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septembre 25, 2025

Mercosur: un libre-échange sabordé par l'écologie ses normes via les médias

 Le Mercosur, ce bouc émissaire de nos politiques agricoles

Déforestation, bœuf aux hormones, trahison de nos agriculteurs. Le Mercosur, accusé de tous les maux, fait l’unanimité contre lui. Pourtant, cet accord pourrait être une opportunité pour notre industrie, sans pour autant sacrifier notre souveraineté alimentaire.
 
 

 
 
Le Mercosur, c’est en quelque sorte la version sud-américaine de notre marché commun, un espace de libre circulation des biens et des services. Il regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et, depuis l’an dernier, la Bolivie. Le Venezuela en a été exclu en 2016. Après deux décennies de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu, en juin 2019, un traité instaurant une zone de libre-échange. Ou plutôt un accord commercial, car le terme, qui suggère une libéralisation sans contraintes, est trompeur : les règles restent nombreuses et certaines importations limitées. Aujourd’hui, il demeure suspendu à la ratification des 27 États européens. La France est l’un des rares pays à avoir des réserves. À tort ou à raison ?
 

 
Concrètement, la suppression de 4 milliards de droits de douane rendrait nos exportations beaucoup plus compétitives. Le prix des voitures et des vêtements pourrait baisser de 35 %, celui des machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques de 14 à 20 %. Les fournisseurs de services — télécommunications, transports, numérique — accéderaient aux marchés publics locaux. L’industrie automobile européenne, en grande difficulté, appelle évidemment l’accord de ses vœux : il relancerait ses ventes de véhicules thermiques, au moins pour un temps. Au total, Bruxelles projette près de 50 milliards d'euros d’exportations supplémentaires vers le Mercosur, pour seulement 9 milliards d’importations en plus. Des importations qui pourraient bien profiter aux industries européennes. Le Brésil, en particulier, est un important fournisseur de matières premières critiques comme le nickel, le cuivre, l’aluminium, l’acier ou le titane.
L’erreur est en effet de réduire exportations et importations à une lecture comptable. On croit trop souvent que seule la production locale enrichit, quand les importations appauvrissent. L’exemple du CETA, l’accord entre l’Europe et le Canada, montre l’inverse : les entreprises françaises ont pu importer hydrocarbures et minerais à des prix plus avantageux. Si ces flux semblent peser négativement sur la balance commerciale, ils sont économiquement bénéfiques. Des matières premières moins chères permettent à nos entreprises de réduire leurs coûts et de gagner en compétitivité. Aujourd’hui, qu’importe-t-on majoritairement depuis l’Amérique latine ? Des hydrocarbures, des produits miniers… et des produits agricoles.
 
 

 

Les agriculteurs européens sont-ils vraiment sacrifiés sur l’autel du commerce ?

L’agriculture des pays du Mercosur fait peur. Avec 238 millions de bovins, le Brésil possède le plus grand cheptel au monde et assure à lui seul près d’un quart des exportations mondiales. L’Argentine n’est pas en reste, avec 54 millions de bêtes et des troupeaux en moyenne quatre fois plus grands qu’en France. En Amazonie ou dans le Cerrado brésilien, certaines exploitations dépassent même les 100 000 têtes de bétail. À titre de comparaison, la « ferme des mille vaches » picarde, fugace symbole tricolore de l’élevage intensif, n’a jamais compté plus de 900 bovins. Mais le gigantisme ne s’arrête pas à l’élevage. Au Brésil, SLC Agrícola exploite plus de 460 000 hectares de céréales. Deux cents fois plus que la plus grande exploitation française. Les vergers sont quatre fois plus étendus de l’autre côté de l’Atlantique. Sucre, maïs, soja… les agriculteurs européens font face à un géant. Sans jouer avec les mêmes cartes : si les produits importés devront répondre aux normes de consommation européennes, les règles de production ne sont pas identiques. Notamment concernant l’utilisation des pesticides, qui fait tant débat en Europe. Pour les agriculteurs français, difficile de se départir de l’impression de concourir face à des V12 avec un 3 cylindre
 
Heureusement, l’Union européenne a prévu des garde-fous. Les importations de bœuf, notamment, sont limitées à 99 000 tonnes par an, soit l’équivalent d’un gros steak par habitant. Cela ne représente, comme pour la volaille ou le sucre, que moins de 1,5 % de la production du continent. Aucune chance, dans ces conditions, d’être submergé par l’afflux de produits agricoles sud-américains. Et si jamais c’était le cas, une procédure de sauvegarde, qui stopperait net les importations, pourrait être enclenchée.
 
« En France comme en Europe, les cheptels bovins ont reculé d’environ 10 % en dix ans, et cette concurrence n’y est pour rien », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. Selon lui, les pays du Mercosur disposent déjà d’un client de poids avec la Chine, beaucoup plus simple à approvisionner. L’Europe, au contraire, impose des normes strictes et chaque exploitation doit être agréée individuellement. « On l’a vu avec le CETA : dans ces conditions, rien ne garantit même que les quotas soient atteints », ajoute-t-il.
 
Café, oranges, soja… À l’heure actuelle, le Mercosur vend surtout à l’Europe des produits qu’elle ne cultive pas. La seule filière réellement exposée semble être celle du maïs. Massivement OGM, la production brésilienne échappe à tout quota. Elle représente bien la schizophrénie des normes : un maïs impossible à cultiver en Europe peut nourrir nos animaux d’élevage.
 
L’accord pourrait même ouvrir de nouvelles perspectives à certains agriculteurs européens. Bruxelles table sur 1,2 milliard d’euros d’exportations supplémentaires. Les viticulteurs seraient les premiers bénéficiaires : leurs vins gagneraient en compétitivité et leurs appellations, comme celles de plusieurs fromages, seraient enfin reconnues outre-Atlantique. Exit le « Champagne » argentin ou le camembert brésilien. Dans une moindre mesure, les fruits et légumes, les huiles végétales et les produits laitiers devraient eux aussi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. 

Quand l’écologie gagne à commercer avec le bout du monde

Pour beaucoup, faciliter le commerce transatlantique est vu comme une aberration environnementale. Pourtant, les accords commerciaux sont des outils puissants pour convertir le reste du monde à la vision européenne du mieux-disant écologique et social. Ils permettent de façonner les règles du commerce mondial conformément aux normes européennes les plus élevées, de projeter nos valeurs à travers des obligations détaillées en matière de commerce, d’emploi et de développement durable. Les signer, c’est ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail et les accords multilatéraux sur l’environnement, de l’Accord de Paris aux conventions biodiversité. Toute violation pouvant justifier une suspension, totale ou partielle. Ainsi, en 2020, le Cambodge a perdu ses privilèges unilatéraux, du fait des dérives autoritaires du Premier ministre Hun Sen.
 
La culture du soja, importante cause de déforestation, est souvent évoquée. Pourtant, l’accord avec le Mercosur ne change rien à l’affaire, les importations de tourteaux étant déjà exemptes de toute taxation douanière. Le rôle de l’Union européenne, qui n’importe que 14 millions de tonnes par an, contre 112 millions pour la Chine, est de toute façon minime. L’accord entraîne par ailleurs la ratification du Protocole de Glasgow, qui prohibe toute déforestation à partir de 2030. Pour la transition énergétique, c’est aussi un enjeu majeur : le Brésil détient 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel et de manganèse. L’Argentine regorge de lithium. De quoi nourrir notre industrie verte…
 
Reste la question du contrôle. Croire que les contrôleurs de l’Union puissent éviter toute entorse aux règles est évidemment illusoire. Mais croire qu’ils sont aveugles n’est pas moins excessif. L’an dernier, une enquête a dévoilé la présence d’hormones dans le régime alimentaire des bœufs au Brésil. Pas à des fins d’engraissement, comme on l’a souvent suggéré, mais à des fins thérapeuthiques… ce qui est aussi possible en Europe. Les mêmes craintes étaient brandies lors de la signature du CETA. Huit ans plus tard, aucun bœuf aux hormones n’est importé du Canada.
 
 

 

En creux, l’amertume du deux poids, deux mesures

Alors que toutes les pratiques agricoles sont remises en question, que des militants n’hésitent pas à les accuser d’empoisonnement, ni à fantasmer sur une chimérique agriculture sans intrants, l’opposition au Mercosur semble bien dérisoire. Nos agriculteurs ont-ils baissé les bras face aux ennemis de l’intérieur, au point de ne plus s’autoriser d’autre combat que celui contre leurs concurrents étrangers ? Pensent-ils trouver dans la mondialisation un ennemi commun leur assurant la miséricorde des gardiens du dogme ?
 
Signer l’accord avec le Mercosur serait un signal puissant, un acte de confiance et de détermination, à contre-courant du repli américain. Mais après des années d’agri-bashing, de surtransposition des normes, on comprend que les agriculteurs se sentent fragilisés face à la concurrence — même si, dans les faits, elle vient bien plus de l’Ukraine ou des autres pays européens que du Mercosur. Après le raz-de-marée médiatique contre la loi Duplomb cet été, difficile de ne pas comprendre non plus leur sentiment d’impuissance. C’est pourtant là que sont les vrais enjeux : redonner aux agriculteurs le goût du possible. Qu’ils puissent à nouveau se projeter dans un avenir à la fois serein et conquérant. Nous en sommes loin. Mais ne baissons pas les bras : la souveraineté se construit plus solidement dans la compétitivité que dans le repli sur soi.
 
 Antoine Copra

 https://podcasts.apple.com/fr/podcast/le-mercosur-ce-bouc-%C3%A9missaire-de-nos-politiques-agricoles/id1837942449?i=1000728344420

 

 

 

 

 

 

septembre 24, 2025

Informations Internationales: Zelensky; Russie et Venezuela; Pakistan/Arabie saoudite en nucléaire; SCAF

Sommaire:

- Zelensky, le mendiant de l’Occident

- La Russie et le Venezuela renforcent leur alliance stratégique

- Le Pakistan étend son parapluie nucléaire à l’Arabie saoudite

-  Tensions au sein du projet SCAF

Zelensky, le mendiant de l’Occident : Les Européens, éternels dindons de la farce

Dans le théâtre géopolitique actuel, Volodymyr Zelensky joue le rôle du suppliant éternel, tendant la main à Donald Trump et à l’Union européenne pour quémander argent et armes, tout en orchestrant un système où les États-Unis s’enrichissent sur le dos des contribuables européens.

Ce scénario, digne d’une comédie noire, révèle comment l’Ukraine profite d’une aide massive sans jamais rembourser, pendant que les peuples d’Europe subissent une austérité accrue.

Et comble de l’ironie, Zelensky annonce maintenant la vente d’armes excédentaires produites grâce à ces dons – une double, voire triple peine pour les Européens qui financent cette boucle infernale.

 


 

Zelensky, maître dans l’art de la mendicité diplomatique

Depuis l’opération spéciale russe en 2022, Zelensky n’a cessé de multiplier les appels à l’aide, alternant entre discours émouvants et pressions directes. En septembre 2025, alors que la guerre s’enlise, il prépare une rencontre avec Trump pour implorer un soutien continu en armes et fonds. Mais ce n’est pas nouveau : Zelensky a déjà prouvé sa capacité à jouer sur la culpabilité occidentale, obtenant des milliards sans contrepartie réelle. Face à un Trump pragmatique, qui répète que les États-Unis ne financeront plus directement l’Ukraine mais vendront des armes aux alliés, Zelensky risque de devoir supplier plus fort que jamais. L’UE, de son côté, reste le principal bailleur, avec plus de 3,9 milliards d’euros issus d’actifs russes gelés alloués en 2025 pour soutenir Kiev. Zelensky « pleure » auprès de ces puissances, mais c’est une stratégie calculée : il sait que l’Occident, divisé, continuera à payer pour éviter une victoire russe.

 


 

Trump vend, l’Europe paie : Un deal gagnant pour les Américains

Sous l’administration Trump en 2025, la politique d’aide à l’Ukraine a pris un virage mercantile. Les États-Unis approuvent des paquets d’armes – comme des systèmes Patriot – financés par les alliés de l’OTAN, qui achètent ensuite l’équipement américain pour le transférer à Kiev. Trump lui-même l’admet sans ambages : « Nous gagnons de l’argent sur la guerre parce que l’OTAN achète notre équipement. »

C’est un coup de maître pour Washington : les ventes d’armes boostent l’industrie américaine, tandis que l’Europe assume le fardeau financier.

Zelensky, de son côté, reçoit ces armes sans débourser un centime, sachant pertinemment que l’Ukraine, endettée jusqu’au cou, ne les remboursera jamais. Les prêts et garanties européennes s’accumulent, mais Kiev, ravagé par la guerre, n’a pas les moyens de payer – et personne ne semble exiger de comptes. Résultat : Zelensky est « gagnant », armé aux frais des autres, et les États-Unis engrangent des profits records sur les exportations militaires.

Les peuples européens, saignés à blanc par l’austérité

Pendant ce temps, les citoyens européens sont les grands perdants de cette équation. Les gouvernements de l’UE imposent des politiques d’austérité pour équilibrer des budgets grevés par l’aide à l’Ukraine, qui pèse sur la croissance et alimente l’inflation.

Des milliards d’euros sont détournés vers Kiev, forçant les États membres à couper dans les services publics, les retraites et les investissements sociaux.

En France, en Allemagne ou ailleurs, les contribuables se saignent pour financer une guerre lointaine, tandis que leurs économies stagnent sous le poids de la « nouvelle austérité » imposée par ce « keynésianisme militaire ». Les mouvements sociaux grondent : pourquoi sacrifier le bien-être des Européens pour un conflit qui profite d’abord à l’industrie américaine ? Les sondages montrent une fatigue croissante face à cette aide inconditionnelle, qui creuse les inégalités et menace la reprise post-pandémie.

 


 

La cerise sur le gâteau : Zelensky revendra les armes « excédentaires »

Et comme si cela ne suffisait pas, Zelensky a annoncé le 19 septembre 2025 un plan d’exportations « contrôlées » d’armes ukrainiennes, incluant des drones navals et des systèmes antichars produits en excès. L’Ukraine, qui produit désormais des millions de drones par an grâce aux technologies et fonds occidentaux, compte vendre ces surplus à des alliés pour financer plus de production. Mais ces armes n’ont pas été payées avec l’argent de Kiev : elles résultent en grande partie des aides européennes et des transferts d’équipements. Comme le souligne de nombreux internautes, « Les Européens se saignent pour aider l’Ukraine et lui livrer des armes. Et Zelensky va les revendre. »

De plus, ce flux incessant d’armes prolonge la guerre, augmentant les morts de part et d’autre, et la grande majorité de ces armes sont détruites par des tirs de missiles russes alors qu’elles ne sont pas encore déployées, souvent dans des dépôts de stockage visés par des frappes extrêmement précises.

 


 

C’est une insulte flagrante : les peuples européens financent, Zelensky reçoit, et maintenant il monétise ce qui lui a été donné gratuitement. Une double peine ? Non, triple : payer pour armer l’Ukraine, subir l’austérité, et voir ces armes revendues sur le marché international, potentiellement à des pays hostiles.

Ce cercle vicieux expose la complicité des dirigeants européens, qui sacrifient leurs citoyens sur l’autel du profit et de leur ego surdimensionné. Zelensky mendie, Trump vend, et l’Europe paie la note. Il est temps que les peuples d’Europe exigent des comptes et lance une vaste enquête sur ce profit macabre, suivi de jugements et de condamnations des protagonistes.

https://multipol360.com/zelensky-le-mendiant-de-loccident-les-europeens-eternels-dindons-de-la-farce/

La Russie et le Venezuela renforcent leur alliance stratégique : un accord face aux pressions américaines


Le parlement vénézuélien a approuvé à l’unanimité, le 18 septembre 2025, un traité de partenariat stratégique avec la Russie, marquant une étape décisive dans la consolidation des relations bilatérales.

Signé par les présidents Vladimir Poutine et Nicolás Maduro en mai 2025, cet accord étend la coopération politique, économique et militaire jusqu’en 2035, dans un contexte de tensions accrues avec les États-Unis.

 


 

Caracas cherche ainsi à approfondir ses liens avec Moscou pour contrer les sanctions et les ingérences américaines, renforçant une alliance qui s’appuie sur environ 350 accords bilatéraux existants.

Une coopération multidimensionnelle : défense, énergie et technologie

Cet accord couvre une vaste gamme de domaines, incluant des initiatives conjointes au sein de l’OPEP+ et du Forum des pays exportateurs de gaz, pour stabiliser les marchés énergétiques mondiaux. Sur le plan militaire, des exercices impliquant des chasseurs russes Su-30 ont eu lieu au Venezuela en septembre 2025, démontrant une collaboration concrète et servant de signal dissuasif face aux menaces régionales. L’arsenal vénézuélien, largement d’origine russe, comprend des fusils AK-103 produits sous licence, des systèmes antiaériens Buk-M2 et S-300VM, des lance-roquettes BM-30, ainsi que des avions Su-30, renforçant la capacité défensive de Caracas.

 


 

Dans le secteur énergétique, les projets portent sur l’exploration pétrolière et gazière, avec une assurance pour le transport pétrolier résistant aux sanctions. La technologie spatiale est également au programme, via l’installation d’une station GLONASS russe au Venezuela, tandis que l’industrie bénéficie de collaborations en métallurgie, extraction minérale et pharmacie. Des initiatives en renseignement, lutte contre l’espionnage, drones, projets ferroviaires et télécoms complètent cet accord, avec une réduction de 25 % des tarifs sur les biens vénézuéliens dans l’Union économique eurasiatique.

Un soutien mutuel pour un monde multipolaire

Les deux pays s’engagent à un soutien mutuel à l’ONU, pour résister aux sanctions et promouvoir un ordre mondial multipolaire, luttant contre le terrorisme et le trafic de drogue.

Maduro pourrait se rendre en Russie plus tard en 2025 pour finaliser les détails, tandis que des consultations bilatérales à Moscou ont déjà renforcé cette alliance globale. Cet accord renforce l’influence russe en Amérique latine, avec le Venezuela comme allié principal, et soutient l’adhésion de Caracas aux BRICS.

Implications géopolitiques : un message de souveraineté

Des discussions sur les réseaux sociaux, présentent cet accord comme un symbole de paix, de souveraineté et de résistance aux tentatives de « changement de régime » orchestrées par les États-Unis. En pleine crise économique et politique au Venezuela, ce partenariat offre un bouclier contre les pressions extérieures, tout en diversifiant les alliances de Moscou au-delà de l’Europe et de l’Asie.

Cet accord entre la Russie et le Venezuela illustre un réalignement géopolitique, où les nations sanctionnées unissent leurs forces pour défier l’hégémonie américaine.

Il pourrait transformer les dynamiques en Amérique latine, favorisant un monde davantage multipolaire, mais soulève aussi des questions sur la stabilité régionale face aux tensions persistantes.

https://multipol360.com/la-russie-et-le-venezuela-renforcent-leur-alliance-strategique-un-accord-face-aux-pressions-americaines/

Le Pakistan étend son parapluie nucléaire à l’Arabie saoudite

Le Pakistan et l’Arabie Saoudite ont signé un pacte de défense mutuelle le 17 septembre 2025, étendant le parapluie nucléaire pakistanais au royaume saoudien dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient.

 


Cet accord, révélé par des sources proches du gouvernement saoudien, marque un tournant stratégique, permettant potentiellement à Riyad de bénéficier de la dissuasion nucléaire pakistanaise face à des menaces régionales comme Israël.

Alors que les États-Unis sont perçus comme de moins en moins fiables, cette alliance renforce les liens entre deux puissances musulmanes et soulève des inquiétudes sur la prolifération nucléaire.

Un historique de coopération nucléaire discrète

Les racines de cette alliance remontent aux années 1970-1990, lorsque l’Arabie Saoudite a investi plus d’un milliard de dollars dans le programme nucléaire pakistanais, en échange d’un accès potentiel aux armes en cas de crise. Islamabad, qui possède aujourd’hui environ 170 ogives nucléaires selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), dispose de vecteurs avancés comme le missile Shaheen-III (portée de 2.750 km) et des avions JF-17 capables de les déployer. Ce financement saoudien a été crucial pendant les sanctions internationales contre le Pakistan, et l’accord actuel formalise cette relation symbiotique. Des analystes comme Ali Shihabi, proche de la couronne saoudienne, confirment que « le nucléaire est une partie intégrante de cet accord », rappelant le soutien mutuel historique.

Le contexte récent : un bombardement qui accélère les alliances

Cet accord intervient dans un climat de haute tension, exacerbé par le bombardement israélien sur Doha, au Qatar, le 9 septembre 2025, visant des leaders du Hamas.

Condamné par les pays du Golfe, cet incident a mis en lumière les faiblesses des garanties de sécurité américaines, poussant l’Arabie Saoudite à diversifier ses partenariats militaires.

Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a explicitement déclaré que le programme nucléaire pakistanais pourrait être mis à disposition de l’Arabie Saoudite dans le cadre de ce pacte, renforçant ainsi la dissuasion conjointe contre toute agression. Par ailleurs, plus de 2,5 millions de Pakistanais résident en Arabie Saoudite, renforçant les liens économiques et humains entre les deux nations.

Les détails de l’accord : une dissuasion étendue mais spéculative

Le pacte inclut l’utilisation potentielle des armes nucléaires pakistanaises pour défendre l’Arabie Saoudite, bien que certains aspects restent spéculatifs et basés sur des sources non publiques. Des discussions sur les réseaux sociaux évoquent le rôle du Pakistan comme « gardien » d’armes financées par l’Arabie Saoudite et le Qatar, avec des liens potentiels aux États-Unis via des systèmes de contrôle d’activation (PALs) supervisés par la CIA. Cet arrangement vise à équilibrer les forces régionales, particulièrement face à l’avancée du programme nucléaire iranien.

 


 

Les implications régionales et mondiales : vers une escalade nucléaire ?

Cet accord pourrait redessiner l’équilibre des puissances au Moyen-Orient, offrant à l’Arabie Saoudite une alternative crédible aux alliances occidentales et contrant les menaces posées par Israël et potentiellement l’Iran (avec qui le Pakistan s’est néanmoins rapproché). Cependant, il soulève des craintes de prolifération nucléaire, risquant d’escalader les tensions dans une région déjà volatile.

Les experts s’inquiètent d’une course aux armements qui pourrait impliquer d’autres acteurs, comme le Qatar ou les Émirats arabes unis, et affaiblir les efforts internationaux de non-prolifération.

Une alliance nécessaire ou un risque incalculable ?

En étendant son parapluie nucléaire à l’Arabie Saoudite, le Pakistan non seulement renforce sa position géopolitique mais contribue aussi à un réalignement des alliances au Moyen-Orient, loin de la dépendance traditionnelle vis-à-vis des États-Unis. Cet accord, fruit d’une coopération de longue date, répond à des menaces immédiates mais pose des questions cruciales sur la stabilité mondiale. Dans un monde où les tensions nucléaires s’intensifient, cette initiative pourrait soit stabiliser la région, soit précipiter une crise majeure. Il est impératif que la communauté internationale soit attentive à ces développements afin d’éviter une éventuelle escalade rapidement incontrôlable.
 

Tensions au sein du projet SCAF : L’Allemagne envisage-t-elle d’exclure la France ?

Le projet SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), également connu sous le nom de FCAS (Future Combat Air System), est l’un des piliers de la coopération européenne en matière de défense.

 


 

Lancé en 2017 par la France, l’Allemagne et l’Espagne, ce programme ambitieux vise à développer un avion de combat de sixième génération, accompagné d’un écosystème de drones, de systèmes de surveillance et de ravitaillement en vol.

Avec un budget estimé à 100 milliards d’euros, il est censé remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols d’ici 2040-2045. Cependant, des tensions persistantes entre Paris et Berlin menacent désormais sa viabilité, avec des rumeurs selon lesquelles l’Allemagne pourrait chercher à se passer de la France. Ces frictions s’inscrivent dans un contexte plus large de relations franco-allemandes marquées par une posture allemande de plus en plus belliqueuse en matière commerciale et étrangère.

 


 

Le contexte du projet SCAF

Le SCAF n’est pas seulement un avion : c’est un système intégré conçu pour assurer l’autonomie stratégique de l’Europe face aux puissances comme les États-Unis et la Chine. Dassault Aviation, en France, est chargé de piloter le pilier central, le Next Generation Fighter (NGF), un chasseur piloté. Airbus, représentant l’Allemagne et l’Espagne, gère d’autres aspects comme les drones et les systèmes de communication. Dès le départ, les divergences étaient prévisibles : la France insiste sur des capacités nucléaires et navales (pour ses porte-avions), tandis que l’Allemagne et l’Espagne n’ont pas ces besoins spécifiques. Dans ce cadre, Emmanuel Macron a envisagé un dialogue stratégique sur l’extension de la dissuasion nucléaire française à l’Europe, y compris l’Allemagne, comme indiqué dans une tribune commune avec le chancelier allemand Friedrich Merz en juin 2025, appelant à renforcer la défense européenne.

Ce projet, remis sur la table par Macron dès mars 2025, est perçu par beaucoup comme une véritable trahison de la souveraineté française en matière de dissuasion nucléaire, d’autant plus que Berlin semble vouloir exclure la France du SCAF tout en profitant potentiellement de ce « parapluie » nucléaire.

Cette ouverture de Macron à un partage nucléaire est critiquée comme une imprécision stratégique, risquant de diluer la force de frappe indépendante de la France, et souligne une asymétrie :

Les Allemands apparaissent comme particulièrement gonflés en cherchant à utiliser la France pour renforcer leur sécurité nucléaire via ce dialogue, tout en menaçant de l’écarter pour l’avion du futur qu’est le SCAF.

Malgré des avancées initiales, le projet stagne depuis des années. Huit ans après son lancement, il est toujours bloqué à la phase de pré-démonstrateur, avec des négociations interminables sur la répartition des tâches et la propriété intellectuelle.

 


 

Les tensions actuelles : exigences françaises et frustrations allemandes

Les crispations se concentrent sur deux points majeurs. D’abord, la répartition du travail. Des rapports indiquent que la France, via Dassault, pousserait pour un contrôle accru sur le NGF, allant jusqu’à 80 % des tâches selon certaines sources. Cependant, cette affirmation a été démentie par des analyses plus nuancées, expliquant que Dassault vise plutôt une restructuration pour respecter le délai critique de 2045 pour la France, où le Rafale doit être remplacé pour maintenir la crédibilité nucléaire. Dassault argue de son expertise unique, illustrée par le succès commercial du Rafale, et refuse une gouvernance diluée qui pourrait compromettre l’efficacité.

De son côté, l’Allemagne s’agace de ces « exigences » françaises. Berlin estime que, en tant que financeur majeur, il doit avoir un accès complet aux technologies développées, y compris les « secrets » de Dassault.

Airbus, soutenu par le gouvernement allemand, menace de quitter le projet si ses intérêts ne sont pas préservés. Le PDG de Dassault a publiquement critiqué ce modèle collaboratif, le qualifiant d’inefficace et risquant de mener à l’échec.

Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a récemment renforcé ces critiques lors d’une audition à l’Assemblée nationale le 9 avril 2025, qualifiant le modèle trinational de « complexe et long », comparé au succès du démonstrateur de drone nEUROn, réalisé avec cinq autres pays européens en dix ans et plus de 170 vols d’essai. Il a déploré l’attribution du pilier drone à Airbus malgré l’expertise de Dassault, créant des problèmes d’interface, et plaidé pour un maître d’œuvre unique centré sur l’avion. Trappier a averti que le NGF, tel que conçu à trois, pourrait s’avérer bien plus cher que le Rafale.

 


 

Ces désaccords ont culminé récemment avec des informations selon lesquelles l’Allemagne explore des alternatives pour continuer sans la France. Des sources indiquent que Berlin envisage de s’associer avec la Suède (qui développe un successeur au Gripen) ou le Royaume-Uni, impliqué dans le programme concurrent GCAP (Global Combat Air Programme) avec l’Italie et le Japon. L’Espagne pourrait suivre l’Allemagne dans cette voie, laissant la France isolée.

Les positions des parties prenantes

Du côté français, on minimise la crise. Le ministère des Armées affirme que « la France et l’Allemagne restent déterminées à mener à bien le programme SCAF en coopération avec l’Espagne ». Paris se veut rassurant, évoquant une « solution d’ici la fin de l’année » lors d’une réunion de haut niveau prévue en octobre. Dassault insiste sur un modèle « best athlete », où les compétences priment sur les quotas nationaux. Trappier va plus loin en affirmant que la France pourrait développer seule le successeur du Rafale, déclarant : « De qui j’attends des compétences, à part moi, pour faire un avion de combat ? (…) Les compétences, c’est moi qui les ai. » Il cite Otto von Bismarck pour illustrer la difficulté d’un partenariat à trois : « Dans un système à trois puissances, il faut être l’une des deux. » 

L’Allemagne, quant à elle, appelle à mettre les intérêts nationaux de côté pour relancer le projet, mais ses actions suggèrent le contraire. Des officiels allemands ont exprimé leur frustration face au manque de progrès, et des médias rapportent que Berlin réclame un partage plus équitable des technologies pour éviter une dépendance excessive à la France.

Airbus, au cœur du débat, déclare que le SCAF reste « possible » malgré les tensions avec Dassault. L’Espagne, plus discrète, semble alignée sur l’Allemagne pour des raisons industrielles.

Le SCAF dans un contexte plus large de relations franco-allemandes tendues

Les tensions autour du SCAF ne sont pas isolées, mais s’inscrivent dans une posture allemande de plus en plus belliqueuse en matière commerciale et étrangère, comme le souligne une analyse récente. L’Allemagne utilise les institutions européennes pour amplifier ses intérêts nationaux, adoptant des mesures protectionnistes et interventionnistes présentées comme défensives, mais qui révèlent une agressivité croissante. Par exemple, Berlin pousse l’UE à préparer des représailles commerciales contre les États-Unis en cas de nouveaux tarifs douaniers, potentiellement jusqu’à 30 % sur les produits européens, avec une mise en œuvre possible dès le 1er août. Cette ligne dure est partagée avec la France, où les deux pays s’alignent pour activer l’Instrument Anti-Coercition (ACI) de l’UE, incluant des tarifs supplémentaires, la suspension d’activités commerciales américaines ou des restrictions d’accès aux marchés publics.

Cependant, cette convergence masque des divergences plus profondes. En politique étrangère, l’Allemagne adopte une position plus agressive, notamment dans le conflit en Ukraine, en achetant des armes américaines supplémentaires (financées par la dette) pour les envoyer à Kiev, soutenant ce qui est perçu comme une guerre par procuration des États-Unis contre la Russie. Cela contraste avec l’ère Merkel, où l’Allemagne externalisait sa sécurité aux États-Unis, sa croissance à la Chine et son énergie à la Russie – une stratégie aujourd’hui en échec.

Les sanctions contre la Russie ont entraîné la perte d’énergie bon marché via Nord Stream, accélérant la désindustrialisation et augmentant les coûts énergétiques, au point que l’Allemagne achète désormais de l’électricité à la France en raison de son sous-investissement dans le nucléaire.

Économiquement, ces politiques agressives, amplifiées par l’UE, ont des coûts élevés pour les citoyens européens : stagnation, inflation, frictions sociales et hausse de la criminalité. L’Allemagne, décrite comme le pire performer du G7 avec une récession en cours, influence des politiques comme le Green Deal de 2020, critiqué pour désindustrialiser l’Europe au profit de ses industries exportatrices. Cette dynamique renforce les suspicions françaises dans le SCAF, où Berlin est vu comme cherchant à dominer, rappelant une arrogance historique dans les relations bilatérales.

 


 

Les implications pour la défense européenne

Si l’Allemagne décidait d’ « éjecter » la France, cela porterait un coup sévère à l’ambition d’une défense européenne unifiée. Le SCAF symbolise la coopération post-Brexit, mais son échec pourrait fragmenter l’industrie aéronautique européenne, favorisant une dépendance accrue aux États-Unis (via des achats d’F-35) ou à d’autres partenaires. Economiquement, des milliers d’emplois sont en jeu, et stratégiquement, l’Europe risquerait de perdre du terrain face aux avancées américaines et chinoises en matière d’avions de nouvelle génération. Dans ce contexte de bellicisme allemand, un échec du SCAF pourrait accentuer les fractures au sein de l’UE, avec l’Allemagne priorisant ses intérêts nationaux sur l’intégration européenne.

Trappier suggère que la France pourrait opter pour un développement indépendant, comme pour le Rafale, en s’inspirant du modèle du nEUROn pour des partenariats plus flexibles basés sur les compétences industrielles plutôt que sur des critères géographiques.

Certains observateurs rappellent l’histoire : dans les années 1980, la France avait quitté un projet similaire pour développer seule le Rafale, avec succès. Une répétition pourrait convenir à Dassault, mais au prix d’un isolement européen.

 


 

Vers une résolution ou une rupture ?

Cependant, face à une UE, en train de sombrer, dans des travers totalitaires, les peuples européens n’en veulent plus.

Ils exigent de conserver une entière souveraineté dans laquelle la coopération resterait possible, tout en préservant impérativement l’indépendance de chaque pays.

Hors de question de perdre sa souveraineté dans ce processus. La position de Dassault apparaît donc comme la meilleure : prioriser les compétences et l’expertise française pour un développement potentiellement autonome. La France a toujours su construire d’excellents avions (Rafale, Concorde, etc…) et trains (TGV) : il faut donc absolument relancer une industrie forte, avec une revalorisation de la recherche et développement (R&D) pour assurer une autonomie stratégique et économique.
Si la coopération prévaut sous ces conditions, le SCAF pourrait renforcer l’Europe ; sinon, il risque de devenir un symbole d’échec continental, amplifié par les tensions commerciales et étrangères actuelles.

Les Français ne veulent pas de défense européenne ; ils veulent leur propre armée forte, mais certainement pas une armée européenne confiée à quelques technocrates belliqueux et affairistes.

https://multipol360.com/tensions-au-sein-du-projet-scaf-lallemagne-envisage-t-elle-dexclure-la-france/

 

 

septembre 21, 2025

"En Russie, des millions d'opposants se taisent parce qu'ils ont peur"

Un documentaire donne la parole aux voix qui osent défier Vladimir Poutine

Ce film, diffusé dimanche 21/09/25 à 21h05 sur France 5, dévoile des images inédites des prisons russes. Manon Loizeau explique à franceinfo comment elle l'a conçu hors de Russie, notamment grâce aux images tournées sur place par sa coréalisatrice. 

 


 

"Des traîtres à la nation". Voilà comment Vladimir Poutine qualifie les voix dissidentes dans son pays. Soucieux de donner l'image d'une Russie forte et unie, il durcit la répression envers les opposants politiques, traqués et emprisonnés, mais mis en lumière dans le documentaire "Politzek, les voix qui défient le Kremlin". Diffusé dimanche 21 septembre sur France 5, à 21h05, le film de Manon Loizeau et Ekaterina Mamontova s'immerge dans la vie de quatre femmes dont les proches ont été condamnés à de longues peines. Il décrit l'implacable machine répressive au service du Kremlin et dévoile des images inédites de l'intérieur des geôles russes. Manon Loizeau revient pour franceinfo sur l'élaboration de ce film.

Franceinfo : Pourquoi n'avez-vous pas pu vous rendre en Russie pour tourner votre film ?

Manon Loizeau : J'ai vécu 10 ans en Russie, de 1994 à 2004. Lorsque Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir en 2000, j'ai commencé à réaliser des films sur les assassinats politiques, dont celui d'Anna Politkovskaïa, qui était une amie. Mais aussi sur les empoisonnements au polonium, sur la Tchétchénie et sur les crimes de guerre commis en Ukraine. Les autorités russes n'ont évidemment jamais apprécié mes films. Je suis donc connue du FSB, les services secrets russes. Je ne peux plus y retourner en Russie, même si elle reste mon pays de cœur. Lorsque nous avons appris l'arrestation d'Evan Gershkovich, le correspondant du Wall Street Journal à Moscou, condamné à 16 ans de prison pour espionnage, je me suis dit que retourner en Russie était devenu bien trop dangereux. Même si ce journaliste a été libéré depuis.

Comment avez-vous pu réaliser votre documentaire à distance ?

C'était la question : comment tourner un film de l'intérieur sans être sur place ? J'ai actionné toutes les personnes que je connaissais là-bas et j'ai été mise en contact, au bout de quelques mois, avec une jeune réalisatrice, Ekaterina Mamontova. Elle réalisait déjà des films, sous un pseudo, pour dénoncer le régime, mais ce qui était très important pour moi, c'est qu'elle avait l'intention de quitter la Russie avant même que nous décidions de travailler ensemble, car je ne voulais pas que ce film soit la raison de son exil. Elle a donc filmé une dernière fois son pays avant de le quitter. 

 


 

Que souhaitiez-vous raconter sur cette Russie ? 

Je souhaitais faire un film autour de ces milliers de Russes jetés en prison parce qu'ils sont contre la guerre en Ukraine. Ce qui a vraiment déclenché le projet a été d'une part l'arrestation d'Oleg Orlov, un militant des droits de l'homme que je connais bien, mais surtout la mort d'Alexeï Navalny.

Je voulais montrer la répression et les arrestations arbitraires qui font régner la terreur, mais également l'incroyable résistance. On a tous l'impression que tous les Russes dissidents sont partis, et que ceux qui sont restés sont en accord avec la politique de Vladimir Poutine. Alors qu'il y a des millions de personnes opposées au régime, mais qui se taisent parce qu'elles ont peur. On ne les entend plus, on ne les voit plus, mais pour autant, il y a des tas de gens qui vont dans les tribunaux soutenir les prisonniers politiques, qui se recueillent toujours sur la tombe d'Alexeï Navalny, et qui croient encore à la liberté.  

Comment Ekaterina Mamontova a-t-elle pu filmer les procès ?

Tout est interdit, mais comme il n'y a presque plus de médias occidentaux, les autorités laissent les quelques journalistes russes d'opposition filmer les détenus au début et à la fin de leur procès, pour montrer à quel point ils punissent sévèrement les voix discordantes. C'est une façon pour eux d'effrayer les dissidents, car ils arrêtent des personnes qui appartiennent à toutes les strates de la société : artistes, médecins, intellectuels, ouvriers, enfants... Ils ne savaient évidemment pas qu'Ekaterina filmait pour nous.

Combien de temps ce tournage a-t-il duré ? 

Nous pensions qu'elle ne travaillerait que quelques jours. Au bout de deux mois, je recevais encore chaque jour des images qu'elle tournait. Finalement, le tournage a duré un an. Il m'est très vite apparu que ce documentaire serait sur des femmes qui se battaient pour leurs proches. 

Le film s'est construit de manière clandestine et artisanale. Au fil du temps, j'ai pu rencontrer des femmes réfugiées en France. Tout d'abord Nadejda, dont la fille artiste était emprisonnée depuis trois ans pour avoir remplacé des étiquettes dans les supermarchés par des messages antiguerre. Ensuite, j'ai fait la connaissance d'Anna Karetnikova, qui avait travaillé dans des prisons russes pendant des années. J'ai ainsi pu commencer à dresser des portraits.

 


 

A-t-il été difficile de faire témoigner la mère d'un adolescent emprisonné ?

En fait, nous savions que des enfants étaient arrêtés. J'avais commencé à enquêter là-dessus, mais les parents ne parlaient pas, car tout le monde était terrorisé. En août 2024, un accord entre les Etats-Unis et la Russie a permis la libération de certains dissidents, dont Oleg Orlov. Ils ont été échangés contre des prisonniers politiques russes qui étaient détenus dans plusieurs pays occidentaux. Les familles de prisonniers politiques ont pris conscience que ceux qui ont été remis en liberté avaient été soutenus lors de grandes campagnes de mobilisation. Contrairement au pianiste Pavel Kouchnir, mort dans l'indifférence générale à 39 ans, car personne ne savait qu'il était en prison.

Irina, la mère de l'adolescent de 14 ans emprisonné que l'on voit dans le documentaire,(Lire en fin de post) a alors commencé à parler à des médias d'opposition russe, car son fils s'est fait battre en prison. Elle a eu très peur pour sa vie. Elle est devenue le porte-voix de toutes les mamans, car il y a des dizaines d'enfants en prison.

Dans le documentaire, vous montrez que les prisonniers peuvent recevoir des lettres...

Oui, cela paraît complètement kafkaïen dans un système russe où la Constitution est sans cesse bafouée : procès truqués, faux témoins créés de toutes pièces et payés, et en même temps, dans cette même Constitution, les gardiens de prison ont l'obligation de remettre le courrier aux prisonniers et ils le font. Une des prisonnières politiques que l'on voit dans le film a reçu des centaines de lettres d'enfants du monde entier qui dessinaient des arcs-en-ciel et des drapeaux ukrainiens, après une campagne d'Amnesty International très médiatisée.

Les gardiens, submergés, lui ont donné tous ces courriers, ce qui l'a aidée à tenir. Les lettres, ce sont les mots contre les murs, c'est essentiel. La prison est un trou noir où sont engloutis des tas de gens. Il faudrait faire une campagne d'information pour que tout le monde puisse écrire aux enfants emprisonnés surtout.

Nous dédions aussi ce film aux milliers de prisonniers ukrainiens qui sont dans les prisons russes et dont nous n'avons aucune nouvelle. Ils sont dans des centres secrets. Les échanges entre l'Ukraine et la Russie concernent des militaires. Pas les civils, qui sont vraiment dans un trou noir.

Comment avez-vous obtenu les images de l'intérieur des prisons ?

Grâce à Anna Karetnikova, qui est réfugiée en France et a longtemps travaillé dans des prisons russes comme observatrice. Elle nous a montré toutes les images qu'elle avait filmées et cela a illustré en creux ce que nous racontions. Anna faisait partie de l'ONG Memorial, gérée par Oleg Orlov, et est devenue visiteuse de prison en 2005. A l'époque, les autorités russes ont permis à des membres d'ONG de pénétrer dans les centres pénitentiaires afin de donner des gages à l'Europe.

Quatre ans plus tard, elle a quitté l'ONG et a été engagée par la prison, qui lui a fourni une caméra. Elle s'est alors dit qu'elle pourrait aider de l'intérieur des détenus. Les choses se sont dégradées lorsqu'elle a vu de plus en plus de ses amis, défenseurs des droits de l'homme, emprisonnés. Elle s'est enfuie en 24 heures de Russie lorsqu'elle a commencé à être inquiétée. Ce qui est incroyable, c'est qu'elle a pu faire une copie de tout ce qu'elle avait filmé. 

 


On a le sentiment que la répression s'intensifie...  

Oui, depuis le mois de juin, il y a eu des raids terribles chez des ONG et des journalistes. Depuis le 1er septembre, le régime a fait passer tout un arsenal législatif pour ouvrir onze centres de pré-détention, qui recréent un peu un nouveau goulag, où seront enfermés exclusivement des prisonniers politiques. Ils autorisent désormais le FSB à avoir légalement ses propres prisons. Ils pourront faire absolument tout ce qu'ils veulent, alors que ce genre d'endroit avait disparu en 1990, lors de la chute de l'URSS.

La messagerie WhatsApp et toutes les applications occidentales sont désormais interdites. Une nouvelle messagerie russe appelée Max a été intégrée dans tous les portables vendus. Depuis le 1er septembre, tous les téléphones russes deviennent de facto des traqueurs et des enregistreurs. On est rentré dans le tout répressif, ce qui n'augure rien de bon, et tout le monde a très peur que les gens qui sont déjà en prison soient jugés pour de nouveaux chefs d'accusation. 

Le documentaire "Politzek, les voix qui défient le Kremlin", réalisé par Manon Loizeau et Ekaterina Mamontova, est diffusé dimanche 21 septembre sur France 5, à 21h05, et visible sur la plateforme france.tv.

Article rédigé par Isabelle Malin - Propos recueillis par France Télévisions

Source 

 



"Même les camarades de mon fils l'ont dénoncé" : en Russie, la répression politique n'a pas épargné Arseny, emprisonné à 14 ans 

Toute voix russe discordante ou critique de Vladimir Poutine est désormais muselée, relate un documentaire diffusé dimanche sur France 5. Le film suit les proches de plusieurs prisonniers politiques, dont la mère de cet adolescent, condamné pour ses propos sur les réseaux sociaux et à l'école.

Son visage, encore adolescent, ne s'affiche désormais que sur des photos. Des souvenirs de vacances que sa mère garde précieusement. Arseny a aujourd'hui 15 ans, l'âge d'aller au lycée. Mais il n'a aujourd'hui pour horizon que les murs de sa prison. Incarcéré dans un établissement pour mineur de l'Oural, ce jeune russe paie ses prises de position politiques, dans un pays où aucune voix anti-Poutine ne peut émerger

Son histoire, comme celle d'autres dissidents, est racontée dans un documentaire tourné clandestinement pendant près d'un an en Russie et diffusé dimanche 21 septembre à 21h05 sur France 5. Intitulé "Politzek, les voix qui défient le Kremlin", et réalisé par Manon Loizeau et Ekaterina Mamontova, le film dévoile des images de l'intérieur de prisons russes. Il dresse le portrait de quatre femmes qui luttent pour la libération de leurs compagnons, amis, filles et fils emprisonnés, qu'ils soient défenseur des droits humains, metteuse en scène de théâtre, jeune artiste ou adolescent trop critique du pouvoir. Dans une Russie déchirée par la guerre menée en Ukraine depuis plus de trois ans, ainsi que par une répression de plus en plus vive, ces prisonniers politiques ont un surnom : les Politzek.

 


 

"Liberté pour les prisonniers politiques"

Arseny en fait désormais partie. Avant d'être arrêté, il était un élève brillant, qui rêvait d'une autre Russie. Il postait régulièrement des vidéos sur Ies réseaux sociaux, dans lesquelles il dénonçait la guerre en Ukraine, le trucage du procès d'Alexeï Navalny, principal opposant à Vladimir Poutine jusqu'à sa mort dans une prison de Sibérie en 2024, ainsi que "l'Etat totalitaire" qu'est devenu son pays.

 


 

"Salut les amis, je suis sorti manifester seul. C'est le jour de la Russie contre Poutine. Liberté pour les prisonniers politiques, liberté pour tous", clame-t-il dans un de ses courts films. En août 2023, des membres du FSB, les services secrets russes, débarquent à l'aube chez l'adolescent et l'interrogent, comme l'explique sa mère, Irina Turbina, dans le documentaire : "Les agents du FSB lui ont demandé : 'Tu ne te caches pas, tu dis partout ouvertement que tu es contre Poutine. Pourquoi tu fais tout ça ?'" 

Arseny assume alors ses propos et leur répond qu'il considère que c'est de sa responsabilité de dénoncer la politique répressive du président russe. Quelques mois plus tard, le jeune adolescent est convoqué à Moscou, pour être jugé devant un tribunal militaire.

Sa mère, qui vit seule avec son fils, apprend alors que la professeure d'histoire d'Arseny va témoigner contre lui. Irina est persuadée que c'est l'école, où l'adolescent exprimait librement ses opinions, qui a désigné son fils aux services de renseignements : "Je pense qu'avec d'autres professeurs, ils ont appelé le FSB pour signaler Arseny. (...) Même les camarades de classe de mon fils l'ont dénoncé. (...) Ils l'ont tous dénoncé." Elle explique que c'est à ce moment-là que des agents ont commencé à surveiller son fils, et retrouver ses publications politiques sur internet. "Tout a démarré à ce moment-là", se désole Irina.

Condamné à 5 ans de prison

Pourtant, Arseny et sa mère sont plutôt optimistes lorsqu'ils se rendent au procès, en juin 2024. Pour eux, l'idée qu'un adolescent alors âgé de 14 ans isolé soit considéré comme dangereux semble extravagante. Mais à l'énoncé du verdict, tout s'effondre.

"Le juge est arrivé et, d'une voix blême, a dit que le tribunal (...) reconnaissait mon fils coupable. Arseny était assis et il pleurait."

Irina Turbina, mère d'un prisonnier politique russe

Dans le documentaire "Politzek, les voix qui défient le Kremlin"

L'adolescent est condamné à cinq ans de prison pour "participation aux activités d'une organisation terroriste". Il est d'abord incarcéré dans l'établissement pénitentiaire pour mineur de la capitale russe, située à 400 kilomètres de son domicile, où Irina ne peut se rendre qu'une fois par mois faute de moyens. Arseny écrit régulièrement des lettres à sa mère, dans lesquelles il lui explique qu'il est souvent battu et qu'il est terrifié. Puis, après un passage à l'hôpital, il est envoyé dans une colonie pénitentiaire pour mineurs dans l'Oural, sans moyen de communication. Plus de 2 000 kilomètres le séparent désormais de sa mère et de sa région natale.

 Source avec vidéo à voir

 

 

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