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février 16, 2025

« Le Pacte vert européen est voué à un échec retentissant », selon Fabien Bouglé

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Alors que l’économie européenne tourne au ralenti, la Commission européenne, suivie par certains États, lance l’idée d’un regain de compétition industrielle. Une relance qui suivrait les recommandations du rapport de Mario Draghi et passerait par des investissements massifs supplémentaires dans les énergies renouvelables, de l’ordre de 750 à 800 milliards d’euros supplémentaires par an. Dans les faits, l’écart entre PIB européen et PIB américain ne cesse de s’accroître.
 
Décryptage avec Fabien Bouglé, auteur de Guerre de l’énergie: au cœur du nouveau conflit mondial, aux éditions du Rocher.
 

 
 
Epoch Times – Que faut-il penser du retrait de Donald Trump des accords de Paris ? 
Quelles conséquences voyez-vous pour les Européens ?
 
Fabien Bouglé – Je crois que la sortie des accords de Paris est un moment clé et presque révolutionnaire, car elle entérine la fin du dogme des enjeux climatiques. Ce dogme avait été conforté par tous les établissements bancaires, y compris BlackRock, qui s’était retiré du plan bancaire climatique.
Ces politiques climatiques, qui dénigrent les énergies fossiles et imposent des énergies intermittentes polluantes, confortent la politique d’opposition de Donald Trump puisque ce dernier, hostile aux éoliennes, a immédiatement promulgué un décret visant à empêcher leur construction en mer au large des côtes américaines. Il a également exprimé une hostilité générale envers les éoliennes.
Évidemment, cela aura des conséquences fondamentales sur les filières climatiques qui génèrent beaucoup d’argent dans leurs filières. C’est aussi un signal fort pour ceux qui bénéficient de subventions publiques, puisque la sortie des accords de Paris signifie l’arrêt du financement à perte de solutions climatiques, qui ont par ailleurs prouvé leur inefficacité.
 
Cette décision intervient à un moment où de nombreuses sociétés, acteurs de cette politique climatique, subissent des pertes en bourse considérables, à hauteur de milliards de dollars.
Des politiques en Europe et en France insistent sur une relance de la compétitivité européenne et évoquent cette démarche comme une réponse face à la nouvelle administration Trump. Cette compétitivité passerait par un renforcement des investissements dans les énergies vertes et le Pacte vert. Qu’en pensez-vous ?
 
D’après moi, nous assistons aux derniers soubresauts de la bête avant sa mort. Toute cette politique climatique et ce Pacte vert européen est voué à un échec retentissant.
 
 

 
La semaine dernière, des voix se sont élevées à la Commission européenne et au Parlement européen pour dénoncer des subventions massives accordées par la Commission à des associations anti-nucléaires et pro-énergies vertes, visant à conforter la politique de M. Timmermans, alors vice-président chargé de l’énergie. On voit bien que c’est une mascarade et que de nombreux pays membres de l’Union européenne contestent cette orientation.
 
L’Agence internationale de l’énergie indique que le prix de l’énergie en Europe est quasiment deux fois plus élevé qu’aux États-Unis et en Chine. Quelles conséquences pour les économies européennes ?
Vous soulignez un enjeu fondamental. Dans mon livre Guerre de l’énergie : au cœur du nouveau conflit mondial, publié il y a un an, j’évoquais déjà la baisse de compétitivité et l’augmentation de la facture énergétique due au dénigrement du nucléaire, et en particulier du nucléaire français. Cela est lié au marché européen de l’électricité, qui fait la part belle aux énergies intermittentes comme l’éolien et le solaire, ce qui a conduit à une explosion des prix de l’énergie. La France, qui disposait historiquement d’une électricité bon marché grâce à son parc nucléaire, a vu son avantage disparaître ces quatre dernières années.
 
L’Europe ne retrouvera sa compétitivité qu’avec un coût énergétique plus faible, ce qui passe inévitablement par une autonomie accrue vis-à-vis des énergies fossiles, notamment du gaz naturel liquéfié américain et du gaz russe. Il est impératif de relancer un plan nucléaire européen. Historiquement, l’Union européenne s’est construite sur une énergie peu coûteuse grâce au nucléaire. Il faut revenir à ces fondamentaux pour restaurer la compétitivité industrielle.
 
Le coût élevé de l’énergie en Europe a également conduit de nombreuses entreprises à quitter le continent. La politique de Joe Biden, avec l’Inflation Reduction Act, a incité les industries à s’installer aux États-Unis. Donald Trump va renforcer encore cette tendance en attirant davantage d’industries sur le sol américain. Cette concurrence exacerbée constitue un défi majeur pour l’Europe, qui doit impérativement réagir.
 
Un plan nucléaire a toute sa place, le nucléaire, c’est la paix, la liberté. Il est au cœur de l’histoire de la communauté européenne, fondée sur le traité de l’Euratom (Communauté européenne de l’Énergie Atomique) de mars 1957. La France pourrait tout à fait fournir aux autres pays européens ces « électrons de la liberté » pour assurer l’autonomie énergétique de l’Europe et éviter sa dépendance aux énergies fossiles.
 

 
 
Il nous faut revenir aux sources, mais il existe des freins puissants. On le voit avec le GreenGate qui vient d’être révélé et qui concerne le financement d’officines anti nucléaires par la commission européenne.
Le GreenGate, c’est 1 milliards d’euros reversé depuis 2019 à environ 185 associations ayant pour but d’influencer les parlementaires européens afin de voter certaines mesures punitives prévues par le Green Deal. Les dépenses ont été reconnues « inappropriées » par la Commission européenne, mais en France, ce sujet ne semble pas trop intéresser les grands médias…
 
Ce n’est pas illégal, mais en vérité, c’est fou de se dire que la Commission européenne, qui est le bras exécutif de l’UE, manipule grâce à de l’argent le vote des députés européens. Mais ce phénomène ne se limite pas à Bruxelles. En Allemagne, une commission d’enquête a révélé que le ministère de l’Écologie finançait également des ONG environnementales pour soutenir sa politique anti-nucléaire. En France, le ministère de l’Écologie subventionne un réseau d’organisations anti-nucléaires, incluant Greenpeace et WWF, pour influencer les décisions politiques.
 
Ce « Greengate » est un énorme scandale, qui ébranle les fondements du Pacte vert. Ursula von der Leyen tente de le défendre, mais il est évident qu’il est piloté en sous-main par l’Allemagne pour favoriser son industrie énergétique. La découverte de ce système renforce ma conviction que la politique climatique européenne actuelle est vouée à disparaître au profit d’une approche plus rationnelle, garantissant la souveraineté énergétique de l’Europe.
 
Y a-t-il un risque de perte de compétitivité pour l’Europe, si les prix de l’énergie ne baissent pas ?
La flambée des coûts de l’énergie en Europe, combinée à la politique de Joe Biden, a inévitablement attiré les entreprises et notamment les industries vers les États-Unis, perçus comme un nouvel eldorado. C’est un atout majeur maintenant pour Donald Trump : il est déterminé, volontaire et ne reculera sur rien à ce sujet. J’alerte donc nos gouvernants sur la compétition internationale qui s’annonce extrêmement rude.
Cette situation entraînerait une perte considérable de ressources pour l’Europe, aussi bien en termes de compétences que d’opportunités industrielles. L’effet en cascade est évident : un coût énergétique trop élevé réduit la compétitivité, ce qui impacte fortement les résultats économiques et pousse les industries à quitter le continent.
 
Le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, la décision de M. Zelensky de couper le gazoduc euro-sibérien et la déstabilisation du réseau énergétique européen ont aggravé cette crise. Ainsi, cette guerre de l’énergie a des conséquences dramatiques pour l’Europe, menaçant à la fois sa compétitivité et son avenir industriel.
 
En novembre dernier, Donald Trump a évoqué le nucléaire français dans le podcast de Joe Rogan. Il a parlé des mini-réacteurs construits en France et suggéré une coopération franco-américaine sur ce sujet. Qu’en pensez-vous ?
 
Cet appel du pied de Donald Trump est intéressant, à condition qu’il ne se traduise pas par une guerre énergétique nucléaire entre la France et les États-Unis. J’ai entendu parler de possibles sanctions américaines contre Framatome, notre fleuron du nucléaire. Si une coopération avec les États-Unis est envisageable, il faut s’assurer que cela ne nous empêche pas de travailler avec d’autres partenaires, notamment la Russie. Je défends depuis toujours une politique de neutralité entre les États-Unis et la Russie dans le domaine du nucléaire.
 

 

Europe :Ce que nous savons du plan de Trump pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine

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La question centrale du territoire s'avérera probablement le problème le plus difficile à résoudre dans toute négociation de cessez-le-feu
L’administration Trump agit rapidement pour instaurer un cessez-le-feu et mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine.
 
 
 
À la suite d’appels téléphoniques avec ses homologues le 12 février, le président Donald Trump a annoncé que le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky étaient prêts à s’asseoir à la table des négociations pour commencer à mettre un terme au conflit.
« Je pense que le président Poutine veut la paix, que le président Zelensky veut la paix et que je veux la paix », a déclaré Donald Trump à la presse dans le bureau ovale. « Je veux juste que les gens cessent d’être tués. »
 
 

 
En début de semaine, le président Trump a envoyé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, à Kiev pour rencontrer M. Zelensky et définir un cadre initial pour la poursuite de l’aide américaine à la sécurité alors que les négociations commencent.
Le 14 février, le vice-président JD Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio ont rencontré M. Zelensky et son équipe en marge de la conférence de Munich sur la sécurité afin de discuter de la vision de M. Trump pour la paix et d’entamer officiellement des négociations visant à mettre fin au conflit le plus meurtrier qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
 
 

 
Ce processus n’en est toutefois qu’à ses débuts et de nombreuses questions liées au commerce, à la diplomatie, à l’assistance à la sécurité et aux différends territoriaux devront faire l’objet d’un accord dans les semaines et les mois à venir.
Voici ce que nous savons à ce jour sur le plan de Donald Trump pour la paix en Europe.
L’Ukraine échange des terres rares contre une aide à la sécurité
Le président Trump a fréquemment critiqué le montant de l’aide à la sécurité envoyée par les États-Unis à l’Ukraine et a suggéré que les États-Unis devraient recevoir des avantages économiques en échange de leur soutien continu.
Un tel accord serait vital non seulement pour la défense actuelle de l’Ukraine, mais aussi pour sa capacité à dissuader les futures agressions russes après un cessez-le-feu.
À cette fin, MM. Zelensky et Bessent ont convenu d’un cadre initial qui permettrait aux États-Unis d’accéder à des centaines de milliards de dollars d’éléments de terres rares en Ukraine en échange d’une assistance continue en matière de sécurité.
M. Trump a déclaré que M. Zelensky avait « essentiellement accepté » de donner aux États-Unis l’accès à des gisements de terres rares et de minéraux critiques d’une valeur de 500 milliards de dollars.
M. Zelensky a, quant à lui, déclaré que le cadre signé par M. Bessent et lui-même couvrait également « la sécurité, la coopération économique et le partenariat en matière de ressources ».
Cette décision, bien que n’étant pas directement liée à la Russie, sera probablement considérée comme un fondement essentiel pour toute paix durable dans la région, car elle ancrera les intérêts commerciaux américains en Ukraine et poursuivra le flux d’armes fabriquées aux États-Unis vers Kiev, que les États-Unis acceptent ou non d’offrir une présence militaire dans ce pays.
M. Zelensky a essentiellement accepté de donner aux États-Unis l’accès à des gisements de terres rares et de minéraux critiques d’une valeur de 500 milliards de dollars.
Les États-Unis souhaitent également sécuriser l’approvisionnement ukrainien en terres rares pour leurs propres raisons stratégiques. Actuellement, les États-Unis dépendent largement du régime chinois pour leur approvisionnement en terres rares, la Chine étant le premier fournisseur mondial de bon nombre de ces métaux.
Renforcer l’Ukraine en échange d’un accès aux terres rares et à d’autres métaux comme le titane et le lithium permet aux États-Unis de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine dans un contexte d’instabilité accrue dans la région indopacifique.
Pas d’adhésion à l’OTAN pour l’Ukraine, pas de présence américaine
Un autre point d’achoppement important dans la discussion sur un éventuel cessez-le-feu est la possibilité pour l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN.
L’adhésion à l’alliance transatlantique est une aspiration des dirigeants ukrainiens depuis trois décennies. L’Ukraine a été le premier pays postsoviétique à signer des accords officiels avec l’alliance, à commencer par la signature du Partenariat pour la paix, une initiative qui visait à encourager les pays postsoviétiques à demander leur admission à l’OTAN.
Cependant, Vladimir Poutine a fait de la prévention de cet objectif un but essentiel de son règne, et empêcher l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN était l’un des principaux objectifs de son invasion totale du pays en 2022.
Malgré ses efforts, l’Ukraine n’a jamais été officiellement considérée comme candidate à l’adhésion à l’alliance, et il est peu probable qu’elle puisse y adhérer malgré tout. En effet, l’adhésion à l’alliance requiert le consentement unanime de tous les membres, et certains, dont la Hongrie, ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils rejetteraient l’adhésion de l’Ukraine.
Les États-Unis ne croient pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit une issue réaliste d’un règlement négocié.
 

 
 
Le secrétaire américain à la défense, Pete Hegseth, a confirmé cette semaine que les États-Unis veilleraient à ce que l’adhésion à l’OTAN ne soit pas envisagée comme condition pour amener Moscou à la table des négociations du cessez-le-feu.
« Les États-Unis ne pensent pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit un résultat réaliste d’un règlement négocié », a déclaré M. Hegseth lors d’une réunion du groupe de contact sur la défense de l’Ukraine en Belgique le 12 février.
« Toute garantie de sécurité doit être soutenue par des troupes européennes et non européennes compétentes […] dans le cadre d’une mission hors OTAN, et elles ne devraient pas être couvertes par l’article 5 », a-t-il ajouté.
L’article 5 du traité fondateur de l’OTAN appelle les membres de l’alliance à défendre collectivement tout État membre attaqué par une puissance étrangère.
À ce jour, l’article 5 n’a été invoqué qu’une seule fois, lorsque l’alliance de l’OTAN s’est portée à la défense des États-Unis après les attaques terroristes du 11 septembre 2001.
On ne sait pas encore comment une mission de maintien de la paix hors OTAN serait organisée. Néanmoins, Zelensky a déclaré en novembre 2024 qu’il était prêt à entamer des pourparlers sur un cessez-le-feu à condition que les alliés occidentaux de l’Ukraine garantissent la sécurité de la partie non occupée de l’Ukraine pendant la durée des négociations.
Il est donc possible qu’une nouvelle alliance conventionnelle composée principalement de pays européens prenne en charge la défense de l’Ukraine, formant ainsi une organisation de type OTAN sans l’influence des États-Unis.
Même si l’Ukraine risque d’être profondément déçue par le rejet par les États-Unis de son espoir d’adhérer à l’OTAN, l’assurance de la présence de troupes européennes en Ukraine sera également une déception pour Vladimir Poutine, qui avait initialement annoncé que son invasion massive de l’Ukraine entraînerait la démilitarisation complète du pays.
Les frontières de l’Ukraine ne seront probablement pas celles de 2014 ou de 2024
Enfin, il y a la question centrale de la terre, qui s’avérera probablement le problème le plus difficile à résoudre.
L’Ukraine ne contrôle plus une grande partie de son territoire depuis 2014. À l’époque, les Ukrainiens pro-occidentaux de Kiev et d’ailleurs ont chassé le président prorusse, Viktor Ianoukovitch, pour avoir rejeté un accord visant à développer les liens économiques avec l’Union européenne.
Peu après, M. Ianoukovitch a fui l’Ukraine et les forces russes ont envahi la péninsule de Crimée. À peu près au même moment, les populations principalement russophones des provinces orientales de l’Ukraine se sont soulevées contre Kiev et, avec le soutien des forces paramilitaires russes, ont déclaré leur indépendance.
L’administration Trump a rompu avec le précédent établi par l’OTAN et l’administration Biden en reconnaissant que l’Ukraine céderait certains territoires à la Russie dans le cadre d’un règlement négocié.
La création de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk dans l’est de l’Ukraine a déclenché un conflit brutal dans le Donbass qui fait rage jusqu’à aujourd’hui. La défense des russophones dans les nouvelles républiques, qui ne sont pas reconnues internationalement, est l’une des raisons invoquées par M. Poutine pour lancer son invasion à grande échelle en 2022.
La Russie a également cherché à annexer deux autres régions, Kherson et Zaporizhzhia, qui forment un pont terrestre entre Donetsk et la Crimée.
Poutine a depuis déclaré que tout accord de paix devait garantir le retrait des troupes ukrainiennes des quatre régions revendiquées par la Russie. Il ne sera toutefois pas facile pour Moscou d’insister sur ce point, car la Russie n’a jusqu’à présent pas réussi à contrôler totalement l’un ou l’autre de ces territoires, à l’exception de la Crimée.
Toutefois, il est peu probable que l’Ukraine puisse récupérer une grande partie des terres dont la Russie s’est emparée.
Ainsi, l’administration Trump a rompu avec le précédent établi par l’OTAN et l’administration Biden en reconnaissant que l’Ukraine céderait certains territoires à la Russie dans le cadre d’un règlement négocié.
« Nous devons commencer par reconnaître que le retour aux frontières de l’Ukraine d’avant 2014 est un objectif irréaliste », a déclaré M. Hegseth en début de semaine.
L’inévitabilité d’un certain transfert de territoire a probablement pesé sur Kiev pendant un certain temps et semble avoir influencé sa prise de décision stratégique sur le champ de bataille.
 
 

 
En août 2024, l’Ukraine a lancé une offensive surprise, s’emparant d’une grande partie de la région russe de Koursk. Pendant les six mois qui ont suivi, Kiev a déployé une quantité considérable d’hommes et de matériel dans la région pour tenter de la conserver, alors même que les forces de Moscou avançaient à contrecœur dans le sud-est de l’Ukraine.
Au début du mois, M. Zelensky a clairement expliqué la raison de cette décision en annonçant qu’il offrirait Koursk à la Russie en échange d’une partie des terres occupées par l’Ukraine.
On ne sait pas pour l’instant quelles terres, précisément, M. Zelensky cherchera à récupérer en échange de Koursk. Quoi qu’il en soit, le contrôle du territoire russe permettra au moins à Kiev de ne pas avoir à céder les parties inoccupées de son pays que Moscou a exigées.
Il reste à voir dans quelle mesure l’administration Trump est disposée à continuer à fournir des armes à l’Ukraine pendant que ces négociations se déroulent, et si le président Trump cherchera à faire pression sur Moscou pour qu’il renonce à une partie du territoire qu’il possède actuellement.
La Maison-Blanche n’a pas répondu à une demande de commentaire avant l’heure de publication.
 
Ryan Morgan, The Associated Press (AP) et Reuters ont contribué à la rédaction de cet article.
Andrew Thornebrooke:
 
Photo 2: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump se serrent la main lors d’une réunion à New York le 27 septembre 2024. (Alex Kent/Getty Images)
Photo 3: Le secrétaire général de l’OTAN de l’époque, Jens Stoltenberg (au c.), s’adresse aux législateurs ukrainiens au parlement lors de sa visite à Kiev, en Ukraine, le 29 avril 2024. (Andrii Nesterenko/AFP via Getty Images)
Photo 4: Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth s’exprime lors des réunions des ministres de la Défense au siège de l’OTAN à Bruxelles (Belgique), le 13 février 2025. (Omar Havana/Getty Images)
Photo 5: Le contrôle territorial de la Russie en Ukraine. (Illustration par Epoch Times)


 

mars 14, 2022

Natan Sharansky - Russie/Ukraine/Occident...

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Dix questions à Natan Sharansky par The Tablet News Desk

Tablet News Desk s’entretient avec le légendaire prisonnier politique soviétique et ministre du gouvernement israélien sur la guerre en Ukraine, les deux Vladimir et les implications pour le Moyen-Orient.

Né à Donetsk, alors appelé Staline, dans la République socialiste soviétique d’Ukraine en 1948, Natan Sharansky reste la principale voix mondiale antisoviétique, sioniste dissidente et pro-démocratie. Prodige des échecs, mathématicien, refusnik, prisonnier politique, militant des droits de l’homme et homme d’État israélien, Sharansky est un monument vivant de l’héroïsme juif du XXe siècle et est particulièrement bien placé pour analyser l’importance des ruptures de liberté, de démocratie et d’ordre mondial dans le 21. Dimanche, il s’est entretenu avec Tablet pour discuter de l’invasion russe de l’Ukraine, des deux Vladimir, des dilemmes de la diplomatie israélienne et de la sagesse du BDS pour la Russie.

 


 


Que pensez-vous de l’invasion russe de l’Ukraine, un État où vous avez grandi dans une famille juive sous l’ex-URSS, et qui est aujourd’hui dirigé par un président fièrement juif ?

Je dois dire que c’est très difficile à croire pour les Juifs, mais la question juive n’a rien à voir avec ce conflit. Le fait que Zelensky soit un juif dévoué est un fait absolument remarquable de l’histoire ukrainienne, ainsi que le fait que même Poutine, avec toutes les choses horribles qu’il fait, est unique dans l’histoire russe pour son attitude positive envers les juifs et Israël. Il n’y a pas de pogroms anti-juifs à ce stade, ni en Ukraine ni en Russie, et ce n’est pas vrai que les Juifs sont au centre de tout cela.

Quand je grandissais à Donetsk, “Juif” était la pire chose que vous pouviez avoir dans vos papiers. C’était comme être né avec une maladie, et de nombreux parents rêvaient de soudoyer des agents pour qu’ils écrivent quoi que ce soit d’autre pour leurs enfants. Aujourd’hui, lorsque les réfugiés se déplacent vers la frontière, la meilleure chose qu’ils puissent avoir sur leur carte d’identité est le mot “Juif”, car le seul pays qui envoie des représentants officiels là-bas pour amener les gens et leur donner la citoyenneté est Israël. Donc, on peut en dire beaucoup à ce sujet, mais encore une fois, si vous voulez comprendre les racines de cette horrible et barbare agression russe, ce n’est pas le point de départ.

OK, commençons ici : Quand je suis né à Donetsk, ça s’appelait alors Stalino. Quand Staline est mort, j’avais 5 ans, et je me souviens que mon père m’avait expliqué que c’était un grand jour pour nous, pour les Juifs, mais de ne le dire à personne. Et puis je me souviens de l’autre grand événement de mon enfance, en 1954, après la mort de Staline, c’était la célébration des 300 ans de l’unification volontaire de la Russie et de l’Ukraine. En 1654, lorsque Bohdan Khmelnytky gagna une guerre, cela rendit l’Ukraine indépendante de la Pologne. Nous avons donc eu une grande célébration de la fraternité des Ukrainiens et des Russes.

Plus tard, quand je suis devenu dissident, j’ai rencontré des nationalistes ukrainiens et j’ai découvert qu’il s’agissait en fait plutôt d’un asservissement russe de l’Ukraine. Mais à ce moment-là, cela n’avait plus la même importance, car en fait, Donetsk était une ville très internationale, elle comptait de nombreuses nations. C’était un centre industriel, donc depuis 100 ans, des gens venaient chercher du travail dans différentes parties de l’empire russe. Il y avait des Ukrainiens et des Russes à Donetsk, bien sûr, mais aussi des Kazakhs et des Arméniens, des Géorgiens et des Tatars. Donc rien de tout cela n’avait vraiment d’importance. Ce qui comptait vraiment, c’était : êtes-vous juif ou non ?

Tout le monde pourrait être d’accord là-dessus.

Les juifs étaient les seuls à être vraiment discriminés. Il y avait des blagues sur chaque nation, mais les vrais préjugés et la discrimination officielle étaient contre les Juifs. Maintenant, j’ai étudié dans une école russe où la deuxième langue était l’ukrainien, et il y avait beaucoup d’écoles ukrainiennes où la deuxième langue était le russe. En tant que Juif, j’ai essayé d’être le meilleur en tout, alors j’ai essayé d’être aussi le meilleur dans la littérature ukrainienne. Et ça, c’est une vraie littérature. L’Ukraine a ses propres chansons, son art, son histoire. C’est la preuve d’un peuple ukrainien que Poutine nie. Il est vrai que pendant de très courtes périodes seulement, les Ukrainiens ont joué un rôle indépendant. Mais la culture était réelle, sans aucun doute.

Quand je suis devenu militant, j’ai déménagé à Moscou à l’âge de 18 ans. Et puis j’ai commencé l’université et je suis devenu militant dans le mouvement sioniste, puis aussi dans le mouvement des droits de l’homme. Et j’ai rencontré des nationalistes ukrainiens dans le Groupe Helsinky de Moscou, en fait le deuxième groupe Helsinki a été créé à Kiev. Et plus tard, en prison, j’ai rencontré de nombreux nationalistes ukrainiens. Et il était clair pour nous alors que nous avions beaucoup d’intérêts mutuels, dans la liberté, l’indépendance et la démocratie.

En 1997, je suis revenu en tant que ministre du commerce d’Israël. Je suis venu à Kiev et j’ai signé le premier accord économique entre l’Ukraine et Israël. Beaucoup d’hommes d’affaires sont venus à mes réunions là-bas, il y avait beaucoup d’espoirs de développement économique. Cela ne s’est pas vraiment bien développé parce que l’économie n’était pas transparente, il y avait beaucoup de corruption, comme vous le savez. Mais c’était et c’est une démocratie.

Maintenant, depuis cinq ans, je suis président du conseil consultatif de Babyn Yar, ce qui ferme un cercle très important dans ma vie. Babyn Yar est pour moi le symbole de l’Holocauste. Ce n’est pas seulement le plus grand charnier de Juifs ; c’est aussi le symbole des efforts de l’Union soviétique pour effacer la mémoire de l’Holocauste, détruire notre identité et lutter contre la nation juive. J’ai donc décidé que c’était un projet extrêmement important que nous devions faire, transformer ce symbole de la destruction de la mémoire de l’Holocauste en le plus grand musée et centre d’étude de l’Holocauste en Europe.

Et pour cette raison, j’ai eu de nombreuses occasions de rencontrer le président Zelensky et son équipe. Et il a toujours été très positif et très intéressé. Et maintenant, il dirige le peuple ukrainien, à la grande surprise de Poutine, en montrant un tel attachement passionné à l’identité nationale ukrainienne et à sa liberté. Le fait qu’ils soient maintenant un exemple pour les gens du monde entier, et que celui qui les dirige et les inspire et l’homme qui est le président le plus important de leur histoire soit ouvertement juif et fier de ses racines juives et de sa connexion à Israël, c’est vraiment quelque chose. Je ne sais pas si je dois l’appeler ironique ou symbolique ou significative. Mais c’est vraiment quelque chose.

Comprenez-vous l’invasion de l’Ukraine comme un différend frontalier, ou comme un chapitre d’une attaque russe ou russo-chinoise plus vaste et plus globale contre l’ordre démocratique ? Quelle fin de partie pensez-vous que Poutine a en tête pour ce conflit ?

Poutine, que j’ai rencontré il y a 15 ou 20 ans, dans les premières années de sa présidence, est une personne très différente de ce qu’il était alors. Il a toujours été bien sûr le même officier du KGB avec la même approche et la même vision du monde, mais à l’époque, il cherchait de toute urgence à être reconnu par les dirigeants du monde – par George W. Bush, par Angela Merkel – et il a essayé très difficile de trouver des moyens de les convaincre qu’il était un nouveau type de dirigeant russe. Je pense que ce qui s’est passé avec lui, c’est qu’après 20 ans ou plus au pouvoir, il a vu tous ces dirigeants – Bushes et Merkels et Obamas et Bidens et Macrons et tous les autres – comme des pions, ils viennent et ils partent, et ils sont échangés, ils sont remplacés. Il est le seul à ne jamais être remplacé.

Il est le seul, vrai, fort leader, et il est la seule vraie figure historique – comme il se voit lui-même – et il a une mission historique. Il a dit pendant de nombreuses années que la plus grande tragédie du XXe siècle a été la destruction de l’Union soviétique. Sa mission est donc de ramener cette superpuissance russe unique. Il ne veut pas ramener l’idéologie communiste, qui ne l’intéresse pas. Poutine se considère comme remplaçant Pierre le Grand, Ekaterina [Catherine la Grande] et Staline. Ce sont trois de ses grands héros, qui ont amené les terres historiques « russes » sous une seule règle.

 


 

Donc, que ce soit la Pologne ou le Kamtchatka, il les voit tous comme un tsar – toutes les terres russes – et il voit leur retour comme sa charge historique. Pour cela, il travaille déjà depuis de nombreuses années. La Biélorussie fait pratiquement partie de la Russie maintenant. Il a essayé la Géorgie en 2008, et il a obtenu l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, qui sont maintenant en fait la Russie. La Tchétchénie aussi, bien sûr, mais avec beaucoup de sang, mais maintenant c’est le sien. Et il est actif tout le temps au Kazakhstan et dans les autres Stans.

Mais bien sûr, la clé ici a toujours été l’Ukraine. Même dans les prisons de nos dissidents, quand nous avons tous vu que l’Union soviétique allait s’effondrer, parce qu’elle était trop faible de l’intérieur, la pièce maîtresse que nous avons vue à l’époque était l’Ukraine. Dans nos rêves, l’Ukraine devenait un pays indépendant, comme la France ou quelque chose comme ça, non seulement à cause de sa grande population, mais parce qu’elle avait le blé, le charbon, la métallurgie, les missiles et tout.

Cela ne s’est pas passé exactement ainsi. À cause de la corruption et d’autres facteurs, l’Ukraine a traversé une période difficile. Mais néanmoins, une Ukraine démocratique est née. Cela a donc été un grand choc pour Poutine, et c’est pourquoi il doit déclarer ouvertement que l’Ukraine n’est pas un État et que l’Ukraine n’est pas une nation, et les traite de néo-nazis, et parle de ramener son « statut historique ».

Comment la Russie imagine-t-elle qu’elle réintégrera l’Ukraine dans un État impérial russe renaissant ?

La Russie n’est pas le pays le plus fort et Poutine n’est pas le leader le plus fort du monde. En fait, la Russie représente aujourd’hui quelque chose comme 3 % de l’économie mondiale et l’OTAN représente quelque chose de plus proche de 50 %. Et ici, il est très important de comprendre la psychologie de Poutine. De mon passage parmi les criminels en prison, je sais très bien que celui qui est le meneur dans la cellule n’est pas celui qui est physiquement le plus fort, mais celui qui est prêt à utiliser son couteau. Tout le monde a un couteau, mais tout le monde n’est pas prêt à l’utiliser. Poutine pense qu’il est prêt à utiliser son couteau et que l’Occident ne l’est pas, que l’Occident ne peut que parler, même s’il est physiquement plus fort.

Je dois vous rappeler que la première étape de ce processus ukrainien a été la Crimée. Cela a commencé après que le président Obama a tracé une ligne rouge en Syrie au sujet des armes chimiques, puis lorsqu’elle a été franchie, il n’a rien fait. C’était un signe terrible. Les résultats immédiats ont été que Poutine a amené ses armées en Syrie et y a établi une base – en fait, il a obtenu les clés de l’espace aérien syrien – puis il est allé en Crimée. Il a vérifié si l’Occident réagirait, et quand ce n’était pas le cas, il a non seulement pris la Crimée, mais il a également lancé ce mouvement séparatiste dans le Donbass, affirmant que tout cela était la Russie historique. C’était donc le début.

Maintenant, il est dans la deuxième étape, et il ressent surtout la faiblesse de l’Amérique. Je pense — je n’en suis pas sûr, mais je pense — que le retrait d’Afghanistan lui a montré qu’il serait très difficile pour ce gouvernement américain de se mobiliser pour une action militaire. Et donc il peut menacer les armes nucléaires. Il dit : « L’Ukraine n’est pas un pays, nous allons la ramener à la Russie, et ceux qui se dresseront sur notre chemin subiront des dégâts qu’ils n’ont jamais connus dans leur histoire. Alors tous ses moyens de dissuasion sont préparés.

Et la réponse américaine est d’annuler l’entraînement de leurs forces nucléaires qui était prévu depuis un an. Le Pentagone l’annule et dit : « C’est parce que nous ne voulons pas être responsables d’avoir mis en danger les États-Unis. Poutine ne pouvait donc pas obtenir un meilleur signe que sa dissuasion fonctionnait. Alors maintenant, il croit vraiment qu’il est le leader le plus fort du monde, non seulement parce qu’il est important, et non seulement parce qu’il n’a pas à s’inquiéter de choses comme ces élections occidentales stupides, mais aussi parce qu’il est prêt à menacer d’une guerre nucléaire et ses ennemis ne le sont pas. Il est prêt à utiliser son couteau.

Avait-il raison ?

Bien sûr, il y a eu quelques surprises pour lui.

Premièrement, il est plutôt isolé du monde réel, alors il s’est convaincu que les Ukrainiens conviennent qu’ils ne sont pas un peuple et qu’ils n’opposeraient donc aucune résistance sérieuse.

Deuxièmement, il avait raison de dire que l’Occident ne serait pas prêt à faire face à sa menace militaire, mais l’Occident est mobilisé par les sanctions. Alors maintenant, les sanctions sont une arme très dangereuse contre lui, et elles auront un effet pendant longtemps. Il comprend donc maintenant qu’il n’a pas beaucoup de temps – mais le temps qu’il a, il doit l’utiliser efficacement, en utilisant la menace de la guerre nucléaire pour envahir, détruire, occuper, et puis si le monde a peur , pour continuer à tester les limites.

Le calme relatif d’Israël face à l’assaut de Poutine est-il une reconnaissance sensée de la réalité de la force militaire russe en Syrie, ou renforce-t-il imprudemment les forces de la dictature et de l’illibéralisme ? Et quel rôle l’accord nucléaire relancé entre l’Amérique et l’Iran, qui est la façon dont la Russie est entrée en Syrie en premier lieu, joue-t-il là-dedans ?

Je peux vous dire ma position, mais malheureusement je suis minoritaire. Dès le premier jour de l’invasion, j’ai dit qu’il ne s’agissait pas simplement d’une lutte historique entre la Russie et l’Ukraine. Ce n’est pas simplement entre un dictateur vicieux et un leader sympathique et démocrate. C’est un effort pour changer tous les principes de base sur lesquels repose le monde libre depuis la Seconde Guerre mondiale. Le monde libre tout entier est en danger, et Israël en fait partie.

Israël ne peut pas survivre simplement en se jouant entre dictateurs. Nous devrions être les premiers à le comprendre. Donc pour nous moralement, et pour le monde publiquement, et pour la survie du monde libre, nous devons être clairement d’un côté. Stratégiquement, il ne faut pas hésiter à en parler très clairement et publiquement.

Les gens ici me disent que je ne comprends pas que l’obligation morale la plus importante d’Israël est la sécurité des citoyens israéliens, et que pour protéger cette sécurité, nous devons avoir la liberté d’opérer en Syrie. Or, sur le plan tactique, il ne fait aucun doute que nous dépendons d’un accord avec Poutine lorsque nous attaquons des bases iraniennes en Syrie. À partir de 2013, il y a eu une telle faiblesse avec l’administration Obama en Syrie, où ils n’allaient pas contester cette nouvelle présence militaire russe, puis en 2015, il y a eu un accord supplémentaire avec l’Iran, en vertu duquel l’Amérique a envoyé des milliards et des milliards de dollars à Téhéran, dont une partie en espèces. Et avec la transformation du Hezbollah en une véritable armée et la construction de nouvelles bases avec l’Iran, la Syrie et le Liban, nous n’avions d’autre choix que d’avoir une entente stratégique avec Poutine.

Nous sommes maintenant confrontés au nouvel accord avec l’Iran dans quelques jours peut-être. Ainsi, le monde libre prend de nombreuses mesures pour retirer des milliards de dollars à Poutine, et en même temps, il s’assure que l’Iran recevra des milliards de dollars – et comme dans le cas d’Obama, il ne sera lié à aucun Iranien l’obligation d’arrêter les activités terroristes dans la région ou d’abandonner leur engagement à détruire l’État d’Israël. Donc, sans aucun doute, une grande partie de cet argent neuf ira à leurs opérations en Syrie. Et Israël devra les détruire. Nous serons donc encore plus dépendants de Poutine.

Je pense que dans le cadre de la lutte du monde libre contre Poutine, il doit aussi aider Israël à lutter contre sa dépendance à son égard en Syrie. Parce qu’en général, les intérêts du peuple juif et les intérêts d’Israël, bien sûr, sont que l’agression de Poutine soit stoppée.

Aujourd’hui, nous voyons que même avec tout l’amour, la compassion et la sympathie que le monde a adressés à Zelensky et aux Ukrainiens, en fait le monde libre a déjà décidé qu’ils seraient les victimes. Il faut donc toujours être capable de se défendre.

Les boycotts et les sanctions contre la Russie, et en particulier contre des Russes individuels, sont-ils un bon moyen d’influer sur la politique russe ? Si oui, pourquoi ne sont-ils pas aussi un bon moyen d’exprimer sa désapprobation des politiques israéliennes que certaines personnes n’aiment pas ?

Cela n’a absolument rien à voir avec le BDS [Boycott, Désinvestissement, Sanctions] d’Israël, et je vais vous expliquer pourquoi. Tout d’abord, le BDS d’Israël a été inventé non pas pour influencer la politique israélienne mais pour contribuer à la destruction d’Israël. Israël ne devrait pas exister, mais nous ne pouvons pas le détruire militairement, nous devons donc le détruire en encourageant le monde entier à le boycotter économiquement. Et deuxièmement, il est basé sur un double standard évident. Ce qui signifie, OK, vous décidez que ceux qui violent les droits de l’homme doivent être boycottés, vous définissez ce qu’est une violation des droits de l’homme, puis vous choisissez de ne pas respecter la définition ou d’appliquer le boycott partout dans le monde – au Xinjiang, etc. – sauf en Israël.

Maintenant, avec la Russie, si le monde était prêt à défier Poutine militairement, comme à envoyer ses avions et ses troupes, il n’y aurait pas besoin de sanctions. Mais parce que le monde libre n’est pas prêt à le faire et que nous cherchons des moyens de faire quelque chose sans avoir à nous battre en Ukraine, l’idée est de faire en sorte que les gens à l’intérieur de la Russie se sentent mal à propos de ce que fait Poutine et de lui faire changer de politique. . C’est donc très différent d’essayer d’isoler Israël pour le détruire ; il essaie simplement de mettre un terme à cette terrible agression. Je préférerais qu’on arrête l’agression en envoyant les avions. Mais je comprends que c’est difficile. Et Poutine ne s’attendait pas à des sanctions aussi sévères. Je pense donc qu’ils sont justifiés.

Quel effet le placement de sanctions personnelles sur la soi-disant liste Navalny des oligarques liés à Poutine, dont Mikhail Fridman et d’autres, aura-t-il sur la vie juive, à la fois en Israël et dans la diaspora ? Ces sanctions contre les individus sont-elles une bonne idée en tant que politique publique ? Sont-ils bons pour les Juifs ?

Certaines de ces personnes font de très bonnes choses pour Israël et le peuple juif, comme Mikhail Fridman, qui donne à la défense des communautés juives partout dans le monde, et apporte non seulement leur fierté d’être juif et leur générosité financière mais aussi de nouvelles idées, comme le prix Genesis et bien sûr le mémorial de Babyn Yar. Mais je dois dire que lorsque les Américains et les Européens décident de sanctions, ces choses ne doivent pas être prises en considération. Les critères devraient être de savoir si leur argent est utilisé pour aider Poutine à lutter contre la démocratie et la liberté et l’opposition, etc., ou si l’argent et les outils de ces personnes peuvent être utilisés pour saper les sanctions.

J’espère très sincèrement que ceux qui sont utiles au peuple juif ne sont pas impliqués là-dedans. Mais c’est bien sûr aux organes compétents en Amérique et en Europe d’en décider. Et je propose de ne pas mélanger ces deux choses.

Nous devrions toujours être très reconnaissants envers ceux qui font de bonnes choses pour Israël. Mais il faut aussi comprendre l’importance de ces sanctions, et j’espère qu’elles seront employées avec de vrais critères et avec de vraies actions, et pas simplement pour contribuer à cette atmosphère de haine de tous ces riches Russes.


 

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Le Tablet News Desk couvre les actualités, Israël et le Moyen-Orient, la science et les sports.

Natan Sharansky, né Anatoli Borissovitch Chtcharanski, est l’un des plus célèbres opposants soviétiques. Anti-communiste et sioniste, Il est ancien ministre du gouvernement israélien et ancien chef de l’Agence juive. Son dernier ouvrage co-écrit avec Gil Troy: Never Alone: Prion, Politics, and My People a été publié en septembre 2020.

 

 

 

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