L’annonce du 19e train de sanctions : une nouvelle offensive contre la Russie
Dans un geste qui souligne l’enchevêtrement croissant de la politique
européenne avec les priorités géopolitiques américaines, la présidente
de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le 18 septembre 2025 ce qui pourrait être le paquet de sanctions le plus agressif de l’UE à ce jour contre la Russie.
Qualifié de 19e train de sanctions depuis le début de la guerre en
Ukraine en février 2022, cette proposition inclut une interdiction
totale des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe à partir du
1er janvier 2027 – un an plus tôt que prévu initialement. Elle étend
également les mesures punitives aux raffineries et aux commerçants de
pétrole de pays tiers, notamment en Chine et en Inde, accusés
d’aider Moscou à contourner les restrictions existantes. Sur le papier,
cela est présenté comme une étape décisive pour « réduire les revenus de
guerre de la Russie » et contraindre Vladimir Poutine à s’asseoir à la
table des négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine. Von der
Leyen a déclaré qu’il était « temps de fermer le robinet », en insistant
sur la nécessité de priver la machine militaire du Kremlin des fonds
issus des exportations énergétiques.

Pourtant, derrière cette rhétorique se
cache une réalité crue : près de trois ans après le début de cette
guerre des sanctions, la stratégie européenne n’a pas seulement échoué à
mettre la Russie à genoux économiquement, mais elle a infligé des
dommages bien plus graves au continent lui-même, à ses industries et à
ses ménages.
La Russie a habilement réorienté ses exportations énergétiques
vers l’Est, renforçant ses liens avec la Chine et d’autres puissances
asiatiques, tandis que l’Europe est aux prises avec une flambée des
prix de l’énergie, une désindustrialisation accélérée et une dépendance
croissante au GNL américain coûteux. L’ironie est amplifiée par le
timing de ce dernier paquet, qui semble être une réponse directe aux
exigences du président américain Donald Trump, qui a conditionné de
nouvelles sanctions américaines contre la Russie à une rupture complète des liens énergétiques de l’Europe avec Moscou. Cet
alignement non seulement met en lumière la diminution de l’autonomie de
Bruxelles, mais expose aussi un paradoxe géopolitique pervers :
les dirigeants européens, piégés dans
leur engagement dogmatique à confronter la Russie, accélèrent leur
propre déclin stratégique tout en offrant aux États-Unis un véritable
pactole énergétique.
Le contexte historique : une dépendance énergétique brisée
Pour comprendre l’ampleur de cette blessure auto-infligée, il faut
d’abord revenir sur le contexte historique de la relation énergétique de
l’Europe avec la Russie. Avant 2022, la Russie était le partenaire
énergétique indispensable de l’UE, fournissant près de 30 % du pétrole du bloc et presque la moitié de son gaz naturel. Cette
dépendance s’était construite sur des décennies, ancrée dans les
avantages mutuels de la géographie et de l’économie. Des pipelines comme
Nord Stream 1 et 2 acheminaient du gaz bon marché et fiable directement
des champs sibériens vers les usines allemandes et les foyers français,
alimentant la puissance industrielle du continent. L’Allemagne, en
particulier, prospérait grâce à cet arrangement, son secteur
manufacturier – représentant plus de 20 % du PIB – dépendant de
l’énergie russe abordable pour maintenir sa compétitivité mondiale dans
l’automobile, la chimie et les machines.
La guerre en Ukraine a brisé cet équilibre, déclenchant une vague
sans précédent de sanctions visant à isoler économiquement la Russie. À
la mi-2025, la part de la Russie dans les importations de pétrole de
l’UE avait chuté à un maigre 2 %, et celle du gaz à 12 %. Pourtant, ce
découplage était loin d’être complet ou efficace. Deux pipelines clés
restent opérationnels : la ligne Druzhba, qui continue d’alimenter en
pétrole des nations enclavées d’Europe centrale comme la Hongrie et la
Slovaquie, et TurkStream, qui fournit du gaz à l’Europe du Sud, y
compris la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie. Ces exemptions
reflètent les défis pratiques d’une coupure totale ; la Hongrie, sous le
Premier ministre Viktor Orbán, a plusieurs fois opposé son veto à des
mesures plus strictes, arguant qu’elles dévasteraient son économie.
Le pivot vers le GNL : un choix coûteux et hypocrite
De plus, le pivot de l’UE vers le GNL a été un pansement coûteux. Les
importations de GNL représentent désormais 50 % de l’approvisionnement
total en gaz du bloc, contre 20 % avant la guerre, les États-Unis émergeant comme le fournisseur dominant avec près de la moitié de ce volume.
Ce virage s’est fait à un prix premium : le GNL américain n’est pas
seulement plus cher en raison des coûts de liquéfaction, de transport et
de regazéification, mais il est aussi soumis à des marchés mondiaux
volatils. En 2025 seulement, les prix de l’énergie européens ont
augmenté en moyenne de 15 à 20 % par rapport aux niveaux d’avant 2022,
exacerbant l’inflation et érodant le pouvoir d’achat des ménages. Paradoxalement,
l’Europe a même augmenté ses achats de GNL russe, qui reste « nettement
moins cher » que son homologue américain, avec des importateurs majeurs
comme la France, l’Espagne et les Pays-Bas. Des contrats à long
terme lient ces nations, illustrant l’hypocrisie d’un régime de
sanctions qui prône l’absolutisme moral mais plie devant la nécessité
économique.
L’absurdité culmine avec les
importations indirectes. Incapable de s’approvisionner en brut
directement auprès de la Russie, l’Europe achète désormais des produits
pétroliers raffinés à des intermédiaires comme l’Inde et la Turquie.
Ces pays importent du pétrole russe à prix réduit, le raffinent et le
revendent avec une marge importante. Au cours des six premiers mois de
2025, l’UE et la Turquie ont importé 2,4 millions de tonnes de tels
produits en provenance de l’Inde, dont les deux tiers estimés
proviennent de brut russe – coûtant environ 1,5 milliard d’euros. Ce
commerce détourné non seulement enrichit les intermédiaires, mais
soutient indirectement les revenus russes, sapant le but même des
sanctions. Les gains des exportations de combustibles fossiles de la
Russie ont légèrement baissé en août 2025 à 564 millions d’euros, une
baisse de 2 % par rapport au mois précédent, mais restent robustes grâce
aux flux redirigés vers l’Asie.
Les conséquences économiques : désindustrialisation et stagnation
Le bilan économique pour l’Europe a été brutal. Trois années
consécutives de stagnation industrielle se sont transformées en déclin
pur et simple, particulièrement dans les secteurs énergivores. L’Allemagne, emblème de cette crise, autrefois saluée pour sa Energiewende (transition
énergétique), fait face à une « désindustrialisation » massive due aux
coûts élevés de l’énergie et à la coupure abrupte des approvisionnements
russes. Au cours des dernières semaines de 2025, 125.000 emplois
industriels ont disparu, avec des entreprises comme BASF et Volkswagen
délocalisant des opérations vers les États-Unis ou l’Asie où l’énergie
est moins chère. Le secteur manufacturier, affaibli depuis 2021 par la
hausse des prix de l’énergie et une demande mondiale faible, s’est
contracté davantage en 2025 en raison d’une chute de 31 % de la
production éolienne au premier semestre, forçant une dépendance accrue
aux importations coûteuses. La consommation énergétique globale en
Allemagne a augmenté de manière inattendue début 2025, due à la mauvaise
performance des renouvelables, exacerbant la crise.
Cette désindustrialisation n’est pas isolée ; elle est systémique.
L’économie plus large de l’UE a stagné, avec une croissance du PIB
oscillant en dessous de 1 % en 2025, tandis que l’inflation persiste en
raison de la volatilité énergétique. Les petites et moyennes entreprises
(PME), colonne vertébrale de l’industrie allemande, ont été vocales sur
les prix élevés de l’énergie et les politiques médiocres qui les
rendent non compétitives globalement. Les experts attribuent cela non
seulement à la crise énergétique, mais à des problèmes structurels comme
la baisse des exportations automobiles vers la Chine et les coûts de la
main-d’œuvre. Pourtant, la cause racine remonte aux sanctions : en
remplaçant le gaz russe bon marché par du GNL plus cher, l’Europe a
gonflé sa facture énergétique de milliards annuellement, érodant ses
avantages industriels.
Les bénéficiaires américains : un marché captif pour le GNL américain
Pendant ce temps, les États-Unis sont sortis vainqueurs incontestés. Les
exportations de GNL américain vers l’Europe ont explosé, transformant
le continent en marché captif de Washington. Près de la moitié des
importations de GNL de l’UE proviennent désormais des rives américaines,
avec des entreprises comme ExxonMobil projetant une domination à trois quarts du marché bientôt. Des
contrats à long terme verrouillent cette dépendance : Eni italien a
signé un accord de 20 ans avec Venture Global en 2025, suivi de deals
similaires de Sefe allemand et Edison italien. La déclaration brutale du
secrétaire américain à l’Énergie – « Vous voulez des fournisseurs
d’énergie sécurisés qui sont vos alliés, pas vos ennemis » – encapsule
cette stratégie. ExxonMobil anticipe que l’Europe s’engage à 750
milliards de dollars d’achats énergétiques américains sur des décennies,
une aubaine pour les producteurs américains au milieu des changements
mondiaux.
Ce pactole n’est pas accidentel ; c’est le couronnement d’efforts
américains de longue date pour arracher l’Europe à l’énergie russe. La guerre en Ukraine a fourni le prétexte parfait,
avec les explosions mystérieuses de Nord Stream en 2022 – toujours non
résolues – coupant commodément des infrastructures clés. Alors que
l’Europe se précipite à construire des terminaux GNL, les américains
récoltent les profits, tandis que les préoccupations environnementales
montent : le GNL américain a une empreinte carbone plus élevée que le gaz russe par pipeline, sapant les objectifs climatiques de l’UE.
L’ultimatum de Trump : une pression transactionnelle
Entre en scène Donald Trump, dont le retour à la Maison Blanche en
2025 a amplifié cette dynamique. Le 13 septembre 2025, Trump a lancé un
ultimatum aux alliés de l’OTAN : cessez tous les achats de pétrole
russe, ou les américains n’imposeront pas de nouvelles sanctions «
majeures » sur Moscou. Il est allé plus loin, exigeant des tarifs de 50-100 % sur la Chine et l’Inde pour contournement des sanctions, affirmant que cela affaiblirait les alliances de la Russie. Les
diplomates de l’UE admettent en privé que ces demandes sont irréalistes
– des tarifs sur les géants asiatiques déclencheraient des mesures de
représailles, gonflant les coûts européens et perturbant le commerce. Pourtant,
la réponse rapide de von der Leyen – avancer l’interdiction du GNL –
suggère une capitulation, priorisant l’« unité » transatlantique sur le
sens économique.
L’approche transactionnelle de Trump expose la vulnérabilité de
l’Europe. Tout en exigeant que l’Europe rompe les liens, des rapports
ont émergé en septembre 2025 sur des discussions secrètes entre
ExxonMobil et Rosneft russe pour reprendre la coopération sur le projet
Sakhaline. Bien que démenti par Exxon, l’implication est claire : les
firmes américaines pourraient réengager avec la Russie post-guerre,
achetant de l’énergie bon marché pour revendre à premium, tandis que
l’Europe reste écartée.
Ce double standard souligne la stratégie
de Washington : garder les Russes dehors, les Américains dedans, et les
Européens en bas – une politique écho de 1945.
Le renforcement du partenariat sino-russe : power of Siberia 2
La réponse de la Russie a été d’approfondir les liens asiatiques,
exemplifiée par le pipeline Power of Siberia 2. Le 2 septembre 2025, la
Russie et la Chine ont signé un mémorandum pour ce projet de 2 600
kilomètres à travers la Mongolie, prévu pour livrer 50 milliards de
mètres cubes de gaz annuellement d’ici le début des années 2030. Cela
s’appuie sur le succès de Power of Siberia 1 sous un accord de 400
milliards de dollars sur 30 ans, renforçant les besoins industriels de
la Chine tout en sécurisant les revenus russes. Les négociations ont
calé sur les prix, mais le levier de la Chine – la désespérance de la
Russie post-coupure UE – a sécurisé des termes favorables. Les analystes
prédisent un « choc structurel » sur les marchés mondiaux du GNL,
réduisant les importations maritimes de la Chine et sapant les ambitions
américaines.
Ce pivot met en évidence l’isolement de l’Europe. Alors que la Russie
verrouille des marchés asiatiques, les sanctions de l’UE renforcent
involontairement l’axe sino-russe, défiant la domination occidentale.
Pékin et Moscou se moquent du régime « stupide » de Bruxelles, alors que
l’Europe paie cher pour une politique qui n’a pas altéré le cours de la
guerre en Ukraine.
Un paradoxe géopolitique : l’Europe prise dans son propre piège
Le paradoxe géopolitique est profond : les leaders de l’UE,
enlisés dans une rhétorique anti-russe, sacrifient leur autonomie pour
une confrontation qui bénéficie à Washington. Les exigences de Trump
encadrent l’auto-mutilation économique de l’Europe comme un « bargain »
pour le soutien US, accélérant le déclin. Des divisions internes – le
refus de la Hongrie de stopper le pétrole russe – exposent des
fractures. Sans inversion radicale – renormaliser les liens avec la
Russie, prioriser l’énergie bon marché – le continent fait face à la stagnation, l’insignifiance, ou pire : une escalade vers une guerre totale.
Cette situation n’est pas nouvelle ; elle s’inscrit dans une longue
histoire de dépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Russie,
qui a commencé après la Seconde Guerre mondiale avec les premiers
accords gaziers soviétiques dans les années 1960. À l’époque, l’Europe
occidentale, en pleine reconstruction, voyait dans l’énergie soviétique
une opportunité pour diversifier ses sources au-delà du charbon et du
pétrole moyen-oriental. Les pipelines transcontinentaux, comme
l’Urengoy-Pomary-Uzhgorod en 1984, symbolisaient une interdépendance
économique qui transcendait les clivages de la Guerre froide. Même après l’effondrement de l’URSS, cette relation a persisté, avec Gazprom devenant un pilier de l’approvisionnement européen.
Les origines des tensions : une critique américaine de longue date
Mais les tensions géopolitiques ont toujours plané. Dès les années
2000, les États-Unis, sous George W. Bush et Barack Obama, ont critiqué
cette dépendance, la voyant comme une vulnérabilité stratégique qui
pourrait être exploitée par Moscou. Les crises gazières de 2006 et 2009,
où la Russie a coupé les fournitures à l’Ukraine, affectant l’Europe,
ont renforcé ces craintes. L’UE a répondu par une diversification,
investissant dans des terminaux GNL et des interconnexions, mais sans
rompre les liens avec la Russie. Nord Stream 2, achevé en 2021 malgré
les sanctions américaines, était censé sécuriser 55 milliards de mètres
cubes annuels, mais n’a jamais fonctionné pleinement en raison des
tensions.
La guerre de 2022 a changé la donne. L’UE, sous pression américaine
et motivée par une solidarité avec l’Ukraine, a imposé des sanctions
progressives : embargo sur le charbon en avril 2022, sur le pétrole brut
en décembre, et un plafond de prix à 60 dollars le baril pour le
pétrole russe transporté par mer. Ces mesures, coordonnées avec le G7,
visaient à limiter les revenus russes sans causer un choc énergétique
mondial. Pourtant, elles ont échoué : la Russie a vendu son pétrole à
des rabais à l’Inde et à la Chine, compensant les pertes de volume par
des prix plus élevés ailleurs.
Les impacts immédiats : crises et subventions massives
Les impacts sur l’Europe ont été immédiats et sévères. Les prix du
gaz ont atteint des records en 2022, forçant des rationnements
industriels et des subventions gouvernementales massives – plus de 800
milliards d’euros en aides énergétiques entre 2022 et 2024. En
Allemagne, le gouvernement a nationalisé Uniper, un importateur clé de
gaz russe, pour 29 milliards d’euros, évitant une faillite.
La France, moins dépendante (grâce au
nucléaire), a vu ses factures énergétiques doubler pour les ménages,
alimentant des protestations sociales.
En 2025, la désindustrialisation s’accélère. L’Allemagne prévoit une
contraction de 0,2 % du PIB, avec l’industrie chimique perdant 20 % de
sa production depuis 2022. Des géants comme Thyssenkrupp envisagent des
fermetures d’usines, citant les coûts énergétiques comme facteur
principal. En Italie, les PME du secteur céramique, dépendantes du gaz,
ont vu 30 % de leurs entreprises fermer. L’UE dans son ensemble risque
une perte de 2-3 % de PIB cumulée d’ici 2030 due aux sanctions, selon
des estimations du FMI.
La résilience russe : croissance et industrialisation
Pendant ce temps, la Russie résiste. Son économie a crû de 3,6 % en
2024, soutenue par les dépenses militaires et les exportations
redirigées. Les sanctions ont stimulé l’industrialisation domestique,
avec des investissements dans les technologies pour contourner les
embargos. La Chine, en achetant 20 % de pétrole russe en plus en 2025, a
comblé le vide européen.
Trump exploite cette faiblesse. Son ultimatum reflète une vision où l’Europe paie pour sa propre subordination. En
exigeant des tarifs sur la Chine, il risque une guerre commerciale
globale, mais pour l’Europe, cela signifie des coûts plus élevés pour
les biens importés, aggravant l’inflation.
Le symbole du power of Siberia 2 : un axe sino-russe renforcé
Le partenariat sino-russe s’approfondit, avec Power of Siberia 2 comme
symbole. Ce projet, estimé à 13,6 milliards de dollars, diversifie les
routes énergétiques russes, réduisant la vulnérabilité aux sanctions
occidentales. La Chine gagne un approvisionnement stable, soutenant sa
croissance, tandis que la Russie sécurise des revenus à long terme.
En conclusion, la politique énergétique de l’UE depuis 2022 est un cas d’école de dommages auto-infligés. En
se coupant des approvisionnements russes bon marché, elle a offert aux
États-Unis une occasion unique de dominer le marché européen de
l’énergie.
En adoptant des sanctions qui n’ont pas
affaibli la Russie mais ont dévasté l’industrie européenne, Bruxelles a
transformé le continent en pion géopolitique.
Les dirigeants européens prétendent défendre les valeurs et la solidarité ; en
réalité, ils président à un processus de désindustrialisation et de
déclin, tout en continuant à aggraver dangereusement les tensions avec
la Russie. À moins d’un changement radical, l’avenir du continent
sera fait de stagnation et d’insignifiance – et, dans le pire des cas,
d’une guerre totale.