L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) - Le budget de la défense reste insuffisant face aux nouvelles menaces - Les Echos du 16 janvier 2015 par le groupe de réflexion « les Arvernes3 »
B) - Le jihad en Syrie et en Irak : un défi pour la France - IFRI du 16 janvier 2015 par Marc Hecker
C) - Le vrai crime de la Corée du Nord
- Slate du 16 janvier 2015 par Anne Applebaum
D) - En attendant l’issue des négociations entre l’Iran et l’Occident sur le nucléaire... - L’Orient le Jour du 16 janvier 2015 par Scarlett Haddad
E) - Les Etats-Unis sur les dents après les attentats de Paris - La Libre Belgique du 16 janvier 2015
F) - 102,9 milliards de dollars -
Le monde du 16 janvier 2015
G) - Nasrallah menace de riposter contre les raids israéliens en Syrie - L’Orient le Jour du 16 janvier 2015
H) - Bassin du lac Tchad : vers un Etat islamique Boko Haram ? - L’Express du 15 janvier 2015 par Alain Nkoyock
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A) - Le budget de la défense reste insuffisant face aux nouvelles menaces
Alors que le coût des opérations extérieures explose, le budget voté pour le ministère de la
Défense en 2015 comporte de graves lacunes. A l’occasion de ses vœux aux armées et
cherchant à tirer les conséquences des attentats meurtriers qui ont récemment frappé notre
pays, le président de la République a annoncé le 14 janvier 2015 qu’il souhaitait revenir sur le
rythme de réduction des effectifs du ministère de la défense. Cette annonce intervient dans un
contexte d’accroissement régulier des risques et des menaces de nature géopolitique, alors que
l’année 2015 se lève sous des auspices particulièrement troublés, dans un contexte de hausse
régulière des difficultés structurelles du ministère français de la défense. En effet, la politique
de défense du président de la République est construite sur le postulat suivant : le budget de la
défense est sanctuarisé et « l’effort de la nation pour sa défense est tenu ». Ces assertions sont
à ce jour totalement fausses. De fait, en 2015, le ministère de la Défense continue de
s’affaiblir. En dehors des 7.500 postes supprimés, soit 65 % des 11.431 postes supprimés dans
la fonction publique d’Etat, le budget voté par l’Assemblée nationale le 18 novembre 2014
pour 2015 fait état de 31,4 milliards d’euros de crédits de paiement pour la défense, dont 2,4 milliards d’euros constitués de « crédits exceptionnels », qui ne sont gagés sur rien de
tangible.
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Ces « crédits exceptionnels » devaient entre autre être tirés de la vente de fréquences
hertziennes et des retombées des exportations d’armements. Or, le ministère de la Défense est
aujourd’hui confronté à un double problème. D’une part, les ventes de fréquences ne pourront
pas se faire avant 2016 pour des raisons de négociations internationales et d’atonie du marché
des télécommunications. D’autre part, les exportations françaises d’armements sont
confrontées à de nouvelles difficultés qui tiennent d’abord aux irrésolutions de la politique
française de défense. Ainsi, depuis le début de l’année, l’Inde a fait savoir à deux reprises
qu’elle étudiait un plan B pour l’équipement de ses forces aériennes, en proposant d’acheter
des avions de combat russes Sukhoi-30 plutôt que les 126 Rafale proposés par Dassault. A
cela s’ajoute une dimension politique plus franco-française qui pourrait conduire à la fin des
espoirs de Rafale sur ce marché. Si c’était le cas, des questions devraient être posées sur les
possibles effets de la récente crise franco-russe sur ce contrat et sur l’impact plus global de
l’attitude française sur nos potentiels acheteurs d’armements. De fait, on ne mesure pas
suffisamment le coût politique que représente pour l’industrie française de défense la non-livraison des deux navires BPC de classe Mistral à la Russie, en décembre dernier.
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L’erreur
politique fut effectivement de signer ce contrat avec la Russie en juin 2011, éveillant la
méfiance de nos partenaires de l’Otan. Mais à cette erreur initiale s’ajoute désormais un doute
certain sur la parole de la France et sur sa capacité à honorer les contrats signés ; ce que n’ont
pas manqué de rappeler les Russes aux Indiens. A l’heure où le budget des opérations
extérieures françaises explose (450 millions prévus dans le budget 2014 pour une facture
finale dépassant le milliard d’euros) et où la Cour des Comptes pointe dans son rapport du 29
septembre 2014 l’extrême faiblesse du maintien en condition opérationnelle des matériels
militaires français, le ministère de la Défense propose, pour colmater les brèches budgétaires
de plus en plus béantes, de vendre notre matériel militaire à des sociétés de projet ou SPV
(« special purpose vehicle »), qui seront ensuite chargées de louer ces matériels à nos forces.
Un constat évident s’impose : la défense française n’est pas du tout sanctuarisée.
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Les récents propos du président de la République montre au contraire, s’il en était encore besoin, que les
sacrifices imposés au ministère de la Défense depuis 2012 ont durablement fragilisé notre
sécurité et nos capacités à répondre avec succès aux défis sécuritaires, d’où qu’ils viennent.
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B) - Le jihad en Syrie et en Irak : un défi pour la France
Le jihad en Syrie et en Irak a attiré environ 15 000 volontaires étrangers dont 3 000
occidentaux. Parmi ces derniers, de nombreux Français. Les chiffres fournis par le ministère
de l’Intérieur en novembre 2014 sont impressionnants : 1132 résidents français étaient alors
impliqués dans les filières jihadistes. 376 étaient présents en Syrie ou en Irak, plus de 300
étaient décidés à partir de France, 184 étaient en transit, 199 avaient quitté les zones de guerre
(dont 109, de retour en France, avaient été mis en examen) et 49 étaient décédés. Ces
individus ont des profils variés : si les jeunes issus de familles musulmanes, ayant un faible
niveau scolaire et des difficultés à s’insérer professionnellement semblent surreprésentés, on
trouve aussi nombre d’individus ayant abandonné en France un emploi stable et
convenablement rémunéré. Le nombre de convertis est élevé – probablement supérieur à 20%.
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Les femmes sont nombreuses : environ 250. Si les cas d’adolescents ayant rejoint la Syrie ont
particulièrement défrayé la chronique, la moyenne d’âge n’est en réalité pas si basse : elle se
situerait aux alentours de 25 ans. L’origine géographique des jihadistes est tout aussi variée :
plus de 80 départements français comptent au moins un jihadiste en Syrie ou en Irak. Internet
et les réseaux sociaux ont facilité cette forme de décentralisation qui permet à l’idéologie de
l’État islamique (EI) ou de Jabhat al-Nosra d’arriver jusqu’aux coins les plus reculés de
Normandie ou du Languedoc-Roussillon. Pour mieux appréhender le phénomène du jihad en
Syrie et en Irak, il convient de le remettre dans une perspective historique puis d’avancer
certaines raisons expliquant l’engouement qu’il suscite. Ce n’est qu’ensuite que les mesures
mises en place par la France pour lutter contre les filières jihadistes pourront être discutées.
Les jihads de l’ère moderne
Le phénomène de l’afflux de jihadistes étrangers vers une zone de conflit n’est pas nouveau.
L’occupation de l’Afghanistan par l’Union soviétique dans les années 1980 a ouvert l’ère du
jihad moderne. En 1984, Oussama Ben Laden et Abdallah Azzam créent à Peshawar une
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structure appelée le « bureau des services » – l’ancêtre d’Al Qaïda – chargée d’accueillir les
volontaires arabes désireux de soutenir les moudjahidines afghans. En 1984 également,
Azzam publie un livre intitulé La Défense des territoires musulmans dans lequel il affirme
que le jihad en Afghanistan est une obligation individuelle pour tous les musulmans. Cette
affirmation constitue une innovation doctrinale majeure puisqu’elle déterritorialise le jihad.
En effet, jusqu’alors, l’obligation individuelle de faire le jihad ne s’appliquait qu’aux
habitants du territoire concerné. L’appel d’Azzam est entendu : de 1984 à 1989, le « bureau
des services » attire des milliers de combattants arabes. Les estimations varient grandement
selon les sources : entre 3 000 et 25 000. Les conséquences de ce jihad afghan se sont fait
sentir sur le long terme. Le retour des jihadistes dans leur pays d’origine a été un facteur de
déstabilisation, le cas le plus emblématique étant celui de l’Algérie où les « Afghans » ont
nourri la dynamique de la guerre civile.
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Dans la mythologie jihadiste, le jihad en Afghanistan occupe une place spécifique, d’une part parce qu’Al Qaïda y trouve son origine et d’autre part
parce que les jihadistes sont convaincus qu’ils ont réussi à battre l’Armée rouge et, au-delà, à
abattre l’Union soviétique. Les jihadistes jouiraient ainsi d’une supériorité morale qui leur
permettrait de vaincre n’importe quel ennemi. D’autres jihads ont suivi dans les années 1990
et la première décennie des années 2000 – Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan post-2001, Irak
post-2003 –, mais aucun n’a suscité le même engouement que celui des années 80 contre
l’Union soviétique. Ce qui se lit dans les chiffres de volontaires affluant vers ces zones de
conflits : pour ce qui est des jihadistes français, les départs vers chacun de ces théâtres se sont
comptés en dizaines. Aujourd’hui, le jihad en Syrie et en Irak concurrence, dans l’imaginaire
jihadiste, celui contre l’Union soviétique et ce pour plusieurs raisons.
Les raisons de l’engouement pour le jihad en Syrie et en Irak
Au moins trois types de raisons – théologiques, historiques et pratiques – contribuent à
expliquer pourquoi le jihad en Syrie et en Irak suscite un tel engouement. Au niveau
théologique, tout d’abord, la Syrie est englobée dans ce que les jihadistes appellent « le pays
de Cham ». Ils expliquent souvent que cette zone est magnifiée dans le Coran, et qu’elle
constitue la deuxième région la plus importante dans l’islam après la péninsule arabique. Elle
est, en tout état de cause, bien plus importante que le Khorasan, expression employée par les
jihadistes pour parler de l’Afghanistan et d’une partie de l’Asie centrale. En outre, des cheiks
influents, comme Youssef al Qaradawi, ont appelé au jihad en Syrie. Venir en aide aux
populations massacrées par le régime alaouite de Bashar el-Assad est ainsi vu comme un acte
légitime dans une grande partie du monde sunnite. Au niveau historique, la Syrie et l’Irak ont
été le cœur du califat abbasside de 750 à 1258. Pendant une brève période, la ville de Raqqa –
aujourd’hui un des principaux bastions de l’EI – en a d’ailleurs été la capitale.
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Or le chef de
l’EI, Abou Bakr al Bagdadi, accorde une importance particulière à la notion de califat : à l’été
2014 il s’est autoproclamé calife, et a par là même pris de court Al Qaïda dont les chefs
conçoivent traditionnellement la restauration du califat comme l’aboutissement à long terme
de leur lutte. Le califat se veut transnational et l’EI a beaucoup joué sur la symbolique de
l’effacement des frontières héritées des accords Sykes-Picot. En plus de ces aspects
théologiques et historiques, des raisons pratiques expliquent aussi l’attrait exercé par le jihad
en Syrie et en Irak. La Syrie est facilement accessible via la Turquie. Quelques centaines
d’euros suffisent pour se rendre à Istanbul puis à la frontière turco-syrienne et il n’est pas
nécessaire d’avoir un visa, ni même un passeport, pour ce faire : une simple carte d’identité
suffit. Par ailleurs, il est très aisé d’échanger sur les réseaux sociaux avec des jihadistes déjà
présents en Syrie, qui peuvent donner des conseils utiles pour rejoindre ce pays. Ainsi le web
social n’est pas seulement un vecteur de propagande pour l’EI ou Jabhat al-Nosra mais une
véritable plateforme organisationnelle. L’engouement pour le jihad en Syrie et en Irak a de
quoi inquiéter les autorités des pays occidentaux.
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Les responsables politiques français
craignent en particulier que des combattants ne reviennent en France et ne commettent des
attentats en s’inspirant de Mohammed Merah ou de Mehdi Nemmouche. Ils s’attèlent à
prévenir un tel scénario.
La lutte contre les filières jihadistes
Pour lutter contre l’EI, la France cherche à agir à la source en participant, depuis le 19
septembre 2014, aux frappes de la coalition internationale. Les moyens déployés sur le théâtre
des opérations – 9 Rafale, 6 Mirage 2000-D, un ravitailleur C 135FR, un Atlantique II et une
frégate antiaérienne – ne sont pas négligeables au regard des capacités et des engagements
actuels des armées françaises. Sur le territoire français, une approche policière et judiciaire est
privilégiée. En avril 2014, le ministre de l’Intérieur a ainsi annoncé la mise en place d’un plan
de lutte contre la radicalisation, qui s’est d’abord traduit par l’ouverture d’un numéro vert
destiné aux proches de personnes en voie de radicalisation.
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De la fin avril au début du mois de
novembre, 625 signalements « pertinents et avérés » ont été effectués. Sur ces 625
signalements, une centaine de personnes avaient déjà quitté le territoire français. En novembre
2014, le dispositif français a été renforcé par l’adoption d’une nouvelle loi antiterroriste. Cette
loi comprend trois points essentiels. Premièrement, elle permet des mesures d’interdiction
administrative de sortie du territoire. Concrètement, un individu souhaitant se rendre sur une
terre de jihad pourra se voir retirer, pour une durée maximale de deux ans, son passeport et sa
carte d’identité. S’il tente de quitter le territoire français, il pourra être condamné à trois ans
d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Cette mesure ne sera pas infaillible dans la
mesure où les frontières nationales sont poreuses : un individu déterminé à quitter la France
n’aura pas grande difficulté à le faire malgré l’interdiction. En outre, un individu faisant
l’objet d’une mesure d’interdiction de sortie pourra être tenté de passer à l’acte directement
sur le territoire national. Deuxièmement, la notion d’« entreprise terroriste individuelle » est
spécifiée dans la nouvelle loi. Cette mesure vise à prendre en compte l’évolution de la menace
terroriste et à prévenir le passage à l’acte de « loups solitaires ». Cette innovation permettra
sans doute de condamner et d’incarcérer des personnes dangereuses. Reste cependant à
améliorer la prise en charge des jihadistes dans les prisons, pour qu’ils ne puissent pas
radicaliser d’autres prisonniers. Reste aussi à améliorer le suivi des détenus après leur sortie
de prison. En novembre 2014, un premier jihadiste de retour de Syrie a été condamné à 7 ans
de prison. Que deviendra cet individu une fois sa peine purgée ? Comme l’a tragiquement
rappelé l’attentat contre Charlie Hebdo, cette question se pose aussi pour les individus
incarcérés dans de précédentes affaires de filières jihadistes, notamment du temps de la guerre
en Irak au milieu des années 2000. Troisièmement, la nouvelle loi comprend des dispositions
sur l’utilisation du web par les jihadistes.
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Elle permet notamment de sanctionner lourdement
(jusqu’à 7 ans de prison) l’apologie du terrorisme sur Internet, et prévoit la possibilité pour
l’autorité administrative de demander aux fournisseurs d’accès de bloquer certains sites web.
Cette dernière mesure risque d’être peu efficace : il est facile, à l’aide de logiciels
téléchargeables gratuitement, de contourner un tel blocage et, d’autre part, la propagande
jihadiste sur le web se trouve aujourd’hui pour l’essentiel sur des plateformes grand public –
comme Facebook –, qu’il n’est pas envisageable de bloquer. Pour que l’arsenal législatif
antiterroriste soit utile, encore faut-il que les terroristes soient repérés, arrêtés et présentés à
des juges. Le travail des services de renseignement est donc essentiel. En 2014, la Direction
centrale du renseignement intérieur (DCRI) a été transformée en Direction générale de la
sécurité intérieure (DGSI), et une augmentation de ses effectifs a été annoncée. Ils passeront à
environ 3700 dans les trois prochaines années. Quand on sait que la filature complète d’un
individu nécessite une quinzaine d’hommes, et que le jihadisme n’est qu’un des sujets traités
par la DGSI, il ne serait guère surprenant que d’autres attentats surviennent dans les
prochaines années.
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C) - Le vrai crime de la Corée du Nord
Les Etats-Unis ont sanctionné Pyongyang pour le piratage de Sony, mais qu’en est-il de sa
responsabilité dans le meurtre de millions de personnes? Dans les années 1990, un important
groupe de prisonniers fut libéré d’un camp de travail secret en Corée du Nord. Il ne s’agissait
pas de criminels, pas même d’ennemis politiques. Non, de l’aveu même d’un ancien garde, il
s’agissait de petits-enfants et même d’arrière-petits-enfants de «propriétaires terriens, de
capitalistes, de collaborateurs du gouvernement colonial japonais et d’autres personnes à la
généalogie problématique». A une époque, l’Union soviétique arrêtait les femmes et les
enfants de prisonniers politiques. Récemment la Russie a envoyé en prison le frère d’un
dissident politique. La Corée du Nord, elle, n’hésite pas à interner dans des camps des
familles entières, sur plusieurs générations, durant des décennies. Et plusieurs d’entre elles s’y
trouvent encore, notamment certaines qui avaient été apparemment libérées il y a vingt ans:
sans logements, sans liens et sans connaissance de la vie en dehors du goulag, beaucoup ont
tout simplement décidé de rester sur place. Ils étaient devenus «libres», mais ne pouvaient
vivre ailleurs que dans la prison qu’ils avaient toujours connue. D’autres semblent en avoir
disparu, mais pas parce qu’ils ont été relâchés. Le nombre de prisonniers dans les camps nord-
coréens aurait, semble-t-il, chuté ces dernières années, alors que rien n’indique qu’ils sont
partis. Tout laisse donc croire qu’ils sont sans doute morts de faim (nous parlons ici de
dizaines de milliers de personnes). Voici donc la vraie nature du régime dont nous avons tant
entendu parler en décembre: il emprisonne des familles entières sur plusieurs générations. Et
lorsque la nourriture vient à manquer, il laisse tranquillement mourir des milliers de
personnes. Les camps sont si sévèrement contrôlés qu’il est extrêmement difficile de trouver
des informations à leur propos, même dans un monde où les téléphones et les services de
messagerie instantanée sont omniprésents.
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Certains organismes, comme le Comité pour les
droits de l’Homme en Corée du Nord, font un travail extraordinaire pour se tenir informés de
ce qui se passe dans le pays au moyen de photographies par satellite et de renseignements
provenant notamment de déserteurs de l’armée. Mais ceux qui parviennent à s’échapper en
passant par la frontière chinoise mettent parfois des années à rejoindre la Corée du Sud, non
sans être victimes en chemin de passages à tabac, de violences sexuelles et/ou de la famine.
Lorsqu’ils arrivent, leurs souvenirs des camps de prisonniers remontent parfois à plusieurs
années. Pire encore, leurs témoignages sont souvent difficiles à entendre. Il n’est, par
exemple, pas facile de se fier aux témoignages des déserteurs. Ils sont souvent timides,
instables sur le plan émotionnel et incapables de se faire à la vie en Corée du Sud ou ailleurs.
Il y a quelque chose, dans la sévérité du régime nord-coréen, qui dépasse l’entendement: il
nous semble si étrange qu’il nous fait rire au lieu de nous faire pleurer. J’ai entendu un jour,
lors d’une rencontre organisée par le Congrès américain, plusieurs anciens prisonniers nord-
coréens parler de leur vie derrière les barbelés. Leurs récits étaient consternants. Mais même
si le public les écoutait avec attention, il était clair qu’il attendait qu’un parlementaire ne
dénonce le régime de Pyongyang dans un langage plus familier.
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Cela aide peut-être à
comprendre pourquoi les efforts menés pendant tant d’années ont eu moins d’impact sur la
politique extérieure américaine que l’annonce du piratage des systèmes informatiques de Sony
Pictures par des hackers apparemment liés à Pyongyang et leur révélation de ragots sur
Angelina Jolie pour se venger de la sortie du film L’Interview qui tue, comédie pas drôle sur
le dictateur nord-coréen. Je ne veux pas minimiser la dangerosité du piratage informatique (la
prochaine cible pourrait être une centrale nucléaire), mais il n’en est pas moins étonnant que
la possible implication de la Corée du Nord dans les problèmes de Sony ait convaincu le
président américain d’imposer de nouvelles sanctions à Pyongyang. Les multiples comptes-
rendus d’atteintes gravissimes aux droits de l’homme perpétrées durant des décennies n’ont
jamais eu autant d’effet. Et peut-être en sera-t-il toujours ainsi. Il y a quelque chose, dans la
sévérité du régime nord-coréen, qui dépasse l’entendement: il nous semble si étrange qu’il
nous fait rire au lieu de nous faire pleurer.
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Ce n’est pas un hasard si les réalisateurs de
L’Interview qui tue ont été incapables de traiter le régime autrement que sous une forme
burlesque et vulgaire à souhait. A l’instar de son père Kim Jong-il, Kim Jong-un est devenu
une figure amusante, le méchant dictateur ridicule dont on se moque. Nous lisons avec une
avidité amusée ses exploits au basketball, de la même manière que nous lisions les articles
consacrés à l’obsession de son père pour Elvis Presley et sa peur de l’avion. Et pourtant, sous
son régime, des gens meurent tous les jours de faim ou sous la torture. Ils passent des années
en prison sans avoir rien fait pour et leurs enfants sont, eux aussi, emprisonnés. Au lieu de
nourrir son peuple (sans parler de ses prisonniers), le régime dépense des fortunes pour
fabriquer des armes à diriger vers Séoul. En dépit des protestations internationales, il tente
même de construire des armes nucléaires. Le régime est tellement rongé par son obsession du
secret qu’il a récemment interdit des films russe et chinois, au cas où ils auraient une
influence quelconque. Nous pouvons comprendre Sony, nous pouvons comprendre Angelina
Jolie... mais nous avons du mal à comprendre tout le reste.
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D) - En attendant l’issue des négociations entre l’Iran et l’Occident sur le nucléaire...
Le Liban a donc six mois pour se préparer aux développements attendus dans la région. C'est
ainsi qu'un ancien responsable résume la situation actuelle, rappelant que l'avenir de la région
dépend de l'issue des négociations entre l'Iran et l'Occident au sujet du nucléaire iranien. Trois
hypothèses sont envisagées. La première est que l'Iran et les États-Unis ne parviennent pas à
un accord total sur le nucléaire et décident une nouvelle prolongation des négociations comme
ce fut le cas en novembre dernier. Ce qui maintiendrait une sorte de statu quo dans la région,
avec des dossiers non résolus, mais avec un plafond à ne pas dépasser qui empêche les guerres
totales. Le nouveau délai qui serait fixé serait tributaire de l'élection présidentielle américaine
et la région serait ainsi condamnée à une sorte de statu quo instable pour au moins deux ans
La seconde hypothèse est que l'Occident et l'Iran parviennent à un accord sur le nucléaire en
juin prochain et que le président américain parvienne à faire accepter cet accord par le
Congrès et le Sénat, bien que son pays soit à la veille du lancement de la campagne
présidentielle de 2016. Ce serait bien sûr un scénario idéal qui signifierait que la région serait
en train de se diriger vers des solutions pour tous les dossiers conflictuels en suspens, d'abord le nucléaire, mais ensuite la Syrie, l'Irak, le Yémen, la Libye, etc. Mais, selon l'ancien
responsable, c'est le scénario le plus difficile à réaliser, même s'il n'est pas impossible. Il se
heurte en tout cas à la vive opposition de toutes les parties régionales qui ne veulent pas d'un
tel accord. En tête de ces parties se trouve Israël qui serait prêt à tout pour empêcher la
conclusion d'un accord entre l'Iran et les États-Unis et surtout pour interdire à la République
islamique de posséder la technologie de la fabrication de la bombe atomique Pour les
Israéliens, les déclarations de l'actuel guide suprême, l'ayatollah Khamenei, sur le refus de
l'Iran de se doter de la bombe atomique parce que c'est incompatible avec les valeurs de
l'islam ne constituent pas des garanties suffisantes. Car les Israéliens qui planifient sur le long
terme craignent qu'un autre guide suprême qui succédera à l'ayatollah Khamenei change
d'opinion et profite du fait que l'accord nucléaire autorise l'Iran à se doter de la technologie
sans aller jusqu'à la fabrication de la bombe. Aucune garantie ni américaine ni internationale
ne serait donc en mesure de rassurer les Israéliens qui ne veulent pas entendre parler de la
possibilité pour l'Iran de se doter de la bombe atomique. L'ancien responsable est donc
convaincu que les Israéliens pourraient recourir au déclenchement d'une nouvelle guerre
contre le Liban de préférence et s'il le faut frapper directement l'Iran. C'est pourquoi, en dépit
des assurances internationales et des discours rassurants, les Libanais doivent être vigilants.
Le scénario pourrait donc être le suivant : Daech et al-Nosra décideraient de lancer des
opérations au Liban pour affronter directement le Hezbollah sur son propre terrain et le
contraindre ainsi à retirer ses troupes de Syrie, tout en l'affaiblissant même à l'intérieur du
pays. À ce moment-là, Israël lancerait une nouvelle offensive contre le Liban profitant du fait
que le Hezbollah est trop occupé par son combat contre les groupes takfiristes, Daech et al-
Nosra. C'est dans ce sens que l'ancien responsable interprète l'arrivée massive de combattants
de Daech dans le jurd du Qalamoun comme s'il s'agissait d'une préparation de la bataille.
Dans la logique de ces groupes takfiristes, ils n'ont pas d'autre choix que d'effectuer des
percées au Liban, puisqu'ils ne peuvent plus s'étendre ni en Syrie, ni en Irak, ni même vers la
Jordanie ou l'Arabie saoudite. Si, en plus, ils bénéficient d'un appui tacite et d'encouragements
de la part d'Israël qui leur ouvre le passage à partir de Chebaa et de ses environs, ils ne
devraient pas hésiter à lancer une vaste opération contre le Liban... C'est d'ailleurs pour
décourager tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans une telle aventure que le secrétaire
général du Hezbollah a déclaré dans un entretien à la chaîne al-Mayadeen que son parti est
prêt à mener la guerre contre Israël et il dispose pour cela de toutes sortes d'armes. Il a ajouté
que si les Israéliens songent à entrer au Liban, les combattants du Hezbollah mèneront une
offensive en Galilée... La troisième hypothèse se résume à l'impossibilité pour l'Occident et
l'Iran de s'entendre sur le dossier nucléaire et après avoir reconnu qu'ils ne peuvent pas trouver
une entente, ils plongeront la région et le monde dans une longue période de troubles et
d'instabilité dont le Liban ne sortirait pas indemne. Cette troisième possibilité peut toutefois
ne pas se résumer à un constat total d'échec et les protagonistes pourraient déclarer que s'ils ne
peuvent pas s'entendre sur le nucléaire, ils peuvent malgré tout unir leurs efforts pour mener la
guerre contre le terrorisme. Ce qui pourrait être l'alternative positive à la confusion générale
en cas de désaccord total. Tous ces scénarios sont pris au sérieux par les milieux sécuritaires
et politiques qui estiment indispensable pour le Liban de consolider sa cohésion interne afin
de pouvoir faire face à toutes les éventualités. Même si les dialogues actuellement en cours,
ou en préparation, entre les formations politiques libanaises n'aboutissent pas à une entente
totale, ils peuvent au moins permettre aux Libanais de se retrouver et de redécouvrir les
nombreux points qui peuvent les rassembler pour faire face aux scénarios violents et
destructeurs qui pourraient être en train d'être préparés.
E) - Les Etats-Unis sur les dents après les attentats de Paris
F) - 102,9 milliards de dollars
Le cas Chawraba
De plus, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé que « des services de renseignements arabes ont apporté des renseignements aux Israéliens lorsque le parti chiite était en guerre avec l'État hébreu. Il y a des services de renseignements et même des États arabes qui travaillent pour le compte des Israéliens », a-t-il lancé, minimisant le rôle de Mohammad Chawraba, la taupe israélienne arrêtée dans ses rangs « il y a environ cinq mois ». « Un responsable embauché par les services de renseignements américains et israéliens a été démasqué, c'est vrai. Mais le sujet a été exagéré dans les médias. Il a été dit que cet individu était chargé de ma sécurité, ce qui n'est pas vrai. On a également dit qu'il était responsable d'unités spéciales (...). Cette personne n'avait en réalité rien à voir avec tout cela. Elle faisait partie d'une unité sécuritaire sensible, il est vrai, mais elle était isolée. Nous avons découvert que c'était un transfuge et il a avoué les faits ».
Le bassin est d'une superficie de 967.000 km2 (sans la Libye). Il comprend trois
régions du Cameroun, deux régions du Niger, six (Etats fédérés) du Nigeria, trois régions de
la RCA et l'ensemble du territoire du Tchad, avec une population estimée à 30 millions. Les
habitants du bassin du Lac Tchad sont issus de plusieurs groupes ethniques et tribaux
(Kanouris, Mobbers, Boudoumas, Haoussas, Kanembous, Kotokos, Arabes shewa, Haddas,
Kouris, Fulanis et Mangas). Ils sont pêcheurs, éleveurs, agriculteurs ou commerçants.
Plus de 20 000 morts et 1 500 000 déplacés
Depuis plus de trois ans, les parties camerounaise et nigériane du bassin sont touchées, de plein fouet, par le terrorisme de la secte, avec comme conséquences de lourdes pertes en vies humaines, des enlèvements, des destructions de biens privés et publics. Boko Haram détient toujours plus de 200 jeunes filles kidnappées en avril 2014 dans leur lycée de Chibok dans l'État de Borno. Depuis cet événement qui a marqué les esprits, et malgré l'apparente gesticulation mondiale, le groupe islamiste continue d'enlever ou de tuer régulièrement des milliers d'hommes, femmes et enfants. Même si les statistiques ne sont pas disponibles, à ce jour, le conflit de Boko Haram et les forces de sécurité camerounaise et nigériane ont fait plus de 20 000 morts et 1 500 000 déplacés. Beaucoup dépeignent cette situation comme le résultat d'une crise politique interne au Nigeria, depuis le troisième mandat raté du Président Obasanjo, qui a été forcé par le Sénat en 2006 de quitter le pouvoir au profit de feu le Président Yaradu'a, nordiste, malade et décédé en 2010, avec comme vice-président le discret homme politique sudiste de l'Etat de Bayelsa, Goodluck Ebele Jonathan, qui préside aujourd'hui aux destinées du pays. Mais cela n'explique pas comment un petit groupe de malfrats est devenu une puissante force qui défie les armées organisées, redoutables et républicaines, comme celle du Cameroun. Pour comprendre la dynamique de cette crise, nous devons examiner trois causes profondes.
Des frontières poreuses héritées de l'indépendance
La première cause est l'héritage de la colonisation. Le Cameroun et le Nigeria ont accédé à l'indépendance en 1960 et sont devenus la même année membres de l'ONU. En février 1961, la population du Cameroun septentrional a décidé, à une majorité importante, d'accéder à l'indépendance, en s'unissant à la Fédération de Nigeria, en application de la résolution 1608 (XV) de l'Assemblée générale des Nations Unies. Aujourd'hui, presque chaque nigérian nordiste a une famille de l'autre côté au Cameroun et vice-versa. La porosité de nos frontières ne permet pas un contrôle strict sur le transfert des armes et l'utilisation du Cameroun comme base logistique par les djihadistes Boko Haram.
La mauvaise situation économique s'ajoute aux dissensions
La deuxième cause est la mauvaise gouvernance politique et socio-économique. La situation socio-économique de la plupart des pays de la région se trouve, d'une manière générale, fortement détériorée, au regard des indicateurs pessimistes des secteurs sociaux de base. Depuis moins d'un quart de siècle, de nouvelles ressources économiques (agricoles, minières, industrielles) y créent une nouvelle différenciation de l'espace, une grande mobilité des populations et l'apparition de conflits intercommunautaires. Or, le bassin du lac Tchad apparaît comme une zone d'échange privilégiée entre Afrique du Nord et Afrique centrale. Les pays du bassin font face à des dissensions internes depuis des années, exacerbées par un manque de consensus politiques. Au Nigeria, dès l'annonce des intentions du Président Obasanjo de réformer la Constitution afin de briguer un troisième mandat, le vice-président nordiste Atiku Abubakar, futur candidat à l'élection présidentielle de 2007, a pris le flambeau pour mener une campagne contre cet amendement. Atiku était ainsi soutenu par des politiciens nordistes majoritairement musulmans, tel que l'ex-général et ancien président Muhammadu Buhari, principal challenger du président Goodluck à l'élection présidentielle de février 2015. Cependant, le départ d'Obasanjo et la santé fragile de Yaradu'a n'ont pas aidé le pays à se maintenir dans cette dynamique de développement initiée par Obasanjo. Le Cameroun traverse une période de transition politique assez compliquée, amplifiée par les arrestations des grands dignitaires du pays dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Nationalisme à court terme
Enfin, la troisième cause provient des faiblesses de l'intégration sous-régionale. Depuis l'avènement des indépendances, le bassin a toujours connu une situation d'instabilité au plan socio-économique. Cette situation a conduit les pouvoirs publics à chercher d'abord à consolider leur autorité au plan interne avant de s'engager dans d'autres entreprises, notamment l'intégration. Cet état de choses a renforcé un micro nationalisme latent avec, pour conséquence, une prédominance des intérêts nationaux très étroits et souvent à court terme, sur l'esprit communautaire. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) peine à mettre en place un mécanisme communautaire de prévention et la résolution des conflits.
La secte continue de nuire malgré les réunions
Le 17 mai 2014, les chefs d'Etat (Nigeria, Cameroun, Benin, Tchad, Niger) et le président François Hollande se sont réunis à Paris et ont adopté un plan d'action régional pour lutter contre la secte. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union européenne y étaient également représentés. Le plan adopté par le sommet prévoit la coordination du renseignement, l'échange d'informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d'intervention en cas de danger. Le 7 octobre 2014, un sommet régional de chefs d'Etat africains pour lutter contre la secte a été organisé à Niamey autour du président nigérien Mahamadou Issoufou, et ses homologues du Nigeria, du Tchad, du Bénin et le ministre de la Défense du Cameroun. Comme d'habitude en Afrique centrale, la date butoir du 20 novembre 2014 a été dépassée sans que la coordination des forces mixtes et la finalisation des contingents soient effectives, éléments essentiels de la stratégie de lutte commune élaborée par des états-majors des différents pays du bassin. Sur le terrain, la secte a multiplié les menaces verbales, les attaques meurtrières sur les civils, les institutions publiques, les extorsions d'argent aux hommes d'affaires et les prises des camps militaires, mettant en doute l'efficacité des actions entreprises pour contenir le terrorisme.
Que la communauté internationale apprenne des erreurs du passé
Les stratégies annoncées ont deux défauts majeurs : a) la non prise en compte des organisations régionales comme la CEMAC, la CEEAC, ou l'UA mais surtout la CBLT, dont l'une des missions est la préservation de la paix et la sécurité dans le bassin ; b) la non- implication officielle des organisations islamiques comme l'Organisation de la coopération islamique, capables d'enrichir les stratégies adoptées avec des discussions avec les musulmans membres de la secte. La non-traduction en action de la volonté politique des Etats membres, la prédominance des intérêts nationaux sur l'esprit communautaire, la duplicité et les suspicions, une très grande dépendance de certains dirigeants vis-à-vis de l'extérieur, des infrastructures inadéquates, surtout dans le domaine de la communication, le manque de confiance pour certaines armées dans la gestion des informations stratégiques collectées par les drones, ont contribué à amplifier cette crise. Le Conseil de Sécurité de l'ONU doit rapidement voter une résolution pour le déploiement dans cette région d'un contingent international de prévention et maintien de la paix, qui collaborera étroitement avec la Minusca en RCA et l'opération Barkhane. Le caractère global de la menace d'un éventuel Etat islamique sur le bassin du Lac Tchad, que représentent les djihadistes de Boko Haram et autres terroristes, a pour objectif, au-delà du bassin "d'établir leur pouvoir sur la bande sahélienne de l'Atlantique à l'Océan Indien et d'y installer leur régime obscurantiste impitoyable". Les erreurs du passé en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie ou au Mali, doivent servir de leçons à la communauté internationale.
E) - Les Etats-Unis sur les dents après les attentats de Paris
Renforcement des contrôles aux aéroports, surveillance des mosquées, multiplication des
policiers infiltrés... Les Etats-Unis sont sur les dents après les attentats de Paris face à la
menace grandissante des "loups solitaires" ou de petites cellules téléguidées par les
organisations extrémistes. Mercredi, le FBI annonçait l'arrestation d'un jeune Américain de
l'Ohio (nord) accusé d'avoir projeté un attentat contre le Capitole qui abrite le Congrès
américain à Washington. Un policier sous couverture avait réuni des preuves de son soutien,
de vive voix et sur internet, au "jihad violent, ainsi qu'aux attaques violentes commises par
d'autres en Amérique du Nord et ailleurs". Le même jour, un jihadiste américain "en
puissance" écopait de vingt ans de prison en Floride (sud-est) pour tentative de soutien à Al-
Qaïda. Signe de la sévérité de la justice américaine: de nouvelles charges étaient infligées
jeudi aux frères Qazi, des Américains arrêtés en 2012 pour avoir voulu faire exploser une
bombe à New York. Le directeur du FBI James Comey parlait récemment de "métastase" de
la menace terroriste depuis le 11-Septembre. Les experts ont bien observé une montée en
puissance en Occident des "loups solitaires" et autres petites cellules jihadistes du type de
celle des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly, auteurs des attentats de Paris. Dans les deux
cas - individu seul ou cellule, ce sont des musulmans locaux inspirés, voire préparés par les
jihadistes d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique, qui décident de faire leur propre
bombe artisanale ou fomentent une attaque avec le soutien d'une organisation terroriste. La
menace est "presque indétectable" et les attaques "extraordinairement difficiles à empêcher",
explique à l'AFP l'analyste Max Abrahms, qui s'attend à "voir de plus en plus d'opérations
infiltrées" par le FBI, du type de celle de l'Ohio, pour tenter de déjouer un acte terroriste. En
outre, l'attaque contre le journal satirique français Charlie Hebdo a été revendiquée par Al-
Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). La branche yéménite de l'organisation terroriste,
"particulièrement inquiétante pour les Etats-Unis, fait beaucoup de bruit en ce moment et,
bien naturellement, cela donne la frousse aux responsables de la sécurité américaine", ajoute
le professeur à la Northeastern University. "C'est tout à fait normal, particulièrement parce
que l'attaque était liée à l'Aqpa, que les Etats-Unis accroissent leur propre sécurité", estime cet
expert en terrorisme. Dans la foulée des attentats de Paris, qui ont fait 17 morts, le ministre
américain de l'Intérieur Jeh Johnson a annoncé le renforcement des mesures de sécurité et de
surveillance aux abords des édifices gouvernementaux et dans les aéroports. "L'heure est à
une vigilance accrue", a-t-il dit en annonçant aussi des efforts de sensibilisation des
communautés religieuses et ethniques à travers les Etats-Unis. "La menace terroriste
persistante" pesant sur le pays a été rappelée à tous les services américains du renseignement
et de police lors d'une téléconférence du FBI et du ministère de l'Intérieur mercredi. "Une
vigilance continue, le partage d'informations et la coordination à tous les niveaux sont la clé
d'une prévention efficace" contre une attaque, selon un communiqué du FBI diffusé après la
téléconférence.
De plus, deux enquêtes parlementaires se pencheront sur le terrorisme venu
de l'intérieur. Le président républicain de la commission de la Sécurité intérieure de la
Chambre des représentants, Michael McCaul, l'a annoncé: il s'agira de déterminer comment le
gouvernement américain lutte contre ces menaces "domestiques" et se prémunit contre des
"failles dans nos systèmes de défense afin de tenir les terroristes à l'écart des Etats-Unis".
"Ces terroristes sont déterminés à attaquer notre pays et tentent de convaincre des Américains
de se radicaliser, de souscrire à leur vision du monde retorse et de perpétrer des actes de
violence", a-t-il souligné.
F) - 102,9 milliards de dollars
Les investissements chinois à l'étranger ont bondi de 14,1 % en 2014, dépassant pour la
première fois la barre des 100 milliards de dollars pour atteindre ce montant de 102,9
milliards de dollars (87,8 milliards d'euros), selon des chiffres officiels publiés vendredi, alors
qu'à l'inverse les investissements étrangers en Chine se tassaient de façon marquée.
Contrairement aux attentes initiales du gouvernement, le total des investissements chinois à
l'étranger n'a pas dépassé le volume des IDE (investissements directs étrangers) en 2014, mais
de l'avis de Zhong Shan, vice-ministre du commerce, ce n'est désormais qu'une question de
temps. Hors secteur financier, les entreprises ont renforcé leurs acquisitions, notamment dans
les secteurs de l'énergie, des exploitations minières ou agricoles, mais aussi des services et du
tourisme. Ces investissements à l'étranger avaient déjà grimpé de presque 17 % (à 90,17
milliards de dollars) en 2013, à l'unisson des encouragements vigoureux de Pékin, soucieux
de s'assurer des approvisionnements de matières premières et des débouchés commerciaux
pour la deuxième économie mondiale. Dans le même temps, les IDE en Chine, également
calculés hors secteur financier, ont progressé l'an dernier de seulement 1,7 %, totalisant 119,6
milliards de dollars.
G) - Nasrallah menace de riposter contre les raids israéliens en Syrie
Le Hezbollah, allié indéfectible de Bachar el-Assad, a menacé hier Israël de riposter « à tout
moment » à ses raids répétés en Syrie, se disant prêt à toute nouvelle guerre contre l'État
hébreu. Dans un entretien à la chaîne de télévision al-Mayadeen, le secrétaire général du parti
chiite, Hassan Nasrallah, a même affirmé que son mouvement était prêt à envahir la Galilée
(nord d'Israël), une menace qu'il avait déjà proférée en 2011. « Les raids répétés sur différents
objectifs en Syrie sont une grave violation », a-t-il déclaré, précisant que « toute frappe contre
des positions en Syrie vise tout l'axe de la Résistance (Damas, Téhéran, Hezbollah, NDLR) et
pas seulement la Syrie. Oui, cet axe pourrait décider de riposter (...) C'est son droit. Cela peut
arriver à tout moment. Nous ne cherchons pas une nouvelle guerre (...) mais nous y sommes
prêts. Si le commandement de la Résistance demande (à ses combattants) d'entrer en Galilée,
ils doivent être prêts ». Hassan Nasrallah a également annoncé, et ce pour la première fois,
que son parti possédait des missiles iraniens Fateh-110 pouvant atteindre tout le territoire
d'Israël. Les missiles Fateh-110, d'une portée pouvant aller jusqu'à 300 km « nous sont
parvenus depuis longtemps, depuis 2006. Nous sommes plus forts que jamais », a-t-il dit.
Interrogé sur le conflit syrien, Hassan Nasrallah a affirmé que « toute solution en Syrie sans le
président Assad est impossible ». Il a précisé avoir dit au vice-ministre russe des Affaires
étrangères Mikhaïl Bogdanov lors d'une rencontre à Beyrouth que « toute solution aux dépens
du président Assad n'en est pas une » et que « même la Russie serait perdante si elle lâchait le
président Assad ». Et se référant à la revendication par les alliés de l'opposition d'un départ de
M. Assad, Hassan Nasrallah a ajouté : « Pourquoi donner à ces pays en politique ce qu'ils ont
échoué à prendre durant la guerre ? »
« Que quelqu'un me remplace... »
Sur le plan local, Hassan Nasrallah a affirmé que « toute violation de l'espace et de la souveraineté du Liban est une ligne rouge pour le Hezbollah, et la Résistance a le droit d'y répondre. Nous ne sommes liés par aucune règle ou directive », a-t-il toutefois fait remarquer, soulignant son refus de voir son parti amené à répondre à tout acte israélien contre le Liban, indépendamment de sa volonté. Enfin, Hassan Nasrallah a démenti avoir des ambitions personnelles en tant que dirigeant du parti, affirmant qu'il avait proposé d'être remplacé. « Au Hezbollah il n'a pas de chef, il y a un secrétaire général. Le commandement se fait en groupe. Le secrétaire chapeaute les dirigeants », a-t-il fait remarquer, alors qu'il est à la tête du parti depuis 1992. « Il y a des élections et c'est lors de ces élections que j'ai été reconduit en tant que secrétaire général. Je n'avais pas voulu être à ce poste et j'avais œuvré à ce que quelqu'un d'autre y soit désigné. Mais le destin en a voulu autrement. Il n'est pas question d'ambition personnelle. J'ai même proposé que quelqu'un me remplace, mais ils (les dirigeants du parti, NDLR) n'ont pas voulu. J'ai également proposé une rotation au sein du parti, sans toutefois obtenir de réponse positive. »
« Que quelqu'un me remplace... »
Sur le plan local, Hassan Nasrallah a affirmé que « toute violation de l'espace et de la souveraineté du Liban est une ligne rouge pour le Hezbollah, et la Résistance a le droit d'y répondre. Nous ne sommes liés par aucune règle ou directive », a-t-il toutefois fait remarquer, soulignant son refus de voir son parti amené à répondre à tout acte israélien contre le Liban, indépendamment de sa volonté. Enfin, Hassan Nasrallah a démenti avoir des ambitions personnelles en tant que dirigeant du parti, affirmant qu'il avait proposé d'être remplacé. « Au Hezbollah il n'a pas de chef, il y a un secrétaire général. Le commandement se fait en groupe. Le secrétaire chapeaute les dirigeants », a-t-il fait remarquer, alors qu'il est à la tête du parti depuis 1992. « Il y a des élections et c'est lors de ces élections que j'ai été reconduit en tant que secrétaire général. Je n'avais pas voulu être à ce poste et j'avais œuvré à ce que quelqu'un d'autre y soit désigné. Mais le destin en a voulu autrement. Il n'est pas question d'ambition personnelle. J'ai même proposé que quelqu'un me remplace, mais ils (les dirigeants du parti, NDLR) n'ont pas voulu. J'ai également proposé une rotation au sein du parti, sans toutefois obtenir de réponse positive. »
Le cas Chawraba
De plus, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé que « des services de renseignements arabes ont apporté des renseignements aux Israéliens lorsque le parti chiite était en guerre avec l'État hébreu. Il y a des services de renseignements et même des États arabes qui travaillent pour le compte des Israéliens », a-t-il lancé, minimisant le rôle de Mohammad Chawraba, la taupe israélienne arrêtée dans ses rangs « il y a environ cinq mois ». « Un responsable embauché par les services de renseignements américains et israéliens a été démasqué, c'est vrai. Mais le sujet a été exagéré dans les médias. Il a été dit que cet individu était chargé de ma sécurité, ce qui n'est pas vrai. On a également dit qu'il était responsable d'unités spéciales (...). Cette personne n'avait en réalité rien à voir avec tout cela. Elle faisait partie d'une unité sécuritaire sensible, il est vrai, mais elle était isolée. Nous avons découvert que c'était un transfuge et il a avoué les faits ».
H) - Bassin du lac Tchad : vers un Etat islamique Boko Haram ?
Si rien n'est fait maintenant, le bassin du Lac Tchad va devenir, sans délai, un Etat Islamique
Boko Haram. Nous sommes à l'aube d'une autre catastrophe humanitaire, après celle de
l'assèchement du lac, sans que cela n'attire suffisamment l'attention du monde entier,
communauté internationale, instances régionales et sous-régionales comprises. Les récentes
percées de Boko Haram et le désordre en Libye vont continuer à nourrir le terrorisme dans
cette région.
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Plus de 20 000 morts et 1 500 000 déplacés
Depuis plus de trois ans, les parties camerounaise et nigériane du bassin sont touchées, de plein fouet, par le terrorisme de la secte, avec comme conséquences de lourdes pertes en vies humaines, des enlèvements, des destructions de biens privés et publics. Boko Haram détient toujours plus de 200 jeunes filles kidnappées en avril 2014 dans leur lycée de Chibok dans l'État de Borno. Depuis cet événement qui a marqué les esprits, et malgré l'apparente gesticulation mondiale, le groupe islamiste continue d'enlever ou de tuer régulièrement des milliers d'hommes, femmes et enfants. Même si les statistiques ne sont pas disponibles, à ce jour, le conflit de Boko Haram et les forces de sécurité camerounaise et nigériane ont fait plus de 20 000 morts et 1 500 000 déplacés. Beaucoup dépeignent cette situation comme le résultat d'une crise politique interne au Nigeria, depuis le troisième mandat raté du Président Obasanjo, qui a été forcé par le Sénat en 2006 de quitter le pouvoir au profit de feu le Président Yaradu'a, nordiste, malade et décédé en 2010, avec comme vice-président le discret homme politique sudiste de l'Etat de Bayelsa, Goodluck Ebele Jonathan, qui préside aujourd'hui aux destinées du pays. Mais cela n'explique pas comment un petit groupe de malfrats est devenu une puissante force qui défie les armées organisées, redoutables et républicaines, comme celle du Cameroun. Pour comprendre la dynamique de cette crise, nous devons examiner trois causes profondes.
Des frontières poreuses héritées de l'indépendance
La première cause est l'héritage de la colonisation. Le Cameroun et le Nigeria ont accédé à l'indépendance en 1960 et sont devenus la même année membres de l'ONU. En février 1961, la population du Cameroun septentrional a décidé, à une majorité importante, d'accéder à l'indépendance, en s'unissant à la Fédération de Nigeria, en application de la résolution 1608 (XV) de l'Assemblée générale des Nations Unies. Aujourd'hui, presque chaque nigérian nordiste a une famille de l'autre côté au Cameroun et vice-versa. La porosité de nos frontières ne permet pas un contrôle strict sur le transfert des armes et l'utilisation du Cameroun comme base logistique par les djihadistes Boko Haram.
La mauvaise situation économique s'ajoute aux dissensions
La deuxième cause est la mauvaise gouvernance politique et socio-économique. La situation socio-économique de la plupart des pays de la région se trouve, d'une manière générale, fortement détériorée, au regard des indicateurs pessimistes des secteurs sociaux de base. Depuis moins d'un quart de siècle, de nouvelles ressources économiques (agricoles, minières, industrielles) y créent une nouvelle différenciation de l'espace, une grande mobilité des populations et l'apparition de conflits intercommunautaires. Or, le bassin du lac Tchad apparaît comme une zone d'échange privilégiée entre Afrique du Nord et Afrique centrale. Les pays du bassin font face à des dissensions internes depuis des années, exacerbées par un manque de consensus politiques. Au Nigeria, dès l'annonce des intentions du Président Obasanjo de réformer la Constitution afin de briguer un troisième mandat, le vice-président nordiste Atiku Abubakar, futur candidat à l'élection présidentielle de 2007, a pris le flambeau pour mener une campagne contre cet amendement. Atiku était ainsi soutenu par des politiciens nordistes majoritairement musulmans, tel que l'ex-général et ancien président Muhammadu Buhari, principal challenger du président Goodluck à l'élection présidentielle de février 2015. Cependant, le départ d'Obasanjo et la santé fragile de Yaradu'a n'ont pas aidé le pays à se maintenir dans cette dynamique de développement initiée par Obasanjo. Le Cameroun traverse une période de transition politique assez compliquée, amplifiée par les arrestations des grands dignitaires du pays dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Nationalisme à court terme
Enfin, la troisième cause provient des faiblesses de l'intégration sous-régionale. Depuis l'avènement des indépendances, le bassin a toujours connu une situation d'instabilité au plan socio-économique. Cette situation a conduit les pouvoirs publics à chercher d'abord à consolider leur autorité au plan interne avant de s'engager dans d'autres entreprises, notamment l'intégration. Cet état de choses a renforcé un micro nationalisme latent avec, pour conséquence, une prédominance des intérêts nationaux très étroits et souvent à court terme, sur l'esprit communautaire. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) peine à mettre en place un mécanisme communautaire de prévention et la résolution des conflits.
La secte continue de nuire malgré les réunions
Le 17 mai 2014, les chefs d'Etat (Nigeria, Cameroun, Benin, Tchad, Niger) et le président François Hollande se sont réunis à Paris et ont adopté un plan d'action régional pour lutter contre la secte. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union européenne y étaient également représentés. Le plan adopté par le sommet prévoit la coordination du renseignement, l'échange d'informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d'intervention en cas de danger. Le 7 octobre 2014, un sommet régional de chefs d'Etat africains pour lutter contre la secte a été organisé à Niamey autour du président nigérien Mahamadou Issoufou, et ses homologues du Nigeria, du Tchad, du Bénin et le ministre de la Défense du Cameroun. Comme d'habitude en Afrique centrale, la date butoir du 20 novembre 2014 a été dépassée sans que la coordination des forces mixtes et la finalisation des contingents soient effectives, éléments essentiels de la stratégie de lutte commune élaborée par des états-majors des différents pays du bassin. Sur le terrain, la secte a multiplié les menaces verbales, les attaques meurtrières sur les civils, les institutions publiques, les extorsions d'argent aux hommes d'affaires et les prises des camps militaires, mettant en doute l'efficacité des actions entreprises pour contenir le terrorisme.
Que la communauté internationale apprenne des erreurs du passé
Les stratégies annoncées ont deux défauts majeurs : a) la non prise en compte des organisations régionales comme la CEMAC, la CEEAC, ou l'UA mais surtout la CBLT, dont l'une des missions est la préservation de la paix et la sécurité dans le bassin ; b) la non- implication officielle des organisations islamiques comme l'Organisation de la coopération islamique, capables d'enrichir les stratégies adoptées avec des discussions avec les musulmans membres de la secte. La non-traduction en action de la volonté politique des Etats membres, la prédominance des intérêts nationaux sur l'esprit communautaire, la duplicité et les suspicions, une très grande dépendance de certains dirigeants vis-à-vis de l'extérieur, des infrastructures inadéquates, surtout dans le domaine de la communication, le manque de confiance pour certaines armées dans la gestion des informations stratégiques collectées par les drones, ont contribué à amplifier cette crise. Le Conseil de Sécurité de l'ONU doit rapidement voter une résolution pour le déploiement dans cette région d'un contingent international de prévention et maintien de la paix, qui collaborera étroitement avec la Minusca en RCA et l'opération Barkhane. Le caractère global de la menace d'un éventuel Etat islamique sur le bassin du Lac Tchad, que représentent les djihadistes de Boko Haram et autres terroristes, a pour objectif, au-delà du bassin "d'établir leur pouvoir sur la bande sahélienne de l'Atlantique à l'Océan Indien et d'y installer leur régime obscurantiste impitoyable". Les erreurs du passé en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie ou au Mali, doivent servir de leçons à la communauté internationale.