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septembre 27, 2025

L’annonce du 19e train de sanctions : une nouvelle offensive contre la Russie

 

Le suicide économique de l’Europe par les sanctions

L’annonce du 19e train de sanctions : une nouvelle offensive contre la Russie

Dans un geste qui souligne l’enchevêtrement croissant de la politique européenne avec les priorités géopolitiques américaines, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le 18 septembre 2025 ce qui pourrait être le paquet de sanctions le plus agressif de l’UE à ce jour contre la Russie. Qualifié de 19e train de sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, cette proposition inclut une interdiction totale des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe à partir du 1er janvier 2027 – un an plus tôt que prévu initialement. Elle étend également les mesures punitives aux raffineries et aux commerçants de pétrole de pays tiers, notamment en Chine et en Inde, accusés d’aider Moscou à contourner les restrictions existantes. Sur le papier, cela est présenté comme une étape décisive pour « réduire les revenus de guerre de la Russie » et contraindre Vladimir Poutine à s’asseoir à la table des négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine. Von der Leyen a déclaré qu’il était « temps de fermer le robinet », en insistant sur la nécessité de priver la machine militaire du Kremlin des fonds issus des exportations énergétiques.

 


Pourtant, derrière cette rhétorique se cache une réalité crue : près de trois ans après le début de cette guerre des sanctions, la stratégie européenne n’a pas seulement échoué à mettre la Russie à genoux économiquement, mais elle a infligé des dommages bien plus graves au continent lui-même, à ses industries et à ses ménages.

La Russie a habilement réorienté ses exportations énergétiques vers l’Est, renforçant ses liens avec la Chine et d’autres puissances asiatiques, tandis que l’Europe est aux prises avec une flambée des prix de l’énergie, une désindustrialisation accélérée et une dépendance croissante au GNL américain coûteux. L’ironie est amplifiée par le timing de ce dernier paquet, qui semble être une réponse directe aux exigences du président américain Donald Trump, qui a conditionné de nouvelles sanctions américaines contre la Russie à une rupture complète des liens énergétiques de l’Europe avec Moscou. Cet alignement non seulement met en lumière la diminution de l’autonomie de Bruxelles, mais expose aussi un paradoxe géopolitique pervers :

les dirigeants européens, piégés dans leur engagement dogmatique à confronter la Russie, accélèrent leur propre déclin stratégique tout en offrant aux États-Unis un véritable pactole énergétique.

Le contexte historique : une dépendance énergétique brisée

Pour comprendre l’ampleur de cette blessure auto-infligée, il faut d’abord revenir sur le contexte historique de la relation énergétique de l’Europe avec la Russie. Avant 2022, la Russie était le partenaire énergétique indispensable de l’UE, fournissant près de 30 % du pétrole du bloc et presque la moitié de son gaz naturel. Cette dépendance s’était construite sur des décennies, ancrée dans les avantages mutuels de la géographie et de l’économie. Des pipelines comme Nord Stream 1 et 2 acheminaient du gaz bon marché et fiable directement des champs sibériens vers les usines allemandes et les foyers français, alimentant la puissance industrielle du continent. L’Allemagne, en particulier, prospérait grâce à cet arrangement, son secteur manufacturier – représentant plus de 20 % du PIB – dépendant de l’énergie russe abordable pour maintenir sa compétitivité mondiale dans l’automobile, la chimie et les machines.

La guerre en Ukraine a brisé cet équilibre, déclenchant une vague sans précédent de sanctions visant à isoler économiquement la Russie. À la mi-2025, la part de la Russie dans les importations de pétrole de l’UE avait chuté à un maigre 2 %, et celle du gaz à 12 %. Pourtant, ce découplage était loin d’être complet ou efficace. Deux pipelines clés restent opérationnels : la ligne Druzhba, qui continue d’alimenter en pétrole des nations enclavées d’Europe centrale comme la Hongrie et la Slovaquie, et TurkStream, qui fournit du gaz à l’Europe du Sud, y compris la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie. Ces exemptions reflètent les défis pratiques d’une coupure totale ; la Hongrie, sous le Premier ministre Viktor Orbán, a plusieurs fois opposé son veto à des mesures plus strictes, arguant qu’elles dévasteraient son économie.

Le pivot vers le GNL : un choix coûteux et hypocrite

De plus, le pivot de l’UE vers le GNL a été un pansement coûteux. Les importations de GNL représentent désormais 50 % de l’approvisionnement total en gaz du bloc, contre 20 % avant la guerre, les États-Unis émergeant comme le fournisseur dominant avec près de la moitié de ce volume. Ce virage s’est fait à un prix premium : le GNL américain n’est pas seulement plus cher en raison des coûts de liquéfaction, de transport et de regazéification, mais il est aussi soumis à des marchés mondiaux volatils. En 2025 seulement, les prix de l’énergie européens ont augmenté en moyenne de 15 à 20 % par rapport aux niveaux d’avant 2022, exacerbant l’inflation et érodant le pouvoir d’achat des ménages. Paradoxalement, l’Europe a même augmenté ses achats de GNL russe, qui reste « nettement moins cher » que son homologue américain, avec des importateurs majeurs comme la France, l’Espagne et les Pays-Bas. Des contrats à long terme lient ces nations, illustrant l’hypocrisie d’un régime de sanctions qui prône l’absolutisme moral mais plie devant la nécessité économique.

L’absurdité culmine avec les importations indirectes. Incapable de s’approvisionner en brut directement auprès de la Russie, l’Europe achète désormais des produits pétroliers raffinés à des intermédiaires comme l’Inde et la Turquie.

Ces pays importent du pétrole russe à prix réduit, le raffinent et le revendent avec une marge importante. Au cours des six premiers mois de 2025, l’UE et la Turquie ont importé 2,4 millions de tonnes de tels produits en provenance de l’Inde, dont les deux tiers estimés proviennent de brut russe – coûtant environ 1,5 milliard d’euros. Ce commerce détourné non seulement enrichit les intermédiaires, mais soutient indirectement les revenus russes, sapant le but même des sanctions. Les gains des exportations de combustibles fossiles de la Russie ont légèrement baissé en août 2025 à 564 millions d’euros, une baisse de 2 % par rapport au mois précédent, mais restent robustes grâce aux flux redirigés vers l’Asie.

Les conséquences économiques : désindustrialisation et stagnation

Le bilan économique pour l’Europe a été brutal. Trois années consécutives de stagnation industrielle se sont transformées en déclin pur et simple, particulièrement dans les secteurs énergivores. L’Allemagne, emblème de cette crise, autrefois saluée pour sa Energiewende (transition énergétique), fait face à une « désindustrialisation » massive due aux coûts élevés de l’énergie et à la coupure abrupte des approvisionnements russes. Au cours des dernières semaines de 2025, 125.000 emplois industriels ont disparu, avec des entreprises comme BASF et Volkswagen délocalisant des opérations vers les États-Unis ou l’Asie où l’énergie est moins chère. Le secteur manufacturier, affaibli depuis 2021 par la hausse des prix de l’énergie et une demande mondiale faible, s’est contracté davantage en 2025 en raison d’une chute de 31 % de la production éolienne au premier semestre, forçant une dépendance accrue aux importations coûteuses. La consommation énergétique globale en Allemagne a augmenté de manière inattendue début 2025, due à la mauvaise performance des renouvelables, exacerbant la crise.

Cette désindustrialisation n’est pas isolée ; elle est systémique. L’économie plus large de l’UE a stagné, avec une croissance du PIB oscillant en dessous de 1 % en 2025, tandis que l’inflation persiste en raison de la volatilité énergétique. Les petites et moyennes entreprises (PME), colonne vertébrale de l’industrie allemande, ont été vocales sur les prix élevés de l’énergie et les politiques médiocres qui les rendent non compétitives globalement. Les experts attribuent cela non seulement à la crise énergétique, mais à des problèmes structurels comme la baisse des exportations automobiles vers la Chine et les coûts de la main-d’œuvre. Pourtant, la cause racine remonte aux sanctions : en remplaçant le gaz russe bon marché par du GNL plus cher, l’Europe a gonflé sa facture énergétique de milliards annuellement, érodant ses avantages industriels.

Les bénéficiaires américains : un marché captif pour le GNL américain

Pendant ce temps, les États-Unis sont sortis vainqueurs incontestés. Les exportations de GNL américain vers l’Europe ont explosé, transformant le continent en marché captif de Washington. Près de la moitié des importations de GNL de l’UE proviennent désormais des rives américaines, avec des entreprises comme ExxonMobil projetant une domination à trois quarts du marché bientôt. Des contrats à long terme verrouillent cette dépendance : Eni italien a signé un accord de 20 ans avec Venture Global en 2025, suivi de deals similaires de Sefe allemand et Edison italien. La déclaration brutale du secrétaire américain à l’Énergie – « Vous voulez des fournisseurs d’énergie sécurisés qui sont vos alliés, pas vos ennemis » – encapsule cette stratégie. ExxonMobil anticipe que l’Europe s’engage à 750 milliards de dollars d’achats énergétiques américains sur des décennies, une aubaine pour les producteurs américains au milieu des changements mondiaux.

Ce pactole n’est pas accidentel ; c’est le couronnement d’efforts américains de longue date pour arracher l’Europe à l’énergie russe. La guerre en Ukraine a fourni le prétexte parfait, avec les explosions mystérieuses de Nord Stream en 2022 – toujours non résolues – coupant commodément des infrastructures clés. Alors que l’Europe se précipite à construire des terminaux GNL, les américains récoltent les profits, tandis que les préoccupations environnementales montent : le GNL américain a une empreinte carbone plus élevée que le gaz russe par pipeline, sapant les objectifs climatiques de l’UE.

 


L’ultimatum de Trump : une pression transactionnelle

Entre en scène Donald Trump, dont le retour à la Maison Blanche en 2025 a amplifié cette dynamique. Le 13 septembre 2025, Trump a lancé un ultimatum aux alliés de l’OTAN : cessez tous les achats de pétrole russe, ou les américains n’imposeront pas de nouvelles sanctions « majeures » sur Moscou. Il est allé plus loin, exigeant des tarifs de 50-100 % sur la Chine et l’Inde pour contournement des sanctions, affirmant que cela affaiblirait les alliances de la Russie. Les diplomates de l’UE admettent en privé que ces demandes sont irréalistes – des tarifs sur les géants asiatiques déclencheraient des mesures de représailles, gonflant les coûts européens et perturbant le commerce. Pourtant, la réponse rapide de von der Leyen – avancer l’interdiction du GNL – suggère une capitulation, priorisant l’« unité » transatlantique sur le sens économique.

L’approche transactionnelle de Trump expose la vulnérabilité de l’Europe. Tout en exigeant que l’Europe rompe les liens, des rapports ont émergé en septembre 2025 sur des discussions secrètes entre ExxonMobil et Rosneft russe pour reprendre la coopération sur le projet Sakhaline. Bien que démenti par Exxon, l’implication est claire : les firmes américaines pourraient réengager avec la Russie post-guerre, achetant de l’énergie bon marché pour revendre à premium, tandis que l’Europe reste écartée.

Ce double standard souligne la stratégie de Washington : garder les Russes dehors, les Américains dedans, et les Européens en bas – une politique écho de 1945.

 

Le renforcement du partenariat sino-russe : power of Siberia 2

La réponse de la Russie a été d’approfondir les liens asiatiques, exemplifiée par le pipeline Power of Siberia 2. Le 2 septembre 2025, la Russie et la Chine ont signé un mémorandum pour ce projet de 2 600 kilomètres à travers la Mongolie, prévu pour livrer 50 milliards de mètres cubes de gaz annuellement d’ici le début des années 2030. Cela s’appuie sur le succès de Power of Siberia 1 sous un accord de 400 milliards de dollars sur 30 ans, renforçant les besoins industriels de la Chine tout en sécurisant les revenus russes. Les négociations ont calé sur les prix, mais le levier de la Chine – la désespérance de la Russie post-coupure UE – a sécurisé des termes favorables. Les analystes prédisent un « choc structurel » sur les marchés mondiaux du GNL, réduisant les importations maritimes de la Chine et sapant les ambitions américaines.

Ce pivot met en évidence l’isolement de l’Europe. Alors que la Russie verrouille des marchés asiatiques, les sanctions de l’UE renforcent involontairement l’axe sino-russe, défiant la domination occidentale. Pékin et Moscou se moquent du régime « stupide » de Bruxelles, alors que l’Europe paie cher pour une politique qui n’a pas altéré le cours de la guerre en Ukraine.

Un paradoxe géopolitique : l’Europe prise dans son propre piège

Le paradoxe géopolitique est profond : les leaders de l’UE, enlisés dans une rhétorique anti-russe, sacrifient leur autonomie pour une confrontation qui bénéficie à Washington. Les exigences de Trump encadrent l’auto-mutilation économique de l’Europe comme un « bargain » pour le soutien US, accélérant le déclin. Des divisions internes – le refus de la Hongrie de stopper le pétrole russe – exposent des fractures. Sans inversion radicale – renormaliser les liens avec la Russie, prioriser l’énergie bon marché – le continent fait face à la stagnation, l’insignifiance, ou pire : une escalade vers une guerre totale.

Cette situation n’est pas nouvelle ; elle s’inscrit dans une longue histoire de dépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Russie, qui a commencé après la Seconde Guerre mondiale avec les premiers accords gaziers soviétiques dans les années 1960. À l’époque, l’Europe occidentale, en pleine reconstruction, voyait dans l’énergie soviétique une opportunité pour diversifier ses sources au-delà du charbon et du pétrole moyen-oriental. Les pipelines transcontinentaux, comme l’Urengoy-Pomary-Uzhgorod en 1984, symbolisaient une interdépendance économique qui transcendait les clivages de la Guerre froide. Même après l’effondrement de l’URSS, cette relation a persisté, avec Gazprom devenant un pilier de l’approvisionnement européen.

Les origines des tensions : une critique américaine de longue date

Mais les tensions géopolitiques ont toujours plané. Dès les années 2000, les États-Unis, sous George W. Bush et Barack Obama, ont critiqué cette dépendance, la voyant comme une vulnérabilité stratégique qui pourrait être exploitée par Moscou. Les crises gazières de 2006 et 2009, où la Russie a coupé les fournitures à l’Ukraine, affectant l’Europe, ont renforcé ces craintes. L’UE a répondu par une diversification, investissant dans des terminaux GNL et des interconnexions, mais sans rompre les liens avec la Russie. Nord Stream 2, achevé en 2021 malgré les sanctions américaines, était censé sécuriser 55 milliards de mètres cubes annuels, mais n’a jamais fonctionné pleinement en raison des tensions.

La guerre de 2022 a changé la donne. L’UE, sous pression américaine et motivée par une solidarité avec l’Ukraine, a imposé des sanctions progressives : embargo sur le charbon en avril 2022, sur le pétrole brut en décembre, et un plafond de prix à 60 dollars le baril pour le pétrole russe transporté par mer. Ces mesures, coordonnées avec le G7, visaient à limiter les revenus russes sans causer un choc énergétique mondial. Pourtant, elles ont échoué : la Russie a vendu son pétrole à des rabais à l’Inde et à la Chine, compensant les pertes de volume par des prix plus élevés ailleurs.

Les impacts immédiats : crises et subventions massives

Les impacts sur l’Europe ont été immédiats et sévères. Les prix du gaz ont atteint des records en 2022, forçant des rationnements industriels et des subventions gouvernementales massives – plus de 800 milliards d’euros en aides énergétiques entre 2022 et 2024. En Allemagne, le gouvernement a nationalisé Uniper, un importateur clé de gaz russe, pour 29 milliards d’euros, évitant une faillite.

La France, moins dépendante (grâce au nucléaire), a vu ses factures énergétiques doubler pour les ménages, alimentant des protestations sociales.

En 2025, la désindustrialisation s’accélère. L’Allemagne prévoit une contraction de 0,2 % du PIB, avec l’industrie chimique perdant 20 % de sa production depuis 2022. Des géants comme Thyssenkrupp envisagent des fermetures d’usines, citant les coûts énergétiques comme facteur principal. En Italie, les PME du secteur céramique, dépendantes du gaz, ont vu 30 % de leurs entreprises fermer. L’UE dans son ensemble risque une perte de 2-3 % de PIB cumulée d’ici 2030 due aux sanctions, selon des estimations du FMI.

La résilience russe : croissance et industrialisation

Pendant ce temps, la Russie résiste. Son économie a crû de 3,6 % en 2024, soutenue par les dépenses militaires et les exportations redirigées. Les sanctions ont stimulé l’industrialisation domestique, avec des investissements dans les technologies pour contourner les embargos. La Chine, en achetant 20 % de pétrole russe en plus en 2025, a comblé le vide européen.

Trump exploite cette faiblesse. Son ultimatum reflète une vision où l’Europe paie pour sa propre subordination. En exigeant des tarifs sur la Chine, il risque une guerre commerciale globale, mais pour l’Europe, cela signifie des coûts plus élevés pour les biens importés, aggravant l’inflation.

Le symbole du power of Siberia 2 : un axe sino-russe renforcé

Le partenariat sino-russe s’approfondit, avec Power of Siberia 2 comme symbole. Ce projet, estimé à 13,6 milliards de dollars, diversifie les routes énergétiques russes, réduisant la vulnérabilité aux sanctions occidentales. La Chine gagne un approvisionnement stable, soutenant sa croissance, tandis que la Russie sécurise des revenus à long terme.

En conclusion, la politique énergétique de l’UE depuis 2022 est un cas d’école de dommages auto-infligés. En se coupant des approvisionnements russes bon marché, elle a offert aux États-Unis une occasion unique de dominer le marché européen de l’énergie.

En adoptant des sanctions qui n’ont pas affaibli la Russie mais ont dévasté l’industrie européenne, Bruxelles a transformé le continent en pion géopolitique.

Les dirigeants européens prétendent défendre les valeurs et la solidarité ; en réalité, ils président à un processus de désindustrialisation et de déclin, tout en continuant à aggraver dangereusement les tensions avec la Russie. À moins d’un changement radical, l’avenir du continent sera fait de stagnation et d’insignifiance – et, dans le pire des cas, d’une guerre totale.

 


 

  Déclaration de la présidente von der Leyen sur le 19e train de sanctions contre la Russie


Au cours de ce dernier mois, la Russie a malheureusement fait montre de tout son mépris à l'égard de la diplomatie et du droit international. Elle a lancé certaines des plus vastes attaques de drones et de missiles contre l'Ukraine depuis le début de la guerre, frappé tant des bâtiments gouvernementaux que des habitations civiles et touché notre bureau de Kiev, la représentation de notre Union. Les menaces qui pèsent sur notre Union sont également de plus en plus lourdes. Ces deux dernières semaines, des drones Shahed russes ont violé l'espace aérien de notre Union, tant en Pologne qu'en Roumanie. Ces actes sont indignes de quelqu'un qui veut la paix. Encore et toujours, le président Poutine pratique l'escalade. Et en réponse, l'Europe augmente sa pression. C'est la raison pour laquelle je vous présente aujourd'hui notre 19e train de sanctions.

Premièrement, parlons de l'énergie. L'économie de guerre de la Russie est soutenue par les recettes provenant des combustibles fossiles. Nous voulons réduire ces recettes. Nous interdisons donc les importations de GNL russe sur les marchés européens. Il est temps de fermer le robinet. Nous y sommes préparés. Nous avons économisé de l'énergie, diversifié nos approvisionnements et investi dans des sources d'énergie à faible intensité de carbone comme jamais auparavant. Aujourd'hui, ces efforts sont payants. Nous venons d'abaisser le plafond des prix du pétrole brut à 47,6 USD. Pour renforcer l'application des sanctions, nous les appliquons désormais à 118 navires supplémentaires de la flotte fantôme. Au total, plus de 560 navires sont maintenant inscrits sur la liste des navires visés par les sanctions de l'UE. Quant aux grandes sociétés du secteur de l'énergie que sont Rosneft et Gazpromneft, elles écopent désormais d'une interdiction totale des transactions. Et d'autres entreprises feront également l'objet d'un gel des avoirs. Nous visons désormais ceux qui financent la guerre menée par la Russie en achetant du pétrole en violation des sanctions. Nous ciblons les raffineries, les négociants en pétrole et les entreprises pétrochimiques de pays tiers, y compris la Chine. En trois ans, les recettes pétrolières réalisées par la Russie en Europe ont chuté de 90 %. Nous clôturons maintenant ce chapitre pour de bon.

Deuxièmement, nous ciblons les brèches du système financier que la Russie exploite pour se soustraire aux sanctions. Nous étendons l'interdiction des transactions à d'autres banques sises en Russie, ainsi qu'à des banques de pays tiers. Nous intensifions notre répression contre le contournement. À mesure que les tactiques de fraude gagnent en sophistication, nous adapterons nos sanctions pour garder une longueur d'avance. C'est ainsi que, pour la première fois, nos mesures restrictives frapperont les plateformes de crypto-actifs et interdiront les transactions en cryptomonnaies. Nous inscrivons sur la liste des banques étrangères connectées au système parallèle russe de services de paiement. Et nous limitons les transactions avec des entités situées dans les zones économiques spéciales.

J'en viens à mon troisième point. Nous ajoutons de nouvelles restrictions directes à l'exportation pour les biens et technologies utilisés sur le champ de bataille. Nous dressons également la liste de 45 entreprises en Russie et dans des pays tiers. Ces entreprises apportent un soutien direct ou indirect au complexe militaro-industriel russe. Dans une guerre fondée sur l'innovation, il est essentiel de couper l'accès de la Russie aux technologies clés. Surtout quand il s'agit des drones.

Notre analyse économique est limpide : nos sanctions affectent gravement l'économie russe. Le taux d'intérêt y est de 17 %. L'inflation reste élevée. L'accès de la Russie au financement et aux revenus ne cesse de se réduire. Et l'économie de guerre de la Russie, qui est en surchauffe, atteint ses limites. La capacité des pouvoirs publics à soutenir l'économie diminue. Fait encore plus remarquable : lorsque nous discutons directement avec des partenaires qui parlent avec la Russie, ceux-ci affirment que l'allègement des sanctions figure parmi les premières demandes russes. Nous savons que nos sanctions constituent un outil efficace de pression économique. Et nous continuerons à les employer jusqu'à ce que la Russie s'assoie avec l'Ukraine à la table des négociations pour parvenir à une paix juste et durable.

Parallèlement, comme je l'ai annoncé la semaine dernière, nous travaillons à une nouvelle solution pour financer les efforts de défense de l'Ukraine sur la base des avoirs russes immobilisés. Soyons très clairs sur ce point : cette guerre est l'œuvre de la Russie et c'est à l'agresseur de payer. Grâce aux soldes de trésorerie associés à ces actifs russes, nous pouvons accorder à l'Ukraine un prêt de réparation. On ne touchera pas aux actifs eux-mêmes. Et le risque devra être supporté collectivement. L'Ukraine ne remboursera le prêt qu'une fois que la Russie aura versé des réparations. Nous présenterons prochainement une proposition.

Enfin, nous alignons nos sanctions sur celles de nos partenaires du G7, sous la direction de la présidence canadienne. Et pour soutenir l'Ukraine dans sa lutte pour la liberté, nous travaillons également de concert avec la coalition des volontaires. L'Europe est aux côtés de l'Ukraine depuis le tout début. Face à l'escalade menée par la Russie, l'Europe a relevé le défi. Nous continuerons à utiliser tous les outils à notre disposition pour mettre un terme à cette guerre brutale. J'invite à présent les États membres à approuver rapidement ces nouvelles sanctions. Nous voulons que la Russie se retire du champ de bataille et vienne à la table des négociations. C'est ainsi que nous donnerons une vraie chance à la paix.

Merci.


 

septembre 25, 2025

Mercosur: un libre-échange sabordé par l'écologie ses normes via les médias

 Le Mercosur, ce bouc émissaire de nos politiques agricoles

Déforestation, bœuf aux hormones, trahison de nos agriculteurs. Le Mercosur, accusé de tous les maux, fait l’unanimité contre lui. Pourtant, cet accord pourrait être une opportunité pour notre industrie, sans pour autant sacrifier notre souveraineté alimentaire.
 
 

 
 
Le Mercosur, c’est en quelque sorte la version sud-américaine de notre marché commun, un espace de libre circulation des biens et des services. Il regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et, depuis l’an dernier, la Bolivie. Le Venezuela en a été exclu en 2016. Après deux décennies de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu, en juin 2019, un traité instaurant une zone de libre-échange. Ou plutôt un accord commercial, car le terme, qui suggère une libéralisation sans contraintes, est trompeur : les règles restent nombreuses et certaines importations limitées. Aujourd’hui, il demeure suspendu à la ratification des 27 États européens. La France est l’un des rares pays à avoir des réserves. À tort ou à raison ?
 

 
Concrètement, la suppression de 4 milliards de droits de douane rendrait nos exportations beaucoup plus compétitives. Le prix des voitures et des vêtements pourrait baisser de 35 %, celui des machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques de 14 à 20 %. Les fournisseurs de services — télécommunications, transports, numérique — accéderaient aux marchés publics locaux. L’industrie automobile européenne, en grande difficulté, appelle évidemment l’accord de ses vœux : il relancerait ses ventes de véhicules thermiques, au moins pour un temps. Au total, Bruxelles projette près de 50 milliards d'euros d’exportations supplémentaires vers le Mercosur, pour seulement 9 milliards d’importations en plus. Des importations qui pourraient bien profiter aux industries européennes. Le Brésil, en particulier, est un important fournisseur de matières premières critiques comme le nickel, le cuivre, l’aluminium, l’acier ou le titane.
L’erreur est en effet de réduire exportations et importations à une lecture comptable. On croit trop souvent que seule la production locale enrichit, quand les importations appauvrissent. L’exemple du CETA, l’accord entre l’Europe et le Canada, montre l’inverse : les entreprises françaises ont pu importer hydrocarbures et minerais à des prix plus avantageux. Si ces flux semblent peser négativement sur la balance commerciale, ils sont économiquement bénéfiques. Des matières premières moins chères permettent à nos entreprises de réduire leurs coûts et de gagner en compétitivité. Aujourd’hui, qu’importe-t-on majoritairement depuis l’Amérique latine ? Des hydrocarbures, des produits miniers… et des produits agricoles.
 
 

 

Les agriculteurs européens sont-ils vraiment sacrifiés sur l’autel du commerce ?

L’agriculture des pays du Mercosur fait peur. Avec 238 millions de bovins, le Brésil possède le plus grand cheptel au monde et assure à lui seul près d’un quart des exportations mondiales. L’Argentine n’est pas en reste, avec 54 millions de bêtes et des troupeaux en moyenne quatre fois plus grands qu’en France. En Amazonie ou dans le Cerrado brésilien, certaines exploitations dépassent même les 100 000 têtes de bétail. À titre de comparaison, la « ferme des mille vaches » picarde, fugace symbole tricolore de l’élevage intensif, n’a jamais compté plus de 900 bovins. Mais le gigantisme ne s’arrête pas à l’élevage. Au Brésil, SLC Agrícola exploite plus de 460 000 hectares de céréales. Deux cents fois plus que la plus grande exploitation française. Les vergers sont quatre fois plus étendus de l’autre côté de l’Atlantique. Sucre, maïs, soja… les agriculteurs européens font face à un géant. Sans jouer avec les mêmes cartes : si les produits importés devront répondre aux normes de consommation européennes, les règles de production ne sont pas identiques. Notamment concernant l’utilisation des pesticides, qui fait tant débat en Europe. Pour les agriculteurs français, difficile de se départir de l’impression de concourir face à des V12 avec un 3 cylindre
 
Heureusement, l’Union européenne a prévu des garde-fous. Les importations de bœuf, notamment, sont limitées à 99 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’un gros steak par habitant. Cela ne représente, comme pour la volaille ou le sucre, que moins de 1,5 % de la production du continent. Aucune chance, dans ces conditions, d’être submergé par l’afflux de produits agricoles sud-américains. Et si jamais c’était le cas, une procédure de sauvegarde, qui stopperait net les importations, pourrait être enclenchée.
 
« En France comme en Europe, les cheptels bovins ont reculé d’environ 10 % en dix ans, et cette concurrence n’y est pour rien », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. Selon lui, les pays du Mercosur disposent déjà d’un client de poids avec la Chine, beaucoup plus simple à approvisionner. L’Europe, au contraire, impose des normes strictes et chaque exploitation doit être agréée individuellement. « On l’a vu avec le CETA : dans ces conditions, rien ne garantit même que les quotas soient atteints », ajoute-t-il.
 
Café, oranges, soja… À l’heure actuelle, le Mercosur vend surtout à l’Europe des produits qu’elle ne cultive pas. La seule filière réellement exposée semble être celle du maïs. Massivement OGM, la production brésilienne échappe à tout quota. Elle représente bien la schizophrénie des normes : un maïs impossible à cultiver en Europe peut nourrir nos animaux d’élevage.
 
L’accord pourrait même ouvrir de nouvelles perspectives à certains agriculteurs européens. Bruxelles table sur 1,2 milliard d’euros d’exportations supplémentaires. Les viticulteurs seraient les premiers bénéficiaires : leurs vins gagneraient en compétitivité et leurs appellations, comme celles de plusieurs fromages, seraient enfin reconnues outre-Atlantique. Exit le « Champagne » argentin ou le camembert brésilien. Dans une moindre mesure, les fruits et légumes, les huiles végétales et les produits laitiers devraient eux aussi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. 

Quand l’écologie gagne à commercer avec le bout du monde

Pour beaucoup, faciliter le commerce transatlantique est vu comme une aberration environnementale. Pourtant, les accords commerciaux sont des outils puissants pour convertir le reste du monde à la vision européenne du mieux-disant écologique et social. Ils permettent de façonner les règles du commerce mondial conformément aux normes européennes les plus élevées, de projeter nos valeurs à travers des obligations détaillées en matière de commerce, d’emploi et de développement durable. Les signer, c’est ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail et les accords multilatéraux sur l’environnement, de l’Accord de Paris aux conventions biodiversité. Toute violation pouvant justifier une suspension, totale ou partielle. Ainsi, en 2020, le Cambodge a perdu ses privilèges unilatéraux, du fait des dérives autoritaires du Premier ministre Hun Sen.
 
La culture du soja, importante cause de déforestation, est souvent évoquée. Pourtant, l’accord avec le Mercosur ne change rien à l’affaire, les importations de tourteaux étant déjà exemptes de toute taxation douanière. Le rôle de l’Union européenne, qui n’importe que 14 millions de tonnes par an, contre 112 millions pour la Chine, est de toute façon minime. L’accord entraîne par ailleurs la ratification du Protocole de Glasgow, qui prohibe toute déforestation à partir de 2030. Pour la transition énergétique, c’est aussi un enjeu majeur : le Brésil détient 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel et de manganèse. L’Argentine regorge de lithium. De quoi nourrir notre industrie verte…
 
Reste la question du contrôle. Croire que les contrôleurs de l’Union puissent éviter toute entorse aux règles est évidemment illusoire. Mais croire qu’ils sont aveugles n’est pas moins excessif. L’an dernier, une enquête a dévoilé la présence d’hormones dans le régime alimentaire des bœufs au Brésil. Pas à des fins d’engraissement, comme on l’a souvent suggéré, mais à des fins thérapeuthiques… ce qui est aussi possible en Europe. Les mêmes craintes étaient brandies lors de la signature du CETA. Huit ans plus tard, aucun bœuf aux hormones n’est importé du Canada.
 
 

 

En creux, l’amertume du deux poids, deux mesures

Alors que toutes les pratiques agricoles sont remises en question, que des militants n’hésitent pas à les accuser d’empoisonnement, ni à fantasmer sur une chimérique agriculture sans intrants, l’opposition au Mercosur semble bien dérisoire. Nos agriculteurs ont-ils baissé les bras face aux ennemis de l’intérieur, au point de ne plus s’autoriser d’autre combat que celui contre leurs concurrents étrangers ? Pensent-ils trouver dans la mondialisation un ennemi commun leur assurant la miséricorde des gardiens du dogme ?
 
Signer l’accord avec le Mercosur serait un signal puissant, un acte de confiance et de détermination, à contre-courant du repli américain. Mais après des années d’agri-bashing, de surtransposition des normes, on comprend que les agriculteurs se sentent fragilisés face à la concurrence — même si, dans les faits, elle vient bien plus de l’Ukraine ou des autres pays européens que du Mercosur. Après le raz-de-marée médiatique contre la loi Duplomb cet été, difficile de ne pas comprendre non plus leur sentiment d’impuissance. C’est pourtant là que sont les vrais enjeux : redonner aux agriculteurs le goût du possible. Qu’ils puissent à nouveau se projeter dans un avenir à la fois serein et conquérant. Nous en sommes loin. Mais ne baissons pas les bras : la souveraineté se construit plus solidement dans la compétitivité que dans le repli sur soi.
 
 Antoine Copra

 https://podcasts.apple.com/fr/podcast/le-mercosur-ce-bouc-%C3%A9missaire-de-nos-politiques-agricoles/id1837942449?i=1000728344420

 

 

 

 

 

 

septembre 11, 2025

Discours belliqueux: L’hystérie guerrière de von der Leyen devant les eurodéputés à Strasbourg

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L’Europe ne se bat plus pour la paix — elle se bat pour exister

Le 10 septembre 2025, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a prononcé son discours annuel sur l’état de l’Union. Devant un Parlement européen divisé, elle a ouvert son allocution par une phrase lourde de sens : « L’Europe se bat. »


Ce n’est pas une métaphore. Ce n’est pas une figure de style. C’est une déclaration de guerre — non pas contre un ennemi extérieur, mais contre tout ce qui résiste à l’ordre européen tel qu’il est conçu par Bruxelles : les peuples, les souverainetés nationales, les oppositions politiques, les récits alternatifs.

Ce discours, loin d’être un simple bilan politique, est un manifeste anxiogène et belliqueux, construit sur une rhétorique de la peur, de l’urgence et de la menace permanente. Il ne cherche pas à rassurer, mais à mobiliser — par la terreur. Il ne cherche pas à convaincre, mais à contraindre — par l’émotion.

L’Union européenne, dans sa forme actuelle, n’est plus un projet de paix. C’est un projet de contrôle total. Elle joue sur les peurs — réelles ou fabriquées — pour justifier ses dérives autoritaires, ses ambitions militaires, ses ingérences politiques et sa doxa imposée comme une religion laïque obligatoire.

 

I. La machine à peur : comment l’UE fabrique l’urgence permanente

Dans son discours, von der Leyen utilise 417 mots anxiogènes sur 11.876 — soit 3,51 % du texte. Ce chiffre peut sembler modeste, mais il est trompeur. Car ces mots ne sont pas dispersés : ils sont stratégiquement placés, comme des mines émotionnelles, pour déclencher une réaction viscérale chez l’auditeur.

Regardons les termes récurrents :

Guerre (18 fois)

Attaque / attaquer (12 fois)

Bombes / bombardements (5 fois)

Mort / tués (11 fois)

Souffrance (9 fois)

Enfer (3 fois)

Terroristes (7 fois)

Dangereux / dangereusement (4 fois)

Menace / menacer (14 fois)

Crise (16 fois)

Urgence / urgent (13 fois)

Chaos (3 fois)

Effondrement (2 fois)

Désinformation (8 fois)

Violence / violent (9 fois)

Dépendance (7 fois)

Anxiété / angoisse (5 fois)

Peur / effrayés (6 fois)

Fragile / fragilité (5 fois)

Détruire / destruction (6 fois)

Impitoyable / cynique / fatal (7 fois)

Vulnérabilité (4 fois)

Inacceptable / intolérable (5 fois)

Alarmant / inquiétant (7 fois)

Dévastateur / catastrophique (4 fois)

Barbare / inhumain (3 fois)

Mortel (2 fois)

Risque / risqué (8 fois)

Hostile / hostilité (3 fois)

Brutal / brutalité (4 fois)

Illégal (3 fois)

Paralysie (2 fois)

Saper / étouffer (5 fois)

Ce n’est pas un discours politique. C’est un bulletin de guerre psychologique.

Von der Leyen ne parle pas de l’Europe comme d’un espace de prospérité, de culture ou de liberté. Elle la décrit comme un champ de bataille

  • « Les lignes de front d’un nouvel ordre mondial basé sur la force se dessinent en ce moment même. »
  • « Le monde d’aujourd’hui ne pardonne rien à personne. »
  • « Ils sentent la terre trembler sous leurs pieds. »

Elle installe une atmosphère de siège permanent. Tout est menace : la Russie, les drones, les migrants, les “extrémistes”, les “colons violents”, les “ministres cyniques”, les “passeurs”, les “algorithmes malveillants”, les “fake news”, le “chaos”, la “famine”, les “bombes”, les “feux de l’enfer”.

Et dans ce chaos, une seule solution : l’Europe telle que conçue par Bruxelles. Pas celle des peuples. Pas celle des nations. Pas celle des démocraties locales. Celle de la Commission, des technocrates, des bureaucrates, des idéologues.

 

II. La guerre intérieure : comment l’UE déclare la guerre aux souverainistes et aux dissidents

Le plus inquiétant dans ce discours, c’est la mise au pilori des oppositions politiques européennes.

Von der Leyen invective doctement : « Cette aile de la chambre devrait particulièrement s’intéresser aux libertés » : elle s’adresse à l’extrême droite du Parlement européen — c’est-à-dire aux partis souverainistes, nationalistes, populistes, qui osent contester l’ordre bruxellois.

Et elle ajoute, avec un sourire glaçant :  « Vous êtes visiblement effrayés. »

C’est une accusation inversée. Ce ne sont pas les technocrates de Bruxelles qui effraient les peuples — ce sont les peuples qui effraient les technocrates. Ce ne sont pas les institutions qui menacent la démocratie — ce sont les démocrates qui menacent les institutions.

Elle annonce la création d’un « Centre européen pour la résilience démocratique » et d’un « bouclier européen pour la démocratie » — des noms qui sonnent comme des oxymores orwelliens. En réalité, il s’agit de structures de surveillance et de répression idéologique, destinées à :

  • Traquer la “désinformation” — c’est-à-dire toute critique du narratif officiel (DSA).
  • Contrôler les médias — en finançant les “médias indépendants” (c’est-à-dire conformes) et en marginalisant les autres.
  • Neutraliser les partis politiques d’opposition — en les accusant de “saper la démocratie”.

Le message est clair : si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre la démocratie.

Et pour ceux qui douteraient encore, von der Leyen rappelle : 

« Le respect de l’État de droit est une condition essentielle pour les fonds européens. Aujourd’hui comme demain. »
Traduction : obéissez, ou vous serez punis financièrement. La Hongrie, la Pologne, l’Italie savent de quoi il retourne. Ce n’est pas de la “défense des valeurs” — c’est du chantage politique !

L’UE ne veut pas de débat. Elle veut de la soumission. Elle ne veut pas de pluralisme. Elle veut de la conformité.

 


III. L’armée fantôme : comment l’UE veut créer une armée européenne… sans peuple, sans nation, sans légitimité

Von der Leyen déclare :  « L’Europe défendra chaque centimètre carré de son territoire. »

Mais quel est ce “territoire” ? Quelle est cette “Europe” ? Il n’existe aucune nation européenne. Il n’existe aucun peuple européen au sens ethnique, culturel ou historique. Il n’existe que 27 nations souveraines, avec leurs histoires, leurs langues, leurs armées, leurs intérêts.

Pourtant, Bruxelles veut créer une armée européenne unique, avec :

  • Un “Semestre européen de la défense” (comme si la guerre se planifiait comme un budget).
  • Un “Eastern Flank Watch” (une surveillance militaire permanente de l’Est).
  • Un “mur de drones” (parce que rien ne dit “paix” comme un mur de drones).
  • Un “Avantage militaire qualitatif” (Qualitative Military Edge) pour l’Ukraine (c’est-à-dire une industrialisation de la guerre).

Et surtout, un plan “Préparation à l’horizon 2030” qui mobiliserait 800 milliards d’euros pour la défense européenne.

800 milliards… ! Pendant que les hôpitaux ferment, que les retraites baissent, que le logement devient inaccessible, que les PME étouffent sous les normes — Bruxelles veut investir 800 milliards dans les armes.

Et pour quoi faire ? Pour “défendre l’Europe”. Mais contre qui ? Contre la Russie ? Contre la Chine ? Contre… les citoyens eux-mêmes ?

Car une armée européenne, c’est aussi une armée contre les peuples. Une armée pour imposer la volonté de Bruxelles quand les nations refusent d’obéir. Une armée pour “stabiliser” les régimes récalcitrants. Une armée pour “protéger la démocratie” — c’est-à-dire pour écraser les dissidents (Cf.: EUROGENDFOR).

L’OTAN ne suffit plus. L’UE veut son propre outil de coercition. Pas pour la sécurité — pour le contrôle.

 


IV. La doxa européenne : une religion laïque obligatoire

L’UE ne se contente plus de réglementer les marchés ou les frontières. Elle veut réguler les esprits.

Elle impose une doxa unique — un ensemble de croyances obligatoires :

  • Le changement climatique est une religion — toute critique est un blasphème.
  • La transition énergétique est un dogme — même si elle ruine les ménages.
  • La voiture électrique est un sacrement — même si elle dépend des mines chinoises.
  • L’immigration est une vertu — même si elle crée des tensions sociales.
  • La diversité est un impératif — même si elle efface les identités.
  • La lutte contre la désinformation est un devoir — même si elle tue la liberté d’expression.

Von der Leyen le dit explicitement : « L’Europe décidera toujours par elle-même. »

Mais qui est “l’Europe” ? Pas les citoyens. Pas les électeurs. La Commission. Les bureaucrates. Les experts. Et pour ceux qui refusent cette doxa ? Ils sont traités de “complotistes”, “extrémistes”, “réactionnaires”, “fascistes”.

L’UE ne tolère pas la dissidence intellectuelle. Elle la pathologise. Elle la criminalise. Elle la stigmatise.

Elle veut créer une Europe pensante unique — où tous les citoyens pensent la même chose, votent la même chose, consomment la même chose, croient la même chose.

C’est la fin de la pluralité. C’est la dictature de la pensée unique.

 

V. Le grand remplacement institutionnel : comment l’UE veut détruire les nations pour se substituer à elles

Le projet final de von der Leyen est clair :  « Il est temps de mettre fin à la règle de l’unanimité. »

Autrement dit : abolir le droit de veto des États membres. Rendre les nations impuissantes. Transformer l’UE en super-État fédéral, où les décisions se prennent à la majorité — c’est-à-dire contre les petits pays, contre les récalcitrants, contre les souverainistes.

Elle veut aussi :

Et surtout, elle veut “refaire l’Europe” — c’est-à-dire effacer les nations pour créer un nouvel ordre mondial.

« Faisons de la prochaine réunification de l’Europe une réalité ! »

Mais quelle “réunification” ? Celle de l’Est et de l’Ouest ? Non. Celle des peuples sous un seul drapeau, une seule loi, une seule pensée.

C’est le grand remplacement institutionnel : les nations disparaissent, remplacées par des “régions”, des “marchés”, des “zones”. Les citoyens deviennent des “consommateurs”, des “utilisateurs”, des “ressources humaines”.

L’UE ne veut pas d’États-nations. Elle veut un Empire technocratique.

 

VI. L’apocalypse douce : comment l’UE détruit les sociétés de l’intérieur

Sous couvert de “protection”, l’UE détruit les fondements des sociétés européennes :

  • Le logement → devenu “crise sociale”, “source d’anxiété”, “menace pour la compétitivité”. Solution ? Plus d’Europe, plus de normes, plus de contrôle.
  • La famille → remplacée par l’État nourricier, avec la “garantie pour l’enfance”, les “allocations”, les “droits”.
  • L’éducation → infiltrée par l’idéologie verte, numérique, migratoire.
  • Les médias → financés par Bruxelles, donc contrôlés par Bruxelles.
  • La culture → uniformisée, mondialisée, dénationalisée.
  • La démocratie → réduite à un vote tous les 5 ans, pendant que les vraies décisions se prennent dans des bureaux fermés.

Et pour les enfants ? Von der Leyen, “grand-mère de quatre petits-enfants”, veut interdire les réseaux sociaux aux mineurs — parce que les parents sont “impuissants”, “désarmés”, “submergés”.

« C’est aux parents, et non aux algorithmes, d’élever nos enfants. »

Mais en réalité, c’est à l’État européen qu’elle veut confier cette mission. Elle ne fait pas confiance aux familles. Elle ne fait pas confiance aux nations. Elle ne fait confiance qu’à elle-même.

C’est le nanny-state européen : un État nourrice, moralisateur, infantilisant, totalitaire.

 

Résister à l’Europe de la peur

L’Europe de von der Leyen n’est pas l’Europe des Nations que l’on avait vendue au petit peuple naguère et dont il s’est méfié par deux fois en votant non. Ce n’est pas une Europe de paix, de coopération, de prospérité partagée. C’est une Europe de la peur, de la guerre, du contrôle, de la conformité.

Elle utilise la peur comme un outil politique. Elle instrumentalise les crises — réelles ou exagérées — pour justifier ses dérives autoritaires. 

Elle parle de “démocratie” tout en la vidant de son sens. Elle parle de “liberté” tout en la conditionnant à l’obéissance.

Face à cette machine de guerre idéologique, une seule réponse est possible : la résistance. Résistance des peuples. Résistance des nations. Résistance des esprits libres. Car si nous ne résistons pas aujourd’hui, demain, il sera trop tard. L’Europe ne doit pas être un empire. Elle doit être un espace de nations libres, de cultures diverses, de démocraties vivantes.

 

Une autre voie pacifique et vertueuse est possible

Alors que von der Leyen martèle, depuis Strasbourg, que « l’Europe se bat », que « chaque centimètre carré de son territoire sera défendu », et que « le monde ne pardonne rien », deux autres sommets, tenus presque simultanément, dessinent un horizon radicalement opposé — non pas de confrontation, mais de coopération ; non pas de peur, mais de souveraineté partagée ; non pas d’unilatéralisme, mais de multipolarité équilibrée.

À Rio de Janeiro, les dirigeants des BRICS+ — Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, plus les nouveaux membres (Égypte, Éthiopie, Iran, Arabie saoudite, Émirats, Argentine…) — ont scellé une vision du monde fondée sur :

  • La souveraineté inaliénable des États, sans ingérence extérieure.
  • Le respect du droit international, non pas tel qu’il est réécrit par l’Occident, mais tel qu’il est inscrit dans la Charte des Nations Unies.
  • La dédollarisation progressive des échanges, pour libérer les économies du joug financier occidental.
  • La création d’institutions alternatives (banque de développement, système de paiement, agence de notation) pour sortir de la dépendance aux structures de Bretton Woods.
  • L’investissement dans les infrastructures du Sud global, sans conditionnalités politiques ou idéologiques.

À Tianjin, lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) — qui réunit la Chine, la Russie, l’Inde, l’Iran, les pays d’Asie centrale, la Biélorussie, et désormais la Turquie en observateur — les dirigeants ont affirmé :

  • Le rejet de toute logique d’alliance militaire offensive — l’OCS n’est pas une OTAN asiatique, mais un forum de sécurité coopérative.
  • La priorité à la stabilité régionale, par le dialogue et la médiation, non par la coercition.
  • Le développement économique mutuel, notamment via les corridors Nord-Sud et Est-Ouest, contournant les blocus occidentaux.
  • La neutralité technologique — pas de “camp”, pas de “choix de civilisation”, mais des partenariats pragmatiques.

 

Le monde ne veut plus de l’Europe de la peur

L’Europe de von der Leyen est une Europe en déclin — qui tente de compenser sa perte d’influence par la dramatisation, la militarisation et la moralisation autoritaire. Elle parle de “liberté”, mais impose des sanctions. Elle parle de “démocratie”, mais menace les gouvernements élus. Elle parle de “paix”, mais finance des guerres par procuration.

Pendant ce temps, le Sud global, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique latine, l’Eurasie construisent un autre monde — sans sermon, sans condition, sans peur. Un monde où les nations ne sont pas des “marchés captifs” ou des “régions administratives”, mais des acteurs souverains d’un ordre multipolaire.

L’Europe pourrait choisir de rejoindre ce mouvement — de redevenir un partenaire, non un gendarme. Mais pour cela, elle devrait renoncer à sa posture de victime-persécuteur, cesser d’instrumentaliser la peur, et accepter que le monde ne tourne plus autour d’elle.

Sinon, elle restera seule — enfermée dans son bunker rhétorique, parlant à un miroir, pendant que le reste du monde avance sans elle et que sa population s’étiolera ou se robotisera…

https://multipol360.com/lhysterie-guerriere-de-von-der-leyen-devant-les-eurodeputes-a-strasbourg/

 

"L'élite bruxelloise encourage l'endettement commun afin de priver les nations de leur souveraineté et de nous entraîner vers des États-Unis d'Europe. Elle souhaite utiliser la guerre en Ukraine comme prétexte pour nous asservir financièrement. Nous devons regarder au-delà du champ de bataille et nous interroger sur l'avenir même de l'Union : nations libres ou soumission à des bureaucrates non élus ?"
Orbán Viktor

 

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