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avril 11, 2015

La désoviétisation continue comme en Ukraine sauf en France !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Sommaire: 

A)  Ukraine. Une loi anti-propagande votée - © Le Télégramme http://www.letelegramme.fr

B) L'Ukraine en voie de dé-soviétisation Par France Inter

C)  Quand les communistes aimaient les nazis - Par Stéphane Montabert via Contrepoints

D) Good Bye Lenin - Par Alexandre C. via Contrepoints

E) URSS - Wikiberal





A)  Ukraine. Une loi anti-propagande votée

Le Parlement ukrainien a voté, une loi interdisant toute "propagande des régimes totalitaires communiste et nazie" après des mois d'une crise avec la Russie qui a ramené au premier plan l'héritage compliqué de la Seconde Guerre mondiale, de l'URSS et des nationalistes en Ukraine. Un total de 254 députés ont voté en faveur de l'interdiction de "la propagande des régimes totalitaires communiste et nazie" contre un minimum requis de 226 dans cette ancienne république soviétique située aux portes de l'Union européenne. Ce texte, qui doit encore être promulgué par le président Petro Porochenko, condamne "les régimes totalitaires communiste et nazi en Ukraine" et interdit "toute négation publique" de leur "caractère criminel" ainsi que toute "production", "diffusion" et "utilisation publique" de leur symboles sauf à des fins éducatives, scientifiques ou dans les cimetières. Drapeaux nazis prohibés La liste des éléments désormais prohibés contient le drapeau et l'hymne soviétique et nazi ainsi que les monuments et plaques commémoratives en l'honneur de responsables communistes, et même les noms de localités, rues ou entreprises faisant référence aux dirigeants communistes, activités du PC ou encore à la révolution bolchévique de 1917. En cas de violation de cette loi, des organisations ou partis concernés seront interdits, ce qui remet en cause l'existence du Parti communiste ukrainien. Dix ans de prison Les personnes reconnues coupables de production ou diffusion de symboles soviétiques et nazi, en particulier de l'exécution publique de l'hymne soviétique, risqueront jusqu'à dix ans de prison, selon la nouvelle loi. L'Ukraine devenue indépendante en 1991 après la chute de l'Union soviétique et qui a connu sous l'URSS la grande famine des années 1932-33 qui a causé la mort de millions de personnes, regorge toujours de symboles soviétiques dont les monuments à Lénine et plusieurs rues portent le nom du chef de la révolution bolchevique.



B) L'Ukraine en voie de dé-soviétisation

Deux jours après le vote d'une loi dans le pays pour "rompre avec [son] passé soviétique", les Ukrainiens ne pourront désormais plus arborer aucun symbole issu de l'ancien régime communiste, mais aussi du régime nazi, que les députés ukrainiens mettent à égalité.

Le rapprochement est tout sauf innocent : en dénonçant dans un même texte "les régimes totalitaires communiste et nazi", les députés ukrainiens font un nouveau pied de nez à l'ex-Mère Patrie russe, en plein conflit avec Moscou sur la question des séparatistes. Ils suivent aussi l'exemple d'autres anciens pays soviétiques (l'Estonie ou la Pologne, par exemple) qui ont voté des lois similaires par le passé.

Une loi qui ne fait qu'officialiser une rupture déjà bien ancrée dans l'esprit des Ukrainiens, ou en tout cas ce ceux qui ont participé à la révolution du Maïdan qui avait abouti à la destitution d'un président pro-russe. Au plus fort de l'affrontement, on avait ainsi vu des monuments à l'effigie de Lénine déboulonnés un peu partout dans le pays.


Finis les drapeaux, l'hymne et les symboles
La nouvelle loi interdit non seulement la "négation publique du caractère criminel" des régimes communiste et nazi, mais aussi la "production, diffusion et utilisation publique" des symboles qui leur sont associés (drapeau et hymne, en particulier), à quelques exceptions près (dans un cadre éducatif ou scientifique notamment).

Sauf que des symboles nazis, on n'en voit quasiment jamais en Ukraine. La nouvelle loi est donc presque exclusivement conçue pour marquer à nouveau une rupture ferme avec Moscou, et une volonté de se rapprocher de l'Europe.


Il faut dire que le régime soviétique est une plaie ouverte en Ukraine. Le pays a subi des pertes humaines énormes pendant cette période, en particulier pendant la grande famine en 1932 et 1933, où les morts se comptaient en millions. Sans parler des purges et des déportations sous Staline, qui ont installé durablement un sentiment anti-soviétique, en particulier dans l'ouest.

Restera tout de même une date symbolique : celle du 9 mai, le Jour de la victoire en Russie, encore presque sacrée pour de nombreux habitants. Il continuera à être officiellement fêtée en Ukraine.

Par France Inter

Hollande: "Il y a une culture communiste, je veux lui rendre hommage " 


Cliquez l'image lire (histoire) LES RÉGIMES TOTALITAIRES DANS LES ANNÉES 1930



C)  Quand les communistes aimaient les nazis

 La proximité intellectuelle entre les deux mouvements totalitaires est aussi ancienne que documentée.

Une si belle amitié

Dans le flot de l’histoire, attardons-nous sur un point particulier, la résistance française contre l’occupant nazi lors de la Seconde Guerre Mondiale où comme le mentionne l’historien François Furet « le PCF estime avoir été résistant avant même que la France ne soit occupée, avant même que la guerre ne commence ». L’historiographie en marche…

L’épisode de la Seconde Guerre Mondiale est important parce que la thèse de la résistance au nazisme est centrale dans l’argumentation des communistes (et par extension de toute la gauche) pour démontrer, par sa haine du nazisme, le fossé censé séparer les deux idéologies.
En réalité, il n’en fut rien. Des documents d’époque établissent clairement que le Parti Communiste français ne rentra en résistance qu’en 1941, lors de la rupture du pacte germano-soviétique et l’ouverture du Front de l’Est. Si les communistes français prirent officiellement les armes contre les nazis, ce fut sur ordre de Moscou.

Mais avant ? Les communistes étaient-ils prêts à en découdre en attendant juste une occasion ? Pas vraiment. Comme le rappellent les professeurs Jean Marie Goulemot et Paul Lidsky dans un ouvrage au titre iconoclaste, l’ambiance fut excellente entre les communistes et les nazis aux premières heures de l’occupation, le tout au nom de la lutte contre la bourgeoisie :
Il est particulièrement réconfortant en ces temps de malheur de voir de nombreux travailleurs parisiens s’entretenir avec les soldats allemands, soit dans la rue, soit au bistro du coin. Bravo camarades, continuez même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants ! La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante. (L’Humanité, 4 juillet 1940)
L’Humanité ne dut sa réimpression qu’à la bonne volonté de l’occupant face aux demandes réitérées du PC français. Les communistes, bon princes, invitaient les Français à collaborer avec leurs nouveaux maîtres. Le national-socialisme cohabitait en bonne entente avec la branche locale de l’internationale socialiste. Comme le dit la déclaration d’intention du 20 juin du PCF aux nazis, « notre lutte contre Bonnet, Dal, Ray, Man cela a facilité votre victoire », « pour l’URSS nous avons bien travaillé par conséquent par ricochet pour vous ».

Enfin, si les communistes finirent par prendre les armes contre les nazis, c’était non à cause d’une opposition idéologique mais seulement à cause de circonstances propres à la guerre – les mêmes qui eurent aussi pour effet d’allier l’URSS de Staline aux États-Unis de Roosevelt sans que personne n’ose prétendre qu’une vision du monde rassemblât les deux pays.
 
La Seconde Guerre Mondiale jeta des peuples les uns contre les autres sans la moindre unité de doctrine. Autrement dit, la lutte armée entre l’Allemagne nazie et l’URSS n’est pas constitutive d’une incompatibilité idéologique.


Le socialisme comme valeur commune
La bonne entente temporaire entre les deux courants du socialisme donna lieu à un film documentaire récent, fort peu diffusé dans la sphère francophone (tout comme le film polonais sur le massacre de Katyn) mais éclairant bien des passerelles entre les deux idéologies. Rien n’est plus faux que le premier mythe du communisme, à savoir qu’il partirait de « bonnes intentions » :
Le communisme c’est la guerre des classes, et la guerre des classes implique de liquider une partie de la population. Pour restructurer la société, il faut d’abord tuer non seulement les opposants, mais aussi les intellectuels, les meilleurs travailleurs, les ingénieurs, etc. Des groupes entiers de la société. C’est le genre d’ingénierie sociale qu’ont mis en œuvre Lénine et Staline, Mao et Pol Pot, pour ne citer que les plus sanguinaires. Cette ingénierie sociale forcée répond aussi à des critères ethniques lorsque des peuples sont considérés comme trop réactionnaires. Karl Marx et Friedrich Engels prônaient eux-mêmes « l’extermination des Serbes et autres peuplades slaves, ainsi que des Basques, des Bretons et des Highlanders d’Écosse », tous des peuples trop peu évolués pour la révolution communiste et faisant ainsi obstacle à l’inéluctable « progrès » de l’humanité.
Les communistes furent donc non seulement aussi racistes que les nazis mais ajoutèrent l’épuration de classe à l’inventaire de leurs massacres. Marx écrivit dans son journal que « les classes et les races trop faibles pour maîtriser les nouvelles conditions de vie… » devaient « périr dans l’holocauste révolutionnaire ».

L’idéal socialiste ne s’embarrasse pas de sentiments. Si nazis et communistes divergeaient sur la méthode (nationalisme par la conquête ou internationalisme par la révolution) l’objectif du socialisme était partagé, d’où une collaboration de bon aloi entre les deux groupes:
De septembre 1939 à juin 1941, les Soviétiques [livrèrent] aux Allemands des groupes entiers de Juifs qui avaient fui l’occupant allemand. Le NKVD communiste [aida] à former la Gestapo nazie. Soviétiques et Allemands [discutèrent] ensemble de la manière dont il fallait résoudre la « question juive » en Pologne occupée. Les images d’archive de ces officiers soviétiques et allemands qui trinquent ensemble ou de cet officier communiste qui fait le salut nazi aux officiers SS devant un groupe de prisonniers juifs apeurés « rendus » aux Allemands sont sans équivoque. (…) La coopération entre le régime nazi et le régime bolchevique était un fait bien avant le Pacte Molotov-Ribbentrop et elle ne [s’arrêta pas] au simple partage des territoires d’Europe centrale entre les deux puissances.
Si le socialisme n’est pas une forme de nazisme, le nazisme est définitivement une forme de socialisme. Cet aspect était revendiqué par Adolf Hitler lui-même :
« Nous sommes socialistes, nous sommes les ennemis du système capitaliste tel qu’il existe c’est-à-dire basé sur l’exploitation de ceux qui sont économiquement faibles avec ses salaires injustes et l’estimation de la valeur de l’être humain qu’il établit à partir des seuls critères de richesse et de patrimoine plutôt que celles de responsabilité et de performance, nous sommes déterminés à détruire ce système par tous les moyens. » (Adolf Hitler, discours du 1er mai 1927)
La Seconde Guerre Mondiale mit fin au nazisme mais tous ne furent pas tués. On connaît l’histoire de scientifiques recrutés par les Américains ou récupérés par les Soviétiques pour leurs programmes spatiaux respectifs ; ceux-ci firent carrière en dépit de leurs liens avec le régime nazi. Il n’en est pas de même avec les anciens SS recrutés par Fidel Castro pour former ses troupes cubaines ; ceux-là furent recruté explicitement à cause de leur passé.
Aujourd’hui encore, le néonazisme survit en Allemagne avant tout sur les territoires de l’ancienne RDA. Ce n’est pas un hasard.


Connaître l’histoire
Les socialo-communistes de notre époque ne sont pas des adeptes du nazisme, bien au contraire. Ils ont reçu comme tout le monde l’enseignement de la vérité officielle selon laquelle nazisme et communisme se sont combattus historiquement parce qu’ils étaient l’opposé l’un de l’autre. Il n’empêche que cette thèse est fausse. Le passé brosse un portrait nettement plus nuancé des relations entre deux idéologies apparentées.

Aussi, lorsqu’un individu mentionne que les nazis formaient un mouvement socialiste parmi tant d’autres, il n’exprime rien d’autre que les faits historiques, fussent-ils dérangeants. On peut comprendre que la gauche contemporaine se sente offusquée par une telle comparaison, mais au lieu d’intenter une action en justice pour faire taire le fauteur de trouble, elle devrait plutôt faire preuve d’humilité face à son passé… Et se livrer à davantage d’introspection.

Peut-on espérer que la haine légitime de la gauche envers le nazisme l’amène un jour à remettre en question les objectifs politiques qu’elle a en commun avec lui ?


Même du temps de Pétain, la gauche et son ministre Mitterrand !!

 D) Good Bye Lenin


Déjà en septembre 2014 une statue de Lénine fût déboulonnée

Depuis quelques temps déjà, l’Ukraine est agitée par des soubresauts, une révolte contre le gouvernement du président depuis 2010 Viktor Ianoukovytch, un proche de Moscou. Symboliquement, les manifestants de cet ancien pays de l’URSS déboulonnent périodiquement des statues des idoles communistes encore debout. La dernière en date est une statue de Lénine, le chef historique de la révolution bolchevique d’octobre 1917, qu’ils ont remplacée par une toilette (cf. photo ci-dessous). Tout comme d’autres avant eux, les Ukrainiens cherchent par ce geste à faire comprendre que la période de domination soviético-communiste touche à sa fin. Du passé faisons table rase.


Au même moment, la France semble aller à contre-courant de cet élan d’émancipation démocratique, qui souhaite mettre à l’index ces vieilles théories. À cette occasion, on se souvient que le défunt maire socialiste de Montpellier, Georges Frèche avait lancé l’idée d’ériger des statues à la gloire, je cite, « des grands hommes du XXème siècle ». Dans ce panthéon improvisé, les touristes pouvaient contempler les effigies de de Gaulle, Churchill ou Mandela en compagnie de celles moins fréquentables de Mao Zedong ou de Lénine. Critiqué à l’époque pour ce choix, il l’avait néanmoins justifié, déclarant : « Lénine, ce n’est pas un dictateur sanglant. C’est l’homme qui a changé la face du monde au XXe siècle. (…) Chez Lénine, il y a deux moments lumineux : la révolution d’octobre, ça, c’est Lénine qui la personnifie, même s’il n’était pas seul. Et puis il y a la décolonisation : car 1917 a changé la face du monde. Sans 1917, il n’y aurait pas eu la décolonisation de l’Afrique, de l’Inde, de la Chine et, de façon générale, du monde dit en voie de développement. » Ainsi donc, Lénine était un saint homme qui a fait le bien pour le peuple russe. Étrange que cela ne soit pas mentionné dans les livres d’histoire. Un oubli sans doute.

 Quelques temps plus tard, M. Frèche reconnaissait d’ailleurs lui-même avoir une vision assez sélective de l’histoire : « Les gens ont du mal à comprendre que lorsqu’on glorifie un homme, on glorifie les moments les plus importants (…) Mao, il est grand pour vingt années, pour la période 1929-1949, après c’est fini ! (…) La révolution culturelle, c’est un malheur pour la Chine, mais ça, l’histoire l’oubliera. L’histoire ne se souviendra que du Mao qui a rendu sa dignité à la Chine. (…) Ériger une statue, ça n’empêche pas d’étudier l’histoire. Ça devrait même inciter à s’intéresser à l’histoire. (…) L’histoire, elle n’est pas chargée de faire la morale. Les gens doivent être assez intelligents pour se faire leur propre jugement. » On garde les bons côtés, on élimine les mauvais car ils ne nous plaisent pas et desservent notre cause. L’histoire observée par le petit bout de la lorgnette. Dangereux et regrettable.

Par Alexandre C.



E) URSS - Wikiberal

L'Union des républiques socialistes soviétiques, abrégé en URSS (en russe : Союз Советских Социалистических Республик, abrégé en : СССР), était un État fédéral de 15 républiques soviétiques et qui a existé de 1922 jusqu'à sa dissolution en 1991. Ce fut le principal État communiste pendant cette période. 


Bilan humain

En prenant le pouvoir en 1917, Lénine planifie l'élimination des « contre-révolutionnaires ». En mars 1919, la révolte des ouvriers d'Astrakhan est écrasée dans le sang par l'armée rouge, et près de 5 000 personnes sont noyées en une semaine dans la Volga. Le « nettoyage » des derniers bastions anti-communistes de Crimée coûte la vie à 50 000 personnes. La politique de « décosaquisation » frappe entre 300 000 et 500 000 cosaques qui seront assassinés ou déportés.
L'arrivée au pouvoir de Staline va généraliser les massacres de masse. En 1932 et 1933, 6 millions d'Ukrainiens mourront de la famine d'État imposée par Moscou. La folie meurtrière frappe jusque dans les rangs du régime. 650 000 d'entre eux feront les frais des purges staliniennes. 720 000 exécutions d'opposants et 300 000 morts dans les camps. A la fin de la seconde guerre mondiale, les déportations ethniques feront des centaines de milliers de victimes, et si la mort de Staline en 1953 marque la fin des massacres à grande échelle, les déportations s'accélèrent pour atteindre un point culminant de 900 000 personnes envoyées au goulag au début des années 60.
Lorsque Gorbatchev a tenté de libéraliser l'économie et de donner la liberté d'expression, le régime basé sur la peur et la restriction économique extrême ne pouvait plus tenir, et il s'est très vite effondré en 3 ans comme un château de cartes. L'URSS a explosé en 15 pays, dont son principal successeur est la Russie.

Bibliographie

Voir aussi

Citations

  • La chute du mur de Berlin a mis fin à une expérience grandeur nature qui se déroulait depuis près d'un demi-siècle. D'un côté, on avait l'Union soviétique avec son système marxiste d'économie centralement planifiée. De l'autre, les pays occidentaux avec des économies plus ou moins mixtes, mais dont aucune ne se rapprochait, même de près, de ce qui se passait en URSS. L'Union soviétique s'est effondrée, et il faut aujourd'hui se donner beaucoup de mal pour trouver quelqu'un qui croie encore aux vertus de l'économie planifiée. (Milton Friedman)
  • De même que les États-Unis sont l’enfant légitime de la Grande-Bretagne, de même l’URSS était la fille légitime de la Révolution française, ce qui explique la coupable indulgence de toutes les élites françaises pour ce régime monstrueux et pour tous ses avatars (Cambodge, Vietnam, Cuba...) (Charles Gave)
  • Lorsque les archives du Gosplan furent enfin accessibles et que les anciens économistes soviétiques qui avaient participé à sa mise en œuvre furent autorisés à s’exprimer, il devint impossible de nier l’évidence : point par point, la condamnation à mort prononcée par Mises en 1920 s’était avérée exacte. On découvrit, par exemple, qu’en l’absence de marché libre, les responsables du Gosplan était littéralement incapables d’établir une échelle de prix et en étaient réduits à utiliser les espions du KGB pour récupérer les catalogues de La Redoute ou de Sears. La plus grande entreprise de planification économique jamais conçue n’avait ainsi due sa survie... qu’à l’existence d’économies de marché à ses portes et les écrits de Mises, formellement interdits par le pouvoir soviétique comme naguère par les nazis, circulaient de mains en mains au cœur même de l’appareil de planification (anecdote rapportée, notamment, par Yuri Maltsev, un des économistes chargés par Gorbatchev de mettre en œuvre la perestroïka). (Georges Kaplan)
  • L’URSS se trouve grosso modo située, dans l’équilibre des forces, du côté de celles qui luttent contre les formes d’exploitation de nous connues. (Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty, Les Temps Modernes, janvier 1950)
  • Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur ; celui qui souhaite son retour n'a pas de tête. (Vladimir Poutine)
  • Pourquoi le banditisme et le pillage sont-ils aussi sévèrement réprimés ? Parce qu'ils constituent une atteinte au monopole d’État ! (plaisanterie de l'ère soviétique, rapportée dans l'entrée "monopole d’État" du "Manuel du Goulag" de Jacques Rossi)

Liens externes












janvier 12, 2015

RP#6 - Stratégie - Guerres et Paix ( sommaire: 10 thèmes actuels)

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Picasso

Sommaire:

A) - L’An 1 de la DGRIS - TTU Online du 12 janvier 2015
 
B) - Terrorisme : la justice désarmée face à l’ampleur du phénomène - le Figaro du 11 janvier 2015 par Paule Gonzalès

C) - Liban-France : même combat, même ennemi - L’Orient le Jour du 12 janvier 2015 par Nagib Aoun

D) - Réunion des ministres européens à Paris : surveillance accrue d’Internet et révision des accords de Schenghen - El Watan du 12 janvier 2015 par Nadjia Bouzeghrane

E) - La communauté internationale face au terrorisme : les pièges et les défis - El Watan du 12 janvier 2015 par Hacen Ouali
 
F) - La reprise de la zone euro sera lente et modérée - Le Monde du 12 janvier 2015 par Marie Charrel

G) - La révolution française du Big Data aura-t-elle lieu ? Le Portail de l’IE du 12 janvier 2015 par Maxime Fernandez

H) - Pourquoi l’UE n’est pas prête à faire tous les efforts contre le terrorisme - La Libre Belgique du 12 janvier 2015 sur un article de la commission européenne : « La lutte contre le terrorisme au niveau européen : présentation des actions, mesures et initiatives de la Commission européenne »
 
I) - Terrorisme, la guerre impossible - Le Point du 11 janvier 201 5 par Frédéric Thérin 

J) - Attaques de Paris : comment répondre à la menace ? - IRIS du 12 janvier 2015 par Pascal Boniface




A) - L’An 1 de la DGRIS 

Un décret adopté le 17 décembre en Conseil des ministres et publié le 2 janvier a validé la création de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère de la Défense. Trois directeurs ont été nommés : Philippe Errera, en qualité de directeur général, l’amiral Charles-Henri Du Ché, comme directeur général adjoint, et Guillaume Schlumberger, au poste de directeur général chargé de la Prospective, de la stratégie de défense et de la contre-prolifération. Succédant à la DAS, la DGRIS en conserve les grandes attributions (pilotage et coordination de l’action internationale du ministère, des travaux de prospective stratégique, de la lutte contre la prolifération et orientations en matière de contrôle des exportations de matériels de guerre), tout en se dotant de prérogatives nouvelles. Face au constat de la fragmentation des relations internationales (RI) au sein du ministère, de la dispersion et donc de doublons de ses acteurs et avec la volonté de préserver les unités opérationnelles, le ministre a souhaité mettre en place une organisation plus efficace, en appliquant ici aussi les principes de sa réforme du ministère : recentrage sur le cœur de métier et mise en cohérence de la fonction RI autour de la DGRIS. 

Si le CEMA conserve les RI liées aux opérations et la coopération internationale en matière de capacités, la sous-chefferie RI de l’EMA est, quant à elle, supprimée et ses missions transférées à la DGRIS. Le CEMA pourra toujours compter sur son officier général relations internationales et militaires, le général Hughes Delort-Laval, accompagné de deux généraux deux étoiles pour les coopérations bilatérales et multilatérales. La DGA conserve le soutien aux exportations (Soutex) ainsi que la coopération internationale en matière d’armement. Sa sous- direction coopération et développement européen est en revanche supprimée. Au total, une soixantaine de postes “RI” seront supprimés à la DAS, à l’EMA et à la DGA, permettant d’économiser chaque année 3,5 millions d’euros de masse salariale. Sur les 209 agents que comptera la DGRIS, la moitié seront des civils. La DGRIS devient chef de file et responsable de la mise en cohérence de la prospective et de la stratégie de défense au sein du ministère, notamment dans le cadre de la préparation et de l’actualisation des livres blancs. Sa structure est simplifiée, avec trois grands services : Europe, Amérique du Nord, action multilatérale (ONU, Otan, UE), qui récupère la Russie et sa périphérie ; puis les questions régionales (relations bilatérales avec les pays du sud) ; et enfin un service du pilotage des ressources et de l’influence internationale (RH, gestion quotidienne du programme 144...). 

Cette dernière aura aussi en charge la gestion du réseau des missions de défense, en récupérant les bureaux REPETRAN (dialogue avec les attachés de défense étrangers) et REPREMIL (pour les AD français à l’étranger) de l’EMA. Le choix des AD, dont la décision finale revient au ministre, fera l’objet d’un dialogue préalable entre la DGRIS et l’EMA. Au niveau de la politique des études, la DGRIS devrait renforcer le rôle des observatoires et groupes de recherches, afin de concentrer l’effort sur de plus gros contrats, permettant davantage d’effets de levier et minimisant la dispersion et les procédures administratives. 

Tout en cherchant à associer un maximum de laboratoires universitaires, afin de diversifier les sources et les points de vue. L’Asie devrait faire l’objet d’un effort renforcé, tant en effectifs dédiés qu’en ressources d’études. La DGRIS devra continuer à fournir des études de fond ou de prospective tout en proposant, au besoin, des notes plus politiques et opérationnelles permettant au ministre de se positionner sur des dossiers d’actualité.




 

B) - Terrorisme : la justice désarmée face à l’ampleur du phénomène

Avant de commettre leurs attentats, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly sont passés par la case prison, où leur radicalisation s'est accentuée. Les magistrats évoquent leur impuissance et réclament un renforcement de la réforme pénale. 

Un haut magistrat s'inquiète: «Les protagonistes des drames de ces derniers jours étaient tous déjà passés par la case justice et prison. Nous retrouvons aujourd'hui les acteurs des attentats de 1995 et ceux de la filière irakienne. Ils ont ou avaient purgé leur peine, ils étaient ou sont encore très jeunes, avec une longue carrière potentielle encore devant eux, et sont tous ressortis plus endurcis de prison quand certains n'étaient que des seconds ou des troisièmes couteaux. C'est un problème.» La réponse pénale paraît soudain inadaptée à la virulence de la menace terroriste et surtout au contrôle du parcours de ces jeunes qui passent par la pénitentiaire. «Depuis les lois Perben de 2004, nous avons progressivement criminalisé les délits d'association de malfaiteurs jusqu'à la loi de novembre dernier», rappelle le juge antiterroriste Marc Trévidic. «Ce qui ne cesse de poser problème, c'est ce qui se passe en maison d'arrêt. Et le fait qu'un détenu entrant pour ces faits n'en sorte pas mieux mais le plus souvent bien plus radicalisé qu'auparavant. Non seulement il n'y a pas de rupture dans leur parcours, mais au contraire il se poursuit comme si de rien n'était. Il n'est pas normal qu'un islamiste chevronné se retrouve en détention avec un petit apprenti. De ce point de vue, l'expérimentation de Fresnes, qui consiste à créer une unité isolée pour les islamistes quels qu'ils soient, n'est pas complètement pertinente.» De fait, c'est à Fleury-Mérogis queDjamel Beghal, Chérif Kouachi et Amedy Coulibalyont fait connaissance. Puis se sont retrouvés à Murat dans le Cantal, quand le premier était en résidence surveillée: «Quelles étaient les obligations concernant cette dernière?», s'interroge encore le juge antiterroriste. En ligne de mire, la question de la prise en charge durant la détention et de l'exécution des peines, «véritable passoire», selon l'ancien juge antiterroriste, Jean-Louis Bruguière. «Ces détenus entrent dans le pot commun de la détention, souligne un responsable d'une grande maison d'arrêt parisienne, qui a identifié une vingtaine d'activistes islamistes gérés avec les moyens du bord. Nous n'avons aucun outil pour les traiter, et il est vrai que d'emblée ils bénéficient d'un tiers de remise de peine comme les autres.»Amedy Coulibaly, condamné en décembre 2013 à cinq ans de prison, après trois ans et demi de détention provisoire, a ainsi été placé en surveillance électronique de fin de peine (sous bracelet) le 4 mars 2014 et jusqu'au 15 mai de la même année. Poursuivant son évocation de la situation dans son établissement, le patron de maison d'arrêt rappelle que «l'un des islamistes détenus, identifié comme très dangereux, va sortir en février. Ce sera à la DGSI de prendre le relais car la pénitentiaire n'est pas équipée pour cela». Spontanément, les dirigeants de cet établissement ont tenté de s'organiser. «Nous avons quatre vrais leaders dits “individus venin”. Ils fonctionnent toujours en binôme: le leader spirituel et celui qui a la légitimité de l'action parce qu'il est allé en Irak ou en Syrie. Après la mise à l'isolement du principal d'entre eux, il y a eu une vraie baisse de moral parmi ses fans», témoigne-t-il. 

Aucune étude statistique sur ces détenus
Les magistrats spécialisés dénoncent l'absence de statistique sur cette population carcérale si particulière. «Aujourd'hui, nous sommes sans aucune étude statistique. Nous n'avons aucun repère sur l'évolution de ces détenus, ni même sur le taux de récidive. Le chiffre de 16 % de personnes écrouées connues pour islamisme n'a donc aucun sens», affirme l'un d'entre eux, en réponse à ce chiffre donné par la Chancellerie, jeudi dernier. «Nous n'avons aucun ciblage criminologique. Avec la réforme pénale, on nous a parlé d'individualisation de la peine mais c'est exactement l'inverse qui se produit en matière d'islamisme», souligne cette ancienne juge antiterroriste du siège, qui déplore l'absence de formation obligatoire des juges assesseurs qui seront amenés à prendre position sur les questions de terrorisme. «Nous aurions pu espérer que l'individualisation fasse une différence dans l'aménagement entre la conduite en état alcoolique et l'islamiste de retour d'Irak ou de Syrie ou en voie de radicalisation», affirme ce dirigeant d'établissement pénitentiaire. 

Mise en place d'un quartier spécial en prison
Samedi soir, Christiane Taubira, la garde des Sceaux, montait en urgence une réunion à la direction de l'Administration pénitentiaire pour finaliser la mise en place d'un quartier spécial, sur laquelle elle se disait «très réservée» le 25 novembre dernier au micro de France Info. Un tel quartier devrait donc être créé dans l'un des dix grands établissements pénitentiaires parisiens, qui réunissent 90 % des islamistes durs. Il accueillerait les cinquante leaders du prosélytisme et du recrutement. Dans le même temps, la direction pénitentiaire aurait lancé un appel d'offres pour choisir une entreprise spécialisée dans les mouvements sectaires et capable de proposer des programmes de désendoctrinement. Le montant de l'enveloppe ne s'élèverait pas à plus de 200.000 euros. La magistrature, quant à elle, a pris un petit peu d'avance. Le président du TGI de Paris, Jean-Michel Hayat, a créé une nouvelle section spécialisée sur les questions terroristes au sein de la 14e chambre qui, aux côtés de la 16e, traite habituellement de criminalité organisée. Ces deux chambres, qui gèrent aussi les grandes affaires de stupéfiants ou d'association de malfaiteurs, tournent déjà à plein régime avec pas moins de six audiences chacune par semaine. À cette quarantaine de personnes se sont joints sept nouveaux magistrats qui siégeront à raison de trois audiences par semaine sur les questions de terrorisme. De quoi accélérer le cours d'une justice jugée une fois de plus trop lente dans ses délais.





C) - Liban-France : même combat, même ennemi
 
Ignorance, fanatisme, haine : une trilogie barbare à laquelle ont été confrontés, une fois de plus, la France et le Liban à trois jours d'intervalle, une même plaie purulente qui n'arrête pas de s'étendre, une même insulte à l'intelligence fertilisée par un islamisme galopant et une duplicité rampante. Des horribles et sanglants attentats survenus en France à celui perpétré à Tripoli, samedi soir, le dénominateur commun est la détermination suicidaire de leurs auteurs, la référence aux mêmes sources jihadistes, celles qui n'envisagent l'avenir qu'à travers un bain de sang « purificateur ». Tous unis face à la barbarie : la magnifique marche républicaine qui s'est déroulée hier à Paris, sans précédent dans l'histoire européenne, était la réponse naturelle à la menace qui pèse sur la paix civile en France, entretenue par les nouveaux robots de la pensée unique. Hier le nazisme, aujourd'hui le jihadisme et, au sommet de la hiérarchie, des cerveaux malades qui prétendent se référer aux textes religieux fondateurs pour accomplir la mission dont ils se croient investis. Islamisme galopant et duplicité rampante, disions-nous en introduction de cette chronique, et c'est là, précisément, où le bât blesse. Si le jihadisme s'est développé dans le monde musulman et a même réussi à se façonner un immense territoire s'étendant de la Syrie à l'Irak, c'est parce qu'on l'a longtemps laissé faire et que rien n'a été vraiment fait, dès le départ, pour en éradiquer les causes. Exactions et barbarie de régimes totalitaires, installés sur les décombres de leurs pays respectifs, une révolte civile syrienne lâchée, à mi-parcours, par ceux-là mêmes qui, en Occident, applaudissaient à son émergence, la conséquence ne pouvait en être, progressivement, que l'apparition des « fous de Dieu » rendus encore plus fous par la monstruosité de la machine de guerre de Bachar el-Assad déchaînée contre les populations civiles. Résultat : le tyran toujours en place à Damas nargue les nations occidentales, la France en tête, et semble leur dire « c'est bien fait, je vous avais prévenus », et les services de renseignements européens envisagent de nouveau de collaborer avec leurs pairs syriens, ceux-là mêmes qui étaient considérés comme des tortionnaires infréquentables. Et le pire dans cette situation ubuesque, dans cet impossible imbroglio, c'est de voir des États de la région, ceux-là mêmes qui ont financé et facilité l'introduction de l'internationale terroriste en Syrie et en Irak, participer ou proclamer leur soutien à la marche républicaine d'hier à Paris, celle qui entend faire barrage à l'intolérance et au terrorisme. Le pire aussi, c'est de voir des pays et des partis du Moyen-Orient s'apitoyer sur les « misères » d'une Europe menacée alors que par leur soutien à la barbarie étatique en Syrie, ils ont largement contribué à l'apparition du monstre jihadiste. Fondamentalisme galopant et duplicité rampante : pour la France et le Liban c'est un même combat qui est mené, c'est la même menace qui pèse sur les deux pays, ce sont les mêmes valeurs de tolérance, de liberté et d'acceptation de l'autre qui sont défendues. Mais ne l'oublions pas : pour se débarrasser de l'hydre terroriste, il faut, bien sûr, traquer, débusquer, arrêter ses divers éléments mais aussi, impérativement, éliminer les causes mêmes de son émergence. Le sommet international sur « l'extrémisme violent », prévu le 18 février à Washington, tiendra-t-il compte de ces évidences ?




D) - Réunion des ministres européens à Paris : surveillance accrue d’Internet et révision des accords de Schenghen

Réunis en urgence, hier à Paris, à l’invitation de leur homologue français, les ministres de l’Intérieur et/ou de la Justice européens ont adopté une déclaration en huit points pour lutter contre le terrorisme. 

Dans cette déclaration, les ministres ont d’abord exprimé leur détermination à «poursuivre (leur) coopération avec l’ensemble des acteurs de (leurs) sociétés civiles afin de prévenir et de détecter, à un stade précoce, la radicalisation». «Nous devons, à cet égard, renforcer le dialogue pour ne pas permettre aux terroristes d’instiller la haine, la peur et la division au sein de nos sociétés.» Ils ont relevé le besoin de renforcer encore davantage «la coopération opérationnelle entre (leurs) services», «ainsi qu’avec les services des partenaires pertinents». Ils ont réaffirmé leur «solidarité sans faille» et leur «détermination à lutter ensemble contre le terrorisme, forts notamment des résolutions 1377 et 2178 du Conseil de sécurité des Nations unies et des conclusions des Conseils Justice et Affaires intérieures (JAI) des 9 octobre et 5décembre 2014, endossées par le Conseil européen, et dans le cadre et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales». A cette fin, ils ont affirmé que leur action doit «continuer de s’inscrire dans une approche globale reposant à la fois sur la lutte contre la radicalisation, notamment sur internet, et sur le renforcement des moyens destinés à contrecarrer l’action des différentes formes de réseaux terroristes et notamment en entravant leurs déplacements». Ils ont également souligné «l’importance de l’engagement de tous les acteurs, à tous les niveaux, qui œuvrent à la lutte contre la radicalisation» et ils s’engagent à soutenir les activités du futur RAN (réseau de connaissance de la radicalisation), un centre d’excellence. Au titre des mesures préconisées, se montrant «préoccupés par l’utilisation d’internet à des fins de haine et de violence», les ministres se déclarent «déterminés à ce que cet espace ne soit pas perverti à ces fins, tout en garantissant qu’il reste, dans le strict respect des libertés fondamentales, un lieu de libre expression, respectant pleinement la loi». Et d’affirmer que dans cette perspective, «le partenariat avec les grands opérateurs de l’internet est indispensable pour créer les conditions d’un signalement rapide des contenus incitant à la haine et à la terreur, ainsi que de leur retrait, lorsque cela est approprié et/ou possible». En complément à ce travail, les ministres se disent «résolus, pour lutter contre la propagande terroriste, à développer, afin de toucher le public jeune, particulièrement exposé à l’endoctrinement, des messages positifs, ciblés et facilement accessibles aptes à contrer cette propagande». A cet égard, ils incitent «l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne à faire un usage maximal de l’équipe de conseil en communication stratégique sur la Syrie (SSCAT), qui doit être prochainement mise en place par la Belgique sur financement européen». 

Opérations conjointes à «amplifier»
Ils affirment qu’ils œuvrent à «la lutte contre la circulation illégale d’armes à feu au sein de l’Union européenne. C’est l’une des priorités de la Plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles (Empact)». «Dans ce cadre, nous améliorons l’échange d’informations relatives à cette problématique entre les services des Etats membres et augmentons le nombre d’opérations conjointes contre ce phénomène en Europe», ont-ils souligné. Et d’ajouter que cette coopération sera «amplifiée». Toutes les mesures utiles visant au partage du renseignement sur les différentes formes de la menace, et notamment les combattants étrangers terroristes, à la connaissance de leurs déplacements et des soutiens dont ils bénéficient où qu’ils se situent et, ainsi, être en mesure d’améliorer l’efficacité de notre combat contre ces phénomènes seront mises en œuvre. Pour ce faire, les ressources d’Europol et d’Eurojust, mais aussi d’Interpol seront pleinement utilisées. Les ministres annoncent que seront mis en place des «contrôles approfondis sur certains passagers, sur la base de critères objectifs, concrets, dans le respect de la fluidité des passages frontaliers, des libertés fondamentales et des exigences de sécurité». Ils estiment, en outre, qu’une «modification» des règles du code frontières Schengen «devrait rapidement être entreprise afin de permettre de façon plus étendue, lors du passage des frontières extérieures par les personnes jouissant du droit à la libre circulation, la consultation du système d’information Schengen». Faisant référence à la dimension internationale de ce phénomène, les ministres en appellent à la promotion de toutes les initiatives visant à «renforcer la coopération avec leurs partenaires, Etats d’origine et de transit et, si possible, avec les Etats de destination des combattants étrangers terroristes, dans la continuité de notre politique intérieure». Cette réunion a regroupé le président du Conseil des ministres de l’Union européenne, les ministres de l’Intérieur et de la Justice de Lettonie, d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, du Danemark, d’Espagne, d’Italie, des Pays-Bas, de Pologne, du Royaume-Uni, de Suède, le commissaire européen à la migration et aux Affaires intérieures, le ministre de la Justice des Etats-Unis, le vice-ministre de l’Intérieur des Etats-Unis, le ministre de la Sécurité publique du Canada et le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme. Dans une déclaration préliminaire, Bernard Cazeneuve a rappelé que «sur les plans européen et international, nous disposons déjà d’un certain nombre de textes importants pour mener ce combat, notamment de résolutions des Nations unies et de conclusions prises par le Conseil Justice Affaires Intérieures et par le Conseil européen qui est l’enceinte de décision européenne du niveau le plus élevé». «Ces textes constituent les cadres européen et international dans lesquels notre action doit s’inscrire, mais ils ne suffisent pas bien évidemment, car notre action doit se projeter dans une approche globale et opérationnelle.» Et d’ajouter : «Nous avons, à cet égard, identifié deux champs sur lesquels nous souhaitons plus particulièrement affirmer et renforcer notre coopération : les moyens destinés à contrecarrer les déplacements de combattants étrangers et de toutes les filières ; la lutte contre les facteurs et les vecteurs de radicalisation notamment sur internet.»



E) - La communauté internationale face au terrorisme : les pièges et les défis

Un tournant. Un front mondial contre le terrorisme aurait-il pris naissance hier à Paris ? La forte présence de dirigeants étrangers le suggère à tout le moins. 

Les ministres de l’Intérieur de onze pays européens et le ministre américain de la Justice, Eric Holder, ont déjà donné le ton de ce que sera le renforcement des mesures de sécurité. Après le choc du 7, le sursaut mondial du 11 janvier pourrait sonner une date fondatrice, celle de l’émergence d’une coalition internationale inédite pour contrer un terrorisme qui ne cesse de se globaliser, avec des capacités de nuisance énormes et en mesure de frapper partout. Les onze ministres européens de l’Intérieur réfléchissent déjà au durcissement des mesures de circulation des ressortissants européens, alors que le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a annoncé la tenue, le mois prochain à Washington, d’un sommet international pour «réfléchir aux moyens de lutter contre l’extrémisme». Il est nécessaire de souligner que les réactions politiques après le «11 septembre français» sont pour le moment moins guerrières que celle du 11 septembre 2001. Au-delà du moment historique, il appartient à toute la communauté internationale réunie à Paris de faire, dans la sérénité nécessaire, cause commune non seulement contre le terrorisme, mais aussi et surtout pour arracher les racines du mal de l’hydre djihadiste qui sème le chaos. La marche républicaine de Paris ne devrait pas être un permis de déclarer des guerres inutiles et absurdes, même si la lutte contre les groupes terroristes doit être implacable. Le monde entier garde à l’esprit comment l’Administration Bush a fabriqué de fausses preuves pour «justifier» une guerre contre l’Irak. Les néo- conservateurs américains ont conduit une guerre qui a brisé un pays, laissant place à la multiplication de foyers de terrorisme. La guerre du «bien contre le mal» chère à George Bush ne cesse de produire du mal partout et pour toute l’humanité. L’agression contre l’Irak a été une désastreuse réponse. 

Une solution définitive pour la Palestine
Au-delà des mesures administratives et policières durcissant le contrôle de la circulation des personnes, le carnage commis sur le sol parisien va probablement redéfinir les relations internationales et revoir en profondeur la stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Des pays en proie à de graves crises de violence, comme la Libye, la Syrie, l’Irak, doivent rapidement trouver une solution au double plan politique et sécuritaire. La communauté internationale est plus que jamais interpellée pour se mettre d’accord et élaborer des sorties de crise justes et durables. En mettant le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, au premier rang des chefs d’Etat, François Hollande semble envoyer un message à ses partenaires pour prendre à bras-le-corps la crise malienne. La persistance de l’instabilité politique dans ces pays ne peut que servir de terreau à toutes les formes de terrorisme. Le conflit au Proche- Orient doit également trouver son chemin vers une solution définitive. Il n’est plus possible de continuer à priver les Palestiniens de leur droit à un Etat. La présence de Mahmoud Abbas et de Benyamin Netanyahu à Paris rappelle cette nécessité historique. 

L’Etat hébreu, avec sa politique agressive et expansionniste, ne renforce pas le camp de la paix. Bien au contraire. Les groupes djihadistes, qui confisquent la religion pour en faire un étendard pour terroriser toute la planète, se servent également de la question palestinienne pour «légitimer» leur barbarie. Les centaines de milliers de manifestants de Paris n’ignorent sans doute pas que des pays dont les représentants étaient présents à la «marche républicaine» servent de base arrière idéologique et logistique au terrorisme. Des pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar ne se cachent presque pas d’avoir armé et financé des groupes terroristes. Des pays pourvoyeurs de la matrice idéologique qui justifie l’extrémisme. L’islamisme, dans sa version salafiste la plus obscurantiste et la plus menaçante, trouve ses racines dans ce wahhabisme exporté à coups de milliards de dollars non seulement dans le monde arabe et en Afrique, mais aussi en Europe. Ce sont des pays où les populations subissent un terrorisme officiel. Les dictateurs africains présents à Paris sont mal placés pour prendre la tête d’une marche pour la liberté d’expression. Par leurs systèmes despotiques, ils produisent d’autres formes de terrorisme. Si la violence obscurantiste appelle une réaction implacable, elle nécessite par dessus tout une réponse globale et multiforme: rupture radicale avec une idéologie fondamentaliste dogmatique, soutien des démocraties et cesser la complaisance avec les dictatures et, enfin, repenser un ordre international inégalitaire.


 
F) - La reprise de la zone euro sera lente et modérée

Doucement, mais sûrement. D’après les nouvelles prévisions publiées, lundi 12 janvier, par l’Insee et ses équivalents allemand et italien, l’Ifo et l’Istat, la croissance de la zone euro se ressaisira très progressivement en 2015. Mais elle restera fébrile, et soumise à de nombreux risques. Voici pourquoi.

1. La baisse de l’euro et celle du prix du pétrole auront des effets positifs
D’après les économistes des trois instituts, le produit intérieur brut (PIB) de l’union monétaire devrait croître de 0,2 % au quatrième trimestre 2014. Début 2015, il devrait progresser de 0,3 % sur chacun des deux premiers trimestres. « Sur la première moitié de l’année, la chute des cours du pétrole devrait soutenir la consommation privée tandis que l’appréciation du dollar face à l’euro devrait porter le commerce extérieur », indique la note de conjoncture, qui se base sur l’hypothèse d’un baril se stabilisant à 56 dollars, et d’un euro restant autour de 1,21 dollar. Dans ces conditions, l’investissement devrait enfin repartir, mais modérément : + 0,2 % au premier trimestre et + 0,3 % au second. Il profitera notamment de la fin de la crise de l’immobilier se profilant en Espagne et en France. 

2. Le prix du pétrole contribuera à maintenir l’inflation très basse
La baisse des cours du pétrole et de l’euro aura une autre conséquence : elle continuera de tirer l’inflation vers le bas. « Depuis fin 2011, l’inflation suit une tendance baissière et a atteint un point bas de cinq ans en décembre 2014, à -0,2 % en rythme annuel », expliquent les économistes. Selon eux, les prix devraient progresser de 0,1 % seulement au premier trimestre et de 0,3 % au deuxième, également plombés par les perspectives négatives dans la production de biens. « L’accélération de l’activité prévue aura un effet limité sur les prix », précise la note. 

3. La croissance ne fera pas vraiment baisser le chômage
« La légère reprise prévue sur la première moitié de 2015 aura un impact limité sur la croissance de l’emploi et les salaires devrait également croître lentement, en dépit de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne », prévoient les conjoncturistes des trois instituts. Voilà qui confirme que la courbe du chômage ne devrait pas s’inverser avant la seconde partie de l’année en France, où le taux de demandeurs d’emploi culmine toujours à 10,4 % de la population active. Une consolation, tout de même : la faible inflation et les politiques budgétaires moins restrictives devraient profiter un peu au pouvoir d’achat des ménages. 

4. Les risques restent nombreux
Cette relative éclaircie ne doit pas faire oublier que la reprise est très inégale : alors que la croissance sera relativement robuste en Allemagne et en Espagne, elle restera décevante en France et en Italie. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a, de son côté, indiqué, lundi, que plusieurs économies européennes, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne, devraient perdre de l'élan. L’indicateur avancé de l'OCDE pour la zone euro reste stable (à 100,6) depuis le mois d'août. Il enregistre un recul de 0,1 point pour l'Allemagne et pour l'Italie, à 99,5 et 101,0 respectivement, tandis qu'il se redresse de 0,1 point pour la France à 100,3. La Banque de France a pour sa part souligné, lundi, qu'un « rebond de la production est attendu en janvier » par les chefs d'entreprises interrogés. De plus, les risques sont nombreux. Selon les auteurs de la note, ils sont à la fois haussiers et baissiers. D’un côté, la chute des cours du pétrole et de l’euro pourrait soutenir plus encore que prévu la demande interne et externe. De l’autre, les élections à venir en Grèce comme les tensions qui l’entourent pourraient nuire au reste de la zone euro.



G) - La révolution française du Big Data aura-t-elle lieu ?

Considéré par beaucoup comme un nouvel Eldorado, le Big Data a saisi l’attention des pouvoirs publics qui en ont fait un des fers de lance de la nouvelle France industrielle. Mais la majorité des acteurs économiques français peine à intégrer cette innovation qui constitue pourtant une véritable révolution technologique aux applications potentiellement infinies. Le terme Big Data signifie littéralement « grosses données », il se réfère à l’apparition de masses de données exploitables d’un volume sans précédent et en augmentation exponentielle. Á titre d’exemple, Facebook possède des données sur 26 millions d’utilisateurs actifs en France, soit près de 40 % de la population. La première mention du terme Big Data apparait en 1997 dans un article produit par des scientifiques de la NASA pour désigner le problème de la visualisation de données devenues trop volumineuses. Au-delà des données, le Big Data désigne l’analyse qui en est faite et les effets révolutionnaires qui en découlent, que ce soit pour la rentabilité des entreprises ou les actions de la vie quotidienne. En France, dès 2009, le Crédit Mutuel Arkea a versé l’ensemble de ses données dans un système Hadoop, obtenant ainsi des analyses en temps record sur l’ensemble de ses opérations. Ce potentiel commence à être connu du grand public en 2011, notamment grâce à une étude du McKinsey Global Institute “Big data: The next frontier for innovation, competition, and productivity.” Aujourd’hui, aucune activité n’échappe aux applications du Big Data. L’agriculture voit se multiplier les capteurs dont l’analyse des données permet d’améliorer la productivité des sols, et dans le domaine des assurances, l’analyse de masses de données est utilisée pour calculer les primes d’assurance individuelle. La ville de Santa Clara estime à 20 % la baisse de la criminalité induite par l’utilisation du logiciel Predpol qui prédit les futures infractions sur la base de l’analyse de 13 millions de crimes réalisés. Toutefois, produire des analyses pertinentes à partir de masses de données reste une tâche extrêmement délicate. Ainsi le logiciel Google Flu Trends, conçu pour prédire la propagation de la grippe aux États-Unis, a connu un échec, en raison d’erreurs commises dans la construction de l’algorithme. Le Big Data constitue une formidable opportunité de création de valeur dont les entreprises françaises prennent rapidement conscience. L’Association française des éditeurs de logiciels estime la création de richesses liée au Big Data en France à 2,8 milliards d’euro et 10 000 emplois directs d’ici à 2019. En outre, l’édition 2014 du Big Data Index révèle qu’en France 43 % des directions informatiques ont étudié les opportunités induites par le Big Data, contre seulement 7 % en 2012. 

Une révolution technologique
L’histoire de l’utilisation massive de données est déjà longue et se confond avec l’évolution de la statistique, mais le Big Data constitue aujourd’hui une rupture grâce à l‘interaction entre deux évolutions majeurs. 

1. L’explosion du volume et de la variété des données disponibles.
  • Les réseaux sociaux : 68 % des internautes sont présents sur au moins un réseau social.
  • Les objets connectés à internet : comme les caméras, alarmes, compteurs électriques notamment, sont passés de 4 à 15 milliards entre 2010 et 2012.
  • Les technologies mobiles : un Smartphone génère environ 60 gigabits de données chaque année. En 2018, les prévisions de l’entreprise Ericsson estiment qu’il y aura 3,3 milliards de Smartphones dans le monde contre un milliard aujourd’hui.
  • La libéralisation des données publique (open data) : Elle offre des gisements de données très fiables bien que beaucoup plus faibles en volume que les sources précédentes. 

    2. L’apparition de la technologie nécessaire au traitement de ces données à une vitesse s’approchant de l’instantané.
  • Le « cloud computing » : constituant une dématérialisation des entrepôts de données, cette innovation permet de « louer » de la capacité de calcul et de l’espace de stockage, rendant l’infrastructure nécessaire à la réalisation de projets de Big Data accessible à tous.
  • L’écosystème Hadoop : il permet de stocker et manipuler de très gros volumes de données en utilisant de nombreuses machines équipées de disques durs banalisés. Créé en 2004, il est aujourd’hui utilisé par 98 % des entreprises conduisant des projets de Big Data.
  • Le NoSQL : Constitue une structuration spécifique des bases de données adaptée aux grands volumes. 

    Des atouts français
    La France dispose d’un système académique particulièrement performant dans les disciplines sur lesquelles s’adosse le Big Data. La demande de compétences autour du Big Data pourrait atteindre 4,4 millions d’emplois dans le monde en 2015 et seuls 40 % devraient être satisfaits. En France, les créations de diplômes se multiplient pour répondre à ce besoin. L’ENSAE, référence dans le domaine de la statistique, propose une spécialisation en « Data Science », de même que Télécom ParisTech, Télécom Nancy ou Grenoble INP. Les écoles spécialisées dans l’informatique, comme l’Epita, Ionis-STM ou l’Ensimag ont aussi rapidement adapté leur offre de formation pour y inclure le Big Data. En outre, un tissu de start-ups françaises couvrant toutes les activités du Big Data est rapidement apparu :
  • Création de données : que ce soit par fabrication d'objets connectés comme le t-shirt de City-zenSciences ou en rendant accessibles des données publiques comme vroomvroom.fr qui a obtenu auprès des pouvoirs publics les taux de réussite des auto- écoles afin de les diffuser.
  • Outils d’analyse de la donnée: à titre d’exemple, Fifty-five et 1000mercis-numberly sont les champions d’un marché au taux de croissance extrêmement élevé.
  • Exploitation de la donnée : notamment le logiciel Tranquilien permet de connaître à l’avance le taux de remplissage d’un train, il est produit par a la société Snips.
    (source : Livre blanc sur le
    Big Data )
    Aujourd’hui, il existe une volonté politique claire de soutenir ces atouts avec l’ambition affichée de faire de la France l’une des références mondiales de la gestion de masses de données. Ainsi le Big Data a été inclus dans les 34 plans de la nouvelle France industrielle présentés par le gouvernement en octobre 2013. Le plan Big Data vise à soutenir l’offre de formation et les start-ups françaises, mais aussi à adapter la réglementation jugée trop contraignante par plusieurs acteurs économiques.
D’importants blocages
Malgré des atouts certains et une volonté des pouvoirs publics, les entreprises françaises peinent à intégrer le Big Data. Sur une échelle de 0 à 5, le Boston Consulting Group évalue ainsi la maturité des entreprises françaises en matière de Big Data entre 1 et 2, contre 3 à 4 pour leurs homologues Outre-Atlantique. Selon une étude publiée par le cabinet Ernst & Young, seules 18 % des entreprises françaises sont en phase de déploiement de projets et les deux tiers des firmes considèrent que le Big Data est un concept intéressant mais encore trop vague pour constituer un levier de croissance. Dans ce cadre, le coût du développement d’un projet de Big Data est encore dissuasif. Selon l’institut IDC, 45 % des entreprises interrogées ont dû dépenser entre 100 000 $ et 500 000 $ pour réaliser la migration de leurs bases de données vers Hadoop et 30 % d’entre elles, plus de 500 000 $. Mais le principal blocage réside certainement dans la réticence des entreprises françaises à confier leurs données à de professionnels afin d’en permettre l’analyse. Selon l’International Data Corporation 70 % des données détenues par les entreprises ne sont toujours pas exploitées à des fins de création de connaissance.  

En conclusion, le Big Data n’a pas réellement décollé en France et les champions du secteur restent américains. Cette situation est inquiétante dans la mesure où la maîtrise des données et leur analyse permet aujourd’hui d’obtenir une connaissance presque parfaite des actions d’un individu, d’une entreprise ou d’un gouvernement. Le Big Data est un important facteur d’accroissement de puissance dont il est indispensable que la France devienne un champion sous peine de voir nos données analysées par des acteurs étrangers. Selon Charles Huot, président du GFII et de l’Alliance Big Data, la maîtrise et la collecte de ces données seront certainement l’enjeu majeur du XXIème siècle.



 H) - Pourquoi l’UE n’est pas prête à faire tous les efforts contre le terrorisme

Les attentats de Paris poussent les Européens à renforcer leur coopération afin de prévenir de nouveaux attentats, mais l'arsenal de mesures envisagées se heurte aux réticences des Etats à partager leurs informations, et du Parlement européen inquiet des atteintes à la liberté de circulation. Modification des règles de l'espace Schengen, contrôles approfondis de certains passagers, établissement d'un registre européen des données personnelles des voyageurs aériens (PNR), partage des informations des services de renseignement, lutte contre la circulation des armes, contrôle de l'internet pour lutter contre la radicalisation: le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a dressé dimanche la liste des mesures à mettre en oeuvre. Ces idées ne sont pas nouvelles. Le coordinateur européen pour l'antiterrorisme, Gilles de Kerchove, prône depuis 2008 une stratégie de lutte contre la radicalisation. Mais les Etats ne sont pas parvenus à s'entendre. "L'Union européenne n'est pas le lieu d'une coopération opérationnelle, mais seulement un cadre pour établir des règles communes, au besoin", a expliqué Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, au quotidien français les Echos. Les Européens ne sont toujours pas d'accord sur une définition du "combattant étranger", déplore la Commission européenne. 

Près de 3.000 jeunes Européens ont rallié les mouvements islamistes radicaux en Syrie et en Irak. Les Français sont plus de 1.000. Les règles en matière de fichage diffèrent entre les pays, tout comme les pratiques pour gérer le retour des jeunes radicalisés et la collecte des preuves de leur engagement dans les mouvements islamistes radicaux. Cette réalité bloque la création d'un fichier européen des combattants étrangers, réclamée dimanche par la Belgique. Les Affaires intérieures et la Justice sont des compétences souveraines des Etats, et ils refusent de les perdre. Il en va de même pour le renseignement. "Les services de lutte antiterroristes préfèrent travailler en bilatéral ou en petit groupe", souligne Camille Grand. 

Ils se méfient des organisations comme Europol ou Interpol, car les informations sont mises à la disposition de trop de pays, a expliqué à l'AFP un responsable européen. Or le renseignement est la clef de la lutte contre les jeunes radicalisés partis rejoindre les mouvements jihadistes, insistent les experts. 

- "Modifier Schengen" -
"Avant même de mutualiser le renseignement, il faut l'acquérir, et ce travail opérationnel se fait sur le terrain, pas dans des structures bureaucratiques", souligne l'eurodéputé français Arnaud Danjean. Cela impose des moyens financiers considérables que les gouvernements de l'UE n'ont plus. "Pour suivre un suspect 24 heures sur 24, il faut 20 à 30 personnes", souligne Gille de Kerchove. Les "failles" déplorées par le Premier ministre français, Manuel Valls, imposent une réforme des pratiques. "Il faut fixer des objectifs précis pour le partage d'informations entre les Etats afin d'alimenter les bases de données", insiste M. de Kerchove. Un autre volet de la lutte contre les combattants étrangers est le contrôle et le suivi de leurs mouvements. L'espace de libre-circulation Schengen s'est doté d'un système d'information et impose des contrôles aux frontières extérieures. Mais le code des frontières interdit les contrôles systématiques des ressortissants des 26 pays membres de la zone (22 des 28 Européens, plus la Suisse, l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein). Mais le ministre espagnol, Jorge Fernandez Diaz, a plaidé dimanche pour l'instauration de contrôles aux frontières au sein même de l'espace, ce qui obligerait à "modifier le traité de Schengen". Les gouvernements européens insistent aussi sur la création d'un PNR sur le modèle de ceux conclus avec les Etats-Unis, le Canada et l'Australie. Une quinzaine de pays se sont déjà dotés de systèmes nationaux. Mais le Parlement européen exige au préalable l'adoption d'une législation européenne sur la protection des données. Les débats sont bloqués depuis 2011. Toutes ces mesures seront discutées par les ministre de l'Intérieur et de la Justice de l'UE lors de leur réunion informelle les 29 et 30 janvier à Riga, en Lettonie. L'urgence leur impose toutefois de se réunir plus tôt et une rencontre extraordinaire pourrait avoir lieu dès vendredi à Bruxelles, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.


 

I) - Terrorisme, la guerre impossible

L'ennemi est parmi nous. Le combattre implique de mettre en place une société de
surveillance qu'à coup sûr Cabu, Charb ou Bernard Maris auraient rejetée.


Et maintenant ? Depuis l'effroyable massacre dans la rédaction de Charlie Hebdo et la prise d'otage de Vincennes, on entend beaucoup de politiciens mais aussi de simples citoyens déclarer que la France est désormais en guerre. Mais la guerre est presque "simple" comparée à la période que nous traversons. La guerre, ce sont des pays qui s'affrontent avec leurs armées respectives sur un champ de bataille connu. La guerre, c'est un rapport de force brutal entre des nations qui se battent avec des troupes, des canons, des navires et des avions, c'est une chaîne de commande pyramidale où les ordres "du haut" sont suivis par les soldats "du bas". Aujourd'hui, nos "ennemis" sont des Français le plus souvent nés dans notre pays et qui agissent de leur propre chef. Leur parcours est généralement d'une banalité affligeante. Issus de familles recomposées ou décomposées, ils sont fréquemment tombés dans la petite ou la moyenne délinquance avant d'être séduits par l'intégrisme religieux. Petite frappe un jour, ils sont devenus fanatiques le lendemain. Certains sont allés défendre leur "cause" en Irak ou en Syrie. D'autres préféreront rester en France pour se transformer en terroristes. Souvent jeunes, ils peuvent redevenir après quelques années de "combat" des citoyens "modèles". Mais ce retour à la vie "normale" peut aussi cacher une volonté de fomenter des attentats dans un futur plus ou moins proche.

Patriot Act
En évitant certaines mosquées, en formant une famille, en travaillant, les extrémistes savent qu'ils finiront, à terme, par ne plus être surveillés aussi étroitement par les services de renseignement comme ce fut le cas pour les frères Kouachi. Car le seul et unique moyen de prévenir des attentats est de surveiller ces individus suspects mais aussi leurs proches et leurs amis. Pour connaître leurs projets, il est nécessaire de les suivre, de lire leurs courriels et d'écouter leurs conversations téléphoniques. Toutes ces mesures vont à l'encontre des nombreuses lois en France qui protègent les libertés individuelles. À droite, de nombreux politiciens ont déjà demandé une réforme de l'arsenal législatif. L'ancien ministre Thierry Mariani voudrait même copier l'exemple... américain. "Les États-Unis ont su réagir après le 11 Septembre, juge le membre de la Droite populaire. On a dénoncé le Patriot Act mais,
depuis, ils n'ont pas eu d'attentat à part Boston." Souhaite-t-on vraiment vivre dans un pays qui peut détenir sans limite de temps et sans inculpation toute personne soupçonnée de fomenter un acte terroriste ? Les dirigeants historiques de Charlie Hebdo se seraient, sans l'ombre d'un doute, opposés à une telle réforme liberticide. Mais comment lutter autrement contre ces terroristes jusqu'au-boutistes qui ne reculent devant rien pour attiser la haine et provoquer des déchirements profonds et durables au sein de la société française. La guerre semble décidément plus "simple" que la période actuelle.




J) - Attaques de Paris : comment répondre à la menace ?

La présence de très nombreux chefs d’Etats étrangers hier à Paris, aux côtés de François Hollande, est inédite. Que représente ce soutien international à la France ? 

Effectivement, il est inédit et jamais dans l’histoire nous n’avons vu un tel rassemblement, non pas pour un sommet diplomatique mais pour une manifestation de rue, même si cela n’a pas empêché les contacts diplomatiques. Jamais autant de chefs d’Etats et de gouvernements n’avaient participé ensemble en s’associant à une manifestation citoyenne dans les rues d’une ville. C’est donc une première historique et c’est un soutien très fort qui a été manifesté à l’égard de la République française, du peuple français, de son mode de vie et de ses institutions. C’est un évènement encore jamais vu puisque, même après le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, il n’y avait pas eu l’équivalent, pas plus qu’après les attentats de Madrid en 2004 ou de Londres en 2005. Nous savons très bien qu’il y a peut-être des arrière-pensées chez les uns ou les autres. On a signalé que certains de ceux qui venaient manifester pour la liberté de la presse en faisait assez peu cas chez eux. Pourtant le problème n’est pas là. Lorsque les gens se sont manifestés pour venir, il était difficile, notamment dans la mesure où nous avons des relations diplomatiques avec tous ces pays, de dire qui méritait de venir et qui ne le méritait pas. Par ailleurs, il était important qu’il n’y ait pas que des chefs d’Etats Occidentaux mais également d’autres continents. Soyons donc conscients des ambigüités mais tout cela est fait dans l’émotion. Le critère de sélection entre les véritables défenseurs de la liberté, ceux qui ne le sont qu’à moitié et ceux qui ne le sont pas du tout aurait été difficile à tracer. Si on est réaliste, il est bien qu’il y ait eu le plus grand nombre possible. 

Après ces attaques sur notre sol, la réponse se trouve-t-elle dans un Patriot Act à la française, sur le modèle des lois anti-terroristes prises par l’administration Bush après le 11 septembre ? 

Je crois qu’il ne faut pas céder à l’émotion. On a déjà eu, depuis 1986, plus d’une dizaine de lois anti-terroristes en France. Nous venons de voter en novembre dernier une nouvelle loi anti-terroriste qui prévoit notamment l’interdiction de partir à l’étranger ou d’entrer sur le territoire en cas de soupçons avérés. Qu’il faille adapter la législation à l’état de la menace,
c’est certain. Mais nous savions auparavant qu’il y avait une menace, que cette menace terroriste est à la fois diffuse et permanente. Que l’on adapte la législation aux nouvelles technologies, évidemment. En 1986, il n’y avait pas les mêmes problématiques autour d’internet et nous devons nous adapter à cela. Mais ceux qui demandent un Patriot Act à la française devraient réfléchir au fait que celui-ci, entre autre, définissait la catégorie des combattant étrangers, des combattants illégaux et que cela a été l’antichambre de Guantanamo, dont on peut penser que cela a autant nourri le terrorisme que cela l’a combattu. Je crois donc qu’il ne faut surtout pas tomber dans la précipitation, faire des lois de circonstances, ni surtout tomber dans la surenchère démagogique. Si bien sûr il faut être patriote, ce n’est pas avec des Patriot Acts à la française que l’on résoudra le problème. Il faut peut-être réfléchir sur le long terme plutôt que de faire des coups de communication qui seront populaires car la population va être naturellement d’accord avec un durcissement de la législation, sans en connaitre l’état et l’impact actuel. Il ne faut pas recourir à un remède qui soit pire que le mal. Il faut être vigilant et plus encore que sur la législation, c’est sur le renseignement et la coordination dans ce domaine qu’il faut porter l’effort. Ce doit être la priorité des priorités. 

Peut-on parler ici d’un choc des civilisations ?
Il est très surprenant que certains utilisent cette formule, alors que pendant des années, même ceux qui n’avaient pas réellement lu le livre de Samuel Huntington s’élevaient contre cette théorie sans avoir vraiment compris ce que disait l’auteur lui-même. Si c’est une guerre de civilisation, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela voudrait dire que nous sommes en guerre contre l’Islam et que nous sommes en guerre contre les musulmans. Est-ce vraiment cela que l’on veut exprimer ? Les mots ont leur importance. Nous sommes en guerre contre des terroristes qui se révèlent être musulmans, nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam. De même que comme ceux qui luttent contre le Ku Klux Klan ne sont pas en guerre contre la chrétienté, alors que le Ku Klux Klan se réclame de cette religion. De fait, le Ku Klux Klan n’est pas plus représentatif de la civilisation occidentale que ces terroristes ne le sont de la civilisation musulmane. Il faut faire attention aux mots, parce que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Cette phrase de Camus n’a jamais été aussi exacte qu’aujourd’hui.




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