Ton messianique, barbe taillée, esthétique de startupeur... À 34 ans, tout semble sourire à l’étoile montante du Parti démocrate, possible futur maire de New York. Lui aussi sourit beaucoup, en toute occasion, pour déjouer les soupçons d’être communiste ou islamo-gauchiste. Des accusations lancées par son concurrent, Andrew Cuomo, lui aussi du Parti démocrate et ancien gouverneur de l’État de New York. Un homme qui a géré sa ville et la crise du Covid d’une main de maître, avant d’être foudroyé par des accusations de harcèlement sexuel. L’ancien monde contre la jeune garde ? Pas si simple. Zohran Mamdani incarne le prototype chimiquement pur de la gauche woke et pastèque. Jusqu’à la caricature.

Son parcours ? Celui d’un « racisé » ultra-privilégié qui rêve de devenir le premier maire musulman de New York. Son logiciel ? Un antisionisme pur et dur reçu en héritage. Fils du théoricien post-colonial Mahmood Mamdani et de la réalisatrice Mira Nair, il a grandi dans un foyer où Israël incarne le mal absolu. Son père, professeur à Columbia, théorise depuis trente ans la « rationalité politique » des attentats suicides. Il siège au Tribunal populaire pour Gaza : un dispositif monté par Richard Falk, ancien rapporteur de l’ONU, préfigurant la ligne de Francesca Albanese. Sa mère, Lion d’or à Venise, milite pour le boycott de l’actrice israélienne Gal Gadot au nom du féminisme décolonial – tout en étant financée par le Doha Film Institute... vitrine du Qatar. Sa femme, Rama Duwaji, illustratrice syro-américaine très Brooklyn style, publie des posts Instagram glorifiant la « résistance armée » et relaie des visuels pastel comparant Israël aux nazis. Son équipe ? Une stagiaire de sa campagne a été filmée en train d’arracher les photos des otages israéliens. Une autre s’est illustrée en traitant un policier musulman de « traître » lors d’un rassemblement pro-Hamas. Ses donateurs ? Le Council on American-Islamic Relations (Cair), proche des Frères musulmans, aurait versé plus de 100 000 dollars à sa campagne. Tout l’écosystème frériste américain semble miser sur ce candidat, cheval de Troie pour radicaliser la gauche américaine. Et lui ?

CANDIDAT INTIFADA

Incapable de condamner le slogan « Globalisons l’intifada », Mamdani se montre tout aussi évasif sur le désarmement du Hamas. Lors du dernier débat électoral, fin octobre, il botte en touche en chargeant Israël : « Le problème, ce sont les racines : le blocus, l’occupation, l’apartheid. » Il soutient BDS (une organisation infiltrée par les Frères musulmans prônant le boycott des produits israéliens), lève des fonds pour l’Unrwa (l’agence onusienne accusée de collusion avec le Hamas)... Et quand Cuomo – à qui il reproche de ne pas connaître les mosquées de la ville – le soupçonne d’avoir applaudi le 11-Septembre, il répond à côté, en s’adressant « aux musulmans de cette ville », ayant une pensée émue « en mémoire de [sa] tante... qui a arrêté de prendre le métro après le 11-Septembre parce qu’elle ne se sentait pas en sécurité à cause de son hijab ».

C’est sa vision du monde. Né en Ouganda, arrivé à New York à 7 ans, Mamdani a étudié les sciences africaines à Bowdoin College. Une université du Maine à plus de 90 000 dollars l’année. C’est là qu’il a forgé ses premières armes et fondé une antenne de Students for Justice in Palestine, le mouvement frériste qui organise l’intifada des campus. On n’y devient pas chef de section sans une sacrée dose de radicalité... Moins d’une semaine après les massacres du 7-Octobre, alors qu’il songe déjà à se présenter, Mamdani participe à un rassemblement propalestinien à Brooklyn. Son parti, les Democratic Socialists of America, est encore plus clair : « Nous soutenons le droit des Palestiniens à résister à l’occupation pour obtenir justice et dignité. » Par tous les moyens ? Tout récemment, Mamdani a posé, l’air réjoui, aux côtés de l’imam Siraj Wahhaj, cité comme coconspirateur non inculpé de l’attentat du World Trade Center de 1993. « Je t’aime plus que tu ne peux l’imaginer», lui a lancé l’imam. À une autre époque, cette photo aurait mis fin à sa carrière. Aujourd’hui, elle passe crème. Aux voix critiques, Mamdani rétorque simplement : « Islamophobie ». Et ça marche. Tout glisse. Même lorsque son rival Cuomo exhume une photo où celui qui se proclame candidat des trans et des queer pose aux côtés de son père et de Rebecca Kadaga, vice-Première ministre de l’Ouganda ayant prôné la peine capitale pour les homosexuels. Mamdani a prétendu ne pas savoir qui elle était, avant qu'on apprenne que Kadaga est une vieille amie de la famille... Là aussi, c'est passé crème. Il faut dire que la jeune pousse s'y connaît en camouflage.

GÉNÉRATION TIKTOK

Avant la politique, Mamdani se rêvait rappeur. Des clips burlesques, où il joue la comédie, refont surface. Ainsi que des vidéos où il donne des interviews en changeant son accent selon le public : sud-africain, rasta, ougandais, new-yorkais. De l'appropriation culturelle ? Pas pour lui.

Sous le nom de Mr. Cardamom, le rappeur Mamdani a aussi enregistré un morceau, Salaam, dédié aux Holy Land Five : cinq membres d'une ONG condamnée pour financement du Hamas. Son refrain ? « My love to the Holy Land Five ». Interpellé, il plaide la «charité musulmane». Étrange charité : la Holy Land Foundation a été reconnue coupable d'avoir financé le meurtre d'un adolescent new-yorkais à Jérusalem.

Pour le reste, son programme pour la mairie respire la gauche marxiste : logements publics massifs, gratuité des transports, taxe sur les grandes fortunes, sanctuarisation de la ville pour les migrants et réforme de la police. Il a même parlé de geler les crédits d’une police « raciste », avant de reculer sous la pression. La génération TikTok l’adore, les jeunes de gauche en font un héraut moral. Un quart des électeurs juifs progressistes envisagent même de voter pour lui. Les autres s’inquiètent. Donné à plus de 43 % dans les sondages, il devance largement Andrew Cuomo (28,9 %) et le républicain Curtis Sliwa (19,4 %). Les républicains pourraient retirer leur candidat pour lui barrer la route, mais l’aubaine est trop belle. Trump, qui l’appelle « le communiste fou », en salive d’avance. Rien ne sert mieux sa cause que cette caricature de gauche radicale. 

Michaël PrazanSimone Rodan

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