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décembre 19, 2025

Comment endormir avec duplicité nos agriculteurs alors qu'une opportunité se présente à eux !

Les débats autour du MERCOSUR sont affligeants. 

La démagogie politique, toutes tendances confondues, qui exploite et entretient les peurs des agriculteurs n’est pas digne de la politique. 

Non le MERCOSUR n’est pas le raz de marée qui va détruire l’élevage européen et empoisonner nos assiettes. D’abord, la réalité des chiffres. Les importations de viandes concernées représentent 99 000 tonnes maximum, soit 1,5 % de la consommation européenne. Rapporté à la France, cela représente 300 grammes par an et par Français. De quelle viande parle-t-on ? Pas des morceaux nobles mais de la viande hachée, des abats,… destinés pour large part à l’industrie et même aux pâtés pour nos chiens et nos chats. 

 


C’est un quota « maximum » qui est rarement atteint comme l’ont montré tous les autres accords de libre-échange qui, comme le MERCOSUR, avaient suscité des peurs disproportionnées avant leur mise en œuvre par rapport à la réalité qui a suivi. Il n’y a pas de quoi déstabiliser tout un secteur. Et pour le cas où les importations perturberaient les prix et les marchés, le MERCOSUR prévoit des mécanismes de sauvegarde. 

Au-delà des chiffres, il y les normes sanitaires dont on laisse volontiers entendre qu’elles ne seraient pas respectées. Bien évidemment, c’est faux. Tout produit importé dans l’UE doit respecter ses normes. Reste la question des normes de production. C’est l’objet des clauses miroirs qui visent à garantir que les produits importés respectent des exigences équivalentes à celles imposées aux producteurs européens. Le principe est acté mais convenons qu’il ne doit pas être simple d’imposer aux éleveurs des pays du MERCOSUR le constant alourdissement des charges, des contraintes et des normes imposées à nos agriculteurs par l’Europe. 

Le MERCOSUR ne doit pas détourner notre regard sur nos propres responsabilités. Le problème ici est moins importé d’Argentine que fabriqué à Bruxelles ou à Paris. J’ai été pendant 30 ans député d’une circonscription agricole. Je connais bien et j’aime les éleveurs. Je sais toutes les difficultés de leur travail. Et ils sont admirables. Et c’est justement pour cela que je trouve indigne de leur mentir. 

D’entretenir et d’exploiter leurs peurs. Cela en dit long sur le triste état du débat public.

Alain Madelin

Accord UE-Mercosur : le face-à-face décisif des agriculteurs français avec Emmanuel Macron


Le Président de la République a convié ce mardi les représentants du monde paysan pour une rencontre cruciale, à l’heure où la colère gronde contre le traité commercial avec l’Amérique du Sud.

Dans un contexte de crise aiguë pour l’élevage national, la rencontre organisée ce mardi  à l’Élysée revêtait un caractère exceptionnel. Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de dermatose nodulaire bovine en décembre, Emmanuel Macron a reçu les dirigeants des quatre principaux syndicats agricoles — la FNSEA, Jeunes Agriculteurs, la Coordination rurale et la Confédération paysanne. L’ordre du jour était sans ambiguïté : l’épineux projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, qui cristallise les craintes de tout un secteur.

La mobilisation, loin de faiblir, s’intensifie. La preuve, jeudi dernier, par plusieurs milliers d’éleveurs et céréaliers convergeant vers Bruxelles avec leurs tracteurs pour bloquer les institutions européennes. Leur crainte ? Voir le marché inondé de viande, de sucre, de riz et de soja en provenance du Brésil, de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay, produits dont les normes de production sont perçues comme moins exigeantes.

« Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair : Mercosur = Non », avait tonné le syndicat majoritaire avant l’entrevue.

Une position qui, malgré des divergences de stratégie, fait l’unanimité chez les agriculteurs français, des plus modérés aux plus radicaux.

Une signature reportée sous la pression

Face à cette fronde transfrontalière, notamment en France et en Italie, le calendrier diplomatique a dû être bousculé. Alors qu’une signature était initialement espérée samedi dernier à Foz do Iguaçu, en présence d’Ursula von der Leyen, elle a été purement et simplement reportée. Une victoire temporaire pour les opposants, mais l’échéance reste menaçante : selon plusieurs sources diplomatiques, une nouvelle tentative est désormais visée pour le 12 janvier au Paraguay.

Le gouvernement français tente de naviguer en eaux troubles. Interrogé mardi à l’Assemblée nationale, le ministre délégué aux Affaires européennes, Jean-Noël Barrot, a tenté de rassurer en brandissant des « concessions inédites ».

« Nous obtenons des mesures miroir pour garantir la réciprocité, des contrôles douaniers renforcés et des clauses de sauvegarde », a-t-il assuré.

Des promesses jugées largement insuffisantes sur le terrain, où les syndicats promettent déjà une remobilisation massive dès début janvier.

Au-delà du commerce, un modèle en question

L’enjeu dépasse la simple concurrence commerciale. Pour les agriculteurs français, c’est la crédibilité même du « modèle européen » qui est sur la table. Comment justifier des normes environnementales et sanitaires strictes — et coûteuses — face à des importations qui n’y seraient pas soumises avec la même rigueur ? L’accord, s’il ouvre des débouchés pour les vins, les spiritueux et les produits industriels européens, est perçu dans les campagnes comme un coup de massue sur des filières déjà exsangues.

La réception à l’Élysée n’a donc rien d’une simple formalité. Elle intervient à un moment où la patience des éleveurs est à bout, entre la gestion contestée de l’épidémie animale et cette menace économique lointaine. La présence conjointe d’organisations aussi différentes que la FNSEA et la Confédération paysanne, pourtant « opposants historiques au traité », en dit long sur l’ampleur de la défiance.

L’heure des choix

Alors que l’exécutif européen semble pressé de conclure un accord vieux de plus de vingt ans de négociations, Emmanuel Macron se trouve dans une posture délicate. Peut-il imposer à ses partenaires européens un veto français, au risque d’entraver une grande ambition géopolitique ? Peut-il, à l’inverse, passer en force et affronter une colère paysanne qui pourrait embraser l’hiver ? Les concessions techniques évoquées par M. Barrot paraissent bien minces face à l’exigence catégorique d’abandon pur et simple du texte. Le bras de fer ne fait que commencer.

https://multipol360.com/accord-ue-mercosur-le-face-a-face-decisif-des-agriculteurs-francais-avec-emmanuel-macron/

 

Le Mercosur, ce bouc émissaire de nos politiques agricoles 

 Déforestation, bœuf aux hormones, trahison de nos agriculteurs. Le Mercosur, accusé de tous les maux, fait l’unanimité contre lui. Pourtant, cet accord pourrait être une opportunité pour notre industrie, sans pour autant sacrifier notre souveraineté alimentaire. 

 


 

 Le Mercosur, c’est en quelque sorte la version sud-américaine de notre marché commun, un espace de libre circulation des biens et des services. Il regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et, depuis l’an dernier, la Bolivie. Le Venezuela en a été exclu en 2016. Après deux décennies de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu, en juin 2019, un traité instaurant une zone de libre-échange. Ou plutôt un accord commercial, car le terme, qui suggère une libéralisation sans contraintes, est trompeur : les règles restent nombreuses et certaines importations limitées. Aujourd’hui, il demeure suspendu à la ratification des 27 États européens. La France est l’un des rares pays à avoir des réserves. À tort ou à raison ? 

Concrètement, la suppression de 4 milliards de droits de douane rendrait nos exportations beaucoup plus compétitives. Le prix des voitures et des vêtements pourrait baisser de 35 %, celui des machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques de 14 à 20 %. Les fournisseurs de services — télécommunications, transports, numérique — accéderaient aux marchés publics locaux. L’industrie automobile européenne, en grande difficulté, appelle évidemment l’accord de ses vœux : il relancerait ses ventes de véhicules thermiques, au moins pour un temps. Au total, Bruxelles projette près de 50 milliards d’euros d’exportations supplémentaires vers le Mercosur, pour seulement 9 milliards d’importations en plus. Des importations qui pourraient bien profiter aux industries européennes. Le Brésil, en particulier, est un important fournisseur de matières premières critiques comme le nickel, le cuivre, l’aluminium, l’acier ou le titane. 

L’erreur est en effet de réduire exportations et importations à une lecture comptable. On croit trop souvent que seule la production locale enrichit, quand les importations appauvrissent. L’exemple du CETA, l’accord entre l’Europe et le Canada, montre l’inverse : les entreprises françaises ont pu importer hydrocarbures et minerais à des prix plus avantageux. Si ces flux semblent peser négativement sur la balance commerciale, ils sont économiquement bénéfiques. Des matières premières moins chères permettent à nos entreprises de réduire leurs coûts et de gagner en compétitivité. Aujourd’hui, qu’importe-t-on majoritairement depuis l’Amérique latine ? Des hydrocarbures, des produits miniers… et des produits agricoles. 

Les agriculteurs européens sont-ils vraiment sacrifiés sur l’autel du commerce ? 

L’agriculture des pays du Mercosur fait peur. Avec 238 millions de bovins , le Brésil possède le plus grand cheptel au monde et assure à lui seul près d’un quart des exportations mondiales. L’Argentine n’est pas en reste, avec 54 millions de bêtes et des troupeaux en moyenne quatre fois plus grands qu’en France. En Amazonie ou dans le Cerrado brésilien, certaines exploitations dépassent même les 100 000 têtes de bétail. À titre de comparaison, la « ferme des mille vaches » picarde, fugace symbole tricolore de l’élevage intensif, n’a jamais compté plus de 900 bovins. Mais le gigantisme ne s’arrête pas à l’élevage. Au Brésil, SLC Agrícola exploite plus de 460 000 hectares de céréales. Deux cents fois plus que la plus grande exploitation française. Les vergers sont quatre fois plus étendus de l’autre côté de l’Atlantique. Sucre, maïs, soja… les agriculteurs européens font face à un géant. Sans jouer avec les mêmes cartes : si les produits importés devront répondre aux normes de consommation européennes, les règles de production ne sont pas identiques. Notamment concernant l’utilisation des pesticides, qui fait tant débat en Europe. Pour les agriculteurs français, difficile de se départir de l’impression de concourir face à des V12 avec un 3 cylindres.

Heureusement, l’Union européenne a prévu des garde-fous. Les importations de bœuf, notamment, sont limitées à 99 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’un gros steak par habitant. Cela ne représente, comme pour la volaille ou le sucre, que moins de 1,5 % de la production du continent. Aucune chance, dans ces conditions, d’être submergé par l’afflux de produits agricoles sud-américains. Et si jamais c’était le cas, une procédure de sauvegarde, qui stopperait net les importations, pourrait être enclenchée. 
 
« En France comme en Europe, les cheptels bovins ont reculé d’environ 10 % en dix ans, et cette concurrence n’y est pour rien », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. Selon lui, les pays du Mercosur disposent déjà d’un client de poids avec la Chine, beaucoup plus simple à approvisionner. L’Europe, au contraire, impose des normes strictes et chaque exploitation doit être agréée individuellement. « On l’a vu avec le CETA : dans ces conditions, rien ne garantit même que les quotas soient atteints », ajoute-t-il. 
 
Café, oranges, soja… À l’heure actuelle, le Mercosur vend surtout à l’Europe des produits qu’elle ne cultive pas. La seule filière réellement exposée semble être celle du maïs. Massivement OGM, la production brésilienne échappe à tout quota. Elle représente bien la schizophrénie des normes : un maïs impossible à cultiver en Europe peut nourrir nos animaux d’élevage. 
 
L’accord pourrait même ouvrir de nouvelles perspectives à certains agriculteurs européens. Bruxelles table sur 1,2 milliard d’euros d’exportations supplémentaires. Les viticulteurs seraient les premiers bénéficiaires : leurs vins gagneraient en compétitivité et leurs appellations, comme celles de plusieurs fromages, seraient enfin reconnues outre-Atlantique. Exit le « Champagne » argentin ou le camembert brésilien. Dans une moindre mesure, les fruits et légumes, les huiles végétales et les produits laitiers devraient eux aussi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. 
 
Quand l’écologie gagne à commercer avec le bout du monde 
 
Pour beaucoup, faciliter le commerce transatlantique est vu comme une aberration environnementale. Pourtant, les accords commerciaux sont des outils puissants pour convertir le reste du monde à la vision européenne du mieux-disant écologique et social. Ils permettent de façonner les règles du commerce mondial conformément aux normes européennes les plus élevées, de projeter nos valeurs à travers des obligations détaillées en matière de commerce, d’emploi et de développement durable. Les signer, c’est ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail et les accords multilatéraux sur l’environnement, de l’Accord de Paris aux conventions biodiversité. Toute violation pouvant justifier une suspension, totale ou partielle. Ainsi, en 2020, le Cambodge a perdu ses privilèges unilatéraux, du fait des dérives autoritaires du Premier ministre Hun Sen.
 
La culture du soja, importante cause de déforestation, est souvent évoquée. Pourtant, l’accord avec le Mercosur ne change rien à l’affaire, les importations de tourteaux étant déjà exemptes de toute taxation douanière. Le rôle de l’Union européenne, qui n’importe que 14 millions de tonnes par an , contre 112 millions pour la Chine, est de toute façon minime. L’accord entraîne par ailleurs la ratification du Protocole de Glasgow, qui prohibe toute déforestation à partir de 2030. Pour la transition énergétique, c’est aussi un enjeu majeur : le Brésil détient 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel et de manganèse. L’Argentine regorge de lithium. De quoi nourrir notre industrie verte… 
 
Reste la question du contrôle. Croire que les contrôleurs de l’Union puissent éviter toute entorse aux règles est évidemment illusoire. Mais croire qu’ils sont aveugles n’est pas moins excessif. L’an dernier, une enquête a dévoilé la présence d’hormones dans le régime alimentaire des bœufs au Brésil. Pas à des fins d’engraissement, comme on l’a souvent suggéré, mais à des fins thérapeutiques … ce qui est aussi possible en Europe. Les mêmes craintes étaient brandies lors de la signature du CETA. Huit ans plus tard, aucun bœuf aux hormones n’est importé du Canada. 
 
 

 
 
En creux, l’amertume du deux poids, deux mesures 
 
Alors que toutes les pratiques agricoles sont remises en question, que des militants n’hésitent pas à les accuser d’empoisonnement, ni à fantasmer sur une chimérique agriculture sans intrants, l’opposition au Mercosur semble bien dérisoire. Nos agriculteurs ont-ils baissé les bras face aux ennemis de l’intérieur, au point de ne plus s’autoriser d’autre combat que celui contre leurs concurrents étrangers ? Pensent-ils trouver dans la mondialisation un ennemi commun leur assurant la miséricorde des gardiens du dogme ? 
 
Signer l’accord avec le Mercosur serait un signal puissant, un acte de confiance et de détermination, à contre-courant du repli américain. Mais après des années d’agri-bashing, de surtransposition des normes, on comprend que les agriculteurs se sentent fragilisés face à la concurrence — même si, dans les faits, elle vient bien plus de l’Ukraine ou des autres pays européens que du Mercosur. Après le raz-de-marée médiatique contre la loi Duplomb cet été, difficile de ne pas comprendre non plus leur sentiment d’impuissance. C’est pourtant là que sont les vrais enjeux : redonner aux agriculteurs le goût du possible. Qu’ils puissent à nouveau se projeter dans un avenir à la fois serein et conquérant. Nous en sommes loin. Mais ne baissons pas les bras : la souveraineté se construit plus solidement dans la compétitivité que dans le repli sur soi.
 
Antoine Copra 
@Cobra_FX_ 
 


Dernière information:

"Je rentre du Conseil européen où nous avons travaillé d’arrache-pied avec une seule boussole : une Europe qui protège ses citoyens. C’est une double avancée pour la France et l’Europe. 1. Pour nos agriculteurs et tous les Européens. La France a obtenu le report de la signature de l’accord avec le Mercosur car aujourd’hui le compte n’y est pas. Nous portons des exigences de bon sens, légitimement demandées par nos agriculteurs : clause de sauvegarde robuste, réciprocité avec les clauses miroirs et contrôles efficaces sur les produits importés. Ces exigences doivent être garanties et effectives. Nous avons besoin d’avoir ces avancées pour que l’accord change de nature. Nous ne lâchons rien. En parallèle, nous nous battons pour préserver le revenu de nos agriculteurs dans la future PAC."

Emmanuel Macron

 

Agriculture

L'agriculture désigne une activité ou « processus par lequel les êtres humains aménagent leurs écosystèmes et contrôlent le cycle biologique d'espèces domestiquées, dans le but de produire des aliments et d'autres ressources utiles à leurs sociétés ». Ce secteur économique est en déclin rapide dans le monde occidental, en particulier en termes de part dans la main-d’œuvre totale, grâce aux avancées techniques et technologiques.

L'agriculture est à l'origine de la percée humaine parmi l'étendue des espèces vivantes sur Terre. Elle a connu son développement grâce à l'adaptation des règles de propriété qui lui ont été favorables pour son développement. Pour les chasseurs-cueilleurs, la propriété de la terre n'était pas importante. Pourtant, lorsque les humains ont commencé à cultiver des céréales, il est devenu de plus en plus important d'avoir la propriété de la terre pour motiver le travail nécessaire long et attentionné, fixé à un espace de terre, afin de pouvoir cultiver les graines. Dans ce cas, il est probable que des règles sur la propriété foncière sont apparues en réponse à l'avènement de nouvelles technologies comme les outils agricoles. 

L’émergence de l’agriculture

À partir du second âge du Fer une transition s'opère dans le mode de vie des communautés de chasseurs-cueilleurs.

Révolution agricole

Connue aussi comme la révolution néolithique, cette période a connu une forte augmentation des ressources alimentaires contribuant aussi à l'accroissement démographique.

Domestication des animaux et culture des plantes

Enjeux économiques et politiques

L'agriculture est l'un des secteurs les plus subventionnés par l'État, ce qui est source de multiples rigidités et dysfonctionnements. Les politiques agricoles, incluant le commerce également, fournissent la meilleure illustration des thèses de la théorie du choix public selon lesquelles une partie de la population, dite population agricole, bénéficie d'avantages aux dépens d'une autre partie, les contribuables et les consommateurs.

Face au protectionnisme des pays occidentaux qui empêche le développement des agricultures des pays du Sud tout en renchérissant le coût de l'alimentation pour les habitants des pays riches, les libéraux soutiennent le libre-échange auquel tout le monde serait gagnant.

L'interventionnisme étatique en matière d'agriculture consiste principalement en barrières douanières (le consommateur paie) et en subventions (le contribuable paie). Dans tous les cas, ces mesures se font au détriment du consommateur et au bénéfice de domaines économiques non rentables. Comme l'exprime Nicolas Baverez[1] :

« Droguée à la PAC, l’agriculture française a déserté les marchés, à l’exception de quelques filières comme la viticulture, qui revit en trouvant de nouveaux clients dans les pays émergents. Pour le reste, nous avons transformé les paysans en jardiniers du paysage qui vivent de subventions destinées à se tarir, en s’étant détachés de la production et des consommateurs. »

L'argument classique de l'intérêt général (parfois décliné en « souveraineté alimentaire » du pays) ressemble ainsi fortement à un mensonge utile, permettant de justifier le transfert d'argent de la grande majorité des citoyens vers les agriculteurs. Soit la population est prête à payer plus cher les productions locales, et en ce cas les mesures protectionnistes ou les subventions sont injustifiées et absurdes ; soit elle n'y est pas prête, et en ce cas ces mesures ne sont qu'une coercition étatique qui va à l'encontre des vœux du citoyen, au bénéfice d'un secteur particulier de l'économie du pays, qui se trouve indûment privilégié.

La règlementation et la bureaucratie ont largement envahi l'agriculture et transformé la plupart des agriculteurs en fonctionnaires. Par exemple, la règlementation européenne impose à l'agriculteur de semer des jachères, et ceci en respectant des dates réglementaires, sans préoccuper de l'intérêt de la chose ni de son efficacité.

En pratique, le discours libéral se heurte au lobby agricole, qui réclame toujours davantage de subventions et de protections. Ainsi, en Suisse, « îlot de cherté » où existe (comme dans le reste de l'Europe) un fort protectionnisme agricole (qui renchérit le prix des produits alimentaires d'environ 30 % en comparaison avec le reste de l'Europe), le conseiller fédéral Christoph Blocher a choqué en 2004 en demandant l'ouverture des frontières, la fin des subventions, et un comportement entrepreneurial de la part des agriculteurs[2] :

« La Suisse est devenue une victime de sa propre bureaucratie agricole. [...] Nous sommes allés trop loin dans les interventions bien intentionnées de l’État. Laissons les agriculteurs devenir à nouveau des entrepreneurs ! »

Un autre argument fréquent est que sans subventions et sans protectionnisme, l'agriculture disparaîtrait en Europe faute d'être suffisamment compétitive par rapport au reste du monde. En réalité, la loi des avantages comparatifs s'applique aussi en matière agricole, et doit permettre aux agriculteurs de se spécialiser dans les créneaux les plus porteurs, plutôt que de se transformer en jardiniers du paysage ou en conservateurs du patrimoine rural. La Nouvelle-Zélande, pays plus isolé que la Suisse, subventionne très peu son agriculture[3] en comparaison avec la Suisse ; or, l'agriculture reste l'industrie d'exportation la plus importante du pays. 

Citations

  • « Des romantiques condamnent les théories économiques concernant le sol, comme entachées d'un esprit étroitement utilitaire. Les économistes, disent-ils, regardent la terre avec les yeux du spéculateur insensible qui dégrade toutes les valeurs éternelles en parlant de monnaie et de profits. Et pourtant, la glèbe est bien davantage qu'un simple facteur de production. Elle est la source intarissable de l'énergie humaine, de la vie humaine. L'agriculture n'est pas simplement une branche de production parmi bien d'autres. C'est la seule activité naturelle et respectable de l'homme, la seule condition digne d'une existence vraiment humaine. Il est inique d'en juger seulement en fonction des revenus nets que l'on peut extorquer au sol. La terre ne fait pas que porter les fruits qui nourrissent notre corps ; elle produit avant tout les forces morales et spirituelles de la civilisation. » Ludwig von Mises, L'Action humaine, Chapitre XXII
  • « Il ne faut pas acheter français ; il faut produire en France pour les consommateurs de la société ouverte du XXIe siècle. » (Nicolas Baverez)
  • « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. » (Voltaire)
  • « Les pays ne sont pas cultivés en raison de leur fertilité mais en raison de leur liberté. » (Montesquieu)
  • « C’est la permaculture qui m’a permis cette transition entre le socialisme, sa perpétuelle volonté de remédier aux supposées défaillances du système économique, et le libéralisme, sa philosophie du laissez-faire, sa confiance en la viabilité d’un système économique libre, en la liberté individuelle. » (Rémy Poix)
  • « La législation n'a point à protéger l'agriculture. L'agriculture est efficacement protégée, quand toutes les classes ont leurs garanties et sont à l'abri des vexations. » (Benjamin Constant, Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri)

Notes et références


  1. Orsenna et Baverez : la France qu'on voudrait !, La Tribune, 4 mai 2012.

  2. Der regulierte Bauer, discours du conseiller fédéral Blocher à la cérémonie d'ouverture de l'OLMA, foire suisse de l'agriculture et l'alimentation, 7 octobre 2004, Saint-Gall.

  3. Bibliographie

    • 1993, Robert L. Thompson, "Agricultural Price Supports", In: David R. Henderson, dir., The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets, New York: Warner Books, Inc.
    • 2019, Sjoerd Wartena, "Agricultural Land: Management in common, from concepts to implementation", (" Gestion agricole en commun : du concept à la mise en œuvre"), In: Jean-Pierre Chamoux, Max Falque, dir., "Environnement : le temps de l’entrepreneur/ Environment and Entrepreneurship", Nice, Editions Libre Echange, pp42-48

    Voir aussi

    Liens externes

 https://www.wikiberal.org/wiki/Agriculture

 


Question vaccin :

Je remercie le service de presse du Ministère de l'Agriculture de m'avoir communiqué officiellement le nom du vaccin anti-DNC utilisé en France et qu'on ne trouve pas sur son site. Il s'agit bien du vaccin de Merck, le Bovilis-Lumpyvax qui ne bénéficie pas d'une AMM (Autorisation de mise sur le marché), mais d'une ATU (autorisation temporaire d'utilisation). C'est donc bien l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentaiton ...) qui a accordé du bout des lèvres cette autorisation en précisant bien que le produit ne bénéficie que " d'un faible niveau de preuve". Cela signifie qu'il y a donc beaucoup d'incertitude sur ce vaccin. Le site officiel du Ministère de l'Agriculture, ainsi que ceux des préfectures concernées, vont donc certainement se mettre à jour... 

https://www.anses.fr/fr/content/bovilis-lumpyvax-e-lyophilisat-et-solvant-pour-suspension-injectable-pour-bovins

Savez-vous seulement que ces vaccins ont pour principe actif des virus vivants atténués de la dermatose nodulaire et que ... 

1- Ils ne fonctionnent que sur une partie du troupeau. « Le vaccin ne confère pas nécessairement une immunité complète chez tous les animaux. » (Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire.) 

 2-Ils provoquent chez certains animaux une forme de dermatose avec des nodules remplis de virus qui se répliquent. Anses : « Les nodules peuvent contenir des virus Neethling vaccinaux non pathogènes. » (Anses) 

3-Les bovins vaccinés peuvent répandre ces virus vaccinaux. (Shedding) 

4-Dans les pays comme israël qui ont connu des campagnes de vaccination, la dermatose n'a pas été éradiquée.( Efsa, Autorité européenne de sécurité des aliments) 

5-Les anticorps provoqués par le vaccin sont provisoires et décroissent en quelques mois. 

6-Il vous sera ensuite proposé de vacciner les bovins tous les ans pour maintenir la "protection". 

7-Les virus vaccinaux de la dermatose se retrouvent dans le sang, le lait et la viande. 

 8-On retrouve des tissus nécrosés autour du point d'injection pouvant aller jusqu'à plusieurs kilos. 

 9-Vous ne pourrez pas garantir aux consommateurs que vos produits seront indemnes de ces virus vaccinaux. 

10-Ces vaccins ne possèdent qu'une autorisation temporaire d'utilisation accordée par l'Anses avec une réserve sérieuse stipulée dans le titre : "les informations fournies ont « un niveau de preuve limité ». 

11-La seule justification de cette campagne est commerciale et politique mais ni sanitaire, ni scientifique. 

Voici les sources : -ANSES : anses.fr/fr/content/med -Évaluation comparative des vaccins vivants atténués à base du virus de la dermatose nodulaire contagieuse par Andy Haegeman. mdpi.com/2076-393X/9/5/ -Efsa: Rapport épidémiologique IV sur les dermatoses nodulaires : collecte et analyse des données - 2020 - EFSA Journal - Bibliothèque en ligne Wiley efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2903/j. - Hélène Banoun : Vaccins contre la dermatose nodulaire contagieuse aimsib.org/2025/11/08/vac

Corinne Lalo

 

 

 

 

 

 

septembre 25, 2025

Mercosur: un libre-échange sabordé par l'écologie ses normes via les médias

 Le Mercosur, ce bouc émissaire de nos politiques agricoles

Déforestation, bœuf aux hormones, trahison de nos agriculteurs. Le Mercosur, accusé de tous les maux, fait l’unanimité contre lui. Pourtant, cet accord pourrait être une opportunité pour notre industrie, sans pour autant sacrifier notre souveraineté alimentaire.
 
 

 
 
Le Mercosur, c’est en quelque sorte la version sud-américaine de notre marché commun, un espace de libre circulation des biens et des services. Il regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et, depuis l’an dernier, la Bolivie. Le Venezuela en a été exclu en 2016. Après deux décennies de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu, en juin 2019, un traité instaurant une zone de libre-échange. Ou plutôt un accord commercial, car le terme, qui suggère une libéralisation sans contraintes, est trompeur : les règles restent nombreuses et certaines importations limitées. Aujourd’hui, il demeure suspendu à la ratification des 27 États européens. La France est l’un des rares pays à avoir des réserves. À tort ou à raison ?
 

 
Concrètement, la suppression de 4 milliards de droits de douane rendrait nos exportations beaucoup plus compétitives. Le prix des voitures et des vêtements pourrait baisser de 35 %, celui des machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques de 14 à 20 %. Les fournisseurs de services — télécommunications, transports, numérique — accéderaient aux marchés publics locaux. L’industrie automobile européenne, en grande difficulté, appelle évidemment l’accord de ses vœux : il relancerait ses ventes de véhicules thermiques, au moins pour un temps. Au total, Bruxelles projette près de 50 milliards d'euros d’exportations supplémentaires vers le Mercosur, pour seulement 9 milliards d’importations en plus. Des importations qui pourraient bien profiter aux industries européennes. Le Brésil, en particulier, est un important fournisseur de matières premières critiques comme le nickel, le cuivre, l’aluminium, l’acier ou le titane.
L’erreur est en effet de réduire exportations et importations à une lecture comptable. On croit trop souvent que seule la production locale enrichit, quand les importations appauvrissent. L’exemple du CETA, l’accord entre l’Europe et le Canada, montre l’inverse : les entreprises françaises ont pu importer hydrocarbures et minerais à des prix plus avantageux. Si ces flux semblent peser négativement sur la balance commerciale, ils sont économiquement bénéfiques. Des matières premières moins chères permettent à nos entreprises de réduire leurs coûts et de gagner en compétitivité. Aujourd’hui, qu’importe-t-on majoritairement depuis l’Amérique latine ? Des hydrocarbures, des produits miniers… et des produits agricoles.
 
 

 

Les agriculteurs européens sont-ils vraiment sacrifiés sur l’autel du commerce ?

L’agriculture des pays du Mercosur fait peur. Avec 238 millions de bovins, le Brésil possède le plus grand cheptel au monde et assure à lui seul près d’un quart des exportations mondiales. L’Argentine n’est pas en reste, avec 54 millions de bêtes et des troupeaux en moyenne quatre fois plus grands qu’en France. En Amazonie ou dans le Cerrado brésilien, certaines exploitations dépassent même les 100 000 têtes de bétail. À titre de comparaison, la « ferme des mille vaches » picarde, fugace symbole tricolore de l’élevage intensif, n’a jamais compté plus de 900 bovins. Mais le gigantisme ne s’arrête pas à l’élevage. Au Brésil, SLC Agrícola exploite plus de 460 000 hectares de céréales. Deux cents fois plus que la plus grande exploitation française. Les vergers sont quatre fois plus étendus de l’autre côté de l’Atlantique. Sucre, maïs, soja… les agriculteurs européens font face à un géant. Sans jouer avec les mêmes cartes : si les produits importés devront répondre aux normes de consommation européennes, les règles de production ne sont pas identiques. Notamment concernant l’utilisation des pesticides, qui fait tant débat en Europe. Pour les agriculteurs français, difficile de se départir de l’impression de concourir face à des V12 avec un 3 cylindre
 
Heureusement, l’Union européenne a prévu des garde-fous. Les importations de bœuf, notamment, sont limitées à 99 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’un gros steak par habitant. Cela ne représente, comme pour la volaille ou le sucre, que moins de 1,5 % de la production du continent. Aucune chance, dans ces conditions, d’être submergé par l’afflux de produits agricoles sud-américains. Et si jamais c’était le cas, une procédure de sauvegarde, qui stopperait net les importations, pourrait être enclenchée.
 
« En France comme en Europe, les cheptels bovins ont reculé d’environ 10 % en dix ans, et cette concurrence n’y est pour rien », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. Selon lui, les pays du Mercosur disposent déjà d’un client de poids avec la Chine, beaucoup plus simple à approvisionner. L’Europe, au contraire, impose des normes strictes et chaque exploitation doit être agréée individuellement. « On l’a vu avec le CETA : dans ces conditions, rien ne garantit même que les quotas soient atteints », ajoute-t-il.
 
Café, oranges, soja… À l’heure actuelle, le Mercosur vend surtout à l’Europe des produits qu’elle ne cultive pas. La seule filière réellement exposée semble être celle du maïs. Massivement OGM, la production brésilienne échappe à tout quota. Elle représente bien la schizophrénie des normes : un maïs impossible à cultiver en Europe peut nourrir nos animaux d’élevage.
 
L’accord pourrait même ouvrir de nouvelles perspectives à certains agriculteurs européens. Bruxelles table sur 1,2 milliard d’euros d’exportations supplémentaires. Les viticulteurs seraient les premiers bénéficiaires : leurs vins gagneraient en compétitivité et leurs appellations, comme celles de plusieurs fromages, seraient enfin reconnues outre-Atlantique. Exit le « Champagne » argentin ou le camembert brésilien. Dans une moindre mesure, les fruits et légumes, les huiles végétales et les produits laitiers devraient eux aussi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. 

Quand l’écologie gagne à commercer avec le bout du monde

Pour beaucoup, faciliter le commerce transatlantique est vu comme une aberration environnementale. Pourtant, les accords commerciaux sont des outils puissants pour convertir le reste du monde à la vision européenne du mieux-disant écologique et social. Ils permettent de façonner les règles du commerce mondial conformément aux normes européennes les plus élevées, de projeter nos valeurs à travers des obligations détaillées en matière de commerce, d’emploi et de développement durable. Les signer, c’est ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail et les accords multilatéraux sur l’environnement, de l’Accord de Paris aux conventions biodiversité. Toute violation pouvant justifier une suspension, totale ou partielle. Ainsi, en 2020, le Cambodge a perdu ses privilèges unilatéraux, du fait des dérives autoritaires du Premier ministre Hun Sen.
 
La culture du soja, importante cause de déforestation, est souvent évoquée. Pourtant, l’accord avec le Mercosur ne change rien à l’affaire, les importations de tourteaux étant déjà exemptes de toute taxation douanière. Le rôle de l’Union européenne, qui n’importe que 14 millions de tonnes par an, contre 112 millions pour la Chine, est de toute façon minime. L’accord entraîne par ailleurs la ratification du Protocole de Glasgow, qui prohibe toute déforestation à partir de 2030. Pour la transition énergétique, c’est aussi un enjeu majeur : le Brésil détient 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel et de manganèse. L’Argentine regorge de lithium. De quoi nourrir notre industrie verte…
 
Reste la question du contrôle. Croire que les contrôleurs de l’Union puissent éviter toute entorse aux règles est évidemment illusoire. Mais croire qu’ils sont aveugles n’est pas moins excessif. L’an dernier, une enquête a dévoilé la présence d’hormones dans le régime alimentaire des bœufs au Brésil. Pas à des fins d’engraissement, comme on l’a souvent suggéré, mais à des fins thérapeuthiques… ce qui est aussi possible en Europe. Les mêmes craintes étaient brandies lors de la signature du CETA. Huit ans plus tard, aucun bœuf aux hormones n’est importé du Canada.
 
 

 

En creux, l’amertume du deux poids, deux mesures

Alors que toutes les pratiques agricoles sont remises en question, que des militants n’hésitent pas à les accuser d’empoisonnement, ni à fantasmer sur une chimérique agriculture sans intrants, l’opposition au Mercosur semble bien dérisoire. Nos agriculteurs ont-ils baissé les bras face aux ennemis de l’intérieur, au point de ne plus s’autoriser d’autre combat que celui contre leurs concurrents étrangers ? Pensent-ils trouver dans la mondialisation un ennemi commun leur assurant la miséricorde des gardiens du dogme ?
 
Signer l’accord avec le Mercosur serait un signal puissant, un acte de confiance et de détermination, à contre-courant du repli américain. Mais après des années d’agri-bashing, de surtransposition des normes, on comprend que les agriculteurs se sentent fragilisés face à la concurrence — même si, dans les faits, elle vient bien plus de l’Ukraine ou des autres pays européens que du Mercosur. Après le raz-de-marée médiatique contre la loi Duplomb cet été, difficile de ne pas comprendre non plus leur sentiment d’impuissance. C’est pourtant là que sont les vrais enjeux : redonner aux agriculteurs le goût du possible. Qu’ils puissent à nouveau se projeter dans un avenir à la fois serein et conquérant. Nous en sommes loin. Mais ne baissons pas les bras : la souveraineté se construit plus solidement dans la compétitivité que dans le repli sur soi.
 
 Antoine Copra

 https://podcasts.apple.com/fr/podcast/le-mercosur-ce-bouc-%C3%A9missaire-de-nos-politiques-agricoles/id1837942449?i=1000728344420

 

 

 

 

 

 

septembre 17, 2025

l’Europe s’asphyxie dans une inflation normative ! La bureaucratie est devenue un impôt caché sur l’innovation !

Il suffit de regarder ce graphique pour comprendre l’ampleur du phénomène : Le nombre total de mots contenus dans la législation de l’UE a augmenté de plus de 700 % depuis la signature du traité de Maastricht. Résultat : l’Europe s’asphyxie dans une inflation normative qui pèse comme un impôt invisible sur chaque investissement, chaque emploi, chaque idée neuve.

 


 

Car qu’elles soient animées des meilleures intentions ou franchement obstructives, toutes ces règles s’additionnent et finissent par étouffer la croissance. Elles ralentissent la construction immobilière et les infrastructures, mobilisent toujours plus de ressources dans les activités bureaucratiques, et dégradent l’innovation comme la productivité. Comme aux États-Unis, où la réglementation fédérale dépasse désormais 190 000 pages, l’Europe s’enfonce dans une tragique inflation normative. 

- Mais comment en est on arrivés là ? Chaque crise a servi de prétexte à légiférer davantage : - La crise financière mondiale a déclenché une avalanche de règles prudentielles. - La numérisation a ajouté des strates sur la vie privée, la gouvernance des données, la responsabilité des plateformes, puis l’IA. - La transition écologique a empilé permis, taxonomie, obligations de transparence, normes techniques. - Le protectionnisme a encore alourdi la machine avec subventions, règles de contenu local et contrôles à l’exportation.

La bureaucratie est devenue un impôt caché sur l’innovation. Elle pénalise la construction d’infrastructures, l’implantation d’usines, la recherche de nouveaux débouchés. Elle alimente surtout la défiance : quel citoyen peut encore croire à l’« Europe de la compétitivité » quand il voit que Bruxelles légifère plus qu’elle ne libère ? Tant que l’Europe ne se dotera pas de mécanismes pour évaluer, plafonner et surtout abroger ses propres textes, le graphique ne fera que grimper. Et avec lui, l’impression d’une Union qui se protège de tout, sauf du déclin.  

Financial Times  

CEPOS  (EPICENTER, le Centre d'information sur les politiques européennes, est une initiative indépendante regroupant douze think tanks de premier plan issus de toute l'Europe. Il vise à éclairer le débat politique européen et à promouvoir les principes d'une société libre en mettant en commun l'expertise de ses membres.)

septembre 11, 2025

"Bloqer "? Non, croître !

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), 

« Il faut plus de moyens. » « Il faut plus de dépenses. » « Taxons les riches ! » Nouveau mouvement, anciens slogans. Pour les militants du 10 septembre, la seule réponse à nos difficultés semble consister à creuser toujours plus la dette. Et si on essayait la croissance ?


La France connaît une crise économique, politique et sociale inédite. Plombée par des divisions béantes, le bûcher des égoïsmes, une vision du monde obsolète où les vieilles lunes dominent par la grâce des extrêmes et la déconnexion frileuse et sans imagination du bloc central, elle file droit vers l’abîme de la relégation. Privée de majorité comme de budget, incapable de compromis, elle regarde avec lassitude la valse des Premiers ministres et méprise une dette publique qui culmine à 3 345 milliards d’euros, représentant environ 116 % du PIB selon les dernières projections du Fonds monétaire international et de l’OCDE. Le déficit budgétaire persiste autour de 5,4 % à 5,8 % du PIB, tandis que les paiements d’intérêts sur cette dette s’élèvent à près de 66 milliards d’euros annuels. Un montant qui dépasse déjà le budget alloué à l’éducation et pourrait atteindre 100 milliards d’ici 2029 en continuant sur cette lancée. Et les nouveaux emprunts pourraient passer la barre des 4 % – ce qui induit +5 milliards d’intérêts annuels par point de taux –, tandis que nous remboursons difficilement ceux qui tournent autour de 1,3 %. Autant de sommes qui ne participent pas à l’investissement en faveur de l’école, de la justice, de la santé, de la sécurité ou de la défense. Pire, nous attendons fébrilement la dégradation de la note du pays par les différentes agences de notation, dont les verdicts vont tomber entre le 12 septembre et la fin octobre. Une autre perspective d’augmentation des taux d’intérêt et donc de la dette future. Quant à la croissance du PIB, elle est anémique, prévue à seulement 0,6 % à 0,8 % pour l’année, bien en deçà de la moyenne de la zone euro, pourtant peu reluisante avec ses 1,5 %. Même si le chômage a baissé ces dernières années, non sans quelques douteux artifices de présentation de ses chiffres et de sa structure, il reste élevé, à 7,5 %. Et s’agissant des retraites, depuis 20 ans, leur financement tire les dépenses publiques vers le haut, totalisant 14 % du PIB et près de la moitié des versements en faveur des aides sociales. Le tout par refus de faire tomber le tabou de la capitalisation, toujours profitable sur le temps long malgré de potentielles brèves baisses de rendement conjoncturelles. Comme le montre la capitalisation partielle suédoise, qui a permis de stabiliser un système précédemment fragilisé. Enfin, l’inflation, bien que désormais modérée, revenue autour de 1 %, a vu son augmentation massive durant les deux dernières années éroder le pouvoir d’achat des ménages.

Austères perspectives ?

 Face à un tableau aussi noir, la logique voudrait que l’on applique une véritable politique d’austérité, ainsi qu’il en a toujours été quand des pays ont fait face à une violente crise de la dette. Coupes budgétaires massives, hausses d’impôts et réductions drastiques dans les dépenses sociales sont les recettes habituelles en la matière. Cette approche, qui vise à ramener le déficit sous les 3 % du PIB, pourrait, dans un premier temps, aggraver la situation, comme l’ont démontré les cas passés de la Grèce entre 2010 et 2015, où cette politique a provoqué une chute de 25 % du PIB et une explosion du chômage à 27 %. Nous n’y sommes pas encore. Mais, hélas, quand le point de non-retour est atteint, c’est indispensable. Et contrairement à ce qui est clamé à longueur de manifestations, nous sommes encore très loin d’une politique d’austérité, même si tant de choses seraient à dire concernant la gestion de l’État et les nombreuses économies pouvant être envisagées sans augmenter les inégalités.

Oser la croissance !

 Mais il existe un contrepied radical à ces sombres perspectives : s’appuyer sur les atouts de la France pour enfin oser la croissance économique. Ce n’est pas une option facultative, mais l’unique stratégie viable pour désendetter le pays sans sacrifier les citoyens. Historiquement, les phases de forte expansion ont permis de réduire le ratio dette/PIB de manière organique, sans austérité punitive. Aux États-Unis, après la crise financière de 2008, le plan de relance d’Obama, doté de 800 milliards de dollars, a stimulé une croissance moyenne de 2,5 % par an, ramenant la dette de 100 % à 74 % du PIB en 2019 selon les données de la Banque mondiale. En France même, les Trente Glorieuses ont vu une croissance annuelle de 5 %, divisant par deux le poids de la dette accumulée après la Seconde Guerre mondiale, tout en finançant un État-providence robuste. Sans une accélération similaire, la dette française pourrait atteindre 120 % du PIB d’ici 2026, alourdissant les intérêts de 10 à 15 milliards supplémentaires par an. À l’inverse, cibler une croissance de 3 % par an – un objectif réaliste avec des réformes en faveur des entreprises – générerait 150 milliards d’euros de PIB additionnel sur trois ans, augmentant les recettes fiscales de 60 à 70 milliards (à un taux moyen de 45 % du PIB, chaque point de croissance rapportant environ 30 milliards en impôts et cotisations).

Desserrer l’emprise

 Pour rendre cette perspective réaliste, il faut d’abord réduire une part du périmètre de l’État, pas celle qui aide les – réels – plus fragiles, mais celle qui n’a rien à voir avec les missions d’une nation ou qui relève de la pure sphère privée, comme les participations de l’État dans Renault – le résultat d’une rétorsion post-Seconde Guerre mondiale. Mais aussi baisser les impôts de manière ciblée, en ramenant le taux de l’impôt sur les sociétés de 25 % à 15 % pour les PME innovantes et les nouveaux secteurs stratégiques. Des domaines dans lesquels nous possédons des champions ne demandant qu’à assumer leurs responsabilités. C’est notamment le cas dans l’intelligence artificielle, l’énergie solaire, les biotechnologies, la santé numérique, l’aéronautique, la fintech, la cybersécurité, la banque ou encore l’agritech. Cela pourrait générer des milliards d’euros annuels pour les investissements privés, avec un coût budgétaire initial de 15 milliards, rapidement compensé par 25 milliards de recettes supplémentaires issues de l’activité accrue. L’exemple de l’Irlande est édifiant. Son taux d’imposition sur les sociétés de 12,5 % a attiré plus de 1 000 milliards d’euros d’investissements étrangers depuis 2000, propulsant sa croissance à 5 % en moyenne – malgré des fluctuations allant de -5 % à +18 % – et créant des centaines de milliers d’emplois qualifiés.

Cultiver nos potentiels

 Parallèlement, des investissements massifs en infrastructures et innovations s’imposent : allouer 100 milliards d’euros sur cinq ans, financés par des emprunts à bas taux (autour de 2,5 % actuellement pour les obligations françaises à 10 ans), à la transition numérique et verte. Pas par une planification étatique rigide – de la promotion de l’hydrogène à la destruction de la filière nucléaire, l’État n’a pas démontré sa lucidité – mais par une approche bottom-up, qui fixe un cap, soutient les projets, mais laisse aux acteurs économiques la liberté de choisir leurs solutions. Cela inclut 50 milliards pour l’intelligence artificielle et les start-up, amplifiant les leviers de la BPI, et pourrait créer 500 000 emplois high-tech selon les estimations de divers cabinets. Le retour sur investissement est prouvé : chaque euro investi en R&D génère 2,5 euros de PIB additionnel, d’après l’OCDE, transformant ces dépenses en moteurs de prospérité à long terme.
 
 

L’impôt pour tous

 À cela s’ajoute une nécessaire réforme fiscale, incluant l’impôt pour tous, comme au Danemark – le pays le plus proche de nous en termes de prélèvements – même de manière symbolique, afin de concerner tous les citoyens et de ramener chacun dans le cadre républicain. Avec également une redéfinition des tranches, de manière à ce que les classes moyennes supérieures, les plus affectées et les moins aidées, retrouvent une dynamique d’action.

Plus léger, plus agile

 Une dérégulation intelligente compléterait ces mesures, en simplifiant le Code du travail pour réduire de 30 % les normes administratives superflues, facilitant les embauches et les adaptations des entreprises. Mais en l’appliquant avec doigté pour ne pas créer d’appels d’air au seul profit de bas salaires et en empruntant des recettes à la flexisécurité nordique. Enfin, des ajustements de TVA, comme en Irlande encore une fois, notamment sur les biens essentiels, pourraient stimuler la demande intérieure.
Contrairement à l’austérité, dont le multiplicateur fiscal négatif contracte l’économie, une relance expansionniste offre un multiplicateur positif, permettant de ramener le déficit sous 3 % du PIB d’ici 2030 et de stabiliser la dette. Tous, citoyens, entrepreneurs, élus, devons rejeter la petite musique soit étroite, soit décroissante, soit de repli, qui agite la classe politique comme la rue ! Une France dynamique, innovante et leader mondial dans l’innovation, dont la croissance serait la clé de l’équité et de la souveraineté, reste possible.
 
Benjamin Sire @BenjaminSire
 

 

 

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