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septembre 25, 2025

Mercosur: un libre-échange sabordé par l'écologie ses normes via les médias

 Le Mercosur, ce bouc émissaire de nos politiques agricoles

Déforestation, bœuf aux hormones, trahison de nos agriculteurs. Le Mercosur, accusé de tous les maux, fait l’unanimité contre lui. Pourtant, cet accord pourrait être une opportunité pour notre industrie, sans pour autant sacrifier notre souveraineté alimentaire.
 
 

 
 
Le Mercosur, c’est en quelque sorte la version sud-américaine de notre marché commun, un espace de libre circulation des biens et des services. Il regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et, depuis l’an dernier, la Bolivie. Le Venezuela en a été exclu en 2016. Après deux décennies de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu, en juin 2019, un traité instaurant une zone de libre-échange. Ou plutôt un accord commercial, car le terme, qui suggère une libéralisation sans contraintes, est trompeur : les règles restent nombreuses et certaines importations limitées. Aujourd’hui, il demeure suspendu à la ratification des 27 États européens. La France est l’un des rares pays à avoir des réserves. À tort ou à raison ?
 

 
Concrètement, la suppression de 4 milliards de droits de douane rendrait nos exportations beaucoup plus compétitives. Le prix des voitures et des vêtements pourrait baisser de 35 %, celui des machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques de 14 à 20 %. Les fournisseurs de services — télécommunications, transports, numérique — accéderaient aux marchés publics locaux. L’industrie automobile européenne, en grande difficulté, appelle évidemment l’accord de ses vœux : il relancerait ses ventes de véhicules thermiques, au moins pour un temps. Au total, Bruxelles projette près de 50 milliards d'euros d’exportations supplémentaires vers le Mercosur, pour seulement 9 milliards d’importations en plus. Des importations qui pourraient bien profiter aux industries européennes. Le Brésil, en particulier, est un important fournisseur de matières premières critiques comme le nickel, le cuivre, l’aluminium, l’acier ou le titane.
L’erreur est en effet de réduire exportations et importations à une lecture comptable. On croit trop souvent que seule la production locale enrichit, quand les importations appauvrissent. L’exemple du CETA, l’accord entre l’Europe et le Canada, montre l’inverse : les entreprises françaises ont pu importer hydrocarbures et minerais à des prix plus avantageux. Si ces flux semblent peser négativement sur la balance commerciale, ils sont économiquement bénéfiques. Des matières premières moins chères permettent à nos entreprises de réduire leurs coûts et de gagner en compétitivité. Aujourd’hui, qu’importe-t-on majoritairement depuis l’Amérique latine ? Des hydrocarbures, des produits miniers… et des produits agricoles.
 
 

 

Les agriculteurs européens sont-ils vraiment sacrifiés sur l’autel du commerce ?

L’agriculture des pays du Mercosur fait peur. Avec 238 millions de bovins, le Brésil possède le plus grand cheptel au monde et assure à lui seul près d’un quart des exportations mondiales. L’Argentine n’est pas en reste, avec 54 millions de bêtes et des troupeaux en moyenne quatre fois plus grands qu’en France. En Amazonie ou dans le Cerrado brésilien, certaines exploitations dépassent même les 100 000 têtes de bétail. À titre de comparaison, la « ferme des mille vaches » picarde, fugace symbole tricolore de l’élevage intensif, n’a jamais compté plus de 900 bovins. Mais le gigantisme ne s’arrête pas à l’élevage. Au Brésil, SLC Agrícola exploite plus de 460 000 hectares de céréales. Deux cents fois plus que la plus grande exploitation française. Les vergers sont quatre fois plus étendus de l’autre côté de l’Atlantique. Sucre, maïs, soja… les agriculteurs européens font face à un géant. Sans jouer avec les mêmes cartes : si les produits importés devront répondre aux normes de consommation européennes, les règles de production ne sont pas identiques. Notamment concernant l’utilisation des pesticides, qui fait tant débat en Europe. Pour les agriculteurs français, difficile de se départir de l’impression de concourir face à des V12 avec un 3 cylindre
 
Heureusement, l’Union européenne a prévu des garde-fous. Les importations de bœuf, notamment, sont limitées à 99 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’un gros steak par habitant. Cela ne représente, comme pour la volaille ou le sucre, que moins de 1,5 % de la production du continent. Aucune chance, dans ces conditions, d’être submergé par l’afflux de produits agricoles sud-américains. Et si jamais c’était le cas, une procédure de sauvegarde, qui stopperait net les importations, pourrait être enclenchée.
 
« En France comme en Europe, les cheptels bovins ont reculé d’environ 10 % en dix ans, et cette concurrence n’y est pour rien », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. Selon lui, les pays du Mercosur disposent déjà d’un client de poids avec la Chine, beaucoup plus simple à approvisionner. L’Europe, au contraire, impose des normes strictes et chaque exploitation doit être agréée individuellement. « On l’a vu avec le CETA : dans ces conditions, rien ne garantit même que les quotas soient atteints », ajoute-t-il.
 
Café, oranges, soja… À l’heure actuelle, le Mercosur vend surtout à l’Europe des produits qu’elle ne cultive pas. La seule filière réellement exposée semble être celle du maïs. Massivement OGM, la production brésilienne échappe à tout quota. Elle représente bien la schizophrénie des normes : un maïs impossible à cultiver en Europe peut nourrir nos animaux d’élevage.
 
L’accord pourrait même ouvrir de nouvelles perspectives à certains agriculteurs européens. Bruxelles table sur 1,2 milliard d’euros d’exportations supplémentaires. Les viticulteurs seraient les premiers bénéficiaires : leurs vins gagneraient en compétitivité et leurs appellations, comme celles de plusieurs fromages, seraient enfin reconnues outre-Atlantique. Exit le « Champagne » argentin ou le camembert brésilien. Dans une moindre mesure, les fruits et légumes, les huiles végétales et les produits laitiers devraient eux aussi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. 

Quand l’écologie gagne à commercer avec le bout du monde

Pour beaucoup, faciliter le commerce transatlantique est vu comme une aberration environnementale. Pourtant, les accords commerciaux sont des outils puissants pour convertir le reste du monde à la vision européenne du mieux-disant écologique et social. Ils permettent de façonner les règles du commerce mondial conformément aux normes européennes les plus élevées, de projeter nos valeurs à travers des obligations détaillées en matière de commerce, d’emploi et de développement durable. Les signer, c’est ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail et les accords multilatéraux sur l’environnement, de l’Accord de Paris aux conventions biodiversité. Toute violation pouvant justifier une suspension, totale ou partielle. Ainsi, en 2020, le Cambodge a perdu ses privilèges unilatéraux, du fait des dérives autoritaires du Premier ministre Hun Sen.
 
La culture du soja, importante cause de déforestation, est souvent évoquée. Pourtant, l’accord avec le Mercosur ne change rien à l’affaire, les importations de tourteaux étant déjà exemptes de toute taxation douanière. Le rôle de l’Union européenne, qui n’importe que 14 millions de tonnes par an, contre 112 millions pour la Chine, est de toute façon minime. L’accord entraîne par ailleurs la ratification du Protocole de Glasgow, qui prohibe toute déforestation à partir de 2030. Pour la transition énergétique, c’est aussi un enjeu majeur : le Brésil détient 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel et de manganèse. L’Argentine regorge de lithium. De quoi nourrir notre industrie verte…
 
Reste la question du contrôle. Croire que les contrôleurs de l’Union puissent éviter toute entorse aux règles est évidemment illusoire. Mais croire qu’ils sont aveugles n’est pas moins excessif. L’an dernier, une enquête a dévoilé la présence d’hormones dans le régime alimentaire des bœufs au Brésil. Pas à des fins d’engraissement, comme on l’a souvent suggéré, mais à des fins thérapeuthiques… ce qui est aussi possible en Europe. Les mêmes craintes étaient brandies lors de la signature du CETA. Huit ans plus tard, aucun bœuf aux hormones n’est importé du Canada.
 
 

 

En creux, l’amertume du deux poids, deux mesures

Alors que toutes les pratiques agricoles sont remises en question, que des militants n’hésitent pas à les accuser d’empoisonnement, ni à fantasmer sur une chimérique agriculture sans intrants, l’opposition au Mercosur semble bien dérisoire. Nos agriculteurs ont-ils baissé les bras face aux ennemis de l’intérieur, au point de ne plus s’autoriser d’autre combat que celui contre leurs concurrents étrangers ? Pensent-ils trouver dans la mondialisation un ennemi commun leur assurant la miséricorde des gardiens du dogme ?
 
Signer l’accord avec le Mercosur serait un signal puissant, un acte de confiance et de détermination, à contre-courant du repli américain. Mais après des années d’agri-bashing, de surtransposition des normes, on comprend que les agriculteurs se sentent fragilisés face à la concurrence — même si, dans les faits, elle vient bien plus de l’Ukraine ou des autres pays européens que du Mercosur. Après le raz-de-marée médiatique contre la loi Duplomb cet été, difficile de ne pas comprendre non plus leur sentiment d’impuissance. C’est pourtant là que sont les vrais enjeux : redonner aux agriculteurs le goût du possible. Qu’ils puissent à nouveau se projeter dans un avenir à la fois serein et conquérant. Nous en sommes loin. Mais ne baissons pas les bras : la souveraineté se construit plus solidement dans la compétitivité que dans le repli sur soi.
 
 Antoine Copra

 https://podcasts.apple.com/fr/podcast/le-mercosur-ce-bouc-%C3%A9missaire-de-nos-politiques-agricoles/id1837942449?i=1000728344420

 

 

 

 

 

 

septembre 17, 2025

Blé français : l’Algérie & Maroc choisissent la Russie, la France perd ses plus gros clients, plus d'un milliard d’euros envolé

La France perd le marché algérien du blé, près d’un milliard d’euros, au profit de la Russie. Une crise issue d’un échec diplomatique, qui frappe durement les paysans français.


 

L’Algérie a récemment décidé de cesser d’importer du blé français, une décision qui a des répercussions économiques significatives pour le secteur agricole français. Selon un reportage de BFMTV diffusé le 16 septembre 2025, cette mesure s’inscrit dans un contexte de détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays, aggravées par des choix politiques français. Ces choix, notamment l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal et le soutien à un plan concernant le Sahara occidental, ont conduit à une escalade des tensions, rendant inévitable une cassure diplomatique et économique.

L’arrestation de Boualem Sansal, un écrivain franco-algérien proche du CRIF, qui compare Israël à « un village gaulois » résistant aux invasions. Des sources algériennes l’accusent d’être un « agent caché d’Israël » ou du Mossad, avec une vidéo de 2012 (diffusée en janvier 2025) le montrant évoquer sa rencontre avec Netanyahou. Sansal a été condamné à cinq ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, comme rapporté par France 24 le 27 mars 2025. Cette action a été perçue comme une ingérence directe dans les affaires internes de l’Algérie. Par ailleurs, le soutien de la France à un plan pour le Sahara occidental, exprimé par Emmanuel Macron dans une lettre au roi Mohammed VI en juillet 2024, a été vu comme une trahison par l’Algérie, qui soutient le mouvement d’indépendance sahraoui. Ces décisions, prises sans privilégier la diplomatie, ont directement contribué à la détérioration des relations.

Les paysans français face à une crise sans précédent

Les chiffres sont éloquents. En 2019, les exportations de blé français vers l’Algérie représentaient environ 1 milliard d’euros, selon des données compilées et citées dans le reportage de BFMTV. Aujourd’hui, ces exportations sont pratiquement nulles. Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Negoce déclaré :

« Je suis installé depuis 2006 et je n’ai jamais connu une crise aussi importante. »

En 2021, l’Algérie avait déjà exclu la France d’un tender de blé suite à un différend diplomatique, comme le rappelle Reuters. Comme l’explique Frédéric Montchablon, directeur de la Soufflet Negoce :

« L’Algérie a décidé de ne plus acheter de blé français, et cela a des conséquences immédiates sur nos exportations. »

Ces choix politiques français, loin de privilégier la diplomatie, ont rendu inévitable une cassure avec l’Algérie. Le gouvernement préférant s’aligner sur le CRIF plutôt que de privilégier la diplomatie afin de protéger ses agriculteurs.

La Russie, le bénéficiaire inattendu

Alors que la France perd pied sur le marché algérien, la Russie émerge comme le principal bénéficiaire. Selon les données présentées, l’Algérie a importé 1,6 million de tonnes de blé russe au cours des sept premiers mois de la saison actuelle, surpassant les volumes importés de l’Union européenne. Un graphique montre une chute drastique des importations de blé français en Algérie, passant de plusieurs milliers de tonnes en 2019 à presque rien en 2024, tandis que les importations de blé russe ont augmenté de manière significative. Cette situation profite directement à la Russie, qui a su capitaliser sur les erreurs diplomatiques françaises.

L’Algérie tourne le dos au blé français et se tourne vers la Russie, désormais principal fournisseur

L’Algérie a cessé toute importation de blé en provenance de France ce qui ouvre la voie à une percée décisive des exportateurs russes sur ce marché stratégique. Selon le quotidien français L’Opinion, la Russie fournit désormais 90 % des besoins en blé de l’Algérie, reléguant les producteurs français au second plan après des décennies de domination sans partage.

Il y a encore dix ans, Paris constituait le principal pourvoyeur de denrées céréalières de l’Algérie. Cependant, la détérioration progressive des relations bilatérales a culminé en octobre 2024, lorsque les autorités algériennes ont formellement exclu les entreprises françaises des appels d’offres relatifs aux importations de blé. Une exigence explicite a été même formulée : aucune céréale d’origine hexagonale ne saurait plus être prise en considération.

Un bouleversement du marché céréalier algérien

Ce revirement a permis à la Russie de s’ancrer solidement dans l’un des marchés céréaliers les plus considérables du bassin méditerranéen, mais qui reste miné par la bureaucratie et la mauvaise gestion des autorités algériennes. Les experts prévoient qu’à l’horizon 2025, les exportations françaises vers l’Algérie atteindront un niveau nul, consacrant ainsi la suprématie de la Fédération de Russie dans ce secteur.

Au-delà des volumes échangés, l’essor des exportations russes repose sur plusieurs facteurs techniques et logistiques. La compétitivité tarifaire accrue des céréales russes, renforcée par des coûts de production plus faibles et une politique agressive de pénétration des marchés, a joué un rôle déterminant. De surcroît, la diversification des infrastructures portuaires russes sur la mer Noire et la mer Caspienne a considérablement amélioré la capacité d’acheminement vers l’Afrique du Nord, réduisant les délais de livraison et optimisant la chaîne logistique.

Les analystes observent également que les récentes réformes du secteur agricole russe, conjuguées à une mise à niveau des silos portuaires et à une optimisation des quotas d’exportation, ont permis de répondre avec flexibilité aux exigences spécifiques du marché algérien, notamment en matière de qualité du blé tendre, privilégiée pour la production locale de semoule et de pain.

Un divorce commercial aux répercussions durables

Ce basculement des flux commerciaux traduit une rupture profonde dans l’architecture traditionnelle des échanges agricoles euro-méditerranéens. Il témoigne d’un réalignement des alliances économiques où la Russie, qui se targue, selon ses responsables, de sa capacité à offrir des conditions commerciales avantageuses et une régularité d’approvisionnement, occupe désormais une position dominante.

 

 


Blé : après l'Algérie, la Russie détrône la France au Maroc

La Russie consolide son influence sur le marché céréalier du Maghreb, en particulier au Maroc. Cette avancée marque une nouvelle étape dans la stratégie du géant agricole russe, qui gagne du terrain face à la France, acteur historique dans la région.

Sur les cinq premiers mois de la campagne actuelle, la Russie a exporté 700 000 tonnes de blé vers le Maroc, contre seulement 300 000 tonnes pour la France. Ce rapport de force illustre l'offensive menée par Moscou sur un marché traditionnellement dominé par les céréaliers français. Avec un objectif d’exportation ambitieux d’un million de tonnes pour la campagne 2024/2025, la Russie semble bien décidée à s’imposer comme le premier fournisseur de blé au Maroc.

Cette percée s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la Russie bénéficie de coûts de production compétitifs, lui permettant d’offrir des prix attractifs sur les marchés internationaux. De plus, la qualité du blé russe, notamment en termes de teneur en protéines, répond aux standards exigés par les consommateurs marocains.

Contexte agricole défavorable au Maroc

Le Maroc traverse une sécheresse persistante, réduisant considérablement sa production locale de blé. Pour la campagne actuelle, la récolte marocaine n’a atteint que 3,3 millions de tonnes, soit un tiers des besoins nationaux, estimés à 10 millions de tonnes. Cette situation contraint le pays à augmenter ses importations, qui devraient s’élever à 7,5 millions de tonnes pour 2024/2025.

La dépendance accrue du Maroc à l’égard des marchés extérieurs a ouvert la porte à la Russie. En proposant des volumes importants à des prix compétitifs, Moscou s'est positionné comme un partenaire clé pour répondre à cette demande croissante.

La position française s'effrite dans la région

La France, longtemps considérée comme un fournisseur privilégié du Maroc, voit ses parts de marché s’éroder. Avec une production nationale de blé historiquement basse (26,3 millions de tonnes), les céréaliers français peinent à rivaliser avec leurs homologues russes sur le plan des coûts et des volumes disponibles.

En conséquence, les exportations françaises vers le Maroc devraient chuter de 53,5 %, passant de 2,8 millions de tonnes à seulement 1,5 million de tonnes cette année. Cette situation rappelle les difficultés rencontrées par la France en Algérie, où la Russie a également pris l’avantage, mettant fin à des décennies de domination française sur ce marché stratégique.

Une stratégie russe bien rodée

Le succès de la Russie sur le marché marocain s’inscrit dans une stratégie plus large d’expansion économique dans les pays du Maghreb. En Algérie, où Paris a perdu son statut de principal fournisseur, la Russie s'est imposée en exploitant les failles des producteurs européens, notamment en matière de coût et de flexibilité logistique.

Outre ses avantages en termes de prix, la Russie bénéficie de routes maritimes optimisées et d’un réseau commercial de plus en plus efficace. Ces atouts permettent à Moscou de répondre rapidement aux besoins des marchés importateurs, même en période de forte demande.

Montée en puissance de la Russie sur le marché maghrébin

La montée en puissance de la Russie sur le marché céréalier du Maghreb dépasse la seule question économique. Elle reflète une volonté de Moscou de renforcer son influence géopolitique dans cette région clé, en utilisant les exportations agricoles comme un levier stratégique.

Pour la France, cette perte de terrain met en lumière des défis structurels importants. La compétitivité des producteurs français est mise à rude épreuve, non seulement par les prix agressifs de la Russie, mais aussi par les conditions climatiques et les contraintes réglementaires en Europe. Si Paris veut regagner du terrain, il sera crucial de repenser ses stratégies commerciales et de s’adapter à une concurrence mondiale accrue.


 

 

 

 

 

 

septembre 10, 2017

Savoir commercer !! France déficit récurrent

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes ( notamment ou j'en étais l'administrateur), comme sur vos propres murs respectifs. 
D'avance merci. 

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...

Merci de vos lectures, et de vos analyses. 
Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 
Al,


 Sommaire:

A) Le commerce extérieur dans l’angle mort des politiques publiques - Philippe Ansel - Fondation Concorde

B) Résultats du commerce extérieur de la France - Juillet 2017 - De fortes opérations à l’importation dégradent le solde commercial - Département des statistiques et des études économiques - douane.gouv.fr

C) Chiffre du commerce extérieur - Trésor - tresor.economie.gouv.fr

D) L’agriculture déficitaire pour la première fois - lafranceagricole.fr

E) Comment redresser le commerce extérieur de la France ? - Ludovic Subran - La Croix

F) Nos concepts et méthodes à l’export sont dépassés” - Étienne Vauchez - Think Tank La Fabrique de l’exportation




A) Le commerce extérieur dans l’angle mort des politiques publiques
 
La balance commerciale française est gravement détériorée : depuis 2004, aucun excédent commercial n'a été dégagé par notre économie. Cela fait donc 13 ans que nous en sommes en situation de déficit commercial.
Les derniers résultats semestriels de notre commerce extérieur montrent que cette situation ne sera pas résorbée cette année pire, notre déficit commercial s'élève à 41 milliards d'euros pour les 7 premiers mois de 2017.
La France accuse aujourd'hui un différentiel de 300 milliards d'euros avec l'Allemagne, lorsque l'on compare les balances commerciales. Ce décrochage tient en 2 principes simples : notre consommation est trop élevée et notre production est trop faible. Le Business Modèle de la France n'est donc pas adapté à la structure de son économie. 
En 2017 la France ne produit pas plus de produits manufacturés qu'en 1996, alors que la consommation intérieure de ses biens a augmenté de 60%. Nos économistes ont également calculé que lorsque la demande française augmente de 100€, 72€ profitent aux importations et 28€ seulement vont vers l'économie française. Concrètement, cela signifie que la baisse de la taxe d'habitation estimée à 10 milliards, profitera à 72% aux entreprises étrangères, (notamment allemandes et chinoises) et seulement à 28% aux entreprises française. 
Cette situation de faible production est le fruit de plusieurs années de politiques publiques faisant la part belle à la relance par la demande, en occultant l'importance de l'offre. Pour se satisfaire, la demande intérieure va donc consommer sur les marchés étrangers, augmentant ainsi nos importations et dégradant notre balance commerciale, le tout dans un silence politique assourdissant.  
Si aucune politique volontariste n'est développée en France pour relancer l'offre, cette situation ne fera que s'aggraver. Pour résorber notre déficit commercial, il faut nous concentrer sur l'industrie, qui représente plus de 70% de nos échanges commerciaux. Pour cela,  nous devons par exemple: 
  • Supprimer les impôts à la production (comme la CVAE) qui pèsent sur nos industries et qui sont à l'heure où le commerce est mondial, un véritable impôt sur le "Made in France".
  • Aligner systématiquement nos règlementations sur les normes européennes en renonçant à toute surenchère.
  • Transformer le CICE en baisse de charges sur l’ensemble des salaires.
  • Prolonger jusqu’en 2020 le suramortissement des investissements industriels
  • Mettre en plance un plan stratégique de formation pour les métiers industriels en tension et confier le pilotage de la formation professionnelle aux entreprises au niveau des départements. 
 
La France dispose, avec la révolution technologique en cours, l'émergence des robots et des imprimantes 3D, d'une opportunité unique pour produire à nouveau sur son territoire. Nous devons pour cela bien appréhender ce virage, et effectuer les réformes nécessaires pour enfin sortir de la spirale du déficit commercial. 




1) Un mix de politiques de l’offre et de politiques de la demande 

Le programme économique du nouveau gouvernement se veut une articulation de politiques de l’offre et de politiques de la demande.
Mais les politiques de l’offre proposées sont-elles suffisantes pour redresser notre compétitivité et accélérer la croissance du pays ?
Le volet offre comporte plusieurs points positifs :
  • -  Le retour à une taxation fixe à 30% des revenus du capital et la suppression des actions de l’assiette de l’ISF qui redonneront de l’attractivité à l’investissement dans les entreprises.
  • -  Les mesures de flexibilisation du marché du travail (Instance unique de représentation du personnel, primauté de la négociation d’entreprise ou de branche, plafonnement des indemnités prudhommales, « mise entre parenthèse » du compte pénibilité) qui sécuriseront l’embauche.
  • -  Un important effort de formation qui permettra de redresser les compétences de la population active (+ 10 milliards € sur le quinquennat). 
 
Mais dans ce domaine, l’enjeu n’est pas forcément d’augmenter les budgets mais de réformer la gouvernance de la formation.
La France dépense en effet beaucoup pour la formation (1,6 point de PIB) mais 53% de ce budget sont affectés à la formation des fonctionnaires et seulement 13% du budget aux chômeurs... Faute de formation d’une qualité suffisante, de nombreux postes ne sont pas pourvus dans l’industrie malgré un niveau de salaire supérieur à la moyenne.
Le programme du gouvernement prend une initiative positive en sortant la formation du cadre de la gestion paritaire défaillante et prévoit de confier cette mission à l’Etat au lieu de confier son pilotage aux entreprises. Il nous semble toutefois primordial d’associer le plus possible les entreprises à la définition des formations au niveau des régions ou au plus près au niveau des départements.
A court terme, nous estimons également absolument urgent et nécessaire de lancer un plan stratégique de formation pour les métiers industriels en tension qui bloquent la relance productive. Il est en effet symptomatique de constater que pour tous les métiers industriels et autres, le métier de régleur de machines à outils soit le plus en tension. Il constitue un véritable goulot d’étranglement pour la production sur le territoire français. 

2) Une politique qui donne la priorité à la relance de la demande
L’analyse du programme économique du gouvernement issu du projet du Président montre que les gestes en faveur des différentes catégories sociales représentent une somme bien supérieure aux mesures en faveur des entreprises (41,2 milliards € contre 8,5) :
Nous ne partageons pas cette orientation keynésienne de la politique économique qui est du reste clairement assumé par les économistes qui ont construit le programme :
« La réduction de 10% à 7% du chômage se fera pour moitié grâce à la réduction du déficit de demande qui s’est ouvert depuis la crise. Ce que les économistes appellent l’output gap, c’est-à-dire l’écart qui s’est creusé entre le niveau de production potentielle et le niveau de production observé, est en train de se réduire. Nous l’estimons autour de 2%, soit un niveau comparable à celui retenu par l’OFCE ».
Cette priorité ainsi donnée à la résorption du « déficit de la demande » sur le comblement des déficits publics, comporte le risque d’un dérapage des comptes publics difficile à juguler en cas de hausse des taux.
Une telle relance de la demande apparaît en outre en fort décalage avec la réalité de la situation de notre économie, caractérisée par un déséquilibre devenu structurel entre la demande interne et la production nationale, son incapacité à répondre à un accroissement de la demande, la dégradation constante de l’offre productive en biens et services échangeables du fait d’un outil industriel vieillissant, d’une faible profitabilité des entreprises, d’une compétitivité dégradée :



A l’heure actuelle, une hausse de 1€ de la demande conduit en effet à une hausse de 72 centimes des importations et de 28 centimes du PIB. La France ne produit pas plus de produits manufacturés qu’en 1996 alors que notre propre consommation de ces biens a augmenté de plus de 60% depuis cette date ! Cela signifie que toute nouvelle tentative de relance économique par la demande est désormais vouée à l’échec. Elle ne créera qu’un nombre d’emplois limités faiblement qualifiés et s’opérera au prix d’un creusement de notre déficit des finances publiques et de notre déficit commercial.
Du fait de la situation d’incapacité productive de la France, les politiques d’offres sont un préalable à la relance de la demande. 

3) Le risque d’une augmentation des taux sur la dette publique, voire de « sudden stop »
Si aucun correctif n’est apporté, la France présentera en 2018 le déficit public le plus élevé de toute la zone Euro. Elle présentera également la balance des paiements la plus déficitaire de la zone Euro. Le déficit du commerce extérieur des biens devenu structurel n’est plus compensé par l’excédent des services qui est passé de 24 milliards € en 2012 à 26 millions € en 2016 ! Nous n’avons pas pris conscience de la montée en puissance des plateformes numériques qui prélèvent une part substantielle de la valeur ajoutée de l’activité hôtelière (AirBnb), du transport (Uber), du commerce (Amazon), de la publicité (Google), de la musique, des jeux, etc...



Le déficit de la balance courante traduit le fait que le pays vit au-dessus de ses moyens, ce qui implique qu’il doive avoir recours à l’endettement. Cette situation prend fin lorsque les prêteurs extérieurs stoppent leur crédit, ce qui amène à procéder à des mesures correctrices. Avant l’instauration de la monnaie unique, les mesures correctrices consistaient à dévaluer la monnaie et à freiner les salaires pour regagner en compétitivité et relancer les exportations. Avec l’Euro, elles consistent à freiner la demande des ménages par l’impôt et les taxes ou la baisse des prestations sociales.
Dans notre situation de désindustrialisation et de déficience de l’offre, une relance de la demande ne pourrait que creuser davantage nos déficits. Selon Natixis, à structure de production constante, une baisse du taux de chômage de 1 point conduit à un accroissement de notre déficit extérieur de 1,3 point de PIB par le surcroît de pouvoir d’achat ainsi généré. Un retour du taux de chômage à 7% -objectif fixé par la majorité- conduirait ainsi à un déficit de la balance courante de 4,8% du PIB.
Les prêteurs extérieurs sont-ils prêts à financer notre déficit courant à de tels niveaux ? La réponse est clairement non. Rappelons que la crise de 2011 -2013 est due à l’ arrêt des financements des déficits des balances courantes de l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Grèce.
Les marchés nous pousseront par la hausse des taux à réduire notre demande intérieure pour faire disparaître nos déficits extérieurs. On touche là la contradiction fondamentale de la politique économique du nouveau gouvernement : un pays en déficit extérieur vit au-dessus de ses moyens : il doit ou réduire sa consommation ou produire plus, d’où la nécessité de faire des politiques d’offre un préalable.
Dans l’esprit du programme, cette relance par la demande doit permettre d’atteindre un rythme de croissance de 1,8% par an, de faire refluer le chômage et ainsi de faciliter la réduction de la dépense publique. Ainsi prévoit-on une économie de 10 milliards d’euros sur l’assurance chômage
alors que l’on maintient les paramètres d’indemnisation et qu’on ouvre le dispositif aux indépendants et aux démissionnaires grâce à un taux de chômage qui reculerait à 7%. Mais cette politique fait l’impasse sur la contrainte extérieure, l’accroissement de notre déficit courant amenant les prêteurs à augmenter leur taux. Or, cette hausse des taux bridera la demande, empêchera le chômage et la dépense publique de refluer. C’est donc tout l’équilibre du programme qui sera remis en cause par la réaction des marchés financiers. 

4) Une politique de l’offre qui n’a pas intégré la nécessaire réorientation de notre appareil productif vers les marchés extérieurs
Nous devons procéder à cette réorientation 1) pour lever la contrainte extérieure 2) pour bénéficier d’une croissance des marchés mondiaux bien supérieurs à la nôtre.
- Une politique d’allègement de charges sociales sur les bas salaires qui risque de se faire aux dépens de la compétitivité de l’industrie.
La transformation du CICE en baisse de charges entraînera un accroissement des impôts payés par les entreprises. Cette recette supplémentaire doit être utilisée pour alléger encore davantage les charges sur les bas salaires. Cela revient à transférer des ressources du travail qualifié, puisque le CICE allège les charges du travail jusqu’à 2,5 SMIC, vers le travail non qualifié rémunéré aux alentours du SMIC. Cette politique donne ainsi la priorité à la création d’emplois faiblement qualifiés sur la compétitivité de notre appareil productif. C’est la poursuite d’une politique qui a échoué : les résultats de ces politiques de baisse de charge menées depuis 20 ans n’ont pas permis de faire refluer le chômage, bien au contraire...
Le mode de financement et de répartition de ces allègements de charges pénalise en effet les entreprises exposées à la concurrence internationale qui profitent moins de ces allègements de charges sur les basses qualifications et les bas salaires car leur niveau de salaire est plus élevé. Par exemple, le salaire moyen à temps complet dans l’industrie est plus du double du SMIC. Comme l'industrie et les entreprises du secteur exposé à la concurrence internationale participent naturellement aux financements de ces baisses de charges par le biais des prélèvements dans le cadre de notre niveau de prélèvement record sur les entreprises, les exonérations de charges sociales sur les bas salaires s’inscrivent dans une logique de transfert financier des secteurs ouverts à la concurrence internationale vers les secteurs protégés de notre économie. Nous dégradons encore davantage notre moteur industriel, un véritable non-sens économique dont nous payons le prix en termes de déficit commercial, et donc d’endettement, de croissance et in fine d’emplois.
Soutenir les secteurs protégés de l’économie française via les baisses de charges sociales sur les bas salaires, c’est en outre miser sur des marchés structurellement en stagnation du fait d’un pouvoir d’achat contraint par la réduction des déficits publics alors que miser sur l’exportation permettrait de tirer profit de marchés qui s’accroissent entre 3 et 5% l’an, au total une stratégie peu compréhensible.
- Aucune baisse sur les impôts à la production qui taxent le Made in France
Cette politique ne comporte aucune mesure de réduction des impôts à la production qui pénalise lourdement et de manière rédhibitoire les entreprises françaises. En 2012, les entreprises françaises acquittaient dans leur ensemble 64 milliards d’euros d’impôt sur la production de plus qu’en Allemagne. La CVAE qui taxe la valeur ajoutée, constitue une véritable taxation du made in France.
Les entreprises allemandes ne paient en effet, en sus des cotisations sociales, qu’un impôt foncier minime.
A cela s’ajoute l’absence de mesures en faveur de l’investissement productif alors que notre outil de production a terriblement vieilli et que nos entreprises doivent prendre le tournant de la numérisation et de la robotisation.

- Le refus d’actionner les mesures d’âge de la retraite
Pour redresser notre compétitivité coût, nous devons réduire fortement les prélèvements sur les entreprises, en particulier les impôts à la production. Cela nécessite de réduire la dépense publique pour dégager les ressources nécessaires. La première anomalie dans notre dépense publique réside dans des dépenses de retraites supérieures de plus de 3 points de PIB par rapport au reste de la zone euro, principalement du fait d’un âge de départ à la retraite précoce : plus de deux ans par rapport à la moyenne européenne. Décaler progressivement l’âge de la retraite constitue le premier levier d’économie à raison de 2 milliards d’économies par trimestre pour les salariés du privé et 700 millions € pour les salariés du public. Ce décalage progressif p résente en outre l’avantage de maintenir le pouvoir d’achat des retraités et d’augmenter l’offre de travail et donc la croissance du pays.
- Une réduction du recours à l’électricité nucléaire qui va renchérir nos coûts de production
Le système électrique français figure parmi les trois plus efficaces au monde avec une production à la fois bon marché et décarbonée grâce au nucléaire (Contenu en C02 de la production d’électricité en gC02/KWh : Allemagne : 561 g/KWh contre 17g/KWh pour la production EDF 2014). Malgré cela, le gouvernement s’inscrit dans la politique de fermeture anticipée du nucléaire initiée par François Hollande. Or, en développant des énergies renouvelables très onéreuses en l’absence de besoin, la France est en passe d’annihiler les bénéfices qu’elle tire du nucléaire.
La poursuite de la substitution de la production d’électricité nucléaire par la production d’électricité renouvelable actée par la loi de transition énergétique dégrade la compétitivité et l’emploi :
  • -  La hausse du prix de l’électricité pénalise les ménages en réduisant leur pouvoir d’achat et donc la consommation finale, ce qui entraîne une baisse de l’activité économique. Le rapport « Energies 2050 » conclut à une perte nette d’emplois à l’horizon 2030 de 140 000 emplois pour une réduction de la production nucléaire dans le mix électrique à 50%.
  • -  La hausse des coûts de production de l’électricité entraîne, pour les entreprises, un accroissement du coût de l’accès à l’énergie, qu’elles répercutent ensuite sur les prix de vente, avec une perte de compétitivité sur le marché national comme international, qui conduit à une baisse de l’activité et une détérioration de la balance commerciale. La note du CAE « Energie et compétitivité » (Bureau Fontagné-Martin) estime qu’une hausse du prix de l’électricité de 10% réduit nos exportations de 1,9%, ce qui dégradera d’autant notre balance des paiements courants. 

    5) Comment rééquilibrer le mix économique pour reconstruire notre appareil productif et réorienter notre économie vers les marchés extérieurs ?
    Un principe : la reconstruction de l’appareil productif doit précéder la relance de la demande
    Un pacte pour l’industrie
  • -  L’industrie est au cœur de la reconquête productive puisqu’elle représente 70% de tous les échanges commerciaux.
  • -  Une relance de 10 milliards d’euros, bien ciblée, serait à même de revitaliser notre industrie. Pour cela, exonérer, dans un premier temps, les secteurs économiques exposés à la concurrence internationale, d’impôts et taxes à la production : CVAE, cotisation foncière des entreprises, C3S, impôt foncier sur le bâti, etc. pour un coût de 9,5 milliards d’euros. Au total, 400 000 entreprises devraient en bénéficier.
  • -  Transformation du CICE en baisse de charges sur l’ensemble des salaires.
  • -  Les Chambres de Commerces et d’Industrie doivent devenir autant de centres de compétences et d’expertises liées à l’enseignement supérieur et aux centres de recherche en charge de l’animation des réseaux et groupes locaux d’entrepreneurs et de la diffusion des nouvelles technologies.
  • -  Aligner systématiquement notre réglementation sur les normes européennes en renonçant à toute surenchère dans tous les domaines.
  • -  Prolonger jusqu’en 2020 le suramortissement des investissements industriels.
  • -  Plan stratégique de formation pour les métiers industriels en tension.
- Confier le pilotage de la formation professionnelle aux entreprises au niveau des départements.
Assouplissement de notre réglementation sociale par des mesures ayant un effet immédiat sur l’emploi en complément des mesures proposées :
  • -  Doublement des seuils sociaux,
  • -  Abrogation de la réforme du travail à temps partiel de 2014 qui impose un seuil minimum de 24
    heures de durée du temps de travail,
  • -  Sécurisation des donneurs d’ordre vis-à-vis des auto-entrepreneurs.
    Une électricité au service de la compétitivité des entreprises :
  • -  Exploitation optimale du parc nucléaire existant,
  • -  Passer d’un développement quantitatif des ENR à un développement qualitatif visant à
    positionner les offres françaises sur les marchés internationaux,
  • -  Utiliser tout le potentiel de notre électricité « carbon free » grâce au nucléaire et aux ENR pour
    décarboner le transport et le chauffage des locaux et réduire nos importations d’énergie fossile.
Une fenêtre d’opportunité unique pour produire à nouveau en France
Tout un ensemble de facteurs pousse à une relocalisation au moins partielle de la production dans les pays occidentaux :
  • -  Le raccourcissement des cycles de l’innovation et des délais de mise sur le marché nécessitent de rapprocher lieux d’innovation et lieux de production. Or, grâce au crédit d’impôt et recherche, nous avons maintenu un important effort d’innovation qui ne débouche pas pour le moment sur de la production sur le sol national du fait des impôts à la production et du coût du travail mais qui représente un important potentiel de relance.
  • -  L’automatisation et la robotisation redonnent de la compétitivité à la production dans les pays développés au plus près des consommateurs. Le mouvement de segmentation des chaînes de valeurs à l’échelle du monde s’est interrompu. On l’observe avec la stagnation des échanges internationaux.
  • -  La tendance à la personnalisation réduit les séries de production, ce qui rend de moins en moins pertinente une sous-traitance lointaine de grande capacité. L’éclatant succès de la chaîne de vêtements Zara en témoigne. La capacité de produire à la demande avec les nouvelles technologies comme l’impression 3D, les process de production numérisés, va renforcer cette tendance avec une production au plus près des lieux de consommation dans les agglomérations.
  • -  Les technologies comme l’impression 3D ou l’impression adiabatique pour lesquelles la France possède des atouts vont rendre obsolètes une partie de l’outil de production (les machines- outils) de notre partenaire/concurrent, l’ Allemagne, et « rebattent les cartes ».
  • -  L’industrie revient à la pointe de l’innovation et de la transformation de la société avec par exemple les véhicules autonomes ou l’internet des objets qui suscite en permanence la création de nouveaux produits et de nouveaux services.
    L’ensemble de ces facteurs offrent une opportunité unique pour relancer la production sur le sol français et permettre au pays de retrouver son rang.
 Philippe ANSEL
 Source



 B) Résultats du commerce extérieur de la France - Juillet 2017 - De fortes opérations à l’importation dégradent le solde commercial

De fortes opérations à l’importation dégradent le solde commercial 
 
Le déficit se creuse car les importations enregistrent une brusque poussée, alors que les exportations ne progressent que légèrement. L’ampleur de la hausse tient largement à de grands contrats des industries aéronautique (approvisionnements en turboréacteurs), spatiale (module pour satellite météo) et chimique (déstockage massif d’uranium enrichi et autres approvisionnements pour l’industrie nucléaire).
Cependant les achats d’autres produits industriels (machines industrielles, biens intermédiaires) sont également en progression. Finalement, le déficit se creuse donc très nettement : 6,0 milliards d’euros en juillet après 4,9 milliards en juin.
 
 Le déficit se creuse en juillet de 1,1 milliard d’euros pour atteindre 6,0 milliards. Les exportations progressent très légèrement (+0,5% après -2,6 % en juin) tandis que les importations bondissent (+3,0% après -2,1% en juin). Le déficit cumulé des 12 derniers mois (d’août 2016 à juillet 2017) atteint 62,5 milliards d’euros, contre 48,3 milliards pour l’année 2016.
Sans soutien des exportations, la détérioration du solde est forte pour les industries aéronautique, chimique et spatiale du fait des approvisionnements particulièrement élevés en turboréacteurs et produits destinés à l’industrie nucléaire et de l’acquisition d’un module pour satellite météo. Une progression sensible des achats creuse également le déficit des machines industrielles. Enfin, le repli de l’excédent des produits des IAA et l’aggravation du déficit des produits en caoutchouc et en plastique sont, aussi, tous deux liés à une hausse des importations. 

Le déficit énergétique varie globalement peu : les importations de pétrole raffiné se rétablissent auprès du Moyen-Orient et connaissent une poussée depuis la Chine, mais, dans le même temps, les approvisionnements en hydrocarbures naturels accentuent leur repli depuis l’ensemble des fournisseurs. Hors hydrocarbures naturels précédemment cités, une seule amélioration significative est à mentionner et concerne l’industrie automobile. Le déficit se réduit en effet pour les véhicules automobiles sous le double effet d’une hausse des livraisons et d’une diminution des achats.
 
La balance commerciale se dégrade fortement vis-à-vis de l’Asie, avec d’une part des achats en hausse (pétrole raffiné, biens de consommation courante) et, d’autre part, des livraisons d’Airbus moins élevées qu’en juin. En dépit de la bonne tenue des exportations, le déficit se creuse fortement vis-à-vis de l’UE, notamment du fait de l’importance des achats des industries aéronautique et spatiale. Avec l’Amérique, la détérioration est bien plus mesurée, la hausse des achats de turboréacteurs étant en partie compensée par des livraisons d’avions (Airbus et avions d’affaires), de produits chimiques et par la vente d’une sculpture. En revanche, le solde s’améliore avec l’Europe hors UE (moindres achats et hausse des ventes) et, plus faiblement, avec le Proche et Moyen-Orient (hausse des ventes aéronautiques supérieure à celle des achats de pétrole raffiné) et l’Afrique (baisse des achats énergétiques).




 Les Produits















 Les Zones








 Département des statistiques et des études économiques - douane.gouv.fr






C) Chiffre du commerce extérieur

- Au 1er semestre, le déficit du commerce extérieur se dégrade légèrement, à 9,7 Md€ (biens et services), après 8,5 Md€ au 2ème semestre 2015. Cette détérioration est due à l’industrie et au négoce international, tandis que le solde s’améliore sur l’énergie et les services.

- Les exportations reculent, à la fois en valeur (-2,4%) et en volume (-0,1%). 

- La dégradation de nos échanges hors énergie qui a débuté en 2013 s’est accélérée depuis l’automne 2015, sous l’effet de plusieurs facteurs. A l’export, ils incluent des retards d’approvisionnement d’Airbus, qui pèsent sur les livraisons de l’avionneur, les grèves dans les raffineries, qui ont pénalisé les exportations de produits pétroliers. Les impacts positifs de la dépréciation passée de l’euro commencent également à s’estomper. A l’import, plusieurs facteurs contribuent à dégrader le solde : rebond des importations de machines qui bénéficient actuellement du dispositif de suramortissement ; hausse des acquisitions de véhicules automobiles dans un contexte de reprise progressive de l’activité ; dynamisme des achats, notamment de composants, par l’industrie aéronautique.

- Au total, plusieurs prévisions (INSEE, Euler Hermès) tablent désormais sur une dégradation du déficit du commerce extérieur en 2016. 

- Le semestre enregistre toutefois également des évolutions positives. La part de marché de la France dans le commerce mondial se maintient depuis 4 ans maintenant, à 3,5% sur les biens et services, à 3,1% sur les biens, alors qu’elle reculait continûment depuis le début des années 2000. Notre compétitivité-coût à l’exportation s'est améliorée depuis 2 ans, soutenue notamment par le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité et de solidarité : elle est en hausse de près de 7% par rapport à nos concurrents de l’OCDE par rapport à début 2014 et l'écart avec l'Allemagne continue de se réduire.

Liens pratiques





D) L’agriculture déficitaire pour la première fois

Le solde agricole s’est tant dégradé qu’il en est devenu déficitaire en 2016-2017. Pourquoi ? Les ventes de céréales, surtout de blé, ont dégringolé sur l’effet de la mauvaise récolte de l’an passé, cédant des parts de marché à la concurrence.

L’agriculture n’avait, jusqu’à la campagne de 2016-2017, encore jamais affiché de déficit. C’est chose faite, pour la toute première fois. Cette mauvaise nouvelle venue des données de référence du commerce extérieur publiées ce jeudi 7 septembre par la Direction générale des douanes et droits indirects, s’explique en partie par la mauvaise récolte de blé en 2016, qui a largement contracté les exportations agricoles. « Cependant, les ventes françaises de blé reculaient déjà depuis la campagne de 2012-2013, en raison de la baisse des prix des céréales liée à l’abondance de la production mondiale », rappelle la Direction générale des douanes.
Le solde agricole de la France atteignait 4,9 milliards lors de la campagne de 2012-2013. Depuis, il diminue, et affiche 1,8 milliard en 2015-2016. Cette dégradation de 3,1 milliards vient d’une part de l’érosion de l’excédent céréalier, et de l’autre de la poussée des importations d’autres produits, notamment celles de fruits et légumes.

30 % de volume en moins

« Au cours de la campagne de 2016-2017, les conditions climatiques ont été particulièrement défavorables à la culture de céréales en France, notamment celle de blé, indique la Direction générale des douanes. Les volumes produits reculent de l’ordre de 30 % en volume, avec un poids spécifique inférieur à la norme. » Seuls 40 % du blé récolté en France partent à l’exportation, contre la moitié au cours des campagnes précédentes.
L’Hexagone fait face à la concurrence de plus en plus sévère des pays de l’Est, où les rendements et la qualité tendent à s’améliorer. Ils gagnent progressivement des parts de marché, notamment dans l’Union européenne (UE), où la France écoule près de 90 % de ses ventes, et en Afrique du Nord.
Le recul des ventes en UE contribue au quart de la baisse des exportations françaises de blé de la campagne de 2016-2017. L’Algérie, premier client de la France, ne représente plus que 18,5 % de nos ventes, contre 22 % sur les campagnes précédentes. Les parts de marché de l’Hexagone passent de 53 à 24 %. Même tendance au Maroc, quatrième client, ou le ratio des parts de marché passe de 10 % à 3,3 %. La valeur des exportations s’est écroulée de 85 % par rapport à la campagne précédente.
L’Égypte diminue ses achats français de 39 % entre 2015 et 2016. À cause d’un durcissement des normes de qualité, la France perd des parts de marché, et l’Égypte, qui représentait 10 % de nos exportations de blé au cours de la campagne de 2014-2015, n’absorbe plus que 2 % des envois au cours de la campagne de 2016-2017.
« Toutefois, selon les premières prévisions de FranceAgriMer, la production française de blé pour la campagne de 2017-2018 retrouve un niveau plus habituel, proche de la moyenne de la période de 2012 à 2015, qui devrait permettre aux exportations françaises de se redresser », rassure la Direction générale des douanes.




E) Comment redresser le commerce extérieur de la France ?

Sur douze mois, le déficit commercial cumulé a atteint 59,8 milliards d’euros contre 50,2 milliards d’euros pour la même période en 2016, ont annoncé mardi les Douanes.

« Il faut créer un choc culturel dans les entreprises »

Ludovic Subran,Chef économiste chez Euler Hermes

Il n’est pas si étonnant que la période récente ait conduit à un creusement du déficit du commerce extérieur de la France. On observe parfois ce phénomène lors d’une reprise économique, car les particuliers et les entreprises consomment alors davantage et cela favorise les importations de produits étrangers. Il suffit alors d’une contre-performance de nos exportations pour que les chiffres soient mauvais.

Mais le dérapage se poursuit depuis plusieurs années malgré des dispositifs comme le pacte de responsabilité ou le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) qui ont réduit de 5 % à 10 % notre différence de compétitivité par rapport à l’Allemagne. Le mal est donc plus structurel qu’une simple question de compétitivité.

Seulement 1 % des entreprises exportatrices françaises réalisent 85 % des ventes à l’étranger. Pour redresser le commerce extérieur, il est vital de créer un tissu de petites entreprises fortes à l’export et de redonner le goût et la culture de la compétition internationale à leurs dirigeants.

Ce goût et cette culture, la France les a peut-être perdus parce que son économie n’a jamais vraiment touché le fond, au contraire de l’Allemagne qui a dû surmonter le coût de sa réunification en 1991, ou de l’Italie, qui a connu de très grandes difficultés. Ces deux pays ont dû aller chercher le salut hors de leurs frontières. Il y a 124 00 entreprises françaises seulement qui vendent sur les marchés étrangers : deux fois moins qu’en Italie et trois fois moins qu’en Allemagne.

Il faut donc créer un choc culturel dans les entreprises, en commençant peut-être par les jeunes entrepreneurs, peut-être plus enclins à aller à l’international. Cela passera aussi par des dispositifs d’incitation et d’accompagnement. Pourquoi ne pas créer un Conseil national de l’international à l’image du Conseil national du numérique ? Ce Conseil aiderait notamment à ce que le dispositif public travaille main dans la main avec les acteurs privés, comme c’est le cas dans les pays scandinaves. Les banques doivent assumer leur rôle dans ce défi. L’accompagnement est primordial car sur dix entreprises qui s’engagent à l’export, seules trois continuent au bout d’un an. Trop d’entre elles abandonnent, confrontées aux impayés ou à la méconnaissance des mécanismes juridiques internationaux.

L’enjeu n’est pas anodin : rééquilibrer le commerce extérieur nous apporterait un demi-point de croissance. Cela demande toutefois aux entreprises d’accélérer les investissements, par exemple pour s’équiper. La France a des atouts pour réussir car nous sommes très bons sur de nombreux secteurs industriels très demandés, de l’agroalimentaire aux transports en passant par les services… En 2017, on voit d’ailleurs que nous devrions vendre pour 25 milliards d’euros de plus que l’année dernière.

Recueilli par Michel Waintrop




F) Nos concepts et méthodes à l’export sont dépassés”

INTERVIEW LE FIGARO – Pour Étienne Vauchez, président de la fédération des sociétés d’accompagnement et de commerce international (OSCI) et fondateur du Think Tank La Fabrique de l’exportation, l’enjeu est aujourd’hui dans la création de valeur ajoutée.

LE FIGARO. – Les entreprises françaises n’arrivent toujours pas à tirer leur épingle du jeu dans les échanges mondiaux. Pourquoi?


Étienne VAUCHEZ. – En matière de commerce international, les concepts et les méthodes que nous utilisons sont dépassés et nous empêchent d’agir efficacement. Chaque mois, par exemple, nous commentons les statistiques douanières du commerce extérieur qui retracent le chiffre d’affaires de nos exportations des seuls produits, alors que l’enjeu aujourd’hui est dans la création de valeur ajoutée, que ce soit sous la forme de produits ou de services. Nous persistons aussi à penser qu’une entreprise qui s’internationalise doit d’abord recruter un directeur export, avec un risque de dichotomie entre ses ventes France et export. Pour construire son expansion internationale, elle doit au contraire faire monter en compétence sa direction commerciale pour qu’elle devienne une direction monde. Bref, nos représentations n’ont pas progressé au même rythme que la transformation du commerce mondial.

Que faut-il faire ?


Il faut mieux prendre en compte le rôle structurant des standards des marchés, qui ouvrent ou ferment l’accès aux clients à l’international. Les questions que doit se poser une PME sont les suivantes: où en suis-je dans la maîtrise de la technologie, des normes, des pratiques marketing, des exigences de qualité que requiert tel ou tel marché export? Suis-je réellement capable de travailler avec une chaîne de distribution aux États-Unis ou pour un grand donneur d’ordre allemand de mon domaine? Ai-je les compétences internationales qui correspondent à la complexité des opérations que je veux commencer à l’étranger? Il faut aussi stimuler massivement les coopérations entre entrepreneurs, pour qu’ils abordent ensemble et plus forts les marchés internationaux, et doper les financements mis à leur disposition.

Les PME ont-elles suffisamment envie d’exporter ?


Nous devons en finir avec l’injonction d’exporter: le succès d’une PME ne passe pas systématiquement par sa projection en solo sur les marchés internationaux, surtout si ces derniers sont difficiles. La véritable obligation pour une PME qui veut croître, c’est de se mettre au niveau de l’état du marché mondial et d’être capable de s’insérer dans le système mondial de production et de distribution. Que ce soit comme sous-traitant d’une firme internationalisée, comme partenaire d’une société qui revend ses produits à l’étranger, comme exportateur sur certains marchés bien maîtrisés, en partenaire industriel sur des marchés plus complexes, etc.

Notre dispositif d’accompagnement à l’export est-il efficace ?


Ce dispositif date des années 1990, et rien n’est jamais venu le remettre en cause car il vit à l’abri du marché. Pour le renouveler, il faudrait le transformer en un marché concurrentiel régulé par les prix et les compétences, ce qui renforcera les prestataires performants et éliminera les moins bons. Cela permettra également d’accueillir investissements et innovations qui créeront les nouveaux services d’aide à l’internationalisation des PME. Comme tous les autres marchés de services aux entreprises! Mais il faudra aussi stimuler massivement les coopérations entre entrepreneurs, pour qu’ils abordent ensemble et plus forts les marchés internationaux, et doper les financements mis à leur disposition pour qu’ils disposent de la visibilité propre à construire leur succès international dans le temps. C’est cette révolution qu’il faut engager aujourd’hui si nous voulons réussir à faire profiter nos PME des marchés mondiaux. Mais il faut agir très vite, car les marchés n’attendent pas.





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