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"Politique catastrophique de l'UE vis à vis du nucléaire et le suivisme désastreux de la France par rapport à cette politique décidée et imposée par l'Allemagne et d'autres.Quand les politiques français vont ils se réveiller et ne plus accepter ces diktats allemands (et autres) et imposer que l'on revienne aux traités européens où la politique énergétique est une souveraineté des États-membres? Cette politique en plus d’être inutile et contre-productive pour le climat pour la France détruit un des rares domaines où la France est compétitive.
"Mais il faudrait pour cela qu’en France les administrations ministérielles et le pouvoir politique aient une conception plus claire des intérêts de la France et des consommateurs français afin que ces intérêts soient défendus de façon plus déterminée, comme l’Allemagne sait si bien le faire dans bien des domaines. Il serait temps aussi que dans les administrations concernées, on ouvre les yeux sur la façon dont les différentes logiques européennes sont en train de miner le terrain sur lequel doit se fonder la poursuite de l’option nucléaire".
Ingénieur- Académie Technologies-SLC-AFIS
"Le Brexit et le nucléaire posent des questions existentielles à l’UE et à la France. Un petit peu de géopolitique du nucléaire européen. Avec le Brexit, la France se retrouve seule nation nucléaire intégrale en UE : avec une capacité à concevoir et construire des centrales, et avec du nucléaire militaire. Or, l’UE est devenue antinuc Le nucléaire énergétique est exclus récemment des financements du green deal Le nuc militaire est tabou. Pourtant le nuc militaire a un gros avantage pacifiste : il est « skin in the game » même un dictateur au chaud dans son palais est menacé par la bombe. Le monde d’aujourd’hui est en pleine dissonance entre le réchauffement climatique et être antinuc (alors que c’est la SEULE énergie décarbonée scalable) Mais le monde a aussi peur de la guerre nucléaire et de la croissance. L’UE ne peut rassurer les gens sur la guerre nucléaire car elle ne s’autorise pas à parler du sujet du nuc militaire. Elle se prive donc d’un outil pour rassurer sur le nuc civil. Beaucoup ont peur du nuc civil à cause du nuc militaire. (à raison ou non). Et sur la croissance, l’UE a tellement peu d’ambitions qu’elle ne promeut pas la croissance, au contraire. L’UE a déjà investi des centaines de milliards dans les éoliennes et PV en pure perte contreproductive et cela va empirer. Cela ruine l’UE. La sortie du nucléaire civil a été mise en place en Autriche (1978), Suède (1980), Italie (1987), Belgique (1999), Allemagne (2000), et d’autres pays n’y sont jamais rentrés ! L’Espagne est sous moratoire. Même la France réduit sa part du nucléaire (LTECV) contre toute logique mais surtout faute de grands défenseurs du nuc qui osent parler géopolitique énergétique et militaire. Fermeture de réacteurs Réduction du nuc à 50% de l’électricité. Le RU construit une centrale nuc avec la France mais avec financements chinois. L’Autriche bloquait le projet. Et le Brexit a largement favorisé le projet ! (Échec européen). La Pologne construit une centrale nuc avec les Américains (encore un échec européen) https://www.sfen.org/rgn/pologne-financement-premiere-centrale-nucleaire. La Hongrie construit une centrale nuc avec les Russes (nouvel échec européen) https://www.euractiv.fr/section/energie/news/hungary-wins-final-eu-approval-for-russian-built-nuclear-plant/. L’Allemagne sort du nuc et construit un gazoduc (Nordstream 2) vers la Russie pour mieux dépendre des Russes. Double échec européen. (Quoique de nos jours, problème) L’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité plonge la France dans un monde absurde où elle doit faire encore plus de place aux catastrophiques Éoliennes et PV. Sur le plan militaire tout pays désarmé se pose la question de qui est son protecteur. Aujourd’hui l’UE (sauf France) est démunie et donc tournée vers les USA. La France est trop petite et a trop peu de têtes pour garantir la souveraineté européenne. Cela explique les accords germano-américains sur la défense antimissile aux dépends d’une industrie européenne. La défense antimissile relève de la dissuasion pour les Allemands contrairement à la France. Cf projet MEADS / Patriot. Cela explique les accords belgeo-américains sur le F35 aux dépends du Rafale. Les américains autorisent l’emport de leur bombe atomique sur F35 (même si sous codes américains évidemment) Contrairement à la France. C’est bête et tabou. Cela explique tous les accords d’armement pays UE et Amérique. Sans le nuc la défense européenne est un gadget très hypocrite. Tous ceux qui se plaignent de l’achat de F35 / Patriot par des pays de l’UE doivent comprendre que la seule alternative est de discuter du nuc militaire européen. Sujet tabou. L’UE a besoin d’une politique nucléaire civile et militaire sous peine de disparaître en étant complètement obsolète : Obsolète sur le changement climatique Obsolète économiquement en se ruinant dans les EnRi inefficientes Obsolète sur la défense. L’UE et la France resteront de petits vassaux des américains (voire des Russes ou Chinois) sans nuc militaire d’envergure et des criminels du climat sans nuc civil. Pour rappel Poutine a réarmé la Russie au niveau nucléaire et a menacé de l’utiliser. Et il a été extrêmement agressif ces dernières années (Georgie, Ukraine, etc.) Les US ne sont pas en reste et le monde se réarme https://www.latribune.fr/economie/international/retour-des-armes-nucleaires-l-ere-du-desarment-est-derriere-nous-826133.html. L’UE sans la bombe, sans défense, sans ambition, ne peut rester qu’une coquille absurde, antinuc, de facto pro-réchauffement et décroissantiste.
Dominique Finon est un économiste de l'énergie. Cela parait normal qu'il traite du nucléaire civil et pas du nucléaire militaire.
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Alors que le coût des opérations extérieures explose, le budget voté pour le ministère de la
Défense en 2015 comporte de graves lacunes. A l’occasion de ses vœux aux armées et
cherchant à tirer les conséquences des attentats meurtriers qui ont récemment frappé notre
pays, le président de la République a annoncé le 14 janvier 2015 qu’il souhaitait revenir sur le
rythme de réduction des effectifs du ministère de la défense. Cette annonce intervient dans un
contexte d’accroissement régulier des risques et des menaces de nature géopolitique, alors que
l’année 2015 se lève sous des auspices particulièrement troublés, dans un contexte de hausse
régulière des difficultés structurelles du ministère français de la défense. En effet, la politique
de défense du président de la République est construite sur le postulat suivant : le budget de la
défense est sanctuarisé et « l’effort de la nation pour sa défense est tenu ». Ces assertions sont
à ce jour totalement fausses. De fait, en 2015, le ministère de la Défense continue de
s’affaiblir. En dehors des 7.500 postes supprimés, soit 65 % des 11.431 postes supprimés dans
la fonction publique d’Etat, le budget voté par l’Assemblée nationale le 18 novembre 2014
pour 2015 fait état de 31,4 milliards d’euros de crédits de paiement pour la défense, dont 2,4 milliards d’euros constitués de « crédits exceptionnels », qui ne sont gagés sur rien de
tangible.
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Ces « crédits exceptionnels » devaient entre autre être tirés de la vente de fréquences
hertziennes et des retombées des exportations d’armements. Or, le ministère de la Défense est
aujourd’hui confronté à un double problème. D’une part, les ventes de fréquences ne pourront
pas se faire avant 2016 pour des raisons de négociations internationales et d’atonie du marché
des télécommunications. D’autre part, les exportations françaises d’armements sont
confrontées à de nouvelles difficultés qui tiennent d’abord aux irrésolutions de la politique
française de défense. Ainsi, depuis le début de l’année, l’Inde a fait savoir à deux reprises
qu’elle étudiait un plan B pour l’équipement de ses forces aériennes, en proposant d’acheter
des avions de combat russes Sukhoi-30 plutôt que les 126 Rafale proposés par Dassault. A
cela s’ajoute une dimension politique plus franco-française qui pourrait conduire à la fin des
espoirs de Rafale sur ce marché. Si c’était le cas, des questions devraient être posées sur les
possibles effets de la récente crise franco-russe sur ce contrat et sur l’impact plus global de
l’attitude française sur nos potentiels acheteurs d’armements. De fait, on ne mesure pas
suffisamment le coût politique que représente pour l’industrie française de défense la non-livraison des deux navires BPC de classe Mistral à la Russie, en décembre dernier.
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L’erreur
politique fut effectivement de signer ce contrat avec la Russie en juin 2011, éveillant la
méfiance de nos partenaires de l’Otan. Mais à cette erreur initiale s’ajoute désormais un doute
certain sur la parole de la France et sur sa capacité à honorer les contrats signés ; ce que n’ont
pas manqué de rappeler les Russes aux Indiens. A l’heure où le budget des opérations
extérieures françaises explose (450 millions prévus dans le budget 2014 pour une facture
finale dépassant le milliard d’euros) et où la Cour des Comptes pointe dans son rapport du 29
septembre 2014 l’extrême faiblesse du maintien en condition opérationnelle des matériels
militaires français, le ministère de la Défense propose, pour colmater les brèches budgétaires
de plus en plus béantes, de vendre notre matériel militaire à des sociétés de projet ou SPV
(« special purpose vehicle »), qui seront ensuite chargées de louer ces matériels à nos forces.
Un constat évident s’impose : la défense française n’est pas du tout sanctuarisée.
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Les récents propos du président de la République montre au contraire, s’il en était encore besoin, que les
sacrifices imposés au ministère de la Défense depuis 2012 ont durablement fragilisé notre
sécurité et nos capacités à répondre avec succès aux défis sécuritaires, d’où qu’ils viennent.
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Le jihad en Syrie et en Irak a attiré environ 15 000 volontaires étrangers dont 3 000
occidentaux. Parmi ces derniers, de nombreux Français. Les chiffres fournis par le ministère
de l’Intérieur en novembre 2014 sont impressionnants : 1132 résidents français étaient alors
impliqués dans les filières jihadistes. 376 étaient présents en Syrie ou en Irak, plus de 300
étaient décidés à partir de France, 184 étaient en transit, 199 avaient quitté les zones de guerre
(dont 109, de retour en France, avaient été mis en examen) et 49 étaient décédés. Ces
individus ont des profils variés : si les jeunes issus de familles musulmanes, ayant un faible
niveau scolaire et des difficultés à s’insérer professionnellement semblent surreprésentés, on
trouve aussi nombre d’individus ayant abandonné en France un emploi stable et
convenablement rémunéré. Le nombre de convertis est élevé – probablement supérieur à 20%.
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Les femmes sont nombreuses : environ 250. Si les cas d’adolescents ayant rejoint la Syrie ont
particulièrement défrayé la chronique, la moyenne d’âge n’est en réalité pas si basse : elle se
situerait aux alentours de 25 ans. L’origine géographique des jihadistes est tout aussi variée :
plus de 80 départements français comptent au moins un jihadiste en Syrie ou en Irak. Internet
et les réseaux sociaux ont facilité cette forme de décentralisation qui permet à l’idéologie de
l’État islamique (EI) ou de Jabhat al-Nosra d’arriver jusqu’aux coins les plus reculés de
Normandie ou du Languedoc-Roussillon. Pour mieux appréhender le phénomène du jihad en
Syrie et en Irak, il convient de le remettre dans une perspective historique puis d’avancer
certaines raisons expliquant l’engouement qu’il suscite. Ce n’est qu’ensuite que les mesures
mises en place par la France pour lutter contre les filières jihadistes pourront être discutées.
Les jihads de l’ère moderne
Le phénomène de l’afflux de jihadistes étrangers vers une zone de conflit n’est pas nouveau.
L’occupation de l’Afghanistan par l’Union soviétique dans les années 1980 a ouvert l’ère du
jihad moderne. En 1984, Oussama Ben Laden et Abdallah Azzam créent à Peshawar une
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structure appelée le « bureau des services » – l’ancêtre d’Al Qaïda – chargée d’accueillir les
volontaires arabes désireux de soutenir les moudjahidines afghans. En 1984 également,
Azzam publie un livre intitulé La Défense des territoires musulmans dans lequel il affirme
que le jihad en Afghanistan est une obligation individuelle pour tous les musulmans. Cette
affirmation constitue une innovation doctrinale majeure puisqu’elle déterritorialise le jihad.
En effet, jusqu’alors, l’obligation individuelle de faire le jihad ne s’appliquait qu’aux
habitants du territoire concerné. L’appel d’Azzam est entendu : de 1984 à 1989, le « bureau
des services » attire des milliers de combattants arabes. Les estimations varient grandement
selon les sources : entre 3 000 et 25 000. Les conséquences de ce jihad afghan se sont fait
sentir sur le long terme. Le retour des jihadistes dans leur pays d’origine a été un facteur de
déstabilisation, le cas le plus emblématique étant celui de l’Algérie où les « Afghans » ont
nourri la dynamique de la guerre civile.
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Dans la mythologie jihadiste, le jihad en Afghanistan occupe une place spécifique, d’une part parce qu’Al Qaïda y trouve son origine et d’autre part
parce que les jihadistes sont convaincus qu’ils ont réussi à battre l’Armée rouge et, au-delà, à
abattre l’Union soviétique. Les jihadistes jouiraient ainsi d’une supériorité morale qui leur
permettrait de vaincre n’importe quel ennemi. D’autres jihads ont suivi dans les années 1990
et la première décennie des années 2000 – Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan post-2001, Irak
post-2003 –, mais aucun n’a suscité le même engouement que celui des années 80 contre
l’Union soviétique. Ce qui se lit dans les chiffres de volontaires affluant vers ces zones de
conflits : pour ce qui est des jihadistes français, les départs vers chacun de ces théâtres se sont
comptés en dizaines. Aujourd’hui, le jihad en Syrie et en Irak concurrence, dans l’imaginaire
jihadiste, celui contre l’Union soviétique et ce pour plusieurs raisons.
Les raisons de l’engouement pour le jihad en Syrie et en Irak
Au moins trois types de raisons – théologiques, historiques et pratiques – contribuent à
expliquer pourquoi le jihad en Syrie et en Irak suscite un tel engouement. Au niveau
théologique, tout d’abord, la Syrie est englobée dans ce que les jihadistes appellent « le pays
de Cham ». Ils expliquent souvent que cette zone est magnifiée dans le Coran, et qu’elle
constitue la deuxième région la plus importante dans l’islam après la péninsule arabique. Elle
est, en tout état de cause, bien plus importante que le Khorasan, expression employée par les
jihadistes pour parler de l’Afghanistan et d’une partie de l’Asie centrale. En outre, des cheiks
influents, comme Youssef al Qaradawi, ont appelé au jihad en Syrie. Venir en aide aux
populations massacrées par le régime alaouite de Bashar el-Assad est ainsi vu comme un acte
légitime dans une grande partie du monde sunnite. Au niveau historique, la Syrie et l’Irak ont
été le cœur du califat abbasside de 750 à 1258. Pendant une brève période, la ville de Raqqa –
aujourd’hui un des principaux bastions de l’EI – en a d’ailleurs été la capitale.
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Or le chef de
l’EI, Abou Bakr al Bagdadi, accorde une importance particulière à la notion de califat : à l’été
2014 il s’est autoproclamé calife, et a par là même pris de court Al Qaïda dont les chefs
conçoivent traditionnellement la restauration du califat comme l’aboutissement à long terme
de leur lutte. Le califat se veut transnational et l’EI a beaucoup joué sur la symbolique de
l’effacement des frontières héritées des accords Sykes-Picot. En plus de ces aspects
théologiques et historiques, des raisons pratiques expliquent aussi l’attrait exercé par le jihad
en Syrie et en Irak. La Syrie est facilement accessible via la Turquie. Quelques centaines
d’euros suffisent pour se rendre à Istanbul puis à la frontière turco-syrienne et il n’est pas
nécessaire d’avoir un visa, ni même un passeport, pour ce faire : une simple carte d’identité
suffit. Par ailleurs, il est très aisé d’échanger sur les réseaux sociaux avec des jihadistes déjà
présents en Syrie, qui peuvent donner des conseils utiles pour rejoindre ce pays. Ainsi le web
social n’est pas seulement un vecteur de propagande pour l’EI ou Jabhat al-Nosra mais une
véritable plateforme organisationnelle. L’engouement pour le jihad en Syrie et en Irak a de
quoi inquiéter les autorités des pays occidentaux.
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Les responsables politiques français
craignent en particulier que des combattants ne reviennent en France et ne commettent des
attentats en s’inspirant de Mohammed Merah ou de Mehdi Nemmouche. Ils s’attèlent à
prévenir un tel scénario.
La lutte contre les filières jihadistes
Pour lutter contre l’EI, la France cherche à agir à la source en participant, depuis le 19
septembre 2014, aux frappes de la coalition internationale. Les moyens déployés sur le théâtre
des opérations – 9 Rafale, 6 Mirage 2000-D, un ravitailleur C 135FR, un Atlantique II et une
frégate antiaérienne – ne sont pas négligeables au regard des capacités et des engagements
actuels des armées françaises. Sur le territoire français, une approche policière et judiciaire est
privilégiée. En avril 2014, le ministre de l’Intérieur a ainsi annoncé la mise en place d’un plan
de lutte contre la radicalisation, qui s’est d’abord traduit par l’ouverture d’un numéro vert
destiné aux proches de personnes en voie de radicalisation.
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De la fin avril au début du mois de
novembre, 625 signalements « pertinents et avérés » ont été effectués. Sur ces 625
signalements, une centaine de personnes avaient déjà quitté le territoire français. En novembre
2014, le dispositif français a été renforcé par l’adoption d’une nouvelle loi antiterroriste. Cette
loi comprend trois points essentiels. Premièrement, elle permet des mesures d’interdiction
administrative de sortie du territoire. Concrètement, un individu souhaitant se rendre sur une
terre de jihad pourra se voir retirer, pour une durée maximale de deux ans, son passeport et sa
carte d’identité. S’il tente de quitter le territoire français, il pourra être condamné à trois ans
d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Cette mesure ne sera pas infaillible dans la
mesure où les frontières nationales sont poreuses : un individu déterminé à quitter la France
n’aura pas grande difficulté à le faire malgré l’interdiction. En outre, un individu faisant
l’objet d’une mesure d’interdiction de sortie pourra être tenté de passer à l’acte directement
sur le territoire national. Deuxièmement, la notion d’« entreprise terroriste individuelle » est
spécifiée dans la nouvelle loi. Cette mesure vise à prendre en compte l’évolution de la menace
terroriste et à prévenir le passage à l’acte de « loups solitaires ». Cette innovation permettra
sans doute de condamner et d’incarcérer des personnes dangereuses. Reste cependant à
améliorer la prise en charge des jihadistes dans les prisons, pour qu’ils ne puissent pas
radicaliser d’autres prisonniers. Reste aussi à améliorer le suivi des détenus après leur sortie
de prison. En novembre 2014, un premier jihadiste de retour de Syrie a été condamné à 7 ans
de prison. Que deviendra cet individu une fois sa peine purgée ? Comme l’a tragiquement
rappelé l’attentat contre Charlie Hebdo, cette question se pose aussi pour les individus
incarcérés dans de précédentes affaires de filières jihadistes, notamment du temps de la guerre
en Irak au milieu des années 2000. Troisièmement, la nouvelle loi comprend des dispositions
sur l’utilisation du web par les jihadistes.
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Elle permet notamment de sanctionner lourdement
(jusqu’à 7 ans de prison) l’apologie du terrorisme sur Internet, et prévoit la possibilité pour
l’autorité administrative de demander aux fournisseurs d’accès de bloquer certains sites web.
Cette dernière mesure risque d’être peu efficace : il est facile, à l’aide de logiciels
téléchargeables gratuitement, de contourner un tel blocage et, d’autre part, la propagande
jihadiste sur le web se trouve aujourd’hui pour l’essentiel sur des plateformes grand public –
comme Facebook –, qu’il n’est pas envisageable de bloquer. Pour que l’arsenal législatif
antiterroriste soit utile, encore faut-il que les terroristes soient repérés, arrêtés et présentés à
des juges. Le travail des services de renseignement est donc essentiel. En 2014, la Direction
centrale du renseignement intérieur (DCRI) a été transformée en Direction générale de la
sécurité intérieure (DGSI), et une augmentation de ses effectifs a été annoncée. Ils passeront à
environ 3700 dans les trois prochaines années. Quand on sait que la filature complète d’un
individu nécessite une quinzaine d’hommes, et que le jihadisme n’est qu’un des sujets traités
par la DGSI, il ne serait guère surprenant que d’autres attentats surviennent dans les
prochaines années.
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Les Etats-Unis ont sanctionné Pyongyang pour le piratage de Sony, mais qu’en est-il de sa
responsabilité dans le meurtre de millions de personnes? Dans les années 1990, un important
groupe de prisonniers fut libéré d’un camp de travail secret en Corée du Nord. Il ne s’agissait
pas de criminels, pas même d’ennemis politiques. Non, de l’aveu même d’un ancien garde, il
s’agissait de petits-enfants et même d’arrière-petits-enfants de «propriétaires terriens, de
capitalistes, de collaborateurs du gouvernement colonial japonais et d’autres personnes à la
généalogie problématique». A une époque, l’Union soviétique arrêtait les femmes et les
enfants de prisonniers politiques. Récemment la Russie a envoyé en prison le frère d’un
dissident politique. La Corée du Nord, elle, n’hésite pas à interner dans des camps des
familles entières, sur plusieurs générations, durant des décennies. Et plusieurs d’entre elles s’y
trouvent encore, notamment certaines qui avaient été apparemment libérées il y a vingt ans:
sans logements, sans liens et sans connaissance de la vie en dehors du goulag, beaucoup ont
tout simplement décidé de rester sur place. Ils étaient devenus «libres», mais ne pouvaient
vivre ailleurs que dans la prison qu’ils avaient toujours connue. D’autres semblent en avoir
disparu, mais pas parce qu’ils ont été relâchés. Le nombre de prisonniers dans les camps nord-
coréens aurait, semble-t-il, chuté ces dernières années, alors que rien n’indique qu’ils sont
partis. Tout laisse donc croire qu’ils sont sans doute morts de faim (nous parlons ici de
dizaines de milliers de personnes). Voici donc la vraie nature du régime dont nous avons tant
entendu parler en décembre: il emprisonne des familles entières sur plusieurs générations. Et
lorsque la nourriture vient à manquer, il laisse tranquillement mourir des milliers de
personnes. Les camps sont si sévèrement contrôlés qu’il est extrêmement difficile de trouver
des informations à leur propos, même dans un monde où les téléphones et les services de
messagerie instantanée sont omniprésents.
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Certains organismes, comme le Comité pour les
droits de l’Homme en Corée du Nord, font un travail extraordinaire pour se tenir informés de
ce qui se passe dans le pays au moyen de photographies par satellite et de renseignements
provenant notamment de déserteurs de l’armée. Mais ceux qui parviennent à s’échapper en
passant par la frontière chinoise mettent parfois des années à rejoindre la Corée du Sud, non
sans être victimes en chemin de passages à tabac, de violences sexuelles et/ou de la famine.
Lorsqu’ils arrivent, leurs souvenirs des camps de prisonniers remontent parfois à plusieurs
années. Pire encore, leurs témoignages sont souvent difficiles à entendre. Il n’est, par
exemple, pas facile de se fier aux témoignages des déserteurs. Ils sont souvent timides,
instables sur le plan émotionnel et incapables de se faire à la vie en Corée du Sud ou ailleurs.
Il y a quelque chose, dans la sévérité du régime nord-coréen, qui dépasse l’entendement: il
nous semble si étrange qu’il nous fait rire au lieu de nous faire pleurer. J’ai entendu un jour,
lors d’une rencontre organisée par le Congrès américain, plusieurs anciens prisonniers nord-
coréens parler de leur vie derrière les barbelés. Leurs récits étaient consternants. Mais même
si le public les écoutait avec attention, il était clair qu’il attendait qu’un parlementaire ne
dénonce le régime de Pyongyang dans un langage plus familier.
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Cela aide peut-être à
comprendre pourquoi les efforts menés pendant tant d’années ont eu moins d’impact sur la
politique extérieure américaine que l’annonce du piratage des systèmes informatiques de Sony
Pictures par des hackers apparemment liés à Pyongyang et leur révélation de ragots sur
Angelina Jolie pour se venger de la sortie du film L’Interview qui tue, comédie pas drôle sur
le dictateur nord-coréen. Je ne veux pas minimiser la dangerosité du piratage informatique (la
prochaine cible pourrait être une centrale nucléaire), mais il n’en est pas moins étonnant que
la possible implication de la Corée du Nord dans les problèmes de Sony ait convaincu le
président américain d’imposer de nouvelles sanctions à Pyongyang. Les multiples comptes-
rendus d’atteintes gravissimes aux droits de l’homme perpétrées durant des décennies n’ont
jamais eu autant d’effet. Et peut-être en sera-t-il toujours ainsi. Il y a quelque chose, dans la
sévérité du régime nord-coréen, qui dépasse l’entendement: il nous semble si étrange qu’il
nous fait rire au lieu de nous faire pleurer.
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Ce n’est pas un hasard si les réalisateurs de
L’Interview qui tue ont été incapables de traiter le régime autrement que sous une forme
burlesque et vulgaire à souhait. A l’instar de son père Kim Jong-il, Kim Jong-un est devenu
une figure amusante, le méchant dictateur ridicule dont on se moque. Nous lisons avec une
avidité amusée ses exploits au basketball, de la même manière que nous lisions les articles
consacrés à l’obsession de son père pour Elvis Presley et sa peur de l’avion. Et pourtant, sous
son régime, des gens meurent tous les jours de faim ou sous la torture. Ils passent des années
en prison sans avoir rien fait pour et leurs enfants sont, eux aussi, emprisonnés. Au lieu de
nourrir son peuple (sans parler de ses prisonniers), le régime dépense des fortunes pour
fabriquer des armes à diriger vers Séoul. En dépit des protestations internationales, il tente
même de construire des armes nucléaires. Le régime est tellement rongé par son obsession du
secret qu’il a récemment interdit des films russe et chinois, au cas où ils auraient une
influence quelconque. Nous pouvons comprendre Sony, nous pouvons comprendre Angelina
Jolie... mais nous avons du mal à comprendre tout le reste.
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