pour lui ? » « Et si c’était moi ou un proche qui devait attendre trois mois pour une consultation vitale, qu’est-ce que j’aimerais pouvoir faire ? » On ne se demande pas alors « qu’est-ce que j’aimerais recevoir à sa place ? » mais « qu’est-ce que je voudrais pouvoir faire ? ».
 
Les plus faibles et les plus vulnérables, ce qui souvent semblent se résigner à leur sort, sont en fait ceux qui ont perdu le pouvoir d’agir sur leur vie. La vraie justice sociale ne consiste pas à distribuer des droits mais ouvrir des possibilités, à offrir des libertés. Cette approche doit être la nôtre dans l’agencement même de nos institutions et notre société. La bonne institution n'est pas celle qui corrige après coup les inégalités, mais celle qui s'organise en amont pour donner aux plus faibles et aux plus vulnérables le maximum de chances. Pour chaque grand choix public, nous retrouvons ici notre question « si j’étais à leur place, est-ce que j’aimerais que cette institution fonctionne ainsi ? » Puisqu’il nous faut réinventer l’Etat et nos protections sociales, faisons de cette question le test de la justice sociale. 
 
𝐋𝐀 𝐂𝐑𝐎𝐈𝐒𝐒𝐀𝐍𝐂𝐄 𝐃’𝐀𝐁𝐎𝐑𝐃 
 
Dans ce film, la croissance est donc la meilleure amie de la justice sociale. Problème : la croissance est en panne. Avec 1 % et moins de croissance, et même moins, comme c’est le cas aujourd’hui en France, la richesse par habitant double tous les 72 ans ou plus. La société semble figée. On a peur de l’avenir. On a le sentiment d’une économie à somme nulle. Dans une telle société, le profit des uns apparaît comme la perte des autres. C’est le retour des vieilles idéologies, celles de la lutte des classes, de l’affrontement entre les exploiteurs et les exploités, entre les dominants et les dominés. On entre dans une société de rivalité et de tensions sociales propres à toutes les aventures démagogiques. Quand la croissance est là, tout change. Avec 3 %, la richesse par habitant double tous les 24 ans, c’est-à-dire en une génération. Avec 4 %, la richesse par habitant double tous les 18 ans. On ne reste pas sur le quai, on monte dans un train à grande vitesse. Les inégalités ne sont acceptables que si elles tirent la croissance et offrent le maximum de chances aux plus faibles. 
 
𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐞𝐮𝐫 𝐙𝐮𝐜𝐦𝐚𝐧 𝐧𝐞 « 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝 𝐧𝐢 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐧𝐢 𝐥’𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐩𝐫𝐢𝐬𝐞 », comme l’a noté son ami le prix Nobel @Ph_Aghion . La taxe Zucman n’est pas qu’une erreur fiscale, c’est une erreur de diagnostic sur le monde. La justice sociale a besoin de la croissance, et la croissance a besoin du capitalisme. Il ne s’agit pas ici de demander d’aimer LES capitalistes mais de faire comprendre et aimer LE capitalisme pour ce qu’il est : la plus sûre recette connue du progrès économique et social. Bien sûr, le capitalisme est loin d’être parfait. Il faut savoir combattre le capitalisme de connivence, veiller au maintien de la concurrence pour éviter cartels et monopoles. Mais le capitalisme est perfectible, il évolue sans cesse, et déjà nous sommes au cœur d’une grande mutation du capitalisme.

𝐁𝐈𝐄𝐍𝐕𝐄𝐍𝐔𝐄 𝐃𝐀𝐍𝐒 𝐔𝐍 𝐍𝐎𝐔𝐕𝐄𝐀𝐔 𝐂𝐀𝐏𝐈𝐓𝐀𝐋𝐈𝐒𝐌𝐄 
 
Le film s’accélère. Nous voici au cœur d’une grande transformation du monde : 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐢𝐧𝐝𝐮𝐬𝐭𝐫𝐢𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐧𝐮𝐦𝐞́𝐫𝐢𝐬𝐞́𝐞. Nous sommes aux pieds d’un Himalaya de progrès tiré par la science et les technologies. La décennie qui vient s’annonce fabuleuse. La société industrielle reposait sur la rareté des facteurs de production. Le nouveau monde repose lui sur la connaissance, un bien sans limite. Le cœur de la croissance, c’est le progrès numérique. Et ce progrès devient exponentiel. Le nouveau monde n’est pas celui des rendements décroissants, au contraire. L’innovation peut se diffuser à la planète toute entière. Et le coût marginal d’un utilisateur supplémentaire est souvent nul. Les promesses du futur sont exaltantes, elles se multiplient, elles s’accélèrent. Elles sont tirées par une galaxie d’entrepreneurs, grands et petits, qui imaginent, créent, prennent des risques pour participer à la belle aventure du progrès. On voit des empires se constituer, réunir de grandes coalitions de talents et de capitaux, capables de lever des dettes considérables ancrées dans les promesses d’un futur exponentiel. Ils font rêver le monde et insufflent l’optimisme. Un nouveau capitalisme se dessine. Toutes les entreprises et tous les entrepreneurs sont embarqués dans la même accélération. Des startups se lancent. Des PME s’emparent des innovations et trouvent des applications. Beaucoup les intègrent dans leur développement pour transformer l’économie réelle. Toutes participent à leur façon à la nouvelle économie d’un nouveau monde. Ce nouveau capitalisme est un multiplicateur de croissance. On avance les chiffres les plus fous : 7 %, 10 %, 20 % ? Ce qui est sûr, c’est que la croissance de demain ne sera pas celle d’hier. Elle ne se mesurera pas que par des chiffres. Elle ira sans doute au-delà de l’économie. Elle nous invite à tout repenser, à commencer par la place de l’homme dans ce nouveau monde, à imaginer un nouvel humanisme. A repenser aussi bien sûr l’idée même de justice sociale.
 
𝐔𝐍𝐄 𝐍𝐎𝐔𝐕𝐄𝐋𝐋𝐄 𝐀𝐏𝐏𝐑𝐎𝐂𝐇𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐉𝐔𝐒𝐓𝐈𝐂𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 
 
À l'aube de la grande transformation du monde, l'idée même de justice sociale se transforme. Voici qu'elle s'inscrit dans le film d'un progrès économique et social sans précédent. Mariant la morale et l'efficacité, elle s'appuie sur 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐞𝐬 : maximiser à la fois la croissance et les chances offertes aux plus faibles et aux plus vulnérables. Maximiser la croissance. La justice sociale a besoin de la croissance, et la croissance a besoin de libertés. Nous savons d'expérience que les libertés politiques et économiques sont le socle de la prospérité. Concrètement, cela signifie que les droits fondamentaux constitutifs d'une démocratie libérale -comme les libertés de créer, de travailler, de produire, d'échanger, de contracter et de s'associer- se doivent d'être protégés et respectés. Nous savons aussi que dans la grande mutation du monde, l'idée même de croissance se transforme. Les indicateurs du PIB ou de la productivité reflètent mal la réalité d'une société d'innovations accélérées qui transforment le travail et développent aussi des richesses non marchandes. 
 𝐌𝐚𝐱𝐢𝐦𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐯𝐮𝐥𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬. La morale se construit dans la relation avec l'autre. C'est ce qu'avaient pressenti naguère quelques philosophes et ce que l'on découvre aujourd'hui avec les sciences du cerveau. Lorsqu'une personne souffre, les zones de son cerveau qui s'activent s'allument aussi en partie dans le nôtre. La morale commence lorsque l'émotion de l'autre devient un peu la nôtre. C'est de cette résonance commune que naît la conscience morale. Il existe une « règle d'or » de la morale que l'on retrouve dans tous les temps, sur tous les continents, dans toutes les religions - le confucianisme, le judaïsme, l'évangile, l'islam, le bouddhisme... comme dans les morales laïques. Elle nous dit : « Ne fais pas à l'autre ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse » ; « Agis comme si l'autre était toi ». « Se mettre à la place de l'autre », c’est l’idée morale féconde qui va nous aider à construire la justice sociale de notre nouveau monde. Dans la transformation accélérée du monde, nous rencontrerons bien des difficultés, et nous devrons relever bien des défis. Nous aurons plus que jamais besoin de sécurités sociale. Si la nouvelle croissance va nous facilitera cette tâche, les progrès de la science et des technologies vont enrichir l’idée même de justice sociale. D’abord parce que ces progrès font reculer chaque jour un peu plus 𝐥𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐥’𝐨𝐧 𝐜𝐫𝐨𝐲𝐚𝐢𝐭 𝐢𝐫𝐫𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬, celles de la naissance et des accidents de la vie. Nous entrons dans un monde où l’on ne se contente plus de soigner la maladie : on répare le corps, on régénère les cellules, on rajeunit les tissus, on corrige l’ADN, on protège le cerveau et on prévient avant meme que la maladie n’apparaisse… 
 Il y a aussi 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐮𝐥𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 : un chômage violent, une séparation qui dévaste, la santé qui lâche ou la dépendance qui s’impose, un enfant qui décroche, une dépression qui étouffe, une pauvreté qui s’installe. Bien sûr il y a les filets de sécurité que nous avons construits au fil du temps. Mais trop souvent ils enferment dans l’assistance plutôt que d’aider à rebondir. Alors revient notre question : « Et si c’était moi dans une telle situation – qu’est-ce que j’aimerais que l’on fasse pour m’en sortir vraiment ? » « Et si c’était mon enfant coincé dans une école qui ne lui convient pas – qu’est-ce que je voudrais faire pour lui ? » « Et si c’était moi ou un proche qui devait attendre trois mois pour une consultation vitale, qu’est-ce que j’aimerais pouvoir faire ? » On ne se demande pas alors « qu’est-ce que j’aimerais recevoir à sa place ? » mais « qu’est-ce que je voudrais pouvoir faire ? ».

 
𝐀𝐋𝐎𝐑𝐒, 𝐓𝐀𝐗𝐄𝐑 𝐋𝐄 𝐂𝐀𝐏𝐈𝐓𝐀𝐋 𝐎𝐔 𝐋𝐄 𝐏𝐀𝐑𝐓𝐀𝐆𝐄𝐑 ? 
 
 L’idée de taxer le capital, celle du professeur Zucman, Piketty et d’autres part d’un constat : 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥 𝐚𝐮𝐠𝐦𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐯𝐢𝐭𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐧’𝐚𝐮𝐠𝐦𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬. C’est indiscutablement vrai aujourd’hui. Et ce n’est qu’un début. Dans l’économie de l’exponentielle, nous voyons – et nous allons le voir de plus en plus – les bâtisseurs du futur accumuler d’immenses fortunes. Alors, taxer le capital au profit de l’Etat avec le risque de le freiner ? Ou le partager, en permettant à tous de devenir copropriétaire du nouveau capitalisme ? Si l’on veut que tous profitent de l’élan du super capitalisme, il n’y a qu’une bonne réponse : 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥. Certains suggèrent de taxer l’IA, les robots ou les grandes entreprises, et même de placer les résultats de ces ponctions fiscales dans un grand fonds capitaliste d’Etat pour pouvoir verser un revenu de base à chacun. Ceci ne ferait que renforcer l’Etat providence et promouvoir une société d’assistance. Des idéologues de la Silicon Valley y voient même le moyen d’assurer une paix sociale entre les nouveaux maîtres du monde et de nouveaux ilotes. Charmante perspective. La seule voie compatible avec la responsabilité, la liberté et l’innovation, c’est de partager le capital. Alors comment partager ? On pense bien sûr aux 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧 qui sont l’outil privilégié de cet accès au capital. Il ne reste qu’à les mettre en œuvre en France. Mais dans ce nouveau monde, il ne s’agit pas seulement de préparer sa retraite. Il faudra surement aller plus loin. Et 𝐢𝐧𝐯𝐞𝐧𝐭𝐞𝐫 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐝’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐮𝐥𝐞𝐬. Chacun devrait pouvoir, à côté de ses activités, faire travailler un capital, en disposer et en toucher les dividendes à sa guise. On peut penser, parmi d’autres moyens, à la création de 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐬. Des fonds individuels qui vous suivent toute votre vie, alimentés en permanence et investis dans la croissance du super capitalisme mondial. De tels fonds devrait être indépendants de l’Etat. Car nous avons besoin d’acteurs en concurrence pour obtenir les meilleures performances possibles. Cette indépendance de gestion est essentielle aussi pour éviter toutes les injonctions étatiques visant à privilégier telles ou telles catégories d’investissements au détriment de la performance. L’utilité collective et sociale de ces fonds est évidente et ils se devraient donc d’être pleinement défiscalisés. A la sortie bien sûr, car l’Etat n’a pas à profiter de l’effort personnel d’accumulation des Français. A l’entrée aussi car il faut d’urgence favoriser l’accumulation primitive du capital. S’il devait y avoir une taxation à l’entrée, elle se devrait d’être différée. 𝐀𝐬𝐬𝐮𝐫𝐞𝐫 𝐚𝐮 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐨̂𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐚𝐫𝐠𝐞 𝐜𝐨𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐝𝐮 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐥𝐚 𝐛𝐨𝐧𝐧𝐞 𝐫𝐞́𝐩𝐨𝐧𝐬𝐞 𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐞́𝐟𝐢𝐬 𝐝𝐮 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞. Nous y travaillons.
 
 𝐅𝐄𝐔𝐈𝐋𝐋𝐄 𝐃𝐄 𝐏𝐀𝐈𝐄 : 𝐋𝐀 𝐕𝐄𝐑𝐈𝐓𝐄 
 
Dans la tradition sociale française, le salaire se divise en deux. 
 𝐋𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐫𝐞́𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐞𝐫𝐜̧𝐮. Et 𝐥𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞́, 𝐢𝐧𝐝𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭, qui est fait de toutes les cotisations payées - que ce soit directement par le salarié ou à travers de l’entreprise - sur la valeur totale de son travail. Il n’appartient pas à l’Etat, il appartient au salarié qui devrait y regarder de plus près. Exigez d’abord la feuille de paie vérité pour reprendre vos affaires en main.

Du libéralisme à l’intelligence artificielle : Alain Madelin ne lâche rien !

Inlassable chantre des idées libérales, Alain Madelin revient en première ligne. Face aux ravages de l'étatisme, l'ancien ministre de l'Économie et des Finances troque la théorie pour l'offensive, avec le projet Kairos. 
 
Connaissez-vous Pascal Brutal ? Cette bande dessinée de Riad Sattouf, parue en 2006 chez Fluide Glacial, imagine une France dystopique présidée par Alain Madelin, élu de justesse face au trotskiste Olivier Besancenot. Dans cette fiction, la politique du nouveau président a provoqué toutes sortes de désastres, dont le moindre n’est pas l’autonomie de la Bretagne.
 
 

Cette France « ultra-libérale » est un pays orwellien où les inégalités explosent. Les « ultra-riches » se retranchent derrière des murailles, tandis que les laissés-pour-compte pleurent la disparition d’un État réduit à peau de chagrin.

Madelin y est évidemment présenté sous les traits du grand méchant. Un rôle d’épouvantail que la gauche lui a sciemment collé dès ses débuts en politique. Rarement caricature fut plus vaine. Fils d’un OS chez Renault et d’une dactylo, ayant grandi (comme Eddy Mitchell) sur la colline de Belleville, Alain Madelin s’est élevé par le travail et n’a jamais renié son milieu d’origine.

Un enfant de Belleville

Il l’expliquait déjà devant Thierry Ardisson dans son émission Tout le monde en parle, en 2005 : « On est dans un pays où ceux qui connaissent l’économie ne s’occupent pas des pauvres et où ceux qui s’occupent des pauvres ne connaissent rien à l’économie. J’aimerais marier les deux ! » 

C’est toujours son combat, comme il l’explique aujourd’hui à Valeurs actuelles : « La gauche tente de renouer avec le peuple grâce à la taxe Zucman. C’est une vision particulièrement démagogique et archaïque. L’appliquer serait mettre l’économie en panne et dans une société sans croissance, il ne peut pas y avoir de justice sociale. »

Un souci qui transparaissait à l’écran le 14 septembre dernier. Invité de LCI, le théoricien n’a pu retenir son émotion en évoquant, d’une voix soudainement étranglée, le sort des classes populaires : « Vous avez 10 % des Français qui sont à 20 ou 30 euros près. Allez voir une caisse de supermarché enfin de mois et vous verrez des hésitations, pour quelques euros, d’une famille. Ça donne envie de faire quelque chose ! »

Longtemps caricaturé en Cassandre, il fait preuve d’un optimisme étonnant

Ce “quelque chose” s’appelle le projet Kairos. Référence au dieu grec de l’opportunité, celui qui surgit lorsqu’il faut saisir sa chance et passer à l’action. Made lin façonne ses nouveaux projets depuis ses bureaux de la rue de Bourgogne, à deux pas de l’Assemblée nationale. À ses côtés, notamment, ses partenaires de feu “la bande à Léo” : les anciens ministres Gérard Longuet et Hervé Novelli.

Nous ne cherchons pas seulement à sortir de l’impasse actuelle, mais à déverrouiller l’avenir.

Armé d’une curiosité jubilatoire, le cérébral fait pièce à sa réputation de Cassandre : « Je suis très optimiste. Même s’il faudra surmonter bien des difficultés, nous sommes à l’orée des dix années les plus fabuleuses de l’histoire de l’humanité. Grâce aux innovations, nous allons entrer dans l’ère de l’exponentielle, avec un hyper-capitalisme qui va transformer nos sociétés. Voilà pourquoi nous ne cherchons pas seulement à sortir de l’impasse actuelle, mais à déverrouiller l’avenir. »

En clair, Alain Madelin et sa fine équipe s’appliquent à mettre l’intelligence artificielle au service du libéralisme. Il faut le voir, avec des allures de professeur Nimbus, présenter leur nouvel algorithme maison : un outil destiné à tester les arguments libéraux auprès de chaque segment de la population, pour les affiner, les polir, les rendre toujours plus percutants.

Il y a quelque chose de savoureux à observer ce presque octogénaire – entré au gouvernement en 1986 – distribuer des leçons de modernité à un “nouveau monde” qui l’avait oublié depuis sa déroute du premier tour de la présidentielle de 2002, lorsqu’il s’était abîmé à 3,91 %.

Faire turbuler le système

Au sujet de la classe politique du moment, Madelin se montre évidemment sévère : « Il y en a quelques-uns qui se soignent, mais ils ne sont pas tous guéris. » Et de pronostiquer un franc renouvellement dans les années à venir. Sans surprise, David Lisnard, qui lui a succédé dans le rôle de héraut du libéralisme, est celui qui l’intéresse le plus : « Heureusement qu’il est là ! » Sophie de Menthon (Je suis pour David Lisnard, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, Bruno Retailleau… Sans oublier Alain Madelin, qui m’a convertie au libéralisme lorsque j’avais 35 ans.) souligne pourtant ce qui les distingue : « Madelin est un homme d’idées, un macroéconomiste, là où Lisnard est un maire, quelqu’un qui a les pieds sur terre. L’idéal serait qu’ils fassent un ticket ! »

La dirigeante du mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance) se souvient d’un homme aussi détonnant que précurseur : « Je suivais de près Idées action, qui était davantage un mouvement qu’un parti politique, que j’ai contribué à monter avec lui dans les années 1990. Il y avait un côté Macron avant Macron. Je me souviens notamment avoir conseillé Alain Madelin de s’inspirer des réunions Tupperware pour organiser des réunions militantes chez les gens ! »

S’il juge que vous n’êtes pas assez intéressant ou à son niveau, il vous oublie rapidement. Mais lorsqu’on a la chance de le connaître vraiment, on découvre un homme d’une grande générosité intellectuelle, capable de beaucoup de sensibilité et d’un humour surprenant.

Sophie de Menthon fait la description d’un caractère bien trempé : « C’est un homme plutôt froid au premier abord, qui peut parfois sembler méprisant, très conceptuel ou intellectuellement dominateur. S’il juge que vous n’êtes pas assez intéressant ou à son niveau, il vous oublie rapidement. Mais lorsqu’on a la chance de le connaître vraiment, on découvre un homme d’une grande générosité intellectuelle, capable de beaucoup de sensibilité et d’un humour surprenant. »

Notre présent économique confirme ses analyses d’hier

De colloques en débats, Alain Madelin est aujourd’hui un expert réclamé, au point d’être parfois comparé à un prophète. Peut-être parce que notre présent économique confirme ses analyses d’hier. Pour le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille : « L’homme a pour mérite de toujours assumer une ligne claire. Aux côtés de François Léotard et de quelques autres, il fut dès les années 1980 l’un de ceux qui portaient des idées innovantes et audacieuses, incarnant une sensibilité différente de celle des dirigeants de la droite de l’époque, Chirac et Giscard. »

Frédéric Masquelier, maire Les Républicains de Saint-Raphaël, a ainsi accueilli Alain Madelin, début novembre, lors des Rencontres de l’Avenir, organisées dans sa commune.

Un geste qui tenait lieu d’hommage pour l’édile varois, venu à la politique lors d’un meeting du candidat libéral en 1994, à Nice : « Il fait partie des rares hommes politiques à avoir de vraies convictions, une matrice intellectuelle solide. Aujourd’hui encore, il joue le rôle d’indispensable aiguillon des idées libérales. C’est aussi un homme engagé contre le totalitarisme. Lors des Rencontres de l’Avenir, il a pu discuter avec des descendants de victimes des Khmers rouges, ou encore avec le fils du commandant Massoud. »

À son côté, Madelin s’est recueilli devant le monument dédié aux victimes du communisme, le seul en France, que le maire avait inauguré en août dernier, malgré les protestations fielleuses de la gauche locale. Instant grave, traversé par une idée simple, presque obstinée. La liberté, encore et encore .

La suite ici: 

https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/du-liberalisme-a-lintelligence-artificielle-madelin-ne-lache-rien 


 

Alain Madelin

Alain Madelin, né le 26 mars 1946 à Paris, est un homme politique français, candidat libéral à l'élection présidentielle de 2002. 
 

Biographie

Fils de Gaétan Madelin, ouvrier spécialisé de Renault et d'Aline, femme de ménage, il passe son enfance à Belleville, à Paris.

Choqué par les accords d'Évian, il s'engage dès 16 ans pour la cause nationaliste et devient familier des bagarres avec les militants d'extrême gauche. En 1963 il est à la Fédération des Étudiants Nationalistes où il est responsable de l'action militante. Il sera blessé à l'entrée du lycée Turgot dans une bagarre entre lycéens communistes et membres de la FEN. En 1964, alors qu'il étudie le droit à Assas, il est l'un des fondateurs du mouvement Occident, mouvement étudiant d'extrême droite, avec Gérard Longuet et Patrick Devedjian. Revenant sur cette époque, il déclare qu'il s'agit d'un :

« anticommunisme militant, extrême et passionné, qui a accompagné une bonne partie de ma vie d'étudiant. Et comme à ce moment-là, la France de l'anticommunisme était marginalisée, nous avons été systématiquement confinés à l'extrême droite. En face, ils étaient pour Mao et Pol Pot, pour les Gardes rouges et pour les Khmers rouges. Je ne regrette pas de ne pas avoir choisi ce camp-là.[1] »

Le 12 janvier 1967, Occident opère une action commando contre des militants d'extrême gauche qui distribuent des tracts à la faculté de Rouen. Le commando, dont fait partie Madelin, laisse sur le carreau cinq blessés dont un grave, crâne fracturé et même percé d'un coup de clé à molette. Ironie du sort, ce blessé grave n'est autre qu'un futur journaliste du journal Le Monde, Serge Bolloch.

Les militants d'Occident affrontent les manifestants de mai 68 ; le groupuscule est dissous à l'issue de la crise.

À l'automne 1968, Alain Madelin retourne à la faculté de droit d'Assas, et adhère aux Républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing. Il obtient une licence de droit. L'avocat prête serment en 1971, mais ne coupe pas vraiment les ponts. Il travaille dans différents instituts et organismes patronaux, notamment avec Georges Albertini, un ex-lieutenant du collaborationniste Marcel Déat, qui fut un des derniers ministres du maréchal Pétain.

Il intègre l'état-major de Valéry Giscard d'Estaing, qui est élu président en 1974. (idem en 1981)

En 1978, Alain Madelin est élu député d'Ille-et-Vilaine et devient vice-président du Conseil régional de Bretagne ; il fait sensation en arrivant sans cravate dans l'hémicycle.

Lorsque la droite gagne les élections législatives en 1986 et que débute la première cohabitation, Jacques Chirac le nomme ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme. Le scénario se répète lorsque la droite gagne les élections législatives en 1993 et qu'Édouard Balladur, Premier ministre de la seconde cohabitation, nomme Alain Madelin ministre des Entreprises et du Développement économique.

Son passage laisse deux traces notables : d'une part les contrats de retraite dit « Madelin », permettant aux non-salariés de se constituer une retraite par capitalisation ; d'autre part une simplification des démarches de création d'entreprise, avec la mise au point du statut d'entreprise unipersonnel (EURL et EARL).

En 1995, Alain Madelin est élu maire de Redon.

Lorsque l'UDF se range derrière Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, il choisit de soutenir Jacques Chirac. Élu, ce dernier le nomme ministre de l'Économie et des Finances, mais ses positions le mènent à la démission au bout de trois mois, et il est remplacé par Jean Arthuis. Lors de son passage au ministère, il ne fait pas montre d'un libéralisme excessif : il approuve une hausse importante des impôts ; il signe avec d'autres ministres la Loi anti-Reichman, destinée à empêcher les gens de s’assurer librement en dehors de la Sécurité sociale (loi jamais appliquée en l'état, et rapidement remaniée, puisque contraire aux dispositions communautaires).

À la victoire de la gauche en 1997, il prend la tête du Parti républicain. À l'été 1997, il renomme ce parti Démocratie Libérale.

Il se présente à l'élection présidentielle de 2002, mais ne parvient pas à atteindre le seuil de 5 % des voix qui lui permettrait de se faire rembourser ses frais de campagne : financièrement acculé, il rejoint avec son parti l'UMP en 2002, et se retire rapidement de la vie politique.

La vie post politique

Avec Henri Lepage, il a fondé dans les années 1990 le (futur cyber) Institut Euro 92, qui constitue depuis lors une réserve inestimable d'articles portant sur des sujets aussi variés que la monnaie, l'environnement, la santé, ou encore l'histoire des idées libérales. Il aussi a continué à prendre part à la vie intellectuelle française avec les cercles libéraux.

Il est aujourd'hui avocat au barreau de Paris, divorcé, et a trois enfants.

Depuis novembre 2007, il préside le Fonds mondial de solidarité numérique créé en 2005 sous l'égide du président sénégalais Abdoulaye Wade. En 2011, il a cofondé le fonds de Private Equity Latour Capital.

Il reste un observateur attentif de la vie politique française. À la primaire de la droite en 2016, il soutient Alain Juppé, et manifeste une certaine approbation des propositions d'Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017.

En 2025, il s'inscrit sur X (anciennement Twitter).

Fonctions et carrière politique

Mandats électifs

  • Député d'Ille-et-Vilaine (1978-1986, 1988-1993 et depuis 1995).
  • Parlementaire européen (1989, 1999-2002).
  • Conseiller régional de Bretagne (1992-1998).
  • Conseiller général du canton de Redon (Ille-et-Vilaine, 1994-1995).
  • Maire de Redon (Ille-et-Vilaine, 1995-2001).

Responsabilités exercées

  • Ministre de l'industrie, des postes et télécommunications et du tourisme (1986-1988).
  • Vice-président de l'Union pour la Démocratie française, UDF (1991-1996).
  • Ministre des entreprises et du développement économique, chargé des petites et moyennes entreprises et du commerce et de l'artisanat (1993-1995).
  • Ministre de l'Économie et des finances dans le gouvernement Juppé (18 mai-26 août 1995).
  • Président de Démocratie libérale (1997-2002).

Sanction disciplinaire

  • 02/02/1984 Infraction : « Injures ou menace envers le président de la République française » (Article 73 du Règlement de l'Assemblée nationale) Peine: « Censure simple » (privation pendant un mois de l'indemnité parlementaire). Contexte : pendant le débat portant sur la loi visant le groupe Hersant, François d'Aubert, Alain Madelin et Jacques Toubon avaient mis en cause l'honneur du président François Mitterrand en rappelant les relations que le chef de l'État avait entretenues, au sein d'une revue féminine intitulée Votre Beauté, avec d'anciens responsables du CSAR (la Cagoule).

Publications

  • 1987, "Non au désarmement idéologique", In: Henri Lepage et Serge Schweitzer, dir., De l'ancienne économie à la nouvelle économie, Librairie de l'Université, Aix-en-Provence, pp297-302
  • 1988, "Actualité de Frédéric Bastiat", In: "Un libéral : Frédéric Bastiat", Presses de l’IEP de Toulouse, Rencontres de Sorrèze, 19 et 21 février 1987, ISBN 2-903847-24-10
  • 1997,
    • a. dir., "Aux sources du modèle libéral français", Paris: Perrin
    • b. "Préface. Le modèle libéral français", In: Alain Madelin, dir., "Aux sources du modèle libéral français", Paris: Perrin, ppi-viii

Citations

Sur Madelin

  • Madelin, - le "grand libéral français", qui restera dans l'histoire de France le ministre des finances qui a le plus augmenté les impôts. (Claude Reichman)
  • La démission d’Alain Madelin de son poste de ministre des Finances et de l’Économie est un événement politique majeur dont les conséquences se feront sentir de manière durable. (...). Le ralliement d’Alain Madelin a apporté à Jacques Chirac l’appui décisif dont il avait besoin, grâce au vote d’un grand nombre de Français qui ont vraiment cru au changement, qui ont vraiment pensé qu’on allait enfin mettre fin à la dérive monstrueuse du tout-État et redonner sa place à la discipline de la responsabilité individuelle. Tous ces hommes et ces femmes qui, jour après jour, s’épuisent à produire et à créer en dépit d’obstacles réglementaires et fiscaux croissants espéraient sincèrement la reconnaissance à laquelle ils ont droit. Ils sont aujourd’hui victimes d’une terrible trahison. (Pascal Salin, Le vrai libéralisme: Droite et gauche unies dans l'erreur, 2019)

De Madelin

  • "Bien souvent au lieu de réclamer « moins d'État », nous devrions en fait demander «plus de droit ». Telle est la vraie démarche libérale". Alain Madelin, 1997, "Préface. Le modèle libéral français", In: Alain Madelin, dir., "Aux sources du modèle libéral français", Paris: Perrin, pv
 

Référence

Liens externes

 

La modernité de la pensée libérale....

par Alain Genestine 22 Janvier 2008, 22:39 Politique

Par formation, par tradition, le français ne serait pas fait pour un libéralisme qui, par nature, nous-dit on, correspond beaucoup mieux aux particularités historiques et sociologiques du monde anglo-saxon qu'au nôtre.

Propos d'Alain MADELIN

Il s'agit-là d'une idée reçue. Nous avons perdu de vue le rôle central joué par les auteurs libéraux français des 18ème et 19ème siècles dans la fomation, la conceptualisation et la diffusion des idées libérales. Sans leurs apports, le libéralisme serait sans doute resté une pensée inachevée.

 Rien n'est plus habituel, par exemple, que de faire remonter les sources de la pensée économique libérale à Adam Smith. Le philosophe écossais serait non seulement le fondateur de la science économique, mais plus encore le véritable inventeur, le " découvreur " du libéralisme économique. Présenter les choses ainsi occulte tous les apports d'une tradition française qui, tout au long du 18ème siècle, a produit des ouvres essentielles. Elle minimise notamment le rôle fondamental de Turgot dans la formation des concepts de base de la pensée économique libérale moderne. Des travaux scientifiques ont récemment révélé l'ampleur des emprunts qu'Adam Smith avait réalisé auprès de son illustre contemporain français.


De même, on oublie que la grande littérature libérale des Etats-unis s'inscrit directement dans la tradition d'une école d'économie politique américaine fondée au début du 19ème siècle par l'ancien Président Thomas Jefferson sur la base d'un manuel qui n'était autre que la traduction réalisée par lui d'un ouvrage d'un auteur français, le comte Destutt de Tracy. Ainsi, bien des idées qui nous reviennent aujourd'hui d'outre-Atlantique ne sont en fait que des reformulations et développements modernisés de concepts ou d'analyses dont les prémisses ont généralement été posées par des auteurs bien français : par exemple toute l'analyse moderne des mécanismes de la croissance de l'Etat que l'on retrouve déjà anticipée chez les auteurs libéraux de la Restauration (Charles Comte, Charles Dunoyer, Augustin Thierry), et plus encore chez Frederic Bastiat et les collaborateurs du Journal des Economistes.
 

Sur un plan scientifique, beaucoup d'économistes seront sans doute étonnés d'apprendre qu'il existe actuellement un courant anglo-saxon qui vise à réhabiliter l'oeuvre de ces économistes français du 19ème siècle en démontrant que leurs jugements se fondaient sur une démarche scientifique incomparablement supérieure à celle de leurs rivaux britanniques, les fameux Manchestériens (Ricardo, Malthus...) présentés dans tous les cours d'université comme les fondateurs, à la suite d'Adam Smith, de la vraie science économique. Alors que ces derniers éprouvaient encore beaucoup de mal à résoudre le problème des origines de la valeur ? et contribuaient ainsi à entretenir les germes de ce qui allait plus tard former le coeur de la doctrine marxiste ?, les économistes français rejetaient déjà résolument les ambiguités de la théorie de la valeur-travail pour adopter (malheureusement sans être encore en mesure de l'expliciter clairement) une conception "subjective" et très moderne de la valeur.


Enfin, il est à la mode d'accuser les libéraux contemporains du péché d'économicisme, et de leur reprocher de ne plus accorder suffisamment d'attention aux vraies valeurs de l'Humanisme européen. En faisant le procés de l'Etat-étouffe-tout, en appelant à la régression des dépenses publiques, en condamnant les nationalisations et les excès de l'économie administrée, en dénonçant les abus de la protection socialisée, en se faisant les défenseur de la propriété, les libéraux "à l'anglo-saxonne" trahiraient les idéaux humanistes de leur tradition. Le libéralisme présenterait le défaut rédhibitoire de conduire à la victoire des comportements individualistes, au détriment de tout ce qui peut incarner la présence de valeurs de solidarité ou d'identités collectives.


Ce procès de l'individualisme n'a rien de nouveau. C'était déjà ce que socialistes et conservateurs reprochaient de concert aux libéraux français du 19 ème siècle. Les travaux de ces derniers prouvent pourtant à quel point ce reproche est infondé, et résulte plus de fantasmes idéologiques et politiques que d'une analyse réelle de la pensée de ceux qui étaient concernés.


Que Benjamin Constant ou Alexis de Tocqueville échappent généralement à cette opprobe n'empêche pas que les autres partageaient le plus souvent la même conviction sur l'importance du rôle des traditions, du respect des valeurs et des solidarités communautaires, mais que c'était précisément au nom de la préservation de celles-ci qu'ils s'attaquaient aux monopole de l'Etat moderne avec une virulence très souvent bien au-delà de ce que l'on trouve aujourd'hui dans la pensée libérale même la plus agressive. Excellents prophètes de ce qui allait s'enchaîner avec l'avènement des Etats providence contemporains, et en raison même des leçons qu'ils avaient eux-mêmes tirées de leur expérience révolutionnaire, les libéraux français du 19ème siècle ont été les premiers à comprendre que c'est l'excès d'Etat qui conduisait paradoxalement à l'anomie sociale aujourd'hui si fréquemment mise au débit du libéralisme.


Les vrais contours du libéralisme

Ces remarques sur l'histoire de la pensée libérale dans notre pays me conduisent tout naturellement à préciser une nouvelle fois les contours de cette pensée libérale, ainsi que les contributions qu'elle apporte tant au progrès social qu'au progrès économique. La pensée libérale est très souvent assimilée à un certain nombre de recettes économiques qui asservissent l'homme et le mettraient au service exclusif des chiffres. En réalité, cela n'a aucun sens. La pensée libérale, avant d'être une pensée économique, est une pensée philosophique, juridique et politique de la libération de l'homme.

Un libéralisme philosophique et politique

Le libéralisme correspond d'abord et avant tout à l'idée que l'homme est un être moral, un être de conscience, un être libre, libre de faire le bien comme le mal. Et c'est précisément cette liberté de choisir en conscience de faire l'un ou l'autre, l'un plutôt que l'autre, qui fonde sa responsabilité; responsabilité vis-à-vis de Dieu son Créateur pour les uns, vis à vis des exigences de sa raison pour les autres. A son tour, c'est parce que le libéralisme voit d'abord et avant tout dans chaque être individuel ce qu'il y a de responsable, qu'il en conclue que tous les hommes sont moralement égaux, et qu'il pose ainsi le principe de l'égale dignité de tous les êtres humains.


Défini de cette façon, le libéralisme est le produit d'une longue histoire philosophique qui débute en Grèce il y a vingt cinq siècles, est ensuite portée par le grand souffle du christianisme, et se trouve finalement consacré par les déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, véritable charte des libertés individuelles. C'est une doctrine qui, par construction, se déclare l'ennemie irréductible de toutes les thèses qui prônent l'inégalité des hommes ou des races.


Concrètement, cela veut dire que pour les libéraux il existe au-dessus de tout pouvoir humain, qu'il soit d'essence autocratique ou démocratique, une autre loi, fruit de la nature de l'homme, de son histoire et de notre civilisation, qui s'impose à lui comme à tous les autres hommes, et qui limite ce qu'il peut naturellement faire ? par exemple violer les droits des autres. Au nom de ce principe essentiel je suis de ceux qui considèrent que si 51 % des français, ou même 99 % votaient la suppression des droits de l'homme, cela n'empêcheraient pas ceux-ci de continuer à exister, et donc de s'imposer à tous comme un devoir moral.


Pour moi, c'est d'abord cela être libéral. C'est un refus farouche de la loi du plus fort; et donc de ramener le droit à la simple expression du choix des plus forts, ou des plus nombreux.


Un libéralisme juridique

Il s'ensuit qu'aux yeux d'un libéral la démocratie ne peut se réduire à l'exercice du seul principe majoritaire. La loi de la majorité doit se trouver équilibrée par un principe de limitation du pouvoir qui protège les droits des minorités ? à commencer par ceux de la plus petite de ces minorités, l'individu.


C'est ainsi que la conception libérale de la démocratie repose sur la présence de limites constitutionnelles délimitant les pouvoirs du législateur et du gouvernement. Dans la démocratie libérale, la loi ne saurait se réduire à la volonté et aux caprices d'une majorité d'un jour. La loi ne peut être que le produit de procédures complexes où s'inscrit l'héritage accumulé d'une longue histoire juridique et culturelle.


Le libéralisme est donc une approche des relations humaines et politiques fondées sur la priorité de l'ordre juridique.


Il existe deux méthodes pour assurer l'ordre social : la première consiste à donner des ordres, à en user et à en abuser, en étendant indéfiniment le pouvoir des contraintes de l'Etat. La seconde cherche non pas à commander les hommes au moyen d'une autorité dite supérieure, mais à établir les droits et les obligations réciproques des individus. C'est la méthode juridique, la méthode libérale.


Bien souvent au lieu de réclamer "moins d'Etat", nous devrions en fait demander "plus de droit". Telle est la vraie démarche libérale.


Un libéralisme économique

Le libéralisme économique est bien évidemment indissociable des deux caractéristiques précédentes. C'est l'ordre juridique d'une société d'hommes libres, citoyens d'un Etat soumis au droit ? l'Etat de droit ?, qui est la source de la croissance et de la prospérité économique.

L'essor des disciplines macro-économiques nous a habitué à raisonner en termes de "demande", de "capital", "d'investissement", de "productivité"... Mais à manier les équations de plus en plus complexes, nous en sommes arrivés à perdre de vue l'essentiel : à savoir qu' "il n'y a de richesse que d'hommes".

Pour le libéral que je suis, la croissance, l'emploi n'ont en définitive d'autre origine que l'homme, sa liberté et sa créativité. Ce n'est pas dans l'étude de la macro-économie que se trouve le secret de la prospérité économique, mais dans les institutions et la manière dont elles stimulent sa créativité en faisant appel à sa liberté et à son sens de la responsabilité.

A cet égard la référence du libéralisme au "laissez faire" est la source d'immenses malentendus. Ce n'est pas le libéralisme en soi, mais la trahison des grands principes de droit par des Etats qui ne conservent plus que les apparences de l'ordre libéral qui est la cause des grands dérèglements économiques et sociaux.

Historiquement, le "laissez faire, laissez passer" constituait une réaction contre le colbertisme, son dirigisme étouffant, et ses privilèges sclérosants. C'était, prioritairement, un revendication de responsabilité. "Laissez faire, laissez passer", c'était une façon de permettre l'ascension des individus, la liberté d'épanouissement des originalités personnelles.

C'est ainsi une erreur que de laisser croire que la pensée libérale réduit l'homme au rôle de simple agent économique dont la seule fonction serait de produire, de consommer ou d'investir. Pour un libéral, l'économie est d'abord et avant tout faite d'hommes et de femmes plus ou moins incités à faire preuve d'initiative, à entreprendre, à innover, à travailler, à faire preuve de responsabilité dans des structures sociales qui favorisent plus ou moins le meilleur de chacun.

La dimension sociale du libéralisme

Celle-ci est encore plus mal connue. L'étiquette libérale a trop servi dans le passé à couvrir des marchandises frelatées et diverses formes de conservatisme qui n'avaient rien à voir avec le libéralisme.

C'est ainsi que le libéralisme est trop souvent identifié à une absence de générosité sociale, une loi de la jungle où le fort triompherait aisément des faibles. Ce n'est pas exact.

Certes, pour les libéraux, la confiance dans les libertés économiques est le plus sûr moyen pour conduire à la prospérité. Mais les libéraux sont les premiers à reconnaître que s'il y a dans l'homme un besoin de liberté, il y existe aussi bien entendu un besoin de sécurité.

Cette vérité d'évidence, vous la retrouverez très clairement exprimée chez les libéraux français du 19ème siécle. Chez Frédéric Bastiat par exemple, qui a consacré de très belles pages à montrer que le besoin de sécurité est fondamental dans l'âme humaine, et qu'il faut travailler à donner aux hommes les moyens d'assurer leur sécurité car cela ne se fait pas tout seul.

C'est pourquoi les libéraux du 19ème siècle furent les initiateurs de nombreuses institutions de protection sociale sous forme d'assurances ou de sociétés de secours mutuels ; institutions destinées à prévenir la maladie, le chômage, ou la vieillesse, à permettre aux ouvriers de se créer un patrimoine au travers de caisses d'épargne. C'est un libéral, l'économiste Gustave de Molinari, qui, joignant l'acte à la parole, tenta par exemple le premier en France de créer des "Bourses du travail". Bien des expériences et réalisations qui ont marqué l'évolution de notre société et de son environnement social à la fin du 19ème siècle, furent en fait le produit d'initiatives libérales.

La grande différence avec la pensée sociale contemporaine est que les libéraux mettent l'accent sur le rôle prioritaire des associations et du monde associatif. La pensée libérale est une pensée d' équilibre, une pensée qui considère que si l'on veut éviter l'oppression des faibles par les forts il existe une autre voie que le recours à la loi ou à l'Etat : la libre association. Le libéral est quelqu'un qui, à une intervention de l'Etat préfère, chaque fois que cela est possible, une intervention des intéressés eux mêmes, spontanément associés.

C'est ainsi, là encore, qu'au 19ème siècle, ce sont les libéraux qui, en France, demandaient la liberté des syndicats, syndicats libres et libre entreprise étant à leurs yeux deux formes complémentaires d'un même ordre social. Pour autant toutefois que ces syndicats respectent eux-mêmes le jeu des libertés, et n'utilisent pas l'Etat pour passer d'un ordre de contrats volontaires à un nouvel ordre d'essence réglementaire construit sur une pyramide d'alibis quasi-contractuels.

La pensée du 21ème siècle

Pour terminer, je voudrais montrer que ces idées, bien qu'elles soient illustrées par la pensée de gens d'hier, sont en réalité plus actuelles que jamais.

A la veille de notre entrée dans le 21ème siècle, nous sommes en effet confrontés à un formidable changement. Après la révolution agricole, puis la révolution industrielle, voici que se profile la troisième grande vague de changement dans l'histoire de l'Humanité.

La mondialisation de l'économie, la réduction des distances et l'accélération du temps, la révolution des technologies de l'information et de la communication annoncent une nouvelle civilisation. A la civilisation de l'usine va succéder celle du savoir.

Nous vivons la révolution d'une économie globale où capitaux et informations ne connaissent plus de frontières. Une économie où ce ne sont plus seulement les matières premières ou les sources d'énergie qui comptent, mais, de plus en plus, le savoir, le travail, l'organisation. Nous entrons dans un monde où, plus que jamais, ce qui va compter, ce sont les talents, les capacités d'imagination et de créativité des hommes.

Ainsi esquissé, ce 21ème siècle, porte en lui une formidable promesse. Le 20ème siècle a été le siècle des Etats avec ses deux guerres mondiales, puis celui de l'Etat-providence et du pouvoir montant des bureaucraties. Depuis le grand évènement que fut la chute du mur de Berlin, le 21ème siècle apporte au contraire avec lui la promesse d'un monde qui fera davantage confiance à l'homme, d'un monde qui remet l'homme au coeur de la société.

Les nouveaux horizons de la science apportent non seulement de nouvelles chances de prospérité, d'emplois et de croissance, mais encore une croissance d'un type nouveau : une croissance plus soucieuse de l'homme et de son environnement, lui offrant de nouvelles possibilités d'être et d'apprendre. Une croissance créatrice de nouveaux produits, de nouveaux services, donc de nouveaux métiers, et porteuse d'une culture plus accessible.

Simultanément, cette plus grande ouverture au monde suscite un besoin de proximité, la nécessité de repères sécurisants et d'espaces à taille humaine, et la possibilité de s'épanouir au sein de multiples communautés ? dont la plus naturelle reste la famille ?, d'associations volontaires, de solidarités professionnelles et culturelles.

Ce 21ème siècle sera un siècle de citoyens plus libres et plus responsables, plus autonomes mais aussi plus solidaires au sein d'une société de plus grande harmonie; un siècle donnant davantage de place à une société civile infiniment plus riche.

Bien évidemment, je ne dis pas que cette mutation ira sans problème. J'en déduis néanmoins que ce siècle sera marqué par un grand choix libéral, par le retour en force de systèmes de valeurs et de cohésion sociétale beaucoup plus proches des valeurs libérales auxquelles j'adhère que cela n'a jamais été le cas depuis bien longtemps.

Voilà pourquoi il est si important aujourd'hui de renouer avec les racines historiques et intellectuelles du libéralisme, et notamment du libéralisme français, sans doute le plus riche de tous. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de lancer ces premières université populaires libérales, pour mieux faire connaître les sources et les fondements de la pensée libérale, et montrer leur grande modernité.

 


 

Cliquez et lire ici:

Alain Madelin news et archives

Sommaire:

A) « La maîtrise de la dépense publique passe essentiellement par une redéfinition des frontières de l’État » - Dossier : Finances Publiques - Alain Madelin - Charlotte Cabaton

B) Alain Madelin : l'UMP, le libéralisme et moi -

C) Alain Madelin et tous les posts de l'Université Liberté

D) La nouvelle prime d’activité ne résout en rien l’empilement des aides sociales françaises, alors que la création d’un impôt négatif permettrait de le faire - Libre échange avec Alain Madelin

E) Alain Madelin et tous les posts de Contrepoints

F) "De quel Droit ?", conférence Alain Madelin - Par Institut Turgot

G) Alain Madelin dresse un constat de la loi éponyme vingt ans après sa création. - par AG2R La Mondiale

 

Alain Madelin, ses visions pour aider les entreprises !

 Sommaire:

A) Alain Madelin : "ce que je ferai pour aider les entreprises" - par Isabelle Jouanneau - Entreprendre

B) Différents liens sur des posts de l'UL qui concerne Alain Madelin

C) Différents liens sur des posts de l'UL qui concerne l'Entreprise

 

"La vraie facture de l’assistanat c'est celle des entreprises (150 milliards de subventions)" A Madelin

Alain MADELIN et le "Libéralisme" en 2014/15 - Un "Libéral complet" !!

La politique pro-croissance d'Alain MADELIN, est-ce bien libérale ?

Sommaire:

A) Une politique pro-croissance et pro-capital est nécessaire et possible - Détroyat Associés, Alain Madelin

B) Alain Madelin : "La fiscalité la plus juste est une fiscalité pro-croissance"- Par - Le Point

C) UNE FISCALITÉ PRO-CROISSANCE - Alain Madelin

D) Croissance économique de Wikiberal

E) Mitch McConnell, paradoxal nouvel homme fort à Washington - Par
IA et libéralisme, Kairos, le projet fou d’Alain Madelin 
 
L’ancien ministre de l’Industrie travaille secrètement à un outil qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour faire infuser le libéralisme dans l’opinion. ➡️ https://l.lepoint.fr/AdV

 

 

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